Étiquette : Chine

  • Congo: la population partagée par la visite de Macron

    Tags : Congo, Brazzaville, France, Emmanuel Macron, Françafrique, Russie, Chine, Wagner,

    Brazzaville, la capitale congolaise, va constituer la quatrième et avant dernière étape de la visite du président français Emmanuel Macron en Afrique. Ce vendredi 3 mars, quelques heures seront consacrées à des entretiens en tête-à-tête avec Denis Sassou-Nguesso et il doit aussi rencontrer la communauté française installée au Congo. Son très bref séjour d’une durée de cinq heures divise la population.

    Avec notre correspondant à Brazzaville, Loïcia Martial

    Franck Charlin Aubin Tchibinda est un défenseur des droits de l’homme. Dans une tenue impeccable, il sort de son bureau où il vient de publier une déclaration avec ses collègues sur la visite du président Macron. Visiblement, il est mécontent : « Ca nous intrigue parce que la société civile n’aura pas l’occasion de discuter avec lui. On aurait bien souhaité qu’il dispose un peu de son précieux temps pour qu’il discute avec la société civile, parce que nous avons beaucoup de choses sur la table », regrette-t-il.

    « Je n’attends rien de lui »

    Le nez plongé dans son ordinateur Roch Mitho, un citoyen brazzavillois rumine sa colère : « Il passe la nuit ailleurs et une fois au Congo c’est pour quelques heures, il aurait dû passer sans même atterrir par l’aéroport de Brazzaville. Franchement, je suis déçu et je n’attends rien de lui », lâche-t-il.

    A quelques pas du ministère des finances, Alain Amboulou, enseignant, marche rapidement. Pour lui la venue d’Emmanuel Macron est un grand événement : « C’est une bonne chose, vu le contexte actuel : la Russie prend de l’influence sur Afrique. La France doit aussi prendre sa place parce que nous avons quand même une histoire commune. Pour moi la venue du président Macron est une bonne chose. Nous l’attendons à bras ouverts », affirme-t-il.

    La dernière visite remonte à 2009

    La dernière visite d’un chef d’État français au Congo remonte à 2009. Le président Nicolas Sarkozy était venu signer une série d’accords, dont la concession du port de Pointe-Noire à Vincent Bolloré.

    Source

    #France #Macron #Congo #Françafrique

  • Macron entame sa délicate « tournée » pour ne pas « perdre l’Afrique »

    Tags : France, Emmanuel Macron, Russie, Wagner, Chine, Françafrique,

    Influence russe en Afrique : Emmanuel Macron entame sa délicate « tournée » pour ne pas « perdre l’Afrique »

    « Cet âge de la Françafrique est bien révolu. » Voilà la phrase à retenir du premier discours d’Emmanuel Macron en Afrique.

    Emmanuel Macron participe, aujourd’hui, à Libreville avec plusieurs chefs d’Etats d’Afrique centrale à un sommet consacré à la protection des forêts tropicales. Mais tout le monde s’attendait à ce qu’il parle « politique ».

    « J’ai parfois le sentiment que les mentalités n’évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j’entends, je vois qu’on prête encore à la France des intentions qu’elle n’a pas, quelle n’a plus », a-t-il dit devant la communauté française au Gabon.

    « On semble encore aussi attendre d’elle des positionnements qu’elle se refuse à prendre et je l’assume totalement. Au Gabon comme ailleurs, la France est un interlocuteur neutre qui parle à tout le monde et dont le rôle n’est pas d’interférer dans des échanges politique intérieure », a-t-il martelé.

    18ème déplacement d’Emmanuel Macron en Afrique
    Une visite au Gabon. Le point de départ d’une tournée de quatre jours dans la région. La capitale gabonaise est la première étape d’un périple qui conduira ensuite le chef de l’État français en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo.

    Il effectue son dix-huitième déplacement en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017. Il s’y rend surtout deux jours après avoir exposé depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre années à venir.

    Une tournée diplomatique cruciale en Afrique centrale alors que l’influence française ne cesse de reculer sur le continent. « Je crois qu’Emmanuel Macron a compris deux choses, » explique Pierre Mathiot, directeur de SciencesPo Lille. « D’une part, il a compris qu’il était extrêmement important pour la France, et donc pour l’Europe, de ne pas » perdre l’Afrique « pour des raisons géopolitiques et économiques, notamment l’accès aux minerais rares qui sont très importants. De l’autre, il a compris que pour ne pas « perdre l’Afrique », il fallait adopter une attitude différente de l’attitude traditionnelle qui a tendance à considérer que l’Afrique est un pré carré sur laquelle la France aurait une forme de  » droit « lié à l’époque coloniale. ». Il poursuit : « On a pu voir qu’Emmanuel Macron a changé la méthode. En début de semaine, il a fait un discours, depuis Paris, bien différent de ce que l’on a pu connaitre de l’époque « post-gaulliste » qui a perduré jusqu’à Nicolas Sarkozy. »

    Dans son discours, Emmanuel Macron a prôné « l’humilité » et encouragé un nouveau partenariat « équilibré » et « responsable » avec les pays africains. Pour Pierre Mathiot, « le Président sait qu’il marche sur des œufs. »

    Influence décroissante

    Car depuis plusieurs années, l’influence de la France, et de l’Europe, est décroissante en Afrique. Lors de sa « tournée africaine », le Président français va rencontrer d’autres chefs d’Etats dont Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Faustin Archange Touadéra (Centrafrique), Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad) ou encore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale) qui feront aussi le déplacement.

    Depuis 2022, l’armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les juntes au pouvoir dans ces deux pays. Le Burkina vient aussi de dénoncer un « accord d’assistance militaire » signé en 1961 avec la France, au lendemain de l’indépendance du pays.

    La Russie et le groupe Wagner

    Forte des mercenaires du groupe Wagner et de campagnes de désinformation qui alimentent le sentiment antifrançais, la Russie dame de plus en plus le pion à Paris dans cette sphère d’influence française historique. Une présence qui inquiète la France. « Pour le moment, mais je pense que ce n’est qu’à court terme, le succès russe en Afrique est énorme », explique Patrick Verhaagen, professeur à l’ULB et spécialiste de l’Afrique. « La Russie est parvenue à mettre la France hors de son pré carré. Ils ont dû plier bagage au Mali et au Burkina Faso. A l’inverse, la Russie occupe le terrain au nom de la coopération militaire et en sous-main via la société privée de mercenaires de Wagner. C’est le plus grand succès politique. Qui aurait pu imaginer, il y a 5 ans encore, que l’armée française doive plier bagage d’Afrique face à la diplomatie russe et face au bras armé russe ? Personne. »

    Pour le directeur de SciencesPo Lille : « L’influence russe dans sur le continent ne date pas d’hier. Cela a commencé il y a déjà quelques années avec la République Centrafricaine où le groupe Wagner est présent depuis déjà plusieurs années. Donc, je pense que la France est inquiète. » Mais il insiste sur le fait que plusieurs dirigeants ont parfois la mémoire courte : « Les forces françaises ont quitté le Mali. Mais il ne faut quand même pas oublier que c’est l’intervention française qui a permis d’éviter que le pays ne soit conquis par les Islamistes. On l’a parfois un peu oublié. » Il rajoute : « On voit bien, au Mali par exemple, que le départ des Français, remplacé par le groupe russe Wagner, n’a aucun effet sur sa capacité à empêcher les attaques et les Islamistes de progresser. Au Burkina Faso, il y a encore eu 80 soldats qui sont morts. »

    Sergueï Lavrov et ses nombreux déplacements en Russie

    Ces derniers mois, la Russie tente nombre d’approche de pays africains. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a multiplié les visites et les déplacements sur le continent africain. Début de ce mois, il a même promis son aide « à la région sahélo-saharienne et même aux pays riverains du Golfe de Guinée ». Sergueï Lavrov a vanté la nouvelle alliance entre le Mali et la Russie contre le djihadisme qui ensanglante la région, lors d’une visite à Bamako présentée par les deux parties comme une première « historique » de la part d’un chef de la diplomatie russe.

    En juillet 2022, déjà, la visite du ministre russe des affaires étrangères, Sergeï Lavrov, en Égypte, en République du Congo, en Ouganda et en Éthiopie avait pour but de montrer que Moscou avait encore des amis sur la scène mondiale.

