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  • L’Algérie ne lâche pas

    L’Algérie ne lâche pas

    L’Algérie ne lâche pas – Justice, fonds détournés, Bouteflika, Issaba,

    Intervenant sur le plateau de la télévision privée, Echorouk TV, le directeur les affaires judiciaires et juridiques au ministère de la Justice a indiqué vendredi qu’il a été procédé à l’émission de 150 commissions rogatoires internationales dans le cadre les affaires de corruption traitées au niveau de différentes juridictions. Le but de cette procédure judiciaire est de récupérer l’argent détourné durant le règne de Bouteflika et la « Issaba » et placés dans les banques à l’étranger. Selon le même responsable, plusieurs pays ont déjà répondu favorablement à la requête. Lotfi Boudjemaâ n’a donné aucune indication, ni sur les pays concernés, ni sur l’identité des personnes ciblées, et encore moins sur les montants détournés. Il est à rappeler que lors des marches populaires du Hirak, les Algériens avaient évoqué la somme de 1 000 milliards de dollars, dilapidés selon eux en 20 ans, sans que l’Algérie n’en tire profit. Dans la foulée, la question des 1 000 milliards, à laquelle Djamel Ould Abbès et Ahmed Ouyahia avaient tenté de répondre en justifiant le bien-fondé de l’utilisation de cet énorme budget, a été récupérée par des chefs de partis à des fins politiciens et démagogiques. Mais officiellement, aucune partie ne s’est « aventurée » à comptabiliser avec plus ou moins de précision les sommes détournées. Ce qui est sûr cependant c’est qu’elles sont estimées à plusieurs dizaines de milliards de dollars ; transférés illégalement dans des comptes bancaires à l’étranger, ou convertis en biens immobiliers dans les pays occidentaux et les pays du Golfe. Ce qui est certain également, c’est que le préjudice financier causé à l’Algérie est monumental ! Dans sa campagne pour les élections présidentielles du 12 décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune s’était engagé à récupérer l’argent volé, affirmant qu’il savait où les trouver. Pour mettre toutes les chances du côté de l’Algérie dans quête légitime, le président de la République a mis en place un comité d’experts chargé d’assurer le suivi de ce dossier. En octobre, le Premier ministre avait rappelé les instructions données par le président de la République aux ambassadeurs algériens accrédités dans les pays ciblés, tenus à s’impliquer dans l’opération de récupération de l’argent détourné, en « intensifiant les contacts avec les autorités étrangères compétentes pour suivre l’issue des différentes délégations judiciaires et demandes d’entraide judiciaire émises par les autorités algériennes concernées ». De nombreux experts se sont exprimés à ce sujet, pour dire que le processus n’est pas de tout repos et qu’il très complexe. La récupération de l’argent volé et placé à l’étranger nécessite une maitrise du dossier sur le plan financier et juridique. Il est à signaler dans ce contexte, et à titre d’exemple, qu’un pays comme la Tunisie n’a pas encore réussi à récupérer les fonds spoliés sous le régime de Ben Ali, que la Banque centrale tunisienne a localisé en Suisse, en France, au Canada, en Belgique, au Liban et en Allemagne entre autres. L’Organisation non gouvernementale Association Tunisienne pour la Transparence Financière a estimé à environ 23 milliards de dollars, les fonds détournés par le clan Ben Ali-Trabelsi et les anciens dignitaires du régime tunisien. En 2013, la Tunisie a pu récupérer 22 millions d’euros placés au Liban. En 2021, la Suisse a remis à la Tunisie 5 millions de dollars. Ce qui reste très insignifiant par rapport aux sommes détournées ! Tout cela pour dire que le processus de récupération de l’argent volé par la « Issaba » en Algérie est d’une grande complexité. C’est un travail de longue haleine.

    Mohamed Mebarki

    L’Est Républicain, 14/12/2021

    #Algérie #Fonds_détournés #Issaba #Corruption

  • Le prix Paul Bouteiller pour « Bouteflika, l’histoire secrète »

    Le prix Paul Bouteiller pour « Bouteflika, l’histoire secrète »

    France, Algérie, Bouteflika, l’histoire secrète – Le prix Paul Bouteiller pour « Bouteflika, l’histoire secrète »

    Le livre « Bouteflika, l’histoire secrète », du journaliste Farid Alilat vient d’être récompensé. Il a reçu en effet le prix Paul Bouteiller 2021 de l’Académie des sciences d’outre-mer. C’est l’auteur lui-même qui a annoncé la nouvelle dans la soirée de samedi 20 novembre 2021.

    « J’ai le plaisir de vous annoncer que mon livre « Bouteflika, l’histoire secrète », paru aux éditions Rocher, a obtenu Prix Paul Bouteiller 2021 de l’Académie des sciences d’outre-mer », a-t-il écrit sur sa page Facebook.

    Farid Alilat affirme dans son poste que « la première pensée qui m’est venue à l’esprit ce matin quand on m’a annoncé la nouvelle, ce sont ces moments que j’ai passés dans les commissariats, dans les bureaux des juges et des procureurs et dans les tribunaux et les cours d’Alger pour répondre des plaintes déposées contre moi par Bouteflika et sa bande pour diffamations, atteintes et offenses au Chef de l’Etat ».

    Le journaliste de Jeune Afrique a d’abord dédié le prix à sa mère. « Le jour où je lui ai annoncé à l’été 2003 que je risquais d’aller en prison, elle m’a dit : « Mon fils, tu n’as pas volé, tu n’as escroqué personne. Si tu dois aller en prison pour tes écrits, je viendrais te voir la tête haute », a-t-il encore écrit.

    « Ce prix, je le dédie aussi à mon père, Mohand Arezki, lui aussi victime de la hogra, de l’arbitraire et de la justice aux ordres. Là où il est, il doit sans doute être fier. J’avais 14 ans quand j’ai vu mon père entrer à la prison d’El Harrach. Il a été blanchi des infâmes accusations dont il a été poursuivi. J’ai compris, à l’instant même où elle a prononcé ses mots, pourquoi ma mère m’a dit qu’elle viendrait me voir en prison à la tête haute. C’était toujours la tête qu’elle allait à la prison d’El Harrach pour rendre visite à son mari », a ajouté le journaliste.

