Étiquette : Brahim Ghali

  • Reuters : Un tribunal espagnol rejette l’arrestation du leader du Front Polisario

    MADRID (Reuters) – La Haute Cour espagnole a rejeté jeudi une demande d’arrestation du leader indépendantiste du Sahara occidental, dont l’admission dans un hôpital espagnol le mois dernier a provoqué la colère du Maroc, et qui survient après que des migrants aient traversé l’enclave nord-africaine espagnole de Ceuta.

    Brahim Ghali est accusé par des groupes de défense des droits de l’homme de crimes de guerre et doit encore passer par une audience préliminaire, a déclaré un porte-parole du tribunal, dans le cadre d’un conflit diplomatique plus large concernant le Front Polisario, un mouvement séparatiste qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental vis-à-vis du Maroc.

    Le Sahara occidental est un territoire contesté détenu par le Maroc depuis le milieu des années 1970. Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, se bat depuis lors pour obtenir son indépendance. Avant cela, le territoire était sous contrôle espagnol.

    La demande d’arrestation de Ghali avait été déposée par l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (Asadeh) et par un citoyen espagnol d’origine sahraouie, Fadel Breica. Ce dernier accuse Ghali d’avoir subi des tortures dans ses camps du Front Polisario en Algérie.

    Habituellement, le juge d’instruction accepte de telles demandes lorsque le tribunal estime qu’il y a un risque de fuite ou que les preuves peuvent être détruites, indiquent les experts.

    Ghali sera tout de même appelé à témoigner le 1er juin. Ghali et d’autres dirigeants du groupe sont accusés par des groupes de défense des droits de l’homme de génocide, de meurtres, de terrorisme, de torture et de disparitions.

    L’affaire en Espagne est la première étape d’une enquête qui pourrait déboucher sur un éventuel procès du chef du Front Polisario et survient après que des milliers de migrants ont quitté le Maroc à la nage pour rejoindre l’enclave nord-africaine de Ceuta, en Espagne, en début de semaine.

    Mais Ghali, qui est hospitalisé sous un pseudonyme, a refusé de signer la convocation. Une source proche de l’enquête judiciaire a déclaré qu’il pourrait ne pas se présenter car il pourrait détenir un passeport diplomatique algérien, lui conférant potentiellement une immunité.

    L’Espagne a accepté d’autoriser l’hospitalisation de Ghali à Logrono, dans le nord de l’Espagne, en tant que « geste humanitaire ».

    Avant la crise frontalière de cette semaine, les autorités marocaines avaient averti l’Espagne des répercussions de la présence de Ghali en Espagne sous un faux passeport algérien et un nom d’emprunt.

    Reuters, 20 mai 2021

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  • Rabat fait «feu de tout bois»: que se passe-t-il entre le Maroc et l’Espagne?

    Par Kamal Louadj

    Dans un entretien à Sputnik, l’économiste marocain Fouad Abdelmoumni explique que la crise migratoire et diplomatique entre le Maroc et l’Espagne «est due à trois facteurs qui se rejoignent intégralement»: la présence du Président de la RASD en Espagne, la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et enfin la crise économique et sociale.

    Des milliers de migrants, en majorité marocains, ont pris d’assaut l’enclave espagnole de Ceuta entre dimanche 16 mai au soir et mardi 18 mai. Ils seraient entre 6.000 et 10.000, dont 1.500 mineurs, à avoir traversé la frontière, selon des sources médiatiques espagnoles.

    Cette vague migratoire a provoqué une crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. En effet, après avoir été convoquée mardi à ce sujet par le ministère espagnol des Affaires étrangères, l’ambassadrice marocaine à Madrid, Karima Benyaich, a été rappelée à Rabat pour consultations tout comme sa consœur en Allemagne.

    Ce mercredi 19 mai, lors d’une déclaration à la radio publique espagnole, le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a affirmé que sur le thème migratoire, l’Europe «ne se laissera intimider par personne» et elle ne sera «pas victime de ces tactiques» dans une allusion très claire au Maroc, selon l’AFP. Une déclaration qui laisse penser que ces migrants ont bien passé la frontière sous l’œil bienveillant des autorités marocaines.
    Que se passe-t-il entre Rabat et Madrid? Quelle relation a cette crise diplomatique et migratoire avec la décision de l’Espagne de recevoir sur son sol le Président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali, pour des soins médicaux liés au Covid-19? Le Maroc tente-t-il un bras de fer avec l’Espagne et toute l’Europe en usant de la carte migratoire?

    Dans un entretien accordé à Sputnik, Fouad Abdelmoumni, économiste marocain, membre du conseil d’administration de Transparency International Maroc et militant des droits de l’homme, estime que le royaume chérifien «s’est réellement lancé dans une opération de chantage aux migrants avec l’Europe, via l’Espagne», pour des considérations liées au dossier du Sahara, dont la présence du chef de la RASD sur le sol espagnol. Il ajoute que la situation économique et sociale des populations marocaines dans la région frontalière avec Ceuta est également à prendre en compte.

    «Le dossier migratoire est une carte»

    «Il y a certainement un désir intense chez une grande majorité des Marocains, notamment les jeunes, d’émigrer vers l’Europe», avance M.Abdelmoumni, soulignant que «jusqu’à récemment, le Maroc a contenu cette aspiration à l’émigration en servant de gendarme pour le compte de l’Europe à l’égard de sa propre population et de la population subsaharienne».

    «Rabat considère le dossier migratoire comme une carte qu’il peut faire valoir dans les négociations avec l’Europe», poursuit-il. «Les pays européens sont conscients de ça et intègrent la question de l’immigration dans les aides qu’ils fournissent au Maroc, en plus des problèmes de sécuritaire et de lutte contre le banditisme et le terrorisme internationaux et leurs intérêts économiques au royaume.»

    Ainsi, Fouad Abdelmoumni juge que c’est dans ce sens que «le ministre marocain des Droits de l’homme et l’ambassadrice du Maroc à Madrid ont tous les deux officiellement déclaré que l’Espagne ne pouvait que s’attendre à des mesures de rétorsion de la part du Maroc suite à l’accueil du Président de la RASD et chef du Front Polisario pour des soins médicaux».

    «Une manœuvre tactique dans un enjeu plus global»

    Cependant, selon l’interlocuteur de Sputnik, le prétexte de la présence de Brahim Ghali en Espagne «n’est qu’une manœuvre tactique dans un enjeu plus global».