    Le récit et le discours russes

    Drapeaux russes, présence militaire, la Russie a aussi aidé certains pays en livrant des tonnes de céréales ces derniers mois. Cela participe, aussi, à rejeter la présence européenne pour mieux embrasser celle de la Russie. « Rien ne plaide pour l’Europe. Quand on voit le non-succès des opérations militaires françaises et qu’on a entre 14 et 18 ans, c’est logique qu’on puisse être tenté par autre chose. C’est difficile de contrer cette propagande russe », explique Patrick Verhaagen, professeur à l’ULB. Il rajoute : « Alors que l’Europe donne plusieurs milliards d’euros d’aides publiques chaque année, les résultats ne sont pas là. Les conditions d’existence de la population en se sont pas améliorées en 60 ans. Et sur le plan militaire, la situation empire. Il est donc très compliqué pour l’Europe d’obtenir des résultats. La seule réponse doit être diplomatique avec des chefs d’Etat au courant de cette situation. Mais certains pays, parfois poussés par le peuple, sont tentés d’ouvrir les bras à d’éventuels sauveurs. »

    Pour Pierre Mathiot, « Je pense qu’Emmanuel Macron va tenir un discours en indiquant que la France, en tant qu’ancienne puissance coloniale, n’est peut-être pas tout à fait irréprochable. Mais il avertira sur les dangers russes en expliquant qu’ils sont en train de capter toutes les ressources minières en Centrafrique. Donc, il a tout intérêt à expliquer que sous le prétexte de se débarrasser des Européens qui ont été colonialistes, sous le prétexte de les aider à s’échapper de la chappe de plomb post-coloniale, les Russes sont en train de reconstituer une stratégie colonialiste. Ça, c’est la stratégie du Président français. Après, elle sera appréciée en fonction de la situation politique et géopolitique des pays qu’il sera amené à visiter. »

    L’Europe a quelques « armes » en main

    Pourtant, tout n’est pas perdu pour l’Europe. « D’un point de vue géopolitique, c’est un coup de semonce. Personne au sein du groupe européen n’aurait pu s’imaginer un tel scénario. Il faut maintenant rester réaliste. L’Europe a d’autres armes, comme les échanges commerciaux et les aides publiques au développement », argumente Patrick Verhaagen, spécialiste de l’Afrique. « Les échanges commerciaux entre la Russie et l’ensemble du continent africain, c’est un peu moins de 15 milliards d’euros. Ceux entre l’Union européenne et les pays africains sont de 300 milliards d’euros. C’est vingt fois plus. Sans compter l’aide publique au développement de plusieurs milliards d’euros. Ces échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique se font au préjudice de l’Afrique. C’est-à-dire que ces 15 milliards d’euros sont quasi totalement des importations africaines de la Russie notamment de blé, de carburant et de charbon. Par contre, c’est la moitié pour l’Europe. C’est une donnée dont tout le monde est conscient. Et c’est donc un levier important face à la Russie. »

    Emmanuel Macron conclura sa tournée en République démocratique du Congo (RDC), ex-colonie belge mais aussi plus grand pays francophone du monde, où le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, se prépare à une échéance électorale cette année.

    Cette étape peut également s’avérer délicate alors que la France est accusée en RDC de soutenir le Rwanda plutôt que Kinshasa, confronté à une rébellion dans l’est du pays.

    Source

    #France #Afrique #Macron #Russie #Wagner #Chine #Françafrique

  • France : L’Etat ferme les yeux sur le trafic de bois

    Tags : France, trafic de bois, fôrets, Office national des forêts, ONF, Chine,

    Trafic de bois : l’Etat ferme les yeux sur le pillage des forêts publiques françaises

    Le bois de chêne, coupé puis vendu par l’Office national des forêts (ONF), est au cœur d’un vaste commerce illégal entre la France et la Chine. Disclose dévoile comment des traders asiatiques et des scieries françaises profitent du manque de contrôle de l’administration pour contourner l’interdiction d’exporter le bois brut hors de l’Union européenne.

    Un SUV blanc rutilant dévie de la route, s’engage sur un chemin boueux. « C’est eux », glisse Étienne*, propriétaire d’une scierie de chênes nichée près de la frontière belge, aux confins des Ardennes. Deux hommes descendent de la voiture et se dirigent vers les dizaines de troncs empilés les uns sur les autres sur une trentaine de mètres. Des chênes qui, pour certains, ont été coupés dans les forêts publiques françaises.

    Les deux hommes, d’origine chinoise, sont des négociants en bois. Des traders chargés de fournir des hommes d’affaires chinois en chênes achetés auprès de grossistes français souhaitant vendre leur marchandise au plus offrant. Smartphone en main, ils photographient les grumes, les troncs bruts, sous tous les angles. « Dans cinq minutes, ces photos sont chez quatre sociétés chinoises à Shanghaï. Si l’on a un feu vert, ça peut partir en containers dans deux semaines », détaille Étienne, un brin admiratif. Pour lui, l’enjeu est de taille. « J’ai ici l’équivalent de dix containers de chênes, soit 250 m3, explique-t-il. Si je les transforme sur place, cela fait une perte de 40 000 euros pour l’entreprise. S’ils partent en Chine, cela fait un gain de 15 000 euros. » Les trois hommes s’éloignent pour régler les derniers détails. En toute discrétion. Et pour cause : la transaction est illégale.

    Disclose a enquêté sur le trafic de chênes entre la Chine et la France, troisième producteur mondial de cette essence qui couvre 41% de la surface forestière du pays. De Paris, aux Ardennes en passant par la Haute-Marne ou la Meurthe-et-Moselle, nous avons découvert un vaste réseau de blanchiment du précieux feuillu impliquant des traders chinois, des revendeurs français et une myriade de sociétés écrans. Le tout, dans l’indifférence de l’Etat et l’absence quasi-totale de contrôle des douanes.

    PILLAGE ORGANISÉ

    Pour comprendre l’origine de cette opération de pillage organisé au détriment d’une exploitation raisonnée des forêts et de la défense de l’industrie française du bois, il faut remonter à l’année 2015. A l’époque, afin de protéger les chênes issus du domaine public de toute exportation sauvage, l’Etat créé un label baptisé « Transformation UE ». Pour l’obtenir, les exploitants forestiers doivent « transformer ou s’assurer de la transformation » des chênes en France, ou dans un pays membre de l’Union européenne. En échange de quoi, elles disposent d’un accès « prioritaire » aux ventes de l’Office national des forêts (ONF), l’établissement public chargé de la gestion des forêts, qui commercialise 50 % des chênes mis sur le marché par an dans le pays — plus de deux millions de mètres cubes ont été récoltés en 2021. Mais très vite, le détournement se met en place.

    « Quand j’ai participé à ma première vente réglementée de l’ONF, en 2016, une société a raflé 80 % de la vente, se souvient Étienne, le scieur ardennais. C’était un scieur qui venait de créer une nouvelle société pour continuer à vendre en Asie parce que les marges sont bien supérieures. J’ai découvert à ce moment-là que certains dopaient leurs ventes en créant des sociétés écrans ». L’entrepreneur ne tarde pas à prendre le pli afin de tromper, lui aussi, les autorités françaises en dissimulant ses exportations illégales, et bien plus lucratives, vers la Chine.

    TROMPERIE

    Pour échapper aux contrôles, il créé deux sociétés. La première est une société écran officiellement engagée dans la transformation du bois dans l’UE — elle a donc obtenu l’agrément pour acheter des chênes publics à l’ONF. La seconde est spécialisée dans le négoce avec l’Asie. La tromperie est simple : avec sa première entreprise, Étienne achète des chênes protégés par le label UE avant d’en mélanger une partie avec des chênes issus du marché privé puis de les revendre avec sa seconde entreprise. De cette manière, les comptes de sa société labellisée ne font état d’aucune transaction hors de l’Union européenne. Factures à l’appui, le négociant explique avoir expédié des centaines de mètres cubes de chênes protégés vers la Chine, sans jamais être inquiété. Il explique : « Le cabinet d’audit mandaté par l’APECF [l’association chargée de délivrer le label autorisant l’achat de chênes publics] me demande chaque année de lui envoyer un tableau récapitulatif des factures de ma première société, mais il ne vérifie pas les stocks ».

    Interrogée, l’APECF assure que « 100% des entreprises [labellisées] sont contrôlées tous les ans par contrôle documentaire (documents comptables) », à quoi s’ajouterait « 10 à 20 investigations complémentaires sur site tous les ans ». Des procédures qui ne suffisent toutefois pas à décourager les fraudeurs, comme en témoignent les propres chiffres de l’association : les radiations d’entreprises labellisées pour « faute constatée » ou « refus de contrôle » ont été multipliées par plus de 9 entre 2016 et 2022.