    Notons que ce livre paru au début de l’année 2020 retrace la vie de l’ancien président algérien, le défunt Abdelaziz Bouteflika. Il retrace « l’histoire secrète » et la parcours de ce dernier de sa naissance jusqu’à sa prise du pouvoir en Algérie et sa chute en 2019.

    Il est à souligner par ailleurs que le prix Paul-Bouteiller est un prix littéraire français annuel de l’Académie des sciences d’outre-mer, créé en 2011. Il est « destiné à récompenser un ouvrage traitant de l’histoire et l’évolution récente d’un Département ou Territoire d’Outre-mer français, ou d’un État appartenant à la liste suivante : Algérie, Sénégal, Congo-Brazzaville, Gabon, Tchad, République Centrafricaine, Cameroun, Djibouti, Comores, Vanuatu ».

    Algérie-expat, 21/11/2021

    #Algérie #Bouteflika #Bouteflika_histoire_secrète #Farid_Alilat #Prix_Paul_Bouteiller

  • Algérie : Voilà de quoi la « Issaba » est le nom

    Algérie : Voilà de quoi la « Issaba » est le nom

    Algérie, Issaba, Mohamed Loukal, Bouteflika, #Algérie,

    En décidant hier de placer l’ex -ministre des Finances Mohamed Loukal, sous mandat de dépôt, le juge d’instruction du pôle pénal du tribunal de Sidi M’hamed, souligne un peu plus l’ampleur insondable de la corruption en Algérie durant le règne de Bouteflika et sa clique qui ont saigné à blanc le pays. Il suffit de rappeler les fonctions stratégiques qu’a eu à exercer Mohamed Loukal pour se rendre compte des dégâts immenses qu’a provoqué le serpent de mer de la corruption et le détournement des deniers publics qui aura « bouffé » tout le corps de l’État.

    Deux années après la chute de Bouteflika et ses hommes de main, on n’est pas encore au bout de nos surprises. Des personnalités et des responsables que nous croyions naïvement au-dessus de tout soupçon s’avèrent finalement être de vulgaires rapaces qui se sont servi de l’État au lieu de le servir. Faut-il rappeler que ce monsieur dont il est question, a été notamment Gouverneur de la banque d’Algérie, PDG de la banque extérieur de l’Algérie (BEA) avant de finir grand argentier du pays !

    En termes simples, Mohamed Loukal détenait les cordons de la bourse de notre pays pendant des années avec la bénédiction du clan Bouteflika dans le gouvernement de Nourredine Bedoui. La Issaba a assurément un nom. Plutôt des noms.

    Dans notre infinie suspicion, nous n’avions peut être jamais imaginé que l’Algérie était gérée aussi vulgairement par cette caste de voleurs sans foi ni loi qui n’ont eu aucun scrupule pour ce peuple qui souffre encore pour ce pays qui leur a tout donné pour assurer leurs arrières et ceux de leurs enfants et petits-enfants. Le constat est hallucinant. A Mohamed Loukal qui se jouait allégrement de notre argent, la justice reproche notamment « abus de fonction » et d’avoir accordé « d’indus privilèges » à des hommes d’affaires durant son long règne à la tête de la BEA – la banque de Sonatrach faut-il le souligner- entre 2001 et 2016.

    A ce stade des révélations, il n’est même pas exagéré de dire que l’Algérie était géré par une maffia qui se croyait tout permis et qui n’avait aucun scrupule si tant est qu’elle puisse en avoir ne serait-ce qu’un brin. Quasiment tous les hommes et les femmes qui avaient servi Bouteflika sont en prison où en instance de l’être.

    Il est rare de trouver un pays aussi mal servi au monde ! Et ce n’est pas fini. L’ex- Premier ministre Nourredine Bedoui a été entendu il y a quelques jours sur des affaires de corruption du temps où il était wali de Constantine. D’autres anciens hauts responsables sont placés sous ISTN le temps que les enquêtes les concernant aboutissent.

    De fait, le legs des années Bouteflika est très lourd. L’Algérie et son peuple vont payer cette corruption généralisée qui a gangrené toutes les sphères de la vie nationale. La « Issaba » est loin d’être finalement une simple formule creuse.

    La Issaba est une véritable bande organisée d’ex- hauts responsables qui avaient pris en otage le destin national. La Issaba fonctionnait comme une secte de voleurs qui avait entre les mains tous les pouvoirs y compris celui de disposer comme bon lui semblait de l’argent du peuple. La Issaba a trahi le peuple et a trahison les chouhadas. Elle ne mérite donc aucune pitié. Que justice soit faite et que les coupables reçoivent le châtiment exemplaire !

    Par Imane B.

    L’Est Républicain, 27/09/2021

    Bedoui sous contrôle judiciaire, Loukal incarcéré : Bedoui sous contrôle judiciaire, Loukal incarcéré
    La machine judiciaire en marche

    Cité dans plusieurs enquêtes sur la corruption, Mohamed Loukal a été placé hier sous mandat de dépôt sur ordre du juge d’instruction du pôle économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed (Alger). Parmi les chefs d’accusations retenus contre lui, plusieurs sources évoquent entre autres, »abus de fonction », « octroi de privilège illicites à de tiers personnes » et « dilapidation de deniers publics ». Il avait occupé le poste de PDG de la Banque extérieure d’Algérie, de 2001 à 2016, et toutes les charges qui pèsent sur lui sont en rapport avec cette période.

    En avril 2019, il est nommé ministre des Finances dans le gouvernement Bedoui, avant de disparaitre des radars, après l’investiture de Tebboune et la nomination du gouvernement Djerad. Cependant, il y a lieu de signaler qu’il avait déjà comparu devant le procureur de la République de Sidi M’hamed et auditionné pour des affaires de corruption. Son incarcération n’est donc pas une surprise.

    Dans le collimateur de la justice depuis 2019, il rejoint en prison 18 anciens ministres de l’ère Bouteflika, dont Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal, Hocine Nécib, Amar Ghoul, Saïd Barkat, Abdelmalek Boudiaf, Tayeb Louh, Youcef Yousfi, Khalida Toumi, Djamila Tamazirt, Tahar Khaoua, Djamel Ould Abbès, Amara Benyounès, Abdelghani Zaalane, Mahdjoub Bedda, Boudjemaâ Talaï, Houda Feraoun et Mohamed El Ghazi.

