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  • Sahel : Le terrorisme s’étend vers le golfe de Guinée

    Sahel : Le terrorisme s’étend vers le golfe de Guinée

    Sahel : Le terrorisme s’étend vers le golfe de Guinée – Togo, Mali, Niger, Burkina Faso, Union Européenne, Josep Borrell,

    Les Togolais sont encore sous le choc après l’attentat perpétré par un groupe de terroristes actifs au Sahel. Dans la nuit de mardi à mercredi, 8 soldats togolais ont été tués, 13 autres blessés, dans un avant-poste militaire à Kpinkankandi, dans le canton de Kandjouaré, au nord du Togo, à la frontière avec le Burkina Faso.

    Il s’agit de la première attaque de cette ampleur dans le pays . Jusqu’à présent, le Togo a subi une nouvelle agression en novembre 2021, mais les terroristes ont été repoussés par les militaires togolais. Des renforts ont depuis été envoyés dans la région et en février, le chef de l’État, Faure Gnassingbé, s’est rendu sur le site de l’attaque pour rencontrer les troupes impliquées dans l’opération Koundjoare .

    Le gouvernement de Lomé a condamné avec véhémence l’agression « lâche et barbare », soulignant qu’il mettra tout en œuvre pour retrouver les auteurs et mettra tout en œuvre pour que des événements similaires ne se reproduisent plus sur le territoire togolais.

    Des sources militaires, qui ont souhaité rester anonymes , ont rapporté à France Presse que l’attaque a été perpétrée par une soixantaine d’hommes armés, arrivés sur les lieux de l’attaque à moto. Les combats entre les assaillants et les militaires dureront plus de deux heures ; un groupe de soldats, appelés à donner un coup de main à leurs camarades, est tombé dans une embuscade. Leur voiture aurait heurté une mine artisanale puis explosé.

    Mercredi, Josep Borrell , haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a déclaré que l’attentat au Togo montre que la menace terroriste se propage aux pays du golfe de Guinée. « Les efforts pour arrêter ce phénomène doivent être redoublés avant qu’il ne soit trop tard », a déclaré Borrell.

    Selon certains chercheurs, des groupes djihadistes établissent des bases au Burkina Faso et au Mali pour s’étendre au Bénin, en Côte d’Ivoire et, dans une moindre mesure, au Togo, au Ghana, au Sénégal et en Guinée. Rappelons simplement qu’à la mi-avril, le Bénin a également été le théâtre d’une embuscade dans la zone du parc national de la Penjari, à la frontière avec le Burkina Faso.

    Plusieurs groupes armés sont très actifs au Burkina Faso, au Niger et au Mali. En particulier, la Katiba Macina (également connue sous le nom de Front de libération du Macina , fondé en 2015 par Amadou Koufa), liée à Al-Qaïda, tente de renforcer sa présence tant dans le sud-est du Burkina Faso que dans le sud-ouest. du Niger. Profitez des vastes étendues forestières pour établir de nouvelles fondations. Cette pression déborde également sur le nord du Bénin et le Togo.

    Mais Koufa et ses hommes sont également recherchés au Mali , où des soldats des FAMa (Forces armées maliennes) le traquent. Les militaires maliens, soutenus par des mercenaires russes du groupe Wagner, sont désormais accusés par des ONG de défense des droits de l’homme d’avoir brutalement tué 300 civils.

    Et juste à la fin du mois d’avril , le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ( Katiba Macina est l’un des acronymes faisant partie du groupe) a affirmé avoir pris en otage des mercenaires du groupe Wagner. Cependant, il n’a encore fourni aucune preuve.

    Les terroristes affirment que des mercenaires russes ont participé à un combat à Moura, aux côtés de soldats maliens. Selon Human Rights Watch , un massacre de civils a été perpétré à Mura.

    Néanmoins, la junte militaire de Bamako, dirigée par Assimi Goïta, continue de nier la présence de sous-traitants sur le territoire malien. Il insiste sur le fait qu’il s’agit de soldats russes, avec pour seule tâche de former les troupes.

    Il y a quelques jours, le président du Togo, Faure Gnassingbé , a accepté le rôle de médiateur pour la crise malienne. Cette proposition a été avancée par le gouvernement de transition de Bamako, étant donné que la junte militaire subit de fortes pressions pour rétablir le gouvernement civil. Pour cette raison, la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) a soumis le Mali à des sanctions sévères.

    Spécial pour l’Afrique ExPress
    Cornelia I. Toelgyes

    Africa Express, 13 mai 2022

    #Sahel #Terrorisme #Mali #BurkinaFaso #Niger #Togo #UE




  • Leçons à tirer de la présence militaire européenne au Sahel

    Leçons à tirer de la présence militaire européenne au Sahel

    Leçons à tirer de la présence militaire européenne au Sahel – Mali, Burkina Faso, Tchad, Niger, Barkhane, Takuba, France, UE,

    Par Nina Wilen

    La Task Force Takuba, mise en place en mars 2020, est une coalition d’unités de forces spéciales européennes ayant pour objectif de lutter contre le terrorisme aux côtés de l’armée malienne et de l’opération française Barkhane, déployée depuis 2014. Le 17 février, le président français Emmanuel Macron a annoncé la retrait des troupes françaises et européennes du Mali. Dans ce contexte, comment évaluer les opérations militaires européennes au Sahel ? Nina Wilén, directrice du programme Afrique à l’Institut Egmont des relations internationales et professeure associée à l’Institut des politiques de développement de l’Université d’Anvers, partage son analyse.

    Comment voyez-vous l’avenir de la présence européenne au Sahel, alors que le commandement européen de la task force Takuba a annoncé son retrait du Mali en février dernier ?
    Cela reste un grand point d’interrogation pour le moment, notamment à la lumière de l’annonce récente par l’EUTM (Mission de formation de l’UE) de l’arrêt de ses activités au Mali . Il semble probable que la France renforcera sa présence dans les pays où elle dispose déjà de bases militaires et de collaborations établies, notamment le Niger et les pays du golfe de Guinée.

    Ces derniers ont également connu une augmentation des activités djihadistes au cours des derniers mois, il y a donc une incitation à anticiper et à empêcher une expansion des activités dans cette région. La présence d’États européens qui ont déjà des accords militaires bilatéraux avec des États du Sahel est également incertaine, compte tenu de la survenance de plusieurs coups d’État et de la détérioration du contexte sécuritaire, tant au Sahel qu’en Europe.

    La Task Force européenne Takuba a été déployée au Sahel en 2020. Quel bilan faites-vous de la mission européenne d’appui aux forces maliennes dans la lutte contre le terrorisme ? Comment percevez-vous l’argument selon lequel Takuba aurait pu être un laboratoire d’expérimentation de ce à quoi pourrait ressembler la défense européenne ?

