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  • Burkina Faso: Compaoré « demande pardon » à la famille de Sankara

    Burkina Faso, Thomas Sankara, Blaise Compaoré,

    L’ancien président burkinabè Blaise Compaoré, condamné par contumace à perpétuité pour l’assassinat en 1987 de son prédécesseur Thomas Sankara, a « demandé pardon », à la famille de ce dernier mardi, dans un message à ses compatriotes.

    « Je demande pardon au peuple burkinabè pour tous les actes que j’ai pu commettre durant mon magistère et plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Sankara », indique ce message lu par le porte-parole du gouvernement burkinabè Lionel Bilgo.

    « J’assume et déplore du fond du cœur, toutes les souffrances et les drames vécus par toutes les victimes durant mes mandats à la tête du pays et demande à leurs familles de m’accorder leur pardon », poursuit l’ancien chef de l’État.

    Blaise Compaoré, 71 ans, était arrivé au pouvoir en 1987 à la faveur d’un putsch qui avait coûté la vie au président d’alors, Thomas Sankara. En avril, il a été condamné par contumace à la prison à perpétuité pour son rôle dans cet assassinat.

    Renversé par la rue en 2014, Blaise Compaoré vit depuis en Côte d’Ivoire, mais il a pu faire un bref retour de quelques jours dans son pays, début juillet, sans être arrêté. Il était invité par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, actuel président de transition arrivé au pouvoir lors d’un coup d’État en janvier, dans le but de « sceller la réconciliation nationale » face aux attaques jihadistes qui endeuillent le pays.

    Après avoir rencontré le nouvel homme fort du pays, il était apparu amaigri à ses côtés. Exprimant « sa profonde reconnaissance » aux autorités de transition il a appelé dans son message les Burkinabè « à une union sacrée, à la tolérance, à la retenue, mais surtout au pardon pour que prévale l’intérêt supérieur de la Nation ».

    Sa visite en juillet avait suscité une pluie de critiques au sein de la classe politique et de la société civile qui estimaient que la réconciliation ne devait pas être synonyme d’impunité.

    Euronews, 26/07/2022

    #Burkina_Faso #Thomas_Sankara #Blaise_Compaoré

  • Le Sahel a besoin d’une coordination africaine et des partenaires

    Le Sahel a besoin d’une coordination africaine et des partenaires

    Chidi Blyden, Etats-Unis, Sahel, Afrique, Etat Islamique, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso,

    Blyden déclare que les problèmes du Sahel nécessitent une coordination africaine et des partenaires

    L’Afrique est un continent immense et complexe. Ses problèmes sont tels qu’il faudra que les nations africaines travaillent avec d’autres pays partenaires pour résoudre les problèmes complexes qui l’assaillent, a déclaré Chidi Blyden, sous-secrétaire adjoint du ministère de la Défense pour les affaires africaines, à la commission sénatoriale des relations étrangères.

    Blyden a témoigné aux côtés de représentants du Département d’État et de l’Agence américaine pour le développement international. Le trio a souligné la nécessité pour les trois entités de travailler ensemble et de travailler avec des partenaires africains pour accomplir la stratégie américaine.

    L’audience a porté spécifiquement sur la région du Sahel en Afrique – une large bande qui s’étend entre le sud du désert du Sahara et les terres de savane au sud. Il abrite certains des pays les plus pauvres du monde et la sécurité est précaire dans les nations, certains souffrant de coups d’État militaires.

    La stratégie de défense nationale des États-Unis définit trois priorités en matière de sécurité en Afrique : lutter contre les organisations extrémistes violentes ; renforcer les alliés et les partenaires pour soutenir les objectifs de sécurité mutuels ; et répondre aux problèmes de concurrence stratégique ciblés qui présentent un risque militaire pour les États-Unis.

    « Au Sahel, ces trois priorités se recoupent d’une manière qui nécessite non seulement une approche intégrée, mais une approche pangouvernementale », a déclaré Blyden. « Au cours des six derniers mois, nous avons vu que l’intersection de ces trois défis au Sahel a entraîné des coups d’État militaires et des transitions politiques constitutionnelles, un recul démocratique en Afrique de l’Ouest, la propagation inhérente des VEO et une augmentation exponentielle de leurs attaques. « 

    Elle a noté que le groupe russe de mercenaires Wagner est actif dans la région. « Ces défis transcendent les frontières nationales et nécessitent donc une approche régionale coordonnée », a-t-elle déclaré. « A ce titre, il nous incomberait de les aborder avec nos partenaires africains ».

    Les groupes extrémistes exploitent les vides de pouvoir, l’instabilité, les tensions locales et la faiblesse des institutions gouvernementales et des pratiques de gouvernance, a-t-elle déclaré. « Ces groupes compromettent la stabilité, la démocratie et la paix, ce qui offre en outre des opportunités à l’extrémisme de proliférer, créant une boucle de rétroaction vicieuse alimentée par un manque de bonne gouvernance et de responsabilité en matière de droits de l’homme », a déclaré Blyden. « Lorsque les gouvernements luttent pour maintenir la sécurité, fournir des services essentiels, faire respecter les principes humanitaires ou même offrir des opportunités économiques et des environnements de conflit, les conditions sont réunies pour que les VEO exploitent et attirent les populations marginalisées vulnérables et non protégées. »

    Ces groupes terroristes utilisent le trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains pour se financer.

    Blyden a déclaré qu’il y avait plus d’une douzaine d’affiliés/cellules actifs de l’État islamique et d’Al-Qaïda en Afrique, qui s’étendaient « du Sahel au bassin du lac Tchad, de la Somalie à [la République démocratique du Congo] ».

    Ces groupes présentent un danger pour les autres nations d’Afrique, y compris celles d’Afrique de l’Ouest. « Le DOD travaille en étroite collaboration avec [le Département d’État et] l’USAID pour développer des programmes pour les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest dans le cadre de la loi sur la fragilité mondiale, … et de la stratégie américaine de prévention des conflits et de promotion de la stabilité », a-t-elle déclaré.

    Un groupe de personnes descend les marches.

    Mais toute solution dans la région doit être une solution africaine. « Nous devons intégrer l’ensemble de notre approche au Sahel avec nos partenaires africains, sinon nous risquons de saper nos propres efforts et d’offrir des opportunités supplémentaires aux VEO et aux concurrents stratégiques d’accéder et d’influencer », a-t-elle déclaré.

    « Alors que le Tchad reste l’un des partenaires les plus capables de la région et que N’Djamena est le nouvel hôte du siège du G5 Sahel, la fin de la coopération américaine en matière de sécurité a affecté notre engagement bilatéral », a déclaré Blyden. « Alors que le Conseil militaire de transition travaille à un retour à un gouvernement démocratiquement élu et dirigé par des civils, nous restons déterminés à soutenir le peuple tchadien. Le Tchad était l’un des six seuls pays du continent africain à approuver la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Le Tchad est confronté à des menaces terroristes, à des crises humanitaires et à l’influence malveillante de la Russie dans sa propre région. Les États-Unis ont le potentiel de fournir une coopération significative en matière de sécurité pour former les services militaires et civils du Tchad, en particulier compte tenu de son rôle de contributeur de troupes à l’ONU et à la paix régionale. opérations. »

    Les États-Unis ne sont pas le seul pays à pouvoir travailler avec les nations de la région. « Nous encourageons nos alliés européens et nos partenaires africains opérant au Sahel à adopter une approche similaire à… la stratégie du Sahel, une approche qui recherche des solutions intégrées à l’ensemble du gouvernement et dirigées par les Africains », a-t-elle déclaré. « Nous estimons que l’action militaire unilatérale est insuffisante pour faire face à l’ampleur des menaces auxquelles nous sommes confrontés sur le continent. Et bien que le continent regorge de nouvelles initiatives, il bénéficierait vraiment de la gestion de la communauté internationale pour soutenir nos partenaires et leurs efforts soutenus localement. . »

    Le rôle des États-Unis est de permettre aux partenaires africains de réussir à créer et à maintenir leur propre sécurité. Les nations doivent « s’approprier » leur sécurité, a-t-elle déclaré. « La meilleure façon de les aider à s’approprier leur propre sécurité est de leur permettre de diriger l’élaboration de notre soutien à leurs efforts », a-t-elle déclaré.

    L’Afrique est aussi une scène de compétition stratégique. La Russie et la Chine voient le potentiel stratégique du continent. La Chine consacre de l’argent et du temps à cultiver les nations africaines. « Dans le cadre de son engagement, la Russie et la RPC fournissent régulièrement des articles d’entraînement et de défense aux nations africaines », a déclaré Blyden. « Alors que nos partenaires africains ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils préféraient nos articles d’entraînement et de défense, ils se tournent vers nos concurrents lorsque nous ne répondons pas à leurs demandes. Nous devons travailler pour être plus réactifs et plus présents si nous voulons réussir dans ce domaine. « 

    Département de Défense USA, 12/07/2022

    #Sahel #Mali #Russie #Chine #

  • Pourquoi L’UA n’a pas réussi à « faire taire les armes »

    Union Africaine, conflits, Grands Lacs, Mali, Corne de l’Afrique, Tchad, Niger, Burkina Faso, Nigeria,

    Il y a sept ans, les dirigeants africains se sont engagés à oeuvrer pour mettre fin aux conflits armés. Alors qu’ils célébraient le 50e anniversaire de la fondation de l’Union africaine, ils ont juré d’assurer une paix durable sur le continent. Ils se sont engagés à ne pas léguer le fardeau des conflits à la prochaine génération d’Africains.

    L’engagement a été suivi par l’adoption en 2016 de la feuille de route de Lusaka pour mettre fin au conflit d’ici 2020. Le document décrivait 54 mesures pratiques à prendre. Ils se sont concentrés sur des questions politiques, économiques, sociales, environnementales et juridiques. Ils allaient du financement adéquat de la Force africaine en attente pour le déploiement à l’interdiction pour les rebelles ou les insurgés et leurs partisans d’accéder aux armes. D’autres mesures comprenaient la lutte contre la traite des êtres humains, la corruption et les flux financiers illicites.