    Mohamed Loukal serait impliqué dans plusieurs affaires de corruption, à l’époque où il occupait le poste de PDG de la BEA. Les aveux de certains oligarques incarcérés ont fini par l’enfoncer. Dans le même contexte, Nouredine Bedoui, ancien wali, ministre et Premier ministre, a été placé sous contrôle judiciaire, après avoir été auditionné hier par le juge d’instruction.

    Il a déjà été entendu par le même magistrat, le 18 septembre dernier, où il avait répondu à des chefs d’inculpation liés à des affaires de corruption dans lesquelles il est cité. Il y’a environ une année, le 12 octobre 2020 plus précisément, il avait été entendu par la brigade économique et financière de la police judiciaire de Constantine dans le cadre d’une vaste enquête sur des transactions foncières ayant été actées durant la période où il occupait le poste de wali de cette wilaya.

    Tous les dossiers remis à la justice concernent la période située entre le 30 septembre 2010 et le 11 septembre 2013. A cette époque, il aurait octroyé dans des conditions opaques des lots de terrain à construire à des sénateurs et des députés. Les parcelles en question sont situées à Zouaghi, sur les hauteurs de la ville de Constantine, du côté de Aïn El Bey ; au niveau de la nouvelle ville Ali Mendjeli et à El Khroub.

    Des promoteurs immobiliers auraient également profité du passage de Nouredine Bedoui à la tête de la wilaya de Constantine, pour mettre la main sur les meilleurs sites, dans le but de les réserver à des projets de construction de milliers de logements promotionnels. Et ce n’est pas tout, puisqu’il doit s’expliquer sur la dilapidation du foncier industriel.

    Sous son autorité, des milliers de m² auraient été cédés en violation flagrante de la réglementation en vigueur. Ces terrains, propriété de l’Etat, auraient été bradés au profit de certains investisseurs fictifs, qui les ont ensuite détournés, en les vendant ou bien en changeant carrément leur caractère de manière illégale.

    D’après des sources locales, Nouredine Bedoui serait poursuivi pour des affaires liées à l’octroi de marchés dans le cadre de contrats gré à gré à des opérateurs, qui ne remplissaient pas les conditions et les normes exigées par la législation. En outre, Hocine Ouadah, ex-wali de Tizi Ouzou a été auditionné le même jour et placé en détention provisoire. Ce dernier a lui aussi occupé le poste de wali de Constantine, de 2013 à 2015, succédant ainsi à Nouredine Bedoui.

    Mohamed Mebarki

    L’Est Républicain, 27/09/2021

  • Avoir le minaret aux trousses

    Avoir le minaret aux trousses

    Algérie, El Watan, minaret, mosquée, Bouteflika, #Algérie,

    Pour avoir, durant pas mal d’années, géré le bouclage du Soir d’Algérie, notamment pendant la décennie rouge, je sais à combien de ratages je pouvais involontairement exposer le journal. Je garde un souvenir impérissable de la difficulté qu’il y avait à concevoir une «Une» dans l’urgence,  pendant que d’autres, aujourd’hui  aux commandes, faisaient l’apologie de l’islamisme et de son bras armé en furie.

    Tout journal qui se respecte sait pourquoi assurer un bouclage, en un temps record, n’est pas une mince affaire et nos confrères d’El Watan vivent exactement les mêmes contraintes. Le bouclage est excitant, contraignant et risqué. Ceux qui en ont la charge savent de quoi il en retourne.

    Le minaret d’une mosquée coupé en première page et un journal qui s’en excuse et explique comment sa «Une» a trébuché, pourquoi menacer les auteurs de poursuites ? Je n’arrive pas à croire que l’on voit là une offense à réprimer !

    Le journaliste, le vrai, celui dont la vocation n’est pas de filer doux dans l’attente d’une reconnaissance, court, encore, après la liberté de décrire les évènements tels qu’il les voit. Pas comme on aimerait lui imposer de les interpréter. Mais ainsi vont, hélas, les affaires de la cité.

    Quand on se dit que l’on a, définitivement, atteint le fond, des voix s’élèvent pour affirmer le contraire. Pour souligner que l’on doit creuser encore et que l’on sera, peut-être, condamnés à le faire à l’infini.

    La critique est sévère et le ton intransigeant. Ne tentons pas de comprendre ce qui fait courir ceux qui voient le mal partout quand ceux pointés du doigt savent qu’ils n’ont pas fauté et qu’aussitôt libérés, pour ceux qui auront été injustement accusés, ils referont pareil.

    L’effondrement d’un système passe par un lâchage, une fracture dans sa capacité à protéger les siens. L’abus traditionnel d’autorité se concrétise par des réquisitoires qui ne se justifient qu’aux yeux de ceux qui travaillent inlassablement à construire une sentence avant de la prononcer.

    Une part des Algériens se demande vers quelle rupture totale on prétend les mener et avec qui ! Une autre interpelle sur les droits de l’Homme et ce que l’on en fait ! 

     Malika Boussouf

    Le Soir d’Algérie, 25/09/2021

  • Bouteflika est mort, vive l’Algérie !

    Algérie, Bouteflika, #Algérie, #Bouteflika,

    par Noureddine Khelassi

    Président de l’Algérie durant deux décennies, ministre au plus haut sommet de l’État pendant seize ans, et acteur assez modeste dans le mouvement de libération du pays, Abdelaziz Bouteflika n’existe plus. Il avait déjà totalement disparu de la scène politique sous la pression tsunamique de la rue hirakienne l’hiver 2019. Il a été enterré au carré des Martyrs du cimetière algérois El-Alia, avec nettement moins d’honneurs républicains que pour certains de ses prédécesseurs, dont l’action au service du pays a beaucoup moins impacté sa vie, négativement s’entend, que la sienne.

    Le cérémonial fut simple, sobre, bref minimal mais digne surtout de son successeur qui semble avoir eu des égards pour l’être humain qu’il fut et surtout pour la fonction présidentielle. Honneur donc pour le chef de l’État qui aura ainsi fait honneur à la tradition républicaine.

    Bien sûr, le sable enveloppant la dépouille mortelle d’Abdelaziz Bouteflika est encore assez chaud pour que l’on puisse établir un bilan froid de ce que fut exactement le bouteflikisme dans la conduite du pays. Ce sera alors l’œuvre d’historiens dignes de ce nom et d’experts légitimes. Mais on peut en revanche tracer déjà les grandes lignes de ce que son règne césarien trois mandats durant et ensuite la mainmise voyoucratique d’une kleptocratie crapuleuse pendant cinq ans de pouvoir informel et anticonstitutionnel furent à la tête du pays.

