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  • Algérie: Le PLF 2022 tributaire de la rente des hydrocarbures

    Algérie: Le PLF 2022 tributaire de la rente des hydrocarbures – La loi de finances prévisionnelle 2022 se base sur un cours de 45 dollars le baril et un prix du marché de 50 dollars

    La loi de finances prévisionnelle 2022 se base sur un cours de 45 dollars le baril et un prix du marché de 50 dollars, alors que pour le FMI, l’équilibre budgétaire pour 2022 nécessite plus de 150 dollars le baril, contre 141,3 dollars en 2021 et 83,6 pour 2020, rendant urgentes la rationalisation et des actions ciblées de la dépense.

    1.- Le PLF 2022 prévoit des exportations des hydrocarbures de 32,4 mds de dollars fin 2021 et hors hydrocarbures à environ 5 milliards de dollars. Mais le document le plus fiable n’est pas la balance commerciale mais la balance des paiements qui inclut les sorties de devises des services donnant un déficit estimé à -5,3 mds de dollars (3.3% du PIB), contre -16,4 mds de dollars fin 2020, soit un recul de 67,5%. Le PLF 2022 table sur des recettes budgétaires qui s’élèvent à 5.683,22 milliards de dinars. Quant aux dépenses, le PLF 2022 prévoit un budget de fonctionnement de 6.311,53 milliards de dinars et un budget d’équipement de 3.546,90 milliards de dinars. Au total, nous avons des dépenses de 9.858,43 milliards de dinars donnant un déficit budgétaire de 4.175,21 milliards de dinars, soit au cours de 137 dinars un dollar 30,47 milliards de dollars alors que dans la loi de finances 2021, le déficit budgétaire était estimé à 2.784 milliards de dinars, soit 22 milliards de dollars au cours de 2020.

    Pour les subventions, il est prévu 1.942 milliards de dinars, soit 19,7% du budget de l’Etat contre 24% en 2021 et 8,4% du PIB où en plus pour alimenter les caisses de retraite de retenir 3% de la taxe pétrolière, ce qui donne environ 63 milliards de dinars. Pour le gouvernement, ce déficit sera financé en recourant aux mécanismes du Trésor et au Fonds de régulation des recettes (différence entre le prix réel et 45 dollars) et ne recourra pas à la planche à billets ni à l’endettement extérieur, proposant de ne pas toucher au profit de Sonatrach et Sonelgaz afin de leur permettre de relancer l’investissement. Or, Sonelgaz ne fait pas de profit connaissant un déficit structurel d’environ 70 milliards de dinars pour 2020 qui a besoin, selon le rapport officiel du groupe et nécessitant entre 1,5 et 2,2 milliards de dollars/an au cours actuel entre 2021/2030 pour financer ses projets d’investissement et satisfaire la demande croissante en énergie. Quant à Sonatrach, en matière d’exploration et d’exploitation de pétrole et de gaz, ses besoins en investissements pour les cinq prochaines années se situent entre 70/80 milliards de dollars. Mais pour la rentabilité de ces gisements, tout dépendra du vecteur prix au niveau international et du coût, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables, posant le problème de la rentabilité.

    Avec la flambée du prix du gaz, qui connaît avec le coût du transport en Asie un cours dépassant les 30 dollars le MBTU, l’équivalent de 150 dollars le baril de pétrole, et entre 15/20 dollars en Europe et le cours du pétrole à plus de 85 dollars le Brent. A court terme, l’Algérie profite peu de ces hausses puisque selon le rapport de l’OPEP de juillet 2021, les exportations sont passées à plus de 1,2-1,5 million de barils/j, entre 2007/2008 à environ 450.000/500.000 barils/en octobre 2021, et pour le gaz, plus de 65 milliards de mètres cubes gazeux à 40 en 2020, espérant 43/44 pour 2021, du fait de la forte consommation intérieure, près de 40/50% de la production pour le pétrole et le gaz entre 2019/2020 et devant s’accélérer entre 2021/2030, laissant peu pour les exportations. Les études du ministère de l’Energie montrent clairement que la consommation intérieure horizon 2030 dépassera les exportations actuelles, d’où l’importance à la fois de revoir la politique des subventions des carburants, dossier très complexe, de développer les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique pour pouvoir honorer les engagements internationaux. C’est que l’Algérie ne s’est pas adaptée, faute de prévisions, aux nouvelles mutations gazières mondiales avec la percée du marché libre dit spot, ayant privilégié les contrats à moyen et long terme avec un prix fixe qui ne peut être révisé en cas de hausse ou baisse des prix qu’au bout d’une certaine période, après négociations.

    Aussi, la remontée des prix pour 2021, étant prévu un cours moyen entre 70/80 dollars pour 2022) peut permettre une recette de Sonatrach entre 32/33 milliards de dollars, un gain de 6/8 milliards de dollars par rapport aux recettes de 2020, les opérateurs attendant toujours les décrets d’application de la loi des hydrocarbures et le code des investissements. Encore qu’il faille se méfier du juridisme, l’objectif étant de profondes réformes structurelles pour dynamiser l’économie. Aussi, il serait utile, ayant écarté l’endettement extérieur, restant les seules solutions, d’accroître la productivité et puiser dans les réserves de change, via les recettes de Sonatrach (98% des recettes en devises du pays avec les dérivés) en fonction de différents scénarios, d’évaluer les réserves évaluées au 01 janvier 2014 à 194 milliards de dollars, fin 2019 à 62 milliards de dollars, fin 2020, 48 et mai 2021 44 milliards de dollars.

