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  • Le Maroc légalise la culture du cannabis

    Le Maroc légalise la culture du cannabis
    Stefan Frank
    31 mars 2021

    Le Maroc est le deuxième pays arabe après le Liban à autoriser la culture du cannabis à des fins médicales, cosmétiques et industrielles.
    Le gouvernement marocain a approuvé le 11 mars un projet de loi qui légalise le cannabis à des fins médicales, cosmétiques et industrielles. Cependant, la plante reste interdite en tant que drogue récréative. Le projet de loi doit maintenant être soumis au vote du Parlement.

    Une telle légalisation partielle avait été discutée depuis le début de la dernière décennie. En décembre 2020, le Maroc a fait partie des 27 pays qui ont voté pour classer le cannabis comme une drogue « moins dangereuse » à la Commission des stupéfiants des Nations unies ; 25 pays ont voté contre.

    Le projet de loi maintenant approuvé par le gouvernement prévoit la création d’un « organisme national de régulation » qui sera chargé de « développer un circuit agricole et industriel ». Il est prévu de définir des zones dans lesquelles la culture de « cultures certifiées » par des « coopératives d’agriculteurs agréées » doit être autorisée. L’objectif déclaré est de « transformer les cultures illégales qui détruisent l’environnement en activités légales durables qui créent de la valeur et des emplois. »

    En avril dernier, le Liban est devenu le premier pays arabe à autoriser la culture du cannabis à des fins médicinales. En Israël, elle est autorisée depuis 1992 ; depuis lors, les exigences réglementaires ont été simplifiées à plusieurs reprises et le nombre de personnes autorisées à y accéder a été augmenté. Par conséquent, l’importance économique du chanvre en Israël n’a cessé de croître.

    Le cannabis comme facteur économique

    Le Maroc est, avec l’Afghanistan, l’un des deux plus grands producteurs de résine de cannabis, qui, une fois pressée en plaques, est appelée haschisch. La principale zone de culture est la région des montagnes du Rif sur la côte méditerranéenne, d’où le haschisch est acheminé en contrebande vers l’Europe via l’Espagne. Plusieurs facteurs sont à l’origine du fait que la culture du cannabis dans la région du Rif est devenue la branche la plus importante – mais jusqu’à présent illégale – de l’économie :

    Le cannabis y est cultivé depuis des siècles, mais pas à une échelle comparable à celle d’aujourd’hui.
    La région est très pauvre et offre peu d’autres sources de revenus.
    À partir des années 1970, la demande de cannabis en provenance d’Europe occidentale a explosé.

    Selon une estimation réalisée par l’ONUDC, l’agence des Nations unies chargée de la lutte contre la drogue, et reprise dans un rapport de 2003, la moitié des quelque 800 000 habitants de la région du Rif dépendaient alors de la culture du cannabis. Dans les années qui ont suivi, cependant, les autorités marocaines ont réprimer la culture, encourageant les agriculteurs à se tourner vers d’autres cultures et annonçant même en 2007 un plan ambitieux visant à éliminer totalement la culture du cannabis d’ici 2008. Cependant, comme le Maroc continue de saisir régulièrement de grandes quantités de haschisch – parfois deux, parfois quatre, parfois cinq tonnes – cet objectif n’a apparemment pas été atteint.

    Selon l’agence de presse française AFP, les experts du réseau indépendant Global Initiative against Transnational Organized Crime estiment la valeur du cannabis produit annuellement au Maroc à environ 19 milliards d’euros.

    Le gouvernement espère un marché en expansion

    La future « autorité de régulation » du Maroc sera chargée de « contrôler toutes les étapes de la chaîne de production », de l’importation des semences à la commercialisation. Outre les usages médicinaux, le cannabis sera également autorisé à des fins cosmétiques et industrielles (construction, textile, papier, etc.). Ceux qui veulent obtenir une licence doivent remplir les conditions suivantes :

    Le candidat doit être de nationalité marocaine.
    Il doit être majeur (au moins 18 ans).
    Il doit résider dans une région où la production est autorisée par un décret à venir.
    Il doit appartenir à une coopérative.
    S’il n’est pas propriétaire du terrain, le demandeur doit obtenir l’autorisation écrite du propriétaire du terrain pour planter et produire du cannabis avant de demander le permis.
    Si le demandeur est le propriétaire du terrain lui-même, il devra obtenir une preuve écrite de la propriété auprès des autorités administratives locales avant de demander le permis.
    Selon l’AFP, le ministère marocain de l’intérieur s’attend à ce que le marché du cannabis médical connaisse une croissance annuelle de 30 % dans le monde entier au cours des prochaines années, et jusqu’à 60 % en Europe.

    Controverse au sein du parti au pouvoir

    Au sein du parti islamiste marocain au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (PJD), la légalisation du cannabis est controversée. L’ancien secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, qui a été Premier ministre de 2011 jusqu’à ce qu’il soit déposé par le roi Mohammed VI en 2017, a annoncé dans une lettre manuscrite publiée sur Facebook qu’il suspendait son adhésion au parti et coupait les liens avec cinq membres principaux du parti dans le cadre de ce différend. Selon lui, le cannabis est une drogue que l’islam interdit. Il qualifie les politiciens qui soutiennent la légalisation de la culture de « trafiquants de drogue » et les accuse de vouloir « transformer le Maroc en Colombie ».

    C’est ce dont il accuse, par exemple, le ministre des sciences et défenseur de longue date du cannabis, Lahcen Daoudi, qui est membre du comité exécutif du parti PJD et l’un de ceux à qui Benkirane ne veut plus parler. a déclaré M. Daoudi :

    « Je ne suis pas d’accord avec Benkirane, même si c’est son droit de me bouder, mais c’est aussi mon droit d’avoir un avis contraire sur le cannabis, qui est une richesse nationale pour la médecine. Il s’agit d’améliorer la vie de millions de personnes qui vivent dans la plus grande pauvreté. » En outre, a-t-il dit, il faut séparer la plante et son utilisation comme substance intoxicante. « C’est comme le raisin sec, la vigne et le vin. »

    En septembre, le Maroc élira un nouveau parlement. Après les élections de 2016, c’est la deuxième fois que le PJD, qui (co)gouverne depuis 2011, devra faire face aux électeurs. Outre la question de la légalisation de la culture du cannabis, la normalisation des relations avec Israël, soutenue par la direction du parti, a également suscité la controverse au sein du parti.

