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  • L’Algérie, cible du « big reset »

    L’Algérie, cible du « big reset ». Le rapprochement Maroc-Israël est une des parties visibles du puzzle big reset; beaucoup d’acteurs ont joué à fond le jeu pour qu’il aboutisse

    La reconfiguration du système monétaire international n’est plus qu’une question de temps. La Chine, bientôt, n’acceptera de commercer qu’avec sa propre monnaie, bousculant les Etats Unis et les dollars dans une guerre commerciale qui impactera le système politique planétaire sans aucun doute.

    Les observateurs les plus attentifs à la scène politico-militaire de ces derniers jours semblent perplexes devant l’énormité des événements survenus, condensés dans l’espace et le temps, déroulés à une vitesse qui ne laisse que peu de temps pour l’appréciation et l’analyse froide.

    Le big reset est né lors du Forum économique mondial (WEF), organisé vers avril-mai 2020 pour reconstruire l’économie de manière durable après la pandémie. Le COVID-19 avait fait des ravages dans l’économie des pays puissants, et ces pays voulaient « remettre les compteurs à zéro », tout « réinitialiser » en quelque sorte.

    Les événements ont immédiatement pris un tour rapide et inattendu. Jugez-en : normalisation des Emirats arabes unis avec Israël, remise en liberté curieuse au Mali de 203 terroristes dans un ébouriffant échange initié sur proposition de la France, ambassade émiratie à Dakhla dans les territoires sahraouies occupées, visite du chef de la diplomatie française Yves Le Driant au Maroc à la veille de l’attaque surprise marocaine, événements de Guergarat, déclaration de guerre du Front Polisario contre le Maroc, rencontre mi-secrète entre Natanyahu et BMB en Arabie Saoudite ( du jamais vu dans les annales historiques arabes depuis 14 siècles !), condamnation de l’Algérie par le Parlement européen à Bruxelles, normalisation annoncée du Maroc, reconnaissance de Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidentale, en guise de cadeau d’adieu, contre-ordre à l’Africom pour rester sur place au Sahel, nomination du « faucon va-t’en guerre », Llyod Austin à la tête de la Défense sur proposition de Joe Biden.

    Le rapprochement Maroc-Israël est une des parties visibles du puzzle big reset; beaucoup d’acteurs ont joué à fond le jeu pour qu’il aboutisse : le Mossad, Trump, depuis quatre ans, le B’nai B’rith, et Serge Berdugo, chef de la communauté juive au Maroc et ministre itinérant de Sa Majesté Mohamed VI.

    Les méthodes « soft » n’ayant pas réussi jusque-là, il y a fort à parier que les méthodes plus violentes sont déjà engagées. A l’Algérie, plus grand pays africain, arabe et du pourtour méditerranéen d’être vigilante et de faire pièce à un sournois jeu des stratégies de puissance (et de nuisance) qui se déroule sous nos yeux.

  • L’extradition de la Chine au Maroc, une notice Interpol erronée et un accord secret avec la Turquie

    Chine, Maroc, Interpol,

    Le 27 octobre, Yidiresi Aishan (également connu sous le nom d’Idris Hasan) comparaîtra à nouveau devant la Cour de cassation du Maroc à Rabat pour une demande d’extradition en cours de la République populaire de Chine. Dans une affaire qui a attiré l’attention du monde entier, il s’agira de la cinquième session devant la Cour depuis qu’Aishan a été arrêté sur la base d’une notice rouge Interpol (viciée puis annulée) à son arrivée à l’aéroport de Casablanca dans la nuit du 19 juillet.

    Trois mois après le début de sa détention et avant sa dernière audience devant la Cour, il est temps de faire une brève récapitulation et de poser quelques questions essentielles sur le cadre international de coopération policière, crucial pour la répression et la persécution croissantes de Pékin.

    Points clés

    Mise à jour de l’état de la procédure judiciaire devant la Cour de cassation du Maroc
    Appel des procédures spéciales de l’ONU aux autorités marocaines pour qu’elles mettent fin à l’extradition.
    Mécanisme conjoint de coopération en matière de sécurité secret entre la Turquie et la Chine et communications confirmant les pressions exercées par la Chine sur les résidents ouïghours du pays, et les pressions directes de la police locale du Xinjiang
    Interpol ne fournit pas à sa défense les « nouvelles informations » qui ont conduit à l’annulation de la notice rouge.
    L’examen d’Interpol s’est basé uniquement sur les reportages des médias internationaux et n’a pas examiné la demande malgré les nombreux reportages sur les abus commis au Xinjiang et contre les Ouïghours.
    L’Assemblée générale d’Interpol a eu l’occasion, fin novembre, d’adopter une résolution concernant les « affaires relatives à des crimes internationaux graves (génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre) » en RPC, conformément à l’article 3 du Statut d’Interpol.

    Contexte

    Après avoir obtenu son diplôme au Xinjiang, Aishan s’est installé en Turquie en 2012, où il a travaillé comme ingénieur informatique et vécu avec sa femme et ses trois enfants. Des membres de la communauté ouïghoure déclarent qu’il était fréquemment actif pour aider d’autres membres de la communauté en exil dans les efforts de traduction auprès des autorités locales. Au moins à partir de 2016, il devient actif au sein d’un journal de la diaspora ouïghoure en Turquie, aidant d’autres militants à sensibiliser les médias et à recueillir des témoignages sur les atrocités commises au Xinjiang, et a été un orateur public lors d’événements de la diaspora ouïghoure.

    Entre 2016 et 2018, il a été arrêté à trois reprises par les autorités turques et détenu pendant plusieurs mois. Un document du tribunal turc du 17 mars 2017, ordonnant sa libération immédiate du centre d’expulsion de Kayseri, documente sa première détention à partir du 29 octobre 2016 dans le but exprès de l’expulser. Après deux autres séjours au centre, Aishan obtient un permis de séjour turc le 2 avril 2020, et son casier judiciaire, délivré par les autorités turques en mars 2021, ne comporte aucune mention.

    Aishan avait exprimé à plusieurs reprises sa crainte d’être expulsé, à la fois en raison de demandes directes de la police locale du comté de Bugur, au Xinjiang, et d’un document marqué « secret » du ministère turc des Affaires étrangères au ministère turc de la Justice (avec copie au chef de l’Agence nationale de renseignement turque) le 26 mars 2020, citant :

    « Dans le cadre du mécanisme conjoint de coopération en matière de sécurité (Ortak Güvenlik İşbirliği Mekanizması – OGIM) établi entre les délégations de la Turquie et de la République populaire de Chine, les documents supplémentaires qui sont déclarés comme preuves dans le cadre des crimes reprochés à Abdulkadir Yapcan (Yapuquan), Enver Turde et Ali Ablat sont soumis par l’ambassade d’Ankara de la République populaire de Chine.
    De même, dans la note de l’ambassadeur ci-jointe susmentionnée, il est demandé de communiquer les détails du processus judiciaire mené à bien concernant les personnes nommées Idris Hasan, Anver Turde, Abdulhever Celil, Nesrullah Maimaiti, Abuduriyimu Maimaitiali, Ali Ablat et Mehmet Yusuf Adbulhkerem. »

    Au moment de la rédaction de cet article, SD n’a pas été en mesure d’obtenir d’autres détails sur la portée ou la date d’entrée en vigueur du mécanisme conjoint de coopération en matière de sécurité cité entre la Turquie et la RPC.

    Ce qui précède a naturellement effrayé Aishan. Se sentant de moins en moins en sécurité, il a tenté de quitter la Turquie à trois reprises avant d’embarquer sur le vol fatidique du 19 juillet à destination de Casablanca. Ses proches relatent que, bien qu’il n’ait pas été empêché de partir cette fois-ci, le contrôle frontalier de l’aéroport d’Istanbul l’a interrogé pendant une demi-heure et l’aurait averti que « s’il partait, il ne pourrait pas revenir ». À aucun moment, il n’a été informé qu’une notice rouge Interpol avait été publiée à son nom. À son arrivée à l’aéroport de Casablanca, il a été immédiatement placé en détention et transféré au centre de détention de Tiflet, d’où il a appelé sa femme le 24 juillet pour lui dire qu’il avait été informé qu’il allait être expulsé vers la République populaire de Chine.

    Au moment même où il était arrêté au Maroc et après trois ans sans aucun contact, sa famille a soudainement reçu un appel du beau-père d’Aishan au Xinjiang, lui demandant où il se trouvait. Avec les approches directes effectuées auparavant par la police locale du comté, il s’agit là de pratiques typiques des autorités chinoises, indiquant l’intention claire d’obtenir le retour de la personne par tous les moyens nécessaires.

