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  • Position de la France sur le conflit entre le Maroc et l’Espagne

    Maroc – Espagne – Q&R – Extrait du point de presse (19 mai 2021)

    Q : Sur la crise de migrants à Ceuta, quelle est la position de la France face à l’entrée de milliers de personnes dans la ville de Ceuta depuis le Maroc ? Quelle est sa position notamment par rapport à l’attitude d’absence d’action des autorités marocaines ? Étant donné que ces personnes rentrent dans l’espace Schengen, est-ce qu’il y a une exigence envers le Maroc ? Est-ce que la France a été sollicitée pour une médiation entre l’Espagne et le Maroc ? Est-ce qu’elle pourrait avoir ce rôle ?

    R : Nous avons suivi avec attention les évènements de Ceuta qui rappellent l’importance et l’actualité de la question migratoire. Nous avons confiance dans l’action du gouvernement espagnol, qui bénéficie du soutien de l’ensemble de l’Union européenne, pour permettre un retour rapide à la normalité à Ceuta.

    Le Maroc est un partenaire crucial de l’Union européenne, notamment face aux défis migratoires. La France souhaite que cette coopération migratoire, qui a permis d’endiguer les flux irréguliers en Méditerranée occidentale et de prévenir les drames humains souvent associés, se poursuive. L’Union européenne et les États membres ont mobilisé des fonds importants (343 millions d’euros depuis la fin 2018) pour soutenir les efforts du Maroc en matière migratoire.

    Le partenariat entre le Maroc et l’Espagne est étroit et solide et nous ne doutons pas que les deux pays poursuivront leur dialogue à ce sujet.

    France Diplomatie, 20 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Maroc, Ceuta, migration politique migratoire, pression migratoire, chantage, Sahara Occidental front Polisario, Brahim Ghali, tension, crise diplomatique,

  • L’Espagne s’assure avec l’Algérie l’approvisionnement en gaz menacé par la crise marocaine

    L’Espagne s’assure avec l’Algérie l’approvisionnement en gaz menacé par la crise marocaine

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    Naturgy a conclu un accord avec son partenaire pour disposer d’une alternative au gazoduc du Maghreb : Sonatrach va réduire les expéditions de gazoducs vers la Chine

    Le conflit avec le Maroc complique le renouvellement de l’accord pour l’utilisation du gazoduc du Maghreb, qui expire dans quatre mois. C’est l’une des principales sources de gaz pour l’Espagne, ce qui a obligé le gouvernement à se mobiliser pour garantir l’approvisionnement avec l’Algérie face à une éventuelle aggravation de la crise avec Rabat.

    Des sources de la direction économique de l’exécutif confirment à Confidencial Digital que l’Espagne a réussi à sauver avec l’Algérie un possible problème d’approvisionnement si une escalade de représailles à notre pays par le Maroc commençait.

    Ils soulignent que Naturgy a conclu en 2019 un accord avec son partenaire Sonatrach, une entreprise publique algérienne, pour l’achat conjoint de 42 % de Medgaz au fonds Mubadala, également propriétaire de Cepsa.

    La société présidée par Francisco Reynés détient désormais 49% de Medgaz, la société qui gère le gazoduc entre l’Algérie et la côte méditerranéenne espagnole, pour 51% de son partenaire, avec lequel elle cogère l’infrastructure.

    L’Algérie, fournisseur de gaz pour l’Espagne

    Naturgy importe du gaz d’Algérie par deux gazoducs. Le gazoduc Medgaz, qui va de Beni Saf à la côte d’Almeria en passant par la Méditerranée, et le gazoduc Maghreb-Europe (EMPL), qui traverse le Maroc et, de Tanger, passe par le détroit de Gibraltar pour arriver à Cordoue.

    Les deux gazoducs sont actuellement utilisés de manière interchangeable, en fonction des besoins, de la destination finale du gaz et du prix de l’utilisation des infrastructures.

    L’Algérie est le principal fournisseur de gaz de l’Espagne, notamment parce qu’elle dispose de deux gazoducs reliant les deux pays par lesquels transite cette matière première, ce qui rend le transport beaucoup moins cher.

    Rénovation du gazoduc du Maghreb

    La compagnie gazière peut utiliser Medgaz pour transporter la totalité des 10 milliards de mètres cubes de gaz qu’elle a contractés avec l’Algérie sans avoir à passer par le Maroc. Mais la concession du gazoduc du Maghreb, qui expire en octobre prochain, reste essentielle pour garantir un approvisionnement sûr de l’Espagne.

    Or, le conflit entre Madrid et Rabat a compliqué ce renouvellement qui permet d’acheminer le gaz algérien du cœur du Sahara vers l’Europe, en traversant le Maroc, selon des sources diplomatiques confirmées à ECD.

    Approvisionnement garanti par l’Algérie

    Ce scénario a mobilisé le gouvernement espagnol pour éviter que le prix du gaz ne s’envole pour les consommateurs espagnols. Des sources familières avec les négociations expliquent que l’Espagne a trouvé cette fois en Algérie « un allié » contre la menace du Maroc.

    Jusqu’à présent, l’entreprise publique algérienne Sonatrach avait expliqué à plusieurs reprises au gouvernement espagnol qu’elle rencontrait des problèmes lors du traitement du gaz, ce qui entraînait parfois des retards dans l’approvisionnement par gazoduc, non seulement avec la péninsule ibérique mais aussi avec l’Italie.

