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  • El Mundo: Bouteflika, le président qui voulait réveiller l’Algérie

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    Décès d’Abdelaziz Bouteflika, le président qui voulait réveiller l’Algérie

    Il avait 84 ans et était victime d’une longue maladie, qui depuis 2013 le maintenait inapte, incapable de parler et sans mouvement.

    Abdelaziz Bouteflika a personnifié dans ses derniers jours la relation amour-haine schizophrénique que ressentent les Algériens pour leur ancienne métropole, la France. Il se souvenait encore et encore des excès de la colonisation française, mais au moindre symptôme il se précipitait à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce pour un traitement dans le plus grand secret. Il souffrait d’un cancer de l’estomac.

    Une de ses dernières visites médicales a suscité une vive polémique dans la société gauloise. En avril 2006, il avait dénoncé le « génocide de l’identité algérienne » provoqué par la colonisation française. La France a occupé l’Algérie pendant 132 ans et a annulé l’identité culturelle locale avec des politiques telles que l’interdiction d’enseigner en arabe, en dehors des exactions commises par Paris pendant la guerre d’indépendance (1954-1962).

    Ce n’était pas la première fois que Bouteflika rappelait le passé noir de la France en Algérie. Mais, à cette occasion, il a eu la malchance de subir une rechute de sa maladie, pour laquelle il a dû être hospitalisé en métropole. Le leader de l’extrême droite, Jean Marie Le Pen, l’a pris d’une manière très ironique : « Je ne comprends pas très bien que ce monsieur vienne se faire soigner chez les abominables colonialistes que nous sommes».

    Au milieu, l’impasse dans laquelle s’est installée la signature du traité d’amitié entre les deux pays, initialement prévue pour 2005, mais retardée sans date par la loi controversée que la France a approuvée en février de la même année, affirmant « le rôle positif de la présence française dans leurs anciennes colonies. Bouteflika a ensuite marqué sa position : Paris doit « reconnaître qu’il a torturé, assassiné et exterminé » en Algérie lors de sa colonisation.

    Bouteflika ne restera donc pas dans l’histoire comme un président qui a contribué à l’amélioration des relations franco-algériennes, bien qu’il ait été le deuxième président de l’Algérie indépendante à visiter ce pays. Sa visite officielle en juin 2000 était la première d’un dirigeant de l’ancienne colonie gauloise depuis 17 ans, mais il n’a jamais cessé de faire la guerre à la France.

    Abdelaziz Bouteflika est né le 2 mars 1937 à Tlemcen (Algérie). Et comme tout patriote algérien qui se respecte, il a aussi un passé de combattant pour la libération de son pays du joug colonial. Quand il était encore très jeune, il a participé au clan dit Oujda, un groupe composé de nationalistes algériens qui se sont concentrés dans cette ville marocaine pendant la guerre d’indépendance algérienne. Ils étaient les partisans du colonel Houari Bumediène, alors chef d’état-major de l’Armée de libération nationale (ALN). À tout juste 19 ans, il rejoint les rangs de l’ALN, la branche militaire du Front de libération nationale (le seul parti jusqu’en 1989), où il montera au grade de commandant sous le nom de guerre Abdelkader Mali.

    Fidèle à Ahmed Ben Bella, le premier président du pays, sa fidélité sera récompensée lorsqu’il sera nommé ministre des Affaires étrangères en 1963. Auparavant, il avait été en charge du portefeuille plus modeste de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme.

    Boumediène a renversé Ben Bella en 1965, mais Bouteflika a été sauvé du crible et a continué à la tête de la diplomatie algérienne jusqu’en 1979. C’était aussi les premières années du conflit entre le Maroc et le Front Polisario et Bouteflika a dirigé la position algérienne en soutien aux Sahraouis, près la signature des accords tripartites de Madrid, par lesquels l’Espagne a abandonné son ancienne colonie du Sahara occidental et le Maroc et la Mauritanie en ont profité pour occuper la région.

    Plus tard, après la mort de Boumediène en 1978, Bouteflika était sur le point de lui succéder, bien que la direction militaire ait préféré le colonel Chadli Benyadid. Il est toujours resté à flot en tant que ministre conseiller de Benyadid, mais un an plus tard, il est exclu du gouvernement et progressivement déchu de ses fonctions politiques au FLN, lors des purges présidentielles.