    SD a été contacté par des membres de la diaspora activiste ouïghoure et informé de l’affaire le 25 juillet. Il lui a été demandé de fournir à Aishan un conseil juridique, un processus officiellement lancé le 27 juillet. Dans l’intervalle, cependant, le Procureur général du Maroc a rencontré Aishan sans assistance le 26 juillet, émettant une recommandation immédiate de procéder à l’extradition demandée à la Cour de cassation malgré les objections et les craintes de torture formulées par Aishan et le fait qu’aucune demande officielle d’extradition n’avait été faite par les autorités chinoises à ce moment-là.

    Lors de sa déposition officielle le 20 juillet, Aishan a déclaré : « J’ai été informé du mandat d’arrêt international concernant une affaire de terrorisme, mais je ne connais pas son objet. C’est ma première visite au Maroc. J’ai été accusé en raison de ma religion musulmane et si je suis extradé vers la Chine, je serai exécuté » (traduction d’un document officiel en arabe).

    Malgré ces objections, le 27 juillet, le Procureur Général a recommandé : « Il est demandé que les documents reçus soient présentés devant la Chambre criminelle de la Cour de cassation, en attendant les documents officiels d’extradition, afin de rendre une décision émettant un avis favorable à l’extradition du sujet vers les autorités chinoises » (traduction du document officiel en arabe).

    Traité d’extradition Maroc – Chine

    Le cas d’Aishan est le tout premier depuis l’entrée en vigueur du Traité d’extradition entre le Maroc et la RPC, suite à la ratification par la Chine le 22 janvier dernier seulement. Le lourd investissement récent de la RPC dans la signature et la ratification de tels traités bilatéraux a été souligné par SD auparavant et sera examiné en détail dans deux rapports complets à venir sur l’extradition et les retours involontaires.

    Le Maroc et la Chine avaient signé le Traité le 11 mai 2016, dans le cadre d’un partenariat stratégique entre les deux pays avec pas moins de quinze accords signés le même jour par le Roi Mohammed VI et Xi Jinping au Palais du Peuple à Pékin, portant notamment sur les domaines judiciaire, économique, financier, industriel, culturel, touristique, énergétique, infrastructurel et consulaire. Le Maroc a ratifié le traité d’extradition en 2017.

    Sur la base de ce traité, les autorités marocaines ont informé les autorités chinoises de l’arrestation d’Aishan le 20 juillet. Une communication dont Pékin a accusé réception le 13 août :

     » Référence est faite à votre message en date du 20/07/2021 concernant notre fugitif AISHAN Yidiresi. Le B.C.N. de Pékin transmet ses salutations chaleureuses au B.C.N. de Rabat et vous adresse ses sincères salutations et remerciements pour vos grands efforts dans cette affaire. Conformément à l’article 6 du Traité d’extradition entre la République populaire de Chine et le Royaume du Maroc, nous vous demandons de bien vouloir procéder à l’arrestation provisoire du fugitif AISHAN Yidiresi en vue de son extradition et de le garder en détention jusqu’à ce que l’extradition soit effectuée. Nous soumettrons la demande d’extradition par voie diplomatique dans les meilleurs délais. »

    La date du 20 juillet est pertinente car elle a fait démarrer le délai de 45 jours dont disposaient les autorités chinoises pour transmettre la demande d’extradition formelle et documentée au Maroc, conformément aux termes du traité bilatéral d’extradition. Cette demande n’est arrivée qu’au tout dernier moment, comme cela a été communiqué lors de la troisième audience de la Cour dans cette affaire le 1er septembre, ce qui explique pourquoi les sessions précédentes de la Cour du 12 et 26 août ont conduit à des reports successifs.

    Le 7 septembre, l’équipe de défense juridique a reçu une copie de la demande officielle d’extradition du département de cybersécurité du ministère chinois de la sécurité publique (MPS), datée du 24 août 2021. La demande cite des charges pour « formation, direction et participation à des organisations terroristes, apologie du terrorisme ou de l’extrémisme ou incitation à des activités terroristes ».

    Lors de l’audience du 22 septembre, l’équipe de défense d’Aishan a soulevé des questions sur le statut légal de l’arrestation d’Aishan étant donné la suspension et le retrait de la notice rouge par Interpol (voir ci-dessous) ainsi que sur le statut de l’autorité émettrice de la demande d’extradition, le MPS, selon les dispositions du traité bilatéral. Les demandes ont été acceptées par la Cour et la session a été reportée au 27 octobre.

    Dans l’intervalle, quatre procédures spéciales de l’ONU ont émis une lettre aux autorités marocaines le 11 août, publiée après le délai de 60 jours, déclarant : « Bien que nous ne souhaitions pas préjuger de l’exactitude des allégations ci-dessus, nous exprimons notre profonde inquiétude quant à l’extradition potentielle de M. Aishan vers la Chine, où il risque d’être torturé et de subir d’autres mauvais traitements, à la fois pour son appartenance à une minorité ethnique et religieuse et pour son accusation d’être affilié à une organisation terroriste. Nous souhaitons rappeler au gouvernement de votre Excellence l’interdiction absolue et sans discrimination de renvoyer des personnes vers un lieu où elles risquent d’être soumises à la torture ou à d’autres mauvais traitements. L’article 3 de la Convention contre la torture (CAT) prévoit que  » aucun État partie n’expulsera, ne refoulera ni n’extradera une personne vers un autre État où il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture  » et que  » pour déterminer s’il y a de tels motifs, les autorités compétentes tiendront compte de toutes les considérations pertinentes, y compris, comme dans le cas présent, de l’existence dans l’État concerné d’une série de violations systématiques graves, flagrantes ou massives des droits de l’homme.  » (Traduction de l’original en français).

    Safeguard Defenders a fourni à l’équipe de défense un dossier complet sur les pratiques systématiques et répandues de violations des garanties et normes juridiques internationales dans les procédures judiciaires en RPC, les disparitions forcées, la torture, les aveux forcés ainsi que les violations constantes des assurances diplomatiques et des accords consulaires.

    Interpol

    Alors qu’Aishan a été arrêté sur la base d’une notice rouge publiée à son nom, Interpol a rapidement pris des mesures pour d’abord suspendre (avant la demande d’arrestation provisoire de la RPC au Maroc le 13 août) puis annuler la notice suite à l’attention médiatique et politique mondiale entourant l’affaire. Cependant, tout en citant des « informations nouvellement reçues », Interpol n’a pas fourni d’informations supplémentaires sur leur contenu.

    Comme il semble évident que de telles « nouvelles informations » – considérées comme suffisamment substantielles pour suspendre et retirer rapidement la notice rouge – pourraient être primordiales pour la défense au Maroc, d’autant plus que la procédure interne d’extradition du Maroc ne prévoit pas de procédure d’appel de la décision de la Cour de cassation, ses défenseurs espéraient qu’Interpol serait plus communicatif.

    Au lieu de cela, une première demande faite à l’organisation au nom de l’épouse d’Aishan pour obtenir ces « nouvelles informations » le 15 septembre – avant la session de la Cour du 22 septembre – a été renvoyée à l’expéditeur le 7 octobre avec la déclaration qu’une telle demande ne peut être faite que sur procuration expresse de l’accusé lui-même, sous-estimant clairement les difficultés évidentes rencontrées dans une affaire transnationale et les contraintes de temps sévères pour l’équipe de défense. Une nouvelle demande à la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol a été faite le 8 octobre par Mena Rights Group et Safeguard Defenders.

    Il est frappant de constater qu’en ignorant l’urgence des besoins de la défense dans une affaire où ils ont clairement « raté le coche » en effectuant les vérifications nécessaires avant de publier la notice, étant donné son abrogation rapide dès que l’affaire a été portée à l’attention du public, Interpol continue apparemment à ignorer son obligation morale de fournir à Aishan toutes les informations à sa disposition en temps voulu. Plus le temps passe, plus le doute plane sur le fait qu’Interpol n’a peut-être pas agi sur la base de nouvelles informations substantielles, mais a plutôt ressenti la chaleur créée par la couverture médiatique internationale. Dans tous les cas, ses responsabilités directes et graves dans la persécution de cet Ouïghour sont évidentes.

    Le cas d’Aishan met une fois de plus en évidence le rôle dangereux joué par les mécanismes internationaux de coopération judiciaire et policière lorsque ceux-ci incluent des pays qui ne respectent pas l’État de droit et les normes internationales en matière de droits de l’homme. Il est urgent d’examiner et de réformer ces mécanismes alors que des régimes autoritaires tels que la RPC cherchent à étendre leurs efforts de police à long terme pour réprimer la dissidence dans le monde entier.