    « Deux à trois fois par mois, pendant les ventes de chênes labellisés, on voit des containers dans les forêts ».

    LUDIVINE MÉNÉTRIER, AGENTE DE L’ONF

    Rares sont ceux qui se font pincer. Comme ce fut le cas de Romain N., un exploitant forestier de Meurthe-et-Moselle. Entre septembre 2019 et janvier 2022, ce dernier a acheté 1 500 m3 de chênes bruts provenant de forêts publiques pour plus de 100 000 €, d’après les données de vente de l’ONF que nous nous sommes procurées. Certains de ces troncs étaient ensuite expédiés en Chine. « On l’a pris en flagrant délit en train de charger plusieurs dizaines de mètres cubes de chênes labellisés », confirme un cadre de l’ONF, sous couvert d’anonymat. Romain N. a écopé d’une simple suspension des ventes de l’ONF. Sollicité à plusieurs reprises par Disclose pour réagir à ces accusations, l’exploitant n’a pas donné suite.

    Combien sont-ils, comme Étienne ou Romain N., à envoyer illégalement des chênes protégés vers la Chine ? En 2020, sur les 271 entreprises autorisées à acheter des troncs vendus par l’ONF, 21 ont été suspendues, selon un cadre de l’établissement, qui a demandé à garder l’anonymat. En réalité, le trafic serait bien plus massif, comme semble le confirmer Ludivine Ménétrier, une agente de l’ONF qui officie dans le département forestier de la Haute-Marne. « Deux à trois fois par mois, pendant les ventes de chênes labellisés, on voit des containers dans les forêts », admet celle qui se dit incapable de contrôler toutes les transactions, faute de personnel et de moyens. Pourtant, selon Ludivine Ménétrier et d’autres agents de l’ONF interrogés, les containers sont quasiment tous destinés au marché chinois.

    Les premiers traders asiatiques sont arrivés sur le marché du bois français à la faveur des tempêtes de 1999. A l’époque, les rafales font tomber des millions d’arbres qu’il fallait vendre rapidement, mais les débouchés locaux manquent. Pour beaucoup d’exploitants forestiers, la Chine offrait une issue idéale. Depuis, le phénomène s’est dangereusement amplifié, poussé notamment par la décision du gouvernement chinois, en 2017, d’arrêter l’exploitation intensive et l’abattage commercial de ses forêts naturelles. Mais aussi par l’annonce récente de la Russie, deuxième producteur de chênes au monde, de cesser les exportations dans le pays. Moins regardante et moins protectrice de ses ressources forestières, la France est donc devenue un producteur de premier choix. D’après les dernières données douanières, près de 294 000 m3 de chênes bruts ont été exportés vers le géant asiatique en 2022, faisant du pays le principal destinataire de ce marché qui concerne les forêts privées, mais aussi, donc, le domaine public.

    L’ONF ÉCOULE DES CHÊNES HORS LABEL

    Le pillage des forêts publiques n’est pas le seul fait de scieurs peu scrupuleux. D’après notre enquête, l’ONF écoule lui-même des milliers de mètres cubes de chênes sans les avoir labellisés. En analysant les comptes rendus des ventes en ligne de l’établissement public entre septembre 2019 et janvier 2022, soit plusieurs dizaines de milliers de transactions impliquant plus de 1 200 sociétés (scieries, négociants, exploitants, transporteurs), Disclose a en effet découvert que des lots dont l’essence dominante est le chêne ont été vendus sans le label UE. En clair, ces dernières années, l’ONF a vendu des centaines de milliers de mètres cubes de chênes sans qu’ils ne soient protégés contre l’exportation directe vers la Chine. Sollicité, l’établissement public, par l’intermédiaire d’Aymeric Albert, directeur commercial bois, confirme la vente de chênes publics sans label. Il avance le chiffre de 16 % du volume total des troncs mis aux enchères. Un volume qui proviendrait « majoritairement des articles restés invendus lors de leur première présentation en vente et des peuplements où le chêne est très minoritaire », justifie l’ONF. Interrogé à son tour sur cette fuite de bois protégé, le ministère de l’agriculture n’a pas réagi.

    Pourquoi l’ONF ne protège pas tous ses chênes ? Pour Aymeric Albert, la faute reviendrait aux maires des communes rurales propriétaires de forêts et parfois peu enclins à trier les différentes essences de bois qu’ils vendent : « Nous portons la politique [de labellisation des chênes] mais après ce sont eux qui décident. » Dont acte. Il omet néanmoins de mentionner que la mise en vente des lots mélangés prend beaucoup moins de temps. Et coûte nettement moins cher.

    ——————————————

    Infiltration au cœur du trafic illégal de bois entre la France et la Chine

    Pour assouvir l’appétit de la Chine en chêne français, des négociants asiatiques ont mis en place un système de blanchiment du bois reposant sur une myriade de sociétés écrans et la complicité de revendeurs peu scrupuleux, comme le révèle une infiltration de Disclose au cœur d’un réseau de trafiquants franco-chinois.

    « Contactez-moi si vous avez du bois à charger en containers ». Des messages comme celui-ci fleurissent depuis plusieurs années sur le réseau social Facebook. À la manœuvre, des dizaines de traders chinois à la recherche de plusieurs essences de bois, dont l’or vert : le chêne français.

    Le précieux feuillu, qui représente plus de 40 % des essences forestières du pays, est devenu une ressource très convoitée par l’industrie du bois chinoise. Des centaines de milliers de mètres cubes de chênes quittent ainsi le territoire français chaque année en direction des ports de Qingdao ou de Shanghaï. Pour faire face à cet appétit vorace, le gouvernement français a mis en place un label baptisé « Transformation UE ». Celui-ci interdit que les chênes issus des forêts publiques du pays soient exportés hors de l’Union européenne sans avoir été préalablement transformés – plus de 80 % des chênes vendus par l’Office national des forêts (ONF) sont protégés.

    INFILTRATION

    Pour contourner le label et mettre la main sur les troncs vendus par l’établissement public, des traders chinois ont mis en place un vaste système de blanchiment du bois, avec le concours de revendeurs français peu scrupuleux. Afin d’infiltrer ce réseau de trafiquant, nous nous sommes fait passer pour un négociant en bois de l’est de la France, prêt à vendre des chênes labellisés « Transformation UE ». Il nous a suffi de créer un faux profil Facebook et de contacter des traders revendiqués en leur demandant s’ils étaient intéressés par du chêne français.

    En l’espace de trois mois, une vingtaine d’intermédiaires asiatiques sont entrés en discussion avec nous. Certains d’entre eux souhaitent acheter rapidement des troncs. Avec, à chaque fois, une astuce clé en main pour blanchir l’origine du bois pourtant labellisé par l’ONF, et donc interdit à l’exportation vers la Chine avant transformation.

    L’un d’entre eux, qui se fait appeler Alan, propose de contourner le label UE en vendant nos chênes à une entreprise de transport lituanienne avec laquelle il travaille. « Elle fait le contrat avec vous, ensuite ils envoient vos grumes en Chine depuis un port français », explique-t-il. Aucun risque d’être confondu par les autorités, promet notre interlocuteur : « L’expéditeur sur la facture sera l’entreprise lituanienne ».

    Le risque est d’autant plus faible que les douanes françaises sont à la peine. « Les effectifs étant insuffisants en douane, la politique des contrôles de notre administration est quasiment réservée à l’importation des marchandises », regrette un responsable régional des douanes du Havre, joint par Disclose. En l’absence de contrôle, le bois se retrouvera donc quelques semaines plus tard en Chine.

    UNE SCIERIE EN BOSNIE

    Un autre intermédiaire, Anna, propose une voie différente. Basée en Serbie, celle qui se présente comme une « acheteuse à son compte de chênes, d’épicéas, de tilleuls et de hêtres » propose de brouiller les pistes en transformant notre marchandise depuis des scieries basées en Bosnie et en Serbie, deux pays candidats mais non-membres de l’Union européenne. « Nous produirons des planches là-bas puis nous les exporterons en Chine », détaille la tradeuse. Elle l’assure : une fois vendus à sa société, les chênes ne seront plus traçables par les autorités françaises, alors même que la transformation du bois aura lieu hors du territoire de l’UE, ce que le label interdit.