    Mena-Watch, 31 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, cannabis, haschich, légalisation,

  • Légalisation du « cannabis médical » au Maroc : « Une opportunité colossale »

    La légalisation annoncée par les autorités marocaines de la production de cannabis à usage thérapeutique met fin à une hypocrisie. Des milliers de cultivateurs vivent de cette culture officiellement illégale. Un changement majeur, estime Kenza Afsahi, chercheuse au Centre Émile Durkheim (CNRS-Sciences Po Bordeaux).

    Pour Kenza Afsahi, enseignante-chercheuse au Centre Émile Durkheim (CNRS-Sciences Po Bordeaux), le projet de légalisation de la culture et de la vente du cannabis destiné à un usage thérapeutique est une évolution majeure. Le Maroc est le premier producteur mondial de résine de cannabis, aujourd’hui illégale​, et le premier fournisseur des Européens.

    Pourquoi le Maroc a-t-il décidé de légaliser le cannabis à usage thérapeutique ?

    C’est un contexte qui conjugue de nombreux facteurs. Il y a des changements à l’échelle internationale, notamment à l’ONU, dans l’appréciation des politiques face aux drogues, en particulier le cannabis. Et il y a une urgence écologique dans le Rif, principale zone de production au Maroc : faire face aux nouvelles méthodes de cultures très intensives qui ont créé des dégâts environnementaux et qui ont aggravé la situation économique, sociale et sanitaire des paysans.

    Quels enjeux représente cette décision pour le Maroc ?

    C’est un projet colossal qui devra relever des défis politiques, économiques, sociaux et culturels. Mais c’est une réelle opportunité pour construire de nouvelles relations entre l’État et une population qui a vécu dans l’illégalité pendant des décennies. Les enjeux sont aussi sanitaires puisqu’il faudra faciliter l’accès au cannabis pour les malades marocains.

    Est-ce que cette décision impactera la vie des cultivateurs ?

    Pour ceux qui vont adhérer au projet, ils auront de meilleurs revenus garantis par la future agence [chargée de contrôler la production], la possibilité d’une réinsertion sociale, etc. Le projet touche toute la société, ne serait-ce que parce que le cannabis devra être mis à disposition des patients marocains.

    En revanche, le marché du cannabis « médical » ​restera peu important comparé à la production totale [qui alimente les réseaux illégaux de vente en Europe]. La nouvelle législation ne concernera donc pas tous les cultivateurs de cannabis. Une grande partie de la production restera à l’usage « récréatif »​.

    Etiquettes : Maroc, cannabis, légalisation, haschich, Kif,

  • Au Maroc, le parti islamiste de gouvernement fragilisé à l’approche des légistatives

    Le parti islamiste PJD, à la tête d’une coalition gouvernementale au Maroc depuis une décennie, est fragilisé par une nouvelle loi électorale adoptée contre son gré qui vise à l’écarter du pouvoir même s’il gagne les législatives de l’automne, selon des experts.

    Longtemps cantonné dans l’opposition, le Parti justice et développement (PJD) avait remporté un succès électoral historique fin 2011 durant le Printemps arabe, s’imposant à la tête d’un gouvernement aux prérogatives toutefois limitées face au pouvoir du roi.

    Cinq ans plus tard, le PJD était parvenu à conserver sa place grâce à un nouveau succès aux législatives. Mais, cette année, son avenir est plus incertain.

    Une nouvelle législation a été votée au parlement mi-mars par tous les partis présents dans l’hémicycle, à l’exception du PJD.

    Le nouveau calcul déterminant le quota d’élus vise tous les partis. Mais, en tant que première formation politique du pays, le constat est sans appel pour le PJD: en réalisant le même score qu’en 2016, il n’obtiendrait, selon les estimations, que 80 à 85 sièges (sur 395), contre 125 à l’époque.

    « L’objectif du nouveau quotient électoral est d’empêcher le PJD de prendre la tête du prochain gouvernement », analyse Ahmed Bouz, professeur en Sciences politiques, selon qui ce mode de calcul « n’existe dans aucun autre pays ».

    « Le principal enjeu est la désignation d’un nouveau chef de gouvernement et la formation d’une majorité. Le PJD est le grand perdant car il reste le favori des prochaines élections », confirme le politologue Mustapha Sehimi.

    – « Isolé » –

    Pour justifier leur vote en faveur de la nouvelle loi électorale, les sept autres formations du parlement –dont quatre sont représentées au gouvernement– ont fait valoir qu’elle permettrait aux petits partis d’accéder à l’hémicycle.

    « Nous pensons que la démocratie doit donner la parole aux petits partis et aux minorités », a argué après le vote le député Mohamed Hjira, du parti Authenticité et Modernité (PAM, opposition).

    Quelle leçon tirer de l’épisode?

    « Le PJD est isolé, il n’a plus de majorité politique », tranche M. Sehimi.

    Impuissant à bloquer la réforme, le chef du gouvernement et patron du PJD Saad-Eddine El Othmani a dénoncé un « recul démocratique qui affaiblit les institutions de manière inédite dans l’histoire du Maroc ».

    Elle « vise les chances électorales du PJD », a-t-il récemment accusé lors d’une session extraordinaire du conseil national de son parti qui, dans l’espoir de changer la donne, a annoncé avoir saisi la Cour constitutionnelle.

    En 2016, malgré son triomphe, ce parti islamiste modéré –il existe une autre mouvance islamiste au Maroc, qui ne participe pas au jeu politique– avait déjà eu le plus grand mal à former une majorité.

    A l’époque, le roi Mohammed VI avait limogé le chef historique du PJD, Abdelilah Benkirane, un orateur né, et désigné comme chef du gouvernement Saad-Eddine El Othmani, un personnage plus lisse et plus consensuel.

    – Israël et cannabis –

    A ce titre, la politique de M. Othmani a suscité des dissensions internes, entre une ligne pragmatique dite « de « gouvernement », caractérisée par ses compromis », et « une autre plus attachée aux fondamentaux », note M. Sehimi.