    Il est difficile d’évaluer les opérations ou les résultats de Takuba, notamment en termes de soutien et d’augmentation des capacités et capacités des forces maliennes. Il ne fait aucun doute qu’il y a eu plusieurs opérations conjointes réussies contre les forces armées négatives. Pourtant, ces évolutions se déroulent dans un contexte politique et sécuritaire qui se dégrade constamment, où la junte malienne est devenue de plus en plus autoritaire, les attaques djihadistes se multiplient et le professionnalisme et l’éthos militaire des forces maliennes ne se sont manifestement pas améliorés, comme en témoignent les derniers événements en Moura.

    Takuba a été ce que j’ai appelé une  » mission pull-and-plug  » dans une publication précédente , ce qui signifie qu’elle repose entièrement sur le fait que la France est la nation-cadre, commandant, soutenant et comblant les éventuelles lacunes pour que cela fonctionne. Elle est restée une mission française du début jusqu’à aujourd’hui, bien qu’avec des contributions des États membres européens. Il est difficile de dire si cela pourrait servir de prédécesseur pour de futures opérations similaires. Je pense que cela dépend de l’endroit et du moment où ces opérations auraient lieu.

    Cependant, l’influence croissante de la Russie en Afrique et le besoin de l’Europe de se sevrer de l’énergie russe augmenteront l’importance de l’Afrique pour l’Europe.

    Compte tenu de l’importance croissante de la Russie et de sa milice Wagner au Sahel, quel avenir voyez-vous pour les opérations militaires internationales dans la région, comme la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ?

    La MINUSMA fait face à un environnement opérationnel de plus en plus difficile : la viabilité de l’ Accord d’Algerfait l’objet d’un doute sérieux et peu de progrès ont été accomplis dans sa mise en œuvre, un obstacle auquel se heurte également la junte actuelle. Les niveaux de violence augmentent à la fois parmi les acteurs armés non étatiques, tels que les groupes djihadistes, et les forces de sécurité maliennes, qui sont régulièrement accusées d’avoir commis des massacres, récemment avec des mercenaires du groupe Wagner. En outre, la junte malienne s’est efforcée de réduire l’espace politique et militaire de la MINUSMA en introduisant de nouvelles conditionnalités et règles, l’empêchant de fonctionner efficacement. Dans ce contexte, la poursuite de la collaboration avec les FAMA (forces armées maliennes) semble difficilement envisageable. La MINUSMA perdra également le soutien logistique et la réassurance stratégique apportés par les forces françaises. Dans ces circonstances, il semble peu probable que la Mission soit en mesure d’augmenter ses effectifs, pourtant, rentrer chez eux n’est pas non plus une option satisfaisante, étant donné le contexte actuel de graves violations des droits humains et le mandat de la MINUSMA de protéger les civils. Une option serait de donner la priorité à la protection des civils (PoC) et d’essayer de faire revivre l’accord d’Alger. Cela permettrait de faire fonctionner une structure politique de transition, mais pourrait soulever de nouveaux problèmes, compte tenu de la situation sécuritaire et de la longue période de transition de la junte, qui pourrait très bien finir par être encore plus longue.

    Cet article a été publié pour la première fois sur le site de l’Institut Montaigne .

    Egmont Institute, 12 mai 2022

    #France #UE #Sahel #Barkhane #Takuba #Mali #Tchad #BurkinaFaso #Niger

  • Le PE s’inquiète de l’instabilité en Afrique de l’Ouest et au Sahel

    Le PE s’inquiète de l’instabilité en Afrique de l’Ouest et au Sahel

    Le PE s’inquiète de l’instabilité en Afrique de l’Ouest et au Sahel – Parlement européen, Mali, Algérie, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Erythrée, Ethiopie,

    Le Parlement européen s’est inquiété aujourd’hui de la montée de l’instabilité en Afrique de l’Ouest et au Sahel, notamment par la présence croissante de groupes terroristes dans la région, condamnant la violence et exigeant un « retour rapide à l’ordre constitutionnel ».

    Dans une résolution adoptée aujourd’hui lors de la session plénière de l’Assemblée européenne, à Strasbourg, en France, les députés « expriment leur inquiétude face à l’aggravation de l’instabilité en Afrique de l’Ouest et au Sahel, condamnant fermement la violence et les morts dans la région, y compris la exactions commises dans le cadre d’opérations militaires », a déclaré l’institution dans un communiqué.

    Dans la résolution (approuvée par un vote à main levée), les parlementaires se disent également « profondément préoccupés par l’état de la démocratie et les récents coups d’État », appelant ainsi « tous les putschistes à fixer des limites claires à la durée de la transition politique et qui garantissent un retour rapide à l’ordre constitutionnel et l’organisation d’élections transparentes et inclusives ».

    Pour le Parlement européen, « toute coopération politique et de sécurité à long terme avec les acteurs de l’UE nécessitera des calendriers réalistes pour un retour à la démocratie, y compris des jalons clairs et mesurables ».

    « Inquiets de la présence croissante de groupes terroristes dans la région du Sahel et en Afrique de l’Ouest, les députés pointent l’appauvrissement croissant des populations qui constitue la base socio-économique du développement du terrorisme », a déclaré l’institution à la presse.

    Dans le document approuvé, les députés affirment également soutenir les actions de l’Union africaine et les actions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour défendre la démocratie et l’État de droit.

    S’exprimant mercredi lors du débat en plénière, la commissaire européenne aux partenariats internationaux, Jutta Urpilainen, a déclaré que l’Union européenne (UE) n’abandonnerait pas le Sahel en raison de l’instabilité dans cette région africaine, tout en exigeant plus d’engagement politique et de responsabilité envers les pays.

    « Qu’il soit clair que nous n’allons pas abandonner le Mali ni le Sahel », qui « restent une priorité pour l’UE », a souligné Jutta Urpilainen, intervenant dans un débat sur la situation dans cette région africaine qui regroupe 11 pays : le nord du Sénégal , sud de la Mauritanie, du Mali, du nord du Burkina Faso, de l’extrême sud de l’Algérie, du Niger, du nord du Nigeria, du centre du Tchad et du Soudan, de l’Erythrée et du nord de l’Ethiopie.

    Cependant, a-t-il prévenu : « Nous ne pouvons travailler qu’avec ceux qui veulent travailler avec nous, en étant plus exigeants dans la nécessité d’un engagement politique renforcé et d’une plus grande responsabilisation ».

    L’UE a déjà dénoncé la présence de mercenaires du groupe de sécurité privé russe Wagner dans différents pays africains, ce qui compromet le travail mené depuis des années pour renforcer la défense des États durement touchés par le terrorisme « djihadiste ».

    Fragilisée par la crise sahélienne, l’Afrique de l’Ouest a été encore plus déstabilisée par les coups d’État militaires successifs qui ont eu lieu au Mali (août 2020 à mai 2021), en Guinée Conakry (septembre 2021) et au Burkina Faso (janvier 2022).

