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  • Conférence des ambassadeurs de l’UE: Discours de Charles Michel

    Conférence des ambassadeurs de l’UE: Discours de Charles Michel

    Union Européenne, UE, Charles Michel, Conférence annuelle des ambassadeurs,

    Monsieur le secrétaire général, Excellences, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,

    C’est un plaisir réel d’avoir l’occasion de vous voir en vrai cette année, et pas seulement par l’intermédiaire d’un écran. Même si j’ai eu l’occasion régulièrement, tout au long des deux dernières années, de rencontrer nombre d’entre vous, soit dans des réunions à Bruxelles, soit lors de déplacements à l’étranger. Je vois quelques visages qui me rappellent des souvenirs de missions il y a quelques mois, ou parfois il y a un peu plus longtemps.

    Je voudrais d’emblée vous dire le plaisir immense que j’ai dans ma responsabilité, avec l’ensemble de mon équipe qui m’accompagne, à travailler au quotidien avec vous. Je sais qu’à travers vous, c’est à travers aussi vos équipes que nous coopérons. Parce que vous êtes en quelque sorte à la fois les yeux, les oreilles, mais aussi la voix de l’Union européenne partout dans le monde.

    Et plus que jamais, on sent bien que les bases de ce monde qui tremblent sous nos pieds doivent être l’occasion pour l’Union européenne de tenter d’agir avec force, avec cohésion, avec conviction également.

    Les deux années précédentes, j’ai eu l’occasion, et peut-être cela apparaissait à l’époque un peu théorique, de m’entretenir avec vous sur une conviction que je ne suis pas seul à partager, fort heureusement, qui touche à la souveraineté et à l’autonomie stratégique de l’Union européenne. Et force est de constater que ces deux dernières années, ce qui peut-être apparaissait comme un concept théorique et virtuel, devient un concept extrêmement réel. On l’a vu avec cette crise de la COVID: Elle nous a ébranlés, elle a mis en lumière quelques forces, il faut en être fiers, mais elle a montré aussi des fragilités de l’Union européenne et du système multilatéral en général.

    Et puis évidemment, nous le voyons de manière brutale avec cette guerre, avec le sang qui coule à nouveau sur le continent européen et qui ébranle un certain nombre de repères que nous pouvions avoir. Dans ce contexte de guerre menée par un pays qui est membre du Conseil de sécurité des Nations unies, qui devrait donc être un des garants de l’ordre fondé sur des règles, cette guerre portée par un pays qui détient l’arme nucléaire et n’hésite pas à faire des menaces, sinon explicites, en tout cas implicites.

    Au moment où je me tiens devant vous, où nous sommes rassemblés ici à Bruxelles, pour tenter d’aligner notre manière de porter ensemble une ambition pour l’Union européenne, c’est le peuple ukrainien, ce sont les femmes, les enfants, les hommes qui souffrent sous les tirs des missiles. Avant de vous rejoindre, j’étais en contact avec le Premier ministre ukrainien, qui m’a informé des derniers développements à Kiev, avec de nombreux missiles tirés en ce moment même, des morts, des blessés, nombreux.

    Et en même temps que cette guerre se déroule sur le sol ukrainien, il y a également un missile énergétique qui a été tiré sur l’Union européenne. Une manière de tenter de toucher au cœur le système économique de l’Union européenne et peut-être aussi probablement une manière de tenter d’ébranler notre cohésion sociale, notre unité, de toucher le moral et la confiance de l’Union européenne dans son propre avenir.

    Et cette guerre déclenchée est aussi en quelque sorte une bombe posée sous Le système multilatéral. Et on le ressent bien, plus ou moins intuitivement, plus ou moins rationnellement, nous sommes certainement projetés en ce moment même dans une forme de transition géopolitique vers un chapitre nouveau, un chapitre différent de l’histoire des relations internationales.

    Et c’est ainsi que, au nom de l’Union européenne, lorsque j’ai eu le privilège et l’honneur de m’adresser à l’Assemblée générale des Nations unies il y a quelques semaines, j’ai tenté modestement – mais, croyez-le, avec conviction – de mettre en évidence deux messages.

    Le premier, c’est tenter de démonter scientifiquement la mécanique de propagande et de mensonges du Kremlin. Et vous le savez bien, il y a un narratif hostile développé par le Kremlin, un narratif qui emporte un certain succès dans un certain nombre de pays dans le monde. Il n’y a pas de place pour la résignation. Nous devons être engagés, point par point, pour tenter de restaurer la vérité, restaurer notre narratif et expliquer pourquoi nous avons choisi non seulement de soutenir fermement l’Ukraine, mais de condamner tout aussi fermement la Russie dans le cadre de cette guerre.

    Et puis, le deuxième point que j’ai tenté de mettre en évidence, c’est cette conviction que je veux partager avec vous, selon laquelle ce moment de l’histoire des relations internationales, ce moment de l’histoire de l’Union européenne, ne peut pas être un moment de désengagement de l’Union européenne envers le reste du monde. Au contraire, l’Union européenne est un projet politique tourné vers le monde extérieur, vers nos partenaires. Nous sommes une force – et c’est le sens de « leadership » – en termes climatiques. Nous le sommes en termes de paix, de sécurité, de développement. Nous le sommes également en termes de coopération économique et je pense qu’exercer un leadership doit être l’ambition de l’Union européenne.