    En effet, après la déclaration de Donald Trump reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental dans le sillage de l’accord de normalisation de ses relations avec Israël en décembre 2020, «les autorités marocaines ont cru que le moment était propice pour réaliser des avancées substantielles en matière diplomatique, espérant voir un effet d’entrainement de l’Europe», explique-t-il. «Il se trouve que cet effet n’a pas eu lieu, bien au contraire. Il y a eu le changement de l’administration américaine, mais surtout une levée de boucliers assumée par l’Allemagne et l’Espagne à l’égard de cette reconnaissance. Berlin avait même provoqué une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu pour dénoncer cette reconnaissance contraire au droit international», rappelle-t-il.

    Dans ce contexte, M.Abdelmoumni juge que «la diplomatie marocaine, ayant vu que ses calculs n’allaient pas aboutir, est en train de faire feu de tout bois et de montrer toute la capacité de nuisance qu’elle peut avoir à l’égard de certains pays européens pour les amener à entrer dans ce jeu. Or, l’espoir des autorités marocaines de pouvoir réaliser des avancées significatives sur la question de la souveraineté sur le Sahara occidental, notamment à l’Onu, n’est plus d’actualité. Le Maroc a même été acculé à stopper net la vague d’émigration, après que la Commission européenne a fait savoir au gouvernement marocain que Ceuta n’est pas à la frontière de l’Espagne uniquement, mais aussi de l’Europe et que ce comportement n’était pas tolérable».

    Concernant le point de vue de la population marocaine sur l’accord de normalisation avec l’État hébreu en contrepartie de la reconnaissance américaine de la souveraineté du royaume chérifien sur le Sahara occidental, l’expert indique que la majorité «des Marocains considèrent que le Sahara est une terre marocaine».

    «Le Sahara occidental a eu un coût exorbitant sur les revenus du pays en termes d’investissements non rentables, de dépenses militaires qui a lourdement pénalisé le développement du pays, et ce depuis 1975. Beaucoup de Marocains ont donc vu d’un bon œil la décision de Trump, malgré le rétablissement des relations avec Israël. Mais les attaques israéliennes contre la bande de Gaza ont suscité la colère, sortant par milliers au moins dans 50 villes du pays pour les condamner et exiger la rupture de l’accord tripartite de normalisation avec l’État hébreu».

    Quid des conditions économiques et sociales?

    Au-delà des enjeux politiques sur la question du Sahara occidental, M.Abdelmoumni pense qu’ «une grande majorité de Marocains, hommes et femmes, ne voient plus d’avenir dans leur pays et considèrent que l’une des options de salut qui s’offre à eux est de rejoindre le sol européen».

    Selon lui, «cette situation s’est doublement aggravée durant les derniers mois, dans le contexte du confinement lié au Covid-19 qui a paupérisé une partie énorme de la population, en plus de la décision des autorités d’assécher les activités de commerce informel avec les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, qui sont la seule source de revenus des populations vivant dans ces régions».

    Pour étayer son propos, l’économiste explique qu’«aujourd’hui, au Maroc, à peine 45% de la population est considérée comme active, soit près de 12,5 millions de personnes sur 35 millions». Et de préciser que «sur ces 12,5 millions d’actifs, seuls trois millions ont un emploi décent, au sens de travail stable avec les assurances sociales y afférentes. Tous les autres vivotent grâce à des activités plus au moins informelles qui sont celles qui ont été les plus impactées par le confinement lié au Covid-19».

    «Suite au confinement, 600.000 emplois avaient été perdus durant les trois premiers mois de l’année 2020, portant le nombre de chômeurs à 1,5 million de personnes», détaille le spécialiste. «Le Haut-commissariat au plan a fait dernièrement savoir que le revenu moyen par tête des 20% des employés les plus riches était de 450 euros par mois, alors que celui des 20% les plus pauvres était de 50 euros. Cette même institution a déclaré que l’indice des inégalités au Maroc était de 46,5%, au-dessus de son seuil socialement tolérable qui est de 42%».

    Enfin, Fouad Abdelmoumni rappelle que «le roi avait déclaré en 2014 et 2017 que le modèle de développement du pays n’était plus fonctionnel, annonçant la création d’une commission de réflexion sur un nouveau modèle dont on ne voit toujours pas les débuts». Ceci en plus d’un «large sentiment d’accaparement de la richesse et de l’État par une caste infiniment petite de grands bourgeois rentiers», conclut-il.

    Sputnik France, 19 mai 2021

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  • Ceuta: l’Espagne accuse le Maroc «d’agression» et de «chantage»

    Madrid | Le gouvernement espagnol a encore haussé le ton jeudi contre le Maroc, accusé d’«agression» et de «chantage» par la ministre de la Défense après l’arrivée de plus de 8000 migrants depuis lundi dans l’enclave espagnole de Ceuta.

    L’afflux de ces migrants en provenance du Maroc voisin «est une agression à l’égard des frontières espagnoles mais aussi des frontières de l’Union européenne», a dénoncé Margarita Robles sur la radio publique, en dénonçant un «chantage» de Rabat qu’elle a accusé d’«utiliser des mineurs».

    «Nous ne parlons pas de jeunes de 16, 17 ans», le Maroc a laissé passer des «enfants de 7 ou 8 ans, d’après ce que nous ont rapporté les ONG (…) en faisant fi du droit international», a vilipendé la ministre.

    L’image d’un bébé sauvé de la noyade par un agent de la garde civile espagnole a notamment fait le tour du monde, suscitant l’effroi sur les réseaux sociaux.

    À travers ces déclarations de la ministre de la Défense, le gouvernement espagnol hausse encore le ton contre le Maroc, dont il avait convoqué l’ambassadrice en Espagne mardi pour exprimer son «mécontentement».

    Le premier ministre Pedro Sanchez avait lui accusé mercredi Rabat «de manque de respect».

    Depuis lundi, une marée humaine de plus de 8000 candidats à l’exil, en très grande majorité des Marocains, a rejoint sans entrave le petit port espagnol à la faveur d’un relâchement des contrôles frontaliers de la part du Maroc.

    Parmi eux, un nombre impressionnant de jeunes partis seuls ou d’enfants en bas âge, emmenés par leur famille.

    Cette vague migratoire inédite a pour toile de fond la crise diplomatique majeure entre Madrid et Rabat, qui ne décolère pas depuis l’arrivée le mois dernier en Espagne, pour y être soigné, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, ennemi juré du Maroc.