    Ces divisions se sont récemment cristallisées sur deux dossiers majeurs: la normalisation des relations avec Israël –historiquement une « ligne rouge » pour les islamistes– et le projet de légalisation du cannabis thérapeutique –dénoncée par M. Benkirane comme une « légalisation de la drogue ».

    Le président du conseil national du parti, Driss El Azami, a annoncé début mars sa démission, refusant « de tout accepter et tout justifier » –avant de revenir sur sa décision. M. Benkirane a gelé son adhésion au parti.

    Alors que la presse locale a multiplié les analyses sur la « crise interne » du PJD, la formation s’est attachée à afficher son unité lors de la réunion extraordinaire de son conseil national.

    Le PJD table sur la fidélité de sa base, même si tous les partis peinent à mobiliser leur électorat.

    En 2016, le taux de participation avait plafonné à 43%. A ce jour, selon deux récents sondages, 60% des Marocains ne font pas confiance aux partis et ils sont 64% à dire qu’ils ne voteront pas aux prochaines élections.

    DB, 30 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, élections, PJD, islamistes, cannabis, Israël, normalisation,

  • Les terroristes, tous originaires du Maroc, les barons de la drogue aussi

    Le terrorisme et le trafic de drogue en Europe partage la caractéristique d’avoir la même origine : Le Maroc. La raison, c’est le fait qu’ils ont le même commanditeur : Le Makhzen. Ce dernier tire profit des profils financiers et politiques : d’une parte, les milliards d’euros du cannabis et de la cocaïne provenant d’Amérique Latine et dans la base de transit se trouve à Dakhla, au Sahara Occidental; et d’autre part, il s’impose comme partenaire incontournable dans la prétendue lutte contre le terrorisme.

    L’OBS apporte une liste détaillée des plus grands barons de la drogue. Voici le texte intégral de l’article:

    Voici la liste des dix plus gros trafiquants de drogues français

    Ils sont en fuite ou derrière les barreaux. Ils ont chacun leur particularité. Mais ils ont tous un point commun : celui de figurer sur la liste des barons de la drogue les plus puissants de France.

    Depuis 2019, l’office des stups dresse un classement de ses cibles prioritaires, surnommé en interne le « top 25 » des trafiquants de drogue français. Sans doute pour ne pas lui donner un caractère trop prestigieux, ce tableau, classé confidentiel, a été, cette année, sobrement rebaptisé « liste nationale ». Pour intégrer ce cercle restreint des principaux narcos français, les prétendants doivent remplir un certain nombre de critères témoignant de leur puissance et de leur dangerosité : implications dans des règlements de comptes, capacité à se projeter à l’étranger, à corrompre des agents publics, des policiers, des douaniers, moyens logistiques, usage des technologies de dissimulation… Voici les dix plus gros trafiquants de cette liste (1) .

    Moufide Bouchibi

    Surnoms : « Poto », « Mouf », « Karim », « le Parisien ».

    Age : 41 ans.

    Originaire de l’Essonne.

    Particularités : Ex-associé puis rival de Sophiane Hambli – l’ancien trafiquant numéro 1 devenu le principal informateur de l’office des stups –, il a dû quitter le Maroc après une série de règlements de comptes en 2013. En contact direct avec les producteurs, il est considéré comme le principal exportateur de résine de cannabis en France (il enverrait 50 tonnes par mois selon les estimations des policiers).

    Situation : Condamné à vingt ans de prison par le tribunal de Bordeaux en 2015, il vient d’être arrêté à Dubaï.

    Reda Abakrim

    Surnoms : « Turbo », « Mourad de Poissy ».

    Age : 38 ans.

    Originaire de Poissy.

    Particularité : En juin 2020, défendu par Eric Dupond-Moretti, il a été condamné à vingt ans de prison en son absence dans une affaire d’enlèvement et de meurtre.

    Situation : En cavale depuis 2007, il a été arrêté le 22 décembre à l’aéroport de Casablanca alors qu’il descendait, sous une fausse identité, d’un avion en provenance de Dubaï.

    Nordine D.

    Surnoms : « Mac Do », « Monsieur N. ».

    Particularité : Jamais condamné pour trafic de stupéfiants, il ne ferait actuellement l’objet d’aucune mise en examen. Selon des sources policières, il aurait récupéré une partie de la clientèle de Djamel Talhi, dit « James Dean », un ancien associé d’Hambli devenu le numéro 2 du trafic derrière Moufide Bouchibi avant d’être arrêté en 2014. Selon le dossier judiciaire, une partie de la marchandise retrouvée lors de la fameuse saisie des Douanes effectuée boulevard Exelmans, Paris 16e, en octobre 2015, lui appartiendrait.

    Situation : Il naviguerait entre l’Espagne, le Maroc, l’Algérie et Dubaï.

    « Ben de Trappes »

    Originaire de Trappes.

    Particularité : Selon une anecdote racontée par Claire Andrieux dans son livre « la Guerre de l’ombre », ce trafiquant de haut vol aurait réussi à importer de grandes quantités de cannabis au Danemark via des camping-cars.

    Situation : Il a été arrêté en France en 2018 dans une affaire d’usurpation d’identité. Il a, depuis lors, pris la fuite et serait possiblement au Maroc.

    Bouchaïb El Kacimi

    Surnoms : « Bouch de Dreux », « R8 ».

    Originaire de Dreux.

    Particularité : En 2014, ce Franco-Marocain a été considéré comme le responsable d’un vaste réseau d’importation de résine de cannabis et condamné à vingt ans de prison. La drogue était stockée dans une ferme d’Eure-et-Loir. D’après un cahier de comptes retrouvé sur place, son équipe avait organisé pas moins de 45 go-fasts depuis l’Espagne en quatorze mois pour importer 50 tonnes de cannabis.

    Situation : En fuite, possiblement au Maroc.

    Kevin Doure

    Surnoms : « El Negro », « Cali », « le Pablo Escobar français »

    Age : 36 ans

    Originaire de Martinique

    Particularité : Lors d’un premier séjour en prison, il noue des relations avec des « Vénez », surnom donné en Martinique aux Vénézuéliens installés sur l’île, représentants des plus gros narcos sud-américains. Au faîte de sa gloire, on estime qu’il expédiait une tonne de cocaïne par mois. Incarcéré depuis 2013, son réseau continuerait ses affaires malgré son incarcération.