    RTP Noticias, 05/05/2022

    #PE #Parlement_européen #Afrique_ouest #Sahel

  • On ne parle pas de l’armée allemande opérant au Sahel

    On ne parle pas de l’armée allemande opérant au Sahel

    On ne parle pas de l’armée allemande opérant au Sahel – Bundeswehr, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad,

    Pratiquement aucun reportage sur la mission de la Bundeswehr au Sahel

    Les médias rapportent peu et beaucoup trop superficiellement le déploiement de la Bundeswehr dans la région du Sahel, critique le journaliste Afrique Lutz Mükke sur Dlf. Ils portent une grande responsabilité, en particulier lorsqu’il s’agit d’opérations de guerre. Après tout, la formation de l’opinion publique influence les décisions politiques.

    L’Allemagne soutient la région du Sahel en Afrique du Nord depuis des années. La Bundeswehr y est active dans les pays du G5 : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad. En mai, le Bundestag veut décider si le déploiement de la Bundeswehr dans la zone sahélienne doit être poursuivi ou non.
    Cependant, beaucoup de gens dans ce pays sont à peine conscients de l’importance et de la portée de cette décision. L’Afrique en tant que sujet est à peine évoquée dans les médias. Et pas seulement à cause de l’impact des reportages depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Même avant cela, le soi-disant mandat Sahel de la Bundeswehr n’était apparemment que rarement adapté à de longs rapports.
    Raison pour le journaliste Afrique Lutz Mükke d’ examiner de plus près les reportages médiatiques sur les missions de la Bundeswehr au Sahel . Au nom de la Fondation Otto Brenner, affiliée au syndicat, Mükke examine les éditions en ligne de quatre médias : « Zeit », FAZ, « Bild » et Tagesschau. Sa conclusion : Des recherches approfondies ou des rapports d’investigation – aucun. Les correspondants rapportent depuis des endroits éloignés, les experts africains ont à peine la chance de parler. Mükke parle même de « négligence dans les reportages sur les conflits du Sahel ».

    Correspondants à des milliers de kilomètres

    Un groupe d’experts du Niger, du Mali et d’Allemagne a analysé 41 articles liés au vote du Bundestag sur la mission au Sahel en 2021, explique Mükke dans l’interview du Dlf. Le résultat qui donne à réfléchir : pas de recherche sur place au Sahel, pas de rapports de fond ou de recherche d’investigation. Les correspondants des reportages étaient pour la plupart basés à des milliers de kilomètres de la zone sahélienne. « Cela frise l’imposture », dit Mükke.

    Les sources d’information utilisées sont également discutables : surtout, les correspondants se seraient appuyés sur des déclarations de hauts responsables gouvernementaux allemands et français, de l’armée et d’organisations internationales. Les scientifiques africains, les hommes d’affaires ou les représentants religieux, en revanche, n’ont jamais été mentionnés comme des sources importantes.

    Pourquoi l’Afrique est-elle négligée dans les médias ?

    Il y a plusieurs raisons à cette « superficialité », dit Mükke, qui a lui-même fait des reportages depuis le continent pendant de nombreuses années : la réduction des budgets des maisons de presse, par exemple, a aminci les réseaux de correspondants. Mükke voit un autre problème dans le fait que les postes de correspondants dans les pays africains sont souvent considérés comme le point de départ idéal pour les jeunes collègues inexpérimentés. « Cela contraste avec la complexité de ce qui se passe sur ce continent. »
    Après tout, des milliards d’argent des contribuables affluent dans des opérations de la Bundeswehr comme celle au Mali. « Cela oblige en fait les médias à faire des reportages en profondeur », critique Mükke. Les opérations militaires en particulier devraient donc avoir « la valeur d’information la plus élevée ». Au lieu de cela, « un multiple serait investi à chaque jour de match de Bundesliga ».

    Engager les médias locaux africains

    Sa demande aux médias : les rédacteurs spécialisés doivent s’occuper des régions en crise, faire beaucoup plus de recherches sur place – également en coopération avec les médias locaux africains. Les déclarations officielles devraient être remises en question de manière plus critique. Les correspondants doivent être en permanence dans les zones opérationnelles.

    La Bundeswehr décrit Mükke comme une « armée parlementaire » – ce qui signifie que les médias ont une « obligation démocratique » de donner aux habitants de ce pays une image techniquement compétente de ce qui se passe au Mali et dans la zone sahélienne. On en est loin pour le moment.

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    Quel est le mandat de la Bundeswehr au Sahel ?

    Au Mali, la Bundeswehr était auparavant impliquée dans la mission de formation de l’UE EUTM (European Union Training Mission Mali), qui a été active à partir de là dans les cinq pays du Sahel : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad. Avec la mission de stabilisation dirigée par l’ONU MINUSMA (Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali), la force opérationnelle conjointe des pays du G5 a également reçu des conseils et une formation militaires. À l’été 2021, environ 1 100 soldats allemands ont été déployés au Mali pour cette seule mission. La Bundeswehr forme également des forces spéciales au Niger.

    Le 11 avril 2022, l’UE a décidé de mettre fin temporairement à la mission de formation de l’UE au Mali après qu’il est apparu que les troupes maliennes, ainsi que les forces russes, pourraient avoir commis des violations massives des droits de l’homme. Cependant, la ministre fédérale de la Défense Christine Lambrecht prône la poursuite de la mission dans la région sous certaines conditions. En mai, le Bundestag doit clarifier si l’Allemagne continuera à être impliquée dans la MINUSMA et l’EUTM.

    Pourquoi la région a-t-elle besoin d’une aide militaire ?

    Attaques terroristes, changement climatique, pauvreté : dans les cinq États de la zone sahélienne, la violence jihadiste se mêle aux conflits ethniques et au crime organisé. Les forces de sécurité locales sont débordées, les structures étatiques ne fonctionnent pas correctement. Les climatologues supposent que la région sera particulièrement touchée par le changement climatique. Selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies, plus de 10,5 millions de personnes au Sahel souffrent actuellement de la faim, aggravée par des années de sécheresse.

    Quels sont les objectifs de la Bundeswehr au Sahel ?

    Selon ses propres déclarations, la Bundeswehr veut d’une part conseiller et mieux former les militaires régionaux, et d’autre part renforcer la société civile : administration, police et justice, services de base à la population et systèmes d’éducation et de santé.

    Cependant, le déploiement de la Bundeswehr sert aussi des intérêts nationaux : la région du Sahel est considérée comme importante pour la stabilité de l’Afrique de l’Ouest. Il faut éviter qu’un refuge sûr pour les terroristes ne soit créé ici – ce qui pousse la population à migrer vers l’Europe.

    Deutschlandfunk, 03/05/2022

    #Allemagne #Bundeswehr #Armée #Barkhane #Takuba #Sahel #Mali #BurkinaFaso #Mauritanie #Niger #Tchad

  • Pourquoi Barkhane quitte le Mali? Conséquences sur le Sahel

    Pourquoi Barkhane quitte le Mali? Conséquences sur le Sahel – Niger, Burkina Faso, Tchad, Barkhane, Takuba,

    Pourquoi les troupes françaises quittent-elles le Mali et qu’est-ce que cela signifiera pour la région ?

