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  • L’Europe paie plus pour le pétrole russe interdit, revendu par l’Inde – alors que les salaires de l’UE baissent

    Tags : Chine, Inde, inflation, huile, Russie, les sanctions, salaires, Union Européenne, pétrole,

    L’UE a sanctionné la Russie et boycotté son pétrole, mais continue de l’acheter indirectement à l’Inde, à un prix plus élevé. Cela alimente à la fois la dédollarisation et l’inflation dans la zone euro, où les salaires réels des travailleurs ont chuté de 6,5 % entre 2020 et 2022.

    Par Ben Norton

    L’Union européenne a lourdement sanctionné la Russie et s’est engagée à boycotter son pétrole, mais continue de l’acheter, et à un prix encore plus élevé, bien qu’indirectement.

    L’Inde importe des niveaux record de brut russe à prix réduit, l’achetant dans des devises autres que le dollar. L’Inde raffine ensuite le pétrole russe et exporte du carburant vers l’Europe avec profit.

    Pendant ce temps, l’augmentation des coûts de l’énergie en Europe a alimenté l’inflation, entraînant une baisse significative des salaires des travailleurs.

    Les salaires réels des travailleurs de la zone euro ont baissé de 6,5 % entre 2020 et 2022.

    En avril, selon Bloomberg, les importations européennes de carburant raffiné en provenance d’Inde approchaient les 360 000 barils par jour.

    Cela signifie que l’Inde devrait bientôt dépasser l’Arabie saoudite en tant que plus grand exportateur de carburant raffiné vers l’Europe.

    Dans le même temps, l’Inde importe 44 % de son pétrole de Russie, à un niveau record d’environ 2 millions de barils par jour, selon Bloomberg.

    New Delhi achète ce brut avec une remise importante.

    En 2022, le G7 s’est engagé à interdire l’énergie russe. En décembre, le bloc des pays occidentaux et du Japon a mis en place un plafonnement des prix du pétrole russe à 60 dollars le baril.

    L’ Union européenne a accepté le même plafond de prix, avant de le mettre à jour en février avec une limite de 45 $ sur les produits pétroliers échangés avec une décote par rapport au brut et de 100 $ pour les produits pétroliers échangés avec une prime sur le brut.

    Face aux sanctions occidentales, la Russie vend plutôt son pétrole à l’Asie

    La guerre économique occidentale a entraîné une légère baisse des revenus pétroliers de Moscou, mais a simultanément poussé la Russie à approfondir son intégration avec l’Asie.

    Un rapport d’avril de la Kyiv School of Economics, « Russian Oil Exports Under International Sanctions », a analysé les effets du plafonnement des prix du G7 et de l’UE au premier trimestre 2023.

    Cette étude a été parrainée par le groupe d’experts Yermak-McFaul sur les sanctions russes, qui est soutenu par les gouvernements ukrainien et américain et coprésidé par Andriy Yermak, le chef du bureau du président de l’Ukraine, et Michael McFaul, l’ancien président américain. ambassadeur en Russie.

    Il a révélé que les revenus pétroliers russes avaient diminué de 29 %, passant de 54,5 milliards de dollars au quatrième trimestre 2022 à 38,8 milliards de dollars au premier trimestre 2023, pour une perte totale de 15,7 milliards de dollars.

    Cependant, au cours de la même période, les prix mondiaux du pétrole ont chuté. Le rapport estime que 4,2 milliards de dollars (27 %) de la perte de revenus pétroliers de la Russie sont dus à la baisse des prix internationaux.

    En fait, l’étude n’attribue que 6,1 milliards de dollars (39%) de la perte de revenus d’exportation de pétrole de la Russie directement aux sanctions, avec 5,2 milliards de dollars supplémentaires (33%) perdus dans les remises que Moscou a accordées à des clients comme l’Inde.

    Ce n’est pas autant que de nombreux gouvernements occidentaux l’avaient espéré. Et cela a entraîné d’autres conséquences inattendues.

    Les recettes d’exportation de pétrole de la Russie se situent désormais à peu près au même niveau qu’en 2021, avant l’invasion de Moscou en février 2022 et l’escalade de la guerre par procuration de l’OTAN en Ukraine .

    Dans le même temps, le volume des exportations russes de brut est resté plutôt stable.

    Ce qui a considérablement changé, ce n’est pas la quantité de pétrole produite par la Russie, mais plutôt les clients qui achètent ce brut.

    L’étude de la Kyiv School of Economics a montré que la grande majorité des exportations de pétrole russe est désormais destinée à l’Asie, principalement à la Chine et à l’Inde.

    Le rapport écrit :

    Les pays européens, auparavant les plus gros acheteurs, jouent désormais un rôle négligeable et ont été remplacés presque entièrement par la Chine et l’Inde, cette dernière apparaissant comme le « nouvel » acheteur clé au cours des douze derniers mois. Au premier trimestre 2023, les deux pays représentaient ensemble près de 75 % des exportations totales de pétrole brut russe.

    Pendant des années, et même pendant une grande partie de 2022, la Russie a été le plus grand fournisseur d’énergie de l’Europe. Aujourd’hui, Moscou regarde vers l’est.

    Cette transition reflète l’intégration économique et politique croissante de la Russie avec l’Asie et son éloignement de l’Occident.

    À titre d’exemple de ce changement soudain, le Financial Times a noté que le port de Primorsk, au nord-ouest de la Russie, sur la mer Baltique, avait déjà été utilisé pour envoyer du pétrole en Europe, mais au premier trimestre de 2023, l’Inde a acheté ce brut à la place, à un prix remise soignée de seulement 43,9 $ le baril.

    Le boycott de l’énergie russe par l’UE a également contribué à poursuivre la dédollarisation .

    L’Inde achète en grande partie du pétrole russe dans des devises autres que le dollar américain, y compris le rouble et le dirham des Émirats arabes unis.

    « Les sanctions internationales dirigées par les États-Unis contre la Russie ont commencé à éroder la domination du dollar sur le commerce international du pétrole depuis des décennies, car la plupart des accords avec l’Inde – le principal débouché de la Russie pour le brut maritime – ont été réglés dans d’autres devises », a rapporté Reuters.

    Les salaires réels des travailleurs de l’UE ont chuté de 6,5% au milieu de « l’une des pires crises du coût de la vie depuis la Seconde Guerre mondiale »

    Alors que l’Europe achète de l’énergie russe plus chère à l’Inde, les travailleurs nationaux souffrent de l’augmentation des coûts de l’énergie.

    « Les ménages à travers l’Europe sont confrontés au pincement persistant de l’une des pires crises du coût de la vie depuis la Seconde Guerre mondiale , malgré une baisse de l’inflation presque aussi rapide qu’elle a augmenté », a rapporté le Financial Times en avril.

    Le journal a estimé que les salaires réels dans la zone euro ont chuté de 6,5 % entre 2020 et 2022. (Les salaires réels sont les indemnisations des travailleurs qui ont été ajustées en fonction de l’inflation.)

    Dans l’UE, les salaires réels devraient rester 6% en dessous des niveaux de 2020 jusqu’à la fin de 2024, a déclaré le Financial Times.

    Les travailleurs des pays du sud de la zone euro, comme la Grèce, l’Espagne et l’Italie, ont été particulièrement touchés, leurs salaires réels ayant chuté de près de 7 %, 4,5 % et 3 % en 2022, respectivement.

    L’Office for Budget Responsibility du Royaume-Uni « estime que la période du printemps 2022 au printemps 2024 marquera la plus forte baisse du revenu réel disponible depuis le début des records dans les années 1950 », écrit le Financial Times.

    Le journal a averti : « Les personnes les plus pauvres, qui dépensent une plus grande partie de leurs revenus pour les produits de première nécessité, ont été les plus exposées à la hausse des prix. Ils continueront d’être les plus durement touchés, les prix des aliments continuant de monter en flèche alors même que les prix de l’énergie baissent ».

    Le Financial Times a attribué cette baisse rapide des salaires réels à la montée en flèche des coûts de l’énergie et des aliments – qui ont été fortement exacerbées par les sanctions occidentales contre la Russie.

    L’augmentation des factures d’épicerie est également le produit de la hausse généralisée des prix par les sociétés monopolistiques . Cette pratique très rentable est un problème croissant qui a été qualifié de « cupidité » .

    Alors que les salaires réels baissent partout en Occident, la part des bénéfices des entreprises de la zone euro atteint un niveau record.

    Bloomberg a rapporté en 2022 que les bénéfices des entreprises américaines ont atteint leurs marges les plus larges depuis 1950 , « suggérant que les prix pratiqués par les entreprises dépassent leurs coûts accrus de production et de main-d’œuvre ».