    Plusieurs ONG espagnoles et marocaines ont dénoncé le fait que ces mineurs se retrouvent victimes de la brouille entre les deux pays et s’inquiètent de les voir expulsés vers le Maroc.

    Sur les plus de 8000 migrants, 5600 ont déjà été expulsés vers le Maroc, selon des chiffres donnés mercredi par les autorités espagnoles.

    Durcissant le ton également contre Rabat, Bruxelles a assuré mercredi, par la voix du vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas, que «personne ne peut intimider ou faire chanter l’Union européenne (…) sur le thème migratoire».

    Journal de Montréal, 20 mai 2021

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  • Espagne : Brahim Ghali refuse de signer la convocation du juge espagnol Pedraz

    Le leader sahraoui hospitalisé à Logroño fait appel à l’Algérie après avoir été convoqué par la Cour Surpême

    Le juge et le procureur refusent d’imposer des mesures conservatoires à Brahim Gali malgré la demande des accusations, qui craignent qu’il ne quitte l’Espagne.

    Brahim Gali, leader du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), a refusé de signer la convocation émise par l’Audiencia Nacional pour prendre sa déposition le 1er juin dans le cadre des deux procès qu’il a ouverts en Espagne. Le militaire, admis depuis le 18 avril dans un hôpital de Logroño pour coronavirus, détonant fait du conflit avec le Maroc à la frontière avec Ceuta, a refusé de signer le récépissé tant qu’il n’a pas consulté auparavant « l’ambassade d’Algérie et des personnes de confiance », selon un rapport de la police nationale envoyé au juge d’instruction Santiago Pedraz et qui a eu accès à EL PAÍS. Les accusations craignent qu’il se remette de la maladie et quitte le pays avant d’être interrogé par le juge d’instruction, qui a refusé avec le soutien du parquet d’adopter des mesures conservatoires à son encontre pour le moment.

    L’argument avancé par Gali devant l’agent qui lui a notifié l’accusation témoigne de l’équilibre diplomatique compliqué auquel est confrontée La Moncloa après l’avoir accueilli pour des « raisons humanitaires », comme l’a expliqué le ministère des affaires étrangères fin avril, lorsque la presse a révélé que le leader du Front Polisario était arrivé au centre médical de Logroño sous un faux nom. Comme l’a avancé EL PAÍS, le gouvernement de Pedro Sánchez a accepté son admission à l’hôpital de La Rioja après la demande de l’Algérie, un partenaire de grande valeur stratégique, premier fournisseur de gaz du marché espagnol. Mais cette faveur a provoqué l’ire du Maroc : « Il y a des actes qui ont des conséquences et qu’il faut assumer », a déclaré mardi l’ambassadeur marocain.

    Le poids international de Gali ne date pas d’hier. Ainsi que ses relations avec tous les pays impliqués dans cette crise diplomatique. Ancien ministre sahraoui de la défense, il a été ambassadeur du Polisario en Espagne (1999-2008) et en Algérie (2008-2015). En 2016, après la mort de Mohamed Abdelaziz, il a pris la direction de la République arabe sahraouie démocratique. Doté d’une grande expérience militaire, son curriculum officiel situe ses premiers pas dans la lutte contre les colons espagnols dans les années 70.

    Après la diffusion de la nouvelle de la présence en Espagne du président de la RASD, le juge Pedraz a demandé à la police nationale, le 1er mai dernier, de la confirmer afin de le convoquer pour témoigner dans l’enquête ouverte par la plainte déposée en août 2020 par Fadel Mihdi Breica, un militant sahraoui de nationalité espagnole qui a dénoncé les tortures du Front Polisario. Trois agents du Commissariat général à l’information, chargé de la lutte contre le terrorisme, se sont rendus à l’hôpital de La Rioja et ont rédigé un rapport détaillant que Gali a été admis sous le faux nom de Mohamed Benbatouche, de « nationalité inconnue » ; et qu’il est arrivé en ambulance à l’hôpital à 22 h 48 le 18 avril, en provenance de Saragosse.

    « Il était accompagné de deux personnes. Le premier, un médecin de nationalité étrangère, peut-être algérien, qui a fourni un rapport médical émis sans signature ni paraphe par l’Hôpital central de l’Armée d’Alger (Algérie). Le second compagnon prétend être un parent, sans autre précision quant à son affiliation », explique le document de la police transmis à la Cour nationale, qui ajoute : « Le rapport médical algérien indique, pour l’essentiel, un patient covide souffrant de complications respiratoires graves. En effet, son état est très grave et il est admis aux soins intensifs pour une pneumonie bilatérale compliquée d’une polyneuropathie, qui l’empêche de respirer par lui-même ».

    Dans ce document du 5 mai, les Renseignements généraux de la police ajoutent que Gali a « évolué favorablement » depuis son admission. En fait, dans un autre document officiel de la police, un inspecteur de police décrit son refus de signer la convocation de la Cour nationale. « Malgré son état de santé délicat, Gali a compris en espagnol, sans aucun doute, le contenu de la convocation. Au moment de présenter le récépissé perceptif pour sa signature, il a refusé de le faire, arguant qu’il souhaitait contacter l’ambassade d’Algérie et des personnes de confiance sur la convenance de la signature et qu’il avait besoin de ‘plusieurs jours’ pour se décider », détaille l’agent, qui ajoute qu’une copie de la notification a été remise au médecin étranger qui l’accompagne, « qui lui rend quotidiennement visite aux soins intensifs ».

    En plus de l’affaire en cours contre Gali pour la plainte de l’activiste Mihdi, le juge Pedraz a rouvert une autre affaire précédente intentée par l’Association Sahraouie pour la Défense des Droits de l’Homme (ASADEDH) pour des crimes de meurtre, blessures, détention illégale, terrorisme, torture et disparitions. Ce processus a été archivé en 2020 en raison de l’impossibilité d’interroger l’accusé pour ne pas être en Espagne, mais le magistrat a décidé de le reprendre maintenant. Le Bureau du Procureur souligne dans une déclaration écrite qu’il ne voit pas « d’indications claires de la participation » du leader du Polisario « aux comportements inclus dans la plainte ».

    El Pais, 19 mai 2021

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  • Ceuta : le ton monte entre le Maroc et l’Espagne

    L’arrivée de milliers de migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta par des voies clandestines ravive les tensions entre Madrid et Rabat.