    Le président Emmanuel Macron a annoncé qu’il retirerait les forces françaises du pays ouest-africain du Mali, où elles combattent les militants islamistes depuis 2013.

    Il y a 5 000 soldats français au Mali et dans les pays voisins, combattant des groupes comme Al-Qaïda et l’État islamique.

    Mais au cours des huit dernières années, la présence française est devenue de plus en plus impopulaire auprès du gouvernement malien et de son public.

    Quelle est la menace terroriste au Mali et dans la région du Sahel ?

    Le groupe État islamique et al-Qaïda ont décidé de se concentrer sur la région du Sahel en Afrique, après avoir subi des revers au Moyen-Orient.

    Le Sahel est une bande de terre semi-aride sous le désert du Sahara qui s’étend à travers le continent d’est en ouest. Il comprend des parties du Tchad, du Niger, du Mali, du Burkina Faso et de la Mauritanie.

    L’État islamique dans le Grand Sahara (ISGS) et la filiale d’Al-Qaïda, appelée Jamaat Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), ont mené des attentats terroristes dans la région qui ont tué plusieurs milliers de personnes, déplacé des dizaines de milliers d’autres et provoqué la fermeture de milliers d’écoles.

    Deux autres groupes djihadistes sont actifs au Sahel : Ansaroul Islam et Boko Haram.

    En avril 2022, des jihadistes ont attaqué trois bases militaires dans le centre du Mali et une au Burkina Faso , tuant six militaires,

    Pourquoi la France s’est-elle engagée ?

    En 2013, la France a envoyé 5 000 soldats au Mali à la demande du gouvernement alors qu’il faisait face à une rébellion armée.

    Après l’éviction et l’assassinat du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, les mercenaires touaregs qui avaient combattu pour lui sont rentrés au Mali déterminés à lutter pour l’indépendance du nord du pays.

    Avec les armes de Kadhafi, ils ont formé une alliance avec des islamistes liés à Al-Qaïda qui devaient devenir les partenaires les plus forts. Ensemble, ils ont pris le contrôle du nord et ont menacé de prendre le contrôle de tout le pays.

    Le Mali était une colonie française jusqu’en 1960. Le gouvernement français a déclaré qu’il voulait protéger la population malienne et les 6 000 citoyens français qui y vivent.

    Parmi ces troupes, 2 400 ont été localisées dans le nord du Mali, tandis que les autres ont utilisé des drones et des hélicoptères pour traquer les cellules djihadistes qui opèrent au Mali, au Tchad, au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie.

    Il y a aussi 14 000 soldats de maintien de la paix de l’ONU qui opèrent aux côtés des forces militaires locales, patrouillant dans les déserts du Sahel.

    Pourquoi la présence française est-elle devenue impopulaire ?

    Les forces françaises ont été chaleureusement accueillies à leur arrivée au Mali il y a neuf ans, mais les relations se sont détériorées depuis.

    Le nombre d’attaques terroristes dans le pays n’a cessé d’augmenter, tout comme le nombre de Maliens rejoignant les groupes d’insurgés. Au cours des neuf dernières années, la menace militante islamiste s’est également étendue à d’autres pays tels que le Burkina Faso et le Niger, les insurgés faisant des raids dans la région depuis leurs bases au Sahara.

    De nombreux habitants estiment que la France, en tant que puissance militaire avancée, aurait dû être en mesure de résoudre le problème du terrorisme et qu’elle devrait s’écarter si elle ne peut pas le faire. Certains ont qualifié la présence de troupes de l’ancienne puissance coloniale d’ »occupation ».

    Depuis que 55 soldats français ont été tués au Sahel, il n’est pas non plus populaire en France.

    Il y a également eu des disputes entre le gouvernement français et la junte militaire malienne, qui a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en août 2020 – la deuxième fois qu’un gouvernement civil est renversé en huit ans.

    La junte est revenue sur un accord pour organiser des élections démocratiques en février et a déclaré qu’elle conserverait le pouvoir jusqu’en 2025. Lorsque l’ambassadeur de France s’y est opposé, il a été expulsé.

    Le président Macron a déclaré: « Nous ne pouvons pas rester militairement engagés aux côtés d’autorités de facto dont nous ne partageons pas la stratégie et les objectifs cachés. »

    En avril 2022, les dirigeants maliens ont annoncé qu’ils organiseraient des élections deux ans plus tard, en 2024 .

    La France a refusé de négocier un accord de paix avec des groupes islamistes, politique privilégiée par de nombreux Maliens.

    La France a également été irritée par la décision de la junte malienne d’inviter des mercenaires de la société russe Wagner pour aider à la lutte contre les groupes jihadistes.

    La ministre française des Armées, Florence Parly, a déclaré que « nous ne pourrons pas cohabiter avec des mercenaires ».

    Que se passe-t-il maintenant ?

    Les troupes françaises impliquées dans l’opération Barkhane seront retirées au cours des quatre à six prochains mois.

    La France déploiera des troupes dans d’autres pays du Sahel, aux côtés des troupes d’autres nations européennes servant dans la Task Force Takuba. Les pays concernés disent qu’ils établiront des plans sur la façon dont ils opéreront dans la région à l’avenir.

    Les gouvernements des pays voisins craignent que le retrait de la France du Mali ne déstabilise davantage la région. Le président ivoirien Alassane Ouattara a averti que cela créerait un vide politique.

    « Nous serons obligés d’augmenter nos forces de défense et d’augmenter la protection de nos frontières », a-t-il déclaré.

    Le président ghanéen Nana Akufo-Addo a exhorté l’ONU à maintenir sa force de maintien de la paix au Mali malgré le départ des Français.

    L’arrivée des mercenaires du groupe Wagner a été saluée par certains Maliens, qui la considèrent comme politiquement neutre. Cependant, de nombreux pays occidentaux s’en méfient et accusent le gouvernement russe de l’avoir aidé à remporter son contrat au Mali.

    En avril 2022, l’armée française a accusé des mercenaires russes d’avoir enterré des corps à l’extérieur d’une base militaire et d’avoir blâmé les troupes françaises pour les meurtres .

    La France dit que cela fait partie des efforts visant à discréditer sa force de départ. La Russie n’a pas commenté les allégations.

    Wagner a opéré dans plusieurs autres pays africains, dont le Mozambique, le Soudan et la République centrafricaine. Il a également été lié à des crimes de guerre dans la guerre civile en Libye.

    BBC, 26/04/2022

    #Sahel #France #Barkhane #Mali #Tchad #Niger #BurkinaFaso #Takuba

  • Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire

    Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire

    Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire – Niger, Nigeria, Mali, Burkina Faso, Tchad,

    En Afrique, quelque 346 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire qui va s’aggraver encore dans les mois à venir. C’est une catastrophe qui passe largement inaperçue. Regards croisés de trois chefs de délégations du CICR au Sahel.