    Exercer un leadership, à mes yeux, c’est bien sûr tenter de mettre de l’huile dans les rouages des systèmes internationaux et multilatéraux. Être une force qui crée des ponts, une force qui rassemble, une force qui unit. C’est aussi être engagés pour délivrer quand nous faisons des promesses et quand nous nous engageons. Nous sommes actifs en matière de climat, en matière de paix, de développement. Nous l’avons été en matière de santé aussi, en mettant en avant ce traité pour les pandémies qui fait l’objet de négociations actuellement. Et nous sommes un acteur de paix et de sécurité, quand c’est le Haut représentant et les équipes du Service pour l’action extérieure qui sont engagés pour tenter de ramener le monde dans ce JCPOA iranien. Nous le sommes quand on tente, avec nos États membres, d’être engagés dans le Sahel et d’être engagés aussi pour être une force positive en Libye. Quand nous menons des médiations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan: il y a quelques jours encore, en marge des dernières réunions à Prague.

    Être une force pour la paix, être une force engagée, bienveillante, cela ne veut pas dire à mes yeux avoir l’obsession d’imposer d’autorité un certain nombre de points de vue. Cela veut dire être capable de parler à tout le monde, aussi avec ceux qui ne partagent pas exactement nos conceptions en matière de relations internationales. Parler à tout le monde avec franchise, parler à tout le monde avec fermeté quand c’est parfois nécessaire, mais le faire toujours – ce n’est pas un exercice facile – avec respect et sans arrogance.

    Parfois, à tort ou à raison, nous sommes perçus, l’Union européenne, comme voulant donner la leçon, notamment sur les valeurs qui touchent au cœur de ce que nous sommes, et sur les droits de l’homme. Et quand c’est le cas, je ne manque pas, avec mes interlocuteurs étrangers, d’expliquer que c’est sans doute parce que le continent européen a été le terrain, au siècle passé, de la plus abominable des horreurs perpétrées par les hommes contre d’autres hommes, que l’on a cette conviction d’avoir une responsabilité particulière dans la promotion de ces droits fondamentaux qui touchent à la dignité humaine.

    S’engager avec tout le monde, c’est ce que nous avons fait, par exemple avec les partenaires africains en ce début d’année. Nous avons voulu modifier le logiciel de la relation entre l’Union européenne et l’Afrique en fondant notre avenir sur ce partenariat d’égal à égal, sincère, respectueux, en faisqnt en sorte aussi qu’on puisse davantage canaliser les moyens financiers vers le développement de l’Afrique.

    Mais la guerre en Ukraine nous fait prendre conscience, je le crois aussi, de l’urgence à resserrer plus vite et plus fort les liens et les coopérations avec notre voisinage.

    Et c’est en ce sens-là que le Conseil européen, probablement, a surpris il y a quelques mois en décidant d’accorder le statut de candidat à l’Ukraine et à la Moldavie et en reconnaissant cette perspective pour la Géorgie. J’ai la faiblesse de penser que ce moment a été un moment politique important pour l’Union européenne dans le contexte que l’on connaît. C’est dans le même ordre d’idées, vous le savez, sous la présidence française de l’Union européenne, que beaucoup d’efforts ont été déployés pour faire en sorte que l’on puisse ouvrir les négociations avec l’Albanie et la Macédoine du Nord. Nous avons tenté et nous allons continuer de déployer une activité intense en Bosnie-Herzégovine dans le cadre du processus politique interne de réformes, qui est indispensable en vue de cette candidature.

    Enfin, la question de l’élargissement, sujet délicat, sujet sensible, m’amène à partager avec vous une réflexion, une impression. Il me semble que l’on devrait accélérer le processus de réforme du système d’élargissement. Il doit nous amener à faire en sorte de pouvoir délivrer plus rapidement de premiers avantages dans le cadre du processus d’adhésion, sans qu’il y ait cette impression de tout ou rien: rien pendant le processus d’adhésion, puis tout une fois que l’adhésion est reconnue. Je pense qu’il y a là une attente légitime de la part des pays concernés. Et c’est aussi une attente légitime pour tenter de mobiliser leur population en soutien à ce lien avec l’Union européenne.

    Enfin, mesdames et messieurs, vous le savez, il y a quelques jours à peine se tenait la première réunion de la Communauté politique européenne. Une idée qui a été émise il y a quelques mois seulement, c’était avant l’été, et qui a permis de rassembler à Prague 44 pays du continent européen. Nous partageons le même continent, nous partageons les mêmes défis en termes de stabilité, de sécurité, de prospérité, de développement.

    Les questions énergétiques, par exemple, ne sont pas seulement des sujets pour les pays de l’Union européenne, mais pour l’ensemble des pays du continent européen. L’idée est de mettre en place une plateforme politique qui permette l’échange de manière régulière au niveau des chefs d’État ou de gouvernement et de renforcer les compréhensions mutuelles, et les convergences dans la manière d’agir sur des enjeux qui nous concernent tous.

    Tenter d’assumer du leadership, c’est essayer modestement de montrer notre part de vérité, montrer la manière dont nous souhaitons éclairer le chemin à prendre pour relever des défis qui frappent le monde dans son entièreté. Assumer du leadership, c’est aussi être très attentifs à délivrer quand nous promettons, à honorer nos engagements.