    Pour mieux évaluer ensuite ce que leur passage a occasionné comme dégâts incommensurables pour l’Algérie. On ne peut donc, par simple obligation citoyenne, se soustraire à ce droit d’inventaire même sommaire. En tout état de cause, le bouteflikisme ne pourrait pas, a posteriori, passer par pertes et profits historiques, encore moins de bénéficier, à titre post mortem, de notre propension collective à l’amnésie. Dire de quoi le bouteflikisme est le nom philosophique et la facture politique est un devoir patriotique.

    De son vivant, le Président au plus long règne bonapartiste sur le pays aura échappé à un procès public à l’instar du jugement de l’ancien Président égyptien Hosni Moubarak. Ce procès ne risque pas, et pour cause, d’avoir lieu après sa mort. Raison de plus, pour ce qui nous concerne, de ne pas se priver de parler de la séquence historique représentée par le bouteflikisme sur tous les plans : politique, économique, culturel, social, militaire, sécuritaire, éthique, religieux et étatique.

    Pour reprendre un célèbre théoricien oranais du déclinisme à l’algérienne, le bouteflikisme, incarné d’abord par Abdelaziz et ensuite par son frère Saïd qui fut entouré d’une faune maléfique de kleptocrates, de médiocrates, de voyous et de traîtres à la nation, ne fut même pas une « régression féconde » pour l’Algérie.

    Succédant à huit années noires de terrorisme rouge sang, les années Bouteflika furent par excellence celles du désarmement méthodique de l’État et de la désarticulation, la désorganisation et l’affaiblissement systémique des structures chargées de la vigilance patriotique et de la défense immunitaire des intérêts vitaux de l’État et du pays. Elles furent aussi celle de la mise en place d’une gigantesque pompe d’aspiration des ressources en devises du pays et de leur transfert systématique à l’étranger.

    Comme elles correspondirent également à une formidable hémorragie de la matière grise, dont des centaines de milliers de cadres de grande valeur universitaire et professionnelle ont quitté le pays pour faire le bonheur de leurs nouveaux employeurs sur les cinq continents, avec une mention spéciale pour la France, le Canada et les pétromonarchies. Et, pis encore, ces années néfastes furent propices à la prolifération, encouragée et organisée, du charlatanisme confrérique, mais surtout de la médiocrité qui a gangréné l’administration, l’économie, la justice, l’enseignement, entre autres structures de l’État et à tous les niveaux, de tout temps, en amont et en aval.

    Le bouteflikisme est également, et à vaste échelle, l’usage de la corruption, la concussion, l’impéritie, la gabegie, la surfacturation, l’évasion de capitaux et la délinquance fiscale. Et c’est en même temps, les surcoûts économiques, la dilapidation, la prédation et la déprédation, les détournements à grande échelle et l’accaparement. Tout ça sous le sceau régionaliste du népotisme et de la ploutocratie qui ont favorisé la mainmise sur la richesse nationale et la mise à l’écart des énergies patriotiques, à de rares exceptions près.

    De quoi le bouteflikisme est-il encore le nom et la philosophie ? Il fut aussi, notamment durant les cinq dernières années de sa dégénérescence biologique et politique, une désincarnation absolue de la fonction présidentielle. Celle-ci était alors réduite à sa représentation par une image encadrée, devenue, à force d’usage abusif et caricatural, le symbole de personnification picturale en public du pouvoir présidentiel exercé, en arrière-plan, par une camarilla de Dracula politiques et de vampires financiers.

    Comble de la bouffonnerie surréaliste, on s’est même payé le luxe d’offrir, en direct à la télé, un pur-sang arabe au cadre photographique du président grabataire et invisible, comme on avait fini par emmener le « Cadre » faire la prière à la Grande Mosquée d’Alger durant la « Nuit du Destin » (27e jour du Ramadhan), avant de le gratifier d’un tableau de peinture signé d’un artiste improbable ! Le bouteflikisme, c’est aussi le dévoiement des valeurs républicaines et le viol caractérisé des symboles de l’État.

    D’aucuns pourraient objecter que le bouteflikisme fut notamment synonyme de grande redistribution de la rente pétrolière, de vastes transferts sociaux, d’édification de grosses infrastructures, de gigantesques plans de logements sociaux et de mise en place de réseaux routiers. Soit. Mais à quel prix ? Parfois, pour ne pas dire souvent, à au moins trois fois le prix réel, dont une partie alimentait les fortunes colossales indues.

    De notre propre point de vue, l’aspect positif, et il est peut-être l’unique, du bouteflikisme, c’est celui de ne pas avoir réussi à paralyser et à détruire l’armée malgré ses tentatives répétées de la neutraliser et de la vouer à l’impuissance. En effet, tout en s’évertuant à la déstabiliser en permanence par des jeux de chaises musicales dont il avait le secret alchimique, il n’avait pas pu cependant en casser la colonne vertébrale structurelle et à en briser le socle patriotique. Ce qui a permis à l’ANP, et malgré lui, de se moderniser et de se forcir considérablement en conférant à son corps de bataille la puissance de feu nécessaire, le savoir-faire professionnel indispensable et la maîtrise opérationnelle requise. Et c’est sans doute cette force vitale qui a fait en sorte que la sortie massive du peuple dans la rue en février 2019 ne s’est pas transformée en cheval de Troie de révolutions colorées qui ont détruit d’autres pays ailleurs. Et c’est cette même force patriotique salvatrice qui va aider le pays à guérir du bouteflikisme pour réarmer l’État, et pour mieux bâtir la République démocratique et sociale que les pères de la Nation ont défini dans la Proclamation du 1er Novembre 1954 !

    Abdelaziz Bouteflika est mort, que vive l’Algérie ! Bouteflika est mortel, l’Algérie est éternelle !

    N. K.

    Le Soir d’Algérie, 21/09/2021

  • Algérie : «Bouteflika? Connais pas!»

    Algérie, Abdelaziz Bouteflika, #Algérie, #Bouteflika,

    par Madjid Khelassi

    Ils étaient si nombreux qu’ils faisaient foule…les courtisans de Bouteflika vivant, valide et pétaradant.