    « C’est une grave crise pour l’Espagne et pour l’Europe ». Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez va se rendre dans l’enclave espagnole de Ceuta, alors que son pays a renvoyé déjà près de 4.000 migrants au Maroc. En 24 heures, près de 8.000 personnes seraient entrées illégalement sur le territoire espagnol, pour la plupart des ressortissants marocains et pour beaucoup des mineurs. Ces arrivées creusent un peu plus la crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne.

    Colère de l’Espagne

    Les services marocains ne sont intervenus que ce matin, à coups de gaz lacrymogène, pour disperser la foule qui se presse pour passer la frontière à Fnideq.

    Ouarda, âgée de 26 ans, est au chômage. Divorcée, elle assume la charge de deux enfants et explique être « venue ici pour passer la frontière clandestinement, pour assurer un avenir à mon fils. A Tetouan, ce n’est pas possible… alors on veut passer, quitte à mourir. »

    Khadija, 26 ans également, est coiffeuse et elle dit aussi avoir plus peur de rester au Maroc que de tenter de fuir. Elle témoigne avoir vu beaucoup de personnes ayant « essayé de passer mais la police les a stoppés avant. »

    Mohammed, un rappeur, explique que les jeunes veulent fuir le pays car ils n’ont pas d’emploi et il clame de pas avoir peur des dangers de l’émigration clandestine : « Il faut que je parte pour sauver ma peau », dit-il.

    Le Premier ministre Pedro Sanchez a déployé des véhicules blindés et des renforts côté espagnol, promettant aux habitants le « retour de l’ordre ». Un stade a été réquisitionné à Ceuta pour rassembler les Marocains adultes en passe d’être expulsés.

    La cheffe de la diplomatie espagnole indique ce soir avoir « rappelé [au Maroc] que le contrôle des frontières a été et doit rester de la responsabilité partagée de l’Espagne et du Maroc ».

    Réaction de l’Union européenne

    Ylva Johanson, la Commissaire européenne aux Affaires intérieures, en appelle à une plus grande coopération des autorités marocaines. Elle déclare :

    « C’est inquiétant : au moins 6.000 personnes, parmi lesquelles un grand nombre d’enfants, ont tenté de rallier Ceuta à la nage, mettant leur vie en danger. Certains ont pu être sauvés, une personne s’est noyée. Il faut que le Maroc s’engage à prévenir ces départs irréguliers et que ceux qui n’ont pas le droit de rester en Europe soient effectivement renvoyés. »

    Un lien avec le Polisario?

    Les autorités marocaines « assurent » que cet afflux record n’a rien à voir avec les dissensions qui opposent le royaume a à l’Espagne. Le Maroc a récemment réclamé des « explications » à l’ambassadeur espagnol à qui les Marocains ont fait part de leur « exaspération » après que le chef du mouvement indépendantiste sahraoui, Brahim Ghali, a été hospitalisé dans le nord de l’Espagne à la mi-avril, pour y être soigné de la Covid-19.

    Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, milite pour l’indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, que le Maroc considère comme partie intégrante de son territoire sous le nom de « Provinces du Sud ».

    Ce matin, plusieurs centaines de migrants d’Afrique subsaharienne ont aussi tenté d’escalader la barrière qui sépare le Maroc de l’enclave espagnole de Ceuta. Des migrants essaient également de passer clandestinement vers Melilla, l’autre enclave espagnole sur le continent africain, considérée elle aussi comme la porte d’entrée la plus proche pour l’Union européenne.

    Deutsche Welle, 18 mai 2021

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  • Maroc-Espagne : Comme de l’électricité dans l’air

    Rien ne va plus entre le Maroc et l’Espagne. Les deux voisins sont en effet à couteaux tirés.

    Signe d’une crise diplomatique entre les deux royaumes, le ministre espagnol des Affaires étrangères a convoqué mardi l’ambassadrice marocaine en Espagne, Karima Benyaich pour lui exprimer le «mécontentement» des autorités espagnoles après l’arrivée de près de 8000 migrants dans l’enclave de Ceuta.

    «Je lui ai rappelé que le contrôle des frontières a été et doit rester de la responsabilité partagée de l’Espagne et du Maroc», a déclaré Arancha Gonzalez Laya, citée par l’AFP.

    Face à la gravité de la situation, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, s’est rendu à Ceuta pour s’enquérir de la situation dans l’enclave, selon des images mises en ligne par le journal local.

    Il devait ensuite se rendre à Melilla, l’autre enclave espagnole située sur la côte méditerranéenne du Maroc.«Nous allons rétablir l’ordre dans (la) ville et à nos frontières le plus
    rapidement possible», avait-il déclaré plus tôt lors d’une brève allocution télévisée depuis Madrid.

    Les relations entre Rabat et Madrid se sont tendues depuis l’arrivée en Espagne, le 18 avril, du président de la République sahraouie, Brahim Ghali pour y être soigné du Covid-19. La cheffe de la diplomatie espagnole qui a défendu la présence du chef d’Etat sahraoui a implicitement dénoncé le chantage exercé par le Maroc qui agite la menace de l’immigration clandestine pour faire pression sur l’Espagne dans le dossier sahraoui.

    «Je ne conçois pas que l’on puisse mettre en danger la vie de mineurs dans la mer comme nous l’avons vu ces dernières heures à Ceuta», que cela puisse être «une réponse à une action humanitaire (l’accueil du président sahraoui en Espagne)», a-t-elle affirmé.

    Cet afflux de migrants marocains a également suscité la réaction de la classe politique espagnole. Tout en condamnant le flux migratoire partant du Maroc, plusieurs formations politiques ont appelé les autorités marocaines à assumer leurs responsabilités et agir vite et efficacement.

    Le porte-parole de la Coalition Caballas, Mohamed Ali, a mis en garde contre la «gravité» de ce qui s’est passé et a annoncé qu’il serait à la disposition du gouvernement de Ceuta pour exiger que le gouvernement accorde la «plus grande attention» à Ceuta.

    «Notre terre ne devrait pas souffrir du différend de politique étrangère entre l’Espagne et le Maroc», a-t-il déclaré.
    La dirigeante du Mouvement pour la dignité et la citoyenneté «MDyC», Fatima Hamed, a qualifié ce qui vient de se produire de «drame», soulignant que la ville de Ceuta n’est pas prête à accueillir autant de monde et à faire face à un tel phénomène. «Ceuta n’est pas préparée à des situations pareilles», a-t-elle déclaré sur son compte Twitter.