    Toutefois, les autorités espagnoles se sont parfois montrées suspicieuses à l’égard de l’argument algérien selon lequel une panne aurait empêché le bon fonctionnement du gazoduc. Surtout si elle coïncide avec un pic de consommation sur le marché de l’énergie, par exemple au milieu d’une vague de froid.

    Réduction des envois vers l’Asie

    Des sources du secteur de l’électricité rappellent à ECD que l’entrée de gaz en provenance d’Algérie a été réduite à un quart, selon les données d’Enagas, pendant les jours où la tempête « Filomena » a frappé durement le centre de la péninsule en janvier dernier.

    À l’époque, la baisse de l’approvisionnement en gaz algérien a tendu le marché et a entraîné l’enregistrement de prix record. Le phénomène a été attribué au fait que l’entreprise publique Sonatrach vendait le gaz qu’elle devait fournir à l’Espagne à un prix plus élevé à la Chine ou au Japon, profitant du fait qu’ils subissaient également une importante vague de froid à l’époque.

    À tel point que des gaziers partis pour la péninsule ibérique ont été détournés vers la Chine à la volée et à la dernière minute.

    Une situation que l’Espagne s’est empressée d’éviter et a obtenu l’engagement de Sonatrach, l’actionnaire de Naturgy, de réduire les expéditions de gaziers vers l’Asie tant que l’approvisionnement du système gazier espagnol n’est pas garanti, évitant ainsi les tensions sur le marché qui déclenchent les prix.

    L’Algérie s’allie à l’Espagne contre le Maroc

    Les sources consultées soulignent que l’Algérie compte sur le gazoduc Medgaz pour pouvoir pallier la fin du contrat Maghreb-Europe, ainsi que l’augmentation du gaz naturel liquéfié algérien.

    Les tensions politiques entre les deux pays d’Afrique du Nord conduisent l’Algérie à exercer des représailles contre le Maroc. Un scénario qui, dans ce contexte d’escalade des tensions avec Rabat, profite à l’Espagne.

    La question du Sahara occidental, la normalisation des liens avec l’entité sioniste et les provocations continues contribuent au virage algérien, qui compliquera grandement l’approvisionnement en gaz du Maroc, l’obligeant à entreprendre des projets et des initiatives coûteux.

    Ainsi, si l’Algérie décide de ne pas renouveler le contrat avec le Maghreb, le Maroc rencontrera de grandes difficultés : il devra acheter près de la moitié de sa consommation de gaz dans un marché indexé sur le Brent, qui ne cesse d’augmenter, et sans le soutien de l’Espagne, qui sera assurée d’être approvisionnée par l’Algérie elle-même.

    El Confidencial Digital, 20 mai 2021

    Etiquettes : Espagne, Algérie, Maroc, gaz, Medgaz, gazoduc Maghreb, Ceuta, Sahara Occidental,

  • A Ceuta, l’Espagne et le Maroc jouent avec la vie de milliers de migrants

    La crise migratoire à Ceuta masque l’intention du Maroc de faire pression sur Madrid pour obtenir la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara Occidental.

    Selon les autorités espagnoles c’est « historique » : en 24 heures près de 8 000 migrants, dont 2 700 mineurs, sont rentrés, par voie terrestre mais aussi à la nage, sur le territoire de l’enclave coloniale espagnole de Ceuta, au nord du Maroc. Le gouvernement espagnol du PSOE, Podemos et Izquierda Unida, a dépêché aussitôt l’armée pour expulser immédiatement près de la moitié des arrivants. Les images sont terribles, des femmes, des enfants et même des bébés sous le choc, fatigués, tremblant de froid et de peur, sont réprimés et poursuivis par les forces de sécurité espagnoles.

    Le gouvernement espagnol, qui se targuait d’être le « gouvernement le plus progressiste l’histoire » du pays, a décidé d’expulser les majeurs entrés illégalement dans son territoire colonial d’Afrique et d’accueillir une partie des mineurs dans le territoire espagnol de la péninsule. Ce qui commence déjà à créer de sérieux remous politiques et des oppositions xénophobes.

    Il faut savoir que les frontières des enclaves coloniales espagnoles en Afrique, Ceuta et Melilla, sont parmi les frontières les plus sévèrement gardées. Comme l’affirme Le Monde, « pour empêcher les traversées clandestines, les huit kilomètres de frontière entre le royaume chérifien et la ville de Ceuta sont surveillés par des miradors et des caméras vidéo et fermés depuis le début des années 2000 par une double clôture, dont la hauteur a été rehaussée, passant de trois à six mètres en 2005. En 2020, les autorités espagnoles ont annoncé de nouveaux travaux destinés à porter sa hauteur à dix mètres par endroits. Le point de passage à Melilla est tout aussi surveillé, avec une triple clôture d’une longueur d’environ douze kilomètres ». A cela il faut ajouter des accords passés avec la réactionnaire monarchie marocaine qui en échange d’une « assistance » économique se charge de surveiller la frontière de son côté et ainsi devient le « sous-traitant » de l’Europe forteresse.

    Autrement dit, la traversée de ces frontières par des milliers de personnes en quelques heures n’est possible que s’il y a une décision délibérée de les laisser passer. Le nombre de migrants arrivés à Ceuta en 24h a été plus important que les arrivées cumulées dans les enclaves espagnoles en 2018 et 2019.