    François Moreillon, Yann Bonzon et James Reynolds sont chefs de délégation du CICR respectivement au Niger, au Nigéria et au Mali.

    Dans cette édition du podcast « Humanitaires », ils abordent la difficile question de cette crise et de son impact au Sahel, ainsi que des réponses que met en place le CICR.

    Avec Halimatou Amadou, ils partagent leur regard sur le quotidien des communautés dans ces pays.

    CICR, 26/04/2022

    #Sahel #Mali #Niger #Nigeria #BurkinaFaso #Tchad #Famine #crise_alimentaire

  • France : Macron face au nouveau paradigme africain

    France : Macron face au nouveau paradigme africain

    France : Macron face au nouveau paradigme africain – Mali, Sahel, Afrique, Burkina Faso, Niger, Tchad, Barkhane, Algérie,

    Le président Emmanuel Macron reste à l’Elysée. Dimanche, 24 avril, il a gagné au deuxième tour de l’élection présidentielle à 58, 5% le suffrage des Français pour un second quinquennat. Ainsi, il repart victorieusement pour un deuxième mandat qui s’annonce pourtant ardu.

    Par Anis Remane

    Au vu de la progression de l’extrême droite qui a obtenu 40% de vote et de la polarisation du champ politique et social français -une observation partagée hier par l’ensemble des médias de l’Hexagone et de l’étranger- le locataire de l’Elysée avance désormais sur un terrain difficile. Ses adversaires, à droite comme à gauche ou à leurs extrêmes, l’attendent au tournant et parlent des législatives prévues en juin prochain comme d’un «troisième tour» à l’issue duquel il peut se retrouver en situation de cohabitation ou, alors, face à une Assemblée nationale qui ne sera certainement pas celle issue des présidentielles de 2017.

    Quelle que soit, donc, la configuration qu’aura cette prochaine Assemblée, elle sera en ligne de compte de l’action du président réélu y compris en politique étrangère. A ce sujet, le président Macron sera particulièrement suivi sur la façon dont il va nouer les relations de son pays avec l’Afrique, un continent où, s’il continue de jouir d’un certain ascendant, notamment en Afrique de l’ouest et au Sahel, il n’a plus l’influence qui étaient la sienne dans les années et les décennies précédentes. C’est que l’Afrique change et cette transformation met de plus en plus en contradiction une politique étrangère française qui, malgré les discours et les déclarations d’intention, reste encore axée sur la défense et l’extension des intérêts de Paris. Le résultat est le rejet de cette politique comme on le voit au Mali où le sentiment anti-français n’a jamais été aussi manifeste.

    Il s’agit d’«accompagner les efforts locaux de développement plutôt que l’expansion des intérêts français en Afrique», a déclaré hier l’historien et intellectuel camerounais Achille Mbembe. L’Union Africaine (UA) souhaite l’établissement avec la France de «relations rénovées et mutuellement avantageuses». Le plus vrai est que le président Macron, qui a dû observer les transformations importantes en cours dans le continent africain, sait que la donne a changé avec l’émergence d’une conscience politique renouvelée chez les sociétés et les peuples africains que les rapports de domination du passé ne passent plus. Que, au niveau des Etats, des paradigmes nouveaux apparaissent avec le retour ou l’arrivée de nouveaux compétiteurs et, donc, de nouvelles alternatives en matière de coopération économique, sécuritaire et stratégique.

    Dans ces domaines, la fracture avec la France est visible. Elle risque de s’aggraver si les dossiers qui brouillent ses relations ne trouvent pas la régulation dont ils ont besoin sur la base d’une coopération «rénovée» et «mutuellement avantageuse», pour reprendre le message de félicitations de l’UA. C’est particulièrement vrai, pour la relation algéro-française qui est passée par des moments de grande crispation – à l’occasion du contentieux mémoriel qui a vu Alger rapatrier son ambassadeur durant l’automne dernier – et qui connait aujourd’hui un dégel «laborieux», avait déclaré le chef de la diplomatie Ramtane Lamamra en février dernier.

    Dans sa lettre de félicitations, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, qui n’a pas été parmi les premiers chefs d’Etat à réagir à la victoire du président Macron, a quelque peu poussé plus loin le dégel, en se montrant confiant quant à l’avenir de la relation avec Paris. Mais ce sera le terrain et le sort qui sera réservé aux questions bilatérales, notamment celles qui sont marquées du sceau de l’aspérité, qui validera cette confiance. Les deux pays n’ont pas encore réalisé le partenariat et la coopération économiques souhaités à la hauteur des atouts et des ambitions réciproques.

    La tenue prochaine à Alger du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN) devrait apporter des réponses sur la façon dont la relation économique et commerciale entre les deux pays va évoluer. Pour le politico-mémoriel, soixante ans après, le dossier des essais nucléaires reste, lui, au cœur des questions à aplanir entre Alger et Paris. Alger demande la décontamination des sites où la France a réalisé entre 1960 et 1966 17 essais nucléaires au Sahara. Il s’agit d’agir en sorte que les commissions mixtes mises en place pour faire des propositions obtiennent enfin des résultats. Pourquoi ce dossier, le président Tebboune a déclaré en juillet 2020, quand le travail commun sur les questions mémorielles était encore à l’ordre du jour, que «la seule compensation envisageable est celle des essais nucléaires».

    Reporters, 26/04/2022

    #France #Algérie #Afrique #Sahel #Mali #BurkinaFaso #Barkhane #Macron

  • France, Macron, Barkhane : quand l’opinion publique s’impose

    France, Macron, Barkhane : quand l’opinion publique s’impose

    France, Macron, Barkhane : quand l’opinion publique s’impose – Serval, Takuba, Mali, Mauritanie, Tchad, Niger, Burkina Faso, Russie, Wagner, Sahel, G5 Sahel, MINUSMA,

    L’impossible mission de la France au Sahel. Le retrait de février dernier est le fruit d’un mécontentement entre les populations françaises et sahéliennes, devenu décisif en vue des élections présidentielles

    Par Naomi Moreno-Cosgrove/ Institut Royal Elcano

    Le 17 février 2022 , le président français Emmanuel Macron a annoncé le retrait des troupes françaises et européennes du Mali . Une telle déclaration, qui faisait suite à une rupture rapide des relations avec la junte au pouvoir au Mali – qui a pris le pouvoir après un coup d’État en mai 2021 – a mis un terme brutal aux neuf années d’engagement militaire de la France dans le pays.
    Le communiqué de l’Elysée est intervenu à un moment où les réactions sociales avaient alimenté le scepticisme entourant l’opération Barkhane . Dans le contexte des élections françaises alors imminentes, cette manœuvre semblait suggérer que l’engagement français au Sahel avait pris soin d’éviter d’être surnommé «l’Afghanistan français».