    2.-La loi de finances prévisionnelle PLF 2022 prévoit une dépréciation progressive du dinar par rapport au dollar, de 149,3 dinars un dollar en 2022, 156,8 en 2023 et 164,6 qui permet d’atténuer le montant de ce déficit budgétaire car si on avait un dollar à 100 dinars, il faudrait pondérer à la hausse d’au moins 37% le déficit, ce qui donnerait un montant supérieur à 42 milliards de dollars. Cela pose le problème du fait de l’extériorisation de l’économie algérienne dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% des impacts d’actions spéculatives sur les devises, sur le taux d’inflation et de l’opportunité du lancement de projets créateurs de valeur ajoutée dont le retour en capital est à moyen et long terme.

    Cette dépréciation accélère la méfiance du citoyen vis-à-vis du dinar, amplifiant la sphère informelle, servant de soupapes sociales, qui représentent hors hydrocarbures plus de 50% de la superficie économique, idem pour l’emploi, et contrôlant une masse monétaire hors banques, selon les informations données par le président de la République lors de sa conférence de presse, du fait de l’effritement du système d’information, fin 2020 entre 6.100 et 10.000 milliards de dinars, soit au cours de 137 dinars un dollar entre 44,52 et 72,99 milliards de dollars. Les mesures adoptées via la finance islamique ont permis de drainer seulement 100 milliards de dinars, soit à peine 1% si l’on prend le montant de 10.000 milliards de dollars. (Voir étude sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul pour l’Institut français des relations internationales -IFRI- Paris décembre 2013, les enjeux géostratégiques de la sphère informelle au Maghreb).

    Avec le processus inflationniste interne où la majorité des produits importés, excepté ceux subventionnés, connaissent une hausse entre 50/100%, l’indice officiel de l’ONS non réactualisé depuis 2011, le besoin étant historiquement daté. Sans s’attaquer aux réformes, la vieille recette tant du Fonds de régulation (différence entre le prix du marché réel moyen de l’année et le prix fiscal de 45 dollars) étant un artifice comptable, vision purement monétariste qui n’a fait ses preuves par le passé et la dépréciation du dinar, sans réformes structurelles, il est impossible de dynamiser les exportations hors hydrocarbures. Pour preuve, la cotation du dinar a été de 5 dinars un dollar vers les années 1970, 70/75 dollars vers les années 1980, 90/120 dinars un dollar entre 2000/2018 et le cours le 01 novembre 2021 officiel selon la Banque d’Algérie à 136,884 dinars un dollar et 159,4727 un euro, avec un cours sur le marché parallèle le 31 octobre 2021 à 213 dinars un euro à la vente et 21.500 dinars à l’achat, sans dynamiser les exportations hors rente, le blocage étant d’ordre systémique.

    Contrairement à certaines supputations, ignorant la pratique des relations internationales où n’existent pas de sentiments mais que des intérêts, avec la concurrence internationale, un des marché les plus difficiles à pénétrer supposant des entreprises publiques et privées compétitives en termes de coût/qualité, est l’Afrique où d’ailleurs l’on devra analyser les impacts de l’adhésion de l’Algérie à la zone de libre-échange avec le monde arabe, l’Afrique et pas seulement avec l’Union européenne qui nécessitent des dégrèvements tarifaires, l’adhésion à l’OMC dont les contraintes sont plus dures n’étant pas pour demain. Après analyse sur les 3,1 milliards de dollars hors hydrocarbures, pour les neuf premiers mois de 2021, le constat est que 75/80% sont constituées de dérivés d’hydrocarbures et de produits semi-bruts. L’important est d’avoir la balance devises nettes, devant soustraire les matières importées en devises, les exonérations fiscales, les matières subventionnées par l’Etat et aligner le prix de cession du gaz/pétrole sur le prix international pour voir si les entreprises sont compétitives en termes de coûts/qualité : plus de 85% des entreprises publiques et privées étant selon les données du registre du commerce, des unités personnelles ou petites Sarl peu compétitives.

    3.- Le PLF 2022 prévoit une croissance de 3,3% et hors hydrocarbures de 3,7% à prix courants, un taux de croissance se calculant par rapport à la période précédente, un taux positif en 2021, rapporté à 2020, moins de 6% donnant un taux faible, en termes réels entre 0 et 1% largement inférieur à la croissance démographique. On ne peut tout restreindre, quitte à aller vers une dérive économique, uniquement pour le BTPH plus de 150.000 pertes d’emplois selon les organisations patronales, la majorité des unités fonctionnant à peine à 50% de leurs capacités, 85% des matières premières, entreprises publiques et privées fonctionnent avec des importations en devises. Il faudra tenir compte, avec la faiblesse du taux de croissance d’un indicateur souvent oublié, la pression démographique où la population active dépasse en 2021 12,5 millions sur une population totale résidente de 44,7 millions d’habitants au 1er janvier 2021 et du déficit financier de la Caisse nationale de retraite (CNR) qui devrait atteindre 690 milliards de dinars en 2021, le nombre de retraités dépassant les 3,3 millions, la CNR enregistrant un taux de cotisation de sécurité sociale, estimé à 2,2 travailleurs pour chaque retraité et pour un équilibre, le taux de cotisation devrait atteindre cinq travailleurs pour un retraité. C’est que la situation économique actuelle est complexe devant entre 2022-2025 créer plus de 350.000-400.000 emplois par an, qui s’ajoutent au taux de chômage, impliquant pendant plus de 5 à 7 ans un taux de croissance en termes réels entre 8/9%. Cela influe sur le taux de chômage, qui, selon le FMI, en 2021 serait de 14,1% et 14,7% en 2022 incluant les sureffectifs des administrations, entreprises publiques et l’emploi dans la sphère informelle.