    Leur inclusion incontestée légitime son système (extra-)judiciaire malgré les graves inquiétudes répétées concernant les disparitions forcées, les procès inéquitables, la torture et les aveux forcés, soulevées par de multiples mécanismes indépendants de défense des droits humains des Nations unies. En outre, son manque de transparence et de moyens adéquats de contrôle indépendant constitue un risque grave et constant pour les droits fondamentaux tels que la liberté d’expression et de circulation dans le monde, comme l’illustrent les avertissements lancés récemment par les services de renseignement à des militants et législateurs danois et britanniques qui ont condamné avec force le Parti communiste chinois. La recommandation d’éviter de se rendre dans des pays ayant conclu des traités d’extradition bilatéraux (dont dix au sein de la seule Union européenne) a un impact immédiat sur leurs droits et leur capacité à mener librement leurs activités.

    Si certains cas récents d’extradition vers la RPC au sein de l’Union européenne ont tous été rejetés après de longues procédures judiciaires, le coût pour les individus frappés par des notices rouges dont ils n’avaient pas connaissance a été trop élevé. En Pologne, Li Zhihui, un adepte suédois du Falun Gong, a été détenu pendant deux ans alors que le tribunal local débattait de son extradition. Pendant son séjour en prison, un homme confronté au même sort malheureux, Yu Hao, n’a pas résisté au stress de l’incertitude et à la peur d’être extradé vers la RPC. Yu s’est donné la mort dans le même centre de détention de Varsovie après plus de deux ans d’attente.

    Le Statut d’Interpol stipule expressément que l’organisation doit fonctionner dans le respect des droits fondamentaux de l’homme (article 2) et lui interdit strictement d’entreprendre « toute intervention ou activité de caractère politique, militaire, religieux ou racial » (article 3). Le fait que, malgré le droit accordé à chaque individu de demander l’accès aux dossiers potentiellement déposés en son nom, cet accès n’est pas accordé en temps utile mais peut prendre jusqu’à quatre mois et que la charge de contrer les dépôts potentiels incombe aux personnes inscrites sur la liste, crée une tension évidente avec l’obligation de sauvegarder les droits fondamentaux de l’homme lorsque des régimes autoritaires accusés de génocide et de crimes contre l’humanité en font partie intégrante.

    Cependant, l’organisation elle-même, dont le personnel est insuffisant, n’est pas la seule à blâmer. Lors de la prochaine Assemblée générale d’Interpol, fin novembre, ses États membres démocratiques ont la possibilité d’agir pour contrer les abus du système par la RPC en proposant et en adoptant une résolution conforme aux condamnations répétées des parlements du monde entier et des procédures spéciales de l’ONU concernant les allégations de « cas de crimes internationaux graves (génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre) » en RPC, permettant ainsi à la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol d’en tenir compte lors de l’examen des demandes de la RPC en vertu de l’article 3 de son Statut. Deuxièmement, comme l’a demandé à plusieurs reprises le Parlement européen, les États membres de l’UE doivent suspendre ou mettre fin de toute urgence à leurs traités d’extradition bilatéraux avec la RPC, car ils constituent une violation directe des libertés fondamentales garanties à tous ses citoyens. Troisièmement, les pays du monde entier doivent revoir leurs mécanismes de coopération judiciaire et policière avec la RPC pour s’assurer qu’ils sont conformes aux protections fondamentales des droits de l’homme et aux normes juridiques internationales.

  • Interpol annule l’avis de recherche d’Ayshan Yiridesi

    Maroc, Chine, Yidiresi Aishan, Interpol, #Maroc, #Chine, #Interpol,

    Le 27 octobre, Yidiresi Aishan (également connu sous le nom d’Idris Hasan) comparaîtra à nouveau devant la Cour de cassation du Maroc à Rabat pour une demande d’extradition en cours de la République populaire de Chine. Dans une affaire qui a attiré l’attention du monde entier, il s’agira de la cinquième session devant la Cour depuis qu’Aishan a été arrêté sur la base d’une notice rouge Interpol (viciée puis annulée) à son arrivée à l’aéroport de Casablanca dans la nuit du 19 juillet.

    Trois mois après le début de sa détention et avant sa dernière audience devant la Cour, il est temps de faire une brève récapitulation et de poser quelques questions essentielles sur le cadre international de coopération policière, crucial pour la répression et la persécution croissantes de Pékin.

     Points clés

    Mise à jour de l’état de la procédure judiciaire devant la Cour de cassation du Maroc
    Appel des procédures spéciales de l’ONU aux autorités marocaines pour qu’elles mettent fin à l’extradition.
    Mécanisme conjoint de coopération en matière de sécurité secret entre la Turquie et la Chine et communications confirmant les pressions exercées par la Chine sur les résidents ouïghours du pays, et les pressions directes de la police locale du Xinjiang
    Interpol ne fournit pas à sa défense les « nouvelles informations » qui ont conduit à l’annulation de la notice rouge.
    L’examen d’Interpol s’est basé uniquement sur les reportages des médias internationaux et n’a pas examiné la demande malgré les nombreux reportages sur les abus commis au Xinjiang et contre les Ouïghours.
    L’Assemblée générale d’Interpol a eu l’occasion, fin novembre, d’adopter une résolution concernant les « affaires relatives à des crimes internationaux graves (génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre) » en RPC, conformément à l’article 3 du Statut d’Interpol.

    Contexte

    Après avoir obtenu son diplôme au Xinjiang, Aishan s’est installé en Turquie en 2012, où il a travaillé comme ingénieur informatique et vécu avec sa femme et ses trois enfants. Des membres de la communauté ouïghoure déclarent qu’il était fréquemment actif pour aider d’autres membres de la communauté en exil dans les efforts de traduction auprès des autorités locales. Au moins à partir de 2016, il devient actif au sein d’un journal de la diaspora ouïghoure en Turquie, aidant d’autres militants à sensibiliser les médias et à recueillir des témoignages sur les atrocités commises au Xinjiang, et a été un orateur public lors d’événements de la diaspora ouïghoure.

    Lire aussi : RSF appelle le Maroc à ne pas extrader un journaliste ouïgour

    Entre 2016 et 2018, il a été arrêté à trois reprises par les autorités turques et détenu pendant plusieurs mois. Un document du tribunal turc du 17 mars 2017, ordonnant sa libération immédiate du centre d’expulsion de Kayseri, documente sa première détention à partir du 29 octobre 2016 dans le but exprès de l’expulser. Après deux autres séjours au centre, Aishan obtient un permis de séjour turc le 2 avril 2020, et son casier judiciaire, délivré par les autorités turques en mars 2021, ne comporte aucune mention.

    Aishan avait exprimé à plusieurs reprises sa crainte d’être expulsé, à la fois en raison de demandes directes de la police locale du comté de Bugur, au Xinjiang, et d’un document marqué « secret » du ministère turc des Affaires étrangères au ministère turc de la Justice (avec copie au chef de l’Agence nationale de renseignement turque) le 26 mars 2020, citant :

    « Dans le cadre du mécanisme conjoint de coopération en matière de sécurité (Ortak Güvenlik İşbirliği Mekanizması – OGIM) établi entre les délégations de la Turquie et de la République populaire de Chine, les documents supplémentaires qui sont déclarés comme preuves dans le cadre des crimes reprochés à Abdulkadir Yapcan (Yapuquan), Enver Turde et Ali Ablat sont soumis par l’ambassade d’Ankara de la République populaire de Chine.

    Lire aussi : ONU: Comité contre la torture demande au Maroc de suspendre l’extradition d’Idris Hasan

    De même, dans la note de l’ambassadeur ci-jointe susmentionnée, il est demandé de communiquer les détails du processus judiciaire mené à bien concernant les personnes nommées Idris Hasan, Anver Turde, Abdulhever Celil, Nesrullah Maimaiti, Abuduriyimu Maimaitiali, Ali Ablat et Mehmet Yusuf Adbulhkerem. »

    Au moment de la rédaction de cet article, SD n’a pas été en mesure d’obtenir d’autres détails sur la portée ou la date d’entrée en vigueur du mécanisme conjoint de coopération en matière de sécurité cité entre la Turquie et la RPC.

    Ce qui précède a naturellement effrayé Aishan. Se sentant de moins en moins en sécurité, il a tenté de quitter la Turquie à trois reprises avant d’embarquer sur le vol fatidique du 19 juillet à destination de Casablanca. Ses proches relatent que, bien qu’il n’ait pas été empêché de partir cette fois-ci, le contrôle frontalier de l’aéroport d’Istanbul l’a interrogé pendant une demi-heure et l’aurait averti que « s’il partait, il ne pourrait pas revenir ». À aucun moment, il n’a été informé qu’une notice rouge Interpol avait été publiée à son nom. À son arrivée à l’aéroport de Casablanca, il a été immédiatement placé en détention et transféré au centre de détention de Tiflet, d’où il a appelé sa femme le 24 juillet pour lui dire qu’il avait été informé qu’il allait être expulsé vers la République populaire de Chine.