    Nous avons l’occasion régulièrement de prendre des engagements, de faire des promesses. Cela a été le cas lors de ce sommet avec l’Union africaine. Cela a été le cas dans le cadre du Partenariat oriental. C’est le cas avec les Balkans occidentaux. Je pense que nous avons une grande responsabilité, que ce soit à Bruxelles ou dans les postes où vous représentez l’Union européenne. C’est la responsabilité de délivrer et de tenir les promesses. Je le dis en insistant parce que, à défaut, si l’on promet et si l’on promet beaucoup sans réaliser, on sème alors de la désillusion, de la frustration et de la déception. Nous n’avons pas le droit d’avoir cette attitude. Au contraire, nous voulons être crédibles. Nous devons avoir cette ambition constante de ne pas laisser les promesses s’embourber, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, dans les méandres bureaucratiques ou dans les difficultés propres au processus décisionnel.

    Je voulais être bref lors de cette introduction, car j’ai le souhait sincère de pouvoir vous écouter, échanger avec vous, entendre vos questions, vos remarques, vos observations, me nourrir aussi de vos expériences. Je mesure bien que vous, en tant que chefs de délégation, avec vos équipes, jouez un rôle absolument majeur dans un moment exceptionnel de notre histoire commune. Vous avez la responsabilité de traduire et de délivrer sur le terrain les engagements de l’Union. Vous avez la responsabilité de déployer les projets, de contribuer aussi aux transformations économiques auxquelles l’Union européenne est associée avec nos pays partenaires. Vous avez la responsabilité d’assurer la visibilité de l’action de l’Union européenne, mais aussi sa crédibilité. Je suis certain que vous êtes mobilisés pour faire encore plus et encore mieux, notamment en termes de diplomatie économique, dans un esprit gagnant-gagnant, où l’Union européenne peut faire la différence.

    Bien sûr, cela touche à nos traités commerciaux. Et dans ce domaine-là aussi, nous avons un travail à faire. Une introspection est peut-être nécessaire. Il est bien d’engager, de négocier, de trouver des accords, mais c’est encore mieux quand on peut ratifier et mettre en œuvre les accords qui sont parfois négociés pendant de très longues années avant de pouvoir être conclus. Nous devons donc avoir la franchise de cette introspection afin de tirer un certain nombre de leçons pour l’avenir.

    Enfin, je mesure à quel point, sur le terrain, dans les pays qui sont nos partenaires, il y a une attente de l’Union européenne et, bien souvent, on sous-estime, à Bruxelles ou au sein de l’Union, le caractère attractif que l’Union représente dans de nombreuses régions du monde. Je l’ai ressenti très fort lorsque j’ai eu des contacts avec les pays d’Amérique latine. Je l’ai ressenti très fort lorsque j’étais en contact avec les pays membres de l’ASEAN. L’Afrique aussi. Je pense que nous devons mobiliser les instruments à notre disposition dans une démarche davantage horizontale. Il y a un rôle de canalisation de la diversité de l’offre de l’Union européenne. Lorsque l’on regarde les programmes, les moyens, les leviers, les instruments dont nous disposons comme Union européenne – sans compter la dimension d’Equipe Europe avec nos États membres -, nous avons une panoplie qui offre des capacités extrêmement importantes. Encore faut-il les mobiliser de la manière la plus horizontale possible. Parce que la pensée verticale et cloisonnée, dont la tentation peut parfois nous habiter, est une préoccupation pour notre action extérieure. Je partage l’expérience à laquelle je suis parfois confronté, quand j’ai des relations directes avec des chefs d’État ou de gouvernement de pays tiers qui attendent une démarche plus générale et plus globale, et pas simplement segmentée de manière verticale.

    Je conclus avec ces quelques réflexions. Nous faisons face à un monde qui est bousculé. La guerre hybride est une réalité. Elle mobilise à la fois des armes conventionnelles et d’autres manières de déstabiliser. Des cyberattaques, des attaques informationnelles également, comme on a pu le voir au Mali de manière spectaculaire – l’attaque avait pu cette fois être déjouée. Mais il y a un élément que je retiens: cette guerre hybride prend en considération la narration, non pas comme élément accessoire ou secondaire, mais comme élément central. Et c’est en cela que votre expérience, votre responsabilité, est aussi d’être des représentants de l’Union européenne engagés pour contrer et déjouer cette narration. Je compte beaucoup sur chacun d’entre vous, pour que l’on puisse à la fois être alerté grâce à vous quand vous voyez qu’il se développe des faits narratifs qui nécessitent la mobilisation, la réaction. Mais nous avons aussi besoin d’être conseillés par vous, car vous avez, par votre position et votre responsabilité, la compréhension des manières dont sont comprises ou interprétées des actions et des initiatives de l’Union européenne ou d’autres acteurs internationaux.

    Nous sommes engagés depuis quelques années dans une double transition. Elle est climatique, elle est numérique. Il y a quelques années, nous avons considéré que cette ambition climatique et numérique devait être le projet de croissance de l’Union européenne. Nous voyons maintenant que nous sommes concernés par une transition géopolitique et que celle-ci est plus brutale que ce que l’on avait pu imaginer. Il y a quelques mois, nous étions réunis, avec les chefs d’État ou de gouvernement, à Versailles pour agir et donner des impulsions pour cette autonomie stratégique de l’Union européenne. Trois thèmes étaient au cœur de nos débats.