    Le Mali était le point focal de la contre-insurrection française au Sahel , une ceinture de 4 millions de kilomètres carrés qui s’étend sur la frontière savane-désert de l’Afrique. L’opération a vu le jour en 2013 avec l’ Opération Serval . Il a donné suite à la demande du Mali d’évincer les djihadistes qui avaient profité des griefs des minorités existantes, utilisant la rébellion touareg comme cheval de Troie pour conquérir les territoires du nord du Mali.
    Comme ce fut le cas au début de la guerre en Afghanistan, Serval s’est avéré être un succès tactique. En 2014 , l’ Opération Serval a été étendu à toute la région , y compris la Mauritanie , le Niger , le Burkina Faso et le Tchad , dans ce qui est devenu connu sous le nom d’ opération Barkhane . Ce dernier ne devait durer que quelques semaines mais ne s’est pas déroulé comme prévu. Plutôt que d’apaiser la situation, le déroulement de Barkhane s’est heurté à une augmentation des pertes , à une escalade de l’insurrection et à une baisse des soutiens sur le terrain et à l’intérieur .

    Ces dernières années , l’implication du contre-terrorisme français au Sahel a vu une escalade de l’opposition locale , avec des protestations incitées par les médias sociaux et une colère généralisée contre l’insécurité. D’une part, le désenchantement local s’est produit car, contrairement à ce qui était attendu, les Sahéliens ont longtemps été témoins de l’échec de la France à éviter les pertes de l’armée locale . De plus, bien que Barkhane ait été promu comme « agissant pour le bénéfice maximum des populations locales », l’armée française n’a pas réussi à empêcher l’augmentation des pertes civiles et le déplacement généralisé de la population .

    Les succès tactiques de Barkhane – impliquant la neutralisation de djihadistes de haut niveau tels qu’Adnan Abu Walid al-Sahraoui, chef de l’État islamique au Grand Sahara (ISGS), et Abdelmalek Droukel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique ( AQMI ) – ils ne se sont pas traduits par un succès pour la stratégie globale de la mission et ont été dépassés par l’incapacité de la France à réduire les événements violents dans la région. L’élargissement de leur champ d’action aux contentieux locaux a permis aux groupes djihadistes – notamment l’ISGS et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), la branche d’al-Qaïda dans la région – de se consolider son influence, se mobiliser et obtenir des ressources pour renforcer son action. En outre, la crise des déplacements et la crise humanitaire – avec 1,4 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) en 2019 – ont montré que la situation est loin de s’améliorer. Depuis 2015, plus de 23 500 civils ont été tués au Mali , au Niger et au Burkina Faso , dont la moitié au cours des trois dernières années.

    Ajouté aux perceptions mutuelles dissonantes qui ont caractérisé les relations franco-maliennes , en partie aggravées par le virage pro-russe du Mali, le sentiment populaire anti-français croissant a contribué à alimenter le soutien aux coups d’État d’août 2020 et de mai 2021 .

    e point de basculement est survenu en mars 2021 , lorsque les enquêteurs de l’ONU ont révélé qu’une frappe aérienne française avait frappé un mariage dans le centre du Mali au début de l’année et avait tué 19 civils.

    Dans la région au sens large, l’irritation à propos de Barkhane a culminé en novembre 2021lorsque des manifestants dans le nord du Burkina Faso et l’ouest du Niger ont bloqué un important convoi de fournitures militaires françaises. Dans la ville nigériane de Tera, des soldats français ont tiré sur des manifestants pour libérer le convoi, tuant trois personnes et faisant 18 blessés. De plus, à la suite du coup d’État militaire de janvier 2022 , à Ouagadougou, les images des milliers de Burkinabés descendant dans la rue , avec beaucoup dans la foule agitant des drapeaux russes et tenant des banderoles anti-françaises , ne sont plus une surprise.

    Cette désillusion s’est conjuguée à la perception partagée qu’un « embouteillage sécuritaire » a transformé le Sahel en une arène pour les acteurs internationaux de la sécurité aux mandats d’intervention contradictoires . Ainsi, au lieu de s’améliorer, la situation s’est aggravée.

    La myriade d’interventions – du G5 Sahel et de la MINUSMA aux missions de formation de l’UE et la dernière initiative, la Task Force Takuba – ont encore contribué à la rhétorique jihadiste anti-néocoloniale en exploitant les plaintes des populations. Bien que les acteurs de la sécurité continuent de ne pas parvenir à stabiliser la région, l’intervention internationale et, en particulier, française continue d’être vue à travers les yeux méfiants d’une population fatiguée.

    L’annonce de février est également intervenue au moment où Emmanuel Macron se préparait pour le premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril. Comme lors de la campagne de 2017 , lorsqu’elle a émis l’idée que les opérations extérieures françaises devaient être réduites en ampleur et se traduire par des efforts internationaux accrus, l’opinion publique française semble jouer un rôle dans la transformation de Barkhane .

    Les opérations militaires françaises à l’étranger continuent d’être perçues aux yeux du public comme un prétexte pour couvrir des intérêts indéfinis – comme la sécurité de l’uranium d’Areva au Niger – en collaborant avec des régimes autoritaires .

    De plus, dans un contexte où des questions plus urgentes semblent occuper l’arène géopolitique, la congruence entre les moyens et les capacités de Barkhane n’a pas réussi à répondre aux paramètres de la mission. L’opération a déployé jusqu’à 5 100 soldats, 780 véhicules militaires et environ 40 avions de combat, pour un coût d’environ 1,2 milliard de dollars par an. Ainsi, en janvier 2021 , pour la première fois depuis le début de la mission en 2013, un sondage Ifop montrait que la majorité – 51 % – de la population française n’était pas favorable à l’intervention française au Mali., avec environ 19 % se déclarant « fortement opposés ». Cela contraste avec les 73% en 2013 et 58% en 2019 qui soutenaient la présence militaire française au Mali.

    Moins d’un mois avant de se présenter aux élections, Macron a rejeté la responsabilité sur la junte malienne : « nous ne pouvons pas rester engagés militairement avec des autorités de facto dont nous ne partageons pas la stratégie et les objectifs cachés ». Dans l’ ensemble, l’électorat français et les contributions négatives des populations locales semblent avoir joué un rôle central dans le façonnement du déroulement de l’opération Barkhane et de l’avenir des missions antiterroristes françaises dans la région .

    Bien qu’ayant capté l’essentiel de l’attention, les coups d’État au Mali et la montée au pouvoir conséquente des russophiles prêts à négocier avec les djihadistes, responsables de la mort de 54 soldats français depuis 2013 et dont le but est la raison d’être de Barkhane, ce n’était pas la cause, mais il a souligné que la journée de la France au Mali est sur le point de se terminer. Alors que Wagner – une société paramilitaire publique-privée gérée au sein du cercle oligarchique de Vladimir Poutine – s’apprête à exploiter le vide laissé par les Français et la Task Force Takuba au Sahel, l’annonce de Macron en février indique une dynamique que les décisions gouvernementales en France concernant une région traditionnellement sous son emprise, ils ont été conditionnés par des schémas de mécontentement parmi les populations françaises et sahéliennes .