    Source : Geopolitical Economy Report, 01 mai 2023

    #UE #Russie #Sanctions #Pétrole #Asie #Salaires

  • Cinq États arabes plus l’Iran parmi 19 nations prêtes à rejoindre les BRICS

    Topics : BRICS, Chine, Russie, Brésil, Inde, Afrique du Sud, yuan, dollar, monnaie

    Alors que les pays du Sud continuent d’abandonner le dollar américain pour le commerce, les responsables des BRICS ont déclaré que le bloc travaillait au développement d’une nouvelle monnaie

    L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Algérie, l’Égypte, Bahreïn et l’Iran ont officiellement demandé à rejoindre le groupe de nations BRICS alors qu’il se prépare à tenir son sommet annuel en Afrique du Sud.

    Au total, 19 pays ont exprimé leur intérêt à rejoindre le bloc des marchés émergents du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, selon Anil Sooklal, ambassadeur de l’Afrique du Sud auprès du groupe.

    «Ce qui sera discuté, c’est l’expansion des BRICS et les modalités de son déroulement… Treize pays ont officiellement demandé à adhérer, et six autres ont demandé de manière informelle. Nous recevons des candidatures chaque jour », a déclaré le responsable sud-africain à Bloomberg plus tôt cette semaine.

    Les BRICS tiendront leur sommet annuel au Cap au cours de la première semaine de juin. Les ministres des affaires étrangères des cinq États membres ont confirmé leur présence.

    Plus tôt ce mois-ci,  Bloomberg a révélé que les BRICS devraient bientôt dépasser les États du G7 dirigés par les États-Unis dans les attentes de croissance économique.

    Selon leur analyse, alors que les pays du G7 et des BRICS ont chacun contribué de manière égale à la croissance économique mondiale en 2020, les performances du bloc dirigé par l’Occident ont récemment diminué. D’ici 2028, le G7 devrait représenter seulement 27,8 % de l’économie mondiale, tandis que les BRICS représenteront 35 %.

    Les estimations sont intervenues quelques semaines seulement après que le vice-président de la Douma d’État russe, Alexander Babakov, a révélé que les BRICS travaillaient au développement d’une « nouvelle monnaie » qui sera présentée lors du prochain sommet de l’organisation.

    Les États membres du BRICS représentent plus de 40 % de la population mondiale et environ un quart du PIB mondial.

    L’intérêt des pays du Sud global à rejoindre le bloc survient à un moment où de plus en plus de gouvernements s’éloignent du dollar américain. Le billet vert est devenu moins fiable  pour les économies dollarisées en raison de la hausse des taux d’intérêt réglementés par la Réserve fédérale américaine (FED) et de la militarisation du dollar par la banque par le biais de sanctions financières.

    En outre, l’Occident – ​​en particulier l’Europe – est confronté à une crise énergétique croissante résultant des sanctions visant les marchés énergétiques russes en raison de son invasion de l’Ukraine et du sabotage américain du gazoduc Nordstream .

    #BRICS #Chine #Russie #Yuan #FDollar #Inde #Afrique_du_sud #Brésil

  • Le président chinois reçoit les lettres de créance de 70 ambassadeurs

    Topics : Chine, Xi Jinping, ambassadeurs, lettres de créance,

    BEIJING, 24 avril (Xinhua) — Le président chinois Xi Jinping a reçu lundi les lettres de créance de 70 ambassadeurs en Chine au Grand Palais du Peuple à Beijing.

    Giuseppe Yoffreda du Venezuela, Mhd. Hasanein Khaddam de Syrie, Garba Seyni du Niger, Patricia Hildegard Flor d’Allemagne, Luamanuvae A. Mariner de Samoa, Abdulrahman Ahmad Al-Harbi d’Arabie saoudite, Chung Jae-Ho de la République de Corée, Bishnu Pukar Shrestha du Népal, Ibrahima Sory Sylla du Sénégal, Nyanga Jacques Jean L. de la République du Congo, Marcos Galvao du Brésil, Oliver Wonekha d’Ouganda, Monday Semaya Kenneth Kumba du Soudan du Sud, Martha Mavrommati de Chypre, Kenneth Sentle Rabale du Lesotho, Juerg Burri de Suisse, Paulette Bethel des Bahamas, Hannes Hanso d’Estonie, Assem Hanafi d’Égypte, Omer Mohamed Ahmed Siddig du Soudan, Morgulov Igor de Russie, Jennifer May du Canada, Paulo Jorge Nascimento du Portugal, Batlang Serema du Botswana, Md. Jashim Uddin du Bangladesh.

    M. Xi a également reçu le secrétaire général de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), Zhang Ming.

    Souhaitant la bienvenue aux ambassadeurs, M. Xi leur a demandé de transmettre ses salutations cordiales et ses meilleurs vœux aux chefs d’État, aux dirigeants des organisations et aux peuples.

    La Chine est prête à approfondir l’amitié et à élargir la coopération mutuellement bénéfique avec les peuples d’autres pays sur la base de l’égalité et des avantages mutuels et à faire avancer les relations bilatérales, a noté M. Xi, ajoutant qu’il était à espérer que les ambassadeurs auront une compréhension globale et approfondie de Chine et servent d’émissaires de l’amitié et de ponts de coopération. Le gouvernement chinois fournira un soutien et des commodités aux ambassadeurs dans l’exercice de leurs fonctions.

    Au cours des trois dernières années, la Chine a parcouru un long chemin dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 en donnant la priorité aux personnes et à la vie. Dans ce processus, la Chine a reçu une aide sincère de nombreux pays et peuples. La Chine a également pris des mesures concrètes pour soutenir pleinement la lutte mondiale contre le COVID-19, travaillé avec d’autres pays pour mettre en œuvre la vision de la construction d’une communauté mondiale de la santé pour tous, et renforcé le lien d’assistance mutuelle et de destin partagé, a déclaré M. Xi.

    La Chine s’est lancée dans un nouveau voyage de construction d’un pays socialiste moderne à tous égards et encouragera le renouveau national à travers une voie chinoise vers la modernisation, a déclaré M. Xi.

    La Chine restera attachée à la voie du développement pacifique, adhérera à la politique nationale d’ouverture, poursuivra fermement une stratégie d’ouverture mutuellement bénéfique et créera plus d’opportunités pour le monde grâce à son propre développement, a noté M. Xi.

    M. Xi a déclaré que la Chine était disposée à travailler avec la communauté internationale pour promouvoir la mise en œuvre de l’Initiative de développement mondial, de l’Initiative de sécurité mondiale et de l’Initiative de civilisation mondiale, défendre les valeurs communes de l’humanité, promouvoir la compréhension mutuelle et l’amitié entre les peuples de tous les pays, conjointement faire face à divers défis mondiaux et faire des progrès continus vers la construction d’une communauté de destin pour l’humanité.

  • L’armée américaine pressée de produire des munitions pour l’Ukraine

    Topics : Ukraine, Russie, Etats-Unis, munitions, Chine, obus,

    SCRANTON, Pennsylvanie (AP) – L’une des munitions les plus importantes de la guerre en Ukraine provient d’une usine historique de cette ville construite par des barons du charbon, où des tonnes de barres d’acier sont acheminées par train pour être forgées en obus d’artillerie dont Kiev ne peut se passer – et que les États-Unis ne peuvent produire assez rapidement.

    L’usine de munitions de l’armée de Scranton est à l’avant-garde d’un plan de plusieurs milliards de dollars du Pentagone visant à moderniser et à accélérer sa production de munitions et d’équipements non seulement pour soutenir l’Ukraine, mais aussi pour se préparer à un conflit potentiel avec la Chine.

    Mais c’est l’un des deux seuls sites aux États-Unis qui fabriquent les corps en acier des obus d’obusiers critiques de 155 mm que les États-Unis se précipitent vers l’Ukraine pour l’aider dans sa lutte acharnée pour repousser l’invasion russe dans la guerre à plus grande échelle en Europe depuis La Seconde Guerre mondiale.

    L’invasion de l’Ukraine a révélé que le stock américain d’obus de 155 mm et ceux des alliés européens n’étaient pas préparés à soutenir une guerre terrestre conventionnelle majeure et en cours, les obligeant à se démener pour renforcer la production. La diminution de l’offre a alarmé les planificateurs militaires américains, et l’armée prévoit maintenant de dépenser des milliards dans des usines de munitions à travers le pays dans ce qu’elle appelle sa transformation la plus importante en 40 ans.

    « Il se passe beaucoup de choses », a déclaré Richard Hansen, le représentant du commandant de l’armée à l’usine.

    Pendant ce temps, l’armée étend les chaînes d’approvisionnement pour les pièces – obus métalliques, remplissage explosif, charges qui tirent sur l’obus et les fusibles – et achète les énormes machines qui font le travail.

    L’armée a de nouveaux contrats avec des usines au Texas et au Canada pour fabriquer des obus de 155 mm, a déclaré Douglas Bush, secrétaire adjoint de l’armée et son principal acheteur d’armes. Les États-Unis se tournent également vers des alliés à l’étranger pour augmenter la production, a déclaré Bush.