    Situation : En prison

    Rachid El M.

    Surnoms : « Le Chinois »

    Age : 45 ans

    Originaire de Strasbourg.

    Particularité : Proche de Moufide Bouchibi depuis de longues années, il serait l’un des principaux fournisseurs de cannabis de l’Est de la France. Il disposerait de contacts privilégiés chez les producteurs marocains. Il a été condamné à une peine de sept ans de prison en 2017.

    Situation : En fuite.

    Nasserdine et Abdelrani T.

    Surnoms : « Tic et Tac » , « les Jumeaux ».

    Age : 43 ans.

    Originaires de Marseille.

    Particularité : Ces deux frères, condamnés par le passé pour des affaires de vols, approvisionneraient la région de Marseille en résine de cannabis.

    Situation : Ils ne feraient actuellement pas l’objet de mandats de recherche et seraient installés depuis de longues années dans la région de Malaga, dans le sud de l’Espagne.

    Younès L.

    Surnoms : « le Nantais », « le Grand ».

    Age : 40 ans.

    Originaire de Nantes.

    Particularité : Appartenant à une famille bien connue de la PJ nantaise, ce Franco-Marocain né à Meknès est considéré comme le principal pourvoyeur en résine de cannabis du Grand Ouest. Connu pour des faits de vol commis dès l’âge de 15 ans, il n’a jamais été condamné pour trafic de stupéfiants à ce jour.

    Situation : Possiblement au Maroc.

    Ali et Messaoud Bouchareb

    Surnoms : « Ryan » pour Ali

    Age : 50 ans et 41 ans

    Originaires de Saint-Etienne

    Particularité : Ancien braqueur, Ali est considéré comme le cerveau de l’affaire « Air Cocaïne ». En 2014, il est arrêté en Espagne lors du déchargement de 400 kg de poudre blanche, cachée dans une cargaison de poissons surgelés. Il sera mystérieusement relâché avant d’être de nouveau interpellé deux ans plus tard sur une autoroute française.

    Situation : En prison pour Ali, condamné en 2018 à une peine de dix-huit ans de détention dans l’affaire « Air Cocaïne ». Son frère, Messaoud,, a été arrêté en décembre dernier après plus de dix ans de cavale alors qu’il remontait d’Espagne vers la France pour voir sa famille.

    (1) Liste reconstituée à partir de sources policières, judiciaires et documentaires : « La guerre de l’ombre, le livre noir du trafic de drogue en France », de Claire Andrieux (Denoël)

    L’OBS, 28 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, Makhzen, trafic de drogue, cannabis, cocaïne, terrorisme, lutte antiterroriste,

  • Pourquoi le Maroc veut légaliser le cannabis à usage médical

    Catherine Cornet, journaliste et chercheuse

    Le 2 décembre 2020, le Maroc, l’un des principaux producteurs de cannabis au monde, a voté en faveur d’une proposition visant à retirer le cannabis de la liste des substances les plus dangereuses, et donc soumises à des contrôles plus stricts, en tant que membre de la Commission des stupéfiants des Nations unies. Après ce vote, le gouvernement de Rabat a approuvé le 11 mars un projet de loi ouvrant la voie à la légalisation du cannabis à des fins médicales, relançant ainsi un débat de longue date dans le pays.

    Que signifie pour le Maroc la légalisation du cannabis à usage médical ? Dans une interview sur Skype, l’anthropologue Khalid Mouna, de l’université Moulay Ismail de Meknès, actuellement à l’Institut universitaire Iae de Nantes, grand spécialiste des questions liées au cannabis, a parlé d’une « révolution », mais qui « ira très lentement ».

    Le texte de loi, actuellement examiné par le Parlement, prévoit la création d’une agence nationale de régulation, qui aura pour mission de développer un circuit agricole et industriel où les paramètres sont respectés, avec des « coopératives d’agriculteurs disposant d’autorisations » qui cultivent des « variétés de plantes certifiées ». L’objectif du gouvernement, selon le projet de loi, est de « convertir les cultures illégales qui détruisent l’environnement en activités légales durables qui créent de la valeur et des emplois. »

    L’ouverture souhaitée par l’exécutif a relancé des débats qui durent depuis un siècle dans le pays. Dans une édition récente, l’hebdomadaire Tel Quel, qui soutient avec enthousiasme la dépénalisation partielle, titrait « Let us get high all way », faisant un jeu de mots avec kiffer (aimer, jouir) et kif, utilisé pour désigner un dérivé du haschisch populaire au Maroc. Radio 2Mm a ouvert ses micros à Khalid Tinasti, secrétaire général de la Global commission on drug policy, pour expliquer les avantages de la légalisation. Noonpost a publié un rapport sur les cultivateurs appauvris, tandis que sur le site Medias24, un groupe d’experts a discuté des effets sociaux et économiques positifs de la loi proposée.

    Un débat ancien

    En dehors du refrain, même au sein de son propre parti, Abdelillah Benkirane, chef du parti islamiste Justice et Développement (JPD), crie à l’immoralité et menace de démissionner. En réponse, des médias comme le site Article19 ont rappelé que le cannabis a toujours été utilisé dans la médecine traditionnelle arabe. Ibn Sina, connu en Europe sous le nom d’Avicenne, inclut cette plante dans son Canon de la médecine. « Faire à nouveau du cannabis une ressource médicale, que la science islamique utilise et promeut depuis des siècles, sert également à décoloniser le prohibitionnisme marocain, qui est influencé par le prohibitionnisme occidental », peut-on lire sur le site marocain.