    Il est évident que les autorités marocaines ont « libéré la zone » pendant quelques heures pour envoyer « un message » à l’Espagne. Mais pourquoi ? En avril dernier le chef du Front Polisario, Brahim Gali, qui se bat pour l’indépendance du Sahara Occidental, a été accepté dans un hôpital à Logroño en Espagne pour se faire soigner du Covid-19. Il y a été accepté sous un faux nom. Cela a envenimé les relations entre l’Espagne et le Maroc car le royaume prétend annexer le Sahara Occidental. Le gouvernement espagnol a déclaré qu’il s’agissait d’une décision relevant d’une question « humanitaire », à la demande de l’Algérie qui soutient le Front Polisario et est en même temps un partenaire stratégique de Madrid puisque l’Algérie est le principal exportateur de gaz vers l’Espagne.

    Le Maroc, à l’instar de ce que fait régulièrement la Turquie, a décidé « d’ouvrir » ses frontières aux migrants pour faire pression sur l’Espagne. Beaucoup à Madrid et dans les capitales européennes dénoncent un « chantage inhumain ». Or, c’est précisément l’Union Européenne qui a donné ce pouvoir au Maroc en sous-traitant la « protection » de ses frontières. L’Espagne et l’UE peuvent crier hypocritement au scandale, ils continueront à financer le Maroc pour qu’il garde leurs frontières.

    En ce sens, le journal espagnol El Pais écrit dans un éditorial : « face à ce scénario, l’Espagne et l’UE feraient bien de faire comprendre par les canaux appropriés que des épisodes de ce genre ne feront pas avancer les intérêts marocains d’un millimètre, ni sur la question sahraouie ni sur la question de l’aide économique ». Mais le jour même on apprenait que la justice espagnole convoquait le leader du Front Polisario dans le cadre de procès qui pèsent sur lui au Maroc, dont un l’accusant notamment de crime contre l’humanité. Il s’agit d’une manœuvre qui vise clairement à apaiser les relations avec le Maroc.

    Avec cette affaire, nous voyons comment le drame des migrants qui mettent en danger leur vie en tentant d’arriver sur le sol européen à la recherche de meilleures conditions de vies est utilisé comme une monnaie de marchandage par ces Etats réactionnaires. L’Espagne et l’UE offrent des faveurs économiques au Maroc en échange de la protection de leurs frontières et du contrôle du flux migratoire. Le Maroc, lui, profite de ce levier offert par les impérialistes pour négocier non seulement des faveurs économiques mais également géopolitiques.

    Mais cette attitude néfaste du royaume n’est pas étonnante. En novembre dernier le Maroc a négocié avec les Etats-Unis la « normalisation » de ses relations avec l’Etat colonialiste d’Israël en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. De cette façon Rabat non seulement avançait dans son projet colonisateur au Sahara mais par la même occasion abandonnait la cause de la libération nationale palestinienne. Le Maroc rejoignait ainsi tout un groupe de monarchies et dictatures arabes ennemies de la Palestine.

    Les puissances impérialistes, à commencer par la France, même si elles sont plus précautionneuses sur la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, voient cette normalisation des relations avec Israël d’un très bon œil. La France de son côté a intérêt à une reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental étant donné ses projets de faire du pays un point d’appui pour la création de corridors commerciaux depuis la Méditerranée jusqu’en Afrique de l’Ouest.

    Tous ces éléments donnent des ailes au Maroc pour faire pression sur l’Espagne et sur l’UE afin qu’ils reconnaissent sa souveraineté. C’est pour cela que dans les pays impérialistes le mouvement ouvrier doit rejeter avec force les discours xénophobes et réactionnaires, se battre pour mettre fin à « l’Europe forteresse » et imposer l’ouverture des frontières et un accueil décent pour les migrants fuyant la misère, les guerres ou les dérèglements climatiques provoquées par les puissances impérialistes elles-mêmes.

    NPA, 19 mai 2021

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  • Maroc : Mohamed VI un roi sans compassion pour son Peuple

    Par Docteur Abdel Boudemagh

    Quelle image terrible que celle d‘un bébé marocain sauvé par la Guardia espagnole au large de Ceuta.

    Plus de 8000 migrants marocains sont entrés dans les eaux territoriales espagnoles avec l’espoir de trouver refuge en Espagne, Porte d’entrée de l’Europe.

    Un peuple Marocain humilié, affamé est prêt à quitter un royaume corrompu qui tourne le dos au Peuple Palestinien, fait la guerre aux Sahraouis avec un roi Mohammed VI sans compassion prêt à tout pour sauver son trône.

    Algérie54, 19 mai 2021

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  • Afflux de migrants marocains vers l’Espagne: Sévère rappel à l’ordre du Maroc

    L’arrivée, lundi, de 6000 migrants marocains sur les côtes de Ceuta en Espagne, a suscité, mardi, une large vague d’indignation auprès du gouvernement espagnol, de l’Union européenne et des formations politiques, appelant le Maroc à « respecter ses engagements et à fournir d’avantage d’efforts en matière de lutte contre le phénomène de la migration clandestine ». Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a, après avoir qualifié l’afflux de migrants marocains de « crise grave pour l’Espagne et l’Europe », a promis de « rétablir l’ordre (…) dans (la) ville et aux frontières le plus rapidement possible », notant qu’il se rendra sur place. L’Union européenne a condamné, pour sa part, vivement l’afflux de migrants marocains, jugeant la situation « d’inquiétante ». « Il est inquiétant qu’au moins 6.000 personnes, dont un grand nombre d’enfants, aient rejoint Ceuta à la nage, en mettant leur vie en danger. Beaucoup ont dû être secourus, une personne est morte », a déclaré la Commissaire aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, rappelant que « les frontières espagnoles sont les frontières de l’Europe ».

