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  • Brigitte Bardot, chiots, chats et être humain

    par Abdou BENABBOU

    Une lettre adressée au président Tebboune par la célébrissime Brigitte Bardot et dont nous sommes aussi destinataires ne permet pas de savoir s’il faut faire preuve d’empathie ou au contraire céder à la tentation des sourires hébétés. L’ancienne plus belle femme du monde, aujourd’hui à la tête d’une fondation protectrice des animaux, supplie avec un pathétisme marqué le président algérien de s’engager dans une lutte sans merci contre la torture que subissent chats et chiens en Algérie. «Nous sommes des êtres humains, vous ne pouvez pas accepter que de telles abominations soient pratiquées sur des animaux qui n’ont commis aucun délit sauf celui de naître», écrit-elle.

    Age et rides très avancés obligent, la divine actrice star qu’elle a été est dans un autre nouveau rôle qu’elle a choisi. Son activisme remarquable pour le bien des êtres non pensants est un choix respectable et elle est en droit d’attendre une écoute engagée. Mais pour entendre ses prières et ses recommandations, on ne peut pas faire table rase de son engagement forcené avec l’extrême droite française qui considère l’émigration humaine et son errance comme un danger pour son pays. Dans ses sorties médiatiques, elle a toujours affirmé qu’elle était farouchement opposé à l’humanisme dont les humains errants avaient droit. On est forcément interloqué quand on constate que des émotions et des compassions soient affichées par ceux qui acceptent des chiens dans leurs lits mais refusent farouchement d’accorder un bout d’air à un émigré. On s’interroge alors sur la nature et le bien-fondé de la signification donnée à la charité et on se demande par quel vecteur la civilisation humaine est portée. S’appliquer à mettre à la disposition des cabots hôtels, salons de coiffure et esthéticiennes et pester en même temps contre un être humain de passage qui ose mettre un pied sur un trottoir ne peut que choquer.

    Les millions de femmes et d’enfants emprisonnés sous le dôme des bombes et qui n’ont pour musique à écouter que le crépitement des kalachnikovs ou les désespérés engloutis par les mers et qui n’ont pour stèles que les épaves des océans, auraient dû être tentés de se transformer en chiots.

    Dans sa lettre adressée au président Tebboune pour défendre la nature animale, madame Brigitte Bardot aurait pu aussi l’éclairer sur le sens qu’elle donne à l’être humain.

    Le Quotidien d’Oran, 03/07/2021

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  • La politique française oppose les chats aux chiens

    Certains animaux sont-ils plus présidentiels que d’autres ?

    Les chats et les chiens sont devenus les nouvelles armes de la guerre de l’image en France. Les choses ont commencé à se réchauffer à la fin de l’année dernière lorsque Marine Le Pen, leader du Rassemblement national (anciennement Front national), a révélé qu’elle avait passé un examen pour devenir éleveuse de chats agréée. Sa ferveur féline était déjà bien connue. Mme Le Pen considère que les chats font « partie de la famille » et a déjà accusé un doberman appartenant à son père, Jean-Marie Le Pen, d’avoir tué l’un de ses précieux molosses. Mais ce dernier rebondissement ressemble étrangement à une tentative d’adoucir l’image d’une dirigeante qui a cherché à prendre ses distances avec la politique d’extrême droite incendiaire de son père.

    Tout comme Mme Le Pen a essayé d’atténuer son style strident avant l’élection présidentielle française de l’année prochaine, des photos câlines de ses six chats sont apparues avec une régularité persistante sur son compte Instagram. Elle a même créé un compte anonyme distinct, dédié à ses races bengal et somali. « Je ne suis pas intéressée par l’argent », ronronne Mme Le Pen ; « Je veux juste que les chats soient mieux traités ». Si je prends soin de mes chats, semble-t-elle dire, je prendrais soin du pays aussi.

    Les efforts de Mme Le Pen ne sont pas passés inaperçus. Après son élection, Emmanuel Macron a adopté un bâtard, Nemo, dans un refuge. Des photos du président, plus connu pour son style de gouvernement « jupitérien », caressant son cabot noir figurent périodiquement sur le compte Instagram de la photographe officielle de la présidence, Soazig de la Moissonnière. En décembre, M. Macron a publié sur les médias sociaux une vidéo de Nemo, accompagnée d’un message exhortant les Français à adopter un animal de compagnie de secours, et à le faire de manière responsable. Elle a obtenu plus d’un demi-million de vues sur Instagram seulement.

    Sous la Cinquième République, une ménagerie d’animaux de compagnie s’est succédé au palais de l’Élysée. En plus de son chien de sauvetage, M. Macron garde deux poules (un cadeau). Nicolas Sarkozy a fait venir une poignée de canidés. Charles de Gaulle avait un Welsh Corgi, qui lui aurait été offert par la reine, ainsi qu’un chat, mais aucun ne vivait à la résidence officielle. Avant M. Macron, pas moins de six présidents français consécutifs ont eu des labradors, faisant de cette race une sorte de tradition. Celui de Georges Pompidou s’appelait d’ailleurs Jupiter. En bref, tous les présidents français modernes ont possédé un chien. Mme Le Pen a-t-elle choisi le bon animal pour le pouvoir ?

    The Economist, 20 mars 2021

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