Étiquette : chantage

  • Maroc : « J’ai dit au revoir à ma famille et je suis parti sans rien »

    « J’ai dit au revoir à ma famille et je suis parti avec rien », a déclaré Mohamed, un Marocain de 30 ans.

    S’adressant à la chaîne de télévision espagnole RTVE, il a expliqué comment il avait rejoint le nombre record de migrants qui sont entrés illégalement dans l’enclave nord-africaine de Ceuta en Espagne depuis lundi.

    Comme beaucoup d’autres, il a déclaré que l’emploi était la principale raison pour laquelle il tentait d’effectuer la traversée.

    « Je veux travailler et aider ma famille. Tous mes amis, nous voulons travailler ».

    Mohamed a raconté à RTVE (en espagnol) qu’il avait pris un taxi avec un cousin et quelques amis avant de nager pendant 30 minutes pour atteindre le territoire espagnol.

    Sur le chemin de la frontière, ils ont été arrêtés par les autorités marocaines, a-t-il dit. « Mais ensuite ils nous ont laissé continuer, c’était comme un oui et un non ».

    Environ la moitié des 8 000 migrants qui sont entrés ont été renvoyés, selon les autorités espagnoles. Des dizaines de jeunes hommes faisaient la queue pour rentrer au Maroc mercredi matin.

    Selon l’agence de presse espagnole Efe, la police marocaine a désormais bouclé la zone frontalière pour empêcher toute nouvelle tentative de passage.

    Les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sont devenues des aimants pour les migrants africains qui tentent de rejoindre l’Europe.

    Cependant, le nombre sans précédent de personnes qui ont franchi la frontière cette semaine a exacerbé les tensions diplomatiques entre l’Espagne et le Maroc voisin.

    Que s’est-il passé cette semaine ?

    Les migrants – dont beaucoup utilisent des anneaux gonflables et des canots pneumatiques – ont commencé à arriver à Ceuta aux premières heures de lundi. Si beaucoup étaient de jeunes hommes, des familles entières et environ 1 500 enfants sont également entrés.

    Au moins une personne est morte en faisant la traversée cette semaine.

    Mardi, l’Espagne a déployé des troupes pour aider la police des frontières de Ceuta. Des scènes dramatiques ont été filmées au large, alors que des familles pataugeaient dans l’eau et que des agents de la Guardia Civil espagnole plongeaient dans la mer pour sauver de jeunes enfants.

    Mardi soir, les rapports indiquaient que le nombre de personnes tentant d’entrer par la mer avait diminué. Certains migrants retournaient volontairement au Maroc, tandis que d’autres pouvaient être vus emportés par des soldats.

    Dans l’autre enclave espagnole, Melilla, 86 Africains subsahariens sont entrés mardi par la jetée sud. Melilla possède une formidable clôture frontalière et plusieurs centaines d’autres migrants ont été bloqués par les forces de sécurité, rapporte Efe.

    Des responsables espagnols cités par Efe ont déclaré que les gardes marocains avaient aidé les forces espagnoles à Melilla. Les médias espagnols ont indiqué que la situation était différente à Ceuta, où les gardes-frontières marocains se tenaient à l’écart et regardaient les migrants prendre la mer pour tenter de rejoindre l’enclave.

    Dites au Maroc ce qu’il en est

    Par Nick Beake, BBC News, Ceuta

    Avec son petit sac d’affaires en bandoulière, Mokhtar Gonbor, 30 ans, a résumé la raison pour laquelle la plupart des jeunes hommes rentrent maintenant chez eux.

    « Nous n’avons pas de nourriture, pas d’argent et nous dormions dans la rue la nuit dernière ». Il retournait au Maroc – même si sa vie là-bas n’était pas celle qu’il souhaitait.

    Quelques rues plus loin, les habitants du bar de Fernando buvaient leur café et regardaient sur une vieille télévision les images extraordinaires des arrivées record des dernières 24 heures.

    Mercedes, une femme d’une soixantaine d’années, explique qu’elle a de la peine pour les enfants qui n’ont même pas de vêtements. Mais elle a tapé la table de colère lorsqu’elle nous a dit que les migrants étaient laissés passer la frontière chaque fois que le Maroc voulait de l’argent ou quelque chose de l’Espagne.

    Son amie, Maria Jesus, est intervenue : « Le Premier ministre devrait dire au Maroc ce qu’il en est et le remettre à sa place. »

    Quelle a été la réaction ?

    Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a promis de rétablir l’ordre.

    Les responsables européens ont soutenu l’Espagne, le vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas ayant déclaré mercredi à la radio espagnole que l’Europe « ne se laissera intimider par personne » sur la question de la migration.

    Le Maroc a retiré son ambassadeur pour des consultations après que la ministre espagnole des affaires étrangères, María Aránzazu González Laya, a fait part à l’envoyé de son « dégoût » pour ce qui s’était passé. La plupart des migrants seraient originaires du Maroc.

    Depuis le XVIIe siècle, Ceuta et Melilla sont sous domination espagnole, bien qu’elles soient depuis longtemps revendiquées par le Maroc. Elles ont un statut semi-autonome, comme certaines régions d’Espagne continentale.

    Cet afflux intervient dans un contexte de regain de tension concernant le Sahara occidental, un territoire occupé par l’Espagne jusqu’en 1975, date à laquelle le Maroc l’a annexé. Depuis lors, il est disputé entre le Maroc et le peuple sahraoui, dirigé par le Front Polisario.

    Dégradation des liens au sujet du Sahara occidental

    En avril, l’Espagne a autorisé le dirigeant sahraoui Brahim Ghali, 73 ans, à être soigné à l’hôpital pour Covid-19, apparemment à Logroño. Il dirige le Front Polisario, qui lutte pour la souveraineté du Sahara occidental contre les revendications du Maroc. Le gouvernement marocain a réagi avec colère et a averti l’Espagne que l’hébergement de M. Ghali entraînerait des « conséquences ».

    La ministre espagnole des affaires étrangères, Arancha González, a déclaré qu’elle n’était pas au courant que le Maroc utilisait la question de la frontière pour exercer une pression politique. Mais beaucoup voient dans les événements de lundi, lorsque les gardes-frontières marocains ont semblé ne pas empêcher les migrants de traverser, la preuve de représailles.

    De telles difficultés sont susceptibles de compliquer la coopération habituellement étroite entre les deux voisins sur la question des migrants. Toutefois, l’Espagne affirme avoir déjà rapatrié environ la moitié des migrants, à la suite de discussions avec le Maroc.

    La grande majorité de ceux qui ont atteint Ceuta étaient marocains. Ces dernières années, la police locale a pris des mesures énergiques à l’encontre des migrants subsahariens dans le nord du Maroc, ce qui les a poussés à chercher d’autres itinéraires vers l’Espagne, comme la traversée de l’Atlantique vers les îles Canaries.

    Selon Frontex, la force frontalière de l’UE, l’immigration illégale vers les îles Canaries, au large des côtes marocaines, a augmenté cette année.

    Toutefois, le nombre total de sans-papiers ayant atteint l’Europe depuis le début de l’année reste bien inférieur aux niveaux observés en 2015-2016.

    BBC News, 19 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, chantage, pression migratoire, Ceuta, Melilla,

  • Bruxelles appelle le Maroc à empêcher les départs de migrants

    La commissaire européenne, Ylva Johansson, a jugé hier “inquiétant” l’afflux de quelque 6 000 migrants la veille dans l’enclave espagnole de Ceuta et appelé le Maroc à empêcher les “départs irréguliers” depuis son territoire.

    “Il est inquiétant qu’au moins 6 000 personnes, dont un grand nombre d’enfants, aient rejoint Ceuta à la nage, en mettant leur vie en danger. Beaucoup ont dû être secourus, une personne est morte”, a déclaré la commissaire aux Affaires intérieures devant le Parlement européen.

    “Le plus important maintenant, c’est que le Maroc continue à s’engager à empêcher les départs irréguliers, et que ceux qui n’ont pas le droit de rester soient renvoyés de façon ordonnée et efficace. Les frontières espagnoles sont les frontières de l’Europe”, a-t-elle poursuivi.

    De son côté, le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a annoncé que son pays avait renvoyé au Maroc 1 500 des quelque 6 000 migrants entrés à Ceuta et continuait ces renvois.

    APS

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Melilla, Migration, chantage, pression migratoire, Union Européenne, UE,

  • Ceuta : Les 8.000 migrants ne représentent qu’un «tir de sommation» du Maroc

    8000 migrants débarquent dans la ville espagnole de Ceuta en 24 heures

    Le vil chantage marocain
    Le but de Rabat est d’exploiter l’ «affaire Ghali» pour forcer la main à l’Espagne et l’amener à céder sur le dossier du Sahara occidental.