    De leur coté, plusieurs formations politiques espagnoles ont condamné le flux migratoire partant du Maroc, appelant les autorités marocaines à assumer leurs responsabilités et agir vite et efficacement. Le porte-parole de la Coalition Caballas, Mohamed Ali, a mis en garde contre la « gravité » de ce qui s’est passé et a annoncé qu’il serait à la disposition du gouvernement de Ceuta pour exiger que le gouvernement accorde la « plus grande attention » à Ceuta.
    « Notre terre ne devrait pas souffrir du différend de politique étrangère entre l’Espagne et le Maroc », a-t-il déclaré.
    La dirigeante du Mouvement pour la dignité et la citoyenneté « MDyCà, Fatima Hamed, a qualifié ce qui vient de se produire de « drame », soulignant que la ville de Ceuta n’est pas prête à accueillir autant de monde et à faire face à un tel phénomène. »Ceuta n’est pas préparée à des situations pareilles », a-t-elle déclaré sur son compte Twitter, critiquant l’Union européenne, « pour ne avoir pris les mesures nécessaires pour y faire face ». De son côté, la section du parti Vox à Ceuta a sévèrement critiqué la passivité des autorités marocaines face à un tel drame, appelant le gouvernement à dépêcher « d’urgence l’armée et de la marine à la frontière avec le Maroc pour freiner la pression migratoire ».

    Politique de chantage

    Le président de Vox Ceuta, Juan Sergio Redondo, a rappelé que sa formation n’a jamais cessé de mettre en garde contre le « chantage du Maroc », rappelant que l’Espagne devrait dénoncer le Maroc devant les instances internationales pour que le pays soit sanctionné économiquement et politiquement ».

    Le chef du Parti populaire au niveau national, Pablo Casado a, après avoir, condamné l’afflux des migrants marocains, a appelé le gouvernement espagnol « à garantir immédiatement l’intégrité des frontières et à coordonner avec le Maroc le retour des immigrés dans leur pays ». Les relations diplomatiques entre l’Espagne et le Maroc se sont tendues depuis l’accueil en Espagne, fin avril, du président sahraoui et chef du Front Polisario, Brahim Ghali, venu pour des soins. La baisse de vigilance des gardes- côtes marocains au niveau des frontières avec l’Espagne est, pour beaucoup d’observateurs, « une façon pour le Maroc de dénoncer l’attitude du gouvernement Espagnol ». La ministre espagnole des Affaires étrangères a précisé encore une fois que l’accueil en Espagne du président sahraoui Brahim Ghali, était pour des soins, dénonçant implicitement les autorités marocaines. « Je ne conçois pas que l’on puisse mettre en danger la vie de mineurs dans la mer comme nous l’avons vu ces dernières heures à Ceuta », que cela puisse être « une réponse à une action humanitaire », a déclaré Arancha Gonzalez Laya dans une interview tard lundi soir à la radio Cadena Ser.

    Le Maghreb, 20 mai 2021

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  • Robles au Maroc : « On ne joue pas avec l’Espagne »

    Margarita Robles met en garde le Maroc : « One ne joue pas avec l’Espagne. Nous n’accepterons pas le moindre chantage ».

    La ministre de la Défense, Margarita Robles, a accusé jeudi le Maroc de soumettre l’Espagne à un « chantage » à la frontière avec Ceuta et de violer les règles du droit international. « Nous n’accepterons pas le moindre chantage ou la moindre remise en cause de l’intégrité territoriale », a-t-il prévenu. « Nous n’accepterons pas de chantage, l’intégrité de l’Espagne n’est pas négociable ni en jeu et nous utiliserons tous les moyens nécessaires pour garantir l’intégrité territoriale et surveiller les frontières », a déclaré avec force M. Robles dans une interview sur RNE, recueillie par Europa Press. Dans ce contexte, il a accusé le Maroc de violer les règles du droit international en « jetant » ses citoyens, y compris des mineurs, pour traverser la frontière avec l’Espagne, et a insisté sur le fait que la position du gouvernement est « énergique » contre ce type de « chantage ». « Il ne faut pas badiner avec l’Espagne », a-t-il prévenu. M. Robles a parlé d’une crise « très grave » qui, selon lui, ne peut être « négligée » et espère que le Maroc a « tiré les conclusions » de la réponse de l’Espagne et de l’Union européenne. J’espère que le Maroc se conforme aux règles minimales du droit international », a-t-il déclaré. Il s’agit d’une agression contre les frontières de l’Espagne et de l’Union européenne, ce qui n’est pas acceptable en droit international ». Il a également mis l’accent sur l’aspect humanitaire de la crise, accusant le Maroc d’ »utiliser » les enfants « en contournant toute règle de droit international ». Contre cette attitude, il a salué l’exemple donné par les membres des forces armées, de la police nationale, de la garde civile et des ONG qui secourent les personnes arrivant à Ceuta. « J’aime à penser que le Maroc respectera les normes minimales et aura tiré des conclusions. Il y a une conclusion très claire, c’est que nous n’accepterons pas de chantage », a-t-il réitéré, soulignant que sur la scène internationale, l’Espagne est un pays « sérieux, solide et fiable ».