    La question remonte en fait à la période coloniale, durant laquelle un prohibitionnisme a été introduit dans le pays, à l’image de celui de l’Europe, explique l’anthropologue Khalid Mouna dans une interview sur Skype. « A l’époque du protectorat, les Français ont d’abord fait pression sur le sultan pour qu’il libéralise le marché et le kif a financé leur campagne coloniale. En 1934, les Français ont mis en place une réglementation sur la vente de cette substance. Les produits à base de cannabis provenant de la partie du Maroc occupée par les Espagnols étaient considérés comme de la contrebande. » L’ère de la prohibition n’a commencé qu’en 1954 avec un dahir (décision du sultan) promu par la France, sous la pression de l’Egypte. « À cette époque, le pays était le plus grand producteur de cannabis », note Mouna. « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation similaire. Les pays du Nord ont été les premiers à légaliser. La Californie a commencé dès 1996. Il y a un net déséquilibre avec les pays producteurs, qui sont au sud. »

    Le cannabis est la substance psychotrope la plus répandue dans le monde et son marché est terriblement inégal, explique Mouna : si l’on parle de chiffres – mais ce ne sont que des estimations faites à partir des données sur les saisies de drogues – en 2014, le marché légal valait 14 milliards de dollars contre un chiffre d’affaires illégal de 140 milliards de dollars. Il est également important de souligner la rapidité avec laquelle « le marché juridique se développe ». Et même dans ce Maroc vient très tard ».

    Le marché mondial connaît en effet une croissance annuelle de 30 %, tandis que le marché européen connaît une croissance annuelle de 60 %, a indiqué le ministère marocain de l’Intérieur dans un communiqué, précisant que la légalisation partielle du cannabis permettrait « d’améliorer les conditions de vie des agriculteurs et de les protéger des réseaux de trafic de drogue ».

    Une étude de la société Grand View Research a estimé que le chiffre d’affaires mondial de la marijuana légale pourrait atteindre 55,8 milliards de dollars en 2025 (environ 50 milliards d’euros), soit cinq fois plus qu’en 2015.

    La culture du cannabis a en fait retardé l’exode rural dans une région montagneuse et isolée

    La légalisation pourrait changer l’horizon de vie de quelque 90 000 familles – c’est l’estimation du gouvernement de Rabat – qui vivent dans le Rif, une région du nord du pays, et qui dépendent pour leur subsistance de la production illégale de cannabis. Sur le plan social, cette culture a en quelque sorte freiné l’exode d’une région rurale montagneuse et isolée, où l’on trouve aujourd’hui une densité assez élevée – environ deux cents habitants au kilomètre carré – notamment dans les provinces de Taounate, Al Hoceima, Chefchaouen, Ouazzane et Tétouan.

    Khalid Mouna, auteur du livre Le bled du kif, a mené de nombreuses recherches dans le Rif. Selon lui, le projet de loi découle également des années d’échec des tentatives de diversification des cultures dans cette région. Le terrain montagneux n’est pas propice à d’autres cultures, comme les pommes, qui se sont révélées être un échec il y a quelques années. Selon Mouna, dans cette région reculée, « le cannabis est un facteur de stabilité sociale depuis des décennies ». Il est donc naturel que la nouvelle ait été accueillie avec prudence par les habitants du Rif, qui ont peur de s’engager dans un circuit dont ils ne connaissent pas les règles. Les anciens vendeurs illégaux devront signer des contrats avec l’État. Tout le monde devra apprendre lentement de nouveaux codes ».

    La légalisation mettra également en lumière d’anciens litiges non résolus, liés à des divisions foncières ou à des questions environnementales. La production de cannabis repose aujourd’hui sur une exploitation très intensive des ressources en terre et en eau dans une région qui souffre de pénurie d’eau. L’utilisation d’engrais potentiellement toxiques et la déforestation pourraient endommager l’écosystème à jamais, a déclaré Mouna. Là encore, les autorités devront établir des règles « qui tiennent compte de l’environnement, puisqu’elles auront le monopole du type de semences que les agriculteurs pourront utiliser. »

    Il s’agit également de savoir dans quelle mesure les agriculteurs seront intéressés par la transformation de leurs cultures de cannabis récréatif en cannabis médical.

    L’anthropologue rappelle que sur le marché illégal, « la plupart des exportateurs sont des étrangers et les gains réels sont réalisés par eux, et non par les agriculteurs. Le rêve de rencontrer le bon intermédiaire est très profondément ancré dans l’imaginaire de ces agriculteurs. Chacun espère rencontrer le vendeur international qui le rendra riche ».

    Un autre écueil de la légalisation, comme on l’a vu en Colombie ou au Népal, est que pour les petits agriculteurs « les grandes entreprises pharmaceutiques pourraient prendre la place des barons de la drogue ». Il est donc essentiel de rappeler que le cannabis au Maroc a également des usages traditionnels, et que dans certains pays africains, cette plante est utilisée dans l’herboristerie traditionnelle, au même titre que la menthe. « Il faut valoriser l’usage cosmétique et médicinal de ce produit dans l’industrie marocaine, un usage qui n’a pas encore disparu, comme cela s’est produit en Europe », poursuit Mouna.

    Malgré toutes ces questions, conclut l’anthropologue, la diversification du marché est certainement une bonne nouvelle, attendue depuis longtemps : des pays comme le Liban ou Israël avaient déjà légalisé le cannabis médical, sans attendre la décision de l’ONU. Aujourd’hui, Israël est très intéressé par ce qui se passe au Maroc, où un nouveau marché pour ses semences pourrait s’ouvrir.

    Le Maroc se positionne comme un leader en Afrique, conclut Mouna : « Il y a déjà des entreprises pharmaceutiques très dynamiques dans le pays. La légalisation pourrait leur permettre de faire un nouveau bond en avant. »

    Internazionale, 23 mars 2021

    Etiquettes : Maroc, Cannabis, haschich, Kif, drogue, psychotropes, légalisation,

  • Maroc-France : un baron du “cannabis marocain” interpellé

    Âgé aujourd’hui de 41 ans, Moufide Bouchibi alias “Mouf”, un des principaux importateurs de cannabis en France a été arrêté à Dubaï après 20 ans de recherches actives.

    Celui qui a appris les ficelles du métier dès ses 20 ans, auprès d’un baron de la drogue en Alsace, gérait un réseau international tentaculaire, assurant l’acheminement vers la France des tonnes de cannabis en provenance du Maroc.

    Moufide Bouchibi alias “Mouf” a été arrêté à Dubaï. L’homme, à la tête d’un trafic tentaculaire de cannabis, doit purger 20 ans de prison en France.

    Il était l’un des hommes les plus recherchés de France: la cible numéro 1 de l’Office Central des Stup’. Moufide Bouchibi alias “Mouf”, 41 ans, considéré comme le principal importateur de cannabis en France, a été interpellé à Dubaï dimanche 21 mars au soir, a rapporté RTL. Les autorités locales assurent qu’il s’agit bien de lui et qu’il voyageait sous une fausse identité. ll devrait être rapidement extradé vers Paris.