    L’Algérie possède encore des marges de manœuvre (voir notre interview quotidien gouvernemental Horizon 28/10/2021), mais de plus en en plus étroites, le ratio du service de la dette extérieure rapporté aux exportations de biens et services est estimé à 1% à fin 2020, le ratio du stock de la dette extérieure rapporté aux exportations était de 20% en 2020, contre 14% en 2019 et le ratio du stock de la dette extérieure rapporté au revenu national brut est estimé à 4% en 2020, à 3% en 2019. Mais selon la Banque mondiale, l’Algérie a peu attiré l’investissement étranger avec une baisse de 21,3%, 1,073 milliard de dollars en 2020, contre 1,364 milliard de dollars en 2019. Mais l’on devra éviter des promesses reposant sur l’utopie. Comment ne pas rappeler que l’Algérie a engrangé plus de 1.000 milliards de dollars en devises entre 2000/2019, avec une importation de biens et services toujours en devises de plus de 935 milliards de dollars pour un taux de croissance dérisoire de 2/3% en moyenne alors qu’il aurait dû être entre 9/10% et une sortie de devises de 20 milliards de dollars en 2020 pour une croissance négative selon le FMI de 6%.

    Selon les données officielles du Premier ministère (source APS), l’assainissement du secteur public marchand durant les 25 dernières années a coûté au Trésor l’équivalent de 250 milliards de dollars et le coût des réévaluations entre 2005/2020, 8.900 milliards de dinars, soit au cours moyen de 135 dinars un dollar, environ 66 milliards de dollars : continuer sur cette voie est un suicide collectif. Evitons les utopies par un langage de vérité : si les projets du fer de Gara Djebilet et du phosphate de Tébessa commencent leur production en 2022, l’investissement de ces deux projets étant estimé à environ 15 milliards de dollars ainsi que le projet du gazoduc Algérie dont le coût est estimé par l’Europe, principal client, nécessitant son accord en plus des pays riverains, entre 19/20 milliards de dollars, la rentabilité ne se fera que dans 5/7 ans.

    En conclusion, toutes les dépenses économiques et sociales prévues auront un impact sur les équilibres macroéconomiques de 2022 qui sont fonction des recettes des hydrocarbures qui, directement et indirectement via la dépense publique, irriguent une grande partie de la société. Malgré ses importantes potentialités, après plusieurs décennies d’indépendance politique en ce mois de novembre 2021, tant sur le plan économique que diplomatique, Sonatrach c’est toujours l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach.

    PR  Abderrahmane MEBTOUL

    Professeur des universités docteur d’Etat en sciences économiques 1974, expert international

  • Maroc: Hausse du budget de la défense

    Maroc: Hausse du budget de la défense. Il a augmenté de 4,77% par rapport au budget de la défense de 2021

    Le projet de budget 2022 du Maroc a été présenté à la Commission des finances et du développement économique du pays le 25 octobre, le budget de la défense augmentant de 4,77% par rapport au budget de la défense de 2021.

    L’analyse par Janes du budget marocain de l’administration de la défense nationale et des Forces armées royales marocaines (RMAF) montre que le budget de base de la défense du Maroc augmente de 6,07 %, passant de 47,44 milliards de dirhams (5,17 milliards USD) à 50,32 milliards de dirhams, en grande partie grâce aux dépenses de personnel qui augmentent de 7,77 % pour atteindre 37,76 milliards de dirhams.

    Des investissements supplémentaires dans l’armée provenant d’autres sources portent le total des dépenses de défense à 63,04 milliards de dirhams, soit une augmentation de 4,77 % par rapport au budget de 2021. Les dépenses globales devraient représenter 17,62% des dépenses publiques en 2022, en baisse par rapport à 18,15%.

    L’article 34 du Projet de Loi De Finances 76-21 Pour L’annee Budgetaire 2022 a également augmenté le plafond maximum pour l’acquisition d’équipements pour la RMAF de 4,15% à 115,55 milliards de dirhams. L’article note que l’augmentation du budget plafond est en prévision d’achats supplémentaires en 2023. Bien que l’autorisation d’achat soit nettement plus élevée que le budget de la défense, il est entendu que ce dispositif n’a jamais été tiré à son maximum et qu’il fonctionne comme un plafond d’urgence en cas de besoin soudain de dépenses militaires.

    Charles Forrester

    Janes, 28/10/2021

  • Le pétrole se maintient au-dessus des 80 dollars

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    Certains experts estiment très possible un baril à 100 dollars d’ici à la fin de l’année. Ce qui serait une excellente nouvelle pour la santé financière de l’Algérie.

    Les prix du pétrole restaient, hier, au-dessus des 80 dollars à la bourse de Londres. Même s’il a connu un léger recul par rapport à la cotation de mardi le baril de Brent tenait la dragée haute et semblait tout à fait stabilisé à un niveau de prix qu’il n’avait pas connu depuis septembre 2018. Ainsi, en milieu de matinée, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre était en baisse de 0,35% par rapport à la clôture de la veille, à 82,27 dollars à Londres. A New York, le baril de WTI pour le mois de novembre abandonnait 0,44% à 78,58 dollars. Les deux contrats de référence ont cependant atteint en tout début de séance européenne 83,47 dollars et 79,78 dollars le baril, une première pour le Brent depuis octobre 2018 et pour le WTI depuis novembre 2014. C’est dire la force du marché, orientée vers la hausse depuis plusieurs jours déjà. Il faut dire que cette embellie de l’or noir, accompagnée par la fulgurance de la hausse des prix du gaz naturel, constitue une véritable aubaine pour le trésor public qui peut faire face avec aisance aux dépenses de l’Etat. Cet état de fait est susceptible de durer si l’on se fie aux analystes des places boursières qui note les incertitudes concernant les approvisionnements en énergie, qui arrangent les pays producteurs sachant que «les réserves de charbon, de gaz naturel et de brut semblent se resserrer».