    Le Maroc « saura en tirer les conséquences ».

    La ministre de la Défense a également reconnu qu’elle ne comprend pas l’objectif du Maroc avec ce « chantage », car « ils ne pourront pas faire face à l’Espagne ». Elle a cité le Maroc comme un « voisin et ami » mais estime qu’il doit « reconsidérer ce qu’il a fait ». « Je suis sûr que la diplomatie marocaine saura en tirer les conséquences », a-t-il dit. Sans donner de détails sur le déploiement militaire, M. Robles a rappelé que les forces armées ont une présence permanente à Ceuta, comme à Melilla et dans presque toutes les villes espagnoles, et a expliqué qu’elles travaillent à la frontière en coordination avec les troupes des forces et corps de sécurité de l’État. En outre, il a défendu les performances et le « professionnalisme » des services de renseignement, bien qu’il ait évité de donner des détails car le travail des 3 000 membres du Centre national de renseignement (CNI) est toujours secret. Mme Robles a également défendu la décision de la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, d’accueillir le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, en Espagne pour des raisons humanitaires, qui, a-t-elle rappelé, « sont une autre composante du droit international ». Il a déclaré qu’il n’était pas dans le détail de l’affaire car la décision correspondait à Laya, mais a insisté sur le fait que « les déclarations humanitaires sont prévues par le droit international ».

    Appels à l’unité à PP et Vox

    En ce qui concerne la position des partis d’opposition, il a demandé de soutenir le gouvernement et de laisser de côté la politique « partisane » dans les affaires d’État comme celle-ci ou comme l’a été la pandémie. Il a notamment reconnu qu’il ne comprend pas les critiques du gouvernement du président du PP, Pablo Casado, à qui il a demandé de faire de la « vraie » politique. « Je comprends qu’un parti veuille atteindre le gouvernement, mais pour ce faire, vous ne pouvez pas faire de la politique partisane et affaiblir ce pays », a-t-il appelé en référence au « populaire ». Il a également critiqué la position de Vox, qui a déclaré que faire de la « politique » avec des questions telles que l’accueil des mineurs immigrés montre « un manque d’humanité et de sensibilité ». Et il a souligné que les forces armées ne peuvent être « patrimonialisées » par quiconque et qu’elles démontrent chaque jour par leur travail qu’ »elles doivent servir tous les citoyens », indépendamment de tout positionnement politique. Après le leader de Vox, Santiago Abascal, a demandé à Ceuta une militarisation de la frontière, Robles a exclu l’ »opportunisme dans la politique » et a critiqué que vous voulez obtenir « la rentabilité dans la clé partisane » de questions comme celle-ci. Face à cela, il a exclu que la position de United We Can sur le Sahara n’ait rien à voir avec la crise avec le Maroc et a assuré que le gouvernement est uni pour envoyer au Maroc un message « fort ».

    MSN, 20 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, pression migratoire, chantage, marocains, espagnols, Margarita Robles,

  • L’Espagne hausse le ton face à l’explosion du nombre de migrants depuis le Maroc

    L’affluence record de migrants depuis le Maroc direction l’Espagne est interprétée par Madrid comme un pression de la part des autorités marocaines.

    En trois jours, environ 8 000 personnes, pour la plupart des jeunes marocains ont traversé le petit bras de mer qui sépare l’Afrique de l’Europe. Un afflux très important dans un contexte politique très tendu. « Depuis lundi, ils sont quelque 8000 à être passés, à la nage pour la plupart, à pied pour certains, de la ville marocaine de Fnideq à la ville espagnole de Ceuta, deux localités côtières séparées par quelques centaines de mètres, une frontière internationale et de hautes clôtures fortifiées. Ou par une bonne session de brasses dans la Méditerranée. Ils ont débarqué par la jetée et à la plage de Tarajal, au sud de Ceuta, les points d’accès les plus proches de Fnideq. Au moins un homme a péri dans les eaux marocaines au cours de sa traversée, ont indiqué les autorités espagnoles » relève Le Figaro .

    Cette vague de migrants ne doit rien hasard, alors que le Maroc est en plein litige avec Bruxelles. « Les analystes dans la Péninsule rappellent unanimement qu’à de nombreuses occasions où le Maroc a voulu exprimer son mécontentement ou peser sur des négociations avec l’Espagne ou l’Union européenne, il a « ouvert les vannes ». Dans le cas présent, tous les observateurs font le lien avec l’hospitalisation à Logroño, en avril, du secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali. Rabat avait averti Madrid par un communiqué de possibles « conséquences ». « Les deux événements sont liés, cela ne fait aucun doute, confirme Eduard Soler Lecha, chercheur au think-tank Cidob de Barcelone et spécialiste des questions méditerranéennes. Mais l’hospitalisation n’est pas le seul élément qui ait contribué à une détérioration des relations entre les deux pays au cours des dernières années » » continue le quotidien français.

    C’est la première fois que le Maroc assume de façon aussi transparente d’utiliser la question migratoire dans la balancer de son rapport de force avec les pays européens.

