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  • L’Espagne mobilise les envoyés européens pour contrer l’attaque diplomatique du Maroc

    L’Espagne a mobilisé ses envoyés en Europe pour faire face à l’attaque diplomatique lancée par le Maroc, dans le but de clarifier la vision espagnole de la crise des migrations illégales et le dossier du Sahara occidental et leader indépendantiste, Brahim Ghali.

    « Le Maroc est actif dans différentes capitales de l’Union européenne pour présenter sa version des événements liés à la crise actuelle avec l’Espagne », indique un mémorandum signé par Camilo Villarino, directeur du cabinet du ministre espagnol des Affaires étrangères.

    Selon El Confidencial , le ministre des Affaires étrangères Gonzalez Laya a envoyé un communiqué aux représentations diplomatiques de son pays concernant la crise migratoire et le dossier du Sahara occidental.

    Le ministre a déclaré: « Il est nécessaire d’assister de manière proactive nos diplomates dans leurs contacts avec les ministères des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne ».

    La tension entre le Maroc et l’Espagne a commencé à s’intensifier immédiatement après que Madrid a refusé, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, alors président américain Donald Trump, la reconnaissance de la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental, qui a été suivie par le report indéfini d’une réunion de haut niveau entre les Espagnols et l’Espagne. Gouvernements marocains.

    Le chef du mouvement pour l’indépendance du Sahara occidental, le Front Polisario, Ghali est actuellement soigné en Espagne. Le Maroc dit qu’il est entré dans le pays avec un faux passeport algérien, une affirmation que l’Espagne nie.

    L’ agence espagnole EPA a cité une source gouvernementale qui a déclaré en réponse aux déclarations des responsables marocains: « Ghali n’est pas entré en Espagne avec un faux passeport, bien qu’il ait utilisé une autre identité pour être admis dans un hôpital de Logroño, où il reçoit toujours traitement pour le coronavirus. « 

    Selon la même source, le président sahraoui est entré en Espagne via l’Algérie avec le passeport qu’il utilise habituellement pour voyager et qui remplit les conditions légales requises.

    La ministre espagnole des Affaires étrangères a renouvelé la position de son pays sur la question du Sahara Occidental, affirmant que « l’Espagne reste fermement attachée à la solution politique qui doit être trouvée dans le cadre offert par les Nations Unies ».

    Elle a déclaré dans une interview au journal local La Razon vendredi: « C’est la position de l’Espagne, et cette position ne peut pas être changée car l’Espagne est un pays qui respecte la légitimité internationale », ajoutant: « Ni l’accueil du leader du Polisario ni les pressions exercées par le Maroc vont amener l’Espagne à changer sa position sur le Sahara Occidental. « 

    Le Maroc est en conflit avec le groupe séparatiste Polisario soutenu par l’Algérie au sujet du Sahara occidental depuis 1975, après la fin de l’occupation espagnole. Cela s’est transformé en une confrontation armée qui a duré jusqu’en 1991 et s’est terminée par la signature d’un accord de cessez-le-feu.

    Rabat insiste sur son droit de gouverner la région, mais a proposé un régime autonome au Sahara Occidental sous sa souveraineté, mais le Front Polisario veut un référendum pour laisser le peuple déterminer l’avenir de la région. L’Algérie soutient la proposition du Front et accueille des réfugiés de la région.

    Le cessez-le-feu de 1991 a pris fin l’année dernière après que le Maroc a repris ses opérations militaires au point de passage d’El Guergarat, une zone tampon entre le territoire revendiqué par l’État marocain et la République arabe sahraouie démocratique autoproclamée, ce qui, selon le Polisario, était une provocation.

    En lançant l’opération, le Maroc « a sérieusement sapé non seulement le cessez-le-feu et les accords militaires y afférents, mais aussi toutes les chances de parvenir à une solution pacifique et durable à la question de la décolonisation du Sahara occidental », a déclaré Ghali dans une lettre à l’ONU.

    Middle East Monitor, 25 mai 2021

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  • Quand le Maroc s’égare… 1

    par Maâmar Farah

    À lire sans me prêter cet antimarocanisme primaire qui est à la mode chez certains. Avez-vous remarqué le changement notable dans la politique extérieure du royaume qui a trouvé d’autres «Algérie» à boxer ?

    Cette animosité, cette volonté de «punir» l’Espagne pour avoir soigné un «malade» — avant d’être le chef d’État de la RASD —, le conflit diplomatique avec l’Allemagne et, enfin, cet épisode du passage en force vers l’enclave espagnole de Ceuta, rappellent trop l’arrogance et le bellicisme israéliens pour qu’on puisse les prendre pour des décisions purement marocaines.

    Mais le Maroc n’est pas Israël. Il risque gros en jouant à la grenouille qui se prend pour un bœuf !
    M. F.