    On pourrait en faire un méga-inventaire avec les ministres, les secrétaires, les laudateurs, les zélateurs, les serviteurs, les profiteurs, les aigres-fins, les opportunistes, et les sous-fifres du système Boutef, qu’on ne pourrait les entasser tous dans un seul registre.

    Suite à son décès, tout le monde pensait qu’on entendrait quelques voix murmurant un hommage, une prière, quelques furtives condoléances, pour celui que ce joli linge appelait Fakhamatou (son excellence).

    Pusillanimité ? Trouille de se faire cataloguer? Ingratitude lyophilisée? Lâcheté d’assumer un passé pas si loin?

    La cohorte des courtisans de Boutef a les chocottes …des ex alliés indignes.

    Djaout disait toujours :« Si tu dis tu meurs, , si tu dis pas tu meurs, alors dis et meurs ».

    Hier à El Allia et ailleurs, les ex profiteurs du système Bouteflika, étaient morts de trouille sans avoir rien dit. Cela pourrait s’intituler : « Bouteflika ? Connais pas !».

    Tellement, tout se fige, dans l’oubli délibéré …des courbettes, des gardes-à-vous , des sourires fabriqués, des postures obséquieuses , des brosses dans le sens du cil, et de l’à plat-ventrisme.

    De par le monde, les politiques, comme les courtisans, assument ad vidam aeternam, leur alliance , leur soutien, leur fidélité, voire leur allégeance à leur leader.

    C’est l’essence même de l’engagement moral dans une entreprise politique quelle qu’elle soit.

    Les ex affidés de Boutef, fragiles de trop de lâcheté et de pusillanimité, furent muets comme des carpes pendant l’intervalle entre sa mort et son enterrement.

    Oublieux qu’ils furent pendant 20 ans sur le même pont que l’ex chef de l’Etat, ils s’effacèrent si hideusement jusqu’à oublier le mode d’emploi…de l’obligé face à son faiseur.

    Ils sont où les ministres, les walis, les cadreurs, les chauffeurs de salles, et les commis- cochers des attelages équestres offerts à Fakhamatouhou, se demande la rue?

    Et si Boutef, n’était qu’une apparition furtive dans la galaxie politique algérienne, faite de piètres bouffons , qui brûlent en une journée, ce qu’ils ont vénéré pendant 20 ans ? On n’est pas loin.

    La Nation, 22/09/2021

  • Algérie: Bouteflika, grandeur et décadence.

    Algérie, Bouteflika, #Algérie, #Bouteflika,

    L’ex président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a été inhumé hier au cimetière d’El Alia comme s’il était un simple citoyen ou presque.

    Son successeur, Abdelmadjid Tebboune lui a certes offert des funérailles officielles en décidant même de mettre le drapeau national en berne pendant trois jours et dans tout le pays, mais cela n’a pas vraiment donné la dimension émotionnelle qui aurait sied à l’événement.

    Malgré la présence du chef de l’Etat, du chef de l’état-major de l’ANP et les hauts responsables, les funérailles de Bouteflika avaient mis dans l’embarras beaucoup de monde. La discrétion qui a entouré la cérémonie d’inhumation en dit long sur cette gêne officielle de « gérer » un évènement qui, au delà de sa dimension humaine, soulève des passions parfois vengeresses et démesurées.

    Abdelaziz Bouteflika n’a, malheureusement pour lui, pas su capitaliser ses vingt ans de pouvoir, du moins durant les deux premiers mandats où il jouissait de toutes ses capacités physiques. Sa détermination à refuser d’être un ¾ de président a été battue en brèche dès ses premiers soucis de santé. Affaibli, il a perdu le contrôle des affaires au profit de ceux qui allaient s’adonner à la grande corruption et à la délinquance économique.

    Décidemment, elle est loin sa présidence historique de la 29eme session de l’Assemblée générale des Nations unis en 1974, et sa décision de faire sortir les représentants du régime de l’apartheid sud africain des travaux, ou encore de faire monter à la tribune le vaillant Yasser Arafat… Ce Bouteflika là, qui menait à la baguette la diplomatie algérienne, avait un grand capital symbolique qu’on l’aime ou pas.

    Ironie du sort, cet homme qui aura marqué la transition en Algérie entre le terrorisme ravageur et la reconstruction du pays via son retour dans le concert des nations, à très mal fini son long règne. Les Algériens ne retiennent désormais presque rien de ce qu’était ce moudjahid et ce brillant diplomate. Son attachement maladif au pouvoir l’avait tellement aveuglé qu’il a dilapidé tout le capital sympathie que son passage lumineux aux affaires étrangères lui avait donné.

    Indépendamment de ce que l’on pourrait penser de cet homme ombrageux et de son bilan, il est tout de même triste qu’il finisse comme cela. On a beau transporté sa dépouille à bord d’un char orné de fleurs de la garde républicaine, le peuple qui pleure ses leaders charismatiques décédés n’était pas là hier. L’ambiance hier au cimetière d’El Alia, était véritablement celle de la mort. Au propre comme au figuré.

    Abdelaziz Bouteflika au verbe haut et au geste ample, qui soulevait des foules jusqu’au délire, a été inhumé dans un incroyable silence. Il a assurément mal fini bon gré mal gré. Il était écrit qu’il allait être balayé par l’insurrection populaire du 22 février 2019 durant laquelle plus de 20 millions d’Algériens étaient sortis dans les rues de toutes les villes du pays pour lui dire stop à l’humiliation d’un cinquième mandat.

    Bouteflika si fier et si soucieux de s’offrir des funérailles dignes des grands leaders du monde à la manière de Boumediene, aura finalement rejoint sa dernière demeure presque dans l’anonymat. Même la télévision publique n’a pas retransmis l’événement ! Signe qu’on veuille sauver la face. Des funérailles officielles certes, mais sans les fleurs et les youyous…

    En 2021, le cadavre de Bouteflika est, en quelques heures, devenu encombrant y compris pour le président Tebboune qui aura eu la lucidité de lui offrir plus qu’il ne mérite à savoir des funérailles présidentielles et la mise en berne du drapeau national. Pour le reste, Bouteflika subit, à son corps défendant, la loi sans pitié de la décadence après avoir profité jusqu’à l’overdose de la grandeur, deux décennies durant.