    D’une part, la question énergétique. On voit à quel point ce sujet-là est un sujet majeur qui va devoir nous amener à être plus rapides et probablement plus courageux.
    La question de la sécurité de la défense. Nous voyons qu’il y a là aussi, au départ, sur les actions extérieures, un rôle extrêmement important qui peut et doit être joué pour progresser.
    L’innovation technologique. L’importance pour l’Union européenne de se projeter dans l’avenir, en essayant de mobiliser des cadres qui encouragent nos entreprises à développer la technologie qui va nous permettre d’être demain des leaders dans le monde, et à porter les valeurs auxquelles nous croyons.

    Vous le voyez, nous sommes à un moment complexe, tourmenté. Mais l’histoire de l’Union européenne a toujours montré, depuis la naissance de ce projet atypique, tellement différent, que lorsqu’on est confronté à l’adversité, on a la force de déployer les ressources pour surmonter les obstacles et faire en sorte d’être plus intégré, plus fort, plus robuste et plus optimiste. Même si nous mesurons bien la difficulté des défis auxquels nous sommes confrontés.

    Être engagés, être robustes et être unis: c’est la promesse et l’engagement que nous devons tenter d’atteindre les uns et les autres. Merci à vous.

    Conseil de l’Europe, 12/10/2022

    #Union_Européenne #UE #Charles_Michel #Ambassadeurs

  • Sécurité au Sahel et fin de l’opération Barkhane

    Sécurité au Sahel et fin de l’opération Barkhane

    Le conflit armé qui dure depuis une décennie au Sahel est à un tournant. Le retrait de la France du Mali et la redéfinition de sa stratégie dans la région se sont accompagnés d’une aggravation de la violence et de l’insécurité, d’un retour des autocraties militaires et de tentatives de la Russie de jouer un rôle plus important dans la sécurité régionale.


    Benjamin Pétrini*

    Début 2022, la France a commencé à retirer ses forces du Mali et à reconfigurer l’opération Barkhane , sa mission de contre-insurrection qui est en cours dans plusieurs pays sahéliens depuis 2014. La dernière unité militaire française a quitté le Mali le 15 août . Les soldats restés au Sahel ne joueront plus un rôle de combat direct dans les conflits armés régionaux et soutiendront et formeront à la place les forces locales. La Russie, quant à elle, est devenue un nouvel acteur de la sécurité dans la région. Ce sont les changements géopolitiques les plus importants qui se sont produits au Sahel depuis 2012, lorsqu’un soulèvement sécessionniste de groupes armés touaregs et islamistes non étatiques dans le nord du Mali a failli renverser le gouvernement et s’étendre au Burkina Faso voisin et à l’ouest du Niger.

    L’échec de la France au Mali est encore un autre cas, comme l’intervention de près de deux décennies des États-Unis en Afghanistan, au cours de laquelle une puissance occidentale est intervenue dans un conflit armé à l’étranger et s’est avérée incapable d’atteindre ses objectifs en matière de stabilité et de sécurité. En janvier 2020, la France a porté le nombre de soldats engagés à Barkhane – principalement des forces d’opérations spéciales – d’environ 4 000 à 5 100. Mais il a commencé à se retirer après qu’une junte militaire malienne a consolidé le contrôle du gouvernement en mai 2021. L’incapacité de la France à définir des objectifs réalisables pour l’opération Barkhaneau-delà de mener des frappes contre des chefs djihadistes et de fournir aux forces maliennes un soutien général à la lutte contre le terrorisme et un renforcement des capacités, la mission aurait pu se poursuivre sans but dans un avenir prévisible. Mais les dirigeants de la junte malienne s’étaient aigris de la mission française parce que, selon eux, elle ne fournissait pas un soutien adéquat aux forces armées maliennes, qui subissaient la plupart des pertes dans la lutte contre les groupes extrémistes salafistes, et à cause des pertes civiles connexes.

    Le fossé entre Paris et Bamako s’est creusé peu de temps après que la junte a pris le pouvoir et établi des liens de sécurité avec la Russie. La fracture est devenue permanente lorsque le groupe Wagner – une société militaire privée liée au Kremlin – a déployé des forces mercenaires dans le pays à la fin de 2021. Cette évolution a incité plusieurs pays de l’Union européenne à se retirer de la force opérationnelle Takuba dirigée par la France , une multinationale des forces spéciales. unité créée en 2020 pour contribuer à la mission de Barkhane . Le groupe de travail s’est dissous peu de temps après.

    La France, en tant qu’ancienne puissance coloniale dans la majeure partie de l’Afrique de l’Ouest, y est restée l’acteur extérieur dominant. Lorsqu’il a envoyé des forces au Mali en janvier 2013 dans le cadre de ce qui s’appelait alors l’ opération Serval, ils ont d’abord réussi à repousser l’insurrection djihadiste. La mission a été renforcée en 2014 dans le but d’aider les forces armées locales à prévenir la résurgence de groupes armés non étatiques et à mener des opérations antiterroristes dans d’autres pays, dont le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie et le Niger. L’objectif s’est toutefois révélé trop ambitieux, notamment au regard de la petite taille de la force engagée par la France : près de 6 000 à son apogée en 2021.

    La mission de maintien de la paix des Nations unies MINUSMA au Mali depuis 2013 et, plus récemment, la Task Force Takuba, avec une taille de force maximale d’environ 600, a peu contribué à l’objectif de la France de formation militaire et de renforcement des capacités au Mali. Par ailleurs, le retrait unilatéral du Malien mai 2022 de la coalition de sécurité régionale du G5 Sahel, qui avait permis aux forces du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger de mener des opérations frontalières conjointes et de partager des renseignements, a plongé l’effort dans le désarroi.