    Le Soir d’Algérie, 23 mai 2021

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  • Maroc : Appels au boycott des produits espagnols

    Appels lancés par des milliers de personnes, dont des journalistes, sur les médias sociaux avec des comptes en langues arabe, française et espagnole

    Des activistes marocains ont appelé, samedi, au boycott des produits espagnols après une escalade des tensions entre Rabat et Madrid suite à l’accueil en Espagne du chef du front Polisario (mouvement séparatiste illégal).

    Les appels au boycott ont été lancés par des milliers de personnes, dont des journalistes, sur les médias sociaux avec des comptes en langues arabe, française et espagnole.

    Au Maroc, où opèrent plus de 800 entreprises espagnoles, l’Espagne est perçue comme un partenaire commercial depuis 2012.

    Les tensions ont débuté fin avril lorsque le gouvernement de Madrid a accueilli Brahim Ghali en Espagne, où il devait se faire soigner pour un cas grave de coronavirus.

    Les autorités espagnoles n’ont pas informé le gouvernement marocain de cette démarche.

    L’Espagne affirme que c’était à des fins humanitaires, mais les responsables marocains l’ont qualifié de « provocation inacceptable » et ont évoqué des conséquences.

    Après des réunions diplomatiques de haut niveau tenues mardi, les tensions sont légèrement retombées. Les autorités marocaines ont repris le contrôle de la région frontalière, tandis que la Haute Cour espagnole a convoqué Ghali le 1er juin pour une audience préliminaire dans le cadre d’une affaire de crimes de guerre le concernant.

    Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a exprimé son ferme attachement à la protection des frontières de l’Espagne mais n’a pas directement critiqué le Maroc.

    AA

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  • Brahim Ghali, Le Maroc et ses Experts en Fake-News !

    Brahim Ghali, Le Makhzen et ses Experts en Fake-News !

    Une fois encore, le torchon numérique affilié au Makhzen, le360.ma, s’est illustré dans un acte grotesque de manipulation de l’information et dans l’abjecte propagation d’un mensonge à l’adresse de ses lecteurs et de l’opinion publique en général.

    En effet, dans une énième tentative désespérée de discréditer l’Algérie, l’auteur de l’article, un certain Khalil Ibrahimi, exerçant au sein du site d’information soumis aux services de renseignements du Royaume du Maroc, vient de publier en ce 20 Mai 2021 un article intitulé : Image du jour. Le faux passeport algérien du chef du Polisario, Brahim Ghali.

    Cet article a ainsi, sans en indiquer la source, reproduit le ‘’fac-similé du faux document de voyage avec lequel Brahim Ghali, alias Mohamed Ben Battouche, a réussi à entrer en territoire espagnol pour se faire soigner du Covid-19’’.

    Sûr de lui par l’impunité que lui confère la ligne éditoriale haineuse et peu professionnelle du pamphlet anti-algérien, Khalil Ibrahimi s’en va même oser écrire : « Les autorités algériennes ont beau se défiler, les faits sont têtus » !

    Pourtant la copie du passeport présenté par cette presse aux ordres des services secrets marocains et tous les détails contenus dans cet article sont totalement faux !

    Persistant dans la mauvaise foi, l’article qui a été depuis honteusement retiré, rapportait que Brahim Ghali, Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique, détenait un passeport algérien, ayant pour N° : 142589650, délivré à Oran le 16 avril 2021 et expirant le 16 avril 2026. Il appartiendrait, toujours selon la même source, à ‘Mohammed Ben Battouche’, né à Oran en 1946.

    Des informations grotesques et totalement fausses qui jettent le discrédit une fois encore sur cet organe de presse transformé en fabrique de Fake-News et qui ôte toute crédibilité sur son contenu.

    Le 21 Mai 2021, gouvernement espagnol a vite démenti les allégations mensongères du 360.ma, indiquant que le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, n’était pas arrivé en Espagne avec un faux passeport !

    Des sources du ministère des Affaires étrangères de la péninsule ibérique ont insisté sur le fait que l’admission de Brahim Ghali dans un hôpital espagnol, depuis le 18 Avril 2021, était liée à des “raisons humanitaires”, car il se trouverait dans un état grave après avoir contracté le coronavirus.

    En effet, Ibrahim Ghali, chef du Polisario seul représentant du peuple Sahraoui, a bien été admis à l’hôpital San Millán-San Pedro de La Rioja à Logroño près de la vielle de Saragosse en Espagne, mais avec un passeport algérien réel et ordinaire dont le N° est 300502551.

    Ce n’est que par mesure de sécurité et de confidentialité, à l’entrée de l’Hôpital espagnol, qu’Ibrahim Ghali avait emprunté l’identité de Benbatouche et non Ben Battouche comme le précisait le 360.ma.

    D’un autre côté, en inspectant le document produit par le 360.ma, on peut aisément remarquer l’amateurisme de l’équipe ayant falsifié le pseudo passeport attribué à Ibrahim Ghali pour produire au final une bien mauvaise contrefaçon. La preuve !