    Sa disgrâce définitive a lieu en décembre 1981. Accusé d’avoir détourné 1 180 000 francs suisses du Trésor algérien, il est exclu du Comité central du parti unique. L’accusation n’a jamais été prouvée, mais Bouteflika s’est exilé en Europe et n’est revenu à Alger qu’en 1987, date à laquelle il a réintégré le corps du FLN d’où il a été exclu. Il l’a fait à temps pour voir son pays sombrer dans une décennie de violence et de guerre sale, après le coup d’État qui a conduit l’armée à dissoudre le Front islamique du salut, un parti qui devait se proclamer vainqueur des élections législatives de 1992.

    Buteflika a choisi de se cacher dans les coulisses pendant la crise et n’a pas pris la parole. Pas même lorsque, début 1994, le haut commandement de l’armée lui a demandé d’assumer la présidence du pays. Il n’accepterait le poste qu’« avec tout le pouvoir et toutes les conséquences », a-t-il soutenu. Le contexte était le pire des scénarios pour cela : la direction militaire avait contraint Benjedid à démissionner et son successeur, Mohamed Boudiaf, a été assassiné six mois après son accession à la présidence. Les généraux n’étaient prêts à accepter qu’un président fantoche. Le rôle a été parfaitement rempli par Liamin Zerouale.

    Buteflika n’a de nouveau fait son apparition sur la scène politique qu’en 1999, lors de la tenue des élections présidentielles. Et cette fois, il a triomphé dans sa longue lutte pour le pouvoir. Il est devenu le premier président civil de l’Algérie, bien qu’avec le soutien des généraux. Il a obtenu 73,79 % des voix, malgré le fait qu’il était populairement connu comme « l’homme qui parle mais ne fait rien ». Les élections, en Algérie, se cuisent encore dans les caves de l’Etat-Major.

    Bouteflika a hérité d’un pays terriblement fracturé par une décennie de guerre civile, choqué par ses atrocités et attristé par les plus de 150 000 morts et les quelque 20 000 disparus que le conflit a balayés. Il consacra alors ses discours à ce qu’il appelait avec une franchise surprenante la « médiocrité » des Algériens. Vous avez tous participé à cet effondrement. Je ne suis pas là pour vous supplier de voter, mais pour vous demander de vous réveiller », a-t-il déclaré.

    Ses descriptions de l’Algérie après sa dérive islamiste étaient sombres : « En Algérie on travaille la terre… un peu. Ensuite, nous allons à l’ombre, fumons une cigarette, jouons aux dominos, faisons une sieste, buvons du thé avec des amis, et si quelqu’un nous dérange, nous rentrons à la maison et battons la femme ».

    La grave crise économique, le terrorisme islamiste et la division de la direction militaire ont été les grands défis auxquels Bouteflika a dû faire face. Dans les rues de la campagne, les jeunes regardaient la vie adossée aux murs. Il s’agissait des hittistes, un mélange de mots français et arabe désignant les « gens du mur », les hommes dont le travail consiste à « tenir le mur », selon l’humour local aigre. Sept Algériens sur 10 ont moins de 30 ans et le chômage parmi eux dépasse les 60%.

    Face à ces dilemmes, l’ancien guérillero a opté pour la politique de réconciliation nationale, dont il a été le drapeau durant ses deux mandats. Il a agi rapidement pour mener à bien la commission pour institutionnaliser le retour au calme d’une nation blessée. Les années 1997 et 98 ont été les plus sanglantes mais aussi celles du début de la fin du djihad organisé en Algérie. En juin 1999, Buteflika a introduit une loi sur la concorde nationale, qui prévoyait le pardon pour les islamistes qui déposaient les armes. La réponse a été immédiate et l’Armée islamique du salut (EIS, la branche militaire du FIS) a abandonné la lutte violente. Il a rapidement gagné le soutien du leader du FIS, Abasi Madani. Et il soumet la loi à un référendum, obtenant le soutien de 98% de la population, à la fin de la même année.