    Puisse cette fin tragique d’un homme qui a « réussi » le consensus contre lui, servir d’exemple à ne pas suivre à ceux qui auront la mauvaise idée de tourner le dos à leur peuple en succombant à l’ivresse du pouvoir.

    Par Imane B.

    L’Est Républicain, 20/09/2021

  • Algérie: Bouteflika, un président qui n’était pas près de ses sous

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    La disparition, vendredi dernier, de l’ancien président algérien déchu, Abdelaziz Bouteflika, interpelle autant sur son legs politique qu’économique. Dans une Algérie ouverte à toutes les incertitudes, il n’était pas connu pour être un président qui tenait bien ses comptes !

    A la sortie des années dites de la décennie noire, le tableau de bord économique de l’Algérie affichait peu reluisant : le revenu par habitant avait baissé de près du tiers au cours de la décennie, le taux de chômage pointait à 30 %, un taux de croissance moyen d’à peine 1,9 % par an, tandis que des milliers d’entreprises et d’usines avait mis la clé sous la porte, avec des services et des infrastructures publics lourdement détériorés. Par ailleurs, la dette publique était élevée. Puis arrive au pouvoir un certain Abdelaziz Bouteflika…

    De 1999 à 2006, une économie d’inspiration libérale

    D’emblée, Bouteflika annonce la couleur économique de son premier quinquennat avec le choix d’un Premier ministre, Ahmed Benbitour, aux penchants économiques bien connus de tous, mais dont la collaboration avec l’autre tête de l’exécutif atteint rapidement ses limites, l’amenant à jeter l’éponge au bout d’une année, replacé dans la foulée par son futur adversaire, Ali Benflis.

    Au-delà du packaging de « l’homme providentiel », dont le pouvoir de l’époque avait usé lors de la campagne électorale de 1999, le nouveau président voulait incarner la figure de l’État développeur et de l’État providence. Pour cela, il misait sur une politique d’ouverture, qu’il s’en est allé défendre à Paris dès l’an 2000. Devant un parterre de journalistes, le défunt président disait vouloir inculquer au peuple algérien ce qu’était une « économie de marché », une culture que, selon lui, les algériens n’avaient pas, et qui risquait de conduire le pays vers une « économie de bazar ».

    Grâce à une première phase d’amélioration de la conjoncture pétrolière mondiale, l’ouverture économique des années 2000 sous Bouteflika, passait par un relâchement progressif de la contrainte budgétaire et « autorisait l’adoption d’une politique de relance d’inspiration keynésienne », selon Mihoub Mezouaghi,’économiste et ancien directeur de l’Agence Française de Développement (AFD). L’Algérie entrait alors dans une période de « new deal », basée essentiellement sur le développement des infrastructures de transport, de télécommunications, d’éducation et de santé. Une politique qui conduit l’État à exercer un premier choc permanent de dépense publique, via un un plan de soutien à la relance économique (2001-2004) doté de 7 milliards de dollars, auquel succédait un plan de soutien à la croissance (2005-2009) de 50 milliards de dollars.

    Ainsi, les chantiers prioritaires de Bouteflika vont de la construction de barrages, la restructuration des établissements publics, le financement de contrats de services avec des opérateurs étrangers (BOT, PPP ou autres), au programme de 3 millions de logements, le développement des infrastructures de transport (réseaux routiers et ferroviaires, équipements, etc), en passant par la relance des IDE et l’amélioration des structures de revenu et la réduction des inégalités.

    D’autre part, les connexions avec les milieux d’affaires et les bailleurs de fonds, notamment français, voyant en l’Algérie de Bouteflika le nouvel eldorado maghrébin du business. De nouvelles configurations se créent et favorisent les apports en capitaux propres, pour soutenir les investissements. Plus tard, l’émergence quasi « ex-nihilo » du groupe Khalifa va donner naissance à l’un des plus gros scandale financier des l’ère Bouteflika.

    Sur le plan institutionnel, l’Algérie relance le dialogue économique et politique avec l’Union européenne (UE), qui aboutit en 2002 à la signature d’un accord d’association prévoyant la mise en place d’un libre-échange bilatéral, et reprend la reprise des négociations d’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), entamées au siècle dernier.

    Ce tournant « libérale » est ponctué en 2005 par une des lois les plus contestées de l’ère Bouteflika, celles sur les hydrocarbures. Afin d’attirer les majors étrangères vers les gisements de pétrole et de gaz, l’Algérie se dote d’outils juridiques offrant des avantages fiscaux et contractuels aux grandes multinationales. Celle-ci vaudra à Bouteflika son premier « gros » couac économique. Le président est alors accusé de vouloir « brader » les richesses du sol algérien aux étrangers.

    A la sortie des années dites de la décennie noire, le tableau de bord économique de l’Algérie affichait peu reluisant : le revenu par habitant avait baissé de près du tiers au cours de la décennie, le taux de chômage pointait à 30 %, un taux de croissance moyen d’à peine 1,9 % par an, tandis que des milliers d’entreprises et d’usines avaient mis la clé sous la porte, avec des services et des infrastructures publics lourdement détériorés. Par ailleurs, la dette publique était élevée. Puis arrive au pouvoir un certain Abdelaziz Bouteflika…

    De 2006 à 2014…L’Algérie « Monopoly », le tout import et les fameux 1000 milliards de dollars

    De l’avis de plusieurs experts, 2006 est l’année où les premiers signaux faibles des futures déboires économiques de l’Algérie sont apparus. Le premier chapitre du long feuilleton de la maladie du président venait d’avoir lieu, menant directement à un changement dans le rapport de force des tenants du pouvoir à cette période. Un certain Said Bouteflika prend en effet plus de relief et autour de lui va se constituer le nouveau noyau dur qui contrôlera le business.

    La loi sur les hydrocarbures est de nouveau amendée en 2006, pour réhabiliter la Sonatrach dans un contrat de partage de la production plus favorable. Officiellement, les amendements proposés pour quelques dispositions « visent à rationaliser l’exploitation des ressources en hydrocarbures afin de répondre d’une part aux besoins induits par le développement national et de préserver d’autre part les richesses naturelles de notre pays au profit des générations futures ».