    De son côté, la section du parti Vox à Ceuta a sévèrement critiqué la passivité des autorités marocaines face à un tel drame, appelant le gouvernement à dépêcher «d’urgence l’armée et de la marine à la frontière avec le Maroc pour freiner la pression migratoire».

    Un « chantage » marocain

    Le président de Vox Ceuta, Juan Sergio Redondo, a rappelé que sa formation n’a jamais cessé de mettre en garde contre le «chantage du Maroc», rappelant que l’Espagne devrait dénoncer le Maroc devant les instances internationales pour que le pays soit sanctionné économiquement et politiquement».

    Condamnant l’afflux des migrants marocains, le chef du Parti populaire au niveau national, Pablo Casado a appelé le gouvernement espagnol «à garantir immédiatement l’intégrité des frontières et à coordonner avec le Maroc le retour des immigrés dans leur pays».

    Près de 8.000 migrants sont arrivés depuis lundi matin dans l’enclave de Ceuta, dont 4.000 ont été renvoyés au Maroc, selon les chiffres actualisés publiés mardi par le ministère espagnol de l’Intérieur.
    Le ministère a par ailleurs annoncé l’envoi de nouveaux renforts des forces de l’ordre sur place pour faire face à l’afflux massif et soudain de milliers de migrants en provenance du Maroc.
    Cinquante agents supplémentaires vont être déployés en plus des 200 déjà envoyés mardi tandis que 150 autres seront en stand-by, toujours dans le cadre de cette crise migratoire.

    Y.O

    Algérie Breve News, 18 mai 2021

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  • Maroc : « J’ai dit au revoir à ma famille et je suis parti sans rien »

    « J’ai dit au revoir à ma famille et je suis parti avec rien », a déclaré Mohamed, un Marocain de 30 ans.

    S’adressant à la chaîne de télévision espagnole RTVE, il a expliqué comment il avait rejoint le nombre record de migrants qui sont entrés illégalement dans l’enclave nord-africaine de Ceuta en Espagne depuis lundi.

    Comme beaucoup d’autres, il a déclaré que l’emploi était la principale raison pour laquelle il tentait d’effectuer la traversée.

    « Je veux travailler et aider ma famille. Tous mes amis, nous voulons travailler ».

    Mohamed a raconté à RTVE (en espagnol) qu’il avait pris un taxi avec un cousin et quelques amis avant de nager pendant 30 minutes pour atteindre le territoire espagnol.

    Sur le chemin de la frontière, ils ont été arrêtés par les autorités marocaines, a-t-il dit. « Mais ensuite ils nous ont laissé continuer, c’était comme un oui et un non ».

    Environ la moitié des 8 000 migrants qui sont entrés ont été renvoyés, selon les autorités espagnoles. Des dizaines de jeunes hommes faisaient la queue pour rentrer au Maroc mercredi matin.

    Selon l’agence de presse espagnole Efe, la police marocaine a désormais bouclé la zone frontalière pour empêcher toute nouvelle tentative de passage.

    Les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sont devenues des aimants pour les migrants africains qui tentent de rejoindre l’Europe.

    Cependant, le nombre sans précédent de personnes qui ont franchi la frontière cette semaine a exacerbé les tensions diplomatiques entre l’Espagne et le Maroc voisin.

    Que s’est-il passé cette semaine ?

    Les migrants – dont beaucoup utilisent des anneaux gonflables et des canots pneumatiques – ont commencé à arriver à Ceuta aux premières heures de lundi. Si beaucoup étaient de jeunes hommes, des familles entières et environ 1 500 enfants sont également entrés.

    Au moins une personne est morte en faisant la traversée cette semaine.

    Mardi, l’Espagne a déployé des troupes pour aider la police des frontières de Ceuta. Des scènes dramatiques ont été filmées au large, alors que des familles pataugeaient dans l’eau et que des agents de la Guardia Civil espagnole plongeaient dans la mer pour sauver de jeunes enfants.

    Mardi soir, les rapports indiquaient que le nombre de personnes tentant d’entrer par la mer avait diminué. Certains migrants retournaient volontairement au Maroc, tandis que d’autres pouvaient être vus emportés par des soldats.

    Dans l’autre enclave espagnole, Melilla, 86 Africains subsahariens sont entrés mardi par la jetée sud. Melilla possède une formidable clôture frontalière et plusieurs centaines d’autres migrants ont été bloqués par les forces de sécurité, rapporte Efe.

    Des responsables espagnols cités par Efe ont déclaré que les gardes marocains avaient aidé les forces espagnoles à Melilla. Les médias espagnols ont indiqué que la situation était différente à Ceuta, où les gardes-frontières marocains se tenaient à l’écart et regardaient les migrants prendre la mer pour tenter de rejoindre l’enclave.

    Dites au Maroc ce qu’il en est

    Par Nick Beake, BBC News, Ceuta

    Avec son petit sac d’affaires en bandoulière, Mokhtar Gonbor, 30 ans, a résumé la raison pour laquelle la plupart des jeunes hommes rentrent maintenant chez eux.

    « Nous n’avons pas de nourriture, pas d’argent et nous dormions dans la rue la nuit dernière ». Il retournait au Maroc – même si sa vie là-bas n’était pas celle qu’il souhaitait.

    Quelques rues plus loin, les habitants du bar de Fernando buvaient leur café et regardaient sur une vieille télévision les images extraordinaires des arrivées record des dernières 24 heures.

    Mercedes, une femme d’une soixantaine d’années, explique qu’elle a de la peine pour les enfants qui n’ont même pas de vêtements. Mais elle a tapé la table de colère lorsqu’elle nous a dit que les migrants étaient laissés passer la frontière chaque fois que le Maroc voulait de l’argent ou quelque chose de l’Espagne.

    Son amie, Maria Jesus, est intervenue : « Le Premier ministre devrait dire au Maroc ce qu’il en est et le remettre à sa place. »

    Quelle a été la réaction ?

    Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a promis de rétablir l’ordre.

    Les responsables européens ont soutenu l’Espagne, le vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas ayant déclaré mercredi à la radio espagnole que l’Europe « ne se laissera intimider par personne » sur la question de la migration.

    Le Maroc a retiré son ambassadeur pour des consultations après que la ministre espagnole des affaires étrangères, María Aránzazu González Laya, a fait part à l’envoyé de son « dégoût » pour ce qui s’était passé. La plupart des migrants seraient originaires du Maroc.