    Une fois les obus terminés à Scranton, ils sont expédiés à l’usine de munitions de l’armée de l’Iowa, où ils sont emballés avec des explosifs, équipés de fusibles et emballés pour la livraison finale.

    L’usine de Scranton est mal adaptée à cette tâche : un accident avec un explosif pourrait être dévastateur.

    « Si nous avions un accident ici », a déclaré Hansen, « nous emmenons la moitié de la ville avec nous. »

    AP

    #Ukraine #Russie #Etats_Unis #Munitions

  • Un nouvel ordre mondial ? Les BRICS offrent une alternative à l’Occident

    Tags : Occident, BRICS, nouvel ordre mondial, Russie, Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud,

    Les prévisions concernant les pays BRICS en tant qu’économies à la croissance la plus rapide ne se sont pas tout à fait avérées. Au lieu de cela, l’alliance offre maintenant un forum diplomatique et un financement du développement, en dehors du courant dominant occidental.

    L’acronyme a commencé comme un terme quelque peu optimiste pour décrire quelles étaient les économies à la croissance la plus rapide au monde à l’époque. Mais maintenant, les pays BRICS – Brésil , Russie, Inde, Chine , Afrique du Sud – se présentent comme une alternative aux forums financiers et politiques internationaux existants.

    « Le mythe fondateur des économies émergentes s’est estompé », a confirmé Günther Maihold, directeur adjoint de l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité, ou SWP. « Les pays BRICS vivent leur moment géopolitique. »

    Le Brésil , la Russie , l’Inde , la Chine et l’Afrique du Sud tentent de se positionner comme des représentants du Sud global, offrant « un modèle alternatif au G7 ».

    Le G7 est un « forum informel » des chefs d’État des économies les plus avancées du monde, fondé en 1975. L’Allemagne , la France , le Royaume-Uni , l’Italie , le Japon , le Canada et les États-Unis en sont membres, tout comme l’ UE .

    L’acronyme BRIC, qui signifiait initialement Brésil, Russie, Inde et Chine, a été inventé par Jim O’Neill en 2001 lorsqu’il était économiste en chef de la banque d’investissement multinationale Goldman Sachs. À l’époque, les quatre pays avaient des taux de croissance économique élevés et le label BRIC représentait l’optimisme économique quant à l’avenir de ces nations. Les opposants au label ont déclaré que les pays étaient trop divers pour être regroupés de cette manière et qu’il ne s’agissait en réalité que d’un stratagème marketing de Goldman Sachs.

    Mais ce qui a peut-être commencé comme un stratagème de marketing pour encourager les investisseurs est devenu une plate-forme de coopération intergouvernementale similaire au G7. En 2009, les quatre nations se sont rencontrées pour leur premier sommet à Ekaterinbourg en Russie. En 2010, l’Afrique du Sud a été invitée à rejoindre le groupe, ajoutant le « S » aux BRICS.

    Remettre en question le modèle de la Banque mondiale
    En 2014, avec 50 milliards de dollars (environ 46 milliards d’euros) de capitaux d’amorçage, les pays BRICS ont lancé la Nouvelle Banque de développement comme alternative à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international . En outre, ils ont créé un mécanisme de liquidité appelé le Contingent Reserve Arrangement pour soutenir les membres aux prises avec des paiements.

    Ces offres n’étaient pas seulement attrayantes pour les pays BRICS eux-mêmes, mais aussi pour de nombreuses autres économies en développement et émergentes qui avaient eu des expériences douloureuses avec les programmes d’ajustement structurel et les mesures d’austérité du FMI. C’est pourquoi de nombreux pays ont déclaré qu’ils pourraient être intéressés à rejoindre le groupe BRICS.

    La banque BRICS est ouverte aux nouveaux membres. En 2021, l’Égypte , les Émirats arabes unis, l’Uruguay et le Bangladesh ont pris des parts. Cependant, ceux-ci étaient bien inférieurs aux investissements respectifs de 10 milliards de dollars réalisés par les membres fondateurs de la banque.

    Prêt à se développer
    Le ministre sud-africain des Affaires étrangères, Naledi Pandor, a déclaré que l’intérêt mondial pour le groupe BRICS était « énorme ». Début mars, elle a déclaré aux intervieweurs de la télévision qu’elle avait 12 lettres de pays intéressés sur son bureau.

     » L’Arabie saoudite en est un », a-t-elle déclaré. « Émirats arabes unis, Égypte, Algérie et Argentine », ainsi que le Mexique et le Nigéria .

    « Une fois que nous aurons défini les critères [pour les prêts], nous prendrons alors la décision », a-t-elle déclaré, notant que le sujet serait inscrit à l’ordre du jour du prochain sommet d’août en Afrique du Sud.

    Les développements économiques les plus récents dans les États membres du BRICS ont peu à voir avec les mythes initiaux sur lesquels le groupe a été fondé. Sur les cinq membres, seule la Chine a connu une croissance soutenue et étendue depuis lors.

    Alors que le produit intérieur brut de la Chine est passé de 6 000 milliards de dollars en 2010 à près de 18 000 milliards de dollars en 2021, les économies du Brésil, de l’Afrique du Sud et de la Russie ont stagné. Le PIB de l’Inde est passé de 1 700 milliards de dollars à 3 100 milliards de dollars, mais a été dépassé par la croissance de la Chine.

    Pas de sanctions contre la Russie
    Depuis le début de la guerre russe en Ukraine , les pays BRICS n’ont fait que s’éloigner davantage du soi-disant Occident. Ni l’Inde , ni le Brésil, ni l’Afrique du Sud , ni la Chine ne participent aux sanctions contre la Russie. Cela est devenu de plus en plus clair avec des niveaux de commerce quasi historiques entre l’Inde et la Russie, ou avec la dépendance du Brésil vis-à-vis des engrais russes.

    « D’un point de vue diplomatique, la guerre en Ukraine semble avoir tracé une ligne de démarcation nette entre une Russie soutenue par l’Est et l’Occident », a écrit le politologue Matthew Bishop de l’Université de Sheffield pour l’Observatoire économique à la fin de l’année dernière. « Par conséquent, certains décideurs politiques européens et américains craignent que les BRICS ne deviennent moins un club économique de puissances montantes cherchant à influencer la croissance et le développement mondiaux, et plus un club politique défini par leur nationalisme autoritaire. »

    Maihold de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité est d’accord. Il a déclaré que l’alliance BRICS n’est pas tant un contre-pied à l’Occident qu’un forum pour une pensée souveraine et autonome accrue. Dans un monde bipolaire, il pense que l’Afrique du Sud, l’Inde et le Brésil « se disputent simplement de meilleures conditions ».

    La Chine, d’autre part, utilise la plate-forme pour ses ambitions politiques mondiales, a ajouté Maihold, soulignant les offres de Pékin de servir de médiateur dans la guerre en Ukraine et les exercices militaires conjoints qu’elle a organisés avec la Russie en Afrique du Sud.

    Maihold pense que l’Occident a remarqué ce changement de cap et essaie de le contrer. « Ils regardent de très près », a-t-il déclaré. « Lors du sommet du G7 en Allemagne en 2022, ils ont tenu à inviter l’Afrique du Sud et l’Inde, afin d’empêcher l’optique que le G7 se dressait contre les BRICS. »

    Source : DW, 10/04/2023

    #Nouvel_ordre_mondial #BRICS #Russie #Chine #Brésil #Inde #Afrique_du_sud

  • Le Parlement européen veut endurcir l’accès aux diplomates qataris et marocains

    Tags : Parlement Européen, Maroc, Qatar, Qatargate, Moroccogate, Chine, Russie, Biélorussie, Iran,

    Le nouveau document clarifie également les lignes directrices sur la manière dont les députés doivent s’engager avec l’Iran, la Chine, la Russie et la Biélorussie.

    Le Parlement européen cherche à rendre plus difficile l’influence des représentants du Qatar et du Maroc sur les députés européens, après que les deux pays aient été impliqués dans un scandale de pots-de-vin contre influence, le « Qatargate », a rapporté Politico.


    Selon une nouvelle série de lignes directrices approuvées par les principaux députés européens lors d’une réunion à huis clos jeudi et vues par POLITICO, les députés et les collaborateurs sont invités à demander l’autorisation du Parlement pour inviter les diplomates des pays dans les locaux, et les législateurs doivent également informer la présidente du Parlement Roberta Metsola lorsqu’ils les rencontrent.

    Les lignes directrices ne sont toutefois pas contraignantes, ce qui signifie que les députés ne seront pas sanctionnés s’ils ne les respectent pas.

    Elles visent principalement à clarifier la situation des députés européens et à permettre à Roberta Metsola et aux hauts fonctionnaires de mieux contrôler qui rencontre qui, dans le cadre d’une enquête criminelle en cours en Belgique visant à déterminer si les députés européens ont accepté des pots-de-vin de la part du Qatar et du Maroc.