    Au moment de la déclaration, l’Afrique avait des niveaux de conflit disproportionnellement élevés. Les acteurs étatiques et non étatiques en Afrique ont mené environ 630 conflits armés entre 1990 et 2015 . Les conflits orchestrés par des acteurs non étatiques représentaient plus de 75 % des conflits dans le monde.

    Les efforts pour « faire taire les armes » ont été singulièrement inefficaces. Depuis la signature de l’engagement, les conflits en Afrique ont augmenté .

    L’une des raisons de cet échec est que l’objectif de 2020 était trop ambitieux compte tenu du nombre de conflits sur le continent. La deuxième raison est que beaucoup sont internes, résultant des griefs que les citoyens ont avec leurs gouvernements. Cette dynamique interne semble avoir été ignorée dès le départ.
    Pour faire des progrès, l’Union africaine doit le reconnaître et concevoir des solutions aux conflits fondées sur la nécessité de protéger les droits de l’homme. L’organisme continental devrait être habilité à agir contre toute partie qui viole les valeurs fondamentales centrées sur la dignité humaine.

    Théâtre du conflit

    Les conflits les plus importants menés par des acteurs non étatiques comprennent les insurrections séparatistes et djihadistes touaregs au Mali, Boko Haram dans le nord du Nigéria, les insurrections djihadistes et de milices au Burkina Faso, al-Shabaab en Somalie et la guerre ethnique en République centrafricaine.

    Les guerres civiles les plus notables sont celles de la Libye, du Soudan du Sud et celle menée par les séparatistes anglophones d’Ambazonie au Cameroun.

    La plupart des conflits sont généralement centrés sur ces zones :

    Région du Sahel , comprenant le Mali, le Burkina Faso, le nord du Nigeria, le Tchad, le Soudan et l’Erythrée
    Région du lac Tchad , y compris le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigeria
    Corne de l’Afrique , y compris la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud et le Kenya, et
    Région des Grands Lacs , notamment le Burundi, la République Démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et l’Ouganda.

    Bien que nationaux, la plupart de ces conflits ont tendance à être transfrontaliers . Ils menacent la stabilité interétatique et régionale. Par exemple, al-Shabaab en Somalie exploite les frontières poreuses pour mener des attaques meurtrières au Kenya.

    La plupart des conflits en Afrique sont également de plus en plus caractérisés par l’extrémisme violent. Le conflit émergent dans la province de Cabo Delgado au Mozambique entre dans cette catégorie.

    Conflit éternel, paix insaisissable

    L’Union africaine a mis l’accent sur la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique , notamment dans son Agenda 2063 adopté en 2015.

    Mais la paix et la sécurité continuent d’échapper au continent. Certains conflits font rage depuis des décennies. Il s’agit notamment des combats au Sahara occidental , du conflit dans la région du Maghreb impliquant Al-Qaïda au Maghreb islamique , de la guerre civile somalienne et des insurrections des Forces démocratiques alliées et de l’Armée de résistance du Seigneur en Ouganda et en RDC.

    Il y a dix-huit ans, l’Union africaine a modifié son Acte constitutif , lui permettant d’intervenir dans les affaires intérieures des États membres. Néanmoins, il a été réticent à le faire. Par exemple, il est aux abonnés absents alors que des conflits sanglants s’intensifient au Cameroun et en Libye .

    Il y a eu une exception notable : le refus de l’organisation d’approuver le coup d’État au Soudan et la suspension de l’adhésion du pays en juin 2019. Cela devrait être la norme.

    Mais cela a mis en évidence les doubles standards de l’UA. Il a tacitement approuvé les coups d’État en Égypte en 2013 et au Zimbabwe en 2017.

    Bien qu’il ait suspendu l’ Égypte après le coup d’État dirigé par Abdel Fattah El-Sisi, il a ensuite rétabli son adhésion en 2014 et a ensuite fait du président El-Sisi son président par rotation en 2019. Cela allait à l’encontre de sa propre règle qui interdit aux putschistes de occupant des fonctions politiques.

    L’organisation n’a jamais suspendu le Zimbabwe pour le coup d’État qui a mis fin à la présidence despotique de Robert Mugabe. Il ne s’est pas prononcé non plus contre le fait que le général Constantino Chiwenga , le chef du coup d’État, devienne vice-président .

    Un autre exemple d’échec a été en Libye, où l’UA semble se tordre les mains alors que le conflit meurtrier s’intensifie et que des acteurs extérieurs en font leur théâtre de guerre. Il s’agit notamment de la Turquie , de l’Égypte, de la Russie et des Émirats arabes unis.

    La présence de forces militaires étrangères sur le continent est préoccupante au-delà du conflit libyen. Le nombre croissant a été reconnu par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine comme un problème.

    Les chiffres augmentent via des accords bilatéraux entre les États africains et les gouvernements étrangers.

    Les pays africains gagnent économiquement à accueillir des bases militaires étrangères. Djibouti, par exemple, gagne environ 63 millions de dollars par an des États-Unis et 20 millions de dollars par an de la Chine en louant des parties de son territoire pour leurs bases militaires. Il abrite également des bases militaires britanniques, françaises, allemandes, italiennes, japonaises et espagnoles.

    Les acteurs étrangers s’installent en Afrique pour protéger leurs intérêts économiques et pour des raisons stratégiques . Djibouti, par exemple, est stratégiquement proche du Moyen-Orient et de la mer Rouge.

    Des solutions crédibles

    L’Union africaine devrait revoir son Acte constitutif pour aborder les principes qui limitent sa capacité à intervenir dans les conflits sur les territoires des États membres. Cela ouvrira la voie à l’élaboration d’une législation, de politiques, d’institutions et de mécanismes solides pour la stabilité à long terme dans ces pays.

    Ensuite, l’organisation devrait travailler par l’intermédiaire des communautés économiques régionales et des personnes à la base pour mettre fin au conflit. Ses huit régions reconnues devraient imiter les succès de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest .

    Le bloc régional donne parfois des alertes précoces sur les conflits qui se préparent dans les États membres. Il a également fourni un soutien militaire et aidé à réformer le secteur de la sécurité en Sierra Leone , en Gambie et au Libéria . Il a également contribué à la reconstruction post-conflit dans ces pays.

    Notamment, son intervention militaire en Gambie a forcé le despotique Yahya Jammeh à quitter ses fonctions début 2017, après avoir perdu les élections présidentielles.

    Les gens ordinaires peuvent également fournir des informations vitales aux systèmes d’alerte précoce. Il est donc impératif de mettre en place des mesures à long terme, centrées sur les personnes, innovantes et inclusives pour promouvoir la paix. Ces solutions ascendantes, basées sur une connaissance intime des territoires, sont la clé du succès.

    Enfin, la question des forces militaires étrangères sur le continent. Ici, l’Union africaine n’a aucun contrôle sur leur présence croissante, car ils passent par des accords bilatéraux entre les États membres et les puissances étrangères. Néanmoins, l’Union africaine devrait travailler à travers ses organisations régionales pour jouer un rôle dans ces décisions.

    Il y a un précédent : la Communauté de développement de l’Afrique australe sous la présidence de feu le président zambien Levy Mwanawasa s’est opposée à l’implantation d’une base américaine dans la région. L’Afrique australe a ensuite créé sa propre brigade militaire régionale à la place.

    Chris Changwe Nshimbi reçoit des financements de la Commission européenne (Erasmus+), du Department of Science and Technology/National Research Foundation (DST/NRF, Afrique du Sud), de la Fondation Friedrich Ebert (FES).

    Cette pièce est apparue pour la première fois sur The Conversation

    The Conversation est financée par la National Research Foundation, huit universités, dont la Cape Peninsula University of Technology, l’Université de Rhodes, l’Université de Stellenbosch et les universités du Cap, de Johannesburg, du Kwa-Zulu Natal, de Pretoria et d’Afrique du Sud. Il est hébergé par les universités du Witwatersrand et du Western Cape, le Centre africain de recherche sur la population et la santé et l’Académie nigériane des sciences. La Fondation Bill & Melinda Gates est un partenaire stratégique.

    Daily Trust, 08 jui 2022

    #Afrique #Union_Africaine #Conflits

  • Afrique de l’Ouest et le Sahel : Briefing et consultations

    Afrique de l’Ouest et le Sahel : Briefing et consultations

    Sahel, Mali, Burkina Faso, Tchad, Niger, OWAS, CCP, UNOWAS,

    Demain (7 juillet), le Conseil de sécurité tiendra un briefing et des consultations sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Le Représentant spécial et chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), Mahamat Saleh Annadif, fera un exposé. Le président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), l’ambassadeur Rabab Fatima (Bangladesh), et un représentant de la Coalition populaire pour le Sahel, une alliance d’organisations de la société civile basées au Sahel, devraient également faire un exposé. Le Ghana et l’Irlande, les co-titulaires du OWAS, prévoient de proposer une déclaration présidentielle à l’occasion de cette réunion.

    Annadif présentera le dernier rapport du Secrétaire général sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, qui couvre la période du 22 décembre 2021 au 22 juin. La région a connu une recrudescence des coups d’État, notamment des prises de pouvoir militaires au Tchad, en Guinée et au Mali en 2020 et 2021. Dans un contexte d’aggravation de la violence djihadiste, le Burkina Faso est devenu le dernier pays à connaître un coup d’État, lorsque des soldats ont renversé le président Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier. Quelques jours plus tard, le 1er février, une tentative de coup d’État en Guinée-Bissau a été déjouée après une fusillade au palais présidentiel, qui aurait fait 11 morts et incité la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à déployer une mission de stabilisation dans le pays.