    Un courtier résidant à proximité du port de Shanghaï propose de voir avec « un ami en Belgique » pour que celui-ci établisse un contrat entre son entreprise et nous. Une façon de brouiller les pistes, car, après vérification, l’ami belge n’est autre qu’un négociant spécialisé dans l’export de bois vers la Chine, le Vietnam et l’Inde.

    LE BUSINESS DES SOCIÉTÉS ÉCRANS

    Parfois, les traders recourent à des sociétés écrans domiciliées en France. C’est le cas de Warren, un intermédiaire d’origine chinoise opérant depuis Paris, qui nous propose de vendre nos chênes labellisés à une société française immatriculée dans la capitale, dans le 14e arrondissement. L’entreprise, spécialisée dans « la transformation du bois », selon ses statuts, a été créée en octobre 2021 par une certaine Yi D., une citoyenne chinoise résidant en région parisienne, avant d’être reprise par Peng Y., un Chinois de Qingdao, l’un des principaux ports chinois impliqués dans l’import de bois.

    Après vérification, la société n’a pas de locaux à Paris, mais une simple boîte aux lettres créée par une agence de domiciliation d’entreprises qui propose, à partir de 10 euros par mois, d’installer le siège social d’une société « sur un site autre que de lieu de travail ou de résidence » du propriétaire. Le but, donc, maquiller l’origine de l’acheteur afin d’expédier la précieuse matière première directement vers la Chine. Un système illégal et bien huilé. « La demande d’import vers la Chine est très forte, n’ayez pas d’inquiétude par rapport au label », souligne le trader.

    ITINÉRAIRE D’UNE CARGAISON ILLÉGALE DE CHÊNES

    Désormais, les traders ne sont plus les seuls sur le coup. Avec l’explosion des prix et la baisse des ressources disponibles, des sociétés chinoises ont commencé à investir le marché via des filiales opaques. Objectif : écarter les courtiers en achetant directement aux scieries et aux exploitants français du bois public.

    Une entreprise dirigée par des Chinois, et établie en France, a attiré l’attention de Disclose. En 2021, cette société basée dans la Marne a réalisé l’intégralité de son chiffre d’affaires à l’export. D’après nos informations, elle exporte des containers remplis de chênes bruts issus de forêts publiques protégées. Comme ce fut le cas en février 2022. Dans une vidéo tournée clandestinement dans une scierie de l’est de la France et que Disclose s’est procurée, on peut ainsi voir des troncs issus de ventes de l’ONF chargés dans des containers installés sur des camions immatriculés en Belgique et en Bulgarie. Pour déjouer les contrôles, les plaques fixées sur les troncs par les agents de l’établissement ont été retirées.

    En traquant les containers, nous avons découvert qu’ils ont été embarqués au port d’Anvers, le 10 mars 2022, sur un cargo de la compagnie Cosco Shipping, battant pavillon hongkongais. Les troncs ont ensuite parcouru 25 600 kilomètres en passant par le canal de Suez pour atteindre, quatre semaines plus tard, le port de Shanghaï, sur les côtes chinoises. Ni vu ni connu.

    Source

    #Trafic_de_bois #Forets #Pillage #Disclose

  • Gabon: Macron suspecté de vouloir soutenir le régime de Bongo

    Tags : France, Afrique, Emmanuel Macron, Gabon, Congo, Angola, Mali, Burkina Faso, Russie, Chine, Wagner,

    Afrique : Macron en tournée pour contrer l’expansion russe

    L’objectif du voyage du président est de réaffirmer la présence française dans une zone déjà influencée par d’autres puissances

    Le président français Emmanuel Macron, parti hier pour un voyage en Afrique centrale qui le conduira au Gabon, en Angola, en République du Congo et en République démocratique du Congo (RDC) jusqu’au 5 mars, premier geste concret après la fin de l’opération Barkhane pour réaffirmer la présence française dans un terrain déjà touché par d’autres puissances. Macron se rendra dans quatre pays où il n’a jamais mis les pieds, avec la motivation officielle de participer au One Forest Summit de Libreville, un sommet international sur la conservation des forêts tropicales, mais la volonté affichée de renouer avec le continent qui ces derniers temps années ont subi pas mal de soubresauts.

    Après le retrait forcé des forces françaises du Mali, de la République centrafricaine et du Burkina Faso – pays attirés par l’orbite russe -, sur le continent Paris risque désormais de perdre son emprise même sur des destinations stratégiques d’un point de vue économique : c’est le cas du Mozambique, où Total Energies a été contraint de suspendre pendant deux ans les travaux de construction d’une usine de liquéfaction de GNL en raison de violences liées aux djihadistes, ou l’Angola, où Total a également récemment lancé trois projets dans les secteurs du gaz, du pétrole et de l’énergie solaire. Un voyage d’autant plus nécessaire compte tenu de l’événement électoral impliquant deux des pays prévus, le Gabon et la République démocratique du Congo (RDC), et de la montée à Kinshasa du ressentiment anti-français qui a animé ces derniers mois des manifestations à répétition contre le présence de militaires envoyés de Paris et employés par la Mission des Nations Unies dans le pays (MONUSCO). Pour Macron, agir maintenant sur ces « deuxième palier ».

    La première étape du voyage sera Libreville, la capitale du Gabon, où Macron organisera ce soir un dîner de travail avec le président Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009. Aujourd’hui, Macron rencontrera dans la matinée la communauté scientifique et ses compatriotes résidant dans le pays dans l’après-midi, avant de prendre la parole au One Forest Summit.

    Si la visite au Gabon peut avoir pour objectif de resserrer les liens avec un pays récemment entré dans le Commonwealth, sur le plan politique, la scène s’annonce délicate : dans quelques mois, le Gabon organisera des élections présidentielles, et la société civile locale soupçonne Paris de vouloir en quelque sorte apporter son soutien au président sortant contesté. Macron s’envolera donc ce soir pour l’Angola, où il rencontrera vendredi matin son homologue João Lourenço, avant de repartir en début d’après-midi pour Brazzaville, la capitale du Congo. Il y sera reçu au Palais du Peuple par le président congolais Denis Sassou-N’Guesso, à la tête du pays depuis 1997, avant de tenir avec lui un entretien bilatéral. Dans la soirée, Macron s’adressera à la communauté française résidant au Congo, où la dernière visite d’un président français remonte à 2009. Le conflit en Ukraine devrait être l’un des sujets de discussion entre les autorités, compte tenu également de l’abstention constante de Brazzaville à l’ONU dans les résolutions condamnant les discussions alors qu’à l’ONU le gouvernement de N’Guesso s’est toujours abstenu de condamner l’invasion russe en Ukraine. Peu avant 22 heures, le président français décollera à nouveau, cette fois pour la République démocratique du Congo, dernière étape de sa tournée et théâtre dans l’est du pays d’une guerre entre la rébellion tutsies pro-rwandaise du M23 et l’armée congolaise qui pour Macron « ne doit pas être oubliée ».

    Présenté par la presse française comme une « opération séduction » et une visite « dans un champ de mines », le voyage en Afrique a été annoncé par Macron lui-même dans un discours d’ouverture prononcé lundi soir en présence de divers organes de presse. Beaucoup ont associé l’intervention à celle qui s’est tenue en 2017 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Si à cette occasion le président français avait admis que « ce n’est pas seulement un dialogue franco-africain qu’il faut reconstruire ensemble, mais un projet entre nos deux continents, une relation nouvelle », on reproche depuis cinq ans à Macron d’avoir laissé ces engagements lettre morte, menant une politique « entrepreneuriale » en Afrique peu soucieuse du territoire et un héritage post-colonialiste.

    Ainsi, pour tenter de préparer les pays hôtes à son arrivée, Macron a déclaré lundi que l’Afrique « n’est pas le terrain de la concurrence », qu’ »il faut passer d’une logique d’aide à celle d’investissement » et a appelé à la construction d’une relation « équilibrée » avec les pays partenaires africains. En ce qui concerne la présence militaire sur le continent, le président a expliqué que « la transformation commencera dans les prochains mois avec une réduction visible de nos effectifs et une augmentation des bases de nos partenaires africains », esquissant une nouvelle phase de collaboration où il appartiendra aux mêmes gouvernements africains de « demander s’ils le souhaitent » le soutien des forces françaises « et d’autres partenaires » et a appelé à la construction d’une relation « équilibrée » avec les pays partenaires africains.