    La réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés via l’accord Opep+ lundi «n’a fait qu’exacerber le problème» suite à sa décision d’ouvrir les vannes d’or noir autant que le marché pouvait l’espérer. Suivant son plan de juillet, l’Opep s’est contenté d’une augmentation de la production globale mensuelle de 400.000 barils par jour pour novembre. L’augmentation de près d’un million de barils des stocks de brut aux Etats-Unis rapportée mardi par l’American Petroleum Institute (API), la fédération qui regroupe les professionnels du secteur pétrolier aux Etats-Unis, contribuait à ralentir l’envolée récente des cours du brut. L’Agence américaine d’information sur l’Energie (EIA), aux estimations jugées plus fiables sur cette évolution hebdomadaire, publiera ses propres chiffres sur les stocks plus tard dans la journée. Les stocks de brut sont scrutés de près par les observateurs et acteurs de marchés, la vitesse à laquelle ils se réduisent aidant à apprécier l’ampleur du déficit entre l’offre, contrainte, et la demande, solide. Le marché du gaz connaissait de son côté une nouvelle séance très active: le marché européen de référence, le TTF (Title Transfer Facility) néerlandais, affichait une hausse de 30,15% à 151,00 euros le mégawattheure (MWh).

    Pour expliquer cette hausse, les analystes évoquent un ensemble de facteurs composés «de prix élevés de l’électricité, de faibles stocks de gaz dans le monde entier, d’une offre limitée en provenance de Russie et la possibilité d’un hiver plus froid».

    Tous ces facteurs entrant dans la fixation du prix de l’or noir à l’international seront, à en croire les observateurs, renforcé dans les semaines et mois à venir. Certains experts estiment très possible un baril à 100 dollars d’ici à la fin de l’année. Ce qui serait une excellente nouvelle pour la santé financière de l’Algérie.

    Yahia Bourit

    Ouest Tribune, 07/10/2021

  • Missions de paix de l’ONU en mode sans échec?

    Toutes les missions de maintien de la paix de l’ONU se retirent ? « On nous a dit : préparez-vous à une urgence »
    Les missions de maintien de la paix des Nations unies au niveau mondial se préparent à une possible fermeture jeudi en raison du budget.

    A savoir, cela se produira si l’Assemblée générale de l’ONU, qui compte 193 membres, ne parvient pas à se mettre d’accord sur un nouveau budget de six milliards de dollars, qui serait valable jusqu’au 30 juin 2022.

    Certains diplomates ont imputé le retard dans la conclusion d’un accord aux changements dans les procédures de négociation, aux problèmes de logistique et aux négociations difficiles qui opposent la Chine aux pays occidentaux, rapporte Reuters.

    Catherine Pollard, directrice de la stratégie de l’ONU pour la gouvernance, la politique et le respect du droit, a déclaré que 12 missions de maintien de la paix de l’ONU, la plupart en Afrique et au Moyen-Orient, ont été conseillées de commencer à élaborer des plans d’urgence au cas où le nouveau budget ne serait pas adopté à temps.

    « Dans le même temps, nous espérons toujours et sommes convaincus que les États membres vont conclure leurs négociations et approuver le budget », a déclaré Mme Pollard aux journalistes.

    Elle a souligné que si la date limite du 30 juin n’est pas respectée, le secrétaire général Antonio Guterres ne pourra utiliser l’argent que pour protéger les biens des Nations unies et assurer la protection du personnel et des forces de maintien de la paix.

    b92, 29 juin 2021

    Etiquettes : ONU, missions de paix, budget, financement,

  • Algérie : Le temps des vaches maigres

    L’ère des pétrodollars débordants n’est plus qu’un souvenir d’un baril flambant au-delà de 100 dollars dont l’Algérie, sous Bouteflika, n’a malheureusement pas profité. Désormais, les temps sont durs. Après une longue période de vaches grasses, l’Algérie va devoir faire face à un contexte économique et social extrêmement délicat avec un baril de pétrole qui a bien du mal à dépasser la barre des 60 dollars ; donc nettement insuffisant pour subvenir à nos besoins incompressibles.

    Le projet de loi de finances complémentaire (LFP) pour 2021 porte, comme il fallait bien s’y attendre, le sceau de la rigueur. Il décline par les chiffres le drame de notre système économique rentier qui fonctionne comme un tube digestif relié à Hassi Messaoud. Ainsi, le budget de la LFC 2021 table sur des recettes d’exportation somme toute bien modestes de l’ordre de 24 milliards de dollars contre des importations absolument incompressibles qui s’élèvent à hauteur de 30,4 milliards de dollars.

    En termes simples, nous allons dépenser nettement plus que ce que nous allons gagner. La balance des paiements affichera en effet, d’après les prévisions de la LFC, un déficit qui avoisine les 4 milliards de dollars. Et, forcément, la valeur de notre pauvre dinar va sans doute dévisser. Ce tableau de bord confirme que malgré la compression substantielle des importations, la facture reste encore lourde. La faute aux transferts sociaux et autres subventions des produits de large consommation qui grèvent le budget de l’État mais aussi à l’augmentation du budget de l’équipement qui a connu depuis deux ans une stagnation qui aura lourdement impacté l’investissement.

    Il va sans dire que le budget de la LFC 2021 prévoit une coquette somme pour la tenue des élections législatives surtout que le président Tebboune a décidé, pour la première fois, de faire prendre en charge par l’Etat les dépenses de tous les candidats âgés de moins de 40 ans. Et pour cause ! En termes financiers, cette lourde dépense va sûrement avoir un effet sur le déficit global du budget qui va atteindre selon les prévisions de l’avant-projet de la LFC la bagatelle de 4000 milliards de dinars.

    De fait, les perspectives s’annoncent d’ores et déjà brumeuses pour les finances publiques et plus généralement pour l’économie nationale. On devine aisément le souci des pouvoirs publics d’éviter les décisions qui choquent à la veille d’un scrutin législatif extrêmement sensible qui plus est dans un contexte politique, le moins que l’on puisse dire, vicié. Pour autant, et au train où vont les choses, l’Algérie aura du mal à échapper à l’iceberg de la planche à billets ou pire encore à l’endettement extérieur assimilé par la doxa officielle à une « perte de souveraineté économique ».

    Imane B.