    RSE Magazine, 19 mai 2021

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  • Rabat fait «feu de tout bois»: que se passe-t-il entre le Maroc et l’Espagne?

    Par Kamal Louadj

    Dans un entretien à Sputnik, l’économiste marocain Fouad Abdelmoumni explique que la crise migratoire et diplomatique entre le Maroc et l’Espagne «est due à trois facteurs qui se rejoignent intégralement»: la présence du Président de la RASD en Espagne, la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et enfin la crise économique et sociale.

    Des milliers de migrants, en majorité marocains, ont pris d’assaut l’enclave espagnole de Ceuta entre dimanche 16 mai au soir et mardi 18 mai. Ils seraient entre 6.000 et 10.000, dont 1.500 mineurs, à avoir traversé la frontière, selon des sources médiatiques espagnoles.

    Cette vague migratoire a provoqué une crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne. En effet, après avoir été convoquée mardi à ce sujet par le ministère espagnol des Affaires étrangères, l’ambassadrice marocaine à Madrid, Karima Benyaich, a été rappelée à Rabat pour consultations tout comme sa consœur en Allemagne.

    Ce mercredi 19 mai, lors d’une déclaration à la radio publique espagnole, le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a affirmé que sur le thème migratoire, l’Europe «ne se laissera intimider par personne» et elle ne sera «pas victime de ces tactiques» dans une allusion très claire au Maroc, selon l’AFP. Une déclaration qui laisse penser que ces migrants ont bien passé la frontière sous l’œil bienveillant des autorités marocaines.
    Que se passe-t-il entre Rabat et Madrid? Quelle relation a cette crise diplomatique et migratoire avec la décision de l’Espagne de recevoir sur son sol le Président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali, pour des soins médicaux liés au Covid-19? Le Maroc tente-t-il un bras de fer avec l’Espagne et toute l’Europe en usant de la carte migratoire?

    Dans un entretien accordé à Sputnik, Fouad Abdelmoumni, économiste marocain, membre du conseil d’administration de Transparency International Maroc et militant des droits de l’homme, estime que le royaume chérifien «s’est réellement lancé dans une opération de chantage aux migrants avec l’Europe, via l’Espagne», pour des considérations liées au dossier du Sahara, dont la présence du chef de la RASD sur le sol espagnol. Il ajoute que la situation économique et sociale des populations marocaines dans la région frontalière avec Ceuta est également à prendre en compte.

    «Le dossier migratoire est une carte»

    «Il y a certainement un désir intense chez une grande majorité des Marocains, notamment les jeunes, d’émigrer vers l’Europe», avance M.Abdelmoumni, soulignant que «jusqu’à récemment, le Maroc a contenu cette aspiration à l’émigration en servant de gendarme pour le compte de l’Europe à l’égard de sa propre population et de la population subsaharienne».

    «Rabat considère le dossier migratoire comme une carte qu’il peut faire valoir dans les négociations avec l’Europe», poursuit-il. «Les pays européens sont conscients de ça et intègrent la question de l’immigration dans les aides qu’ils fournissent au Maroc, en plus des problèmes de sécuritaire et de lutte contre le banditisme et le terrorisme internationaux et leurs intérêts économiques au royaume.»

    Ainsi, Fouad Abdelmoumni juge que c’est dans ce sens que «le ministre marocain des Droits de l’homme et l’ambassadrice du Maroc à Madrid ont tous les deux officiellement déclaré que l’Espagne ne pouvait que s’attendre à des mesures de rétorsion de la part du Maroc suite à l’accueil du Président de la RASD et chef du Front Polisario pour des soins médicaux».

    «Une manœuvre tactique dans un enjeu plus global»

    Cependant, selon l’interlocuteur de Sputnik, le prétexte de la présence de Brahim Ghali en Espagne «n’est qu’une manœuvre tactique dans un enjeu plus global».

    En effet, après la déclaration de Donald Trump reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental dans le sillage de l’accord de normalisation de ses relations avec Israël en décembre 2020, «les autorités marocaines ont cru que le moment était propice pour réaliser des avancées substantielles en matière diplomatique, espérant voir un effet d’entrainement de l’Europe», explique-t-il. «Il se trouve que cet effet n’a pas eu lieu, bien au contraire. Il y a eu le changement de l’administration américaine, mais surtout une levée de boucliers assumée par l’Allemagne et l’Espagne à l’égard de cette reconnaissance. Berlin avait même provoqué une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu pour dénoncer cette reconnaissance contraire au droit international», rappelle-t-il.

    Dans ce contexte, M.Abdelmoumni juge que «la diplomatie marocaine, ayant vu que ses calculs n’allaient pas aboutir, est en train de faire feu de tout bois et de montrer toute la capacité de nuisance qu’elle peut avoir à l’égard de certains pays européens pour les amener à entrer dans ce jeu. Or, l’espoir des autorités marocaines de pouvoir réaliser des avancées significatives sur la question de la souveraineté sur le Sahara occidental, notamment à l’Onu, n’est plus d’actualité. Le Maroc a même été acculé à stopper net la vague d’émigration, après que la Commission européenne a fait savoir au gouvernement marocain que Ceuta n’est pas à la frontière de l’Espagne uniquement, mais aussi de l’Europe et que ce comportement n’était pas tolérable».