    Le président a promis que cette évolution s’accompagnerait « d’un plus grand effort de la France en matière de formation et d’équipement », et s’est dit prêt à faire preuve d’une « profonde humilité face aux enjeux du continent africain », une situation qu’il a qualifiée de « sans précédent dans l’histoire » et avec « une quantité vertigineuse de défis ». De la sécurité à la croissance démographique, jusqu’à l’arrivée des jeunes en Europe « à qui nous devons offrir un avenir », Macron a invité les partenaires africains à construire « des États et des administrations consolidées », capables d’investir « massivement dans l’éducation, la santé, l’emploi, formation et transition énergétique ».

    Dans son allocution de lundi, Macron a également annoncé la présentation prochaine au parlement d’une loi pour le retour des oeuvres d’art aux pays africains qui en sont propriétaires, souhaitant que « cette démarche s’inscrive dans une dynamique plus large et aussi d’une dynamique européenne ». Dans le communiqué de presse présentant la tournée, l’Elysée a à son tour insisté sur la « position d’écoute et d’humilité » que le président Macron entend adopter vis-à-vis des pays qu’il visitera ces jours-ci, avec la volonté affichée de « construire ensemble de vrais partenariats ». Le gouvernement souligne que ce qui a commencé est le 18ème voyage de Macron en Afrique et que sur la tournée il sera accompagné de différentes délégations françaises et européennes, promouvant des partenariats visant à mettre en valeur les « humains, entrepreneuriaux, scientifiques, universitaires, militaires, artistiques et sportifs » des pays.

    La perte d’influence désormais consolidée en Afrique et au Sahel inquiète beaucoup Paris et de ce point de vue la visite de Macron en Afrique sera également importante pour donner un signal décisif de la présence des institutions dans les zones qui pourraient bientôt être affectées par les bouleversements des pays voisins. Des opérations ont été achevées en juin qui prévoient de réduire de moitié d’ici 2023 les forces françaises opérant au Mali dans les désormais anciennes missions Barkhane et Takuba, de plus de 5 à environ 2.500 hommes, et de les transférer vers une autre destination, principalement au Niger, pays dont elle dépend largement pour les approvisionnements en uranium qui alimentent les 58 réacteurs atomiques installés sur le territoire français.

    Pour tenter d’endiguer l’expansion d’une orbite pro-russe qui comprend désormais la République centrafricaine et le Mali, mais aussi le Soudan et en partie le Burkina Faso – théâtre d’un double coup d’État l’an dernier qui a amené la junte militaire de Ouagadougou à Moscou – la ligne française consiste désormais à se déplacer progressivement vers l’ouest, pour tenter de renforcer sa présence au Bénin, au Ghana et en Côte d’Ivoire, où la menace djihadiste est encore contenue mais connaît une expansion rapide et nécessite un soutien économique et militaire accru. Paris doit également faire face à la tendance régionale à reprendre la lutte contre le terrorisme avec le soutien de la communauté internationale, mais avec une barre résolument africaine. Ainsi, ces derniers mois, plusieurs organisations régionales ont prévu d’envoyer des missions militaires pour la résolution de conflits, comme c’est le cas de la Communauté des pays d’Afrique australe (SADC) au Mozambique, de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) en République démocratique du Congo et de la Communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a récemment annoncé la création d’une force régionale qui « interviendra en cas de besoin, que ce soit pour la sécurité, le terrorisme ou la restauration de l’ordre constitutionnel dans les États membres ».

    Source : Agenzia nova, 02/03/2023

    #France #Afrique #Françafrique #Macron #Gabon #Congo #Angola #Barkhane #Serval #Mali #Burkina_Faso #Russie #Chine #Wagner

  • L’Occident déclare la guerre sur le réseau social chinois “TikTok”

    Tags : Occident, UE, Europe, Chine, Tik-Tok, Etats-Unis, espionnage,

    Depuis plusieurs semaines, une poignée d’institutions ont resserré la vis en interdisant l’installation de l’application chinoise TikTok sur certains téléphones.

    Une goutte d’eau dans le torrent des téléchargements puisqu’avec plus d’un milliard d’utilisateurs actifs dans le monde, TikTok, propriété de l’entreprise chinoise ByteDance, pointe à la 6e place des plateformes sociales les plus utilisées, selon le dernier rapport de We Are Social.

    Les États-Unis songent à interdire TikTok

    Outre-Atlantique, Joe Biden a dès janvier mis le « hola ». Aux États-Unis, une loi interdit ainsi le téléchargement et l’utilisation de TikTok sur les appareils des fonctionnaires de l’État fédéral américain.

    Une vingtaine d’États ont localement pris une mesure du même type pour leurs propres employés. Et, au Congrès, un projet de loi en discussion pourrait même aboutir à l’interdiction totale de l’application aux États-Unis. Une issue de plus en plus évoquée.

    L’Union européenne ne tiktoke pas avec les fonctionnaires

    La Commission européenne a quant à elle dégainé la semaine dernière. Elle a interdit l’usage de TikTok sur les appareils professionnels de son personnel afin de « protéger les données » de l’institution, a rapporté Yahoo. Les fonctionnaires et employés de la Commission ont jusqu’au 15 mars au plus tard pour désinstaller l’application de leurs appareils professionnels (smartphones, tablettes…), a précisé un porte-parole de l’institution.

    Ils devront également supprimer TikTok de leurs appareils personnels si ces derniers contiennent des applications approuvées pour une utilisation professionnelle (messagerie électronique, applications de visioconférence…). Des mesures similaires doivent être prises par le Conseil européen, l’instance des États membres dirigée par le Belge Charles Michel.

    Plus récemment encore, c’est le Parlement européen qui a informé, mardi 28 février, son personnel qu’il interdisait le réseau social chinois TikTok sur les appareils professionnels, invoquant, là encore, des inquiétudes en matière de sécurité des données.

    La présidente du Parlement, Roberta Metsola, et le secrétaire général, Alessandro Chiocchetti, ont décidé que l’application ne pourrait plus être utilisée sur les appareils professionnels, comme les ordinateurs, téléphones mobiles ou tablettes, à compter du 20 mars. Par ailleurs, il est aussi « fortement » recommandé aux membres du personnel de retirer TikTok de leurs appareils personnels.

    Idem pour le Canada qui a banni l’application des appareils mobiles qu’il fournit à son personnel à compter de mardi. « Sur un appareil mobile, les méthodes de collecte de données de TikTok donnent un accès considérable au contenu du téléphone », a expliqué la présidente du ministère du Trésor, Mona Fortier, précisant dans un communiqué que la mesure avait été prise « à titre préventif ».

    «Nous n’avons aucune raison de croire pour le moment que des renseignements du gouvernement ont été compromis », a-t-elle toutefois ajouté.

    Vers une méfiance plus grande en France

    Alors forcément, la question se pose aussi dans l’Hexagone. Et en l’occurrence, comme l’ont appris nos confrères de BFMTV, « l’Assemblée nationale va aussi mettre en garde les députés contre les risques de sécurité posés par certaines applications ». TikTok n’est pas nommément désignée mais clairement visée. « Les questeurs n’ont pas de pouvoir de coercition car les députés ne sont pas salariés et n’ont pas de téléphone professionnel » , rappelle auprès de nos confrères Marie Guévenoux, Première questeure de l’Assemblée.

    Source

    #Occident #UE #Europe #Tik_tok #Espionnage

  • L’Algérie confirme son non-alignement

    L’Algérie confirme son non-alignement

    Tags : Algérie, Europe, USA, Chine, Russie, Afrique, Ligue Arabe,

    Dans le dernier entretien qu’il a accordé à la presse nationale, le président de la République a mis en exergue le retour en force de l’Algérie sur la scène internationale. Arabe d’abord en lançant avec succès le processus de réconciliation inter-palestinienne, toute en remettant la cause palestinienne au centre des préoccupations du monde arabe, Afrique ensuite, en portant la voix de l’Afrique en joignant l’acte à la parole à travers la décision d’investir un milliard de dollars pour le développement de l’Afrique, internationale enfin en obtenant un quitus enthousiaste de la part de la Chine et de la Russie à sa demande d’adhésion aux Brics. Cela signifie qu’en trois ans, l’Algérie a rattrapé un retard d’une décennie et su tirer grand profit de la situation géopolitique du moment en confirmant son non-alignement par des actions de partenariat assumé avec l’Europe, les USA, la Chine et la Russie.

    Le président Tebboune ne croit pas si bien dire, puisque son action sur le terrain de la diplomatie a été suivie et appréciée par les Algériens qui affichent leur pleine adhésion sur les réseaux sociaux et dans la vie de tous les jours. Ce retour d’un sentiment de fierté de voir son pays marquer des points sur des question qui tiennent à cœur aux Algériens, comme la lutte contre le sionisme internationale, est couplé par des actions à l’interne qui amène l’opinion nationale a joindre l’acte à la parole et soutenir ouvertement les actions de l’Etat à l’internationale.