    En parallèle, les revenus du pétrole sont au plus haut. Entre 2007 et 2014, il pleut des « dollars » sur l’Algérie de Bouteflika qui baigne dans le pétrole. Le président dépense beaucoup et s’entoure mal. L’action des gouvernements successifs (Ouyahia-Belkhadem-Sellal) n’a aucune incidence ou presque sur la politique économique du pays. Ils se contentent « d’appliquer le programme du président ». Et Alors que la lutte des clans pour le partage du pouvoir est à son comble, la théorie du « ruissellement économique » prend déjà du plomb dans l’aile, mais est plus au moins utilisée pour acheter la paix sociale et sécuriser les différents scrutins électoraux. Il faut dire que le niveau très appréciable des réserves de change le permet.

    L’évolution au cours de l’année 2006 des principaux indicateurs de la balance des paiements extérieurs s’inscrit dans la tendance d’amélioration soutenue en la matière depuis l’année 2000. Selon la Banque d’Algérie, cette année marque également un niveau record de l’excédent des paiements courants relativement au PIB. Mais cette conjoncture restera déterminée par la bonne étoile qui accompagne le baril de pétrole tout au long des ces années. Les exportations des hydrocarbures ont atteint
    un montant de 53,61 milliards de dollars en 2006, en progression de 17,6 % par rapport à l’année 2005. Les exportations hors-hydrocarbures demeurent insignifiantes (1,13 milliard de dollars) en 2006.

    La santé financière de l’Algérie suggère au gouvernement algérien de ne plus surseoir au paiement de ses dettes. Il engage entre 2004 et 2006 une opération de désendettement sans précédent d’un montant de 16 milliards de dollars (principal et intérêts). L’Algérie, qui a versé à ses créanciers près de 118 milliards de dollars de dettes sur la période 1985-2005, devient alors l’un des pays les moins endettés au monde, avec une dette n’excédant pas les 2% de son PIB en 2011.

    Par ailleurs, la république des pétrodollars ouvre l’appétit aux pseudos patrons, qui grâce aux liens tissées avec Said Bouteflika, commencent à peser de tout leur poids au sein du sérail. Cette période consacre la politique du « tout import » qui est érigée au rang de modèle économique. Les importations de biens, en dépit de mesures protectionnistes appliquées aux biens les plus sensibles (produits alimentaires, médicaments) ont presque doublé entre 2006 et 2009, passant de 21 à 39 milliards de dollars, contre seulement 9 milliards de dollars en 2000. En 2006, elles augmentent de 4,1 % et atteignent un montant de 20,68 milliards de dollars, contre une croissance de 10,6 % en 2005.

    Dans le même temps, les transferts de devises à l’étranger, liés au rapatriement des bénéfices et royalties des sociétés étrangères, sont estimés à plus de 50 milliards de dollars entre 2001 et 2008, et à près de 9 milliards de dollars en 2009, soit près de quatre fois les flux annuels d’investissement étrangers. C’est le début d’une longue décennie de sortie massive de capitaux à travers une fuite à l’importation et des investissements en portefeuille au détriment des investissements productifs. Ce constat est cristallisé par un chiffre : A la fin de cette période, le secteur industriel ne représentait plus que 5 % du PIB contre près de 10 % en 2000.

    Maghreb Emergent, 19/09/2021

  • WikiLeaks: lo que Bouteflika piensa de Mohammed VI

                         Sahara Occidental, Bouteflika, Marruecos, Mohamed VI, Wikileaks,

    Un abismo de malentendidos y prejuicios separa a los líderes argelino y marroquí. Los telegramas revelados por el sitio WikiLeaks muestran cuán profundas son las diferencias. 
    Además del conflicto sobre el Sáhara Occidental que azota las relaciones entre Argel y Rabat, los dos líderes no se caen bien.
    El presidente argelino ve en Mohammed VI a un hombre sin abrir y sin experiencia. La aversión de Abdelaziz Bouteflika hacia el rey marroquí es tal como promete, en una confianza a la asistente del presidente estadounidense George Bush para la seguridad interna y antiterrorista, Frances Fragos Townsend , no para « darle la mano ».
    El presidente argelino dice que prefiere al hermano del rey, Moulay Rachid, con quien dice que « bromeó y tuvo una buena charla » durante una reunión en Sevilla, España, según otro memorando de Estados Unidos. 
    « Charlamos y bromeamos alegremente, pero no puedo hacer lo mismo con el rey porque no tenemos el mismo sentido del humor », lamentó. Respecto al Sahara, el jefe de Estado argelino asegura que si pudiera resolver el problema, lo haría. 
    “Pero no puedo hablar por los saharauis”, dijo. « Lo que se necesita es que Marruecos y el Polisario encuentren una solución y puedan hacerlo con la ayuda de los estadounidenses », agregó el presidente argelino.
    En febrero de 2008, según otro telegrama emitido después de una entrevista con un diplomático estadounidense, Abdelaziz Bouteflika dictaminó que en lugar de mostrar un enfoque « elegante » al aceptar una independencia del Sáhara Occidental que podrían haber « controlado » o « supervisado », los marroquíes en realidad quiero « un » anschluss « (una conexión) como Saddam Hussein con Kuwait ». 
    El « plan de autonomía » deseado por Rabat en lugar del referéndum de autodeterminación ofrece, según Bouteflika, sólo una apariencia de autonomía. Las provincias argelinas tienen más con respecto a Argel, argumenta.
    Las vistas malsanas de París
    Según los memorandos difundidos por WikiLeaks, el presidente argelino está rumiando su resentimiento con Francia que, en sus palabras repetidas por Le Monde, « nunca aceptó realmente la independencia de Argelia » y está tratando de ajustar cuentas con Francia. 
    Argelia « apoyando Marruecos. « Los franceses », por el peso de su historia colonial en el Magreb, son incapaces de desempeñar un papel constructivo en el conflicto « del Sahara, dijo también durante un encuentro con Frances Fragos Townsend, asesor del presidente George W. Bush por asuntos de seguridad, según estos memorandos hechos públicos por Le Monde. 
    Parece que el presidente francés ha sido bastante torpe en su diplomacia hacia los países del Magreb. Si bien el presidente argelino le atribuye objetivos malsanos, Marruecos se ha sentido « traicionado » por haber reservado su primer viaje fuera de Europa para Argelia.
    Si el presidente critica sin rodeos al reino de Shereef, los familiares del rey le devuelven el favor. Explicaron, en junio de 2009, al representante personal del secretario general de la ONU, Christopher Ross, que « el poder sigue en manos de generales dogmáticos », « petrificados » ante la idea del plan de autonomía para el Sahara presentado por Rabat. 
    Argelia es descrita como una « amenaza », un país que bloquearía a Marruecos para luchar eficazmente contra el terrorismo y que buscaría adquirir armas nucleares.
    En la nota de 31 de julio de 2007, Fouad Ali Himma, viceministro del Interior, subraya, tras un viaje a Argel, que « los reiterados esfuerzos marroquíes para reducir la brecha diplomática han sido rechazados ». 
    « Les dijimos a los argelinos que Marruecos estaba listo para reabrir su frontera y tomar otras medidas para restablecer la confianza, pero los argelinos nunca nos dijeron lo que querían », afirma. Los estadounidenses también juzgan severamente a Marruecos.
    Un cable diplomático fechado el 4 de agosto de 2008 y procedente de la embajada de Estados Unidos en Rabat, transmitido por El País, Thomas Riley, embajador de Estados Unidos en Marruecos de 2003 a 2009, retorna extensamente a la « cooperación ejemplar » entre los ejércitos de ambos países. 
    Pero también insiste en la corrupción dentro del ejército marroquí, citando a un general por su nombre. Otros memorandos mencionan prácticas fraudulentas en el sector inmobiliario en Marruecos.
    El Watan, 05/12/2010
  • WikiLeaks : Ce que pense Bouteflika de Mohammed VI