    L’Est Républicain, 18 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, crise économique, crise financière, pétrole, chute des prix, LFC 2021, loi des finances, budget,

  • Algérie/ Le gouvernement dispose d’une maigre marge de manœuvre face à une double crise économique et sanitaire

    Pour accroître sa marge de manœuvre financière, l’Exécutif doit s’occuper des deux éléments de l’équation du déficit, soit les recettes et les dépenses. Or, avec des revenus pétroliers en chute libre, entraînant une diminution de la fiscalité pétrolière, il a peu de leviers pour élaborer un budget en équilibre, stimuler l’activité économique, la magnifier.

    Le gouvernement, confronté à une crise économique, doublée d’une crise sanitaire, voit ainsi sa marge de plus en plus rétrécie.

    En fait, le budget du pays est caractérisé par un déséquilibre structurel entre recettes et dépenses. Il est vrai qu’au cours de ces vingt dernières années, les chiffres de l’économie se sont rétablis, mais grâce à la rente pétrolière.

    Cela n’a apporté qu’une “prospérité” de courte durée. Aujourd’hui que la rente est en baisse, l’économie s’est mise à tanguer, affichant des chiffres bas pour de nombreux agrégats. Les chiffres sont têtus. Et, l’Exécutif ne peut rien y changer.

    L’avant-projet de loi de finances complémentaire pour 2021 donne un avant-goût de la situation à laquelle le pays aura à faire face. Il y est, en effet, indiqué, que la fiscalité pétrolière budgétisée s’élèverait à 1 927,05 milliards de dinars, contre 1919,2 milliards de dinars dans la LF 2021, soit une petite augmentation.

    Quant aux ressources ordinaires, elles se situeraient à 3 404,8 milliards de dinars dans l’APLFC pour 2021, contre près de 3 409,0 milliards de dinars dans la LF 2021. Il n’y a pas de quoi pavoiser !

    Les exportations d’hydrocarbures devraient, elles, atteindre 23,63 milliards de dollars à la fin de l’année 2021, contre 23,21 milliards de dollars prévus dans la LF 2021. Alors que les importations de biens devraient se situer à 30,42 milliards de dollars, contre 30,05 milliards de dollars (CAF) prévues dans la LF 2021.

    Il est souligné dans l’APLFC 2021 que sous l’effet de la baisse combinée des prix moyens à l’exportation du brut algérien (-35,07%) et des volumes (-10,91%), les exportations d’hydrocarbures ont fléchi, à fin décembre 2020, pour se situer à 20,19 milliards de dollars, contre 33,34 milliards de dollars à la même période de 2019, soit une moins-value de 13,14 milliards de dollars (-39,42%).

    Les exportations hors hydrocarbures ont, également, enregistré un repli de 325 millions de dollars durant l’année 2020, passant de 2,6 milliards de dollars à fin décembre 2019 à 2,2 milliards de dollars à fin décembre 2020.

    Le gouvernement tente toutefois de rassurer, en mettant en avant le fait que l’APLFC 2021 comporte deux agrégats (exportation d’hydrocarbures et fiscalité pétrolière) revus, légèrement, à la hausse, et ce, pour tenir compte du niveau des quantités exportées affichées dans le cadre du plan de développement de Sonatrach (2021-2025).

    Étant donné ces nouveaux éléments, les principaux indicateurs de l’APLFC pour 2021 du présent cadrage macroéconomique et financier, se présentent comme suit : la croissance économique prévue dans l’APLFC 2021 s’établirait à 4,21% contre 3,98% prévu dans la loi de finances initiale, tandis que la croissance du PIB hors hydrocarbures, se situerait à +3,18% dans l’APLFC 2021, contre +2,42% prévu dans la LF 2021.

    Youcef SALAMI

    Liberté, 20 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, crise économique, crise sociale, crise financière, prix du pétrole, dette, FMI, budget, loi des finances,

  • Algérie/ Le déficit budgétaire se creuse de plus en plus : La facture sera lourde à payer

    Faire face au déficit qu’enregistre le budget de l’Etat durant cette année et qui est estimé à plus de 3310 milliards de dinars, n’est pas une tâche facile pour l’Exécutif, notamment avec la crise économique qui rend les ressources de la trésorerie très rares et les dépenses de plus en plus insupportables.

    Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, avait expliqué lors de la présentation de la loi des finances que le déficit budgétaire prévu dans la LF 2021 sera financé à travers l’application des mécanismes de la politique monétaire, stipulés dans la loi, en concertation avec la Banque d’Algérie. Le ministre faisait référence à l’utilisation d’une partie des réserves et affectations constituées par la Banque centrale.

    Il a expliqué que dans le cadre de ces mécanismes, «il sera procédé également au placement d’une partie des fonds propres de la Banque d’Algérie en bons du Trésor, conformément à l’article 53 de l’ordonnance n° 03-11 relative à la monnaie et au crédit, en sus de la dynamisation du marché des bons du Trésor, à travers le rachat d’importants crédits bancaires communs et le refinancement des bons du Trésor émis en contrepartie du rachat de ces crédits bancaires communs».

    Sommes-nous dans la même configuration aujourd’hui alors que l’on sait que cette procédure n’est pas suffisante pour combler un aussi important déficit, sachant qu’il a été décidé de ne plus faire appel au financement non conventionnel (planche à billets), qui a été mis en place en 2017. Selon des économistes, le recours à cette dernière option n’est pas écarté, et risque même de «s’imposer», a estimé Ferouk Nemouchi, docteur en économie à l’université de Constantine.

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    M. Nemouchi a considéré que la question du déficit engage directement l’avenir du pays, et que le gouvernement actuel «se retrouve face à une impasse, notamment avec le manque de recettes». Selon ses explications, il n’est pas possible d’avoir plus de recettes en ce moment, particulièrement avec le recul de la croissance économique.