    En plus du fait que la photo d’Ibrahim Ghali ne soit pas sur un fond uni comme l’exige la loi et en dépit du fait que le document publié ne respecte ni l’inscription de l’identité en langue arabe et française, ni la police de caractère uniformisée, la durée de validité de nos passeports biométriques, comme le savent tous les algériens, est de 10 années pour les personnes majeures et non pas 5 années !

    De plus, la date d’expiration du passeport aurait dû être le 15 avril et non pas le 16 Avril !

    Mais l’erreur qui semble la plus flagrante, et qui démontre la Fake-News produite par le journal en ligne marocain, réside, comme vous pouvez le voir ci-après, dans les données de la partie optique en bas de la 2ème page d’identité du passeport, où on remarque la référence MAR, propre aux passeports marocains… Rien que ça !

    Malgré les multiples polémiques qui ont grandement affecté sa crédibilité, le 360.ma persiste et signe dans ses errements en fabriquant de fausses informations afin de s’en prendre à l’Algérie. Tous les moyens semblent bons pour nuire à la réputation d’Alger après la déroute de la diplomatie du Makhzen, quitte à ce que des journalistes sans morale ou déontologie falsifient des documents et manipulent les faits, pour espérer que leurs mensonges masquent la débâcle d’une monarchie vacillante.

    Maghreb TV, 23 mai 2021

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  • Le Maroc veut une enquête «transparente» sur l’entrée en Espagne du chef du Polisario

    Le Maroc souhaite une enquête «transparente» sur l’entrée «frauduleuse» en Espagne de Brahim Ghali, chef du Front Polisario dont l’hospitalisation a provoqué une crise diplomatique entre les deux pays, suivie cette semaine par un afflux inédit de migrants marocains dans l’enclave espagnole de Ceuta.

    Le chef du mouvement indépendantiste sahraoui soutenu par Alger a voyagé «avec des documents falsifiés et une identité usurpée», a affirmé samedi Fouad Yazourh, un haut responsable du ministère des Affaires étrangères au cours d’un point de presse à Rabat. «Une enquête que nous espérons transparente devrait être menée pour jeter toute la lumière sur cette affaire», a-t-il ajouté.

    Selon ce responsable, le Maroc, qui a «révélé dès le 19 avril» sa présence en Espagne, dispose d’informations sur les «complicités» dont M. Ghali a bénéficié avant son départ et compte «dévoiler plus d’éléments en temps opportun». La justice espagnole a rouvert cette semaine un dossier contre M. Ghali pour «crimes contre l’humanité» après une plainte ancienne déposée par l’Association sahraouie pour la Défense des Droits de l’Homme, l’accusant de «violations des droits humains» sur des dissidents des camps de Tindouf (ouest de l’Algérie).

    Vers une crise migratoire

    M. Ghali a été hospitalisé en avril dans un établissement de Logroño (nord) après avoir contracté le Covid-19 et son état de santé est en «constante amélioration», selon le Polisario. Sa présence en Espagne a suscité «l’exaspération» du Maroc qui le considère comme «un »criminel de guerre«. Madrid a justifié son transfert par »des raisons strictement humanitaires«. L’affaire a dégénéré en crise quand les forces marocaines ont laissé passer des milliers de migrants vers Ceuta, enclave espagnole située au nord du royaume.

    Le Polisario milite pour l’indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole contrôlée dans sa majeure partie par le Maroc, qui propose une autonomie sous sa souveraineté. Après presque 30 ans de cessez-le-feu, les hostilités ont repris mi-novembre après le déploiement de troupes marocaines dans une zone tampon de l’extrême sud du territoire, pour déloger des indépendantistes qui bloquaient la seule route vers l’Afrique de l’Ouest, selon eux illégale.

    Le Figaro, 22 mai 2021

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  • Le calme est revenu à Ceuta, pas entre le Maroc et l’Espagne

    Après une nuit agitée, les rues de la ville Fnideq, où avaient afflué des flots de jeunes, se sont vidées. Les évacuations se poursuivent, le Maroc et l’Espagne se renvoient la responsabilité

    La zone frontalière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta a retrouvé son calme jeudi, après un déferlement sans précédent de Marocains candidats à l’exil, mais les tensions diplomatiques entre Rabat et Madrid restent fortes.

    L’Espagne a encore haussé le ton jeudi en accusant le Maroc d’«agression» et de «chantage», tandis que son partenaire traditionnel dans la lutte contre la migration illégale dénonçait «double langage» et «intimidations».

    Les deux pays se renvoient aussi la balle sur le traitement des mineurs: Madrid reproche qu’on les ait laissés passer, Rabat affirme que les moyens employés pour les refouler étaient disproportionnés. Amnesty International a renvoyé dos à dos les deux pays: «Les demandeurs d’asile et les migrants sont utilisés comme les pions d’un jeu politique entre le Maroc et l’Espagne», a déclaré l’ONG en ajoutant qu’«environ 2000 enfants non accompagnés» avaient rallié l’enclave. Il en restait jeudi 800 sur «quelque 1500» arrivés, selon la préfecture de Ceuta.