    Cela faisait plus de 20 ans que les autorités françaises tentaient de le coincer. Les autorités y ont cru tant de fois qu’aujourd’hui encore elles restent très prudentes. Elles veulent le voir physiquement sur le sol français pour bien s’assurer de son identité.

    Les enquêteurs ont tenté de lui mettre la main dessus à plusieurs reprises. En 2012, il est au Maroc: son interpellation est imminente, mais il disparaît. Il réapparaît ensuite en Algérie.. En 2019, il s’évapore une nouvelle fois alors qu’il est en Tunisie. C’est finalement à Dubaï, où il avait l’habitude de planquer une partie de son magot, qu’il aurait été arrêté.

    Il a été incarcéré plusieurs fois, a tenté de s’évader au moins autant de fois. A sa libération, direction l’étranger d’où il gérait un réseau international tentaculaire. Des tonnes et des tonnes de cannabis en provenance du Maroc, acheminées par go-fast jusqu’en France via l’Espagne.

    On estime que ce trafic lui aurait rapporté jusqu’à 70 millions d’euros par an. Il blanchissait ses sommes vertigineuses en investissant dans l’immobilier sous le nom de ses proches. Il pensait même à se diversifier dans la cocaïne, il aurait pris contact avec les réseaux sud-américains.

    Echourouk Online, 23 mars 2021

    Tags: France, Maroc, Dubaï, shit, cannabis, haschich, drogue, trafic, Moufide Bouchibi, Mouf, 

  • « Le cannabis au Maroc: une fois de plus, le royaume entre dans l’histoire » (Fred Rocafort)

    Fred Rocafort*

    Le 11 mars, le cabinet marocain a approuvé un projet de loi visant à légaliser le cannabis médical. Le projet de loi va maintenant être soumis au parlement marocain pour examen. Si le projet de loi aboutit finalement, le Maroc deviendra un véritable pionnier, en tant que deuxième pays du monde arabe à légaliser toute forme de cannabis.

    Aux termes du projet de loi, la culture du cannabis ne sera autorisée que dans certains secteurs des montagnes du Rif. Cela reflète les préoccupations du gouvernement concernant l’augmentation des revenus des agriculteurs dans une région qui a «connu des manifestations contre les inégalités économiques».

    Ce qui va se passer au Parlement est une hypothèse. Le plus grand parti de la coalition au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (PJD), est divisé sur la question. Comme l’a démontré l’approbation du cabinet, la direction du PJD soutient le projet de loi. Cependant, il existe une dissidence au sein de la base, ce qui, selon certains, pourrait conduire à une division au sein du parti. Un ancien secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane , a «gelé» son appartenance à son parti sur le projet de loi, déclarant que le cannabis était «mauvais» et incompatible avec l’islam.

    En plus des désaccords sur le cannabis, l’acrimonie reflète également le mécontentement des extrémistes du PJD face aux relations chaleureuses du gouvernement avec Israël . De plus, l’ Algérie a exprimé sa préoccupation quant à l’impact potentiel de la légalisation au-delà de la frontière marocaine. La perspective d’intensifier les tensions existantes avec son voisin – y compris au sujet d’Israël – peut refroidir davantage les attitudes à l’égard du projet de loi.

    En fin de compte, le fait qu’il existe au moins un certain soutien pour la légalisation du cannabis au sein du PJD est remarquable. Il n’y a pas si longtemps, le parti a exprimé son «refus catégorique» d’envisager des initiatives de légalisation.

    Alors que les conflits au sein du PJD pourraient compliquer l’approbation du projet de loi, les principaux partis d’opposition, le Parti de l’authenticité et de la modernité ( PAM ) et le Parti de l’indépendance ( Istiqlal ), soutiennent depuis longtemps la légalisation du cannabis médical. À eux deux, le PAM et l’Istiqlal détiennent 148 des 395 sièges de la Chambre des représentants. Cela signifie que le projet de loi pourrait vider la chambre basse même si plus de la moitié de la délégation du PJD vote contre. À la Chambre des conseillers, les deux partis contrôlent 48 sièges sur 120. En supposant que le projet de loi bénéficie du soutien d’au moins quelques conseillers du PJD, son adoption pourrait être obtenue avec une poignée de votes de la myriade d’autres partis représentés à la chambre haute.

    L’accord de normalisation historique du Maroc avec Israël en décembre dernier a mérité à juste titre des éloges. Maintenant, le royaume a une autre chance de faire l’histoire.

    *Fred est un ancien diplomate qui a rejoint Harris Bricken après plus d’une décennie d’expérience juridique internationale, principalement en Chine, au Vietnam et en Thaïlande. Son large éventail d’expériences comprend le démarrage et l’exploitation de sa propre entreprise en Asie, en tant que conseiller juridique interne pour une multinationale basée à Hong Kong, ainsi que de nombreuses années en tant que fonctionnaire du département d’État, offrant une perspective centrée sur le client à son service juridique. travailler. Fred co-anime le podcast hebdomadaire Global Law and Business de Harris Bricken, qui couvre les développements juridiques et économiques dans des régions du monde entier pour déchiffrer les tendances mondiales du droit et des affaires avec l’aide d’invités internationaux.

    Harris Bricken, 24 mars 2021

    Tags : Maroc, cannabis, Algérie, Haschich, PJD,



  • Le Maroc, un Etat voyou et colonialiste

    Lorsqu’on découvre, en parcourant le bilan des activité des services de sécurité de ces derniers jours, que ces derniers ont saisi pas moins de 9 quintaux de drogue en provenance du Maroc, l’on ne peut que rester pantois devant ceux qui réclament la réouverture des frontières entre l’Algérie et le pays voisin. 