    Ce retour en force de l’Algérie sur la scène mondiale se traduit aussi par des expressions de respect émanant des cinq pays du Conseil de sécurité de l’Onu qui, à l’occasion se jettent des piques par pays interposés, à l’image de ce qui arrive depuis une année en Ukraine, sont tous d’accord sur le fait que l’Etat et le peuple algériens sont mûrs et qu’il n’est pas besoin de leur faire la leçon sur quelque sujet que ce soit. Les grands de ce monde attestent donc à l’unisson du poids géostratégique de l’Algérie et de l’inutilité d’en faire un pion dans le vaste jeu d’échecs qui se joue sous nos yeux en cette troisième décade du troisième millénaire.

    Cette attitude empreinte de grand respect en ces temps d’ingérences pour un oui ou pour un non, n’est, en aucune manière un cadeau des grandes puissances ou un accident de l’histoire. De par son parcours lors de la guerre de libération nationale et après l’indépendance, la société algérienne a démontré une unité à toute épreuve. La République n’est pas née du néant, c’est le résultat d’un sacrifice sans commune mesure dans l’histoire du 20e siècle. La victoire du peuple sur le colonialisme et le terrorisme ne peut avoir d’autres réactions que celui du profond respect. C’est dire que nous n’avons pas volé le respect que notre pays suscite auprès des plus grands de ce monde.

    Par Nabil G.

    Source

    #Algérie

  • Ukraine : Dans un document en 12 points, la Chine appelle au dialogue

    Ukraine : Dans un document en 12 points, la Chine appelle au dialogue

    Tags : Ukraine, Russie, Chine,

    Le gouvernement chinois a appelé la Russie et l’Ukraine à reprendre le dialogue et rejeté tout recours à l’arme nucléaire, dans un document en 12 points publié hier vendredi, un an après le début du conflit.

    «Toutes les parties doivent soutenir la Russie et l’Ukraine pour travailler dans la même direction et reprendre le dialogue direct aussi vite que possible» en vue d’une «solution pacifique», a estimé le ministère chinois des Affaires étrangères. Intitulé «Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne», le document a été publié vendredi matin sur le site du ministère, à l’occasion du premier anniversaire du déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février 2022.

    Dans le document dévoilé vendredi, Pékin prend clairement position contre tout recours à l’arme nucléaire. La Chine demande par ailleurs aux deux pays d’éviter toute attaque contre des civils.

    «Les parties (impliquées) dans le conflit doivent se conformer strictement au droit humanitaire international et éviter d’attaquer des civils ou des bâtiments civils», souligne le ministère.

    Sur CNN, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a réagi à cette annonce en estimant que le document «aurait pu s’arrêter au premier point, le respect de la souveraineté de toutes les nations».

    Agences

    #Ukraine #Russie #Chine

  • Empire américain : Revers et horizons crépusculaires

    Tags : Etats-Unis, Russie, Ukraine, nouvel ordre mondial, Chine, Afrique, Maghreb,

    Malgré les pressions américaines, le cartel de l’OPEP mené par l’Arabie saoudite vient de décider de réduire sa production de pétrole. Un nouveau revers pour Biden… et un véritable cadeau pour Poutine.

    Les rapports entre Moscou et Riyad se sont grandement améliorés et approfondis depuis 2016 et les accords OPEP+Russie. Il y a quelques jours, la décision du cartel pétrolier de réduire sa production de pétrole de 2 millions de barils par jour pour le mois de novembre, alors que Washington et Paris réclamaient une hausse, ne fait que confirmer cette nouvelle inflexion géostratégique et historique.

    C’est surtout un véritable bras d’honneur lancé par Mohammed ben Salman (MBS), le prince héritier saoudien et plus que jamais l’homme fort du royaume, à ses alliés occidentaux et, surtout, aux présidents américain et français.

    Biden et Macron réhabilitent MBS

    En effet, cette décision est un nouveau camouflet pour Joe Biden et Emmanuel Macron, qui avaient pourtant, toute honte bue et pitoyablement, mis en sourdine leurs critiques et condamnations envers MBS l’ «assassin» (dans l’affaire Khashoggi), pour ensuite le réhabiliter (par la visite de Biden à Djedda mi-juillet et la réception à l’Elysée du jeune prince héritier fin juillet) dans le contexte de leur guerre larvée contre la Russie via l’Ukraine.

    Dans son conflit en Ukraine, le Kremlin a besoin que le prix du pétrole reste élevé. Depuis février dernier, Moscou aurait engrangé plus de 116 milliards d’euros grâce à ses exportations.

    C’est pourquoi Washington et Paris avaient tout intérêt à faire les yeux doux à MBS, pour que l’Arabie saoudite, l’un des principaux producteurs de pétrole et véritable leader de l’OPEP, augmente sa production afin de faire baisser les prix du brut et ainsi freiner l’inflation en Occident. Le tout pour fragiliser et «saigner» la Russie, comme l’avait fait en son temps Ronald Reagan et le roi Fahd contre l’URSS… Or les temps ont changé.

    Comme je l’explique dans mon livre « Poutine d’Arabie » (éd. VA, 2020), depuis 2016 et les accords OPEP+Russie, Moscou et Riyad ont entrepris un rapprochement et un renversement géostratégique historique. Les liens personnels entre Poutine et MBS ne faisant que se renforcer depuis. Notamment du fait que le maître du Kremlin sera le seul et dernier dirigeant occidental (après la défaite de Trump) à soutenir le jeune prince lors de l’affaire liée à l’assassinat du dissident saoudien Jamal Khashoggi, proche des Frères musulmans (organisation interdite et considérée comme terroriste en Russie).

    A la fin du mois dernier, MBS a endossé le rôle de médiateur puisqu’il a réussi à faire libérer des prisonniers occidentaux – dont deux Américains et cinq Britanniques – détenus par les Russes. Il a démontré ainsi que ses bonnes relations avec Poutine pouvaient servir les Occidentaux…

    Le futur roi d’Arabie saoudite, vainqueur de ce bras de fer diplomatique de deux ans avec la Maison Blanche, a surtout rappelé qu’il fallait compter sur lui et son pays, un allié précieux et un puissant Etat pétrolier, dans la crise énergétique actuelle. Il affiche surtout son absence de crainte quant aux poursuites judiciaires outre-Atlantique et en France l’accusant de complicité de torture et de disparition forcée en lien avec le meurtre de Khashoggi.

    Enfin, la dernière décision de l’OPEP est également une manière pour le jeune prince d’exprimer, avec une certaine satisfaction, son mépris pour des dirigeants qui, il y a peu, le considéraient encore comme «infréquentable» ou pire, voulaient le «punir», et qui à présent aux abois, lui ont déroulé le tapis rouge… MBS aurait d’ailleurs refusé de prendre les derniers appels téléphoniques du président américain !

    Un Occident de plus en plus décrédibilisé

    A présent, les Occidentaux luttent chez eux contre une inflation galopante, tirée par les prix de l’énergie. D’où la fureur, après la dernière décision de l’OPEP, de l’administration Biden, très en difficulté pour les prochaines élections de novembre. En outre, en Europe comme aux Etats-Unis, cette réduction de la production mondiale risque d’annihiler une partie des coûteuses politiques mises en place pour juguler les prix de l’énergie et l’inflation.

    D’autant que, puisque le cours mondial du brut remonte fortement, l’Inde et la Chine, très dépendantes en hydrocarbures, risquent fort de taire leurs dernières mais non moins prudentes réserves vis-à-vis de la Russie et de sa guerre en Ukraine, pour de nouveau se ranger derrière Moscou.

    L’hyperpuissance américaine semble marquer le pas

    De même, avec les idéologues démocrates et Joe Biden, l’hyperpuissance américaine semble marquer le pas dans sa domination mondiale. La politique de sanctions maximales contre la Russie s’avère un échec cuisant. L’hégémonie mondiale des Etats-Unis semble même connaître son crépuscule. Seule l’Europe obéit encore aveuglément et stupidement aux ordres de la Maison Blanche et ce, contre ses propres intérêts.

    Si dans un premier temps, l’opération russe en Ukraine permet aux Américains de confirmer leur mainmise politique, énergétique et militaire sur une Europe définitivement inféodée à Washington, la politique viscéralement antirusse de l’administration Biden sera assurément, à long terme, une erreur géopolitique majeure pour les Etats-Unis face à leur véritable menace existentielle : la Chine.