    Au moment même où il était arrêté au Maroc et après trois ans sans aucun contact, sa famille a soudainement reçu un appel du beau-père d’Aishan au Xinjiang, lui demandant où il se trouvait. Avec les approches directes effectuées auparavant par la police locale du comté, il s’agit là de pratiques typiques des autorités chinoises, indiquant l’intention claire d’obtenir le retour de la personne par tous les moyens nécessaires.

    SD a été contacté par des membres de la diaspora activiste ouïghoure et informé de l’affaire le 25 juillet. Il lui a été demandé de fournir à Aishan un conseil juridique, un processus officiellement lancé le 27 juillet. Dans l’intervalle, cependant, le Procureur général du Maroc a rencontré Aishan sans assistance le 26 juillet, émettant une recommandation immédiate de procéder à l’extradition demandée à la Cour de cassation malgré les objections et les craintes de torture formulées par Aishan et le fait qu’aucune demande officielle d’extradition n’avait été faite par les autorités chinoises à ce moment-là.

    Lors de sa déposition officielle le 20 juillet, Aishan a déclaré : « J’ai été informé du mandat d’arrêt international concernant une affaire de terrorisme, mais je ne connais pas son objet.  C’est ma première visite au Maroc. J’ai été accusé en raison de ma religion musulmane et si je suis extradé vers la Chine, je serai exécuté » (traduction d’un document officiel en arabe).

    Malgré ces objections, le 27 juillet, le Procureur Général a recommandé :  « Il est demandé que les documents reçus soient présentés devant la Chambre criminelle de la Cour de cassation, en attendant les documents officiels d’extradition, afin de rendre une décision émettant un avis favorable à l’extradition du sujet vers les autorités chinoises » (traduction du document officiel en arabe).
    Traité d’extradition Maroc – Chine

    Le cas d’Aishan est le tout premier depuis l’entrée en vigueur du Traité d’extradition entre le Maroc et la RPC, suite à la ratification par la Chine le 22 janvier dernier seulement. Le lourd investissement récent de la RPC dans la signature et la ratification de tels traités bilatéraux a été souligné par SD auparavant et sera examiné en détail dans deux rapports complets à venir sur l’extradition et les retours involontaires.

    Le Maroc et la Chine avaient signé le Traité le 11 mai 2016, dans le cadre d’un partenariat stratégique entre les deux pays avec pas moins de quinze accords signés le même jour par le Roi Mohammed VI et Xi Jinping au Palais du Peuple à Pékin, portant notamment sur les domaines judiciaire, économique, financier, industriel, culturel, touristique, énergétique, infrastructurel et consulaire. Le Maroc a ratifié le traité d’extradition en 2017.

    Sur la base de ce traité, les autorités marocaines ont informé les autorités chinoises de l’arrestation d’Aishan le 20 juillet. Une communication dont Pékin a accusé réception le 13 août :

     » Référence est faite à votre message en date du 20/07/2021 concernant notre fugitif AISHAN Yidiresi. Le B.C.N. de Pékin transmet ses salutations chaleureuses au B.C.N. de Rabat et vous adresse ses sincères salutations et remerciements pour vos grands efforts dans cette affaire. Conformément à l’article 6 du Traité d’extradition entre la République populaire de Chine et le Royaume du Maroc, nous vous demandons de bien vouloir procéder à l’arrestation provisoire du fugitif AISHAN Yidiresi en vue de son extradition et de le garder en détention jusqu’à ce que l’extradition soit effectuée. Nous soumettrons la demande d’extradition par voie diplomatique dans les meilleurs délais. »

    La date du 20 juillet est pertinente car elle a fait démarrer le délai de 45 jours dont disposaient les autorités chinoises pour transmettre la demande d’extradition formelle et documentée au Maroc, conformément aux termes du traité bilatéral d’extradition. Cette demande n’est arrivée qu’au tout dernier moment, comme cela a été communiqué lors de la troisième audience de la Cour dans cette affaire le 1er septembre, ce qui explique pourquoi les sessions précédentes de la Cour du 12 et 26 août ont conduit à des reports successifs.

    Le 7 septembre, l’équipe de défense juridique a reçu une copie de la demande officielle d’extradition du département de cybersécurité du ministère chinois de la sécurité publique (MPS), datée du 24 août 2021. La demande cite des charges pour « formation, direction et participation à des organisations terroristes, apologie du terrorisme ou de l’extrémisme ou incitation à des activités terroristes ».

    Lors de l’audience du 22 septembre, l’équipe de défense d’Aishan a soulevé des questions sur le statut légal de l’arrestation d’Aishan étant donné la suspension et le retrait de la notice rouge par Interpol (voir ci-dessous) ainsi que sur le statut de l’autorité émettrice de la demande d’extradition, le MPS, selon les dispositions du traité bilatéral. Les demandes ont été acceptées par la Cour et la session a été reportée au 27 octobre.

    Dans l’intervalle, quatre procédures spéciales de l’ONU ont émis une lettre aux autorités marocaines le 11 août, publiée après le délai de 60 jours, déclarant : « Bien que nous ne souhaitions pas préjuger de l’exactitude des allégations ci-dessus, nous exprimons notre profonde inquiétude quant à l’extradition potentielle de M. Aishan vers la Chine, où il risque d’être torturé et de subir d’autres mauvais traitements, à la fois pour son appartenance à une minorité ethnique et religieuse et pour son accusation d’être affilié à une organisation terroriste. Nous souhaitons rappeler au gouvernement de votre Excellence l’interdiction absolue et sans discrimination de renvoyer des personnes vers un lieu où elles risquent d’être soumises à la torture ou à d’autres mauvais traitements. L’article 3 de la Convention contre la torture (CAT) prévoit que  » aucun État partie n’expulsera, ne refoulera ni n’extradera une personne vers un autre État où il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture  » et que  » pour déterminer s’il y a de tels motifs, les autorités compétentes tiendront compte de toutes les considérations pertinentes, y compris, comme dans le cas présent, de l’existence dans l’État concerné d’une série de violations systématiques graves, flagrantes ou massives des droits de l’homme.  » (Traduction de l’original en français).

    Safeguard Defenders a fourni à l’équipe de défense un dossier complet sur les pratiques systématiques et répandues de violations des garanties et normes juridiques internationales dans les procédures judiciaires en RPC, les disparitions forcées, la torture, les aveux forcés ainsi que les violations constantes des assurances diplomatiques et des accords consulaires.

    Interpol

    Alors qu’Aishan a été arrêté sur la base d’une notice rouge publiée à son nom, Interpol a rapidement pris des mesures pour d’abord suspendre (avant la demande d’arrestation provisoire de la RPC au Maroc le 13 août) puis annuler la notice suite à l’attention médiatique et politique mondiale entourant l’affaire. Cependant, tout en citant des « informations nouvellement reçues », Interpol n’a pas fourni d’informations supplémentaires sur leur contenu.

    Comme il semble évident que de telles « nouvelles informations » – considérées comme suffisamment substantielles pour suspendre et retirer rapidement la notice rouge – pourraient être primordiales pour la défense au Maroc, d’autant plus que la procédure interne d’extradition du Maroc ne prévoit pas de procédure d’appel de la décision de la Cour de cassation, ses défenseurs espéraient qu’Interpol serait plus communicatif.

    Au lieu de cela, une première demande faite à l’organisation au nom de l’épouse d’Aishan pour obtenir ces « nouvelles informations » le 15 septembre – avant la session de la Cour du 22 septembre – a été renvoyée à l’expéditeur le 7 octobre avec la déclaration qu’une telle demande ne peut être faite que sur procuration expresse de l’accusé lui-même, sous-estimant clairement les difficultés évidentes rencontrées dans une affaire transnationale et les contraintes de temps sévères pour l’équipe de défense. Une nouvelle demande à la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol a été faite le 8 octobre par Mena Rights Group et Safeguard Defenders.

    Il est frappant de constater qu’en ignorant l’urgence des besoins de la défense dans une affaire où ils ont clairement « raté le coche » en effectuant les vérifications nécessaires avant de publier la notice, étant donné son abrogation rapide dès que l’affaire a été portée à l’attention du public, Interpol continue apparemment à ignorer son obligation morale de fournir à Aishan toutes les informations à sa disposition en temps voulu. Plus le temps passe, plus le doute plane sur le fait qu’Interpol n’a peut-être pas agi sur la base de nouvelles informations substantielles, mais a plutôt ressenti la chaleur créée par la couverture médiatique internationale. Dans tous les cas, ses responsabilités directes et graves dans la persécution de cet Ouïghour sont évidentes.