    Réélu en avril 2004, il persiste dans sa politique de réconciliation et l’approfondit en présentant un projet de loi d’amnistie controversé pour les terroristes qui ont rendu leurs armes. Il a également exempté les militaires des abus et exactions commis pendant la guerre dite sale. Le projet a été approuvé, au milieu des critiques des associations de défense des droits humains et des familles des victimes des deux côtés. Buteflika ne les a pas écoutés et a bâillonné la presse, qui a attaqué à plusieurs reprises sa direction.

    A l’étranger, ses réalisations ressortaient plus que ses erreurs : il avait marqué l’objectif de vaincre le terrorisme islamique, dans un monde polarisé et obsédé par la lutte contre le djihadisme depuis le 11 septembre. L’Algérie s’est échappée de l’orbite soviétique et s’est tournée vers les États-Unis, devenant un allié important au Maghreb.

    La stratégie était d’oublier d’aller de l’avant, mais sans direction marquée et au prix d’une réduction des libertés. L’Algérie de Butef serait amnésique. Comme pour réinventer un pays qui n’existe pas encore, qui peine encore à connaître son identité perdue. Comme il l’a dit lui-même : « Nous, Algériens, ne savons plus si nous sommes Amazighs [Berbères], Arabes, Européens ou Français. Après Buteflika, les Algériens devront continuer à chercher.

    El Mundo, 18/09/2021

  • La mémoire au cœur des tensions entre Bouteflika et Paris

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    Le passé colonial au cœur des tensions entre Abdelaziz Bouteflika et les présidents français

    Durant sa carrière politique, Abdelaziz Bouteflika n’a eu de cesse de renvoyer la France à son passé colonial. Retour sur les moments forts de cette relation parfois tumultueuse entre l’ancien chef de l’État algérien et les présidents français.

    Le passé colonial de la France a beaucoup pesé sur les relations diplomatiques entre Paris et Alger. L’ancien président Abdelaziz Bouteflika a régulièrement demandé à la France de présenter des excuses pour les crimes commis lors de la guerre d’indépendance et pendant les 132 ans de la colonisation.

    Le président Hollande avait, le 20 décembre 2012, solennellement reconnu devant le Parlement algérien « les souffrances » infligées par « la colonisation française », sans toutefois formuler d’excuses ou de repentance.

    De Jacques Chirac à Emmanuel Macron, en passant par Nicolas Sarkozy, retour sur l’histoire tumultueuse de la question mémorielle entre la France et l’Algérie.

    France24, 18/09/2021

  • Algérie : comment l’Etat a imposé sa feuille de route

    Gestion politique de pleine houle : comment l’Etat a imposé sa feuille de route

    Ici, quelques remarques sur les pratiques du système politique algérien à la lumière des élections législatives et de sa gestion de la crise déclenchée depuis le 22 février 2019.

    Après les élections présidentielles de 2019, le référendum constitutionnel de 2020, l’Etat a réussi l’organisation des législatives en dépit d’un refus populaire qui s’est traduit par le boycott massif des trois scrutins. Il a ainsi imposé sa feuille de route tracée au lendemain de la chute de Bouteflika sans un mouvement de recul, sans concession et sans négociations avec qui ce fut, hormis les partenaires qui ont reçu son agrément.

    Alors que le peuple était pris d’un délire révolutionnaire radical, les autorités ont entamé un dialogue avec des groupes et des individus qui étaient tout à fait d’accord avec leurs orientations et leur vision de l’avenir. Elles ont, dans le même temps, exigé du Hirak la désignation de représentants, en sachant qu’une telle sélection était impossible.

    Le caractère hétérogène du mouvement empêchait toutes les parties qui le composaient de se mettre d’accord sur une direction. D’autant plus que les protestataires avaient peur d’une éventuelle récupération s’ils avaient confié leurs sort à des leaders. De toute façon, le Hirak était un phénomène récent. Il n’avait pas eu assez de temps pour secréter une avant-garde consensuelle qui aurait gagné la confiance et l’assentiment de tous.

    Le pouvoir ne s’est pas privé d’utiliser, cela dit, « la révolution du sourire » pour, entre autres, élaguer les éléments qui, de l’intérieur du sérail, étaient susceptibles de gêner l’application de son agenda. Profitant de la lame de fond qui déferlait sur le pays, il les a traités comme des ennemis et livrés à un spectacle, grandeur nature, particulièrement humiliant. De hauts gradés de l’armée, de hauts fonctionnaires et des oligarques multimilliardaires se sont retrouvés ainsi en prison comme de petits délinquants.