    Cette mesure est distincte de la réforme en cours sur la transparence et l’éthique provoquée par le Qatargate, que le Parlement souhaite mener à bien d’ici l’été.

    « Il est très probable que cela conduise à une situation où ces règles seront formalisées à l’avenir « , a déclaré un fonctionnaire du Parlement sous couvert d’anonymat. « Nous devons savoir qui ils rencontrent, pourquoi ils le font. Je pense que tout le monde comprend qu’on ne peut pas continuer à faire comme si de rien n’était.

    Le document de quatre pages, marqué « à usage interne uniquement », indique également que les députés ne seront pas autorisés à effectuer des voyages officiels au Qatar ou au Maroc tant que l’enquête criminelle se poursuivra. Toutefois, il laisse la porte ouverte à la participation des députés à des événements internationaux organisés par le Qatar et le Maroc, tels que l’assemblée parlementaire de l’Union de la Méditerranée, qui réunit 44 parlements, dont celui de l’UE, et qui est actuellement présidée par le parlement marocain.

    Le document indique également que les lobbyistes qataris et marocains qui se sont inscrits dans le registre de transparence sont interdits d’accès à l’enceinte du Parlement « par mesure de précaution à la lumière des procédures en cours ». L’effet de cette mesure est toutefois mineur car les lignes directrices ne s’appliquent qu’aux lobbyistes qui déclarent volontairement que leurs clients sont originaires du Qatar ou du Maroc dans le registre – ce qui n’est certainement pas le cas de tous.

    Les ambassades du Qatar et du Maroc n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.

    Une majorité d’eurodéputés a demandé en décembre et en février que les lobbyistes qataris et marocains soient interdits d’accès au Parlement.

    De la Russie à la Chine

    Pour la première fois, le document met par écrit l’approche préexistante de l’institution en matière de relations avec la Russie, la Biélorussie, la Chine et l’Iran.

    Les directives les plus sévères concernent la Russie et la Biélorussie, pays sanctionnés par l’UE. Les députés sont interdits de tout voyage officiel dans ces pays tant que l’invasion de l’Ukraine se poursuit, et aucun représentant de l’Etat ne peut entrer au Parlement.

    Il existe toutefois une exception. « Le président peut autoriser l’accès aux locaux du Parlement dans le but de renforcer les efforts diplomatiques visant à mettre fin à la guerre », précise le document. David McAllister, un eurodéputé allemand de centre-droit qui préside la commission des affaires étrangères qui a été consultée sur les lignes directrices, a déclaré à POLITICO : « Il devrait y avoir des exceptions au cas où des représentants de l’opposition [de Russie et de Biélorussie] voudraient venir ».

    Pour les eurodéputés, « les contacts bilatéraux avec les représentants de ces pays devraient être limités et n’avoir lieu que dans le cadre de réunions de forums multilatéraux », précise le document.

    La position à l’égard de la Chine et de l’Iran est légèrement différente car ces deux régimes ont sanctionné des députés européens. Les parlementaires de ces pays ne doivent pas être invités au Parlement européen et les voyages des députés européens en Chine et en Iran ne seront autorisés que si un député européen sanctionné fait partie de la cohorte de voyageurs.

    Un porte-parole de Metsola a déclaré : « Nous essayons de mettre un peu plus d’ordre au sein du Parlement et de codifier les choses.

    #Parlement_européen #Maroc #Qatar #Chine #Iran #Russie #Biélorussie #corruption #Qatargate #Moroccogate

  • Pourquoi la détente Iran-Arabie Saoudite fâche les États-Unis

    Tags : Chine, Iran, Arabie Saoudite, Etats-Unis, Moyen Orient,

    Analyse de l’actualité : La raison de la colère des États-Unis face à la détente négociée par Pékin entre Téhéran et Riyad, selon les experts

    TEHERAN, 12 avril (Xinhua) — Les Etats-Unis seraient frustrés par le rapprochement négocié par la Chine entre l’Iran et l’Arabie saoudite, alors que la détente fait allusion à une rupture croissante entre Washington et Riyad et reflète une diminution de l’influence américaine au Moyen-Orient, selon des analystes.

    La Chine, l’Arabie saoudite et l’Iran ont annoncé le 10 mars que ces deux derniers étaient parvenus à un accord, qui comprend un accord pour reprendre les relations diplomatiques et rouvrir les ambassades et les missions dans les deux mois, près de sept ans après que Riyad a rompu les relations diplomatiques avec Téhéran en 2016 en réponse aux attaques contre les missions diplomatiques saoudiennes en Iran après que le royaume a exécuté un religieux chiite.

    Suite à l’accord de mars, lors d’une réunion à Pékin jeudi, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian et son homologue saoudien, le prince Faisal bin Farhan Al Saud, ont signé une déclaration commune, annonçant la reprise des relations diplomatiques avec effet immédiat.

    RIFT ÉMERGENT AVEC NOUS

    S’adressant au site d’information Hamshahri Online, l’expert iranien en affaires internationales Mostafa Khoshcheshm a déclaré que la détente Téhéran-Riyad était une « défaite absolue » pour les États-Unis car elle a porté de lourds coups à Washington.

    Le principal inconvénient du rapprochement pour les États-Unis est que l’un de ses principaux alliés au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite, a réduit les tensions avec l’Iran, qui fait partie des ennemis de Washington, a-t-il ajouté.

    Hossein Shariatmadari, PDG du journal iranien Kayhan, a déclaré que les États-Unis étaient en colère contre le revirement de l’Arabie saoudite envers l’Iran.

    L’Arabie saoudite a fermé les yeux sur les conditions préalables fixées et dictées par les États-Unis pour la reprise des relations avec l’Iran et est parvenue à un accord avec Téhéran basé sur des revendications communes logiques, a-t-il ajouté.

    Il a ajouté que la décision de l’Arabie saoudite de normaliser les relations avec l’Iran a isolé Riyad du camp américain, ce qui pourrait avoir un impact sur les activités américaines sur le marché de l’État arabe, dont les États-Unis avaient l’habitude de récolter d’énormes dividendes en échange de promesses vides de sécurité.

    L’Arabie saoudite a commencé à perdre confiance dans les États-Unis après avoir échoué à obtenir les éléments de sécurité qu’elle recherchait par le biais d’un partenariat et d’un accord de sécurité de 500 milliards de dollars américains avec Washington, l’agence de presse iranienne Borna a cité Heshmatollah Falahatpisheh, un analyste iranien et un ancien député, comme on dit.

    Il a également noté qu’une nouvelle situation avait commencé à envahir les relations Riyad-Washington après l’investiture du président Joe Biden et que l’Arabie saoudite était parvenue à la conclusion que les accords à long terme avec les États-Unis ne « duraient pas longtemps ».

    Khoshcheshm, s’adressant à Hamshahri Online, partageait le même point de vue, affirmant que pendant le mandat de l’ancien président américain Donald Trump, Riyad comptait beaucoup sur le soutien de Washington pour assurer sa sécurité. Cependant, lorsque les Saoudiens ont réalisé que le soutien américain était subordonné à la sauvegarde des intérêts économiques américains et ont vu le retrait militaire chaotique d’Afghanistan, qui a conduit à l’effondrement du gouvernement afghan en quelques jours, ils ont décidé de réduire leur dépendance à l’égard du soutien américain.

    Riyad a réalisé qu’il ne pouvait pas compter sur Washington, a déclaré Shariatmadari.

    Alameh a noté que l’une des raisons de l’éloignement de Riyad de Washington était que l’approche adoptée par Trump envers l’Arabie saoudite était basée sur « la rançon de cette dernière ».

    UNE INCIDENCE DÉCROISSANTE

    La quasi-totalité des analystes ont soutenu à l’unanimité que « l’influence régionale déclinée » était le coup le plus dur que la normalisation des relations Téhéran-Riyad avait porté aux Etats-Unis.

    Khoshcheshm a déclaré que les États-Unis n’avaient joué aucun rôle dans l’apaisement de la tension entre l’Iran et l’Arabie saoudite, ce qui est l’une des raisons pour lesquelles ils ont été exaspérés par la détente.

    Il a ajouté qu’en servant de médiateur entre l’Iran et l’Arabie saoudite, la Chine a acquis une bonne assise politique dans la région et a accru son influence.

    Falahatpisheh a noté qu’ayant été bien conscient de l’habitude et des antécédents des États-Unis de maintenir les anciennes tensions dans différentes parties du monde, Pékin a poursuivi sa politique de développement pacifique.

    Louant le rôle de Pékin dans le rapprochement, Alameh a déclaré que la Chine est un grand pays et interagit avec les autres États sur la base du respect mutuel, contrairement aux États-Unis qui cherchent à dominer les autres nations, à leur imposer leurs politiques et à les rançonner dans les relations bilatérales.

    Pour mieux illustrer la frustration des États-Unis, le journal Kayhan, dans une analyse, a cité Mark Dubowitz, le PDG de la Fondation pour la défense des démocraties basée à Washington – un groupe de réflexion à but non lucratif – disant que les liens renouvelés entre l’Iran et l’Arabie saoudite étaient « un perdant, perdant, perdant pour les intérêts américains ».