    Un accord pour l’organisation des retours

    Sur place, le flot des arrivées s’est tari mais la police espagnole a repêché dans l’après-midi le corps sans vie d’un homme qui avait tenté la traversée, sans que l’on sache à quand remontait le drame. Il s’agit de la seconde noyade depuis le début de cette crise migratoire.

    Après une nuit agitée, les rues de la ville marocaine de Fnideq, où avaient afflué un grand nombre de jeunes en quête d’un avenir meilleur, se sont vidées. Et plus aucun candidat à l’exil ne tentait d’approcher la plage de Ceuta.

    Depuis lundi, quelque 8000 migrants ont rejoint Ceuta par la plage ou par la mer, profitant d’un relâchement des contrôles frontaliers côté marocain. Parmi eux, 6000 ont déjà été expulsés vers le Maroc, selon les autorités espagnoles. Des norias de bus affrétés par les autorités marocaines ont ramassé toute la journée des migrants expulsés ainsi que ceux qui espéraient franchir à leur tour la frontière, pour les ramener dans leurs villes d’origine, a constaté l’Agence France Presse (AFP).

    Des sources policières ont confirmé que «l’Espagne et le Maroc avaient conclu un accord pour officialiser ce qu’il se passe déjà en pratique», avec l’organisation de retours par groupe pour les adultes entrés à Ceuta. Quelque 3000 personnes ont été évacuées depuis le début de cette opération qui a commencé vers 2 heures du matin jeudi (3 heures en Suisse), selon les informations obtenues par l’AFP.

    L’accueil de Brahim Ghali au centre des tensions

    En toile de fond de cet afflux migratoire sans précédent persistent de fortes tensions entre Madrid et Rabat, qui ne décolère pas depuis l’arrivée en avril en Espagne, pour y être soigné, de Brahim Ghali, chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, ennemi juré du Maroc.

    «La véritable source de la crise, c’est l’accueil par Madrid sous une fausse identité du chef séparatiste des milices du Polisario», a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita cité par l’agence officielle MAP. «La crise durera tant que sa véritable cause ne sera pas résolue, le Maroc refuse de recevoir ce genre d’intimidations, basées sur des clichés du passé.»

    Le Temps, 22 mai 2021

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  • Espâgne : La Cour Suprême épargne à Sanchez un nouveau conflit avec l’Algérie

    L’Audience nationale ne voit aucune raison de convenir de mesures de précaution pour empêcher Brahim Ghali de quitter l’Espagne, malgré les accusations visant à empêcher son retour en Algérie.

    La crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc a un troisième axe dans cette relation, l’Algérie. Jusqu’à présent, l’accent a été mis uniquement sur les deux pays, en oubliant le troisième partenaire en question. Confrontée au Maroc pour son influence et la défense du leader du Front Polisario, l’Algérie est un partenaire stratégique essentiel pour l’Espagne. Surtout, parce que le gaz algérien représente près de 55 % des importations annuelles de l’Espagne. Cette semaine, en plus du conflit avec le Maroc, les relations avec l’Algérie étaient sur le point de s’effondrer. Grâce à l’Audience nationale, Pedro Sánchez s’est épargné un conflit majeur avec ce pays.

    Le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, s’est rendu à Logroño à bord d’un avion médicalisé algérien et, sous une fausse identité, s’est enregistré dans un hôpital pour y être soigné pour Covid. Un véritable affront au Maroc de la part du gouvernement espagnol et une formule, celle de l’enregistrement sous une fausse identité, qui fait actuellement l’objet d’une enquête par les autorités judiciaires.

    Mardi dernier, au plus fort de la crise, le juge Santiago Pedraz a annoncé la réouverture d’une enquête sur une plainte déposée en Espagne contre le dirigeant du Front Polisario et d’autres responsables sahraouis pour des crimes présumés de génocide et de torture, déposée par l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (ASADEH). Le Ghali a également reçu une deuxième plainte déposée par un particulier, Fadel Mihdi Breica.

    Ghali lui-même a refusé de signer le reçu de la première convocation au motif qu’il souhaitait contacter l’ambassade d’Algérie et des personnes de confiance avant de le faire.

    La situation s’est avérée extrêmement complexe, puisque les deux accusations ont demandé mercredi de décréter la détention provisoire au vu du « risque très élevé de fuite », ou à défaut, de lui interdire de quitter le pays en vue de son éventuel départ vers l’Algérie.

    Enfin, aucune des deux affaires ouvertes contre le Ghali devant l’Audiencia Nacional n’a donné lieu à l’imposition de mesures de précaution, comme la restriction de leurs mouvements et leur départ éventuel du pays. Quelque chose qui, selon des sources diplomatiques, aurait signifié « un grand conflit avec l’Algérie » la même semaine où l’Espagne et le Maroc rompent leurs relations.

    Le bureau du procureur de l’Audiencia et le juge Santiago Pedraz ont refusé d’imposer des mesures de précaution car ils considèrent que les preuves de crimes présentées jusqu’à présent contre le Ghali sont trop faibles pour soutenir une telle décision.