    En effet, en laissant faire les trafics en tout genre, tout le long de la frontière, le gouvernement marocain se comporte comme un cartel de maffieux qui use de moyens pour le moins, peu conventionnels, pour gérer la grande pression sociale qui couve depuis des années. 
    Symptomatiques de l’échec de toutes les politiques mises en place depuis plus de cinquante ans, le trafic de drogue impose une situation de fait, totalement kafkaïenne et inimaginable dans le monde entier en matière de gestion du voisinage entre deux nations souveraines. Il faut savoir que dans les deux plaies qui font vraiment mal au Maghreb et qui menacent de mettre en place une sorte de Maghreb parallèle de la criminalité, le royaume marocain donne l’impression de s’en laver les mains. Il laisse à l’Algérie tout le poids du trafic et ne fait aucun effort dans le sens de la lutte contre les trafiquants de drogue. 
    Il suffirait de consulter l’actualité de ces dernières années pour constater que toutes les arrestations, sans exception aucune, ont été opérées sur les territoires algériens. Ce sont les douaniers, les gendarmes, les soldats et les policiers algériens qui font face à ce dangereux phénomène qui, faut-il le souligner, menace la stabilité de tout le Maghreb. 
    Les statistiques et les communiqués des services de sécurité algériens attestent de cet état de fait. Le voisin marocain assiste à l’aggravation du trafic, sans bouger le petit doigt. Les multiples rencontres entre les ministres de l’Intérieur des deux pays que ce soit dans le cadre de l’UMA lorsque celle-ci avait un peu de sens et dans celui des 5+5, n’ont, pour ainsi dire, servi à rien. 
    Rabat semble fermée à toute logique d’Etat en ouvrant des territoires entiers à des trafiquants notoires qui y ont élu domicile et exploitent les populations autochtones en toute sécurité. Dans le même temps, Alger consent des ressources considérables pour faire face aux activités criminelles de ces bandits. 
    Dans cette équation quelque peu unique dans le monde, il est objectivement impossible de construire quoi que ce soit de durable avec un voisin qui, en plus d’être le premier producteur de drogue ne cache pas ses ambitions colonialistes au Sahara occidental.
    Par Nabil G.
    Ouest Tribune, 25 mars 2021
    Tags : Maroc, cannabis, drogue, Etat narco-terroriste, Sahara Occidental,
  • Sénégal : Trafic de drogue : Massoukha Mbengue arrêté au Maroc, ses 2 complices à Dakar…

    ParMaimouna SANÉ

    Présumé trafiquant de drogue, le jeune sénégalais Massoukha Mbengue a été arrêté par la police marocaine. Il avait été accusé par Fatou Kiné Ndiaye, étudiante sénégalaise au Maroc, de lui avoir remis de la drogue.

    Le jeune trafiquant arrêté au Maroc

    C’est à l’aéroport Mouhamed V que la jeune étudiante « Gp » a été arrêtée, alors qu’elle s’apprêtait à embarquer pour Dakar. C’est le consulat du Maroc au Sénégal qui a mis en branle ses agents pour permettre aux policiers marocains de mettre la main sur le trafiquant Massoukha Mbengue à Agadir (Maroc).

    Ses complices tombent à Dakar

    Deux autres personnes également impliquées dans cette histoire, notamment celle qui devait recevoir le colis à Dakar, ont été arrêtées par la police sénégalaise, selon le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Moïse Sarr.

    Les faits

    Pour rappel, tout est parti lorsque Fatou Kiné Ndiaye, étudiante de 22 ans au Maroc, a fait une annonce qu’elle fera un GP (Gratuité partielle, nom donné aux personnes qui convoient des colis pendant leurs voyages), la veille de son voyage au Sénégal pour des vacances. Le mis en cause saute sur l’occasion pour qu’elle lui transporte des paires de chaussures qui contenaient en réalité de la drogue. La jeune femme sera arrêtée au cours des contrôles à l’aéroport de Casablanca. L’affaire déclenche une grande polémique et la traque du trafiquant est alors lancée, notamment sur les réseaux sociaux.

    Senego, 24 mars 2021

    Tags : Sénégal, Maroc, haschich, cannabis, Massoukha Mbengue, Fatou Kiné Ndiaye,

  • Pourquoi le Maroc veut légaliser le cannabis à usage médical – International

    Le 2 décembre 2020, le Maroc, l’un des principaux producteurs de cannabis au monde, a voté en faveur d’une proposition visant à retirer le cannabis de la liste des substances les plus dangereuses, et donc soumises à des contrôles plus stricts, en tant que membre de la Commission des stupéfiants des Nations unies. Après ce vote, le gouvernement de Rabat a approuvé le 11 mars un projet de loi ouvrant la voie à la légalisation du cannabis à des fins médicales, relançant ainsi un débat de longue date dans le pays.

    Que signifie pour le Maroc la légalisation du cannabis à usage médical ? Dans une interview sur Skype, l’anthropologue Khalid Mouna de l’Université Moulay Ismail de Meknès, actuellement à l’Institut universitaire de l’Iae de Nantes, grand spécialiste des questions liées au cannabis, parle d’une “révolution”, qui cependant “se fera très lentement”.

    Le texte de loi, actuellement examiné par le Parlement, prévoit la création d’une agence nationale de régulation, qui devra faire pousser un circuit agricole et industriel où les paramètres sont respectés, avec des “coopératives d’agriculteurs disposant d’autorisations” qui cultivent des “variétés de plantes certifiées”. L’objectif du gouvernement, selon le projet de loi, est de “convertir les cultures illégales qui détruisent l’environnement en activités légales durables qui créent de la valeur et des emplois.”

    L’ouverture souhaitée par l’exécutif a relancé des débats qui durent depuis un siècle dans le pays. Dans une édition récente, l’hebdomadaire Tel Quel, soutenant avec enthousiasme la décriminalisation partielle, titrait “Let us get high all way”, faisant un jeu de mots avec kiffer (aimer, jouir) et kifCe terme désigne un dérivé du haschisch, très populaire au Maroc. Radio 2Mm a ouvert ses micros à Khalid Tinasti, secrétaire général de la Global commission on drug policy, pour expliquer les avantages de la légalisation.. Noonpost publie un rapport sur les agriculteurs appauvris, tandis que sur le site Medias24, un panel d’experts discute des effets sociaux et économiques positifs du projet de loi.