    En plus d’être un narco-royaume et premier producteur mondial de kif qui inonde la planète, le Maroc semble avoir découvert son autre «profil», celui que lui donnent, bien malgré eux, les migrants clandestins. Rabat a, en effet, fait étalage de sa «puissance» à l’occasion d’un différend qui l’oppose à Madrid sur la question du Sahara occidental. Le mode opératoire est détestable pour tout Etat digne de ce nom, mais néanmoins efficace. Il a suffi au Maroc de desserrer l’étau sur les dizaines de milliers de migrants clandestins qu’il «garde en stock» pour que ces derniers se ruent sur la petite enclave espagnole de Ceuta. Plus de 8 000 migrants ont débarqué à Ceuta en 24 heures, encouragés par le Makhzen qui a vu dans ce «déferlement» un moyen de pression sur l’Espagne. Son entreprise a porté ses fruits puisque le gouvernement espagnol s’est réuni, hier, en urgence pour étudier la grave situation à sa frontière avec le Maroc. Les 8.000 migrants ne représentent qu’un «tir de sommation» de Rabat.

    À l’origine de cette crise où le Maroc montre son véritable visage d’Etat voyou qui marche sur les principes humains les plus élémentaires, l’arrivée le mois dernier en Espagne du président sahraoui, Brahim Ghali, pour des soins.

    Les autorités espagnoles évoquaient depuis quelques jours «plusieurs menaces quasiment ouvertes de la part de représentants marocains, selon lesquelles ils pourraient utiliser la carte du contrôle de l’immigration si l’Espagne ne revenait pas sur sa décision d’héberger Ghali», avait indiqué la ministre des Affaires étrangères, Fernandez Molina. Ce n’était donc pas des menaces en l’air, puisque le Maroc a mis son plan à exécution en «noyant» Ceuta sous un flux impressionnant de migrants subsahariens. «Quand les relations sont bonnes, les frontières se contrôlent; quand elles se tendent, on utilise la carte migratoire pour faire pression sur l’Espagne. C’est une constante. Nous le vivons depuis des décennies», rappelle Eduard Soler, expert de l’Afrique du Nord au Centre des affaires internationales de Barcelone», cité par l’AFP.

    Madrid voit clair dans le chantage du Makhzen et affirme par le biais de sa ministre des Affaires étrangères que la présence de Brahim Ghali en Espagne n’a été qu’un «prétexte». Tir de semonce ou ballon-sonde, le Maroc a sérieusement ébranlé ses rapports avec un pays de l’Union européenne. Par cette opération de «brigandage» d’Etat, Rabat donne un signal aux Européens sur son changement de statut. Le soutien ouvert de l’entité sioniste donne au Maroc l’opportunité de viser très haut. Le «prétexte» évoqué par Mme Molina poursuit l’objectif de Rabat d’amener l’Espagne et la France à reconnaître la marocanité du Sahara occidental sur les pas de Donald Trump. «Il y a eu une pression vraiment très forte (du Maroc) sur des pays comme l’Espagne et la France pour qu’ils changent leur position et suivent l’exemple américain», affirme-t-elle.

    Sachant la dépendance de l’Europe du Sud sur la question des migrations, le but de Rabat est d’exploiter l’«affaire Ghali» pour forcer la main à l’Espagne et l’amener à céder sur le dossier du Sahara occidental. En d’autres termes, le Maroc appuie là où ça fait mal. Il est clair que dans cette séquence hispano-marocaine, il y a une véritable agression contre un Etat souverain pour le forcer à changer de politique à l’égard d’une question d’autodétermination reconnue en tant que telle par la communauté internationale. Si l’on considère que «sans la collaboration du Maroc dans le contrôle migratoire, l’Espagne a un problème», et donc que ce pays doit céder aux caprices d’un Etat voyou, la légalité internationale est foulée aux pieds. L’Europe laissera-t-elle le Maroc dicter sa loi? L’entité sioniste n’est pas loin…

    L’Expression, 19 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, Union Européenne, UE, migration, chantage,

  • Maroc : Des opposants filmés dans leur intimité pour les faire taire, ou les faire chanter : Une pratique mafieuse généralisée

    Fouad Abdelmoumni, ancien président de l’Association marocaine de défense des droits humains, militant de Transparency Maroc, a été filmé, à son insu, dans son intimité. Les vidéos, visiblement prises par des professionnels de l’espionnage, ont été transmises aux amis et à l’entourage du concerné.