    Lors de la session de demain, l’Annadif devrait rendre compte des décisions que la CEDEAO – qui dirige les efforts internationaux visant à rétablir l’ordre constitutionnel au Burkina Faso, en Guinée et au Mali – a prises le week-end dernier lors d’un sommet des dirigeants ouest-africains à Accra, au Ghana. La CEDEAO a décidé de lever les sanctions économiques et financières que le bloc régional avait imposées au Mali le 9 janvier, tout en maintenant les sanctions de gel des avoirs et d’interdiction de voyager établies en novembre 2021 à l’encontre des personnes appartenant aux autorités de transition. En levant les sanctions économiques plus larges, qui comprenaient la fermeture des frontières terrestres de la CEDEAO avec le Mali, la CEDEAO a cité la soumission par les autorités maliennes d’un nouveau calendrier pour la tenue d’élections visant à rétablir un régime civil d’ici le 29 mars 2024. La CEDEAO a rejeté une prolongation de deux ans en mars, mais les discussions sur un calendrier plus court sont au point mort. Entre-temps, en représailles aux sanctions, le Mali bloque depuis février la rotation de 2400 casques bleus de plusieurs contingents ouest-africains de la mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies au Mali (MINUSMA).

    Lors du sommet de ce week-end, la CEDEAO a également accepté le nouveau calendrier proposé par le Burkina Faso pour une transition de 24 mois, à compter du 1er juillet. Le bloc régional continue cependant de rejeter le calendrier de trois ans proposé par la Guinée, et a menacé de sanctions supplémentaires si un calendrier acceptable n’est pas élaboré d’ici le 1er août.

    Dans une déclaration hier (5 juillet), le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a salué les décisions de la CEDEAO concernant le Mali, se disant encouragé par les récentes mesures prises par les autorités pour conclure la transition d’ici mars 2024 « au plus tard ». Les membres du Conseil pourraient également exprimer leur soutien à la CEDEAO lors de la réunion de demain. Les membres pourraient rappeler, comme la CEDEAO l’a souligné dans son communiqué publié à l’issue du sommet de ce week-end, qu’aucun membre des autorités de transition du Mali ne peut se présenter aux prochaines élections.

    M. Annadif devrait faire le point sur l’évolution de la situation sécuritaire dans la région. Le centre du Sahel reste l’épicentre de la violence des groupes affiliés à Al-Qaida et à l’État islamique dans le Grand Sahara. Rien qu’au cours des dernières semaines, les attaques de groupes terroristes ont tué au moins 89 personnes dans la ville burkinabé de Seytenga le 11 juin, et au moins 132 civils dans trois villages du district de Bankass au Mali les 18 et 19 juin. Comme le décrit le rapport du Secrétaire général, il existe un risque croissant de propagation du terrorisme et de l’extrémisme violent aux États côtiers d’Afrique de l’Ouest, comme l’ont montré ces derniers mois les attaques perpétrées dans le nord du Bénin et du Togo. Le Nigeria est également confronté à la violence persistante de Boko Haram et de groupes dissidents dans le bassin du lac Tchad, tandis que le banditisme armé dans les États du nord-ouest et du centre-nord du Nigeria a entraîné la mort de 1 600 personnes entre janvier et mai.

    Security Council Report, 06 jui 2022

    #Sahel #Mali #BurkinaFaso #Tchad #Niger #ONU

  • L’héritage du colonialisme français en Afrique

    L’héritage du colonialisme français en Afrique

    France, Afrique, Françafrique, colonialisme, Franc CFA, FCFA, Sénégal, Guinée, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Algérie,

    Halim Gençoğlu

    Pendant près d’un siècle et demi, la France a maintenu un important empire colonial en Afrique, s’étendant du Maghreb aux régions subsahariennes occidentales et centrales. Bien que le régime direct ait pris fin au début des années 1960, l’influence française sur ses anciennes possessions s’est poursuivie. Par des relations politiques, économiques et culturelles, la France a tenté de maintenir une position hégémonique en Afrique francophone, à la fois pour servir ses intérêts et maintenir un dernier bastion de prestige associé à un héritage de maîtrise passée. Cependant, ces relations conservent-elles un caractère essentiellement colonialiste ? Pour le déterminer, analysons d’abord brièvement les principales raisons de l’expansion impériale de la France ; sa « mission de civiliser ». Nous explorerons ensuite les relations plus récentes et existantes de la France avec ses anciennes possessions et conclurons.

    L’héritage français en Afrique

    Des informations générales sur la domination coloniale française en Afrique peuvent être trouvées dans des ouvrages traitant de l’impérialisme français dans son ensemble, dans des histoires régionales ou nationales spécifiques, ainsi que dans des études générales et comparatives du colonialisme européen en Afrique. (I)

    La présence française en Afrique remonte au XVIIe siècle, mais la principale période d’expansion coloniale se situe au XIXe siècle avec l’invasion de l’Alger ottoman en 1830, les conquêtes en Afrique occidentale et équatoriale lors de la soi-disant ruée vers l’Afrique et la mise en place de protectorats. en Tunisie et au Maroc dans les décennies précédant la Première Guerre mondiale. iiA ceux-ci s’ajoutent des parties du Togo et du Cameroun allemands, attribués à la France en tant que mandats de la Société des Nations après la guerre. En 1930, l’Afrique coloniale française englobait les vastes confédérations de l’Afrique occidentale française et de l’Afrique équatoriale française, le Maghreb occidental, les îles de l’océan Indien de Madagascar, de la Réunion et des Comores, et Djibouti dans la Corne de l’Afrique. Au sein de cet empire africain, les territoires d’Afrique subsaharienne étaient traités principalement comme des colonies à exploiter, tandis qu’un modèle colonial de colons guidait les efforts de colonisation au Maghreb, même si seule l’Algérie attirait des immigrants européens.

    Dans toute l’Afrique, la domination française a été caractérisée par de fortes contradictions entre un engagement rhétorique en faveur de la « civilisation » des peuples autochtones par le biais de réformes culturelles, politiques et économiques, et les dures réalités de la conquête violente, de l’exploitation économique, l’inégalité juridique et la perturbation socioculturelle. Dans le même temps, la domination française n’a jamais été aussi complète que le suggèrent les bandes bleues unies sur les cartes de la « Grande France ».iiiComme dans tous les empires, les peuples colonisés de toute l’Afrique française ont développé des stratégies pour résister ou échapper à l’autorité française ou coopter la mission dite civilisatrice et faire face aux bouleversements de l’occupation. Après la Première Guerre mondiale, de nouvelles formes de contestation plus organisées ont émergé, alors que les réformateurs, les nationalistes et les syndicats formés en Occident faisaient pression par divers moyens pour une répartition plus équitable du pouvoir politique et administratif. Frustrées dans l’entre-deux-guerres, ces demandes de changement ont stimulé le processus de décolonisation après la Seconde Guerre mondiale. Les efforts des autorités françaises et de certains dirigeants africains pour remplacer la domination impériale par une organisation fédérale ont échoué et, à la suite d’un référendum constitutionnel de 1958, presque tous les territoires français d’Afrique subsaharienne ont revendiqué leur indépendance.

    En Afrique du nord, Les nationalistes tunisiens et marocains ont réussi à forcer les Français à négocier l’indépendance dans les années 1950, mais la décolonisation en Algérie, avec son million de colons européens, n’est intervenue qu’après une guerre prolongée et brutale qui a laissé de profondes cicatrices dans les deux États postcoloniaux. Bien que la domination française formelle en Afrique ait pris fin en 1962, les liens qu’elle a forgés continuent de façonner les relations entre la France et ses anciens territoires coloniaux à travers le continent.iv

    Influence française dans la politique africaine au cours des dernières décennies

    La France a raison de chercher à améliorer son image en Afrique. Le ressentiment s’est accumulé en raison de l’ingérence politique et des interventions armées, notamment l’héritage du génocide rwandais de 1994. Les forces françaises ont facilité la formation et l’expansion des Forces armées rwandaises de 1990 à 1993 et ​​ont fourni d’énormes cargaisons d’armes. v Bien que la stabilisation ait été la principale motivation, la France a effectivement, sans le savoir, aidé à militariser le Rwanda avant un massacre pré-planifié. Le choc suscité par ces événements et un chœur croissant de plaidoyers humanitaires dans la société civile française ont conduit les gouvernements récents à réformer les conditions de leur coopération et de leurs engagements militaires africains, comme indiqué ci-dessus. (vi)

    La France a accepté à l’amiable certains retraits, tels que le retrait de 1200 soldats et le transfert de la souveraineté de base au Sénégal en 2010, mais conserve toujours la volonté et la capacité d’intervenir, comme l’a démontré en Côte d’Ivoire lorsque les forces françaises, longtemps sur le théâtre sous la Force Licorne, a aidé à renverser Laurent Gbagbo – bien qu’avec l’approbation de l’ONU. (vii)

    En fin de compte, la France a utilisé avec succès sa présence sécuritaire depuis la décolonisation pour exercer une influence dans les pays où elle a des intérêts, en maintenant à la fois l’hégémonie régionale et sa vision de l’ordre et de la stabilité. Si cette force est encore puissante, les logiques stratégiques de maintien de présences substantielles s’affaiblissent et, outre la méfiance de l’opinion publique française et africaine, les initiatives récentes de l’Union africaine menacent également d’affaiblir davantage le réflexe interventionniste de la France, comme la création en 2004 du Conseil de la paix et le Conseil de sécurité et sa Force africaine en attente pour (soi-disant) permettre aux Africains de gérer leurs propres affaires. viiiLa France a également une présence militaire considérable en Afrique. Il dirige l’opération Barkhane contre les groupes islamistes dans la région du Sahel, dans laquelle environ 5 100 soldats de plusieurs pays sont impliqués. Selon le quotidien américain « New York Times », en 2007, près de la moitié des 12 000 casques bleus français étaient déployés en Afrique. Ces troupes ont à la fois des capacités militaires et consultatives ainsi que le soutien et la stabilisation des régimes des pays respectifs.