    La détérioration des conditions de sécurité dans les pays du Sahel – et leur vulnérabilité générale aux groupes armés non étatiques – est le résultat d’une faiblesse étatique de longue date. Et, à l’inverse, les activités de ces groupes armés ont rendu plus difficile pour les États le renforcement de leurs capacités administratives et militaires. Un recul démocratique s’est produit en conséquence. Depuis 2020, des coups d’État ont eu lieu au Burkina Faso et au Mali et les deux pays ont été sanctionnés par l’organe régional de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ; Le Tchad et la Guinée ont été gouvernés par des gouvernements militaires ; et la Guinée Bissau et le Niger ont subi des tentatives de coup d’État. Depuis 2010, les pays occidentaux ont dépensé des milliards de dollars américains pour l’assistance des forces de sécurité dans la région, mais cela a souvent été inefficace ou parfois contre-productif en raison d’une aide non coordonnée et d’objectifs irréalistes. Le manque de capacité militaire locale et la tendance de l’aide à être consommée par la corruption et la mauvaise gestion ont aggravé la situation.

    La France est désormais dans une position délicate et le Sahel est à la croisée des chemins. L’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 s’est produite alors que Moscou commençait à jouer un rôle plus actif au Sahel en envoyant des mercenaires combattre au Mali. Il l’avait déjà fait en République centrafricaine, en Libye, au Soudan et ailleurs à la recherche d’une influence diplomatique et d’opportunités économiques, y compris des concessions minières. La France a revu à la baisse ses ambitions dans la région et a rompu ses liens avec le Mali tout en participant à l’effort occidental pour contenir l’agression russe via des sanctions et des transferts d’armes vers l’Ukraine. Par conséquent, si la Russie augmente son implication au Mali et dans d’autres pays sahéliens, elle pourrait obliger Paris à redéfinir à nouveau ses objectifs politiques et sécuritaires dans la région. Les pays du Sahel, pour leur part, peu capables d’établir la sécurité à l’intérieur de leurs frontières. De plus, le niveau de soutien extérieur qu’ils recevront sera imprévisible, compte tenu de la relation conflictuelle entre la France et l’Union européenne d’une part et la Russie d’autre part. Ainsi, l’objectif de parvenir à plus de paix et de sécurité dans les pays du Sahel semble plus irréalisable qu’à aucun moment de la dernière décennie.

    *Chargé de recherche sur les conflits, la sécurité et le développement


    https://www.iiss.org/blogs/analysis/2022/09/security-in-the-sahel-and-the-end-of-operation-barkhane
  • Rapport de Charles Michel à la session plénière du PE

    Rapport de Charles Michel à la session plénière du PE

    Parlement Européen, Charles Michel, rapport, Ukraine, Russie, Moldavie,

    La guerre barbare du Kremlin contre l’Ukraine a marqué un changement tectonique sur notre continent et créé une nouvelle réalité géopolitique. La semaine dernière, avec les 27 dirigeants de l’UE, nous avons pris un certain nombre de décisions géopolitiques majeures.

    Premièrement, nous avons décidé de reconnaître la perspective européenne de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie. L’avenir de ces pays — et de leurs habitants — se trouve au sein de l’UE.

    Nous avons également décidé d’accorder le statut de pays candidat à l’Ukraine et à la Moldavie. Cela envoie un message fort à leur peuple et à nos citoyens européens. Nous sommes également prêts à accorder le statut de candidat à la Géorgie une fois que les priorités de l’avis de la Commission auront été traitées.

    Depuis l’attaque russe, nous avons répondu avec unité pour soutenir l’Ukraine et nous resterons à leurs côtés aussi longtemps qu’il le faudra. Nous continuerons à fournir un soutien militaire – nous avons déjà fait beaucoup, mais l’Ukraine a besoin de plus : nous avons donc appelé à l’augmentation du soutien militaire à l’Ukraine.

    Nous continuerons également à soutenir financièrement l’Ukraine et nous comptons sur la Commission pour présenter prochainement une proposition visant à accorder à l’Ukraine une nouvelle assistance macrofinancière pouvant atteindre 9 milliards d’euros en 2022. Nous nous engageons également à soutenir la reconstruction de l’Ukraine, en collaboration avec des partenaires internationaux.

    Le travail se poursuivra sur les sanctions, afin de s’assurer que toutes nos sanctions sont effectivement mises en œuvre et d’empêcher, autant que possible, les contournements. Et en étroite coordination avec nos partenaires du G7 — nous étions en Allemagne, il y a quelques jours —, nous envisagerons des sanctions sur l’or. Nous explorerons également des mesures, telles que le plafonnement des prix, pour sécuriser l’approvisionnement énergétique et tenter de réduire les flambées de prix.

    L’Union européenne a autant besoin des Balkans occidentaux que les Balkans occidentaux ont besoin de nous, et c’est pourquoi nous avons rencontré les dirigeants des Balkans occidentaux, juste avant notre réunion du Conseil européen. Ce fut un débat franc, ouvert mais aussi difficile avec les dirigeants des Balkans occidentaux. Mais c’était aussi très nécessaire. Nous avons décidé comment redynamiser notre engagement avec cette région et nous avons réaffirmé notre ferme engagement à relancer le processus d’élargissement et à voir comment éliminer les obstacles en cours de route.