    Le cas d’Aishan met une fois de plus en évidence le rôle dangereux joué par les mécanismes internationaux de coopération judiciaire et policière lorsque ceux-ci incluent des pays qui ne respectent pas l’État de droit et les normes internationales en matière de droits de l’homme. Il est urgent d’examiner et de réformer ces mécanismes alors que des régimes autoritaires tels que la RPC cherchent à étendre leurs efforts de police à long terme pour réprimer la dissidence dans le monde entier.

    Leur inclusion incontestée légitime son système (extra-)judiciaire malgré les graves inquiétudes répétées concernant les disparitions forcées, les procès inéquitables, la torture et les aveux forcés, soulevées par de multiples mécanismes indépendants de défense des droits humains des Nations unies. En outre, son manque de transparence et de moyens adéquats de contrôle indépendant constitue un risque grave et constant pour les droits fondamentaux tels que la liberté d’expression et de circulation dans le monde, comme l’illustrent les avertissements lancés récemment par les services de renseignement à des militants et législateurs danois et britanniques qui ont condamné avec force le Parti communiste chinois. La recommandation d’éviter de se rendre dans des pays ayant conclu des traités d’extradition bilatéraux (dont dix au sein de la seule Union européenne) a un impact immédiat sur leurs droits et leur capacité à mener librement leurs activités.

    Si certains cas récents d’extradition vers la RPC au sein de l’Union européenne ont tous été rejetés après de longues procédures judiciaires, le coût pour les individus frappés par des notices rouges dont ils n’avaient pas connaissance a été trop élevé. En Pologne, Li Zhihui, un adepte suédois du Falun Gong, a été détenu pendant deux ans alors que le tribunal local débattait de son extradition. Pendant son séjour en prison, un homme confronté au même sort malheureux, Yu Hao, n’a pas résisté au stress de l’incertitude et à la peur d’être extradé vers la RPC. Yu s’est donné la mort dans le même centre de détention de Varsovie après plus de deux ans d’attente.
    Le Statut d’Interpol stipule expressément que l’organisation doit fonctionner dans le respect des droits fondamentaux de l’homme (article 2) et lui interdit strictement d’entreprendre « toute intervention ou activité de caractère politique, militaire, religieux ou racial » (article 3). Le fait que, malgré le droit accordé à chaque individu de demander l’accès aux dossiers potentiellement déposés en son nom, cet accès n’est pas accordé en temps utile mais peut prendre jusqu’à quatre mois et que la charge de contrer les dépôts potentiels incombe aux personnes inscrites sur la liste, crée une tension évidente avec l’obligation de sauvegarder les droits fondamentaux de l’homme lorsque des régimes autoritaires accusés de génocide et de crimes contre l’humanité en font partie intégrante.

    Cependant, l’organisation elle-même, dont le personnel est insuffisant, n’est pas la seule à blâmer. Lors de la prochaine Assemblée générale d’Interpol, fin novembre, ses États membres démocratiques ont la possibilité d’agir pour contrer les abus du système par la RPC en proposant et en adoptant une résolution conforme aux condamnations répétées des parlements du monde entier et des procédures spéciales de l’ONU concernant les allégations de « cas de crimes internationaux graves (génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre) » en RPC, permettant ainsi à la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol d’en tenir compte lors de l’examen des demandes de la RPC en vertu de l’article 3 de son Statut. Deuxièmement, comme l’a demandé à plusieurs reprises le Parlement européen, les États membres de l’UE doivent suspendre ou mettre fin de toute urgence à leurs traités d’extradition bilatéraux avec la RPC, car ils constituent une violation directe des libertés fondamentales garanties à tous ses citoyens. Troisièmement, les pays du monde entier doivent revoir leurs mécanismes de coopération judiciaire et policière avec la RPC pour s’assurer qu’ils sont conformes aux protections fondamentales des droits de l’homme et aux normes juridiques internationales.

    Lire aussi : Le ouïgour Yidiresi Aishan n’est plus recherché par Interpol

  • France-Algérie : Le jeu de Macron

    France, Algérie, Emmanuel Macron, Mémoire, Histoire, Chine, #France, #Macron, #Chine #Colonisation,

    Après ses provocations envers l’Algérie en allant jusqu’à remettre l’histoire d’une Nation pour légitimer indirectement la colonisation en Algérie, Macron a prôné, dans un entretien diffusé mardi, un apaisement dans les relations entre Paris et Alger. « Mon souhait, c’est qu’il y ait un apaisement parce que je pense que c’est mieux de se parler et d’avancer. Il y a sans doute des désaccords mais la vie, c’est fait pour parler des désaccords et aussi les partager », a déclaré le chef de l’Etat, dans un entretien accordé lundi soir à France Inter et diffusé mardi matin.

    « Il y aura immanquablement d’autres tensions, mais je pense que mon devoir, c’est d’essayer de faire cheminer ce travail» de mémoire, a-t-il ajouté. Mais, Macron est allé au-delà de la mémoire commune entre l’Algérie et la France, en évoquant la question des «Ottomans» en Algérie. Déjà, cette question des Turcs en Algérie est, avant tout, une affaire algérienne dont le dossier doit être traité par des Historiens et non par des politiques. «Des tensions, il y en aura…».

    C’est comme si l’Histoire allait déranger les politiques. Or, depuis l’événement du malaise Zeroual-Chirac, il n’y a pas eu de tension entre l’Algérie et la France. Déjà, le travail de mémoire est une source d’apaisement et non de tension.

    La « provocation » de Macron était délibérée, d’ailleurs il ne s’est même pas excusé. La France a peur que l’Algérie se rapproche trop de la Chine. Et cette «provocation» viserait, en premier lieu, la Turquie qui s’est rapprochée de la Russie.

    La «provocation» de Macron qui est non pas vers le régime mais vers tout un peuple, est aussi une stratégie électoraliste pour «rassurer» la droite et l’extrême droite en France.

    La meilleure réponse de l’Algérie est de donner la parole et d’ouvrir les espaces aux Historiens afin de traiter les questions d’Histoire et de crimes contre l’humanité durant la période coloniale.

    Le Carrefour d’Algérie

  • Sahara Occidental: Un autre revers pour le Maroc

    Sahara Occidental, Maroc, Chine, ressources naturelles, #Sahara_Occidental, #Maroc,

    La société chinoise spécialisée dans le phosphate «Molybdenum» a annoncé, dans un message adressé à l’Observatoire Western Sahara Resource Watch (Wsrw), avoir renoncé de manière définitive à l’acquisition de roches de phosphate pillées du Sahara occidental occupé. 
    En 2020, l’Observatoire a suivi les camions ayant transporté les roches de phosphate à partir du port de Santos (Brésil) à une zone industrielle fermée, a précisé le Wsrw dans communiqué publié sur son site électronique. 
    La société chinoise a annoncé aux investisseurs qu’elle cessera toute importation de phosphate provenant du Sahara occidental à l’avenir par ses sociétés en Chine et au Brésil, a noté le communiqué du Wsrw. 
    Par ailleurs, une société canadienne avait annoncé la suspension de ses importations de phosphate en provenance du Sahara occidental depuis 2018 en raison des pressions exercées par ses investisseurs, ce qui a conduit à la réduction des exportations de près de 50%. 
    Depuis, le Maroc cherche de nouveaux investisseurs, mais sans succès.
  • Pourquoi la France perd son influence au Maghreb et au Sahel

    Maghreb, Algérie, France, Emmanuel Macron, Mali, Sahel, Chine, Russie, #Maghreb, #Macron, #Algérie, #Mali, #Sahel, #Barkhane, #Chine, #Russie, #Wagner,

    La crise actuelle entre l’Algérie et la France révèle l’émergence d’un nouvel ordre en Afrique du Nord, dans lequel la France n’a pas grand-chose à dire.

    Lorsqu’Emmanuel Macron s’est lancé dans la course à la présidence française il y a cinq ans, il s’est présenté comme le candidat du changement. Indépendant, non lié aux partis politiques traditionnels, il semblait voir l’histoire coloniale de la France sous un angle nouveau et être favorable à des solutions innovantes. Sa voix était inattendue – et résolument moderne.

    Le candidat à la présidence française a même prononcé des mots qu’aucun président français, même de gauche, n’avait jamais osé prononcer, qualifiant la colonisation française de l’Algérie de crime contre l’humanité.

    Cinq ans plus tard, le même Macron, dans son rôle actuel de président de la France, a fait des déclarations incroyablement condescendantes remettant en question l’identité précoloniale de l’Algérie en tant que nation.

    Touchant un sujet difficile s’il en est un – le passé colonial de l’Algérie – ses remarques ont suscité une colère généralisée parmi les Algériens.