    La volonté de nuire, d’intimider ou de réduire au silence est manifeste. Elle ne relève cependant pas du simple acte isolé ou anecdotique.

    Sous le règne de Mohamed VI, en effet, elle est devenue une marque de fabrique, et la signature attitrée du « monsieur sécurité » du souverain marocain. Il s’agit d’Abdellatif Hammouchi, chef des services de sécurité et de renseignement marocains.

    Fouad Abdelmoumni témoigne ainsi dans un entretien accordé à « L’Huma » : Le 13 février 2020, plusieurs personnes m’ont prévenu qu’elles avaient reçu sur leur messagerie WhatsApp des vidéos de moi et ma partenaire filmés à notre insu dans notre intimité. J’ai pu le constater à mon tour en les recevant.

    Ces séquences ont été prises par des caméras miniatures dissimulées dans des appareils de climatisation, dans deux pièces : le salon et la chambre. Des appareils extrêmement sophistiqués car la prise de son est très bonne, alors que les caméras étaient cachées dans des appareils qui vibrent, font du bruit ».

    Et e préciser vers quelle structures portent ce soupçons et ces accusations : « Ces vidéos avaient déjà été annoncées, avant leur diffusion, par un site de diffamation Chouf TV réputé très proche des services de renseignement, qui avait menacé de me « casser », de divulguer mon intimité si je ne me tenais pas à carreau.

    Il est évident qu’un appareil au cœur de l’État marocain use et abuse des capacités et moyens de l’État pour terroriser les gens.

    N’importe qui ne peut pas rentrer chez moi et en sortir, y installer des engins aussi sophistiqués dans divers endroits de la maison, puis revenir pour retirer ces appareils, en synchronisation avec un site connu pour me diffamer et me menacer à chaque fois que je prends position, en particulier sur les questions des libertés et de la répression au Maroc ».

    Cette traque et ce harcèlement, mené par des individus jouissant de moyens colossaux, et ayant derrière eux l’Etat marocain dans son entier, ne semble avoir laissé de côté aucun détail : « En octobre 2019, j’ai su par le Citizen Lab de l’université de Toronto (spécialisé dans le domaine de la cybersécurité – NDLR) que mon téléphone avait été hacké par le logiciel espion Pegasus de l’entreprise israélienne NSO, comme 1 400 autres activistes et journalistes dans le monde ».

    Pour ce défenseur des droits et des libertés, c’est l’Etat marocain lui-même qui s’attaque aux élites du royaume chérifien. De fait, il fait partie d’une liste très longe d’artistes, intellectuels et journalistes ainsi pris pour cible à cause de leur liberté de ton.

    Et d’expliquer les raisons de ce regain d’activisme en matière de chantage exercé sur les sujets jugés « trop libre » de Mohamed VI : « Au Maroc, l’autoritarisme et la prédation sont à bout de souffle. L’État se montre incapable d’apporter des réponses satisfaisantes pour la stabilisation de la société. Nous vivons une descente aux enfers en matière d’inclusion économique, d’emploi, de création de richesses. Toutes les perspectives ne promettent que détériorations ».

    En un mot comme en mille, le royaume chérifien est bel et bien au bord de l’implosion.

    Ainsi, pour lui, « Infiltrer les téléphones de dizaines d’activistes avec le coûteux logiciel espion Pegasus n’est qu’une toute petite partie de l’iceberg. Des détachements de police entiers sont affectés à la surveillance, jour et nuit, de jeunes militants.

    L’État, ou au moins une partie du pouvoir, veut nous signifier que nous vivons sous le régime d’une dictature primaire et non plus dans un État qui prétend tendre vers la démocratie ».

    Voilà donc où en est réduit le Maroc après les promesses d’ouverture faites par le descendant de HassanII, durant le règne duquel les opposants disparaissaient tout simplement six pieds sous terre dans une des cours de la sinistre « Carcel Negra ».

    « Nous avons beaucoup régressé. Jusqu’en 2001, tout le monde croyait aux promesses de démocratisation. Depuis, on s’enfonce dans un régime liberticide ». Ainsi a parlé Fouad Abdelmoumni.

    La Patrie News, 3 mars 2021

    Tags : Maroc, Fouad Abdelmoumni, sex revenge, chantage,