    L’Indro, 22/04/2022

    #Mali #Sahel #Tchad #BurkinaFaso #Barkhane #Niger #France #Takuba #Terrorisme #Russie #Wagner

  • La France, la Russie et les sables mouvants du Sahel

    La France, la Russie et les sables mouvants du Sahel – Mali, Barkhane, Takuba, Niger, Burkina Faso,

    Eromo Egbejule*
    Le retrait des troupes françaises du Mali intervient après neuf ans de lutte contre l’insurrection islamiste.

    Le 17 février, la France et ses alliés européens ont annoncé qu’ils commenceraient à retirer leurs troupes du Mali après près de neuf ans de lutte contre une insurrection islamiste. Cette décision fait suite à une rupture des relations avec la junte au pouvoir au Mali, qui a pris le pouvoir lors du coup d’État de mai 2021, et est l’aboutissement de la montée du sentiment anti-français dans le pays.
    Le Niger voisin a salué le projet de la France de redéployer des troupes sur son territoire, mais d’autres pays de la région – comme le Burkina Faso et la Guinée – seraient également en train d’évaluer leurs relations avec la France.

    Insécurité au Sahel

    L’insurrection islamiste dans le nord du Mali a commencé en 2012. Elle a depuis déplacé environ un demi-million de personnes et fait des centaines de morts. La France a déployé pour la première fois des troupes au Mali en 2013 pour une célébration populaire. Son intervention a d’abord réussi à endiguer l’avancée des rebelles et à remettre des villes clés telles que Tombouctou sous le contrôle du gouvernement.

    Au fil des ans, cependant, les militants armés se sont regroupés et ont élargi la portée de leurs opérations. La recrudescence des attaques au Burkina Faso depuis 2015 environ, par exemple, a contribué à une crise humanitaire qui a maintenant contraint 1,7 million de personnes à quitter leur foyer. Selon l’Armed Conflict Location & Event Data Project , le Burkina Faso est désormais l’épicentre du conflit, comme en témoigne l’attaque du 5 juin 2021 au cours de laquelle des hommes armés ont tué environ 160 personnes dans la ville septentrionale de Solhan.

    L’instabilité politique a à la fois ajouté à cette insécurité dans la région et en a résulté. Depuis 2019, il y a eu quatre coups d’État réussis au Sahel (Burkina Faso, Tchad, Guinée et Mali) et deux échecs (Guinée Bissau et Niger). Certains analystes suggèrent que le succès perçu de certains coups d’État dans la région a contribué aux tentatives d’autres. Selon Paul Melly du programme Afrique de Chatham House, la montée des coups d’État a « généré un sentiment plus large de déstabilisation » et que « les soldats qui envisagent des tentatives de putsch peuvent de plus en plus se sentir habilités à le faire ».

    Les coups d’État ont également eu des facteurs communs. Le renversement au Burkina Faso en janvier dernier, par exemple, a suivi la montée des protestations populaires contre l’incapacité perçue du gouvernement à arrêter les attaques armées. Comme le souligne Mvemba Phezo Dizolele, directeur du programme Afrique au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) basé aux États-Unis, le Burkina Faso a déjà connu des coups d’État militaires, mais le coup d’État de 2022 était remarquable pour « se produire en même temps que augmentation des attentats terroristes ».

    Les coups d’État au Mali ont également été motivés en partie par la perception que le gouvernement n’a pas réussi à gérer l’insurrection islamiste, et de nombreux citoyens ont soutenu les renversements dans l’espoir que les nouveaux gouvernements feront mieux pour lutter contre l’insécurité. Dans le même temps, les coups d’État maliens ont entraîné une détérioration des relations avec la France. Cette aigreur a commencé après le coup d’État d’août 2020 et s’est aggravée après le coup d’État de mai 2021, conduisant finalement la France à annoncer son retrait militaire.

    Le rapport pays 2022 sur le Mali dans l’indice de transformation (BTI) de la Bertelsmann Stiftung souligne à quel point cette instabilité politique a conduit le Mali à régresser. Son indice de gouvernance , qui mesure la constance des élites dans la poursuite d’une démocratie fondée sur l’État de droit et une économie de marché, est passé de 5,19 (sur 10 possibles) en 2020 à 4,66 en 2022. Et, comme le résume le rapport : « Aujourd’hui, La situation politique et sécuritaire ne diffère guère de celle de 2012, les deux tiers du territoire du pays étant toujours hors du contrôle de l’État malgré l’intervention de la communauté internationale depuis 2013. »

    Vers la Russie ?

    Le retrait d’environ 2 400 soldats français au Mali intervient à un moment où le groupe Wagner, un groupe paramilitaire russe, fait de plus en plus d’incursions dans le pays. La société militaire privée, créée en 2014 pour soutenir les séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine, a noué des liens plus étroits avec la junte malienne. Il a également des opérations dans des pays comme la République centrafricaine, le Tchad et le Mozambique.

    Malgré les affirmations de Bamako et de Moscou selon lesquelles les Russes au Mali ne sont que des entraîneurs et non des mercenaires, de plus en plus de rapports font état de combattants de Wagner vus dans tout le pays. Le mois dernier, des mercenaires russes présumés travaillant avec l’armée malienne auraient tué environ 300 personnes en cinq jours dans la région nord de Mopti.

    Pour de nombreux pays africains, la Russie offre une alternative intéressante à la France et à l’Occident. Pour le Mali, cela rend plus gérable le retrait annoncé de son ancien maître colonial. Le soutien de la Russie est assorti de peu de conditions et de moins de bagages historiques que les anciennes puissances coloniales et les États-Unis. C’est en partie pourquoi, lors du vote de l’Assemblée générale des Nations unies pour condamner les actions de la Russie en Ukraine, 17 pays africains – environ un tiers – se sont abstenus.

    Selon le Council on Foreign Relations, en optant pour une relative neutralité face à l’invasion russe, les dirigeants africains « mettent en balance leur engagement philosophique envers la souveraineté et l’intégrité territoriale avec le soutien matériel et militaire concret d’un dirigeant dont ils soupçonnent les intentions, mais dont le soutien sans les chaînes attachées sont devenues utiles. »

    *Eromo Egbejule est un journaliste nigérian. Entre autres, il écrit pour le Blog Bertelsmann Stiftungs BTI.