    En vingt ans, les colonies africaines de la France échappent à son contrôle, même si Charles de Gaulle perçoit encore « que la puissance mondiale française et la puissance française en Afrique sont inextricablement liées et se confirment mutuellement ». ix Bien que la Communauté franco-africaine de De Gaulle ait tenté de maintenir le système intact – notamment en menaçant de rompre le soutien français, comme une Guinée dissidente l’a découvert à ses dépens – les colonies africaines, déjà habituées à la souveraineté de facto sinon de jure grâce à l’accord de Defferre La loi-cadre déclare rapidement l’indépendance. XBien qu’une France étourdie ait largement accepté cela, nous assistons à des premières initiatives visant à maintenir les liens avec les anciennes colonies par le biais d’accords économiques et de sécurité, et on pourrait affirmer que l’éclatement des fédérations coloniales en leurs États constitutifs les a rendues plus dépendantes de la France qu’elles ne le feraient. ont été si unifié.  »La décolonisation n’a pas marqué la fin, mais plutôt une restructuration de la relation impériale » et on le voit en Françafrique ; les relations politiques, sécuritaires, économiques et culturelles qui, bien que quelque peu amoindries, subsistent aujourd’hui. (xii)

    De plus, « 60 ans plus tard, les pays francophones d’Afrique n’ont toujours pas une véritable indépendance et liberté vis-à-vis de la France », déclare Nathalie Yamb, conseillère du Parti de la liberté et de la démocratie de Côte d’Ivoire. « Même le contenu des manuels scolaires est souvent encore déterminé par la France », a-t-elle ajouté. Mais plus important encore, le système politique dans de nombreux pays a été introduit par la France. « Peu avant l’indépendance, la France a décidé d’abolir le système parlementaire dans certains pays comme la Côte d’Ivoire et d’introduire un régime présidentiel dans lequel tous les territoires et pouvoirs sont entre les mains du chef de l’Etat », a déclaré Yamb à DW. La raison étant que de cette manière, « une seule personne avec tout le pouvoir doit être manipulée ».

    La Françafrique, comme on appelle l’influence française dans les anciennes colonies, reste un fait, particulièrement irritant pour les jeunes,xii À partir des années 1980, de nombreux candidats présidentiels français ont annoncé leur intention de mettre fin à la Françafrique. Mais la promesse d’un nouveau départ entre la France et les États francophones est devenue un simple rituel, selon Ian Taylor, professeur de politique africaine à l’Université St. Andrews en Écosse. «Ils sortent des déclarations et ils veulent que cela change. Mais après quelques années, ils se rendent compte que les intérêts commerciaux et le type d’intérêts politiques sont toujours très forts et qu’il n’y a aucune volonté réelle de part et d’autre de rééquilibrer fondamentalement la relation », a déclaré Taylor. (xiii)

    Un coup d’Etat dans un autre pays colonisé par la France : la Guinée

    Restent inchangés, du moins pour le moment, cependant, les engagements africains comme ceux-ci qui remontent à l’indépendance il y a 36 ans. Outre le Gabon, les troupes françaises sont basées en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Sénégal, en République centrafricaine, au Tchad, à Djibouti et dans les îles de l’océan Indien de la Réunion et de Mayotte. Outre les pays où elle dispose de troupes, la France a des accords de coopération militaire avec la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Bénin, le Togo, la Guinée équatoriale, le Congo, le Zaïre, le Rwanda et le Burundi. xiv Le scepticisme s’est transformé en dérision lorsque le premier gouvernement démocratiquement élu du Niger est tombé face à un coup d’État militaire en février. À l’époque, la France, qui a un traité de défense avec le Niger, a déclaré qu’elle regrettait le développement mais qu’elle n’interviendrait pas. La même menace se produit dans d’autres pays africains comme la Guinée. (xv)

    Le 5 septembre, le président guinéen Alpha Condé a été capturé par les forces armées du pays lors d’un coup d’État après des coups de feu dans la capitale, Conakry. Le commandant des forces spéciales Mamady Doumbouya a diffusé une émission à la télévision d’État annonçant la dissolution de la constitution et du gouvernement. Après plusieurs décennies de régime autoritaire en Guinée, Condé a été le premier dirigeant démocratiquement élu du pays. Pendant son mandat, la Guinée a utilisé ses riches ressources naturelles pour améliorer l’économie, mais la majeure partie de la population du pays n’a pas ressenti ses effets. En 2020, Condé a modifié la constitution par référendum pour se permettre d’obtenir un troisième mandat, un changement controversé qui a suscité les manifestations guinéennes de 2019-2020. Au cours de la dernière année du deuxième mandat et de son troisième mandat, Condé a réprimé les manifestations et les candidats de l’opposition, dont certains sont morts en prison, tandis que le gouvernement s’efforçait de contenir la hausse des prix des produits de base. En août 2021, dans une tentative d’équilibrer le budget, la Guinée a annoncé des hausses d’impôts, réduit les dépenses de la police et de l’armée et augmenté le financement du bureau du président et de l’Assemblée nationale.(xvi)

    Le coup d’État a commencé le matin du 5 septembre, lorsque les forces armées de la République de Guinée ont encerclé le palais présidentiel de Sekhoutoureah et bouclé le district gouvernemental au sens large. Après une fusillade avec les forces pro-gouvernementales, les mutins, qui semblent être dirigés par Doumbouya, ont pris Condé en otage, ont annoncé la dissolution du gouvernement et de ses institutions, annulé la constitution et bouclé les frontières. Bien que les politiciens locaux ne se soient pas explicitement opposés ou soutenus au coup d’État, la prise de contrôle s’est heurtée à la désapprobation presque universelle des pays étrangers, qui ont appelé à l’arrêt du coup d’État, à la libération des prisonniers et au retour de l’ordre constitutionnel. La Guinée possède plus de quatre milliards de tonnes de minerai de fer à haute teneur inexploité, un tiers des réserves mondiales de bauxite qui sont utilisées pour fabriquer de l’aluminium, des quantités indéterminées d’uranium, de manganèse, de nickel, d’importantes réserves d’or et de diamants et des réserves potentielles de pétrole. La Guinée, pays d’Afrique de l’Ouest, est riche en ressources naturelles, mais des années de troubles et de mauvaise gestion en font l’un des pays les plus pauvres du monde. Il semble que le coup d’État de la Guinée expose la ruée vers les ressources dans la région.(xvii)

    Conclusion

    L’objectif principal de la colonisation de l’Afrique de l’Ouest était de transformer les pays d’Afrique de l’Ouest en un «État français». Cela veut dire changer leur mode de vie, faire du français la langue officielle et les faire se convertir au christianisme. La colonisation française a changé la culture africaine, mais aujourd’hui l’armée française garde son emprise sur les anciennes colonies africaines. Après 150 ans de colonisation française de la RCA (République centrafricaine), il n’y avait qu’une seule personne titulaire d’un doctorat lorsque le pays est devenu indépendant en 1960.

    La plupart des colonies françaises en Afrique sont encore sous la domination française et la culture d’assimilation. Leurs comparses sont les rois de la dictature « démocratique », c’est pourquoi ces gens fuient leurs foyers. De même, 14 pays africains sont toujours contraints par la France de payer une taxe coloniale pour les bénéfices de l’esclavage et de la colonisation : 80% des 10 pays ayant les taux d’alphabétisation les plus bas du monde chez les adultes se trouvent en Afrique francophone. La France continue de percevoir des loyers sur les immeubles coloniaux qu’elle a laissés dans ces pays. On estime que ces pays africains paient chaque année plus de 500 milliards de dollars de taxes coloniales à la France. Bref, jusqu’à ce que la France quitte l’Afrique, l’hégémonie économique et les coups d’État continueront.

    Notes:


    i Gençoğlu, Halim. 2020. Türk arşiv kaynaklarında Türkiye – Afrika, Turquie – Afrique dans les sources d’archives turques. Istanbul, SR Yayınevi.

    ii Cook, Steven A. 2007. Diriger mais ne pas gouverner : le développement militaire et politique en Égypte, en Algérie et en Turquie. Baltimore : presse universitaire Johns Hopkins.

    iii McDougall, James. 2017. Une histoire de l’Algérie. New York : Cambridge University Press,

    iv Ruedy, John. 2005. L’Algérie moderne : les origines et le développement d’une nation. Bloomington : Presse universitaire de l’Indiana.

    v McNulty 2000, p. 109-110.

    vi Allman, Jean Marie, Susan Geiger et Nakanyike Musisi. 2002. Les femmes dans les histoires coloniales africaines. Bloomington : Presse universitaire de l’Indiana.

    viiChafer, Tony. 2002. La fin de l’empire en Afrique occidentale française : la décolonisation réussie de la France ? Oxford : Berg.

    viiiWilliams 2009, p.614.

    ix Charbonneau 2008, p.281.

    x Voie maritime 2008, p.20-21

    xi Chafer cité dans Charbonneau 2008, p.281

    xii Holder Rich, Cynthia. 2011. Christianisme autochtone à Madagascar : le pouvoir de guérir en communauté. New York : Peter Lang.

    xiii Diakité, Penda et Baba Wagué Diakité. 2006. J’ai perdu ma dent en Afrique. New York : Presse scolaire.

    xiv Depuis son intervention de 1964 au Gabon, la France est intervenue militairement sur le continent tous les deux ans en moyenne. Paris a envoyé à plusieurs reprises des troupes au Tchad, envoyé des parachutistes pour sauver des ressortissants français et belges au Zaïre et aider à réprimer une insurrection là-bas, et a utilisé ses forces pour remplacer des dirigeants politiques en République centrafricaine. Voyez, Arnold, Guy. 2008. Dictionnaire historique des guerres civiles en Afrique. Lanham, Maryland : Scarecrow Press.

    xv Luckham, Robin. 1982. « Le militarisme français en Afrique ». Revue de l’économie politique africaine. (24): 55-84.

    xvi Tentative de coup d’État en Guinée : des soldats prétendent s’emparer du pouvoir d’Alpha Condé, https://www.bbc.com/news/world-africa-58453778 , consulté le 4 septembre 2021.

    xvii Gilbert M Khadiagala, Fritz Nganje. (2016) L’évolution de la promotion de la démocratie en Afrique du Sud : de l’idéalisme au pragmatisme. Cambridge Review of International Affairs 29:4, pages 1561-1581.