    La pandémie du Covid-19 et les mesures de distanciation et de confinement ont été un cadeau tombé du ciel que le pouvoir a mis à profit. S’adaptant rapidement à situation, il a mis en place une stratégie pour démanteler, grâce à un travail méticuleux, le Hirak. Au retour de celui-ci, la riposte était prête. En moins de deux semaines, le mouvement populaire a été étouffé sans bruit par le biais d’une gigantesque démonstration de force mais qui n’a fait aucun mort.

    Parallèlement, une communication savamment menée a pointé du doigt deux organisations clandestines, le Mak et Rachad, comme les véritables meneurs de la contestation. Il a, dès lors, suffi de retourner leur force contre elles en les inscrivant sur la liste des groupes terroristes.

    Par ricochet, la manœuvre a permis de dissuader quiconque tenterait d’investir la rue après que les pouvoirs publics ont sifflé la fin de la partie. Désormais, les militants du changement radical sont passibles de peines lourdes comme s’ils tentaient de prendre les armes et monter des maquis contre l’Algérie.

    Les autorités ont, d’autre part, pourchassé et emprisonné les plus ardents des activistes en les mettant derrière les barreaux ou sous contrôle judiciaire. Cette traque n’a pas touché uniquement les manifestants mais également les internautes qui publient sur les réseaux sociaux des appels au soulèvement contre l’autorité.

    Sur le plan partisan, les élections législatives qui ont vu le retour triomphal du Front de libération nationale au Parlement et du Rassemblement démocratique national permettront le maintien du système conservateur nationaliste revigoré par un sentiment de victoire.

    Les Islamistes, quant à eux, ont eu assez de place à l’hémicycle pour espérer participer au jeu mais peu de force pour surestimer leur poids et peser ainsi sur la décision.

    Le plus grand perdant est sans doute le camp démocratique et moderniste qui a été totalement mis hors des institutions sans pour autant gagner les faveurs de la rue. Même Djil Djadid qui se revendique de cette mouvance, mais qui a participé au scrutin, a finalement perdu sur les deux tableaux en se contentant d’un seul strapontin.

    Le pouvoir a donc imposé son temps, sa méthode, choisi ses interlocuteurs et exclu le reste. Vis-à-vis de l’étranger sa démarche peut être jugée musclée mais le message que l’Etat algérien ne cesse de délivrer sous différentes formes peut se résumer ainsi : qu’ils haïssent pourvu qu’ils craignent.

    Mohamed Badaoui

    La Nation, 19 juin 2021

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  • Algérie : La vie fastueuse de Boukrouh

    IL SE LA COULE DOUCE ENTRE LA FRANCE ET LE LIBAN ET S’ÉRIGE EN DONNEUR DE LEÇONS NATIONAL : La vie fastueuse de Boukrouh

    Noureddine Boukrouh, l’ancien ministre qui a servi durant le premier mandat de l’ex-président déchu (1999-2005), occupé trois départements ministériels sous trois chefs de gouvernement (Benbitour, Benflis et Ouyahia), dans une diatribe publiée lundi dernier sur son compte facebook, s’en était pris violemment à la personne du président de la République. Celui qui se fait passer pour le donneur de leçons national ne s’encombre point de qualifier le chef de l’État, à la tête de la première institution du pays, de fou, rien que ça !

    Après avoir servi des années durant le règne cataclysme de Bouteflika qui a mis à sac le pays, appauvri son peuple et vidé ses institutions, cet enfant gâté du système tente de faire effacer son passé de membre de la « Issaba » auprès des Algériens. En effet, la société juvénile nationale en sait peu de ce personnage mythomane qui, calfeutré derrière son bureau et complétement coupé de la réalité de l’Algérie de 2021, continue à déverser son venin sur le pays, son Président et ses Institutions républicaines.