    African arguments, 13/04/2022

    #Sahel #Mali #Niger #BurkinaFaso #France #Barkhane #Takuba

  • Le Maroc, sponsor attitré du crime transfrontalier au Sahel

    Le Maroc, sponsor attitré du crime transfrontalier au Sahel

    Le Maroc, sponsor attitré du crime transfrontalier au Sahel – Algérie, Mali, Sahel, Niger, Tchad, Burkina Faso,

    Narcotrafic et terrorisme: Au bord de la faillite économique, le makhzen sponsor attitré du crime transfrontalier
    Aux prises avec une incertitude interne qui secoue ses frêles structures, le makhzen en déperdition économique établie s’investit à faire de l’Algérie, une cible à déstabiliser, par excellence. Il mobilise pour ce faire le diable et ses alliés pour torpiller tout ce que la diplomatie algérienne a réussi, contre vents et marées à bâtir, notamment au Mali.

    La voix et l’influence de l’Algérie qui signe par la paix son grand retour sur la scène internationale notamment continentale auront surpris aussi bien le Maroc que ses nouveaux partenaires choisis pour la circonstance dans un but tout avoué qui vise à livrer l’Afrique au pire ennemi des causes justes. Le Maroc ne s’embarrasse plus de s’associer aux vils criminels classés et aux narcotrafiquants dont il soustraite les activités et qu’il utilise comme agents de déstabilisation de la région moyennant refuge et couverture. Le jeu trouble du makhzen se précise et prend la forme d’un vaste réseau de narcotrafic entretenu par ses services.

    En proie à de graves ennuis économiques qui annoncent inéluctablement un état de cessation de paiement d’ici quelques mois, avec une lourde dette atteignant les 90 milliards de dollars, le Maroc peine à trouver d’alternative et se hasarde davantage dans une politique suicidaire.

    Économie en sursis, grogne sociale, pénuries et inflation, chômage et montée en puissance de la colère populaire doublement alimentée par la cherté de la vie et l’alliance avec l’Etat sioniste, le pays traverse un malaise sur tous les fronts. La facture d’importation de l’énergie explose à plus de 19 milliards de dollars alors que celle des céréales dépasse les 2 milliards en ces temps de sécheresse. Climatique et financière.

    Ce sont les organisations marocaines elles mêmes qui tirent la sonnette d’alarme à l’instar des professionnels du tourisme qui évoquent quelques 16 milliards de dollars de manque à gagner et des dégâts inédits dans ce secteur jadis source de revenus. La courbe du danger s’accélère au gré d’une faillite économique incontournable. Pour autant le makhzen n’a pu se résoudre à tenter de trouver réponses à cette situation. Il persiste à jouer avec le feu et s’embourber dans un terrain dangereux en tentant de jouer l’embrasement et l’instabilité dans le Sahel.

    Du Mali au Niger, du Tchad au Burkina Faso et la Libye, la main complice et souvent active laisse des empreintes sans failles dans une vaste opération de déstabilisation de la région en réponse à des desseins bien conçus dans les labos des services obscurs d’un makhzen désormais aux abois. L’implication des services du renseignement du makhzen dans la promotion du narcotrafic et son corollaire le terrorisme a été largement mise en évidence par les faits.

    Investis pleinement dans le trafic de drogue ainsi que le blanchiment d’argent lié aux activités terroristes, les services marocains ont montré le vrai visage de cette politique qui prône la déstabilisation au Sahel en allant jusqu’à offrir refuge et repli aux terroristes notoires de la région. Il ne passe plus un jour sans voir les services de sécurité algériens intercepter des quantités de drogue qui se comptent en centaines de kilos émanant du Maroc. Des tentatives répétées d’empoisonnement à travers des opérations à grande échelle auxquelles s’adonnent des trafiquants de drogue activant pour le compte du voisin de l’ouest.

    L’implication des services marocains et la bénédiction du makhzen ont été maintes fois démontrées par les forces de sécurité algériennes qui n’ont eu de cesse de déjouer ce vaste plan à l’évidence tout réfléchi. Et le makhzen qui persiste à nier sa pleine responsabilité par la voix officielle de ses représentants notamment lors de la récente sortie du chef de la police. D’aucuns auront compris le fond caché de cette stratégie qui consiste à inonder le voisin en drogue, entretenir les terroristes et les engager à semer les troubles et l’insécurité notamment dans le nord du Mali . Là où la France a échoué et s’est vue chasser par une prise de conscience locale qui a saisi le sens des enjeux. Finis les faux prétextes de la lutte contre le terrorisme , artifice dépassé qui offrait aux Français le mobile politique pour inscrire sa présence militaire dans ce tableau aujourd’hui dévoilé.

    Les Maliens dans un sursaut inédit ont compris que le salut tant attendu ne pouvait provenir de cette intervention autrement intéressée d’une France plus portée par le gain et la domination que par un autre enjeu. Les chaînes de télévision françaises payeront d’ailleurs le prix de leur désinformation et le traitement orienté des Fake news qu’elles diffusaient. Les Maliens rejetteront au final tout ce qui pouvait provenir de cette France devenue persona non grata. L’échec est total pour la puissance française. En revanche le makhzen de son côté compte sur une vision plus large. Celle qui le pousse à recourir aux services des narcotrafiquants et des terroristes de la région qu’il mobilise afin de faire régner l’insécurité au nord Mali et provoquer le retour du chaos dans la région.

    Le plan du makhzen vise à provoquer l’effervescence et à semer les troubles sur une échelle plus vaste qui englobe le Tchad, Niger , Mali, libye et le Burkina Faso afin de justifier l’intervention de forces étrangères notamment françaises d’une part et de permettre politiquement de frayer un chemin en faveur d’Israël dans l’organisation africaine. Sinon comment expliquer la présence paisible au Maroc qui héberge le dénommé Cherif Ould Tahar ce narcotrafiquant notoire qui fait l’objet d’une recherche active par Interpol et des autorités américaines ?

    Détenant la double nationalité algéro-malienne, ce personnage est connu pour son implication dans le terrorisme et la contrebande également, lui qui loue ses services aux plus offrants. Il est réputé agent à la solde du makhzen qui lui offre refuge et sécurité en contre partie des actions qu’il mène dans la déstabilisation du Mali et de la région. Le makhzen ne s’arrête pas là puisque sa vision diabolique consiste à soutenir ces terroristes notoires en les aidant à gagner les institutions officielles de leurs pays. À l’image de Ghoumnar Boudika que le makhzen a sponsorisé via ses services secrets pour en faire un élu du sénat au Niger. La démarche repose sur l’infiltration de ces pays et le makhzen espère ainsi placer ses hommes dans ces structures officielles et parvenir par la suite à s’en servir comme moyen de pression et de contrôle sur ces gouvernements. L’objectif étant d’avoir la main mise sur la décision politique dans ces pays. C’est dire que le makhzen voit loin. Beaucoup plus loin que le danger qui le guette sur son propre territoire….

    Karim Alem

    Le Jour d’Algérie, 25/03/2022

    #Maroc #Algérie #Mali #Sahel #Tchad #Niger #BurkinaFaso #Barkhane #Terrorisme