    Affichant son étonnement quant au taux de croissance de 4% mentionné dans l’avant-projet de la loi de finances complémentaire de 2021, notre interlocuteur soutient que le recours à l’augmentation des recettes fiscales est «une utopie». «Nous nous dirigeons inéluctablement vers la réactivation de la planche à billets», a encore estimé M. Nemouchi, pour qui l’option de «la dépréciation du dinar que nous remarquons actuellement ne suffit pas pour combler le déficit». «Nous sommes condamnés à vivre avec pour une bonne période», dit-il.

    Pour l’économiste Smaïn Lalmas, le gouvernement n’a pas beaucoup de solutions pour faire face au déficit budgétaire. «Il fera appel aux vieilles méthodes», a-t-il souligné. M. Lalmas a expliqué que le gouvernement procédera à «l’augmentation des impôts pour avoir plus de recettes fiscales, et à la dépréciation de la valeur du dinar ainsi que le recours à la planche à billets.» «Toutefois, il y aura une forte restriction sur les importations», prévoit l’économiste qui affirme que les conséquences de ces démarches seront «très lourdes sur le pouvoir d’achat des citoyens qui va se détériorer avec la hausse de l’inflation dont nous n’avons pas les chiffres réels jusqu’à présent». M. Lalmas a fait savoir aussi que le recours à un endettement extérieur «n’est pas possible actuellement».

    La raison en est que «le pays est instable politiquement et juridiquement». Il ne faut pas oublier que «tous les pays ont besoin d’argent avec la crise sanitaire et économique que connaît le monde». Notre interlocuteur a tenu à souligner que la solution réside en premier lieu «dans la résolution de la crise politique que traverse le pays».

    Sans cela, dit-il, «les investisseurs ne vont pas s’aventurer pas manque de confiance». «No trust no business», estime Smaïl Lalmas. La marge de manœuvre se rétrécit davantage pour le gouvernement qui est au pied du mur. La crise financière est en train de s’aggraver avec une crise sociale qui commence à s’installer chez la classe moyenne et défavorisée.

    El Watan, 11 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, finances, budget, déficit, loi des finances,

  • La pandémie de la COVID-19 et la dévaluation du dinar provoquent de nouvelles dépenses de 2,6 milliards de dollars en Algérie

    En 2021, l’Etat algérien sera obligé d’augmenter encore son budget de fonctionnement d’au moins 2,6 milliards de dollars en raison principalement des dépenses nécessaires à la lutte contre la pandémie de la COVID-19 et l’ajustement financier indispensable face à la dévaluation du dinar algérien, voire la chute brutale de sa valeur face au Dollar et à l’Euro.

    Le Rapport de présentation de l’Avant-Projet de la Loi de Finances Complémentaire (APLFC) pour 2021 dont Algérie Part a obtenu une copie au cours de ses investigations, indique à ce propos qu’une rallonge budgétaire de 350,0 Milliards de DA, soit l’équivalent de 2,6 milliards de dollars, est nécessaire pour que l’Etat algérien puisse faire face en 2021 à des dépenses stratégiques comme, par exemple, la prise en charge des indemnités exceptionnelles au profit des personnels de la santé (03 derniers mois) et de l’intérieur (06 mois) qui devra coûter à l’Etat algérien pas moins de 35 Mrds DA, soit l’équivalent de 260 millions de dollars.

    D’autre part, la couverture des opérations d’acquisition des vaccins anti-COVID-19 nécessitera de nouvelles dépenses de l’Etat algérien estimées à 8,25 Mrds DA, soit l’équivalent de 62 millions de dollars. L’Etat algérien devra aussi dépenser en 2021 l’équivalent de 21 Mrds DA, soit l’équivalent de 160 millions de dollars, pour soutenir financièrement les opérateurs publics de l’eau (ADE, ONID, ONA et ANBT) qui doivent multiplier les investissements pour mobiliser des nouvelles ressources en eau afin de répondre à la demande nationale de plus en plus croissante.

    Enfin, la dévaluation du dinar algérien, ou la chute de sa valeur, oblige l’Etat algérien à sortir de ses caisses 60 milliards de Da, soit l’équivalent de 450 millions de dollars, pour rembourser les créances justifiées de l’Office Algérienne Interprofessionnel des Céréales (OAIC) au titre du dispositif de soutien des prix des céréales fortement perturbés par la chute de la valeur monnaie algérienne face au dollar et à l’Euro.

    L’Etat algérien doit dépenser aussi 8 milliards de Da, soit l’équivalent de 60 millions de dollars, pour financer une contribution supplémentaire au profit de l’ONIL pour la couverture de l’incidence financière induite par les effets conjugués de l’augmentation des cours mondiaux de la poudre de lait et de la chute de la valeur dinar algérien.

    Algérie Part, 11 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, budget, finances, coronavirus, covid 19, pandémie, dépenses,

  • Le Maroc peut-il vraiment dépasser l’Algérie en termes du PIB, comme le prédit le FMI?

    Maroc, Algérie, PIB, économie, FMI, Maghreb, croissance, budget, finances, #Maroc, #Algérie

    Par Kamal Louadj

    Dans un entretien à Sputnik, le Pr Najib Akesbi, expert marocain en économie, estime que contrairement aux prévisions du FMI, le maître mot actuellement concernant la prospective est «incertitude». Il analyse également l’économie du Maroc et dresse un comparatif avec celle de l’Algérie.

    Dans son rapport d’avril relatif aux prévisions et projections sur la richesse mondiale mesurée par le PIB au prix courant du dollar, le Fonds monétaire international (FMI) informe qu’à l’horizon 2026, le PIB total des dix premières économies africaines s’établira à 2.877 milliards de dollars, contre 1.739 milliards en 2020, soit une progression de plus de 65%.

    Concernant les pays du Maghreb, le Maroc arrive en tête avec des PIB de 154 et 162 milliards de dollars respectivement pour 2025 et 2026, dépassant ainsi pour la première fois l’Algérie qui, selon le même rapport, enregistrera des PIB de 152 et 153 milliards de dollars pour la même période.