    Concernant le point de vue de la population marocaine sur l’accord de normalisation avec l’État hébreu en contrepartie de la reconnaissance américaine de la souveraineté du royaume chérifien sur le Sahara occidental, l’expert indique que la majorité «des Marocains considèrent que le Sahara est une terre marocaine».

    «Le Sahara occidental a eu un coût exorbitant sur les revenus du pays en termes d’investissements non rentables, de dépenses militaires qui a lourdement pénalisé le développement du pays, et ce depuis 1975. Beaucoup de Marocains ont donc vu d’un bon œil la décision de Trump, malgré le rétablissement des relations avec Israël. Mais les attaques israéliennes contre la bande de Gaza ont suscité la colère, sortant par milliers au moins dans 50 villes du pays pour les condamner et exiger la rupture de l’accord tripartite de normalisation avec l’État hébreu».

    Quid des conditions économiques et sociales?

    Au-delà des enjeux politiques sur la question du Sahara occidental, M.Abdelmoumni pense qu’ «une grande majorité de Marocains, hommes et femmes, ne voient plus d’avenir dans leur pays et considèrent que l’une des options de salut qui s’offre à eux est de rejoindre le sol européen».

    Selon lui, «cette situation s’est doublement aggravée durant les derniers mois, dans le contexte du confinement lié au Covid-19 qui a paupérisé une partie énorme de la population, en plus de la décision des autorités d’assécher les activités de commerce informel avec les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, qui sont la seule source de revenus des populations vivant dans ces régions».

    Pour étayer son propos, l’économiste explique qu’«aujourd’hui, au Maroc, à peine 45% de la population est considérée comme active, soit près de 12,5 millions de personnes sur 35 millions». Et de préciser que «sur ces 12,5 millions d’actifs, seuls trois millions ont un emploi décent, au sens de travail stable avec les assurances sociales y afférentes. Tous les autres vivotent grâce à des activités plus au moins informelles qui sont celles qui ont été les plus impactées par le confinement lié au Covid-19».

    «Suite au confinement, 600.000 emplois avaient été perdus durant les trois premiers mois de l’année 2020, portant le nombre de chômeurs à 1,5 million de personnes», détaille le spécialiste. «Le Haut-commissariat au plan a fait dernièrement savoir que le revenu moyen par tête des 20% des employés les plus riches était de 450 euros par mois, alors que celui des 20% les plus pauvres était de 50 euros. Cette même institution a déclaré que l’indice des inégalités au Maroc était de 46,5%, au-dessus de son seuil socialement tolérable qui est de 42%».

    Enfin, Fouad Abdelmoumni rappelle que «le roi avait déclaré en 2014 et 2017 que le modèle de développement du pays n’était plus fonctionnel, annonçant la création d’une commission de réflexion sur un nouveau modèle dont on ne voit toujours pas les débuts». Ceci en plus d’un «large sentiment d’accaparement de la richesse et de l’État par une caste infiniment petite de grands bourgeois rentiers», conclut-il.

    Sputnik France, 19 mai 2021

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  • Ceuta: l’Espagne accuse le Maroc «d’agression» et de «chantage»

    Madrid | Le gouvernement espagnol a encore haussé le ton jeudi contre le Maroc, accusé d’«agression» et de «chantage» par la ministre de la Défense après l’arrivée de plus de 8000 migrants depuis lundi dans l’enclave espagnole de Ceuta.

    L’afflux de ces migrants en provenance du Maroc voisin «est une agression à l’égard des frontières espagnoles mais aussi des frontières de l’Union européenne», a dénoncé Margarita Robles sur la radio publique, en dénonçant un «chantage» de Rabat qu’elle a accusé d’«utiliser des mineurs».

    «Nous ne parlons pas de jeunes de 16, 17 ans», le Maroc a laissé passer des «enfants de 7 ou 8 ans, d’après ce que nous ont rapporté les ONG (…) en faisant fi du droit international», a vilipendé la ministre.

    L’image d’un bébé sauvé de la noyade par un agent de la garde civile espagnole a notamment fait le tour du monde, suscitant l’effroi sur les réseaux sociaux.

    À travers ces déclarations de la ministre de la Défense, le gouvernement espagnol hausse encore le ton contre le Maroc, dont il avait convoqué l’ambassadrice en Espagne mardi pour exprimer son «mécontentement».

    Le premier ministre Pedro Sanchez avait lui accusé mercredi Rabat «de manque de respect».

    Depuis lundi, une marée humaine de plus de 8000 candidats à l’exil, en très grande majorité des Marocains, a rejoint sans entrave le petit port espagnol à la faveur d’un relâchement des contrôles frontaliers de la part du Maroc.

    Parmi eux, un nombre impressionnant de jeunes partis seuls ou d’enfants en bas âge, emmenés par leur famille.

    Cette vague migratoire inédite a pour toile de fond la crise diplomatique majeure entre Madrid et Rabat, qui ne décolère pas depuis l’arrivée le mois dernier en Espagne, pour y être soigné, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, ennemi juré du Maroc.

    Plusieurs ONG espagnoles et marocaines ont dénoncé le fait que ces mineurs se retrouvent victimes de la brouille entre les deux pays et s’inquiètent de les voir expulsés vers le Maroc.