    C’est le cas de le dire, en effet, puisque l’homme qui croit qu’un écrit attentatoire à ce tout ce qui symbolise le pouvoir actuel le lui ferait gagner de l’estime auprès de l’opinion publique. Plus le mensonge est gros, mieux il passe ! Or, ce que Boukrouh n’a pas dit aux Algériens, c’est la vie fastueuse qu’il mène entre le France et le Liban, et dont il doit l’accès à cette même Algérie qui lui a confiée trois portefeuilles ministériels entre 1999 et 2005. Au-delà de l’ingratitude, les Algériens sont dans le droit de savoir comment leur « donneur de leçons » a su passé profiter de ses fonctions d’officiel pour faire fortune sur le dos du peuple algérien et ses institutions.

    Une période faste durant laquelle, le fondateur du PRA, un parti qu’il avait dirigé de 89 à 99, a su profiter de son statut dans l’Etat pour s’assurer une retraite dorée dont il tire les dividendes depuis ces dernières décennies. Le personnage richissime tentons-nous de dire que les Algériens doivent savoir aujourd’hui pour connaitre le vrai visage de celui qualifié, aussi bien par les cadres de son parti que les fonctionnaires du département du Commerce à l’époque de malade mental.

    Le peuple, celui qu’il qualifie de « ghachi », est en droit de savoir que ce Boukrouh possédait une maison d’édition au Liban qu’il avait financée grâce aux pots de vin qu’il a touché du temps où il était ministre du Commerce. C’est ce que Boukrouh doit comme explications aux Algériens aujourd’hui. En sus, il doit éclairer leurs lanternes sur la vie de milliardaire, dont il trimbale la fortune, entre la France et le Liban. C’est là la facette sombre de ce personnage corrompu jusqu’à la moelle, un attardé mental, un parjure qui complote contre son pays et un cleptomane, dont les Algériens sont sortis, le 22 février 2019, pour s’en débarrasser. Autrement, un membre du gang du premier mandat de Bouteflika qui revient en 2021 pour tenter de redorer son blason. Il faut être vraiment fou comme cet intermittent de la politique de Boukrouh pour avoir le culot de s’e prendre à l’Algérie, son peuple et ses institutions, d’une aussi rare violence. Ce que Boukrouh ne sait pas par dessus tout, c’est qu’il garde de lui l’image d’un homme qui finira dans la poubelle de l’histoire. En revanche, le peuple algérien, conscient qu’il est, sait quelle bonne place dans les manuels d’histoire va réserver au président Tebboune.

    Farouk Bellili

    Le Courrier d’Algérie, 18 juin 2021

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  • Algérie/ La hantise historique !

    On se rappellera toujours cette image du président Bouteflika serrant le cou d’un professeur de l’université d’Oran, alors qu’à Alger, des universitaires se faisaient savamment tabasser devant le Palais du gouvernement où ils avaient osé poser pied pour exposer leurs revendications au chef de l’Exécutif. Cette hantise (qu’assimileront certains à une haine) de l’instruit, perçu de facto comme un intellectuel et suspect de pouvoir avec ses idées échafauder des coups tordus ou sous-entendre des coups d’État, remonterait jusqu’au traumatisant épisode de la Bleuite : des étudiants sacrifiés sur de simples soupçons de prédispositions à l’antipatriotisme. Depuis, c’est devenu une sorte de syndrome que cultivent les dirigeants algériens, qui, depuis l’indépendance, s’affairent à mater, à dompter ou à exiler tout intellectuel non convertible ou non domesticable.

    Ils ne savent pas qu’un intellectuel est avant tout le symptôme de la liberté qui, malheureusement, ne s’enseigne pas dans les zaouïas, seul repaire culturel où ont été abreuvés les premiers responsables du pouvoir en Algérie. Sauf qu’avec Bouteflika, on a droit à cette sorte d’élégance post-acte “regrettable” où il se rattrape avec des excuses… discrètes. Mais l’histoire ne s’arrête pas à un cas “accidentel”, il sera réédité sous différentes formes pour le même objectif. Mettre, symboliquement et politiquement, l’intellectuel, l’universitaire “hors d’état de nuire”.

    Et avant, on recourra souvent à l’article 120 de l’exclusion. Les victimes de l’État-FLN en ont peut-être moins souffert que les victimes actuelles de ce système (qui est son prolongement naturel) dont on ne déchiffre ni la tête ni la vision. Et c’est tout naturellement que des universitaires sont réprimés et mis en détention.