    Les projections du FMI à l’horizon 2026 sont-elles réalistes? Quelle est la marge d’erreur?

    L’Algérie ayant officiellement dépensé 1.000 milliards de dollars durant les 20 années de pouvoir de l’ex-Président déchu Abdelaziz Bouteflika, comment expliquer le recul de sa richesse (selon le FMI) face au Maroc qui n’a pas eu les mêmes moyens financiers? Enfin, sur quelle base comparer l’évolution des économies de ces deux pays?

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    Pour répondre à ces questions, Sputnik a sollicité le professeur Najib Akesbi, enseignant-chercheur en économie.


    «Prévoir l’évolution de la situation»?

    «Avant de juger les prévisions des experts du FMI, il faut d’abord dire un mot sur la méthodologie utilisée dans la production de telles études», souligne le Pr Akesbi, car «les résultats sont forcément conditionnés par les hypothèses de départ qui les fondent».

    À ce titre, «le premier paramètre à prendre sérieusement en considération est celui lié à la pandémie de Covid-19», explique l’expert, rappelant qu’«à ce jour, nous ne pouvons pas dire que cette maladie qui a plombé toute l’économie mondiale est prête à être vaincue […]. Tout dépendra de la capacité des pays à vaincre ou non cette pandémie».

    Et de poursuivre: «le manque en quantités de vaccins, le doute sur leur efficacité et leurs effets secondaires, la lenteur des campagnes de vaccination et l’apparition de nouveaux variants agressifs du virus – comme c’est le cas actuellement en Inde où l’on évoque une troisième vague – nous font dire que les prévisions annoncées par le FMI sont plutôt optimistes».

    «Elles sont basées sur l’hypothèse que la pandémie sera vaincue et que les dégâts qu’elle aura occasionnés à l’économie mondiale ne paralyseront pas la reprise».
    Dans ce sens, le Pr Akesbi estime qu’«actuellement, nous sommes dans une période où le maître mot est « incertitude ». Aucun expert ni aucune institution nationale ou internationale, dont le FMI et la Banque mondiale (BM), ne peut prévoir l’évolution de la situation même sur une année, que dire alors d’une durée de cinq ans, ce n’est pas possible!».

    L’économie marocaine

    Le modèle de développement de l’économie marocaine s’est articulé autour de deux piliers. En effet, selon le Pr Akesbi, «le premier consiste à faire du secteur privé le véritable moteur du développement en termes d’initiative, de création et d’innovation, d’investissement, etc. Le second mise sur les vertus d’une bonne insertion dans l’économie mondiale et sur sa capacité à tirer les taux de croissance vers le haut».

    Il ajoute que malheureusement, «ce modèle a échoué». «Le roi en a fait le constat dans des discours officiels en 2014 et 2017, lors desquels il a fait le constat que ce modèle s’est avéré « inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale »».

    Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, «le Maroc a opté pour une réponse par un confinement sanitaire, introduit le 20 mars 2020», rappelle Najib Akesbi.

    «Cet arrêt brutal de toute activité a provoqué une chute massive de la production, étendue aux secteurs de l’industrie, du commerce, en passant par le transport, le tourisme, la restauration, les spectacles et loisirs», avance-t-il. «Les autorités ont mis en place un système de soutien aux plus démunis en leur octroyant entre 800 et 1.200 dirhams selon la taille des ménages».
    «Pas moins de 5,5 millions de chefs de famille s’étaient enregistrés. Si l’on prend la moyenne de 4,6 personnes par ménage, selon le recensement de la population de 2014, on atteint le chiffre de 25,5 millions de personnes, soit près de 70% de la population», déplore-t-il.

    Comparaison et conclusion

    Concernant la question de la production de voitures, de pièces pour l’aéronautique et d’autres industries en place au Maroc dans le cadre de partenariats avec des étrangers, le Pr Akesbi indique que «ces investissements ont été accomplis dans une logique qui relève uniquement des opérateurs étrangers et non d’une vision stratégique de l’État marocain […]. Demain, si ces partenaires décident de quitter le Maroc, tous ces secteurs tomberont en ruine dans les semaines qui suivront leur départ».

    Enfin, le spécialiste juge que «les deux pays ont beaucoup à faire sur les plans de la gouvernance, des réformes structurelles et de la rénovation de leur système politique. Entre l’Algérie, qui a une économie rentière dépendante du pétrole, et le Maroc, dont la croissance dépend de la pluviométrie et où la valeur ajoutée des secteurs dits productifs est insuffisante et dépend pour plus de la moitié de l’importation, chaque pays doit affronter ses propres difficultés souvent aigues».

    «En termes de modèle de développement économique, tout reste à faire dans les deux pays», conclut-il.Sputnik France, 30 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, PIB, économie, FMI, Maghreb, croissance, budget, finances,

  • 25 pays pauvres consacrent plus d’argent au remboursement de la dette qu’aux budgets de l’éducation, de la santé et de la protection sociale

    25 pays pauvres consacrent plus d’argent au remboursement de la dette qu’aux budgets de l’éducation, de la santé et de la protection sociale

    Mais le problème n’est pas propre à ces 25 nations. La pandémie de COVID-19 a exacerbé le risque d’une crise de la dette pour d’autres nations. L’agence pour l’enfance prévient que les enfants n’ont aucune chance d’échapper à la pauvreté et d’améliorer leurs conditions de vie dans ces nations, et appelle à l’allègement et à la restructuration de la dette pour parvenir à un développement durable et inclusif. L’Équateur restructure sa dette à un coût social élevé.

    Un nouveau rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) indique que 25 pays, toutes régions confondues, ont alloué des allocations budgétaires plus importantes au service de la dette qu’à l’éducation, la santé et la protection sociale réunies en 2019.