    La Justice évite, de cette façon, à Pedro Sánchez un nouveau conflit diplomatique qui aurait supposé une autre crise au sein du Gouvernement. Le Ghali pourra retourner en Algérie malgré les accusations portées en Espagne et sa convocation le 1er juin.

    La rupture avec le Maroc

    L’Espagne sauve ainsi un conflit avec l’Algérie, mais comme il arrive toujours dans ces cas, les décisions affectent aussi les tiers et, dans ce cas, la décision de la Justice aggrave encore plus la crise avec le Maroc.

    L’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, a averti vendredi que si l’Espagne décide de renvoyer le leader du Front Polisario d’Espagne de la même manière qu’il y est entré, « elle opte pour la stagnation et la dégradation des relations ». Cette information a été rendue publique par le ministère des affaires étrangères à Rabat.

    L’ambassadeur a souligné que ce qui se passe avec le Ghali « est un test pour l’indépendance de la justice espagnole, en laquelle nous avons pleinement confiance », mais aussi un autre test pour savoir si l’Espagne « choisit de renforcer ses relations avec le Maroc ou préfère collaborer avec ses ennemis ».

    De son côté, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déjà pris sur lui de dire que l’ambassadeur ne retournera pas en Espagne « tant que les causes de la crise persistent ».

    « S’il y a un problème ou une crise, c’est parce que l’Espagne a préféré agir et se coordonner avec les adversaires du Maroc plutôt que les sentiments du peuple marocain par rapport à une question fondamentale pour le royaume », a déclaré le chef de la diplomatie marocaine, selon Reuters.

    « Une crise de grande ampleur ».

    Des sources diplomatiques préviennent Economía Digital qu’il s’agit d’une « crise de longue haleine ». C’est dire que le conflit Espagne-Maroc va s’éterniser. Son ambassadeur n’a pas de date de retour, tandis que le ministère des affaires étrangères dirigé par Arancha González Laya analyse soigneusement comment gérer la suspension de certaines réunions bilatérales à caractère technique.

    De même, il n’y a toujours pas de date pour le sommet de haut niveau reporté depuis décembre, mais rien n’indique que les domaines les plus sensibles, la coopération dans la lutte contre l’immigration illégale ou le djihadisme, aient été affectés, selon les sources de la Moncloa.

    Des sources diplomatiques sont convaincues que Rabat comprend que l’Espagne ne pouvait ignorer la demande de l’Algérie et apprécie le rôle qu’elle joue en sa faveur au sein de l’UE. En ce moment, soulignent les mêmes sources, l’Espagne tente d’obtenir de l’UE qu’elle n’inclue pas le Maroc dans sa liste grise de paradis fiscaux.

    Les plus de 20 000 entreprises espagnoles ayant des intérêts au Maroc ont déjà demandé l’aide du gouvernement espagnol, comme l’a publié Economía Digital, face à d’éventuelles représailles. Plus précisément, 21 800 entreprises à capitaux espagnols opèrent avec un stock d’investissement cumulé d’environ 8 454 millions d’euros, selon les données de l’ICEX qui ont été recensées en 2019 (avant la pandémie).

    Les hommes d’affaires espagnols craignent des représailles

    La fédération de Ceuta de la CEOE a averti cette semaine, au début de la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc, que les autorités marocaines parlaient déjà de prendre des « représailles commerciales et de freiner les investissements espagnols » dans le pays. Face à ces tensions, « nous craignons un scénario de représailles », commentent les employeurs et révèlent que du côté du gouvernement « nous n’avons pas encore reçu de réponse ».

    Les hommes d’affaires craignent que la crise diplomatique entre les deux gouvernements n’aboutisse à trois scénarios possibles : le frein aux investissements espagnols dans les grands projets d’infrastructure et de tourisme que le Maroc a en cours ; que le financement pour les hommes d’affaires espagnols qui veulent opérer dans le pays devienne plus cher et, troisièmement, l’inquiétude que le Maroc ait déjà ouvert la porte aux grandes entreprises internationales américaines qui, sans porter atteinte à l’hégémonie française, grignotent le terrain des entreprises espagnoles.

    Ce dernier point a été renforcé par la « capote américaine » que le gouvernement de Joe Biden a donnée ce mardi au Maroc, à travers un appel au renforcement de leurs relations bilatérales. Ce qu’elle n’a pas encore fait avec l’Espagne.

    Les hommes d’affaires préviennent que le problème diplomatique entre les gouvernements « prendra du temps » et qu’il en va du volume des exportations espagnoles, qui sont passées de 1,9 % en 2011 à 3,0 % en 2019 et 2,6 % en 2020. En janvier 2021, les exportations espagnoles vers le Maroc ont atteint 601 millions d’euros.

    Economia digital, 22 mai 2021

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  • The Economist : Le roi Muhammad du Maroc arme la migration

    Il veut que l’Espagne accepte l’occupation du Sahara occidental par le Maroc.