    Seraient-ils tous de la graine de Gramsci ? Les régimes autoritaires répondront, sans hésitation, par l’affirmative. Ce qui se confirme avec l’affaire du Dr Djabelkhir qui, dans un pays démocratique, serait inscrite comme une honteuse séquence d’atteinte à la pensée. Et encore plus proche, le sort réservé au professeur Mimouni de Constantine. Et ce seront encore les concepteurs de la gestion par la matraque qui viendront vociférer leurs regrettables constats de la fuite des cerveaux. Le pays fuite pourtant de partout.

    Liberté, 17 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Bouteflika, FLN, intellectuel, universitaire, Gramsci, Djabelkhir, Mimouni, répression, liberté d’expression,

  • Algérie : La justice traque les suppôts de la Issaba

    OULD KADDOUR, CHAKIB KHELIL, BOUCHOUAREB, BELKECIR ET ZITOUT AND CO : La justice traque les suppôts de la Issaba

    Le sulfureux Abdelmoumen Ould Kaddour, ancien P-DG du géant pétrolier Sonatrach, arrêté samedi à Dubaï en provenance de Paris, reste en instance d’extradition vers l’Algérie, pour rendre des comptes à la justice pour les graves torts causés au Trésor public, notamment dans ce qu’il est convenu d’appeler le scandale de la raffinerie d’Augusta, dont il est le principal concepteur.

    Ce dernier qui était un soutien de poids pour le clan Bouteflika n’aurait dû jamais prendre la direction de la Sonatrach, lui qui avait été condamné pour une charge lourde, l’espionnage économique dans le cadre de l’affaire BRC (Brown Root and Condor). Et malgré un casier judiciaire chargé et une condamnation infamante, il fut bombardé patron de la plus grosse firme pétrolière algérienne.

    En mai 2018, alors que tous les experts du secteur des hydrocarbures avaient crié au scandale, l’homme-lige du clan Bouteflika, affirmait que Sonatrach venait de réaliser l’affaire du siècle en rachetant auprès d’Esso Italiana une filiale du groupe américain ExxonMobil, la Raffinerie Augusta en Italie. Il avait soutenu que cette opération est plus rentable que la réalisation d’une raffinerie à Hassi Messaoud pour un coût de 3 à 4 milliards de dollars. Mais en réalité il avait déboursé de l’argent pour s’offrir un tas de ferraille pour une raffinerie dépareillée. Alors que la maintenance du complexe avait ruiné son propriétaire, Ould Kaddour lui offre une solution tombée du ciel en achetant cette station et ses oléoducs.
    Ould Kaddour ne devait jamais accéder à un poste aussi sensible en raison des casseroles qu’il trainait, mais sa proximité avec le clan Bouteflika lui a permis de revenir, en seigneur, à la direction de la Sonatrach.

    Les maillons de la chaîne

    Cette affaire nous renvoie aux dossiers Sonatrach 1 et 2, et dans lesquels est cité nommément l’ancien ministre des hydrocarbures, Chakib Khelil. Dans le cadre de l’enquête diligentée il y a quelques années par le parquet d’Alger, le magistrat instructeur, l’actuel ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, alors procureur général près la cour d’Alger, avait émis en 2013 un mandat d’arrêt international contre Chakib Khelil. L’accusé qui faisait partie du cercle très rapproché de l’ancien Président avait alors fui le pays, le temps de permettre à l’ancien garde des Sceaux, Tayeb Louh, de trouver la parade pour invalider le mandat émis par la justice.

    Ce qui fut fait en arguant un vice de forme, permettant ainsi à Chakib Khelil de revenir au pays et de se lancer dans une véritable campagne de séduction des zaouïas en se posant, pour la « Issaba », comme une alternative en cas de retrait de Bouteflika pour la course à un cinquième mandat. Ce plan fut éventé grâce au Hirak du 22 février 2019. Aujourd’hui, l’homme est sous la menace d’un mandat d’arrêt international qui pourrait être délivré par la justice algérienne tant son nom est cité dans plusieurs affaires et scandales de corruption.

    La justice a également condamné l’ancien ministre de l’industrie, Abdeslam Bouchouareb et émis, à son encontre, un mandat d’arrêt international. Ce dernier, cité à comparaitre dans l’affaire du montage des véhicules et plusieurs autres affaires, a quitté le pays depuis la chute de l’ancien Président et ses relais. Plusieurs autres noms d’acolytes de la Issaba pourront bientôt faire face à la justice algérienne.