    Le document, publié jeudi, explique que, même avant la pandémie, ces pays (environ un sur huit) étaient déjà accablés par la pauvreté et que leurs enfants souffraient déjà de grandes privations et de l’absence de perspectives d’un avenir meilleur.

    Le directeur général de l’UNICEF a fait remarquer que les enfants des pays fortement endettés et disposant de ressources limitées pour les programmes sociaux n’ont aucune chance d’échapper à la pauvreté et de laisser les privations derrière eux.

    « Les coûts personnels et publics sont énormes, laissant les enfants, leurs communautés et leurs pays avec peu d’espoir de développement économique et social durable », a déclaré Henrietta Fore.

    Le Tchad, la Gambie, Haïti et le Sud-Soudan figurent parmi les pays où le service de la dette est le plus élevé, dépensant au moins trois dollars par jour pour chaque dollar consacré aux services sociaux de base.

    Pays à revenu faible ou intermédiaire

    Mais le problème n’est pas propre à ces 25 nations. La pandémie de COVID-19 a exacerbé le risque d’une crise de la dette pour les pays à revenu faible et intermédiaire qui s’est accrue depuis la crise financière mondiale de 2008. Les données du Fonds monétaire international montrent qu’un quart d’entre eux, où vivent 200 millions d’enfants, sont déjà endettés ou présentent un risque élevé d’endettement.

    En réponse à l’urgence économique résultant de la pandémie, les pays du G20 ont convenu d’une initiative de suspension du service de la dette pour la période d’avril 2020 à juin 2021, mais jusqu’à présent, seul un tiers des pays éligibles au programme – 46 nations – y participent.

    Catastrophe éducative

    L’une des plus grandes catastrophes provoquées par la pandémie de coronavirus concerne le secteur de l’éducation, où la réduction des dépenses, associée aux besoins pressants des familles et au manque de ressources, a exposé des millions d’élèves de tous âges au risque d’abandon scolaire, au travail et au mariage des enfants.

    L’UNICEF n’a cessé d’avertir que le monde court le risque de perdre une génération entière, ce qui, outre l’impact négatif sur les enfants et les jeunes pris individuellement, freinerait le développement national de chaque pays et plongerait davantage de personnes dans la pauvreté.

    « La pandémie a provoqué une catastrophe éducative mondiale à laquelle il faut absolument remédier pour éviter que la génération COVID-19 ne devienne une génération perdue. Cependant, en raison de l’urgence et du fardeau de la dette auquel les pays sont confrontés, nous assistons déjà à une contraction des budgets de l’éducation à un moment où les pays doivent investir dans l’amélioration des écoles et des systèmes éducatifs », a déclaré Mme Fore.

    Selon le rapport, les pays endettés ont également réduit les dépenses dans des secteurs tels que la protection de l’enfance, la nutrition et les services d’eau, d’assainissement et d’hygiène.

    Une nouvelle architecture de la dette

    Dans ce contexte, l’UNICEF appelle à une restructuration de l’architecture de la dette internationale qui tienne compte des besoins des pays à revenu faible et intermédiaire afin de protéger les droits des enfants au lendemain de la crise du COVID-19.

    Le Fonds des Nations unies souligne qu’une telle restructuration devrait inclure un soutien accru et des conditions concessionnelles pour les pays pauvres les plus lourdement endettés, ainsi qu’une plus grande transparence de la dette dans le cadre des plans budgétaires nationaux. Elle appelle également à une action coordonnée des créanciers pour convertir la dette en investissements qui profitent aux enfants.

    « Un allègement et une restructuration complets de la dette sont essentiels pour garantir une reprise inclusive et durable, afin que les enfants n’aient pas à supporter le double fardeau d’une réduction des services sociaux aujourd’hui et d’une augmentation de la dette à l’avenir », a souligné Mme Fore, ajoutant qu’il est essentiel que les agences internationales, les créanciers et les gouvernements nationaux agissent ensemble pour réduire le fardeau de la dette et diriger les économies vers des investissements sociaux qui incluent tout le monde.

    Amérique Latine

    L’étude de l’UNICEF indique que si les pays pauvres sont désormais couverts par la suspension du service de la dette, les pays à revenu intermédiaire ont continué à rembourser au moins un tiers de leur dette extérieure pendant la durée de la pandémie. En conséquence, le service de la dette en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) est le plus élevé dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, suivis des pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale.

    Les pays d’Amérique latine et des Caraïbes paient en moyenne plus de 1,5 fois plus de service de la dette en pourcentage du PIB que les pays d’Afrique subsaharienne.

    Coût social de la restructuration de la dette en Équateur
    Aux dettes nationales s’ajoute dans de nombreux pays l’endettement privé des entreprises et des familles, ce qui accroît le risque de débâcle. L’Équateur est l’un des pays dans cette situation.

    En mars 2020, le Congrès équatorien a demandé au gouvernement de suspendre le remboursement de la dette afin d’allouer ces ressources à la réponse à la pandémie. En conséquence, en avril de la même année, l’Équateur a demandé un report de quatre mois du paiement de 800 millions de dollars d’intérêts et a exprimé son intention de restructurer la dette.

    Bien qu’une réduction du service de la dette à court terme ait été obtenue, les conditions imposées comprenaient des objectifs de consolidation des dépenses publiques qui ont entraîné des réductions de dépenses de 4 milliards de dollars et une réduction des heures de travail et des salaires des employés du gouvernement.

    L’UNICEF Equateur a également signalé des coupes dans le budget des services aux enfants pendant le COVID-19 dans tous les secteurs : nutrition, protection sociale, santé et éducation.

    Noticias ONU, 1 avr 2021

    Etiquettes : Pauvreté, pays pauvres, dette, endettement, remboursement, budget, éducation, services sociaux, sécurité sociale, famine, sous-développement, Afrique, Amérique latine, Caraïbes, Moyen-Orient, Asie centrale, Afrique, UNICEF, Tchad, Gambie, Haïti, Soudan du Sud,