    « Cela démontre que les Saoudiens ne font pas confiance à Washington pour les soutenir, que l’Iran voit une opportunité de se débarrasser des alliés américains pour mettre fin à son isolement international », a-t-il ajouté.

    Source : Xinhua

    #Etats_Unis #Chine #Iran #Arabie_Saoudite

  • La fin annoncée de l’hégémonie occidentale

    Tags : Ukraine, Russie, Chine, Etats-Unis, Europe, France, Emmanuel Macron, munitions,

    par Djamel Labidi

    En quelques mois, depuis le début de la guerre en Ukraine, le monde a changé. Certes, les changements se sont accumulés lentement, avant qu’ils n’apparaissent d’un seul coup, sous les coups de boutoir donnés par la Russie à l’ancien ordre mondial et l’hégémonie occidentale.

    Quoi qu’il arrive, qu’on soit d’accord ou non avec l’action de la Russie en Ukraine, le monde ne sera plus jamais le même. Tous les camps en présence sont d’accord pour le reconnaitre, les dirigeants du monde occidental comme ceux du reste du monde.

    L’Occident est nu

    A la faveur de la guerre en Ukraine, les peuples du monde découvrent, éberlués, que l’Occident est, militairement, nu. Il n’a pas suffisamment d’armes à donner au régime ukrainien. Il n’a pas de stocks de munitions légères ou lourdes à opposer à une Russie disposant d’une puissante industrie de guerre et qui produit massivement ces munitions ainsi que des armements très variés. C’est le général français Thierry Bukhard qui mettait en garde, récemment, le 26 février, dans une interview à l »hebdomadaire français «Le journal du dimanche», contre la pénurie de munitions dans les pays occidentaux. Le Financial Times rapporte, lui, que les stocks d’armes de l’armée allemande seraient suffisants pour quelques jours seulement tandis que le chef d’État-major allemand, lui, déclare tout simplement qu’il n’a pas d’armée. Une grande partie des chars «Léopard» sont en panne, faute de maintenance. C’est le cas aussi pour ceux achetés par les pays européens.

    En fait, toutes les armées européennes sont en dénuement et incapables de faire face à une guerre de haute intensité. Cela explique en partie, à côté de la crainte de l’escalade, les atermoiements dans la fourniture d’armes à l’Ukraine. Le président Macron et ses prédécesseurs ont essayé de masquer, à travers des déclarations contradictoires, la pénurie d’armes françaises dès qu’il a fallu se priver, dans la douleur, au profit de l’Ukraine des canons et chars, en nombre réduit, possédés par la France.

    Même les États-Unis peinent à approvisionner les forces armées ukrainiennes en munitions. Ils sont allés jusqu’à demander à Israël et à la Corée du Sud de leur en fournir à partir de leur stocks d’armes américaines, tout en accusant les Russes de se fournir en Corée du Nord. Faites ce que je dis et ne faites pas ce que je fais.

    Les pays occidentaux n’ont plus le même statut militaire. Aujourd’hui, par exemple, lorsqu’une délégation du ministère de la défense du Royaume Uni arrive en Algérie, comme récemment, l’évènement est désormais anodin et passe pratiquement inaperçu. Et lorsque des délégations militaires vont en France, se réunir avec leurs vis-à-vis, parions qu’elles doivent s’apercevoir que l’armée française n’a pas grand-chose à offrir pour affronter une guerre de haute intensité. Les temps ont bien changé.

    Le déclin de l’hégémonie économique

    Non l’Occident n’est plus le même. Sur le plan économique, La Chine concurrence les États Unis à la première place de l’économie mondiale. Si l’on évalue leur PIB réciproque en dollars nominatifs, la Chine est encore deuxième, mais si on l’évalue en parité de pouvoir d’achat (PAP), elle est déjà loin devant les États Unis. Les pays constituant actuellement le BRICS représenteront, en 2030, 50% du PIB mondial sans parler de ceux qui les rejoindront.

    Actuellement, la propagande occidentale essaye de se rassurer en disant que la Russie a un PIB de l’ordre de celui de l’Espagne, mais comment alors expliquer sa puissance militaire considérable et qu’elle puisse affronter l’ensemble des États occidentaux . Il faut prendre en compte ici encore l’économie réelle et la production des richesses matérielles. D’ailleurs, en terme de PIB par parité de pouvoir d’achat, la Russie est la sixième puissance économique mondiale. Dans ce nouvel ordre qui se dessine, les nouvelles perspectives de coopération avec et entre le reste du monde, l’Inde, la Chine, la Russie, le Brésil, l’Iran, l’Asie, l’Afrique, l’Amérique latine semblent désormais sans limites. Le dollar commence à perdre sa suprématie et avec lui la dictature du système financier occidental.

    Les États- Unis disent que la guerre en Ukraine a soudé l’Europe et l’OTAN. C’est faux. C’est exactement le contraire, du moins à moyen et à long terme. La vérité est que cette guerre a révélé et renforcé la domination totale des États-Unis sur l’Europe, l’écrasement de celle-ci par une puissance extra-européenne.. Elle a montré une Europe soumise à la prédominance des intérêts américains. C’est aussi un des éléments significatifs de la fin, en perspective, de l’hégémonie occidentale. Que les États-Unis en arrivent à détruire, comme le monde entier les en soupçonne, le gazoduc Nord Stream, pour mettre définitivement fin à l’alimentation en énergie par ce gazoduc de l’Allemagne l’un de leurs principaux alliés, puis qu’ils imposent à leur allié des coûts prohibitifs de l’énergie, qu’ils affaiblissent ainsi, sans état d’âme, son économie, et celle d’autres États européens, au seul profit de la leur , cela ne peut durablement être supporté et ne peut que laisser des traces. C’est là l’un des aspects du désarroi et de l’irresponsabilité des dirigeants américains dans un contexte de fin de leur règne sans partage. Si leur responsabilité se confirme, ils auraient ainsi commis un acte d’une gravité extrême, un acte de sabotage, un acte de terrorisme international. Il est étonnant de ne pas le voir assez souligné en Occident, et en premier lieu par les dirigeants allemands. Auraient-ils peur des américains ? Les américains ont ouvert ainsi la boite de Pandore, au risque d’ une situation de chaos généralisé, où chacun s’estimerait en droit alors de détruire les gazoducs et oléoducs, les câbles sous-marins de l’adversaire, câbles de téléphone, câbles de communications internet, autoroutes de l’information. C’est semble-t-il, avec le danger d’une guerre nucléaire, l’évènement le plus préoccupant pour l’avenir.

    Les medias

    Un signe des plus manifestes du déclin de l’hégémonie occidentale est la dégradation de l’éthique de la communication et de l’information dans bien des medias occidentaux. L’évolution avait commencé dans les décennies précédentes, en même temps que les États -Unis affirmaient leur domination sans partage sur le monde. Avec le conflit ukrainien, elle s’est terriblement aggravée.

    L’information n’est plus que de la propagande. Et la propagande est brutale, grossière, caricaturale, sans nuances, et surtout terriblement agressive. Des animateurs de plateau de télévision, des éditorialistes, des journalistes, vous donneront sans sourciller, pour les pertes russes, des chiffres tellement énormes qu’ils supposeraient la disparition de l’armée russe. On martèle que «Poutine ment», sans dire sur quoi et quand il n’a pas fait ce qu’il a dit, On relancera avec soin, régulièrement, le thème du jugement de Poutine alors qu’on sait bien que cela n’a pas de sens. Mais l’essentiel n’est pas là, il s’agit de le dévaloriser et avec lui la Russie, en cherchant à inférioriser le pays en sous entendant qu’il est susceptible d’être vaincu et soumis, comme l’Occident l’a fait pour d’autres pays.

    Des chiffres astronomiques sont avancés pour la fortune personnelle de Poutine, sans qu’on avance la moindre preuve à part quelques vidéos bizarres sur les propriétés présumées du président Poutine, genre dépliants papier glacé d’hôtel. Seul le commentaire en Off dit que ceci lui appartient. Mais que diable ferait-il d’une fortune dont il ne peut jouir vu sa visibilité, ses responsabilités écrasantes et sa présence sur tous les fronts. Comme par hasard, les chiffres de sa fortune avancés sont aux alentours de 300 milliards de dollars, exactement le montant des fonds étatiques russes gelés par les États Unis et d’autres pays européens et qu’ils voudraient bien s’approprier, et dont l’Union européenne et le président Zelenski réclament à cor et à cri l’attribution à l’Ukraine «pour sa reconstruction».