    Cette réaction de colère est la conséquence d’une divergence d’opinion fondamentale sur un sujet hautement sensible. Car remettre en cause l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française revient à justifier implicitement le colonialisme lui-même.

    Un revirement spectaculaire

    Comment s’est opéré le spectaculaire retournement de Macron ? Comment un homme qui avait auparavant des opinions politiques et économiques intérieures et internationales aussi peu conventionnelles a-t-il pu utiliser une rhétorique remettant en cause non seulement la notion d’existence d’une nation algérienne précoloniale, mais suggérant un fossé entre le président algérien Abdelmadjid Tebboune et les militaires algériens ?

    S’agit-il d’une simple gaffe ou d’une nouvelle interprétation de l’histoire visant à recadrer la perception des relations franco-algériennes ?

    Ou Macron a-t-il été influencé par les courants politiques algériens et français qui soutiennent que le régime algérien est sérieusement affaibli à la suite du Hirak, ou du mouvement de protestation ? Serait-ce une simple question de complaisance, voire d’arrogance, de la part du président français ?

    Seul le temps et les futurs biographes de Macron nous le diront. Mais une chose est sûre : les accusations de propagande électorale ne tiennent pas la route. Les commentaires controversés de Macron risquent de lui faire plus de mal que de bien.

    Pendant ce temps, le Macron d’aujourd’hui semble avoir perdu son chemin. Le seul président français à avoir montré une volonté, du moins au début, de remettre en question les politiques hégémoniques de la Francafrique – sans toutefois réussir à rompre complètement avec elles – tente maintenant de nettoyer le désordre diplomatique dans l’espoir de conserver des privilèges français qui sont clairement intenables à long terme.

    Car la France est aujourd’hui une puissance économique et militaire réduite qui n’a pas les moyens de façonner les politiques de l’Afrique.

    C’est ainsi que Macron a renié sa très attendue nouvelle politique africaine, tout en se laissant entraîner dans la spirale infernale de la Francafrique, où il tente de colmater les fuites d’un navire manifestement en perdition.

    Car, en termes économiques, la France ne peut pas rivaliser avec la Chine. Non seulement les investissements chinois en Afrique éclipsent ceux de la France, mais ils dépassent également les investissements de tous les pays occidentaux réunis. Les exportations de la France vers l’Afrique en 2020 représentaient 5,3 % du total de ses exportations mondiales pour cette année-là. Elles sont désormais inférieures à celles de l’Allemagne, bien que l’Afrique ne soit pas une priorité pour l’Allemagne.

    Les exportations françaises vers l’Afrique représentent à peine un quart de celles des Chinois, malgré l’arrivée relativement récente de la Chine sur le continent.

    Les limites de l’intervention

    Sur le plan militaire, la France a atteint les limites de son intervention au Sahel, les opérations Serval et Barkhane n’ayant pas permis d’éliminer les groupes islamistes armés qui prolifèrent dans la région.

    La France avait espéré former une coalition de nations africaines et européennes, mais les premières n’avaient pas les moyens de s’engager, et les secondes ne voulaient pas s’impliquer dans ce qu’elles craignaient être une guerre ingérable et impossible à gagner.

    Mais pour la France, le coup le plus dur est survenu au début de l’automne, après l’annonce que les États-Unis formaient un pacte de sécurité dans le Pacifique sans la France.

    Avec le retrait des troupes américaines d’Afghanistan et d’Irak, Washington signale son intention de se concentrer sur ce qu’il considère comme le plus grand défi du 21e siècle : la bataille économique du Pacifique.

    En signant le pacte avec la Grande-Bretagne et l’Australie d’abord, puis avec l’Inde et d’autres pays d’Asie du Sud-Est, les États-Unis ont déclenché une crise avec la France en annulant de fait le contrat de sous-marins de 57 milliards de dollars conclu entre Naval Group et l’Australie.

    Le marché a été arraché à la France au profit d’entreprises américaines, et le camouflet infligé à la France a été profondément ressenti.

    Négligée par ses anciens alliés occidentaux, la France pensait pouvoir s’imposer sur la scène internationale en affirmant son leadership dans certaines régions déchirées par des conflits.

    Hélas, la junte militaire intérimaire au Mali, qui entretiendrait des liens étroits avec la Russie, s’est détournée de Paris de manière inattendue. Après la décision unilatérale de la France de réduire sa présence dans la région, le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maiga a accusé la France d’ »abandonner le Mali en plein vol ».

    Le nouveau régime malien n’a pas apprécié que la France lui présente une affaire réglée. Là encore, la réponse française a été remarquablement maladroite, affichant un niveau d’arrogance que les alliés de la France ont de plus en plus de mal à supporter. La ministre française des Armées, Florence Parly, a qualifié les propos du Premier ministre malien d’ »indécents » et d’ »inacceptables ».

    La Russie prête à intervenir

    Convaincue qu’elle a toujours le dessus, la France poursuit cependant une stratégie malienne fondée sur l’hypothèse que la survie de la junte au pouvoir est liée à la présence de l’armée française – et ignore deux faits cruciaux.

    D’une part, si elle a permis de contenir l’expansion des groupes extrémistes armés, la présence française n’a pas permis de résoudre la crise malienne. D’autre part, d’autres options sont disponibles.

    Dans l’éventualité d’un retrait des troupes françaises, la Russie est prête à intervenir. Des discussions seraient en cours entre le Mali et l’organisation mercenaire russe controversée, le Groupe Wagner.

    La Russie, qui a déjà un pied en Libye, espère étendre son influence au Sahel. Historiquement, les États-Unis ont fourni un soutien logistique aux opérations militaires françaises dans la région, bien qu’aucune troupe américaine ne soit présente sur le terrain.

    Mais avec l’abandon des théâtres symboliques de l’Afghanistan et de l’Irak et le refus d’intervenir directement au Yémen, les efforts des États-Unis sont entièrement axés sur la garantie de la prééminence stratégique de l’Amérique dans la région du Pacifique – la question de savoir s’ils vont continuer à le faire est une autre question.

    Par conséquent, la région délaissée du Sahel est à saisir, et la Russie, alliée de longue date de l’Algérie, est prête à intervenir.

    Et les dirigeants frustrés de la France ne peuvent rien y faire. Ils ne peuvent ni rivaliser avec la Chine sur le plan économique, ni avec la Russie sur le plan militaire.

    Pire encore, les dirigeants français n’ont pas réussi à saisir la nature changeante des structures de pouvoir tant en Algérie qu’au Mali, dont les nouveaux régimes au pouvoir ont moins de liens historiques et économiques avec la France.

    Ainsi, lorsque Macron a annoncé la décision du gouvernement français de réduire considérablement le nombre de visas accordés aux dirigeants algériens, il s’est trompé de cible : les personnes visées par cette nouvelle politique ne sont plus aux commandes.

    En fin de compte, le schéma général des choses en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest va changer de façon spectaculaire. La France ne peut plus se permettre de régner en maître, et les États-Unis ont d’autres priorités. La Chine et la Russie – la première sur le plan économique, la seconde sur le plan militaire – vont inévitablement supplanter les anciens réseaux et intérêts, la Turquie entrant également dans la danse.

    La main forte de l’Algérie

    Dans le contexte actuel, précaire et en mutation rapide, l’Algérie a les coudées franches et entend s’imposer comme un partenaire stratégique, et non comme un simple sous-traitant. Grâce à ses relations économiques étroites avec la Chine et à ses accords militaires avec la Russie, l’Algérie est déjà prête à devenir un élément central, sinon central, du bloc régional émergent.

    Macron a négligé d’envisager les relations franco-algériennes sous un tel angle, se contentant de jouer le jeu traditionnel de la politique étrangère française, dans laquelle les pays africains sont considérés comme des alliés naturels, voire des vassaux. Qu’une nation africaine rappelle son ambassadeur à Paris, ferme son espace aérien aux avions militaires français et envisage de prendre d’autres mesures encore plus radicales était pratiquement impensable.

    Avec le retrait des troupes américaines d’Afghanistan et d’Irak, Washington signale son intention de se concentrer sur ce qu’il considère comme le plus grand défi du 21e siècle : la bataille économique du Pacifique.

    En signant le pacte avec la Grande-Bretagne et l’Australie d’abord, puis avec l’Inde et d’autres pays d’Asie du Sud-Est, les États-Unis ont déclenché une crise avec la France en annulant de fait le contrat de sous-marins de 57 milliards de dollars conclu entre Naval Group et l’Australie.

    Le marché a été arraché à la France au profit d’entreprises américaines, et le camouflet infligé à la France a été profondément ressenti.

    Négligée par ses anciens alliés occidentaux, la France pensait pouvoir s’imposer sur la scène internationale en affirmant son leadership dans certaines régions déchirées par des conflits.