    Le général Ghali Belkecir et son épouse, l’ancienne présidente de la cour de Tipaza, qui avaient mis en place une justice parallèle avec le soutien de Tayeb Louh, en fuite à l’étranger, pourraient un jour revenir au pays pour répondre des lourdes charges qui pèsent sur eux.

    C’est dans la même veine que des mandats d’arrêt international ont été lancés, ce dimanche, contre Zitout, Hichem Aboud, Amir Dz et le gendarme déserteur Mohamed Abdallah, s’inscrivent d’ailleurs dans la nouvelle dynamique de la justice algérienne qui veut faire payer ceux qui ont voulu attenter à la stabilité du pays et de le ruiner, d’avilir le peuple par leurs pratiques maffieuses, et surtout osé mettre le pays et ses richesses au seul service de la Issaba et ses relais.
    Slimane B.

    Le Courrier d’Algérie, 24 mars 2021

    Tags : Algérie, justice, Zitout, Hichem Aboud, Amir Dz, Mohamed Abdallah, Abdelmoumen Ould Kaddour, Sonatrach, Augusta, Bouteflika, Chakib Khelil, Tayeb Louh, Ghali Belkecir, Issaba,



  • L’Algérie récupère ses biens immobiliers en France

    Des propriétés de l’État algérien, à l’abandon ou cédées aux proches d’Abdelaziz Bouteflika, sont actuellement recensées. Voici les détails de cette opération.

    Selon nos informations, l’ambassade d’Algérie à Paris a recensé les biens appartenant à l’État, mais laissés à l’abandon et squattés par des particuliers ou des associations, voire cédés à des notabilités de l’ancien régime.

    D’après ce décompte, consulté par Jeune Afrique, 44 de ces biens sur 46 ont déjà été récupérés par l’ambassadeur Antar Daoud, tandis que les cas de deux appartements situés à Paris sont en passe d’être réglés grâce à un « gentleman agreement ».

    D’abord deux appartements situés dans un quartier chic de Paris (probablement le 16e arrondissement) de plus de 160 m2. Le premier aurait été habité par un ancien sénateur qui a soutenu Bouteflika, et le second par un député. Mais aucun nom n’a été cité.

    A Marseille, l’Etat algérien a également récupéré le château de Julhans, situé dans un domaine de 320 hectares.

    Construit en 1639 et comprenant une chapelle, il a été laissé à l’abandon avant d’être occupé par une association de pieds-noirs, qui a fini par être délogée, toujours selon Jeune Afrique.

    Même chose dans la Drôme (sud de la France) où un autre château (Lapeyrousse) a été récupéré récemment, après une longue procédure judiciaire entamée par le consulat d’Algérie à Lyon.

    Echourouk Online, 14 mars 2021

    Tags : Algérie, France, Bouteflika, propriétés, biens immobiliers,

  • WikiLeaks : quand Algériens et Marocains se confient sur le Sahara occidental

    Wikileaks, Sahara Occidental, Maroc, Algérie, #Maroc, #Algérie, Bouteflika,

    Le conflit au Sahara occidental, né il y a une quarantaine d’années, n’est pas près de trouver une solution, à en croire les télégrammes obtenus par WikiLeaks et révélés par « Le Monde ».

    Par Jean-Pierre Tuquoi

    Le Monde, 03 décembre 2010

    Le conflit au Sahara occidental, né il y a une quarantaine d’années, n’est pas près de trouver une solution. Les positions sont trop éloignées, les rivalités trop profondes, les procès d’intention trop nombreux entre les deux principaux protagonistes: le Maroc, qui occupe le Sahara occidental en dehors de toute légalité internationale, et l’Algérie sans l’appui de laquelle le Front Polisario, favorable à un référendum pour fixer l’avenir de l’ancienne colonie espagnole (indépendance ou rattachement au Maroc), aurait le plus grand mal à exister.

    La position algérienne est clairement exprimée dans le compte-rendu d’une audience (d’une durée de 3 heures 30) accordée en mai 2007 par le président algérien Abdelaziz Bouteflika à Frances Fragos Townsend, la conseillère du président Bush pour les affaires de sécurité, obtenu par Wikileaks et révélé par Le Monde.