    On s’en souvient, les mêmes techniques et les mêmes thèmes avaient été utilisés contre les président Saddam et Kadhafi. Malgré la différence de dimension et de puissance de l’adversaire, cette fois ci la Russie, on les recycle. Inconscience du rapport de forces, délire, ou bien volonté de diminuer l’adversaire ? Tout cela a une allure de déjà vu, de déjà entendu. De la même manière, les États-Unis et leurs alliés martelaient que Saddam et Kadhafi mentaient quand ils avaient accepté les conditions de l’ONU et que les partisans de l’intervention craignaient que cela empêche celle-ci. De la même manière, le thème de leur mise en jugement était évoqué sans cesse. De la même manière des chiffres astronomiques de leur fortune personnelle étaient donnés et qui là aussi correspondaient étrangement aux fonds des États irakien et libyen gelés aux États-Unis et ailleurs en Occident. Aussi donc, lorsqu’à propos de l’Ukraine, les peuples du monde rappellent à l’Occident ces conflits, ils ne s’écartent pas du sujet comme le leur disent, avec agacement, les dirigeants occidentaux. Les peuples ne se trompent pas. Ils indiquent simplement que le passé explique le présent, et qu’il y a, là, la continuité d’un même conflit, celui que mène l’Occident pour maintenir son hégémonie mondiale.

    Les pires horreurs

    Sur les plateaux les pires horreurs sont dites sur la Russie, sans aucun frein. Des journalistes parleront, impavides, de 200 000 à 700 000 enfants ukrainiens déportés en Russie, d’enfants «de quatre ans ! «violés. La seule chose qui n’aura pas été dite (encore ?) est que les russes sont… cannibales.

    Les plateaux de télévision occidentaux sont devenus des endroits où on bavarde, où on fabule. La cohérence, la logique, la vraisemblabilité importent peu, l’imagination est sans limite, on se trouve devant une information dans son ensemble toute entière complotiste. Mais il y a parfois des couacs, des moments où brusquement la vérité surgit, bien involontairement. C’est ce général français, le général Nicolas Richoux qui s’écrie, agacé par certaines réserves que fait, aux États-Unis, le parti Républicain sur le financement de la guerre en Ukraine: «L’armée américaine est en train de se payer l’armée russe pour 5% de son budget ( 40 milliards de dollars sur 800 milliards, NB), quand même ! Qui pourrait être contre un résultat pareil aux États-Unis ! ( Chaine d’information LCI, 7 janvier 2023 )

    Pour expliquer la grande popularité de Poutine auprès de son peuple, toute l’intelligentsia organique occidentale, universitaires, éditorialistes, analystes civils et militaires liés d’évidence à des officines et autres services, viennent dire qu’il s’agit de l’esprit de soumission des russes, des caractéristiques de l’âme slave. Les «exilés politiques» russes, dont chaque plateau veut avoir un représentant, sont priés de confirmer. Ils le font avec empressement. Ils en rajoutent même. Ici, comme ailleurs, tout au long de siècles d’hégémonie, l’Occident a toujours produit ce type d’élites occidentalistes et la haine de soi qu’elles portent. C’est bien la preuve que l’idéologie occidentale a fonctionné partout comme une idéologie dominante. Mais pourquoi ne pas considérer tout simplement que Poutine exprime la volonté de son peuple et que la confiance mise en lui vient de ce qu’il a redressé la Russie après la terrible crise causée par l’effondrement de l’URSS.

    «Le mensonge vrai»

    Les américains continuent de diffuser dans tout l’Occident leurs nouvelles techniques de l’information, celles de la théorie du «mensonge vrai» (1), en vertu de laquelle on considère que «le mensonge peut être utile», quand il peut prévenir un évènement néfaste. C’est ainsi que la Chine a été accusée d’avoir «l’intention «( soulignons le mot) de fournir des armes à la Russie et que les États Unis se sont dits «convaincus» (soulignons là aussi le mot ) que la Chine fournit des informations satellitaires à Wagner. En fonction de ces conceptions d’une vérité virtuelle ou potentielle, les conclusions , les prévisions d’une simple analyse, ou de simples hypothèses pourraient être considérées comme une information puisqu’elles «pourraient avoir lieu». Écoutez attentivement la propagande, et vous verrez qu’elle est, pour sa plus grande partie, construite sur ce modèle.

    Où est le temps des grands organes d’informations occidentaux qui servaient de référence pour leur objectivité des faits, même en temps de guerre. Ils diffusaient l’influence occidentale chez des élites occidentalisées séduites par une liberté de ton et une qualité de débats qui existaient peu dans leur pays.

    Sur la question de l’information, l’Occident, et surtout les américains, font une erreur stratégique: celle que les medias peuvent tout, et qu’il s’agit simplement de s’emparer de l’esprit des peuples. En cela, ils se trompent. Les faits sont têtus. On ne peut fabriquer l’opinion, et encore moins contre les propres intérêts d’une nation. L’opinion du reste du monde sur l’Occident en est la preuve. Elle est hostile à l’Occident malgré l’effort considérable de la propagande occidentale en sa direction. Si dans les pays occidentaux, cette propagande a un impact c’est que beaucoup, dans la population, croient encore trouver leurs intérêts, un bénéfice et des privilèges sur les autre peuples à travers l’hégémonie occidentale. Mais même là, beaucoup, de plus en plus nombreux, pensent que les médias mentent et l’information alternative s’est réfugiée dans les réseaux sociaux.

    Le désarroi

    En fait l’Occident est en plein désarroi. Il s’est isolé, ou plus exactement il continue, aveugle, à s’isoler du reste du monde. Même les termes que désormais ‘il emploie, font transparaitre cet isolement. Il ne parle plus, ou bien rarement, de communauté internationale. Il ne se voit plus le monde. L’Occident est de plus en plus seul. L’Occident se réunit avec l’Occident, et il s’applaudit lui-même. La dernière tournée du président Zelensky aux parlements des États-Unis, du Royaume Uni, à Bruxelles, au parlement européen, en est l’image saisissante. On se pressait pour prendre une photo avec le président Zelensky, on applaudissait frénétiquement le toréador, le gladiateur, pendant qu’Ukrainiens et Russes s’entretuaient à Bakhmut.

    L’Occident se recroqueville de plus en plus sur lui-même, sans qu’il s’en aperçoive d’ailleurs. . Il n’associe plus d’autres pays du monde à son destin. Quand il parle de lui, il dit carrément l’Occident, et même parfois simplement l’OTAN. Il fait bien la séparation entre lui et les autres nations du monde. Il dit crument défendre ses intérêts. Il ajoute parfois, comme le font les dirigeants ukrainiens, le «monde civilisé», pour bien le distinguer «des barbares», surenchère de néophytes.

    L’Occident est inquiet

    Aujourd’hui l’Occident est inquiet. Il guette chaque jour le moindre signe de divergence ou d’éloignement entre la Chine et la Russie, ou bien de révolte dans ces pays. Il abat…des ballons météorologiques.

    On est loin de la grande époque d’un Occident confiant en lui-même, sûr de lui, de la grande époque de l’idéologie occidentale , où l’Occident se pensait le monde, où il se réclamait de la liberté, de la démocratie, du libéralisme, où il était convaincu du pouvoir des valeurs qu’il proclamait de résoudre tous les problèmes humains.

    Il a fait aujourd’hui, tomber lui-même ses propres totems. Il s’est attaqué au principe sacro-saint de la propriété privée en volant l’argent qu’avaient confié à ses banques des États souverains et en confisquant les biens de personnes pour la seule raison qu’ils sont citoyens d’un pays étranger avec lequel ils déclarent pourtant qu’ils ne sont pas belligérants. Il s’est attaqué lui-même à sa règle sacro-sainte de la «concurrence libre et loyale», la foulant cyniquement aux pieds au gré de ses intérêts. Il s’est attaqué ainsi au principe de la liberté d’expression et de la concurrence en matière d’information, en interdisant, dès le début de la guerre en Ukraine, les moyens alternatifs d’information, et notamment les medias russes, alors qu’il disposait naguère de la réputation que» lui n’agissait pas comme les États totalitaires». Il songe même à encadrer les réseaux sociaux. Il s’est attaqué au principe de la liberté des échanges commerciaux et économiques, en se donnant le droit souverain, en dehors de toute décision de droit international, de sanctionner économiquement des pays et des peuples, d’interdire ports et aéroports à leurs navires et leurs avions,. Bref, il a renié lui-même toutes les valeurs qu’il a dit vouloir répandre dans le monde, et au nom desquelles il justifiait ses interventions armées.

    Un autre des signe de déclin est que l’Occident ne produit plus de grands dirigeants. Des chefs d’État ou de gouvernement comme Joe Biden, Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Boris Johnson, Mme Liz Truss, etc. .n’ont d’évidence pas la stature d’un Xi Jining, d’un Vladimir Poutine, d’un Narendra Modi ou d’un Erdogan, quel que soit le sentiment qu’on peut avoir les concernant. En Ukraine c’est un comédien qui a été jugé le plus apte à tenir ce rôle de chef d’État.