    Hélas, la junte militaire intérimaire au Mali, qui entretiendrait des liens étroits avec la Russie, s’est détournée de Paris de manière inattendue. Après la décision unilatérale de la France de réduire sa présence dans la région, le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maiga a accusé la France d’ »abandonner le Mali en plein vol ».

    Le nouveau régime malien n’a pas apprécié que la France lui présente une affaire réglée. Là encore, la réponse française a été remarquablement maladroite, affichant un niveau d’arrogance que les alliés de la France ont de plus en plus de mal à supporter. La ministre française des Armées, Florence Parly, a qualifié les propos du Premier ministre malien d’ »indécents » et d’ »inacceptables ».

    La Russie prête à intervenir

    Convaincue qu’elle a toujours le dessus, la France poursuit cependant une stratégie malienne fondée sur l’hypothèse que la survie de la junte au pouvoir est liée à la présence de l’armée française – et ignore deux faits cruciaux.

    D’une part, si elle a permis de contenir l’expansion des groupes extrémistes armés, la présence française n’a pas permis de résoudre la crise malienne. D’autre part, d’autres options sont disponibles.

    Dans l’éventualité d’un retrait des troupes françaises, la Russie est prête à intervenir. Des discussions seraient en cours entre le Mali et l’organisation mercenaire russe controversée, le Groupe Wagner.

    La Russie, qui a déjà un pied en Libye, espère étendre son influence au Sahel. Historiquement, les États-Unis ont fourni un soutien logistique aux opérations militaires françaises dans la région, bien qu’aucune troupe américaine ne soit présente sur le terrain.

    Mais avec l’abandon des théâtres symboliques de l’Afghanistan et de l’Irak et le refus d’intervenir directement au Yémen, les efforts des États-Unis sont entièrement axés sur la garantie de la prééminence stratégique de l’Amérique dans la région du Pacifique – la question de savoir s’ils vont continuer à le faire est une autre question.

    Par conséquent, la région délaissée du Sahel est à saisir, et la Russie, alliée de longue date de l’Algérie, est prête à intervenir.

    Et les dirigeants frustrés de la France ne peuvent rien y faire. Ils ne peuvent ni rivaliser avec la Chine sur le plan économique, ni avec la Russie sur le plan militaire.

    Pire encore, les dirigeants français n’ont pas réussi à saisir la nature changeante des structures de pouvoir tant en Algérie qu’au Mali, dont les nouveaux régimes au pouvoir ont moins de liens historiques et économiques avec la France.

    Ainsi, lorsque Macron a annoncé la décision du gouvernement français de réduire considérablement le nombre de visas accordés aux dirigeants algériens, il s’est trompé de cible : les personnes visées par cette nouvelle politique ne sont plus aux commandes.

    En fin de compte, le schéma général des choses en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest va changer de façon spectaculaire. La France ne peut plus se permettre de régner en maître, et les États-Unis ont d’autres priorités. La Chine et la Russie – la première sur le plan économique, la seconde sur le plan militaire – vont inévitablement supplanter les anciens réseaux et intérêts, la Turquie entrant également dans la danse.

    La main forte de l’Algérie

    Dans le contexte actuel, précaire et en mutation rapide, l’Algérie a les coudées franches et entend s’imposer comme un partenaire stratégique, et non comme un simple sous-traitant. Grâce à ses relations économiques étroites avec la Chine et à ses accords militaires avec la Russie, l’Algérie est déjà prête à devenir un élément central, sinon central, du bloc régional émergent.

    Macron a négligé d’envisager les relations franco-algériennes sous un tel angle, se contentant de jouer le jeu traditionnel de la politique étrangère française, dans laquelle les pays africains sont considérés comme des alliés naturels, voire des vassaux. Qu’une nation africaine rappelle son ambassadeur à Paris, ferme son espace aérien aux avions militaires français et envisage de prendre d’autres mesures encore plus radicales était pratiquement impensable.

    Historiquement, la politique étrangère française a considéré les nations africaines comme de simples sentinelles veillant sur les intérêts de la France, qui se trouvaient également être dans leur intérêt. Cela a été le cas pour un certain nombre de pays, et certains acceptent encore aujourd’hui de jouer le rôle de sous-traitant ou de vassal.

    Mais même la voix soi-disant impeccablement moderne de Macron n’a pas pu se défaire de la vieille habitude de la Francafrique. D’où la réprimande cinglante des nations aspirant à une nouvelle donne plus équitable.

    Même le Mali, malgré son extrême instabilité, change de cap. Pourquoi un des pays les plus pauvres du monde, sans perspectives sérieuses, choisirait-il de rester dans la sphère d’influence étouffante de la France ? Après tout, en 50 ans de post-indépendance, les politiques de la Francafrique n’ont rien accompli.

    Pendant ce temps, l’Algérie, dont la population devrait dépasser les populations respectives de l’Italie et de l’Espagne au milieu du siècle, sera sans doute une force avec laquelle il faudra compter à la future table des négociations, malgré les défaillances institutionnelles et économiques qui la freinent pour l’instant.

    Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    Abed Charef

    Middle East Eye, 15/10/2021

  • L’Alliance Alger-Moscou monte en puissance

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    C’est sûrement la position prise par Moscou lors de la crise politique traversée par l’Algérie en 2019 qui va le mieux renseigner sur l’étroitesse des relations entre les deux pays. Moscou avait mis en garde la communauté internationale contre toute ingérence en Algérie. La ligne Alger-Moscou se renforce chaque jour un peu plus. Les derniers développements sur la scène internationale confirment cet état de fait.

    Après l’odieuse transaction conclue entre le Maroc et le président Donald Trump où Rabat a annoncé la normalisation de ses relations avec l’Etat hébreu contre une reconnaissance publique du président américain de sa souveraineté sur le Sahara Occidental, Moscou a, de go, dénoncé la décision du président sortant, estimant qu’elle «sort complètement du cadre du droit international». «Ce que les Américains ont fait ici, c’est une décision unilatérale qui sort complètement du cadre du droit international», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, cité par les agences de presse Ria Novosti et TASS.

    Il a ajouté que cette décision ne respectait pas non plus «les décisions de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, avec lesquelles les Américains eux-mêmes étaient d’accord».

    La réaction russe était attendue puisque faut-il le rappeler, l’ambassadeur de Russie à Alger, Igor Beliaev, a souligné, il y a moins d’une semaine, «la convergence de vues» entre Moscou et Alger sur la crise à El Guerguerat, au Sahara occidental, réitérant la position de son pays qui appelle à la retenue. M. Beliaev avait ajouté «qu’après la récente aggravation du conflit au Sahara occidental, nous poursuivons le dialogue avec l’Algérie à différents niveaux (…) Les discussions ont permis de dégager une convergence de vues entre les deux pays vis-à-vis de cette crise (…) L’Algérie et la Russie appellent à la retenue, au retour à l’accord de cessez-le-feu de 1991, à la poursuite des négociations directes et à la désignation d’un représentant personnel du secrétaire général de l’Onu dans les plus brefs délais possibles».

    Cette convergence de positions est à même de confirmer les relations solides entre les deux pays. Elle reflète également le choix de l’Algérie de changer de cap et de s’adosser sur son allié russe pour se soustraire à l’influence européenne. D’ailleurs, le partenariat stratégique entre l’Algérie et la Russie a atteint un niveau stratégique dans l’agenda bilatéral.

    L’Algérie est le premier client Africain de la Russie dans le domaine de la vente d’armes. Elle vient d’acquérir d’ailleurs, pour 2 milliards de dollars, les derniers combattants Su-57. Le domaine de l’énergie figure également à l’ordre du jour bilatéral, même si les sociétés Russe Gazprom et Algérienne Sonatrach sont en concurrence dans le domaine de la production d’énergie sur le marché Européen.

    Sur le plan politique, les relations entre les deux pays se sont nouées pendant les années de la guerre d’indépendance (1954-1962) lorsque l’ex-URSS a apporté son appui politique au FLN. Depuis les relations sont restées bonnes malgré un certain ralentissement après l’effondrement de l’Union soviétique.

    C’est sous la présidence de Vladimir Poutine que les choses vont reprendre. Une déclaration de partenariat stratégique, l’effacement de la dette algérienne et une série d’accords de coopération économique signés. Mais c’est sûrement la position prise par Moscou lors de la crise politique traversée par l’Algérie en 2019 qui va le mieux renseigner sur l’étroitesse des relations entre les deux pays. Moscou avait mis en garde la communauté internationale contre toute ingérence en Algérie.

    Cette alliance renforcée entre Alger et Moscou témoigne à la fois de la volonté de la Russie d’accroître son influence dans la région et de la volonté de l’Algérie de peser davantage sur la scène internationale. Les dernières critiques formulées par le parlement européen sur les violations des droits de l’homme et le vœu de promouvoir la démocratie en Algérie, ont renforcé l’attitude d’Alger envers l’UE qui a toujours été empreinte de prudence, voire de méfiance.