    Depuis le XVIIe siècle, Ceuta et Melilla sont sous domination espagnole, bien qu’elles soient depuis longtemps revendiquées par le Maroc. Elles ont un statut semi-autonome, comme certaines régions d’Espagne continentale.

    Cet afflux intervient dans un contexte de regain de tension concernant le Sahara occidental, un territoire occupé par l’Espagne jusqu’en 1975, date à laquelle le Maroc l’a annexé. Depuis lors, il est disputé entre le Maroc et le peuple sahraoui, dirigé par le Front Polisario.

    Dégradation des liens au sujet du Sahara occidental

    En avril, l’Espagne a autorisé le dirigeant sahraoui Brahim Ghali, 73 ans, à être soigné à l’hôpital pour Covid-19, apparemment à Logroño. Il dirige le Front Polisario, qui lutte pour la souveraineté du Sahara occidental contre les revendications du Maroc. Le gouvernement marocain a réagi avec colère et a averti l’Espagne que l’hébergement de M. Ghali entraînerait des « conséquences ».

    La ministre espagnole des affaires étrangères, Arancha González, a déclaré qu’elle n’était pas au courant que le Maroc utilisait la question de la frontière pour exercer une pression politique. Mais beaucoup voient dans les événements de lundi, lorsque les gardes-frontières marocains ont semblé ne pas empêcher les migrants de traverser, la preuve de représailles.

    De telles difficultés sont susceptibles de compliquer la coopération habituellement étroite entre les deux voisins sur la question des migrants. Toutefois, l’Espagne affirme avoir déjà rapatrié environ la moitié des migrants, à la suite de discussions avec le Maroc.

    La grande majorité de ceux qui ont atteint Ceuta étaient marocains. Ces dernières années, la police locale a pris des mesures énergiques à l’encontre des migrants subsahariens dans le nord du Maroc, ce qui les a poussés à chercher d’autres itinéraires vers l’Espagne, comme la traversée de l’Atlantique vers les îles Canaries.

    Selon Frontex, la force frontalière de l’UE, l’immigration illégale vers les îles Canaries, au large des côtes marocaines, a augmenté cette année.

    Toutefois, le nombre total de sans-papiers ayant atteint l’Europe depuis le début de l’année reste bien inférieur aux niveaux observés en 2015-2016.

    BBC News, 19 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, chantage, pression migratoire, Ceuta, Melilla,

  • Ceuta : Les 8.000 migrants ne représentent qu’un «tir de sommation» du Maroc

    8000 migrants débarquent dans la ville espagnole de Ceuta en 24 heures

    Le vil chantage marocain
    Le but de Rabat est d’exploiter l’ «affaire Ghali» pour forcer la main à l’Espagne et l’amener à céder sur le dossier du Sahara occidental.

    En plus d’être un narco-royaume et premier producteur mondial de kif qui inonde la planète, le Maroc semble avoir découvert son autre «profil», celui que lui donnent, bien malgré eux, les migrants clandestins. Rabat a, en effet, fait étalage de sa «puissance» à l’occasion d’un différend qui l’oppose à Madrid sur la question du Sahara occidental. Le mode opératoire est détestable pour tout Etat digne de ce nom, mais néanmoins efficace. Il a suffi au Maroc de desserrer l’étau sur les dizaines de milliers de migrants clandestins qu’il «garde en stock» pour que ces derniers se ruent sur la petite enclave espagnole de Ceuta. Plus de 8 000 migrants ont débarqué à Ceuta en 24 heures, encouragés par le Makhzen qui a vu dans ce «déferlement» un moyen de pression sur l’Espagne. Son entreprise a porté ses fruits puisque le gouvernement espagnol s’est réuni, hier, en urgence pour étudier la grave situation à sa frontière avec le Maroc. Les 8.000 migrants ne représentent qu’un «tir de sommation» de Rabat.

    À l’origine de cette crise où le Maroc montre son véritable visage d’Etat voyou qui marche sur les principes humains les plus élémentaires, l’arrivée le mois dernier en Espagne du président sahraoui, Brahim Ghali, pour des soins.

    Les autorités espagnoles évoquaient depuis quelques jours «plusieurs menaces quasiment ouvertes de la part de représentants marocains, selon lesquelles ils pourraient utiliser la carte du contrôle de l’immigration si l’Espagne ne revenait pas sur sa décision d’héberger Ghali», avait indiqué la ministre des Affaires étrangères, Fernandez Molina. Ce n’était donc pas des menaces en l’air, puisque le Maroc a mis son plan à exécution en «noyant» Ceuta sous un flux impressionnant de migrants subsahariens. «Quand les relations sont bonnes, les frontières se contrôlent; quand elles se tendent, on utilise la carte migratoire pour faire pression sur l’Espagne. C’est une constante. Nous le vivons depuis des décennies», rappelle Eduard Soler, expert de l’Afrique du Nord au Centre des affaires internationales de Barcelone», cité par l’AFP.

    Madrid voit clair dans le chantage du Makhzen et affirme par le biais de sa ministre des Affaires étrangères que la présence de Brahim Ghali en Espagne n’a été qu’un «prétexte». Tir de semonce ou ballon-sonde, le Maroc a sérieusement ébranlé ses rapports avec un pays de l’Union européenne. Par cette opération de «brigandage» d’Etat, Rabat donne un signal aux Européens sur son changement de statut. Le soutien ouvert de l’entité sioniste donne au Maroc l’opportunité de viser très haut. Le «prétexte» évoqué par Mme Molina poursuit l’objectif de Rabat d’amener l’Espagne et la France à reconnaître la marocanité du Sahara occidental sur les pas de Donald Trump. «Il y a eu une pression vraiment très forte (du Maroc) sur des pays comme l’Espagne et la France pour qu’ils changent leur position et suivent l’exemple américain», affirme-t-elle.

    Sachant la dépendance de l’Europe du Sud sur la question des migrations, le but de Rabat est d’exploiter l’«affaire Ghali» pour forcer la main à l’Espagne et l’amener à céder sur le dossier du Sahara occidental. En d’autres termes, le Maroc appuie là où ça fait mal. Il est clair que dans cette séquence hispano-marocaine, il y a une véritable agression contre un Etat souverain pour le forcer à changer de politique à l’égard d’une question d’autodétermination reconnue en tant que telle par la communauté internationale. Si l’on considère que «sans la collaboration du Maroc dans le contrôle migratoire, l’Espagne a un problème», et donc que ce pays doit céder aux caprices d’un Etat voyou, la légalité internationale est foulée aux pieds. L’Europe laissera-t-elle le Maroc dicter sa loi? L’entité sioniste n’est pas loin…

    L’Expression, 19 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, Union Européenne, UE, migration, chantage,

  • Maroc-Espagne : Un tournant dans les relations bilatérales qui rappelle la crise de l’ilôt de Leïla

    « C’est pire que Perejil » : tension maximale au sein du Gouvernement par la crise avec le Maroc

    Le gouvernement estime que Rabat devra « rétropédaler » après l’avalanche de Ceuta. Cette crise constitue un tournant dans les relations hispano-marocaines, similaire au conflit lié à la prise de l’île en 2002.