    Sur les plus de 8000 migrants, 5600 ont déjà été expulsés vers le Maroc, selon des chiffres donnés mercredi par les autorités espagnoles.

    Durcissant le ton également contre Rabat, Bruxelles a assuré mercredi, par la voix du vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas, que «personne ne peut intimider ou faire chanter l’Union européenne (…) sur le thème migratoire».

    Journal de Montréal, 20 mai 2021

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  • À Ceuta, le Maroc défie son grand allié, l’Espagne

    L’escalade entre Madrid et Rabat, née de l’arrivée soudaine de 8 000 migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta le 17 mai, ne doit pas s’aggraver, estime ce quotidien catalan. Car l’Espagne et le Maroc sont dépendants l’un de l’autre.

    L’arrivée non maîtrisée de quelque 8 000 migrants à Ceuta, lundi 17 mai, rendue possible par la passivité de la police marocaine, a engendré une crise migratoire dans la ville [une enclave espagnole de plus de 80 000 habitants située au nord du Maroc]. Celle-ci se retrouve débordée face à cet afflux sans précédent. Mais l’attitude du Maroc a aussi provoqué une crise politique et diplomatique avec l’Espagne, et plus généralement avec l’Union européenne.

    Devant la gravité de la situation, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a dû se rendre à Ceuta et Melilla, mardi 18 mai, non sans avoir assuré que l’Espagne défendrait ses frontières “avec fermeté” et ne céderait à aucun chantage.

    Le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, s’y est rendu également, après avoir annoncé qu’environ 4 000 migrants avaient déjà été reconduits au Maroc. L’armée a été déployée dans la ville et 200 agents de la police nationale et de la garde civile, la gendarmerie espagnole, ont été envoyés en renfort aux frontières.

    De son côté, l’Union européenne exprimait mardi sa totale solidarité avec l’Espagne et lui promettait son soutien, exigeant du Maroc qu’il remplisse ses engagements et limite le passage irrégulier de migrants. L’UE a notamment rappelé à Rabat que les frontières espagnoles étaient aussi des frontières européennes.

    Le Maroc resserre ses liens diplomatiques avec Madrid depuis des semaines après avoir appris en avril dernier que le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, était hospitalisé à Logroño, malade du covid. La passivité de la police marocaine face à l’avalanche d’immigrants qui ont traversé la frontière est directement liée à la décision espagnole d’accueillir l’homme politique du Polisario.

    La ministre des affaires étrangères, Gonzalez Laya, dit n’avoir aucune preuve qu’il existe une relation entre un fait et l’autre et insiste sur le fait que l’hospitalisation du Ghali répond à des raisons humanitaires. Mais Rabat, dans deux déclarations sévères de ces derniers jours, a haussé le ton et reproche à l’Espagne l’ »inaction » de la justice -Ghali fait l’objet d’une enquête de l’Audiencia Nacional pour violation présumée des droits de l’homme et c’est pourquoi il est entré avec une fausse identité- et, bien qu’elle reconnaisse que l’accueillir est une décision souveraine de l’Espagne, elle a prévenu qu’elle en mesurerait « toutes les conséquences ». Un ton conflictuel qu’a maintenu hier l’ambassadrice du Maroc à Madrid, qui, peu avant d’être convoquée à des consultations dans son pays après avoir été convoquée d’urgence par le ministère des Affaires étrangères, a insisté sur le fait qu’ »il y a des attitudes qui ne peuvent pas être acceptées et il y a des actes qui ont des conséquences et qui doivent être assumés ».

    La crise actuelle n’est pas seulement le résultat de la question de la migration. Ça vient de plus loin. L’avalanche de personnes en est la conséquence tragique. Pour Rabat, la propriété marocaine du Sahara occidental est la question qui structure toute sa diplomatie et c’est pourquoi Rabat s’est sentie renforcée lorsque, fin 2020 et alors que son mandat était presque terminé, Donald Trump a défié les résolutions de l’ONU et reconnu la souveraineté marocaine sur ce territoire. Rabat pensait que l’Espagne et l’UE changeraient de position.

    Il ne l’a pas fait, et la première conséquence a été la suspension du sommet bilatéral hispano-marocain prévu une semaine plus tard, et qui est toujours sans date avec l’excuse de la pandémie. La présence de Ghali en Espagne a conduit le Maroc à utiliser l’un de ses principaux atouts pour faire pression sur Madrid : le contrôle de l’immigration – il le fait depuis des décennies – en utilisant des milliers de personnes désespérées. Le Maroc a lancé un défi fort et clair à l’Espagne, mais il n’est pas tolérable qu’il joue avec la vie de ses citoyens pour des objectifs politiques.

    Madrid et Rabat doivent réorienter la situation avant qu’elle ne s’aggrave encore, ce qui suppose que le Maroc honore ses engagements et ses accords frontaliers. Au cours des dernières décennies, les relations bilatérales ont été stables, même si elles ont connu quelques hauts et bas. Le voisin du sud est le grand allié de l’Espagne et de l’Europe dans le contrôle des flux migratoires et des mouvements du terrorisme djihadiste. L’Espagne, qui jusqu’à présent a évité de critiquer la position du Maroc et continue de parler de pays ami et de partenaire, est le principal interlocuteur de Rabat auprès de l’UE, en plus d’être son principal client économique. Les deux ont besoin l’un de l’autre.

    La Vanguardia, 19 mai 2021

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