    Maroc, Algérie, Bouteflika, Mohammed VI, Wikileaks, Sahara Occidental,

    Les télégrammes divulgués par WikiLeaks sont révélateurs du fossé existant entre l’Algérie et le Maroc. Pour le président algérien, le roi du Maroc est un «homme non ouvert, qui manque d’expérience et n’a même pas le sens de l’humour». Pour le problème du Sahara occidental, il pense que le souverain alaouite fait fausse route avec son histoire d’autonomie.
    Un fossé d’incompréhension et de préjugés sépare les dirigeants algérien et marocain. Les télégrammes révélés par le site WikiLeaks montrent à quel point les divergences sont profondes. En plus du conflit sur le Sahara occidental qui empoisonne les relations entre Alger et Rabat, les deux dirigeants ne s’apprécient guère. 
    Le président algérien voit en Mohammed VI un homme non ouvert et qui manque d’expérience.
    L’aversion de Abdelaziz Bouteflika pour le roi marocain est telle qu’il promet, dans une confidence à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, de ne pas «lui serrer la main».
    Le président algérien dit avoir une préférence pour le frère du roi, Moulay Rachid, avec lequel il affirme avoir «plaisanté et discuté agréablement» lors d’une rencontre à Séville, en Espagne, selon un autre mémo américain. 
    «Nous avons bavardé et plaisanté avec bonheur, mais je ne peux pas faire la même chose avec le roi, car nous n’avons pas le même sens de l’humour», a-t-il déploré. Concernant le Sahara, le chef de l’Etat algérien assure que s’il pouvait résoudre le problème, il le ferait. 
    «Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis», dit-il. «Ce qu’il faut c’est que le Maroc et le Polisario trouvent une solution et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains», aurait ajouté le président algérien.
    En février 2008, selon un autre télégramme émis après un entretien avec un diplomate américain, Abdelaziz Bouteflika a jugé qu’au lieu de faire preuve d’une approche «élégante» en acceptant une indépendance du Sahara occidental qu’ils auraient pu «contrôler» ou «superviser», les Marocains souhaitent en réalité « un «anschluss» (un rattachement) comme Saddam Hussein avec le Koweït». 
    Le «plan d’autonomie» voulu par Rabat à la place du référendum d’autodétermination n’offre, d’après Bouteflika, qu’un semblant d’autonomie. Les provinces algériennes en ont davantage vis-à-vis d’Alger, soutient-il.
    Les visées malsaines de Paris
    A en croire les mémos diffusés par WikiLeaks, le président algérien rumine sa rancune auprès de la France qui n’aurait, selon ses mots repris par Le Monde, «jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne» et tente de régler ses comptes avec l’Algérie «en appuyant le Maroc».
    Les Français, «du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit» du Sahara, a-t-il aussi estimé lors d’une rencontre avec Frances Fragos Townsend, conseillère du président George W. Bush pour les affaires de sécurité, selon ces mémos rendus publics par Le Monde. 
    Il semble que le président français a été assez maladroit dans sa diplomatie envers les pays du Maghreb. Alors que le président algérien lui attribue des visées malsaines, le Maroc s’est senti «trahi» par le fait qu’il ait réservé son premier déplacement hors d’Europe à l’Algérie.
    Si le président critique sans ménagement le royaume chérifien, les proches du roi lui rendent la pareille. Ils expliquent, en juin 2009, au représentant personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, que «le pouvoir est toujours entre les mains de généraux dogmatiques», «pétrifiés» à l’idée du plan d’autonomie pour le Sahara présenté par Rabat. 
    L’Algérie est décrite comme une «menace», un pays qui ferait barrage au Maroc pour lutter efficacement contre le terrorisme et qui chercherait à se doter de l’arme nucléaire.
    Dans la note du 31 juillet 2007, Fouad Ali Himma, adjoint du ministre de l’Intérieur, souligne, après un voyage effectué à Alger, que «les efforts marocains répétés pour réduire le fossé diplomatique ont été rejetés». 
    «Nous avons dit aux Algériens que le Maroc était prêt à rouvrir sa frontière et à prendre d’autres mesures pour rétablir la confiance, mais les Algériens ne nous ont jamais dit ce qu’ils voulaient», prétend-il. 
    Les Américains jugent, eux aussi, sévèrement le Maroc.
    Un câble diplomatique daté du 4 août 2008 et provenant de l’ambassade américaine à Rabat, répercuté par El Pais, Thomas Riley, ambassadeur des Etats-Unis au Maroc de 2003 à 2009, est longuement revenu sur la «coopération exemplaire» entre les armées des deux pays. Mais il insiste également sur la corruption au sein de l’armée marocaine en citant nominativement un général.
    D’autres mémos évoquent des pratiques frauduleuses dans le secteur immobilier au Maroc.
    Source: El Watan, 05/10/2010