    L’historien Halim Gençoğlu est l’auteur de quatre livres et de plusieurs articles en études africaines. Il est né en Turquie en 1981. Après son baccalauréat en études historiques, il a obtenu sa deuxième maîtrise en études religieuses et ses études doctorales en langue et littérature hébraïques à l’Université de Cape Town. Le Dr Gençoğlu poursuit ses recherches universitaires en tant que boursier postdoctoral en études afro-asiatiques et personnel contractuel en études africaines à l’Université du Cap.

    United World, 13 sept 2021

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  • Thomas Sankara, l’homme intègre, le « Che » africain

    Thomas Sankara, l’homme intègre, le « Che » africain

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    Thomas Sankara était un « Peul-Mossi » issu d’une famille catholique. Son père était un ancien combattant et prisonnier de guerre de la Seconde Guerre mondiale. Il a fait ses études secondaires d’abord au Lycée Ouézin Coulibaly de Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays, puis à partir de la seconde et jusqu’au bac à Ouagadougou, au PKM, le Prytanée militaire du Kadiogo. Il a suivi une formation d’officier à l’Académie militaire d’Antsirabé, à Madagascar, et devint en 1976 commandant du CNEC, le Centre national d’entraînement commando, situé à Pô, dans la province du Nahouri, à 150 km au sud de la capitale. La même année, il se lie d’amitié avec Blaise Compaoré lors d’un stage d’aguerrissement au Maroc. Ensemble, ils fondent le Regroupement des officiers communistes (ROC) dont les autres membres les plus connus sont Henri Zongo, Boukary Kabore et Jean-Baptiste Lingani.

    En septembre 1981, il devient secrétaire d’État à l’information dans le gouvernement du colonel Saye Zerb. Il démissionne le 21 avril 1982, déclarant « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ! » Le 7 novembre 1982, un nouveau coup d’État portait au pouvoir le médecin militaire Jean-Baptiste Ouédraogo dont Sankara devint le Premier ministre en janvier 1983, mais il fut limogé et mis aux arrêts le 17 mai, après une visite de Guy Penne, conseiller de François Mitterrand. Le lien entre la visite de Guy Penne et l’arrestation de Sankara reste sujet à controverse, même si les soupçons d’une intervention française restent forts.

    Un nouveau coup d’État, le 4 août 1983 plaça Thomas Sankara à la présidence. Il définit son programme comme anti-impérialiste, en particulier dans son « Discours d’orientation politique », écrit par Valère Somé. Son gouvernement retira aux chefs traditionnels les pouvoirs féodaux qu’ils continuaient d’exercer. Il créa les CDR (Comités de défense de la révolution), qui hélas eurent toutefois tendance à se comporter en milice révolutionnaire faisant parfois régner une terreur peu conforme aux objectifs de lutte contre la corruption.

    Pour définir l’essentiel de ses idées et de ses actions politiques, Thomas Sankara était en premier lieu un des chefs du Mouvement des non-alignés, les pays qui durant la Guerre froide ont refusé de prendre parti pour l’un ou l’autre des deux blocs. Il a beaucoup côtoyé des militants d’extrême gauche dans les années 1970 et s’est lié d’amitié avec certains d’entre eux. Il a mis en place un groupe d’officiers clandestin d’influence marxiste : le Regroupement des officiers communistes (ROC).

    Dans ses discours, il dénonce le colonialisme et le néo-colonialisme, notamment de la France, en Afrique (essentiellement les régimes clients de Côte d’Ivoire et du Mali, lequel Mali lance plusieurs fois, soutenu par la France, des actions militaires contre le Burkina Faso). Devant l’ONU, il défend le droit des peuples à pouvoir manger à leur faim, boire à leur soif, être éduqués.

    Pour redonner le pouvoir au peuple, dans une logique de démocratie participative, il créa les CDR (Comités de défense de la révolution) auxquels tout le monde pouvait participer, et qui assuraient la gestion des questions locales et organisaient les grandes actions. Les CDR étaient coordonnés dans le CNR (Conseil national de la révolution). Les résultats de cette politique sont sans appel : réduction de la malnutrition, de la soif (construction massive par les CDR de puits et retenues d’eau), des maladies (grâce aux politiques de « vaccinations commandos », notamment des enfants, burkinabé ou non) et de l’analphabétisme (l’analphabétisme passe pour les hommes de 95% à 80%, et pour les femmes de 99% à 98%, grâce aux « opérations alpha »).

    Thomas Sankara est aussi connu pour avoir rompu avec la société traditionnelle inégalitaire burkinabé, par l’affaiblissement brutal du pouvoir des chefs de tribus, et par la réintégration des femmes dans la société à l’égal des hommes. Son programme révolutionnaire se heurta à une forte opposition du pouvoir traditionnel qu’il marginalisait ainsi que d’une classe moyenne peu nombreuse mais relativement puissante. Il a aussi institué la coutume de planter un arbre à chaque grande occasion pour lutter contre la désertification.

    Il est le seul président d’Afrique (et sans doute du monde) à avoir vendu les luxueuses voitures de fonctions de l’État pour les remplacer par de basiques Renault 5. Il faisait tous ses voyages en classe touriste et ses collaborateurs étaient tenus de faire de même. Il est célèbre aussi pour son habitude de toujours visiter Harlem (et d’y faire un discours) avant l’ONU. Il est considéré par certains comme le Che Guevara africain.

    Extrait du discours de Thomas Sankara à la vingt-cinquième Conférence au sommet des pays membres de l’OUA ; Addis-Abeba, le 29 juillet 1987 :

    « […] Nous estimons que la dette s’analyse d’abord de par ses origines. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l’argent, ce sont ceux-là qui nous ont colonisés, ce sont les mêmes qui géraient nos États et nos économies, ce sont les colonisateurs qui endettaient l’Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins. Nous étions étrangers à cette dette, nous ne pouvons donc pas la payer. La dette, c’est encore le néo colonialisme où les colonisateurs se sont transformés en assistants techniques ; en fait, nous devrions dire qu’ils se sont transformés en assassins techniques ; et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement. Des bailleurs de fond, un terme que l’on emploie chaque jour comme s’il y avait des hommes dont le bâillement suffisait à créer le développement chez les autres. Ces bailleurs de fond nous ont été conseillés, recommandés ; On nous a présenté des montages financiers alléchants, des dossiers ; nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans, même plus c’est-à-dire que l’on nous a amenés à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus. Mais la dette, c’est sa forme actuelle, contrôlée, dominée par l’impérialisme, une reconquête savamment organisée pour que l’Afrique, sa croissance, son développement obéisse à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangères, faisant en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier c’est-à-dire l’esclave tout court de ceux qui ont eu l’opportunité, la ruse, la fourberie de placer les fonds chez nous avec l’obligation de rembourser. On nous dit de rembourser la dette, ce n’est pas une question morale, ce n’est point une question de ce prétendu honneur de rembourser ou de ne pas rembourser.

    Monsieur le président,

    Nous avons écouté et applaudi le premier ministre de Norvège lorsqu’elle est intervenue ici même : elle a dit, elle qui est Européenne, que toute la dette ne peut pas être remboursée. La dette ne peut pas être remboursée parce que d’abord si nous ne payons pas, nos bailleurs de fond ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre, si nous payons, c’est nous qui allons mourir. Soyons en sûrs également. Ceux qui nous ont conduits à l’endettement ont joué comme dans un casino ; quand ils gagnaient, il n’y avait point de débat, maintenant qu’ils ont perdu au jeu, ils nous exigent le remboursement ; et l’on parle de crise. Non ! Monsieur le Président, ils ont joué, ils ont perdu, c’est la règle du jeu, la vie continue ! Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n’avons pas de quoi payer ; nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette ; nous ne pouvons pas payer la dette parce que, au contraire, les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer c’est-à-dire la dette de sang. C’est notre sang qui a été versé ; on parle du plan Marshall qui a refait l’ Europe Économique mais ne parle jamais du plan Africain qui a permis à l’Europe de faire face aux hordes hitlériennes lorsque leur économie était menacée, leur stabilité était menacée. Qui a sauvé l’Europe ? C’est l’Afrique ! On en parle très peu, on en parle si peu que nous ne pouvons pas nous être complices de ce silence ingrat. Si les autres ne peuvent pas Chanter nos louanges, nous avons au moins le devoir de dire que nos pères furent courageux et que nos anciens combattants ont sauvé l’Europe et finalement ont permis au monde de se débarrasser du Nazisme.

    La dette, c’est aussi la conséquence des affrontements et lorsque l’on nous parle aujourd’hui de crise économique, on oublie de nous dire que la crise n’est pas venue de façon subite, la crise existe de tout temps et elle ira en s’aggravant chaque fois que les masses populaires seront de plus en plus conscientes de leur droit face aux exploiteurs. Il y a crise aujourd’hui parce que les masses refusent que les richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus ; il y a crise parce que quelques individus déposent dans des banques à l’étranger des sommes colossales qui suffiraient à développer l’ Afrique ; il y a crise parce que face à richesses individuelles que l’on peut nommer, les masses populaires refusent de vivre dans les ghettos, dans les bas quartiers ; il y a crise parce que les peuples partout refusent d’être dans Soweto face à Johannesburg. Il y a donc lutte et l’exacerbation de cette lutte amène les tenants du pouvoir financier à s’inquiéter. On nous demande aujourd’hui d’être complices de la recherche d’un équilibre, équilibre en faveur des tenants du pouvoir financier, équilibre au détriment de nos masses populaires. Non, nous ne pouvons pas être complices, non, nous ne pouvons pas accompagner ceux qui sucent le sang de nos peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples, nous ne pouvons pas les accompagner dans leur démarche assassine.