    L’ouverture des négociations d’adhésion avec la Macédoine du Nord et l’Albanie est une priorité absolue. Le deuxième jour du Conseil européen, le Parlement bulgare a voté pour annuler son veto à l’ouverture des négociations d’adhésion à l’UE en Macédoine du Nord. Pas plus tard qu’hier et ce matin, j’étais en Macédoine du Nord, pour la deuxième fois au cours du mois dernier, pour tenter d’expliquer la proposition du Conseil visant à ouvrir la voie à l’ouverture de négociations d’adhésion à l’UE avec la Macédoine du Nord.

    Je voudrais remercier la présidence française pour ses efforts inlassables pour contribuer à combler le fossé entre la Macédoine du Nord et la Bulgarie et pour avoir ouvert la possibilité de faire avancer ce processus rapidement tant pour la Macédoine du Nord que pour l’Albanie.

    Des progrès sur les différends bilatéraux et régionaux sont également urgents. La normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie par le biais du dialogue Belgrade-Pristina est d’une importance capitale. Nous avons également eu l’occasion de réaffirmer que nous sommes prêts à accorder le statut de candidat à la Bosnie-Herzégovine. La Commission rendra compte de la mise en œuvre de 14 priorités clés énoncées dans son avis, en accordant une attention particulière à un ensemble substantiel de réformes.

    Ce Conseil européen a aussi été l’occasion d’aborder cette idée de mettre en place une communauté politique européenne. Nous avons eu un débat substantiel, les 27 chefs d’État et de gouvernement, sur ce sujet pour tenter de dessiner les contours d’une telle initiative. Nous avons tenté de répondre aux trois questions centrales qui sont posées au départ de cette idée émise, dans cette assemblée, le 9 mai, par le président Macron.

    Qui a vocation à participer à une telle communauté politique ? Nous pensons que toutes celles et ceux qui, sur le continent européen, partagent les mêmes intérêts et qui souhaitent coopérer, qui souhaitent coopérer dans un certain nombre de domaines, ont vocation à être invités. Cela ne veut pas dire que ce sont nécessairement des pays qui ont vocation à rejoindre l’Union européenne. Certains d’entre eux n’ont pas ce souhait, certains d’entre eux, même s’ils avaient ce souhait, n’auraient pas vocation à la rejoindre. Par contre, certains de ces pays ont vocation et sont même déjà engagés dans des processus en lien avec l’adhésion à l’Union européenne.

    La deuxième question c’est : avec quel mais ? Il s’agit de mettre en place une plateforme politique plutôt souple et flexible sur des thèmes comme l’énergie, sur des thèmes comme la sécurité, comme les infrastructures, sur les thèmes aussi comme la santé, une pandémie : si une telle plateforme politique avait existé au moment de la COVID, je suis totalement convaincu qu’un certain nombre de choses eurent été faites en associant plus directement un certain nombre de partenaires autour de nous, sur le continent européen.

    Et puis, la troisième question c’est : comment ? Nous pensons, c’est la tendance qui se dégage de nos débats, qu’il n’y a pas la nécessité, en tout cas certainement pas dans un premier temps, d’une structure institutionnelle lourde. Il y a plutôt la nécessité, à un rythme régulier, de mettre en place des réunions au niveau des dirigeants. Le mandat m’a été nommé, ainsi qu’au Premier ministre tchèque, dans le cadre de la présidence rotative, de préparer une telle initiative qui pourrait déjà avoir lieu sous présidence tchèque et en tout cas avant la fin de l’année. Nous allons donc avoir l’occasion très certainement de revenir, dans les débats au Parlement, sur ce sujet, de vous en rendre compte lors des prochaines rencontres qui interviendront au sein du Conseil européen en lien avec ce sujet.

    Un mot en lien avec la conférence sur l’avenir de l’Europe et le courrier qui m’a été formellement effectué, ainsi qu’à la présidence rotative tchèque, pour vous indiquer que ce point n’a pas fait l’objet de débats directs, mais des conclusions ont été validées dans le cadre du Conseil européen qui s’est tenu et je souhaite exprimer mon engagement d’être attentif à ce qu’un suivi approprié puisse intervenir sur ce sujet en lien avec nos principes institutionnels. Et je suis certain que là aussi, il y aura nécessité de revenir sur ce sujet. Le Conseil européen, dans ses conclusions, a pris en considération cet effort inédit de consultation citoyenne qui a fourni sur un certain nombre de recommandations.

    Enfin, je voudrais terminer ce compte rendu par un point central qui a fait l’objet de nos échanges le deuxième jour du Conseil européen, le vendredi. Il s’agit de la situation économique et des conséquences sociales de cette situation économique, en lien avec cette guerre qui a été déclenchée par la Russie.

    Nous mesurons bien, partout en Europe et partout dans le monde, que l’inflation, la hausse des prix, l’impact sur les produits alimentaires et sur la sécurité alimentaire, mettre sous pression nos familles, mettre sous pression nos citoyens et nos entreprises partout en Europe. Et cela nécessite une mobilisation, une ambition de déployer autant que possible nos politiques, cela nécessite une ambition de pratiquer l’intelligence collective et de veiller à ce que les mesures de soutien, qui sont prises sur le plan national, soient les plus ciblées possibles , afin d’avoir un impact réel et afin d’éviter de provoquer un effet inverse à celui qui est souhaité. Nous voyons bien qu’il y a nécessité de dialoguer, de résoudre, d’agir de concert, d’agir ensemble.