    « Si je pouvais résoudre le problème je le ferais, affirme le président algérien. Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis . » Ce qu’il faut c’est que « le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains ».

    Les Français, confiera-t-il à une autre occasion, « du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit ». D’ailleurs, ajoute-t-il, « la France n’a jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne ». Pour lui, elle tente de régler ses comptes avec l’Algérie « en appuyant le Maroc ».

    LE JUGEMENT DE M. BOUTEFLIKA SUR LE ROI DU MAROC

    Un an plus tard, en février 2008, recevant un diplomate américain, changement de registre. Le président algérien dénonce « le plan d’autonomie » voulu par Rabat à la place du referendum d’autodétermination. Celui-ci n’offre qu’un semblant d’autonomie. Les provinces algériennes en ont d’avantage vis-à-vis d’Alger, soutient M.Bouteflika.

    Puis, au fil de l’entretien, le président algérien se laisse aller: il comprend que les Marocains se sentent menacés par la perspective d’un Sahara occidental indépendant mais, dit-il, ils sont les premiers responsables de la situation. Au lieu de faire preuve d’une approche « élégante » en acceptant une indépendance du Sahara occidental qu’ils auraient pu « contrôler » ou « superviser », ils veulent « un Anschluss, comme Saddam Hussein avec le Koweït ». S’ils n’avaient pas été aussi maladroits, les Marocains « auraient pu obtenir ce qu’ils voulaient », assure le président algérien à son hôte.



    L’année suivante, en novembre 2009, devant le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général William Ward, le chef de l’Etat algérien revient à la charge. Selon lui, le projet d’autonomie est à rejeter. « Vous ne pouvez pas défendre l’application d’un principe pour la Palestine et un autre principe pour le Sahara occidental », fait valoir le président algérien.

    Le jugement négatif de M. Bouteflika sur le roi du Maroc n’est pas fait pour arranger les choses. Autant le président algérien apprécie Moulay Rachid, le frère du roi (« On a plaisanté et discuté agréablement » à l’occasion d’une rencontre à Séville, en Espagne) autant le courant ne passe pas avec Mohammed VI. « Il n’est pas ouvert, et manque d’expérience », se plaint-il. Pour M. Bouteflika, aucun dialogue n’est possible entre lui et le roi du Maroc.

    LES APPRÉCIATIONS SÉVÈRES DES MAROCAINS

    Côté marocain, la suspicion n’est pas moindre. Non pas que Mohammed VI se confie un tant soit peu aux très rares interlocuteurs américains qu’il reçoit. Mais ses proches le font pour lui. Or, ils sont sévères dans leur jugement. Selon leur lecture, la clé du dossier du Sahara occidental se trouve non pas à Tindouf, où siège les indépendantistes du Polisario, mais à Alger. Là-bas, expliquent-ils en juin 2009 au représentant personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, le pouvoir est toujours entre les mains de généraux dogmatiques, incapables de bouger et « pétrifiés » à l’idée du plan d’autonomie présenté par Rabat.



    Faut-il miser sur le temps et attendre qu’une nouvelle génération soit aux commandes en Algérie pour résoudre le conflit au Sahara occidental ? Certains conseiller du roi en sont convaincus, mais pas le chef des services de renseignements extérieurs, Mohamed Yassine Mansouri. Dans un « mémo » du printemps 2008, il se dit convaincu qu’un changement de génération « pourrait compliquer la situation ». « L’ancienne génération qui a créé le problème est la mieux placée pour le résoudre », dit-il à son interlocuteur américain.

    Dans un télégramme de juin 2009, le même Mansouri confie que Rabat a demandé au président français Nicolas Sarkozy de faire en sorte « de n’être pas perçu, comme par le passé comme aussi pro-marocain sur le Sahara occidental ».

    C’était aussi le cas de l’administration Bush, « qui apparaissait trop favorable au Maroc ». A l’équipe diplomatique du président Obama, le patron des services d’espionnage fait observer qu’ »il ne serait pas très judicieux d’abandonner ses vrais amis au profit du pétrole ».

    Jean-Pierre Tuquoi

    Le Monde, 03 décembre 2010

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