    Monsieur le président,

    Nous entendons parler de club, club de Rome, club de Paris, club de partout. Nous entendons parler du groupe des cinq, du groupe des sept, du groupe des dix peut être du groupe des cent et que sais-je encore. Il est normal que nous créions notre club et notre groupe en faisant en sorte que dès aujourd’hui Addis Abeba devienne également le siège, le centre d’où partira le souffle nouveau : le club d’Addis Abeba. Nous avons le devoir aujourd’hui de créer le front uni d’Addis Abeba contre la dette. Ce n’est que de cette façon que nous pouvons dire aux autres qu’en refusant de payer la dette nous ne venons pas dans une démarche belliqueuse, au contraire, c’est dans une démarche fraternelle pour dire ce qui est. Du reste, les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique mais ceux qui veulent exploiter l’Afrique, ce sont les mêmes qui exploitent l’Europe ; Nous avons un ennemi commun. Donc notre club parti d’Addis Abeba devra également dire aux uns et aux autres que la dette ne saurait être payée. Et quand nous disons que la dette ne saurait être payée ce n’est point que nous sommes contre la morale, la dignité, le respect de la parole. Parce que nous estimons que nous n’avons pas la même morale que les autres. Entre le riche et le pauvre, il n’y a pas la même morale. La bible, le coran, ne peuvent pas servir de la même manière celui qui exploite le peuple et celui qui est exploité ; il faudrait alors qu’il y ait deux éditions de la bible et deux éditions du coran.

    Nous ne pouvons pas accepter qu’on nous parle de dignité, nous ne pouvons pas accepter que l’on nous parle de mérite de ceux qui payent et de perte de confiance vis à vis de ceux qui ne paieraient pas. Nous devons au contraire dire que c’est normal aujourd’hui, nous devons au contraire reconnaître que les plus grands voleurs sont les plus riches. Un pauvre, quand il vole, il ne commet qu’un larcin ou une peccadille tout jute pour survivre par nécessité. Les riches ce sont eux qui volent le fisc, les douanes et qui exploitent les peuples. Monsieur le président, ma proposition ne vise pas simplement à provoquer ou à faire du spectacle, je voudrais dire ce que chacun de nous pense et souhaite. Qui ici ne souhaite pas que la dette soit purement et simplement effacée ? Celui qui ne le souhaite pas, il peut sortir, prendre son avion et aller tout de suite à la banque mondiale payer ! Tous nous le souhaitons ! Je ne voudrais pas que l’on prenne la proposition du Burkina Faso comme celle qui viendrait de la part de jeunes sans maturité et sans expérience. Je ne voudrais pas non plus que l’on pense qu’il n’y a que les révolutionnaires à parler de cette façon. Je voudrais que l’on admette que c’est simplement l’objectivité et l’obligation et je peux citer pour exemples ceux qui ont dit de ne pas payer la dette, des révolutionnaires comme des non révolutionnaires, des jeunes comme des vieux. Je citerai par exemple Fidel Castro, il n’a pas mon âge même s’il est révolutionnaire mais je pourrais citer également François Mitterrand qui a dit que les pays africains ne peuvent pas payer, que les pays pauvres ne peuvent pas ; Je pourrais citer Madame le premier ministre de Norvège, je ne connais pas son âge et je m’en voudrais de le lui demander. Je voudrais citer également le président Félix Houphouët-Boigny. Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence. » ( «Jeanne Aicha Ba a signé le 13 juillet 2009 un article bien documenté et une analyse fort didactique intitulé » Thomas Sankara, leader charismatique – ou le Che Guevara africain » ; il semble opportun de le publier ad integrum dans ce blog)

    Né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute Volta, actuel Burkina Faso, Thomas Sankara a fréquenté l’école primaire à Gaoua, a commencé ses études secondaires au Lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo et est entré par la suite au Prytanée militaire du Kadiogo où il a obtenu son baccalauréat. Il a ensuite entrepris une carrière militaire, notamment au Madagascar où il est revenu de l’Académie Militaire d’Antisirabe (Madagascar) avec le grade de sous-lieutenant. Il a également fait un stage à l’école de parachutisme de Pau en France puis au centre de parachutiste de Rabat au Maroc. Au niveau de sa carrière politique, il a été nommé secrétaire d’état à l’information en 1981 sous le régime de Seye Zerbo, par la suite, il devient premier ministre sous la présidence de Jean-Baptiste Ouédraogo en 1983. Il a été en prison la même année à la suite de la visite de Jean-Christophe Mitterrand, le fils de François Mitterrand, qui était à l’époque le conseiller de son père en matière d’affaires Africaines. À la suite d’un coup d’état avec l’actuel président, Blaise Compaoré, il devient président le 4 août 1983 à l’âge de 33 ans. Lors de son premier anniversaire au pouvoir, il changea le nom du pays, de Haute Volta en Burkina Faso, il a également changé le drapeau et a écrit un nouvel hymne national.

    Thomas Sankara est sans aucun doute le personnage de l’histoire Burkinabé le plus connu et le plus populaire dans le monde. Au delà de son rôle, de ses actions et de son leadership, il est devenu une figure populaire et symbolique de l’histoire au Burkina Faso et est, autant considéré comme tel en Afrique et dans le monde. Il était un leader charismatique. Le fait qu’il était un guitariste et qu’il aimait les motocyclettes, des choses pourtant très simples, ont également contribué à son charisme. Grâce à sa politique, Thomas Sankara constituait un espoir pour le peuple Burkinabé et l’Afrique. La participation de plusieurs femmes à des postes ministériels, environ le quart, ainsi que, sa politique axée sur l’éducation, la santé, l’élimination de la corruption et de la famine, et enfin, le reboisement ont fait de lui quelqu’un d’intègre, un homme juste et droit. L’amélioration du statut des femmes était l’une des priorités de Sankara, ce qui était sans précédent en Afrique occidentale, à l’époque. La circoncision des filles a été interdite par son gouvernement, il condamnait également la polygamie, et faisait la promotion de la contraception. Son gouvernement a été le premier gouvernement africain à reconnaître le SIDA comme un fléau et constituant une menace importante pour l’Afrique.

    Thomas Sankara était un homme du peuple, accessible et simple, il se mêlait à la population sans aucun problème, il a même déjà été arbitre lors d’un match où son gouvernement jouait. De par ses activités, ses actions, ses discours et sa politique, Sankara était quelqu’un de troublant et de gênant. Il était dérangeant pour plusieurs personnes et pays, puisqu’il rejetait ce que la majorité des autres présidents faisait, approuvait ou prônait, comme la corruption ou la non reconnaissance des droits des femmes. En outre, contrairement à plusieurs chefs d’états, Sankara, ne croyait pas au fait que les pays industrialisés vont l’aider à développer son pays. Au contraire, pour lui, le développement du Burkina Faso se fera par la participation et le travail du peuple Burkinabè. Il prônait l’idée que le Burkina ne devait compter que sur lui-même et sa population. Il appartenait, sans aucun doute, au groupe de chefs africains qui ont voulu donner au continent africain en général et à leur pays en particulier une nouvelle dimension socio-économique. On le surnommait « Tom Sank », et il a souvent été comparé à Che Guevara, pour bien des africains, et sur plusieurs autres continents, il était considéré comme un Che Guevara africain.

    Thomas Sankara était un nouveau style de chef d’état. Il fascinait les gens et personne ne restait indifférent face à lui. C’est pourquoi il fut si aimé et si haï en même temps. Plusieurs années après sa disparition, le monde garde de lui l’image d’un leader intègre et modeste, qui a changé les mentalités de la majorité ses concitoyens et donné une certaine dignité à son pays. Une image et un idéal qui résistent encore au temps. On peut, donc dire que sa mort a été vraiment un échec pour ceux qui voulaient l’éteindre et éliminer son nom. Puisqu’elle a permis de donner un signal à la jeunesse africaine, qui se reconnaît en ce héros et leader et dont son courage, ses politiques, ses discours et ses actions guident plusieurs jeunes africains, qui sont l’espoir Africain de demain, et qui continuent de le percevoir comme quelqu’un qui pouvait freiner l’injustice et la misère en Afrique.

    Son entourage le décrit comme quelqu’un de taquin, d’amical, de chaleureux et d’humoristique. Dès fois lyrique et poétique, mais toujours égal à lui-même : un nationaliste jusque dans l’âme, un idéaliste, un organisateur, un rigoureux, un méticuleux, un audacieux, un provocateur, un homme imprévisible et attachant qui aimait les belles choses et la simplicité. Cependant, une des limites de ses actions était de vouloir prendre les biens des riches pour les distribuer aux pauvres. Il n’a pas, non plus, remarqué le scepticisme croissant de son peuple à l’égard de ses politiques. À cet effet, le fait d’obliger un ministre à payer sa facture d’électricité a été dénoncé par plusieurs personnes. Même si la majorité du peuple burkinabé était d’accord avec ses politiques, ils ne trouvaient pas cette attitude correcte et digne d’un chef d’état. Sa totale confiance envers son entourage, sa rapidité dans ses actions, ses discours et ses politiques ont en bout de ligne mené à sa perte. {…].

    La popularité de Thomas Sankara se situait principalement dans ses nombreuses qualités charismatiques, son énergie communicative, son exigence envers lui-même et les autres, son intelligence, sa créativité, sa sincérité, sa loyauté, sa conception de la justice, l’ampleur du travail qu’il était capable d’accomplir, et sa simplicité. Son leadership, quant à lui, résidait au niveau de sa capacité à faire adhérer les gens à ses actions, en restant toujours très proche des populations, tant sur le plan physique qu’au niveau du langage qu’il utilisait, sa capacité à entraîner son entourage et son peuple, mais aussi son intégrité, ses convictions et sa modestie.