    « C’est pire que Perejil ». Le gouvernement de Pedro Sanchez n’a pas mis un baume sur la gravité de la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc par l’avalanche migratoire qui a débordé de Ceuta. M. Sánchez se concentre désormais sur la résolution du conflit, que des sources diplomatiques considèrent comme un tournant dans les relations hispano-marocaines, similaire à la prise de l’îlot Perejil en 2002, indiquent des sources diplomatiques à Vozpópuli.

    Le gouvernement estime que Rabat « devra reprendre la bobine » et « rapidement ». L’Espagne a dû déployer l’armée à la frontière de Ceuta et Sanchez, qui a le soutien du chef de l’opposition, Pablo Casado, et des principales institutions européennes, a lancé un avertissement sévère au Maroc. Le président a déclaré qu’il utiliserait tous les moyens nécessaires pour défendre « l’intégrité de l’Espagne » et qu’il renverrait toutes les personnes entrées irrégulièrement en Espagne dans le cadre des accords qu’elle a signés avec le pays du Maghreb.

    « Le Maroc est l’un des principaux bénéficiaires de l’aide financière de l’Union européenne et il existe une zone de libre-échange entre les pays de la Méditerranée et l’Union. Si l’Espagne baisse son pouce en Europe, l’effondrement du Maroc serait total », expliquent diverses sources à ce journal.

    « Le Maroc est devenu incontrôlable ».

    Devant la passivité des autorités marocaines, au moins 8 000 personnes ont franchi la frontière avec l’Espagne à Ceuta en un peu plus de 24 heures. Les images ont été vues dans le monde entier. Et la ville autonome vit une sorte d’état d’urgence face à l’avalanche de migrants, qui ne peuvent être logés ou pris en charge nulle part. Beaucoup d’entre eux sont des mineurs.

    Le gouvernement comprend qu’il y a eu « une agression à nos frontières, et cela ne peut pas faire partie des bonnes relations avec le Maroc ». Ces sources supposent que ce qui s’est passé a l’approbation explicite de Mohammed VI ou de son entourage. Mais ils estiment également que « la situation est devenue incontrôlable ».

    Le déclencheur de la crise, que le gouvernement ne reconnaît pas, est l’hospitalisation d’un dirigeant du Front Polisario en Espagne. La position de Sánchez et, surtout, de son partenaire de coalition Podemos, en faveur du référendum d’autodétermination au Sahara est au centre du conflit presque depuis que le président socialiste a pris ses fonctions en 2018. « On le voyait venir depuis décembre, lorsque les cayucos ont commencé à arriver aux Canaries en provenance du Maroc et que les réunions de haut niveau entre Sánchez et Mohamed VI ont été annulées d’abord en décembre, puis en février », expliquent-ils.

    La Moncloa estime que l’ampleur de la crise dépasse celle de Perejil en 2002. Rabat a envahi cet îlot inhabité sous souveraineté espagnole. Le gouvernement de José María Aznar a répondu par une opération militaire visant à récupérer le territoire. Il n’y a pas eu de décès. L’épisode a tendu les relations hispano-marocaines pendant des années, comme cela devrait se produire maintenant après les événements de Ceuta : « Il sera très difficile de reconstruire les ponts, car l’Espagne, ne l’oublions pas, a été obligée de déployer l’armée ».

    Échec des voies diplomatiques

    La grande cible au sein du gouvernement est la ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya. Toutes les voies diplomatiques ont échoué. Et il y a ceux qui disent que Laya n’a pas eu la délicatesse de traiter avec les autorités marocaines d’une question aussi sensible que l’hospitalisation de ce leader du Front Polisario. « Si cela nous dérange, nous les Espagnols, que la Belgique ait (Carles) Puigdemont en libre circulation, il faut multiplier cette indignation par mille pour comprendre ce que cela signifie pour le Maroc au sujet du Sahara », disent plusieurs analystes à ce journal.

    Tous les canaux diplomatiques entre l’Espagne et le Maroc ont échoué dans cette crise. Les trois canaux de communication habituels sont au niveau des maisons royales, au niveau des ambassadeurs à Rabat et à Madrid et au niveau des ministères des affaires étrangères. L’Espagne et le Maroc ont historiquement eu recours à ces canaux pour résoudre des conflits spécifiques et préserver leur relation globale. Tout cela a volé en éclats à Ceuta.

    Le gouvernement tente également de jouer le jeu au niveau international. Le soutien des institutions européennes a été retentissant, notamment de la part de la Commission européenne et du Conseil européen. Mais, comme dans le cas de Perejil, d’autres pays, comme la France, sont restés en retrait. Les États-Unis ne sont pas intervenus pour l’instant, bien que leur département d’État ait été informé d’une communication avec Rabat pour aborder le conflit israélo-palestinien.

    Voz Populi, 19 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali,

  • L’Espagne arrache le soutien de l’UE dans son bras de fer contre le Maroc

    L’entrée d’immigrants clandestins à Ceuta recule après l’arrivée de 8 000 personnes en seulement 36 heures

    La « crise humanitaire » qui a éclaté lundi à Ceuta, avec l’arrivée de milliers d’immigrants venus à la nage de l’autre côté de la frontière avec la complicité des gendarmes marocains, s’est transformée ce mardi en crise diplomatique. La ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, a convoqué l’ambassadrice du Maroc à Madrid, Karima Benyaich, pour lui exprimer son  » rejet  » et son  » mécontentement  » face à la négligence du Maroc face à sa responsabilité de contrôler la frontière entre les deux pays ; et Rabat a convoqué son ambassadeur à Madrid pour des consultations, ce qui signifie que sa représentation diplomatique en Espagne reste temporairement vacante. Jusque-là, contre toute évidence, le gouvernement espagnol avait évité d’imputer au Maroc la responsabilité du déferlement sans précédent d’immigrants clandestins dans la ville autonome, qui s’élevait à « environ 8 000 » à six heures de l’après-midi mardi, selon le ministère de l’intérieur. En milieu d’après-midi, le Maroc a déployé la police anti-émeute de son côté de la frontière, ce qui a entraîné une réduction substantielle du nombre d’entrées irrégulières.