    C’est pourquoi aucun des grands pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie n’a suivi l’hystérie américaine et européenne contre la Russie, préférant respecter leurs agendas et intérêts, sans obéir à l’ancien gendarme et «boussole» du monde.

    C’est aussi la raison pour laquelle, ignorant les pressions de Washington dans sa croisade antirusse et au grand dam des Occidentaux, l’Arabie saoudite mais également la plupart des pays arabes et du Golfe, membres de l’OPEP+, refusent, comme je l’ai écrit en juin dernier, de rompre avec leur allié russe et le condamner.

    Le demi-frère de MBS et ministre de l’Energie du royaume saoudien, Abdelaziz ben Salman, l’a très bien rappelé : «Ce n’est pas juste un mariage de circonstances» ! Les relations internationales ne se résument pas à des considérations commerciales, idéologiques ou émotionnelles (surtout à géométrie variable !). Ce sera toujours le réalisme mais également des questions psychologiques qui prévaudront.

    A l’inverse de ce qu’était le pragmatisme politique de Trump, Biden et ses homologues progressistes européens n’ont cessé de critiquer les régimes autocratiques arabes pour leur gouvernance, avec ces airs de supériorité morale qui exaspèrent tant la région mais aussi le reste du monde.

    Aujourd’hui, l’Arabie saoudite, et avec elle d’autres Etats arabes, nous rendent, tragiquement, la monnaie de notre pièce. Cela s’appelle la realpolitik ! Même si l’Egypte, en difficulté financière et par crainte des sanctions américaines, vient de suspendre (pour l’instant) son récent accord avec Moscou à propos de l’adoption du système de carte de paiement russe MIR dans ses stations balnéaires et ses hôtels, d’autres n’entendent plus se laisser dicter leur politique par Washington ou les Occidentaux en général.

    Autre signe des temps, les Emirats arabes unis dont le président, Mohammed ben Zayed (MBZ) vient de rencontrer, à Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine. Officiellement, MBZ s’est rendu chez le «paria» russe afin de proposer sa médiation et une «mission de paix». En réalité, il s’agissait surtout de parler pétrole.

    Cette visite remarquée est révélatrice du changement de l’axe de gravité géopolitique mondial en cours. Elle confirme surtout, malgré les tensions internationales actuelles, la consolidation des relations entre la nouvelle «République de Venise» du Moyen-Orient, puissance militaire mais surtout diplomatique et d’influence devenue incontournable dans la région, et la Russie, initiée déjà depuis quelques années (cf. Poutine d’Arabie).

    Revenir au temps long Il n’est dès lors guère étonnant qu’une adhésion aux BRICS soit envisagée par l’Egypte, les EAU et l’Arabie saoudite. Cette dernière aurait déjà entamé des pourparlers avec Pékin pour abandonner le dollar américain au profit du yuan dans les transactions pétrolières, ce qui irait dans le sens de la dédollarisation souhaitée par Moscou…

    Pour les observateurs non occidentaux, cette guerre en Ukraine est autodestructrice pour l’Occident. Pour les observateurs non occidentaux et les 4/5e du monde, cette guerre en Ukraine entre Européens, Américains et Russes est autodestructrice et un véritable suicide géopolitique et économique pour l’Occident. Pour eux, à tort ou à raison, elle ne fera que précipiter le déclin moral et matériel, déjà bien engagé, de cette Amérique et de cette Europe en qui ils n’ont plus aucune confiance et dont ils méprisent les leaders, totalement discrédités et toujours prêts à toutes les humiliations et compromissions pour quelques dollars ou euros.

    Les régimes arabes préfèrent dès lors se détourner de l’Ordre mondial américain et miser plutôt sur la Chine et même la Russie. Car cette dernière, en dépit des erreurs et difficultés actuelles en Ukraine, a démontré ce dont elle était capable depuis dix ans et dans toutes les crises et conflits, desquels elle est d’ailleurs toujours sortie victorieuse. Notamment en Syrie, même si les deux conflits ne sont pas de même nature ni de même ampleur.

    En attendant, les dirigeants de la région MENA semblent imperméables à l’extraordinaire propagande atlantiste qui inonde et sature les médias occidentaux. Ils ne croient absolument pas en une défaite russe ni même à la chute de Poutine. Ils font apparemment confiance à la résilience de cette nation qui joue à présent sa survie et dont les responsables ont toujours démontré une maîtrise historique parfaite et éprouvée du temps long et surtout des guerres d’usure.

    Roland Lombardi, Docteur en Histoire, géopolitologue et spécialiste du Moyen-Orient; Auteur de « Poutine d’Arabie » (VA Éditions, 2020) et « Sommes-nous arrivés à la fin de l’histoire ? » (VA Éditions, 2021)

    Source

    #Etats_unis #OTAN #Russie #Ukraine #Nouvel_ordre_mondial #Joe_Biden #Poutine

  • La relation américano-chinoise déjà tendue mise à rude épreuve

    Tags : Etats-Unis, Chine, ballon,

    L’histoire comporte un élément de farce . Selon certains experts, nous sommes à l’ère d’une nouvelle guerre froide . Les États-Unis maintiennent un anneau d’acier – bases militaires, porte-avions, exercices maritimes fréquents – autour d’une grande partie de ce que la Chine considère comme ses eaux territoriales exclusives. La Chine développe certaines des technologies de cyberespionnage les plus sophistiquées au monde. La compétition technologique entre les deux puissances s’accélère. Les deux pays ont déployé une myriade d’actifs dans le ciel, dans l’espace et dans la mer pour garder un œil sur l’autre.

    Et pourtant, dans sans doute l’un des incidents les plus dramatiques depuis des années impliquant les États-Unis et la Chine, c’est un ballon sans pilote, flottant sur un chemin stratosphérique sinueux à travers le continent américain, qui a placé le chat proverbial parmi les pigeons. Samedi, quelques jours après que des responsables américains ont annoncé la présence du ballon chinois, estimé à la taille de trois bus , dans l’espace aérien américain – et une semaine après que les autorités américaines ont commencé à suivre le ballon alors qu’il transitait au-dessus d’un archipel de l’Alaska – un L’ avion de chasse F-22 Raptor a tiré un seul missile sur le ballon alors qu’il flottait au large de la côte de la Caroline du Sud.

    Dans des images que vous avez probablement déjà vues , le dirigeable chinois, que les autorités américaines disent considérer comme un atout du renseignement militaire, s’effondre dans les airs. Sa charge utile apparente, un ensemble d’équipements de surveillance présumés, est tombée dans l’océan. Au moment d’écrire ces lignes, il n’a pas été confirmé si la nacelle fixée au ballon avait été récupérée par les autorités américaines.

    Ce que les contrôleurs chinois du ballon ont réalisé au cours de son voyage est moins clair. Selon des responsables américains qui ont parlé au chroniqueur du Washington Post David Ignatius , on ne sait pas combien d’informations plus sensibles le ballon aurait pu glaner que les satellites chinois en orbite basse. Les ballons peuvent s’attarder au-dessus d’endroits, comme le champ de missiles du Montana où ils ont été repérés, mais ne sont pas immobiles et sont soumis aux caprices des vents. Les responsables américains estiment que les Chinois ont envoyé quelque 20 à 30 ballons en mission au cours de la dernière décennie, dont cinq ont fait le tour du monde. Il y a deux autres ballons apparemment en mouvement, dont un qui a récemment transité au-dessus d’une partie de l’Amérique latine .

    Les jours d’intrigue autour du ballon n’ont pas manqué d’air chaud partisan . Les législateurs républicains ont fustigé de manière opportuniste le président Biden pour sa prétendue faiblesse vis-à-vis de la Chine. L’un d’eux a même réclamé sa démission. Certains ont posté des photos d’eux-mêmes avec de grosses mitrailleuses ou des fusils de sniper, scrutant le ciel à la recherche d’un ballon à quelque 60 000 pieds dans les airs qui serait bien hors de portée de leurs armes. Dans un reflet de l’hyperbole venant de l’establishment de droite, le sénateur Marco Rubio (R-Fla.) a tweeté que « si Biden n’abattrait même pas un ballon, il ne ferait pas de cric si la Chine prend du territoire de l’Inde ou du Japon ou envahit Taïwan.