    D’après Bruno Jaffré (1997), les seuls véritables reproches qu’on pourrait lui faire, c’est d’avoir accédé au pouvoir trop jeune, d’avoir voulu aller très vite dans une situation pourtant extrêmement difficile en regard des objectifs que la révolution s’était fixés, et des moyens disponibles pour les atteindre. Ce qu’on peut lui reprocher c’est finalement d’avoir été trop humain, trop sensible. C’est son humanité qui l’avait amené à pousser son entourage à s’atteler à une tâche que beaucoup pensaient inhumaine car trop ambitieuse. Thomas Sankara a été assassiné à la suite d’un coup d’état organisé par son ancien compagnon et l’actuel président, Blaise Compaoré, le 15 Octobre 1987. Toute la population Burkinabé défilait dans les rues pour le pleurer et les jours suivants, des milliers de personnes se sont rendus sur sa tombe en condamnant ainsi l’assassinat. »

    Jeanne Aicha Ba

    Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara fut assassiné lors d’un coup d’État organisé par celui qui était considéré comme son frère, Blaise Compaoré. Plusieurs jours plus tard, il fut déclaré « décédé de mort naturelle » par un médecin militaire. L’absence de tout procès ou de toute enquête de la part du gouvernement burkinabé a été condamnée en 2006 par le Comité des droits de l’homme des Nations unies. Par ailleurs, le gouvernement français de l’époque (cohabitation entre Jacques Chirac qui gouverne et François Mitterrand qui préside) est soupçonné d’avoir joué un rôle dans cet assassinat, ainsi que plusieurs autres gouvernements africains gouvernés par des amis de la France. Kadhafi pourrait être impliqué et avoir utilisé ce meurtre pour redevenir un ami de la France. C’est notamment la famille Sankara, réfugiée en France, qui soutient ces hypothèses. Cette hypothèse est aussi soutenue par la plupart des historiens africains. Si la décision de condamner l’absence d’enquête constitue une première mondiale dans la lutte contre l’impunité, elle est insuffisante, puisqu’elle n’a conduit à aucune condamnation. Thomas Sankara a été proclamé modèle par la jeunesse africaine au forum social africain de Bamako 2006 et au forum social mondial de Nairobi en 2007. L’ancien président Thomas Sankara est enterré à Ouagadougou ; le cimetière est devenu aujourd’hui un lieu de manifestations pour ceux qui partagent encore ses idéaux. Depuis le 28 décembre 2005, une avenue de Ouagadougou porte son nom, dans le cadre plus général d’un processus de réhabilitation décrété en 2000 mais bloqué depuis lors. Diverses initiatives visent à rassembler les sankaristes et leurs sympathisants, notamment par le biais d’un comité national d’organisation du vingtième anniversaire de son décès, de célébrer sa mémoire, notamment par des manifestations culturelles, tant au Burkina Faso qu’en divers pays d’implantation de l’immigration burkinabé. En 2007, pour la première fois depuis 19 ans, la veuve de Thomas Sankara, Mariam Serme Sankara a pu aller se recueillir sur sa tombe présumée lors des 20es commémorations à Ouagadougou. En conclusion,

    Thomas Sankara, l’homme intègre Rarement président africain aura autant incarné la dignité et la volonté d’exister d’un continent meurtri. Assassiné le 15 octobre 1987, le président du Burkina Faso, Thomas Sankara, est devenu un symbole et une référence politique majeure pour toute l’Afrique. Les points cardinaux de son action, durant ses quatre ans au pouvoir, étaient : lutte contre la corruption, développement autocentré, condamnation du néocolonialisme, éducation et santé pour tous, émancipation des femmes. Dans tous ces domaines, il a adopté des mesures concrètes comme la réduction du train de vie de l’Etat (à commencer par le sien propre), interdiction de certaines importations de produits alimentaires et réforme agraire, campagnes de scolarisation et de vaccinations (pour lesquelles il a reçu les félicitations de l’Organisation mondiale de la santé), dénonciation des ingérences françaises, interdiction de la polygamie et lutte contre l’excision, etc. Les commémorations du vingtième anniversaire du coup d’Etat au cours duquel Sankara a trouvé la mort se sont accompagnées de conférences, de débats et de concerts au Burkina Faso mais aussi en Europe et dans le reste du monde. Ces manifestations se sont déroulées malgré les menaces de mort lancées contre certains de leurs animateurs. En mai 2006, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a fait droit à une demande de la Campagne internationale justice pour Sankara (CIJS), effectuée au nom de la veuve de Thomas Sankara, Mariam. Il a demandé au gouvernement actuel du Burkina Faso, issu du putsch de 1987, de diligenter une enquête indépendante sur les circonstances de la mort de Sankara et de rectifier son certificat de décès (il porte toujours la mention » mort naturelle « ). La procédure se poursuit et une pétition de soutien à la CIJS est lancée. La décision du Comité représente une première dans la lutte contre l’impunité concernant les auteurs de coups d’Etat.

    Cet article a été construit à partir de plusieurs références écrites et de plusieurs sites internet, dont le Forum Des Peuples En Lutte, dit encore Forum d’informations sur les peuples sans état, pour le respect des Droits de l’Homme et de la Démocratie.

    Bibliographie : Jaffré Bruno : « Biographie de Thomas Sankara : La patrie ou la mort, nous vaincrons », Paris/Montréal, l’Harmattan, 1997.

    Source : « FRENCH DOCTOR » POUR SIX MOIS, 17 mai, 2010

    #BurkinaFaso #ThomasSankara #Afrique #Dette #Colonialisme

  • Algérie-Sahel : Un rôle majeur

    Algérie-Sahel : Un rôle majeur

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    L’espace sahélo-saharien fait face à d’énormes défis en matière sécuritaire, à cause du terrorisme qui met en danger les États de la région. Du Mali au Burkina Faso, en passant par le Niger et allant jusqu’au Tchad, le contexte est marqué par d’incessantes attaques de groupes extrémistes violents, dont la virulence a profondément affecté les populations, ainsi que les gouvernements. La menace, tel un cancer métastatique, risque d’embraser l’ensemble du continent africain. La situation exige le redoublement des efforts et le renforcement de la coopération entre les États dans leur combat contre ce fléau. Elle requiert également un soutien conséquent de la part de la communauté universelle et des organisations internationales concernées, pour soutenir les capacités des pays du Sahel à surmonter ces défis. L’Algérie y souscrit, parce qu’elle a la conviction que la sécurité et la paix sont la seule alternative pour asseoir les bases du développement.

    Elle est partie prenante dans cette lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier, du fait de sa contiguïté géographique, pas la profondeur de son espace vital et des liens historiques avec les pays de ce voisinage. L’approche de l’Algérie n’est ni partielle ni conjoncturelle. Son expérience en matière de lutte antiterroriste, et sa contribution dans la stabilisation et la sécurisation de la région la prédisposent à jouer un rôle prépondérant, voire de pivot pour maintenir une dynamique de riposte efficace. C’est un atout pour les pays du champ, susceptible de garantir une maîtrise rigoureuse des espaces sahariens et des frontières dans une perspective de déradicalisation et de combat contre les groupes terroristes.

    Pour ce faire, la constitution d’un système de sécurité régionale avec le Mali, la Mauritanie et le Niger, élargi à d’autres pays comme le Burkina Faso, le Tchad et le Nigeria, peut être une avancée notable dans ce front de lutte. Il impose le besoin d’une collaboration plus étroite, lorsqu’on observe qu’aujourd’hui, le G5S est dans sa phase finale, avec la fermeture des bases militaires françaises à Kidal, à Tombouctou et à Tessalit, dans le nord du Mali, ainsi que la réduction des effectifs des forces françaises, pour les faire passer de 5.100 actuellement à environ 2.500 à 3.000 éléments.

    Ce qui porte à croire que la situation actuelle se prête à une reconfiguration des mécanismes de sécurité au Sahel. En cette occurrence, l’Algérie a une mission importante à accomplir dans ce sens, sans intentions belliqueuses et dans le respect de la souveraineté des États. Dans le cadre de l’exercice de son mandat en tant que leader de l’UA en matière de prévention et de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a soumis un rapport sur l’évolution de la menace terroriste sur le continent et les perspectives de renforcement des réponses qui y sont apportées aux niveaux régional et international.

    Cette initiative participe de l’engagement de l’Algérie dans la riposte organisée de la communauté internationale contre le phénomène du terrorisme, contre ses causes et manifestations, et s’intègre parfaitement dans cette nouvelle dynamique qui devra dicter des solutions africaines aux fléaux du contient.

    El Moudjahid, 30 mai 2021

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    #Algérie #Sahel #Mali #Mauritanie #BurkinaFaso #Nigeria #Niger

  • Est-ce la fin du projet français au Sahel africain ?

    Est-ce la fin du projet français au Sahel africain ?

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    Le 15 mai 2022, la junte militaire au Mali a annoncé qu’elle ne ferait plus partie de la plateforme du G5 Sahel. Le G5 Sahel a été créé à Nouakchott, en Mauritanie, en 2014, et a réuni les gouvernements du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger pour collaborer sur la détérioration de la situation sécuritaire dans la ceinture du Sahel, la région située juste en dessous du désert du Sahara en Afrique. — et d’accroître les échanges entre ces pays. Dans les coulisses, il était clair que la formation du G5 Sahel était encouragée par le gouvernement français et que, malgré tous les discours commerciaux, le véritable objectif du groupe allait être la sécurité.

    Début 2017, sous la pression française, ces pays du G5 Sahel ont créé la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), une alliance militaire pour lutter contre la menace sécuritaire posée par les séquelles de la guerre civile algérienne (1991-2002) et les détritus de La guerre de l’OTAN en Libye en 2011. La Force conjointe du G5 Sahel a reçu le soutien du Conseil de sécurité des Nations unies pour mener des opérations militaires dans la région.