    Et puis enfin, nous avons fait le point sur l’état d’avancement de deux projets que je crois extrêmement importants : l’union bancaire et l’union des marchés des capitaux, qui sont, je le pense, des leviers potentiellement puissants, si on arrive, dans les prochains mois, à progresser encore encore sur ces sujets afin de présenter cette capacité d’unité européenne et de renforcer notre modèle économique.

    Enfin, je conclus ce rapport en vous indiquant que l’Union européenne n’agit pas seule. Les dernières semaines ont aussi été l’occasion d’un agenda international. Cette réunion du G7 qui s’est tenue en Allemagne l’a été. Nous avons participé de manière active pour développer, avec nos partenaires, avec nos amis, et puis dans le même esprit, nous préparons les réunions du G20 qui auront lieu avant la fin de l’année en Indonésie pour veiller à ce que les intérêts, les valeurs, les principes susceptibles de nous permettre d’être portés, susceptibles d’être défendus.

    Je conclus en vous disant que nous les mesurons bien et vous le mesurez bien : les temps que nous vivons sont des temps qui sont troublés, des plaques tectoniques sont en mouvement, parce que cette guerre absurde, cette guerre injustifiée, cette guerre brutale et non provoquée, a été décidée par le Kremlin. Et plus que jamais, l’ambition de l’Union européenne en faveur de notre unité, de notre puissance, doit être l’ambition de la stabilité, de la sécurité, de la paix, de ces valeurs que nous renverrons incarner. Cela va supposer que nous faisions preuve à la fois de lucidité, de sang froid et de capacité aussi d’agir pour se projeter dans l’avenir et pour défendre ce en quoi nous croyons, ces valeurs démocratiques auxquelles nous sommes tellement attachés et cette croyance fondamentale que le droit international est la meilleure garantie pour les libertés et pour les sociétés libres. Je vous remercie.

    Conseil Européen, 06 jui 2022

    #Parlement_Européen #PE #Charles_Michel

  • La France affirme que la Turquie a snobé le président de la Commission européenne

    Le ministre français de l’Europe, Clément Beaune, a déclaré dimanche que la Turquie avait tendu un “piège” à la chef de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en la forçant à s’asseoir à côté lors d’une visite à Ankara, dans un faux pas d’une séance photo rapide surnommé «sofagate». .

    L’échec de la présidence turque à placer une chaise pour von der Leyen aux côtés du président Recep Tayyip Erdogan et du chef du Conseil de l’UE, Charles Michel, était “une insulte de la Turquie”, a déclaré Beaune à la télévision RTL.

    “La Turquie s’est mal conduite”, a-t-il ajouté, le qualifiant de “problème turc délibérément posé à notre égard … nous ne devrions pas blâmer les Européens”.

    Le détournement de Von der Leyen a provoqué des récriminations des capitales européennes dinde, mais aussi à Bruxelles.

    Pour sa part, Ankara insiste sur le fait que l’incident était dû à des câbles emmêlés entre le Conseil et la Commission, des institutions européennes distinctes.

    Le personnel de Michel a affirmé n’avoir pas eu accès à la salle de réunion avant l’événement de mardi, mais a également souligné que le chef du Conseil comparaît devant le président de la Commission dans le cadre d’un protocole international strict.

    Manque de respect

    “C’était une sorte de piège … entre celui qui l’a posé et celui qui s’y est mis, je préfère blâmer celui qui l’a posé”, a déclaré Beaune de France.

    Faisant écho au Premier ministre italien Mario Draghi, qui a qualifié Erdogan de “dictateur” en réponse à l’incident du canapé, Beaune a accusé qu’il y avait “un réel problème avec un manque de respect pour la démocratie et une dérive autocratique en Turquie” qui devrait inciter les Européens à être «très ferme avec les Turcs».

    Cependant, “à l’avenir, ce serait bien s’il y avait une seule présidence de l’exécutif européen”, a reconnu Beaune.

    “Nous avons besoin d’institutions européennes plus fortes.”

    (avec l’AFP)

    Cosmosonic, 12 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, France, Tayyip Erdogan, Europe, Union Européenne, UE, Charles Michel, Ursula von der Leyen,

  • Sofagate : un « piège » de la Turquie, selon Paris

    Le secrétaire français aux Affaires européennes Clément Beaune a martelé dimanche que « l’affront » fait à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors d’une visite à Ankara était un acte « délibéré », un « piège » de la Turquie.

    « C’est un affront de la part de la Turquie », a-t-il déclaré dans l’émission « Le Grand Jury » des médias RTL/Le Figaro/LCI, écartant la thèse d’une erreur de protocole européen.

    « Il faut remettre l’église au milieu du village. Le problème dans cette affaire ce n’est pas l’Europe, c’est la Turquie », a asséné le responsable français.

    « La Turquie s’est mal comportée », a-t-il ajouté, en pointant « une forme d’agressivité générale et de posture de la Turquie à l’égard de l’Europe ».

    « C’est un problème turc qui a été fait, délibérément je crois, à notre égard (…) Il ne faut pas qu’en plus on batte notre coulpe d’Européens », a-t-il insisté.

    von der Leyen sur le divan

    Ursula von der Leyen a été placée mardi par le protocole en retrait sur un divan lors d’une réunion avec le chef d’Etat turc Recep Tayyip Erdogan et le président du Conseil européen Charles Michel, ce qui a provoqué beaucoup de ressentimment mais aussi des frictions à Bruxelles.