    Les élites dirigeantes de l’Occident sont en panne d’un projet universaliste, d’une vision nouvelle de l’avenir du monde. Cette vision se trouve désormais dans le camp adverse, celle d’un monde débarrassé de toute forme d’hégémonie, d’un monde libéré de la dictature du dollar et du chantage aux sanctions économiques, un monde de nations égales en droits, où la souveraineté est la garantie du respect réciproque ainsi que de la liberté des citoyens, bref un monde ou la démocratie internationale permet l »essor de la démocratie nationale.

    Les références occidentales incessantes à la démocratie, à la liberté, aux droit de l’homme apparaissent désormais comme des slogans creux, peu crédibles, un disque rayé que le monde non occidental accueille avec un regard à la fois poli et dubitatif. Elle ne font plus recette sauf dans des minorités occidentalistes qui subsistent çà et là. L’Occident a beau choyé ces élites, en médiatiser les représentants intellectuels les plus fidèles, elle n’ont plus d’autre fonction que de le rassurer, en l’aveuglant ainsi sur les nouvelles réalités du monde.

    Un autre symptôme d’un Occident frileux, qui se ferme sur lui-même, est cette peur panique de l’émigration. On est loin de cet Occident serein qui demandait en 1975 à Helsinki la fin du «rideau de fer», l’ouverture des frontières et la libre circulation des hommes. On est loin aussi de la période où les Bush pouvaient rassembler 35 États, au nom de la démocratie, pour attaquer l’Irak.

    On vit d’évidence aujourd’hui une période de mutation historique profonde, peut être la plus grande qui soit survenu dans la période moderne. Ces périodes de mutation, de transformation sont les plus dangereuses. La fin de l’hégémonie de l’Occident ne serait que justice. Elle serait bénéfique, pour tous, y compris les peuples occidentaux dont les rapports se normaliseraient avec les autres peuples.

    Mais il ne faut pas trop se réjouir pour l’instant de cette évolution historique. L’Histoire nous a appris combien les forces en déclin sont dangereuses car elles le perçoivent comme un drame, comme leur fin. L’ humanité pourra-t-elle réussir ce tournant sans sombrer dans une confrontation mondiale? Pour le monde actuel, du moins pour les dirigeants les plus conscients, toutes les questions de la géopolitique se résument, à celle-là: Être ou ne pas être.

    (1) La nouvelle guerre de l’information ou «la vérité si je mens» par Djamel Labidi

    Source

    #Occident #Etats_Unis #Russie #Chine #Ukraine

  • La tournée africaine du président français : dépasser le verbe !

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Emmanuel Macron, Russie, Chine,

    Archange Bissue Bi-Nze
    Institut des sciences politiques Louvain-Europe

    Le 27 février dernier, lors de son discours sur la politique africaine, le président français affirma que « la France devient le bouc émissaire idéal », responsable des situations de troubles et des problèmes de gouvernance interne dans ses anciennes colonies. Il s’engagea à ne pas laisser une telle perception évoluer. De même, Emmanuel Macron soulignait qu’il ne souhaite pas participer à un défi de puissance en Afrique, « une compétition […] anachronique » selon lui. Or, en examinant sa récente tournée africaine, le masque tombe. L’établissement d’une « nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable » n’est qu’une vue de l’esprit, qui enveloppe la volonté de dynamiser les relations franco-africaines. C’est dans cette perspective qu’il faut inscrire cette deuxième tournée africaine (depuis sa réélection), effectuée du 1er au 5 mars au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville et au Congo-Kinshasa. Quels enseignements en tirer ?

    Nier la fragilisation des relations franco-africaines 

    Dans La France en Afrique. Le combat des Anciens et des Modernes, Yves Gounin avançait que « le complexe franco-africain est aujourd’hui en crise […] il se fissure à partir de 1994 ». En effet, le génocide rwandais entacha la crédibilité de la coopération franco-africaine. Les changements intervenus en France en 1997, n’ont pas considérablement impacté le comportement à géométrie variable, des implications françaises dans la politique intérieure des pays africains. Pendant les dix-sept premières années de ce siècle, nous avons observé une dégradation continue des relations entre la France et ses ex colonies. L’Élysée n’a pas considéré les sonnettes d’alarme venant d’Afrique. Les présidents qui se succédèrent agirent sans prendre en compte les signes d’essoufflements de cette coopération.

    Devenu président en 2017, Emmanuel Macron trouve les rapports franco-africains dans un état de fragilité abyssale. Par où commencer ? Difficile de le dire, le constat est alarmant. Il faut saisir et/ou créer des opportunités politiques. Le ‘‘One Forest Summit’’ à Libreville en est une. Lors de son séjour au Gabon, le président français dira : « Nous venons à Libreville pour une initiative internationale, pour la biodiversité ». La visite s’est-elle limitée à cet aspect, sachant que le Gabon est l’un des « bons élèves » de la France dans son pré carré en Afrique centrale au même titre que la République du Congo ?

    Il n’est pas prétentieux d’y voir une manœuvre de séduction politique, accompagnée de garanties du soutien français pour le régime gabonais et celui du Congo-Brazzaville, comme elle le fait au Tchad et en Côte d’Ivoire. Si la politique est devenue un spectacle dit Christian Delporte (Une histoire de la séduction politique), la séduction politique a pour but de créer un lien de « domination redoutable » à l’endroit de la personne (physique et/ou morale) séduite. Elle permet de renforcer la relation existante au bénéfice du séducteur, ici la France. Cependant, le président Macron est conscient des critiques des Africains contre son pays.

    Macron devant la notoriété perdue de la France en Afrique

    Macron a connaissance du sentiment anti-français en Afrique. Ce sentiment s’est construit au fil du temps, dû aux décisions controversées d’interventions françaises, du soutien officiel et/ou officieux de Paris dans les situations de déstabilisation internes de certains États africains, etc. De l’Afrique de l’Ouest en Afrique centrale, l’ex puissance coloniale est désavouée. La France devient un acteur dont la présence est indésirable et l’action perçue négativement. Si le Burkina Faso, le Mali, la RCA sont régulièrement cités, ils ne sont pas les seuls pays où les autorités et l’opinion publique rechignent la France.

    Lors de la visite d’Emmanuel Macron en République Démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshiseke questionna son homologue français en ces termes : « pourquoi l’ancien Ministre des Affaires étrangères français, Jacques Yves le Drian, avait pu dire que mon élection fut un compromis pour l’Afrique ? » ; « pourquoi la France ne condamne pas l’agression du Rwanda ? ». Par ces interrogations, le président congolais pointait du doigt à la France. Ce qui entraîna une accusation réciproque, dans la mesure où Macron avança que la RDC ne doit pas « chercher des coupables à l’extérieur », si elle n’a « jamais été capable de restaurer souveraineté » depuis 1994.

    On constate dans les propos de ces présidents, que l’élégance du langage diplomatique empruntant le plus souvent, l’euphémisme et la litote, disparaît peu à peu des échanges officiels. La rhétorique diplomatique se transforme en langue de bois. Dans ce langage, les acteurs choisissent les mots avec une intentionnalité précise (vexer, terrifier, etc.). Si le président français considère l’Angola comme un « partenaire stratégique », le Gabon comme un État « en situation de leadership » environnemental, le Congo-Brazzaville comme un partenaire sûr, le durcissement du langage en RDC met en exergue une perte de notoriété française en Afrique.

    À titre d’illustration, Emmanuel Macron croyant que son pays a des relations amicales avec le Maroc, Jeune Afrique dans sa publication du 1er mars, laissait entendre que « les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée ». L’image avantageuse de la France dans ses rapports avec les pays africains s’est effritée, il est temps de la retrouver et de mobiliser l’ensemble des forces pour y parvenir.

    Le défi macronien face à la présence russe

    La période 2010-2021 fut considérée comme « le temps de la reconquête » par Thomas Borrel et al. dans L’empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique. Si l’on évoque la reconquête, c’est qu’il eut soit une stagnation des relations franco-africaines, soit une perte d’influence française en Afrique. Dans la présentation de sa politique africaine, Macron fait ressortir insidieusement, le défi que représente la Russie qui voudrait pousser la France dans une compétition de puissance. Elle y est arrivée, les faits le montrent. D’où une volonté de reconquête française qui résulte de la notoriété russe montante en Afrique. Le relatif désengagement français n’a pas été une perspective bénéfique pour la France. Aujourd’hui, elle en paie les frais.

    C’est pourquoi, pour dynamiser son engagement et sa présence en Afrique, la France estime que tous les pays africains et tous les secteurs d’activités sont essentiels. En Angola, outre le partenariat économique, Macron permit à la société française Airbus de signer un contrat, afin d’aider ce pays à se doter de son premier satellite. En outre, il souhaite que la France et le Congo-Brazzaville s’engagent sur les questions « mémorielles, historiques et culturelles ». Mesurant l’influence de l’univers musical en RDC, Macron et Fally Ipupa ont partagé un verre dans un bistrot de Kinshasa. La reconquête passe aussi par la séduction des cœurs par personne interposée, mieux en se servant des Africains ayant une influence sur les populations, le cas des artistes.