    Le porte-parole militaire du Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, a déclaré le 15 mai que son gouvernement avait envoyé une lettre le 22 avril au général Mahamat Idriss Déby Itno, président du conseil militaire de transition du Tchad et président sortant du G5 Sahel, l’informant de la décision du Mali ; l’immobilisme dans la tenue de la conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel, qui devait avoir lieu au Mali en février, et la passation de la présidence tournante du FC-G5S au pays, ont contraint le Mali à prendre le parti de partir à la fois le FC-G5S et la plateforme G5 Sahel, a déclaré le colonel Maïga à la télévision nationale.

    Le départ du Mali était inévitable. Le pays a été déchiré par les politiques d’austérité imposées par le Fonds monétaire international (FMI) et par les conflits qui parcourent ce pays de plus de 20 millions d’habitants. Deux coups d’État en 2020 et 2021 au Mali ont été suivis de promesses d’élections, qui ne semblent pas se profiler à l’horizon. Des organismes régionaux, tels que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ont également imposé des sanctions sévèrescontre le Mali, ce qui n’a fait qu’exacerber les problèmes économiques déjà rencontrés par le peuple malien. Les ministres de la défense du G5 Sahel se sont réunis pour la dernière fois en novembre 2021, et la réunion des chefs d’État des pays membres du G5 Sahel en février 2022 a été reportée. Le Mali était censé prendre la présidence tournante du G5 Sahel, mais les autres États qui font partie de la plateforme n’étaient pas favorables à ce transfert (le Tchad a poursuivi la présidence).

    Pouvoir extra-régional

    La déclaration de l’armée malienne a imputé la dérive institutionnelle du G5 Sahel aux « manœuvres d’un État extra-régional visant désespérément à isoler le Mali ». Cet « État extra-régional », c’est la France qui, selon le Mali, a tenté « d’ instrumentaliser » le G5 Sahel pour des objectifs français.

    Les cinq membres du G5 Sahel sont tous d’anciennes colonies françaises, qui ont chassé les Français par des luttes anticoloniales et ont tenté de construire leurs propres États souverains. Ces pays ont subi des assassinats (comme celui de l’ancien dirigeant du Burkina Faso Thomas Sankara en 1987), ont fait face aux programmes d’austérité du FMI (comme les mesures prises contre le gouvernement de l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré de 1996 à 1999) et ont fait face à la réaffirmation du pouvoir français (comme lorsque la France a soutenu le maréchal tchadien Idriss Déby contre Hissène Habré en 1990). Après la guerre de l’OTAN initiée par la France contre la Libye en 2011 et la déstabilisation qu’elle a provoquée, la France est intervenue militairement au Mali à travers L’opération Barkhane, puis, avec l’armée américaine, elle est intervenue dans tout le Sahel dans le cadre de la plateforme G5 Sahel.

    Depuis la rentrée de l’armée française dans la région, elle a conduit un programme qui semble être plus axé sur la satisfaction des besoins de l’Europe que sur ceux de la région du Sahel. Le principal argument avancé en faveur de l’intervention française (et américaine) au Sahel est qu’ils veulent s’associer aux militaires de la région pour lutter contre le terrorisme. Il est vrai qu’il y a eu une montée du militantisme, en partie enracinée dans l’ expansion des activités d’Al-Qaïda et de l’État islamique au Sahel. Des conversations avec des responsables des États du Sahel révèlent cependant qu’ils ne croient pas que la lutte contre le terrorisme soit le principal enjeu de la pression française sur leurs gouvernements. Ils estiment, même s’ils hésitent à s’exprimer publiquement, que les Européens sont davantage préoccupés par la question des migrations que par celle du terrorisme. Plutôt que de permettre aux migrants – dont beaucoup d’Afrique de l’Ouest et d’Asie de l’Ouest – d’atteindre la côte libyenne et de tenter de traverser la mer Méditerranée, ils veulent construire un périmètre au Sahel pour limiter le mouvement des migrants au-delà ; La France a, en d’autres termes, déplacé la frontière sud de l’Europe du nord de la Méditerranée au sud du Sahara.

    L’endroit le plus pauvre de la Terre

    « Nous vivons dans l’un des endroits les plus pauvres de la planète », m’a dit l’ancien président malien Amadou Toumani Touré avant de mourir en 2020. Environ 80 % des habitants du Sahel vivent avec moins de 1,90 dollar par jour, et la croissance démographique dans ce pays La région devrait passer de 90 millions en 2017 à 240 millions d’ici 2050. La ceinture du Sahel a une dette énorme envers les riches détenteurs d’obligations des États de l’Atlantique Nord, qui ne sont pas préparés à l’annulation de la dette. Lors du septième sommet du G5 Sahel en février 2021, les chefs d’État ont appelé à une « restructuration profonde de la dette des pays du G5 Sahel ». Mais la réponse qu’ils ont reçue du FMI a été assourdissante.

    Une partie du problème budgétaire réside dans les demandes faites à ces États par la France d’augmenter leurs dépenses militaires contre toute augmentation de leurs dépenses d’aide humanitaire et de développement. Les pays du G5 Sahel consacrent entre 17 et 30 % de leur budget à leurs armées. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, trois des cinq pays du Sahel ont augmenté astronomiquement leurs dépenses militaires au cours de la dernière décennie : le Burkina Faso de 238 %, le Mali de 339 % et le Niger de 288 %. Le commerce des armes étouffe ces pays. Avec l’ entrée potentielle de l’OTAN dans la région, cette forme illusoire de traiter les problèmes du Sahel comme des problèmes de sécurité ne fera que persister. Même pour les Nations Unies, les questions de développement dans la région sont devenues une réflexion secondaire par rapport à l’accent principal mis sur la guerre.

    Le manque de soutien aux gouvernements civils pour faire face aux vrais problèmes de la région a conduit à des coups d’État militaires dans trois des cinq pays : le Burkina Faso, le Tchad et le Mali. La junte militaire au Mali a expulsé l’armée française du territoire malien le 2 mai, une semaine avant son départ du G5 Sahel. Des signes d’inquiétude concernant la politique française tourbillonnent dans la région. L’exemple du Mali sera-t-il suivi par l’un des autres pays faisant partie du groupe G5 Sahel, et le véritable projet de la France au Sahel – pour limiter la migration des personnes du Sud vers l’Europe – finira-t-il par s’effondrer avec la sortie du Mali du G5 Sahel ?

    Par Vijay Prashad / Globetrotter

    Vijay Prashad est un historien, éditeur et journaliste indien. Il est rédacteur et correspondant en chef chez Globetrotter. Il est rédacteur en chef de LeftWord Books et directeur de Tricontinental : Institute for Social Research . Il est chercheur principal non résident à l’ Institut Chongyang d’études financières de l’Université Renmin de Chine. Il a écrit plus de 20 livres, dont The Darker Nations et The Poorer Nations . Son dernier livre est Washington Bullets , avec une introduction par Evo Morales Ayma.


    Scoop Media, 20 mai 2022

  • Sénégal : Le combat politique par la culture

    Sénégal : Le combat politique par la culture

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    Si les peuples africains au Tchad, au Mali et au Burkina Faso ont opté par la confrontation directe avec la puissance coloniale, la France en l’occurrence, leurs frères sénégalais suivent la même voie mais avec des armes culturelles.

    Dès sa nomination à la tête de la ville de Ziguinchor, Ousmane Sonko, a annoncé la rebaptisation des cinq rues portant jusqu’alors des noms français. Ces noms ont été catégoriquement remplacés par des noms africains de vaillants hommes et de vaillantes femmes qui ont marqué l’histoire du Sénégal. Ainsi, le maire de la municipalité de Ziguinchor, Ousmane Sonko, a procédé au changement des noms des rues et des boulevards de la ville qui portaient des noms coloniaux. La rue du Général de Gaulle s’appelle désormais, rue de la Paix. La Rue de France, rue de l’Union Africaine. Et ainsi de suite.

    « Nous avons le devoir de réconciliation avec la mémoire africaine et la mémoire de nos pères et mères qui se sont battus pour nous et pour la dignité. Nul part en France, vous verrez une « Rue Hitler » parce qu’il a été un poison pour l’histoire française. Pourquoi, chez nous au Sénégal, on doit donner les noms de tous ceux qui ont tué nos pères, nous ont colonisés, forcés à la soumission et tué toux ce qui bouge », a-t-il déclaré au média Africa24

    #Tchad #Mali #BurkinaFaso #Sénégal #Ziguinchor #Ousmane_Sonko #Françafrique #Colonisation

  • Le Sahel signe l’acte de décès de la Françafrique

    Le Sahel signe l’acte de décès de la Françafrique

    Le Sahel signe l’acte de décès de la Françafrique – Tchad, Mali, Burkina Faso, Barkhane,

    Au-delà d’un simple sentiment de rejet, nous assistons à une foudre populaire contre la maléfique France. Quelle est la raison au juste ? Le gourou maudit et créateur de la colonialiste Françafrique, un certain Charles de Gaulle acta en 1947 à l’endroit de ses successeurs.

    Il est hors de question que la France puisse imaginer perdre un seul instant sa vache à lait. Cela entrainera immédiatement sa chute irrémédiable et affectera son indépendance. C’est pourquoi elle est condamnée à garder sous sa domination ses divers gouvernorats bananiers pour des motifs de « suprématie et de puissance ».

    Il affirma que ces derniers sont liés par des traités durables avec l’hexagone, qui ne doit permettre à aucun pays signataire de les remettre en cause, au demeurant user de la force contre tout réfractaire.

    Les fausses indépendances, les démocratisations de façade, les élections corrompues, les atteintes systémiques des libertés fondamentales dans l’ensemble de l’Afrique françafricaine, et la promotion active de la pauvreté, constituent l’unique projet « civilisationnel » de la France, poussant les innombrables victimes, à se lever en disant « stop ! ».

    #France #Françafrique #Tchad #Mali #BurkinaFaso #Barkhane