    Le roi Muhammad du Maroc arme les migrations
    Il veut que l’Espagne accepte l’occupation du Sahara occidental par le Maroc.

    Ils sont venus par centaines, contournant à la nage la clôture frontalière qui protège la ville espagnole de Ceuta, ou traversant la plage à marée basse sous le regard permissif des gardes-frontières marocains, qui les auraient normalement arrêtés. En 36 heures cette semaine, 8 000 candidats à l’immigration ont débarqué à Ceuta, une enclave de 85 000 habitants (voir la carte). Pour les autorités espagnoles, faire face à cet afflux a été un casse-tête humanitaire immédiat. Et la militarisation de la migration par le Maroc place également le gouvernement de Pedro Sánchez, le premier ministre espagnol, dans une situation délicate à plus long terme.

    Clairement ébranlée et prise par surprise, l’Espagne a déployé 3 000 soldats et des véhicules blindés de la garnison de Ceuta et a envoyé 200 policiers en renfort. M. Sánchez lui-même s’est rendu dans la ville, jurant de défendre son « intégrité territoriale ». Les responsables espagnols se souviennent de la « Marche verte » de 1975, lorsque Hassan II, alors roi du Maroc, a mobilisé 350 000 civils pour occuper le Sahara occidental, au sud, alors que l’Espagne abandonnait sa colonie.

    Bien que le Maroc revendique Ceuta et Melilla, une autre enclave espagnole, l’objectif de l’incursion de cette semaine était plus limité. Le gouvernement est furieux que l’Espagne ait récemment admis Brahim Ghali, le leader du Polisario, un groupe qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental depuis l’époque coloniale, pour un traitement contre le covid-19. L’Espagne n’a pas informé le Maroc d’une action qu’elle dit être purement humanitaire. « Les actions ont des conséquences », a déclaré l’ambassadeur du Maroc à Madrid cette semaine.

    Ayant fait valoir son point de vue, le Maroc a de nouveau fermé la frontière avec Ceuta le 18 mai. L’Espagne a renvoyé la plupart des migrants, mais en vertu du droit international, elle ne peut pas facilement expulser quelque 1 500 mineurs non accompagnés. Les responsables espagnols soulignent que le Maroc est un partenaire avec lequel ils apprécient les liens étroits et la coopération. Ils ont pris soin de ne pas attiser la confrontation. Mais il est peu probable que cette semaine marque la fin de mois de tension croissante.

    Le roi actuel du Maroc, Mohammed VI, s’est senti conforté par la décision prise en décembre par Donald Trump, alors président des États-Unis, de rompre le consensus international et de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de sa reconnaissance d’Israël. Le Maroc souhaite que l’Espagne lui emboîte le pas. C’est difficile pour deux raisons. En tant qu’ancienne puissance coloniale, l’Espagne se sent obligée de soutenir les résolutions des Nations unies qui obligent le Maroc et le Polisario à négocier. En fait, il n’y a pratiquement aucune chance que le différend soit réglé. Le contrôle marocain est une réalité ; le Polisario ne détient que 20% du Sahara Occidental, profondément dans l’intérieur du désert. La deuxième raison est que l’Espagne dépend de l’Algérie, principal soutien du Polisario, pour un tiers de ses importations de gaz naturel.

    Pourtant, le Maroc est un partenaire essentiel pour l’Espagne, notamment en matière de contrôle de la migration et du terrorisme. « Ils disent que nous vous aidons sur des questions qui sont existentielles pour vous et j’ai une question existentielle [le Sahara occidental] et vous ne m’aidez pas du tout », déclare José Ignacio Torreblanca du Conseil européen des relations étrangères, un groupe de réflexion.

    Le roi Muhammad ne risque-t-il pas de surjouer son rôle ? Sa reconnaissance d’Israël est impopulaire dans son pays. Ce n’est sûrement pas une coïncidence si l’opération de Ceuta a eu lieu alors qu’Israël pilonnait Gaza. La pandémie a interrompu des années de croissance économique régulière. De nombreux jeunes Marocains, mieux éduqués que leurs parents et ayant de la famille en Europe, ont envie de partir. Son gouvernement, dont la compréhension de la politique espagnole est meilleure que l’inverse, sait que l’envoi de mineurs non accompagnés à Ceuta donne du grain à moudre à Vox, un parti nationaliste d’extrême droite qui serait un voisin hostile.

    L’Union européenne, qui est une source importante de commerce et d’aide pour le Maroc, s’est empressée de soutenir l’Espagne cette semaine. Après la crise syrienne, le reste de l’Europe a compris que la migration incontrôlée est un « énorme facteur potentiel de déstabilisation politique, surtout lorsqu’elle est utilisée comme une arme », déclare M. Torreblanca. Mais cela n’a pas empêché le dirigeant turc, Recep Tayyip Erdogan, d’utiliser les migrants de cette manière. De l’autre côté de la Méditerranée, le roi Mahomet pense peut-être pouvoir continuer à faire de même.