    Un débat ancien

    Hors du chœur, même au sein de son propre parti, Abdelillah Benkirane, chef du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste) crie à l’immoralité et menace de démissionner. En réponse, des médias comme le site Article19 rappellent que le cannabis a toujours été utilisé dans la médecine traditionnelle arabe. Ibn Sina, connu en Europe sous le nom d’Avicenne, inclut cette plante dans sa Canon de la médecine. “Faire à nouveau du cannabis une ressource médicale, que la science islamique utilise et promeut depuis des siècles, sert également à décoloniser le prohibitionnisme marocain, qui est influencé par la prohibition occidentale”, peut-on lire sur le site web marocain.

    La question remonte en fait à la période coloniale, durant laquelle un prohibitionnisme a été introduit dans le pays, à l’image de celui de l’Europe, explique l’anthropologue Khalid Mouna dans une interview sur Skype. ” À l’époque du protectorat, les Français ont d’abord fait pression sur le sultan pour qu’il libère le marché et le… “. kif pour financer leur campagne coloniale. En 1934, les Français ont mis en place une réglementation sur la vente de cette substance. Les produits du cannabis provenant de la partie du Maroc occupée par les Espagnols étaient considérés comme de la contrebande.” L’ère de la prohibition n’a pas commencé avant 1954 avec une dahir (Décision du sultan) promue par la France, sous la pression de l’Égypte. “À cette époque, le pays était le plus grand producteur de cannabis”, note Mouna. “Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation similaire. Les pays du Nord ont été les premiers à légaliser. La Californie a commencé dès 1996. Il y a un net déséquilibre avec les pays producteurs, qui sont au sud.”

    Le cannabis est la substance psychotrope la plus répandue dans le monde et son marché est terriblement inégal, explique Mouna : si l’on parle de chiffres – mais ce ne sont que des estimations faites à partir des données sur les saisies de drogues – en 2014, le marché légal valait 14 milliards de dollars contre un chiffre d’affaires illégal de 140 milliards de dollars. Il est également important de souligner la rapidité avec laquelle “le marché juridique se développe”. Et même dans ce Maroc vient très tard”.

    Le marché mondial connaît en effet une croissance annuelle de 30 %, tandis que le marché européen connaît une croissance de 60 %, indique une note du ministère marocain de l’intérieur, selon laquelle la légalisation partielle du cannabis permettra “d’améliorer les conditions de vie des agriculteurs et de les protéger des réseaux de trafic de drogue”.

    Une étude de la société Grand View Research a estimé que le chiffre d’affaires mondial de la marijuana légale pourrait atteindre 55,8 milliards de dollars en 2025 (environ 50 milliards d’euros), soit cinq fois plus qu’en 2015.

    La culture du cannabis a en fait retardé l’exode rural dans une région montagneuse et isolée

    La légalisation pourrait changer l’horizon de vie d’environ 90 mille familles – c’est l’estimation du gouvernement de Rabat – qui vivent dans le Rif, une région du nord du pays, et qui dépendent pour leur subsistance de la production illégale de cannabis. Sur le plan social, cette culture a en quelque sorte freiné l’exode d’une région rurale montagneuse et isolée, où l’on trouve aujourd’hui une densité assez élevée – environ deux cents habitants au kilomètre carré – notamment dans les provinces de Taounate, Al Hoceima, Chefchaouen, Ouazzane et Tétouan.

    Khalid Mouna, auteur du livre. Le bled du kif, a mené de nombreuses recherches dans le Rif. Selon lui, la proposition de loi découle également d’années d’échec dans les tentatives de diversification des cultures dans cette région. Le terrain montagneux n’est pas propice à d’autres cultures, comme les pommes, qui se sont révélées être un échec il y a quelques années. Selon Mouna, dans cette région reculée, “le cannabis est un facteur de stabilité sociale depuis des décennies”. Il est donc naturel que la nouvelle ait été accueillie avec prudence par les habitants du Rif, qui ont peur de s’engager dans un circuit dont ils ne connaissent pas les règles. Les anciens vendeurs illégaux devront signer des contrats avec l’État. Tout le monde devra apprendre lentement de nouveaux codes”.

    Avec la légalisation, d’anciens litiges non résolus liés à des divisions foncières ou à des questions environnementales seront également mis en lumière. La production de cannabis repose aujourd’hui sur une exploitation très intensive des ressources en terre et en eau, dans une région qui souffre de pénurie d’eau. L’utilisation d’engrais potentiellement toxiques et la déforestation pourraient endommager l’écosystème à jamais, a déclaré Mouna. Là encore, les autorités devront établir des règles “qui tiennent compte de l’environnement, puisqu’elles auront le monopole du type de semences que les agriculteurs pourront utiliser.”

    Il s’agit également de savoir dans quelle mesure les agriculteurs seront intéressés par la transformation de leurs cultures de cannabis récréatif en cannabis médical.

    L’anthropologue rappelle que sur le marché illégal, “la plupart des exportateurs sont des étrangers et les gains réels sont réalisés par eux, et non par les paysans. Le rêve de rencontrer le bon intermédiaire est très profondément ancré dans l’imaginaire de ces paysans. Chacun espère rencontrer le vendeur international qui le rendra riche”.

    Un autre piège de la légalisation, comme on l’a vu en Colombie ou au Népal, est que pour les petits agriculteurs “les grandes entreprises pharmaceutiques pourraient prendre la place des barons de la drogue”. Il est donc essentiel de rappeler que le cannabis au Maroc a également des usages traditionnels, et que dans certains pays africains, cette plante est utilisée dans l’herboristerie traditionnelle, au même titre que la menthe. “Il faut valoriser l’usage cosmétique et médicinal de ce produit dans l’industrie marocaine, un usage qui n’a pas encore disparu, comme cela s’est produit en Europe”, poursuit Mouna.

    Malgré toutes ces questions, conclut l’anthropologue, la diversification du marché est certainement une très bonne nouvelle, attendue depuis longtemps : des pays comme le Liban ou Israël avaient déjà légalisé le cannabis médical, sans attendre la décision de l’ONU. Aujourd’hui, Israël est très intéressé par ce qui se passe au Maroc, où un nouveau marché pour ses semences pourrait s’ouvrir.

    Le Maroc se positionne comme un leader en Afrique, conclut Mouna : “Il y a déjà des entreprises pharmaceutiques très dynamiques dans le pays. La légalisation pourrait leur permettre de faire un nouveau bond en avant.”

    Développement personnel, 23 mars 2021

    Tags : Maroc, cannabis, haschich, légalisation, drogue, trafic,