    La Turquie s’est défendue de tout affront en imputant cet incident à un problème de protocole entre institutions de l’UE.

    Les services de Charles Michel ont répliqué n’avoir pas eu accès au préalable à la salle où devait se tenir la réunion. Mais le Conseil européen a aussi fait savoir que son président avait la préséance sur la Commission pour le protocole international.

    « Il y a eu une forme de piège »

    « Il y a eu une forme de piège (..) Entre celui qui a tendu le piège et celui qui est tombé dans le piège, je préfère qu’on mette la culpabilité sur celui qui a tendu le piège », a déclaré Clément Beaune.

    Il a aussi estimé qu’il y avait « un vrai problème de non respect de la démocratie et de dérive autocratique en Turquie » et que les Européens se devaient d’être « très fermes avec les Turcs ».

    Plus largement, il a aussi plaidé pour une « seule incarnation » de l’UE à l’international plutôt qu’un exécutif bicéphale.

    « Il serait bien dans les années qui viennent (..) qu’il y ait une seule présidence de l’exécutif européen. Il faut qu’on ait des institutions européennes plus fortes, mieux incarnées », a-t-il dit.

    L’OBS via MSN.COM, 11 avr 2021

    Etiquettes : Turquie, Tayyip Erdogan, Charles Michel, Ursula von der Leyen, UE, Europe,

  • «Danger pour la France», «guerre d’influence»: Jordan Bardella dézingue la Turquie d’Erdogan

    Par Florent Zephir

    Jordan Bardella a tiré à boulets rouges sur le Président turc et son pouvoir sur BFM TV, l’accusant d’humilier l’Europe et de s’ingérer dans les affaires françaises. L’eurodéputé RN a notamment demandé des sanctions.

    Dénonçant l’attitude de Recep Tayyip Erdogan vis-à-vis de Charles Michel et surtout d’Ursula von der Leyen, Jordan Bardella est revenu sur l’épisode du Sofagate sur BFM TV. L’eurodéputé (RN) a rappelé que certains «codes de courtoisie» existaient en Europe, où un homme n’est pas censé s’asseoir avant qu’une femme ne se soit elle-même installée.

    Des codes que «ne partage pas» le chef d’État turc selon Jordan Bardella, puisqu’il a laissé patienter Ursula von der Leyen debout quelques instants avant de la reléguer sur un canapé, à bonne distance des débats.

    Le vice-président du RN voit dans l’accueil réservé aux représentants européens une «forme d’humiliation» qui participe plus largement à une «guerre d’influence».

    «Erdogan prend l’Europe depuis des mois, voire des années, comme un paillasson […]. Il reçoit des dirigeants européens comme on reçoit des vaincus en temps de guerre. On voit qu’Erdogan, par une stratégie extrêmement fine et précise, mène une guerre d’influence», estime l’élu RN.

    Le député européen a précisé que ces humiliations étaient rendues possibles par la «mansuétude» dont bénéficie Erdogan de la part de dirigeants français et européens.

    Sanctions et fermeté

    Au-delà de cet incident protocolaire, M.Bardella a souligné que le pouvoir turc représentait une «menace pour l’Europe» sur un plan géopolitique. Il a en particulier fustigé le «chantage aux migrants» d’Ankara et son «jeu trouble avec Daech*».

    La Turquie bénéficie en effet de fonds européens alloués à la gestion des migrants depuis le pacte migratoire avec l’UE signé en 2016. Une manne financière strictement contrôlée par Bruxelles via une structure de cogérance, mais qu’Erdogan souhaiterait désormais voir arriver «directement dans les caisses de l’État turc», comme l’explique à Sputnik Constantin Pikramenos, expert en intelligence économique.

    Pour faire cesser le «jeu ambigu» d’Ankara, Jordan Bardella demande «des sanctions et de la fermeté», suggérant notamment de taper au portefeuille, la Turquie ayant reçu «47 milliards d’euros, à la fois de prêts et de subventions européennes» sur ces 25 dernières années.

    «Pas un euro d’argent public pour la Turquie tant qu’elle aura un jeu ambigu à notre égard, mais aussi à l’égard des islamistes et de Daech*!», clame-t-il sur BFM TV.

    Ingérence en France

    Enfin, Jordan Bardella a fait allusion à la politique d’ingérence de la Turquie sur le sol français, critiquant en particulier l’association Millî Görüş, soupçonnée de radicalisme. L’organisme a récemment défrayé la chronique suite aux subventions accordées par la mairie de Strasbourg à la future grande mosquée de la ville. Il lui est entre autres reproché de ne pas avoir signé la Charte des principes pour l’islam de France.

    Pour mettre un terme à cette guerre d’influence sur le territoire national, Jordan Bardella demande des «mesures de rétorsion». Il a ainsi proposé de «renvoyer chez eux» les imams étrangers détachés en France par la Turquie. Une idée déjà évoquée en février 2020 par Emmanuel Macron et Christophe Castaner. Ce dernier avait d’ailleurs assuré sur France Inter qu’il travaillait «sur la fin des imams détachés en 2024».

    *Organisation terroriste interdite en Russie

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    Sputnik, 11 avr 2021

    Etiquettes : UE, Turquie, France, Tayyip Erdogan, Emmanuel Macron, Jordan Bardella, Europe, Charles Michel, Ursula von der Leyen,