    Dans une déclaration faite sur les marches de La Moncloa, sans admettre de questions et sur le ton du plus grand sérieux, le président Pedro Sánchez a averti que « l’intégrité territoriale des frontières de Ceuta et Melilla, qui sont aussi celles de l’UE, et la sécurité de nos compatriotes seront défendues par le gouvernement espagnol à tout moment, en toutes circonstances et avec tous les moyens nécessaires ». Après avoir réitéré sa volonté de maintenir des relations amicales avec le Maroc, il a souligné que celles-ci devaient être fondées « toujours sur le respect des frontières mutuelles ». Sánchez n’a pas parlé d’ »invasion », comme l’a fait le président de Ceuta, Juan Jesús Vivas, mais il a clairement indiqué qu’il n’était pas seulement confronté à un problème humanitaire ou migratoire, mais à un défi pour la sécurité de l’Espagne et son intégrité territoriale.

    Pour démontrer la fermeté du gouvernement, a décidé dans les premières heures du mardi matin de mobiliser la garnison de l’armée à Ceuta, avec environ 3.000 soldats au total, qui ont été suspendus permis et réductions des heures de travail. Dès les premières heures de la matinée de mardi, on pouvait voir les légionnaires du Tercio Duque de Alba de la Légion en patrouilles mixtes avec la police nationale et les gardes civils dans les rues de la ville autonome et sur la plage de Tarajal, regroupant les immigrants dispersés et assistant et organisant les nouveaux arrivants sur le rivage. En outre, le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a annoncé l’envoi de 150 agents de la police nationale et de 50 de la garde civile pour renforcer les 1 100 soldats des forces et corps de sécurité de l’État déployés en permanence sur la place.

    En réalité, reconnaissent les sources gouvernementales, ni les militaires ni les policiers ne peuvent faire grand-chose tant que le Maroc ne les empêche pas de se jeter à l’eau depuis l’autre côté de la frontière, plutôt que d’essayer de les empêcher de se noyer, comme cela est arrivé à un immigrant lundi dernier. « Vous ne pouvez pas empêcher votre maison d’être inondée si vous ne fermez pas le robinet à l’étage », soulignent ces sources de manière imagée.

    Afin de réduire l’eau, l’Espagne applique des accords bilatéraux avec le Maroc pour permettre le retour à la frontière de ceux qui entrent irrégulièrement. Jusqu’au milieu de l’après-midi, 4 000 personnes avaient déjà été renvoyées – la moitié des arrivées en 36 heures, depuis dimanche soir – et le gouvernement était confiant de pouvoir renvoyer la grande majorité des personnes, qui sont de nationalité marocaine. Avec les renforts de police, il est prévu que les équipes d’étrangers soient opérationnelles 24 heures sur 24 pour accélérer les procédures de retour. En théorie, font exception les mineurs – dont le nombre est estimé à plus de 1 500, bien qu’il n’y ait pas d’estimation officielle – dont le rapatriement est soumis à un processus beaucoup plus complexe dans lequel l’intérêt de l’enfant est primordial.

    M. Sánchez a annulé le voyage qu’il avait prévu de faire ce mardi à Paris pour se rendre, accompagné du ministre de l’Intérieur, à Ceuta et Melilla, qui n’avaient pas été visitées par un président du gouvernement en dehors d’une campagne électorale depuis 2006. A Ceuta, il a été salué par plusieurs dizaines de personnes à sa sortie de l’héliport. Pendant ce temps, un cabinet de crise dirigé par la première vice-présidente Carmen Calvo s’est réuni à La Moncloa.

    Rapport au Roi

    Avant de quitter Madrid, M. Sánchez a informé le roi – qui a téléphoné au président de Ceuta et au président de Melilla, Eduardo de Castro, pour s’informer de la situation sur le terrain – et le chef du PP, Pablo Casado. M. Sánchez a également pris contact avec des hauts fonctionnaires de l’UE afin de s’assurer de leur soutien dans l’impasse avec le Maroc. Il s’est notamment entretenu avec le président du Conseil, Charles Michel, et le haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, Josep Borrell.

    La cascade de déclarations de soutien à la position espagnole ne s’est pas fait attendre. Michel a manifesté « tout son soutien et sa solidarité à l’égard de l’Espagne » et a rappelé que « les frontières de l’Espagne sont celles de l’Union européenne » ; la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prévenu que la question de l’immigration sera « cruciale » dans les relations futures de l’UE avec des pays comme le Maroc ; et M. Borrell a souligné que « Ceuta est la frontière de l’Espagne avec le Maroc et l’UE fera le nécessaire pour soutenir l’Espagne en ces temps difficiles ».

    Les responsables espagnols ont évité d’évoquer l’élément déclencheur de la crise actuelle : la décision d’accueillir le chef du Front Polisario, Brahim Gali, pour le traiter contre le coronavirus dans un hôpital de Logroño pour des raisons « strictement humanitaires ». C’est l’ambassadeur du Maroc à Madrid qui, avant d’assister à sa rencontre avec González Laya, a assuré que les relations entre voisins sont basées sur la « confiance mutuelle » et qu’il y a des actes qui ont des conséquences « et il faut les assumer ».

    Pendant les heures les plus critiques de la crise de Ceuta, les médias officiels marocains ont été complètement silencieux sur le différend avec l’Espagne. La dernière allusion de Rabat à cette question remonte au 8 mai, lorsque son ministère des affaires étrangères a publié un communiqué, le deuxième sur le sujet, dans lequel il mettait en garde l’Espagne contre le fait de « minimiser l’impact grave » de cette crise sur les relations bilatérales et l’avertissait qu’elle prenait note et tirerait toutes les conséquences d’une décision « préméditée » prise « dans le dos d’un partenaire et voisin », en référence à la décision d’accueillir Gali.

    L’ouverture du passage frontalier avec Ceuta serait la « conséquence » de cette décision, selon des sources diplomatiques, ou peut-être juste un avertissement, puisque le chef du Front Polisario se trouve toujours en Espagne et est convoqué pour témoigner en tant que prévenu devant le juge de la Cour Suprême Santiago Pedraz le 1er juin.

    El Pais, 19 mai 2021

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