    The Economist, 21 mai 2021

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  • Position de la France sur le conflit entre le Maroc et l’Espagne

    Maroc – Espagne – Q&R – Extrait du point de presse (19 mai 2021)

    Q : Sur la crise de migrants à Ceuta, quelle est la position de la France face à l’entrée de milliers de personnes dans la ville de Ceuta depuis le Maroc ? Quelle est sa position notamment par rapport à l’attitude d’absence d’action des autorités marocaines ? Étant donné que ces personnes rentrent dans l’espace Schengen, est-ce qu’il y a une exigence envers le Maroc ? Est-ce que la France a été sollicitée pour une médiation entre l’Espagne et le Maroc ? Est-ce qu’elle pourrait avoir ce rôle ?

    R : Nous avons suivi avec attention les évènements de Ceuta qui rappellent l’importance et l’actualité de la question migratoire. Nous avons confiance dans l’action du gouvernement espagnol, qui bénéficie du soutien de l’ensemble de l’Union européenne, pour permettre un retour rapide à la normalité à Ceuta.

    Le Maroc est un partenaire crucial de l’Union européenne, notamment face aux défis migratoires. La France souhaite que cette coopération migratoire, qui a permis d’endiguer les flux irréguliers en Méditerranée occidentale et de prévenir les drames humains souvent associés, se poursuive. L’Union européenne et les États membres ont mobilisé des fonds importants (343 millions d’euros depuis la fin 2018) pour soutenir les efforts du Maroc en matière migratoire.

    Le partenariat entre le Maroc et l’Espagne est étroit et solide et nous ne doutons pas que les deux pays poursuivront leur dialogue à ce sujet.

    France Diplomatie, 20 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Ceuta, migration politique migratoire, pression migratoire, chantage, Sahara Occidental front Polisario, Brahim Ghali, tension, crise diplomatique,

  • Un leader sahraoui malade fait vaciller l’alliance entre l’Espagne et le Maroc.

    Par ARITZ PARRA

    LOGRONO, Espagne (AP) – Le mystérieux patient du COVID-19 est arrivé à un aéroport du nord de l’Espagne dans un jet privé. Une ambulance a transporté l’homme de 71 ans sur une autoroute qui passait devant des vignobles de la Rioja jusqu’à un hôpital public ultramoderne de la ville de Logrono.

    Le patient a été envoyé directement dans un lit de soins intensifs, enregistré le 18 avril avec l’identité figurant sur son passeport diplomatique algérien : Mohamed Benbatouche.

    Il s’est avéré être Brahim Ghali, le chef du Front Polisario, un mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie et représentant le peuple sahraoui du Sahara occidental, en Afrique. La présence de Ghali en Espagne sous une identité déguisée n’est pas passée inaperçue auprès du gouvernement du Maroc, le pays qui a annexé le Sahara occidental il y a près d’un demi-siècle.

    Rabat, qui considère Ghali comme un terroriste, a protesté contre la décision de l’Espagne d’accorder une assistance humanitaire à son principal ennemi. Il a menacé qu’il y aurait des « conséquences ». Et elles se sont finalement concrétisées cette semaine lorsque le Maroc a baissé sa garde à la frontière avec Ceuta, une ville espagnole perchée sur le littoral nord-africain.

    Ce mouvement a permis à des milliers de migrants d’entrer à Ceuta, dont beaucoup d’enfants qui ont nagé ou sauté par-dessus des clôtures.

    La crise humanitaire est devenue un point sensible entre les deux voisins. Le Maroc a rappelé son ambassadeur à Madrid. L’Espagne est sous le feu des groupes de défense des droits de l’homme pour avoir repoussé la plupart des intrus en vrac, ce qui est illégal au regard du droit international.

    Et dans ce qui ressemble à une affirmation de sa souveraineté sur Ceuta, que de nombreux nationalistes marocains considèrent comme une colonie de Madrid avec la ville espagnole voisine de Melila, l’Espagne a déployé des soldats à la frontière. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a également fait un voyage rapide dans la ville accablée.

    La région du Sahara occidental s’étend le long de la côte atlantique de l’Afrique et abrite environ 600 000 personnes. Depuis que le Maroc a annexé le territoire en 1975, comblant ainsi le vide laissé par le retrait de l’Espagne en tant que puissance coloniale, la communauté internationale est divisée sur sa reconnaissance, la plupart des pays soutenant les efforts déployés depuis longtemps par les Nations unies pour trouver une solution négociée.

    L’annonce par les États-Unis, à la fin de l’année dernière, de leur soutien à la revendication de Rabat – en échange de la normalisation des relations diplomatiques du Maroc avec Israël – a sapé ces efforts, ralliant d’autres pays derrière la proposition du Maroc d’accorder une plus grande autonomie au territoire.

    La promotion d’un référendum d’autodétermination a été le principal objectif de M. Ghali, qui a été élu président de la République arabe sahraouie démocratique autoproclamée en 2016. Il a auparavant occupé le poste de ministre de la défense de cette république et a été diplomate du Polisario en Espagne (1999-2008) et en Algérie (2008-2015).