    L’Algérie qui a bien compris que la résolution du parlement européen n’est qu’une pression politique visant à obtenir sa soumission économique après la décision d’Alger de revoir l’accord d’association, se retrouve dans l’obligation de renforcer ses relations avec d’autres puissances comme la Russie et la Chine, afin de mettre un terme aux pressions qu’elle subies.

    C’est d’ailleurs avec ces deux pays que l’Algérie a opté de renforcer ses échanges économiques et même de coopérer pour la lutte contre la pandémie du coronavirus. Un choix stratégique car l’Algérie se retrouve aujourd’hui, seule dans l’arène, après la décimation totale du front de refus contre Israël. Ses positions immuables de soutenir les causes justes du Sahara Occidental et de la Palestine vont, à ne pas en douter, lui coûter beaucoup de tracas.

    Amine Ghouta

    Crésus, 11/12/2020

  • Algérie : Qu’est-ce qui fait courir le chef de l’Africom?

    Algérie, AFRICOM, Sahel, Chine, Etats-Unis,

    Le chef d’Africom a été reçu par le président Tebboune: Qu’est-ce qui fait courir le général Stephen Townsend ?

    Le général Stephen Townsend, chef d’Africom est arrivé hier, à Alger. C’est la deuxième fois que le patron de l’ « United States Africa Command » pose pied en Algérie et s’entretient avec le président de la République.

    Un communiqué de la Présidence indiquait que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a reçu, hier, le Général Stephen Townsend, chef du commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), qui effectue une visite de travail en Algérie en compagnie d’une importante délégation. Aussi, la rencontre a permis « d’examiner les moyens de promouvoir les relations de coopération dans divers domaines liés à l’activité de l’Africom et de passer en revue les développements enregistrés dans la région, en particulier la sécurité au Sahel et les moyens de renforcer les capacités des pays de la région, notamment en matière de lutte contre le terrorisme », ajoute le communiqué.

    La rencontre s’est déroulée « en présence du Général de Corps d’Armée, Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), Saïd Chanegriha, et du directeur de Cabinet à la présidence de la République, Abdelaziz Khellaf », conclut le communiqué.

    Il y a exactement une année, le 23 septembre 2020, il était à Alger ; il s’était notamment exprimé sur le partenariat américain avec l’Algérie en termes très laudatifs, qualifiant l’Algérie de « partenaire fiable et très fort », qui peut jouer « un rôle très important pour assurer la sécurité et la paix dans toute la région ».

    Très attentifs aux développements sécuritaires périlleux dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne (et dont ils sont aussi comptables, notamment concernant la reconnaissance par Trump de la pseudo-marocanité des territoires sahraouis occupés), les Américains sont autant sensibles à la percée sino-russe dans la région et semble avoir grand besoin de l’Algérie dans une guerre économique de haute intensité contre Beijing, et qui semble leur échapper.

    Il est certain que cette visite s’inscrit dans le cadre de cette volonté américaine d’en savoir plus sur les événements qui marquent la région et de connaitre le fond de la pensée des uns et des autres.

  • L’Algérie achète 24 drones de combat de type « Wing Loong II »

    Algérie, drones, Chine, #Algérie,

    La Chine fournira à l’armée algérienne 24 drones de combat de type « Wing Loong II »

    La Chine fournira pour l’armée algérienne 24 drones de combat de type « Wing Loong II » dans le cadre du renforcement des forces aériennes de l’armée nationale populaire.

    Selon le site spécialisé dans les questions militaires, Mena Défense, les premiers drones seront livrés avant la fin de l’année 2021 et le reste durant 2022.

    Le Wing Loong II, un drone de combat d’altitude de croisière moyenne et de longue autonomie, est construit par l’entreprise chinoise China Aviation Industry Corporation.

    Le Wing Loong II, avec une masse maximum au décollage de 4 200 kg, a fait de la Chine le deuxième pays au monde capable de construire un drone armé dit de Moyenne Altitude et Longue Endurance (MALE) dans ce gabarit.

    Il mesure 11 mètres de long, 4,1 mètres de haut et 20,5 mètres d’envergure. Il est capable de voler jusqu’à 9000 mètres d’altitude, avec une vitesse de pointe à 370 km/h.

    Grâce à une taille plus importante et un nouveau turbopropulseur d’origine chinoise, le Wing Loong II peut transporter 480 kg d’armements sur ses 6 points d’emport, soit 12 munitions Air-Sol au total, pour des missions d’identification et de frappe.

    Pour les missions de reconnaissance, il peut compter sur une suite optronique complète dotée de voie TV, IR et laser, ainsi qu’un radar à synthèse d’ouverture (SAR). L’autonomie du drone est donnée à 20 heures en vol quand l’appareil est pleinement armé.

    Le coût du drone avoisine les 05 millions de dollars sept fois moins cher que les drones de fabrication américaine.

    Algérie1, 25/09/2021

  • Nouveau chapitre de l’histoire ?

    Etats-Unis, Ordre mondial, stratégie militaire, Chine, Russie, Proche Orient,

    Que cache vraiment le rééquilibrage ou le nouveau façonnement de la stratégie militaire US, son déploiement militaire hors des frontières notamment, mené à la hussarde depuis l’installation du président Joe Biden à la Maison Blanche ?

    Il est vrai que ce rééquilibrage était inscrit sur les tablettes des stratèges américains depuis quelques années, déjà, mais on assiste ces dernières semaines à des mouvements accélérés dans le cadre de ce recalibrage des relations qu’entretiennent les Etats-Unis avec de nombreux pays, avec lesquels les relations en question semblaient figées dans le temps, impossible à chambouler du jour au lendemain sans passer par des périodes chaotiques. Ce que les stratèges US ne doivent certainement pas ignorer.

    L’épisode chaotique en cours après le retrait militaire des Etats-Unis d’Afghanistan, dans le sillage d’une présence militaire qui aura duré deux décennies, donne une idée sur l’abandon des américains d’une stratégie qui a fait long feu, ou qui a accompli une mission arrivée à sa fin. Et, le retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan ne semble guère inquiéter les Etats-Unis, qui se déclarent seulement surpris par la rapidité de la chute de Kaboul. Tout comme la forte probabilité d’un basculement de ce pays du côté de la Chine et l’Iran, qui aurait autrefois dérangé au plus haut point Washington, est accueillie présentement le plus normalement du monde.

    Le retrait militaire d’Irak également, qui sera effectif d’ici la fin de l’année en cours, même s’il ne serait pas similaire à tout point de vue à l’Afghanistan, en raison des institutions assez stables en place, le risque de l’influence iranienne dans ce pays n’est pas à écarter. Mais qui s’en souciait outre mesure ? Pas les américains, vraisemblablement tournés vers de nouveaux défis dans d’autres parties du monde, et qui n’en peuvent plus de supporter des dépenses énormes sans grands intérêts pour eux, du moins c’est ce qu’ils laissent penser. Et, il y a encore du « gros calibre » dans ces changements de la stratégie militaire US.

    On croyait que la vieille politique américaine au Moyen-Orient serait inchangeable quels que soient les problèmes et humeurs du temps, mais on assiste là également à la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie militaire qui ne cadre pas avec les engagements américains. Les États-Unis d’Amérique qui ont entamé un retrait à grande échelle de leurs propres systèmes de défense aérienne et de défense antimissile déployés dans des pays du Moyen-Orient, ont accéléré la cadence depuis le mois de juin dernier avec le retrait des batteries antimissiles d’Irak, du Koweït, de Jordanie et d’Arabie saoudite, ainsi qu’un bouclier antimissile THAAD qui avait été déployé en Arabie saoudite. Et pour couronner l’opération, les américains ont retiré d’Arabie saoudite ces derniers jours leurs systèmes de défense antimissile les plus avancés, dont les batteries de missiles Patriot. Qui aurait pensé qu’on en arriverait à ce stade ?

    Quand on sait que chaque batterie antimissile exige la présence de plusieurs centaines de militaires, leur retrait signifie la fin de mission pour de milliers de soldats américains au Moyen-Orient. Ces pays, dont l’Arabie Saoudite, vont se tourner vers la Chine et la Russie pour acquérir de nouveaux systèmes de défense antiaérienne, les Etats-Unis ne peuvent que trop le savoir, mais cela ne semble pas leur causer trop d’inquiétudes. Sommes-nous témoins de l’ouverture d’un nouveau chapitre de l’histoire des relations internationales ?

    Abdelkrim Zerzouri

    Le Quotidien d’Oran, 13/09/2021