    Somme toute, la tournée africaine du président français a semblé inopportune et fut mal reçue dans l’opinion publique des quatre pays visités. Il est trop tôt pour croire à un partenariat nouveau France-Afrique. La position de l’Élysée est attendue face aux changements constitutionnels, qui auraient lieu cette année dans certains États africains. Seuls les faits comptent et non les discours.

    Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.

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  • La trêve Iran-Arabie et la position des USA sur la scène mondiale

    Tags : Arabie Saoudite, Iran, Chine, Etats-Unis, Russie, Yémen, Liban, Syrie, Israël,

    Alors que la Chine remporte un tour de victoire en négociant un accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite, certains craignent que l’influence de Washington sur la scène mondiale ne diminue.

    Alors que certains dirigeants mondiaux saluaient le rétablissement des liens entre les ennemis de longue date, l’Iran et l’Arabie saoudite , Washington craignait de plus en plus que l’accord ne contribue à mettre fin à la prééminence des États-Unis dans la région et au-delà .

    Le plus haut diplomate chinois, Wang Yi, l’a qualifié de « victoire du dialogue » et le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a célébré l’annonce, exprimant sa gratitude à la Chine pour avoir négocié l’accord. Les États-Unis, quant à eux, ont déclaré par l’intermédiaire d’un porte-parole du Conseil de sécurité nationale que l’accord réussi de la Chine semblait refléter l’échec des négociations que la Maison Blanche a poursuivies avec les deux pays en 2021.

    Aaron David Miller, qui a été conseiller politique pour le Moyen-Orient au Département d’État pendant 25 ans, a déclaré qu’il était « vraiment étonnant » que les Saoudiens aient conclu un accord avec les Chinois et les Iraniens.

    « Je pense que cela démontre que l’influence et la crédibilité des États-Unis dans cette région ont diminué et qu’il y a une nouvelle sorte d’alignement régional international en cours, qui a renforcé et donné à la fois à la Russie et à la Chine une influence et un statut retrouvés », a déclaré Miller, qui est maintenant chercheur principal au Carnegie Endowment for International Peace.

    Téhéran fait face à des critiques internationales pour avoir fourni des armes à la Russie pour l’aider à envahir l’Ukraine, poursuivre ses efforts pour enrichir de l’uranium qui pourrait lui permettre de développer une arme nucléaire , punir son peuple pour avoir participé à des manifestations anti-gouvernementales et pour avoir aggravé les tensions avec Israël . Ce sont tous des éléments que les États-Unis ont élevés sur la scène mondiale comme une mise en accusation du gouvernement iranien.

    L’accord a été annoncé des mois après que le président Joe Biden s’est rendu en Arabie saoudite , quelques semaines seulement avant les élections américaines de mi-mandat, pour demander qu’il aide à maintenir les prix du gaz bas. Au lieu de cela, Riyad a conclu un accord séparé avec la Russie et d’autres États producteurs de pétrole pour réduire la production . L’administration Biden y a vu un coup de poignard dans le dos et a promis que les Saoudiens subiraient des « conséquences « .

    Mais il semble que les Saoudiens se sentent vulnérables, a déclaré Miller. « Lorsque vous dépendez d’une grande puissance, vous cherchez à vous aligner sur une autre pour conclure des accords avec vos adversaires », a-t-il noté.

    Le « tour de la victoire » de la Chine
    Alors que certains analystes politiques et anciens responsables ont déclaré que l’accord négocié par la Chine semblait indiquer un rôle de plus en plus réduit pour les États-Unis sur la scène mondiale, d’autres ont déclaré que Washington n’avait jamais eu la possibilité de négocier un tel accord car il n’avait aucun moyen de dialogue avec l’Iran. Les États-Unis n’ont aucune relation avec Téhéran , l’écartant des négociations et des pourparlers.

    La Chine fera sans aucun doute un «tour de victoire», au grand dam des États-Unis, a déclaré Jonathan Lord, directeur du programme de sécurité du Moyen-Orient du Center for New American Security, malgré le fait que les Saoudiens et les Iraniens aient voulu faire un traiter pendant un certain temps.

    « La Chine va clairement claironner son rôle sur la scène internationale en tant qu’arbitre et négociateur entre les nations », a-t-il déclaré, « mais il était très clair qu’il y avait à la fois l’intention et les efforts des Iraniens et des Saoudiens pendant des années pour en arriver là ». lieu. »

    Que la Chine ait conclu cet accord n’est pas nécessairement une menace pour les États-Unis, a déclaré Thomas Countryman, qui a été secrétaire d’État adjoint à la sécurité internationale et à la non-prolifération sous l’administration Obama. Parce que la Chine a des liens économiques et diplomatiques avec Riyad et Téhéran, il serait logique qu’ils puissent s’entendre avec les deux nations.

    « Ce qui me préoccupe, c’est que dans le climat actuel à Washington, tout ce que fera la Chine sera considéré comme un signe d’intention perfide et une démonstration que la Chine cherche à dominer le monde », a déclaré Countryman. « Le fait est que seul quelqu’un comme la Chine aurait pu négocier ce rapprochement. »

    Bien qu’elle jouisse certainement de l’estime internationale, Pékin sert également ses intérêts nationaux.

    La Chine profitera probablement de cette opportunité pour renforcer sa sécurité énergétique grâce à une relation renforcée avec les deux pays producteurs de pétrole. Pékin dépend de l’Iran et de l’Arabie saoudite pour le pétrole, tandis que les États-Unis et l’Europe ont décidé de trouver des assurances énergétiques ailleurs, a déclaré Brian Katulis, vice-président de la politique au Middle East Institute.

    « Ce n’est pas seulement du symbolisme », a-t-il déclaré. « Il est très important pour (la Chine) d’avoir accès à ces ressources énergétiques. »

    Une paix pour construire la défense
    L’Iran et l’Arabie saoudite ont également beaucoup à gagner. Les deux rivaux de longue date au Moyen-Orient ont mené une guerre par procuration au Yémen par le biais des rebelles houthis liés à l’Iran et du gouvernement aligné sur l’Arabie saoudite qui a également reçu le soutien du gouvernement américain. Les mandataires des deux pays sont en désaccord ailleurs dans la région, notamment au Liban et en Irak.

    L’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite pourraient connaître moins de tensions grâce à l’accord, ont déclaré des experts. Beaucoup espéraient que cela réduirait la violence au Yémen et conduirait à moins de querelles entre les deux pays.

    Sans aucun doute, les Saoudiens voient l’accord comme un moyen d’essayer de réduire la capacité de l’Iran à le menacer, ou « au moins de limiter certaines des incitations iraniennes à créer des troubles », a déclaré Dennis Ross, un ancien émissaire au Moyen-Orient qui a travaillé pour les deux républicains. et les administrations démocratiques.

    Ross a déclaré qu’il ne pensait pas que l’accord changeait quoi que ce soit en termes de relation fondamentale entre les deux pays. Une restauration des relations diplomatiques entre les deux nations « reflète un intérêt mutuel, mais c’est dans une relation de profonde méfiance », a-t-il dit.

    Bien qu’il y aura probablement moins de conflits, les deux pays devraient également utiliser la désescalade des tensions pour renforcer leurs propres défenses. Lord a déclaré que l’Arabie saoudite avait travaillé assidûment pour renforcer sa capacité militaire à se défendre contre les types d’attaques dont l’Iran est capable. Dans son dialogue en cours avec les États-Unis sur la normalisation des relations avec Israël et d’autres questions, Riyad a même suscité des attentes pour renforcer ses capacités nucléaires afin de refléter celles de l’Iran.

    Mais avoir un accord avec l’Iran pourrait peut-être donner à Riyad une couverture pour poursuivre les efforts américains de normalisation des relations entre les Saoudiens et Israël sans encourir « une réponse physique » de l’Iran.

    « Je pense que cela réduit peut-être un peu le risque, et leur donne un peu plus de latitude pour explorer, tranquillement, de plus grandes opportunités avec Israël (les États-Unis et d’autres partenaires régionaux) », a déclaré Lord.

    Bien qu’il soit peut-être utile à la position des Saoudiens, il est peu probable qu’Israël soit très heureux. L’Iran a longtemps été considéré comme un ennemi particulièrement fidèle d’Israël et a travaillé dur pour normaliser les relations avec les royaumes arabes du Golfe, notamment par le biais des accords d’Abraham de 2020.

    Naftali Bennett, l’ancien Premier ministre israélien, a critiqué l’accord saoudo-iranien et en a imputé la responsabilité au gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il a dit qu’il s’agissait d’un « développement dangereux » pour Israël, alors que le pays cherche à construire un rempart contre l’Iran.

    « C’est un coup fatal aux efforts visant à construire une coalition régionale contre l’Iran », a-t-il déclaré.

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