    Ghali, qui portait des treillis de combat alors qu’il prenait la parole en février lors d’un défilé militaire marquant le 45e anniversaire de la RASD, a appelé la nouvelle administration américaine du président Joe Biden à trouver une solution qui permettrait aux Sahraouis « de jouir de leur droit inaliénable à la liberté et à l’indépendance. »

    À l’hôpital San Pedro de Logrono, il y a peu de signes de la présence de l’homme fort du Polisario. Des personnes connaissant son état de santé disent qu’il est sorti récemment de trois semaines de soins intensifs. Un agent de sécurité effectue des contrôles d’identité sur le personnel médical et les visiteurs qui entrent dans le service COVID-19. À l’intérieur, Ghali reçoit une visite quotidienne de son médecin personnel, un médecin algérien, selon un rapport de police vu par l’Associated Press.

    « Ils ont probablement choisi cet endroit parce que rien ne se passe jamais ici, et que nous faisons rarement la une des journaux », a déclaré Milagros Capellán, 64 ans, une habitante du quartier, en quittant l’hôpital après un contrôle médical. « Cela semble étrange que cela soit lié aux très tristes développements à Ceuta ».

    Les responsables des services de renseignement marocains savaient où se trouvait Ghali depuis le moment où le jet algérien transportant Ghali a atterri en Espagne le mois dernier, divulguant sa présence aux médias et exposant ce qui avait été conçu par l’Espagne comme une opération « humanitaire » secrète.

    « Qu’est-ce que l’Espagne attendait du Maroc en accueillant un responsable d’un groupe qui porte des armes contre le royaume ? » Le ministre marocain des droits de l’homme, Mostapha Ramid, a écrit sur Facebook mardi.

    Le ministre espagnol des Affaires étrangères a réagi le lendemain en rendant le Maroc responsable du chaos à la frontière : « Cela nous déchire le cœur de voir nos voisins envoyer des enfants, même des bébés… (car) ils rejettent un geste humanitaire de notre part », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Arancha González Laya.

    Le ministère espagnol des Affaires étrangères a refusé de répondre aux questions de l’AP sur les raisons pour lesquelles il a accepté de traiter le Ghali alors que d’autres gouvernements européens avaient refusé. Un fonctionnaire au courant de la décision, qui a requis l’anonymat en raison de sa nature sensible, a déclaré que la demande a été faite directement à González Laya par son homologue algérien, Sabri Boukadoum.

    Avant que la demande ne soit acceptée, elle avait provoqué de profondes divisions au sein du cabinet de M. Sánchez, a précisé le fonctionnaire.

    À condition que son rétablissement se passe bien, l’avenir du Ghali est désormais entouré d’incertitudes. Sa localisation étant connue, un retour discret à Tindouf, en Algérie, où se trouvent les camps de réfugiés sahraouis, semble hors de question.

    Pour compliquer encore les choses, l’Audience nationale espagnole a rouvert mardi une enquête pour génocide datant de 2008 contre Ghali et 27 autres membres du Polisario. Un juge d’instruction avait classé l’affaire l’année dernière parce que le tribunal ne parvenait pas à localiser les accusés.

    Ghali doit également témoigner le 1er juin devant le même tribunal de Madrid dans le cadre d’un procès intenté en 2019 par un militant sahraoui qui affirme avoir été torturé dans les camps de réfugiés pour son opposition au Polisario.

    Le 10 mai, un officier de police a rendu visite au chef du Polisario pour lui remettre une convocation au tribunal pour le procès. Selon le rapport de police vu par l’Associated Press, Ghali a refusé de signer la convocation, demandant « plusieurs jours » pour consulter l’ambassade d’Algérie et d’autres conseillers.

    González Laya a déclaré que l’accord de l’Espagne avec Ghali ne concernait que le traitement médical, ce qui suggère que le gouvernement ne facilitera pas son départ immédiat. « S’il a des affaires en cours avec la justice espagnole, il devra se présenter (devant le tribunal) », a-t-elle déclaré à la radio publique espagnole.

    Derrière les actions en justice contre Ghali se cachent des groupes de Sahraouis alignés sur la position du Maroc. L’Asadesh, qui signifie Association sahraouie pour les droits de l’homme, accuse 28 membres du Polisario d’avoir tué, torturé, détenu illégalement et enlevé des prisonniers et sa propre population sahraouie, dont certains, selon le groupe, auraient été contraints de rester dans des camps de réfugiés contre leur gré.

    Pedro Altamirano poursuit également Ghali pour avoir prétendument inspiré les menaces que le journaliste espagnol et responsable d’une plateforme récemment créée pour soutenir la « réunification sahraouie » a reçues de la part de citoyens du net en ligne.

    « La seule chose qui ne peut pas arriver est que, par la main du diable, cet homme quitte le pays sans comparaître devant un juge », a déclaré Altamirano, qui soutient la revendication du Maroc sur le Sahara occidental.

    Associated Press, 20 mai 2021

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