    Au cours du week-end, le Pentagone a quelque peu crevé la bulle de la droite. Il a déclaré qu’au moins trois ballons « ont brièvement transité par la zone continentale des États-Unis » sous l’administration Trump, dont aucun n’a été abattu. Une fois que ce ballon le plus récent a atteint la masse continentale nord-américaine, les responsables du Pentagone ont dit à mes collègues qu’il n’y avait aucun moyen viable de le faire tomber sans mettre en danger les personnes au sol. C’est pourquoi l’administration Biden a attendu qu’elle s’approche de l’océan Atlantique avant d’agir, minimisant les dommages potentiels aux civils tout en maximisant les chances que la technologie chinoise dans la nacelle puisse être sécurisée intacte.

    Les retombées au-delà de Washington sont sans doute plus importantes. Dimanche, le secrétaire d’État Antony Blinken devait se rendre en Chine dans le cadre d’un voyage qui était l’aboutissement de mois de délicats retours en arrière et de dialogue. Enfermées dans une guerre commerciale continue et une impasse de plus en plus tendue à propos de Taïwan, les deux parties tentaient d’atténuer les pressions dans une relation en spirale. Mais l’incident du ballon a forcé la main de Blinken et a conduit le Département d’État à retarder son voyage .

    Le porte-parole du département d’État, Ned Price, a déclaré que la « violation manifeste de la souveraineté américaine » par la Chine signifiait qu’il n’était « pas approprié » pour Blinken de se rendre en ce moment. « L’incident a aigri l’atmosphère et durci les positions et il n’y a aucune garantie que les deux parties puissent relancer avec succès l’élan de » Bali «  », a déclaré à mes collègues Daniel Russel, vice-président de l’Asia Society et ancien diplomate américain , faisant référence à la rencontre entre Biden et le président chinois Xi Jinping en Indonésie en novembre.

    L’épisode pourrait être plus dommageable pour le leadership chinois que pour celui des États-Unis. Pékin a tenté cette année de montrer un visage plus amical au monde, cherchant à dissiper les craintes et le ressentiment croissants concernant le rôle de la Chine sur la scène mondiale. Lors du Forum économique mondial le mois dernier , le vice-Premier ministre chinois Liu He a insisté sur le fait que son pays était ouvert sur le monde et poursuivrait son processus de libéralisation et d’ouverture encore plus loin.

    La mission de Blinken en Chine aurait pu annoncer un tournant de page à un moment difficile. Au lieu de cela, les événements de la semaine dernière n’ont fait que souligner l’état désastreux des tensions. « Le revers est embarrassant pour … Xi, qui a commencé son troisième mandat défiant les normes avec une démonstration de convivialité diplomatique que les experts ont interprétée comme un effort pragmatique pour apaiser les tensions avec les nations occidentales, alors qu’il fait face au mécontentement interne face à une économie en ralentissement. et une énorme vague d’ infections à coronavirus », a écrit mon collègue Christian Shepherd .

    En public, les responsables chinois ont présenté le ballon comme un « dirigeable civil » et ont dénoncé l’action américaine pour le faire tomber. Mais les analystes pensent que l’incident a probablement pris Xi et ses cadres par surprise. « Du point de vue des hauts dirigeants chinois, ils n’auraient pas voulu perturber le processus d’assouplissement des relations avec les États-Unis, car cette année est une année très importante pour la Chine pour relancer l’économie », a déclaré Zhao Minghao, professeur à l’Institut de International Studies à l’Université Fudan de Shanghai, a déclaré ma collègue Lily Kuo . « Il ne sert à rien que la Chine sabote le processus. »

    C’est un point de vue partagé par certains au sein de l’administration Biden. « Ils ont été pris au dépourvu et n’avaient pas encore d’histoire », a déclaré un responsable américain au Financial Times . « Nous avons clairement indiqué que nous savions exactement ce qui se passait et que nous avions besoin d’actions rapides. … Il leur a fallu beaucoup plus de temps que nécessaire pour nous répondre.

    Si Xi et les hauts dirigeants n’étaient pas au courant de l’envoi du ballon, cela soulève des questions troublantes. Les factions au sein de la structure du pouvoir du Parti communiste tentent-elles de saper le président ? « Les analystes du renseignement envisagent la possibilité que l’armée chinoise ou des éléments de la ligne dure au sein de la direction aient délibérément cherché à saboter la visite de Blinken, dont l’objectif principal était d’explorer des mesures de stabilité stratégique et d’autres garde-fous qui pourraient limiter la probabilité d’une escalade involontaire sur Taïwan ou d’autres problèmes de conflit potentiel », a écrit Ignatius .

    Ce qui se passera ensuite, cependant, pourrait être à l’avantage de l’administration Biden, a expliqué à mes collègues Neysun Mahboubi, chercheur au Centre d’étude de la Chine contemporaine de l’Université de Pennsylvanie . « La question la plus intéressante est maintenant de savoir si cette erreur ouvre un levier aux États-Unis pour renégocier la visite, et si les États-Unis sont suffisamment aptes à utiliser ce levier à bon escient », a-t-il déclaré.

    The Washington Post

    #Etats_Unis #Chine #Ballon

  • Les États-Unis s’efforcent de contrer l’influence russe et chinoise en Afrique

    Tags : Afrique, Etats-Unis, Chine, Russie, sécurité alimentaire, sécurité, défense,

    Washington organise le deuxième sommet des dirigeants américains et africains en un siècle ; la réunion portera sur la sécurité alimentaire après l’invasion de l’Ukraine et sur le défi climatique.

    Huit ans se sont écoulés depuis qu’en 2014, l’administration Obama a accueilli des dizaines de hauts dirigeants dirigeant le continent africain pour tenter d’approfondir les relations entre les deux vastes territoires. En décembre dernier, quelques semaines avant que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, n’entame sa tournée de plusieurs pays africains début janvier, c’est Biden qui a dirigé une autre réunion avec ses homologues africains. Il s’agit de la deuxième réunion de ce type depuis le début du siècle.

    Ainsi, mardi 13 décembre, la ville de Washington a reçu la visite de près de cinquante chefs d’État et de gouvernement africains (avec les absences notables de la Guinée-Conakry, du Soudan, du Mali et du Burkina Faso, ainsi que celles de l’Érythrée et des représentants du Polisario), ainsi que d’importantes personnalités de l’Union africaine, qui resteront pour les trois jours du sommet et qui aborderont des questions telles que la sécurité alimentaire – dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et face aux effets du changement climatique – les défis en matière de sécurité et de défense, l’influence de la Chine en Afrique et les possibilités d’investissement mutuel.

    L’administration Biden s’efforce d’approfondir les partenariats qui favorisent l’innovation en Afrique de trois manières principales », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken lors de son discours dans la salle de conférence Benjamin Franklin : investir dans les infrastructures pour jeter les bases de l’entrepreneuriat africain, investir dans les leaders émergents et encourager une plus grande participation des entreprises américaines sur le continent. « L’Afrique n’a pas besoin d’aide, elle a besoin d’innovation », a souligné M. Blinken, « et aucun d’entre nous ne peut résoudre les défis régionaux auxquels nous sommes confrontés si nous ne travaillons pas ensemble ».

    Le sommet des dirigeants américano-africains a donc débuté par un accent sur la société civile, ainsi que par des débats et des tables rondes sur la santé, la sécurité, le changement climatique et la coopération entre gouvernements. L’événement de mercredi sera axé sur le forum Afrique-États-Unis et réunira plus de 300 entreprises, tandis que le jeudi verra des discussions de haut niveau sur la sécurité alimentaire.

    Cependant, loin d’être purement diplomatiques dans un sens bilatéral, les efforts des États-Unis pour améliorer leurs relations avec l’Afrique ont des motivations secondaires : éloigner le continent de l’influence politique, économique et commerciale de Moscou – dans le contexte de la guerre en Ukraine – et contrebalancer la présence économique de la Chine sur le continent.

    55 milliards de dollars et le G20 pour éloigner le continent de Moscou

    La mobilisation d’une grande partie de l’Occident pour défendre l’Ukraine a été l’une des plus grandes réussites de la Maison Blanche pendant le mandat de M. Biden, mais certains des pays africains qui se considèrent comme les plus touchés par les ruptures d’approvisionnement – étant profondément dépendants des importations de grains et de céréales russes et ukrainiens – se sont placés dans le bloc des nations qui refusent de condamner l’attaque russe, affirmant qu’il y a « peu d’avantages à mettre Moscou en colère ». Et ce, malgré la position officielle de l’Union africaine qui condamne l’invasion.

    Lire la suite