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  • Fiche Multilatérale de la Chine

    Fiche Multilatérale de la Chine

    Tags : Maroc, Chine, ONU, Syrie, Libye, Printemps arabe, Corée, Russie,

    I. Question du Sahara marocain

    La Chine n’a jamais reconnu la pseudo « rasd ».

    II. Questions multilatérales

    1. Rôle des Nations Unies ∕ Principe de non ingérence

    La Chine considère que dans la situation actuelle, il est d’une importance majeure de s’en tenir aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies et de préserver l’autorité et le rôle de l’ONU, d’observer effectivement le principe de non ingérence dans les affaires intérieures des pays et de promouvoir la démocratisation des relations internationales.

    La Chine souligne qu’il faut respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les Etats et rejeter toute forme d’intervention extérieure dans les affaires intérieures d’un pays sous quelque prétexte que ce soit, car les affaires d’un pays ne peuvent être réglées que par son peuple.

    2. Règlement pacifique des conflits

    La Chine estime que nous devons œuvrer, conformément aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies, aux règlements pacifiques des conflits internationaux et aux situations de crise, et s’opposer à l’usage arbitraire de la force ou la menace par la force, et à toute forme de terrorisme, de séparatisme et d’extrémisme, afin de promouvoir une sécurité commune de la société humaine.

    3. Opérations de maintien de la paix des Nations Unies

    La Chine souligne que depuis 60 ans, les Opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont été d’une grande contribution au maintien de la paix et de la sécurité internationales, mais elles font face, ces dernières années, à de nouveaux défis.

    La Chine appelle, en premier lieu, au renforcement de la coordination entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix. Le maintien de la paix, même s’il est important n’est pas la panacée. Pour l’établissement d’une paix durable, il faut promouvoir le dialogue politique et la réconciliation. Le Secrétaire général des N.U et ses Envoyés spéciaux peuvent jouer un rôle important à travers la médiation.

    Deuxièmement, les parties concernées doivent prêter attention aux causes des conflits, en particulier celles relatives au développement économique et social.

    Troisièmement, le mandat de protection des civils doit être mis en œuvre. Les pays hôtes ont la première responsabilité dans la protection des civils, suivant le respect strict des résolutions du Conseil de sécurité. En même temps, la souveraineté des Etats hôtes doivent être respectée, au même titre que la promotion de la réconciliation nationale et politique.

    Quatrièmement, des efforts doivent être déployés pour raffermir la fonction du renforcement des capacités des opérations de maintien de la paix.

    4. Désarmement et non prolifération

    La Chine considère que pour revitaliser les travaux de la Conférence de désarmement et le processus multilatéral de désarmement, le statut de la Conférence de désarmement comme seul mécanisme multilatéral de négociation du désarmement doit être maintenu et renforcé ; les procédures de consensus de la Conférence de désarmement, comme règles fondamentales, doivent être respectées et maintenues ; et les préoccupations légitimes de sécurité de tous les pays doivent être valorisées et traitées, sur un pied d’égalité.

    Concernant la non prolifération nucléaire, la Chine estime que les assurances de sécurité pour les Etats ne possédant pas d’arme nucléaire est un important thème dans le domaine de la non-prolifération et du désarmement et constitue une importance vitale pour la promotion du processus de non-prolifération.

    5. Droits de l’Homme

    La Chine affirme que la promotion et la protection des droits de l’Homme est un objectif commun de tous les pays, qui a connu, les dernières années, des progrès dans sa prise en charge, même s’il subsiste des difficultés et défis à relever.

    La Chine considère qu’à cause de l’impact de la crise financière et économique internationale, de la crise alimentaire et de la sécurité énergétique, des désastres naturels et des turbulences régionales, des problèmes comme l’asymétrie entre le nord et le sud, le dressement des barrières commerciales, la détérioration de l’environnement dans les pays en développement et la réalisation des OMD sont devenus des défis plus importants.

    La Chine souligne que la réalisation du droit au Développement reste une longue et ardue bataille.

    La Chine affirme que toutes les formes de discrimination, en particulier, le racisme continuent d’exister, de manière étendue, en relevant que la discrimination sur la base de race, couleur, genre, et religion reste répandue, comme c’est le cas pour les descendants africains et des groupes minoritaires et les immigrés.

    6. Objectifs du Millénaire pour le Développement

    La Chine affirme que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement s’impose comme un impératif pressant et il est urgent de renforcer la coopération entre les différentes parties pour aider les « PMA » à relever «  le défi de la survie ».

    A l’heure actuelle, la tâche est ardue pour réaliser à la date prévue les OMD à l’échelle mondiale. Les pays développés doivent honorer effectivement leurs engagements en matière d’aide publique au développement, ouvrir les marchés, réduire ou annuler les dettes des pays en développement et accroître leurs soutiens financiers et technologiques à ces derniers. Les institutions financières internationales doivent consacrer prioritairement leurs ressources à l’aide aux pays en développement, notamment aux PMA.

    Les pays en développement, quant à eux, doivent explorer activement des modèles efficaces de développement et de lutte contre la pauvreté pour réaliser un développement de plus haut niveau.

    6. Gouvernance économique mondiale

    La Chine signale que la réforme de la gouvernance économique mondiale progresse doucement mais sûrement et les divers mécanismes de coopération régionale se développent vigoureusement.

    7. G20 ∕ Economie mondiale

    La Chine est favorable à ce que le G20 passe d’un outil de gestion de crise à moyen terme à un mécanisme de gouvernance économique à long terme, pour jouer un plus grand rôle dans la gouvernance de l’économie mondiale et la promotion de la reprise et de la croissance globale.

    III. Questions régionales

    1. La Question palestinienne et le conflit au Moyen-Orient

    La Chine, qui se considère depuis toujours favorable à la juste cause des Palestiniens, soutient leur accès au statut d’Etat membre de l’ONU et la mise en œuvre de la « solution à deux Etats »par voir de négociations politiques et la création d’un Etat palestinien indépendant et pleinement souverain sur la base des frontières de 1967 er avec Jérusalem Est.

    Elle estime qu’il est nécessaire de faire progresser dans le même temps et de manière équilibrée les négociations Syrie – Israël et Liban –Israël pour parvenir finalement à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient et à la coexistence pacifique entre les pays arabes et Israël.

    La Chine souligne que la communauté internationale et les parties concernées se doivent de travailler sans relâche dans ce sens pour faire avancer continuellement le processus de paix au Moyen-Orient.

    2. Le Printemps arabe

    La Chine suit avec une grande attention la situation turbulente en Asie de l’ouest et en Afrique du nord. Elle est pour le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures, respecte et soutient les efforts des pays de la région pour gérer en toute indépendance leurs affaires intérieures et respecte les aspirations et revendications de leurs peuples.

    La Chine espère que les parties concernées de ces pays régleront leurs divergences par le dialogue politique pour rétablir au plus tôt la stabilité et l’ordre.

    Syrie

    La Chine, avec la Russie, a usé de son droit de veto contre le projet de résolution du Conseil de sécurité, présenté par note pays, au nom des pays arabes.

    La Chine suit avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation en Syrie et elle est profondément préoccupée par les développements de la crise en Syrie qui a causé la mort de civils et affecte la paix et la stabilité au Moyen-Orient.

    La Chine condamne tous les actes de violence contre les civils innocents et demande au gouvernement et à toutes les factions politiques de la Syrie de mettre fin, immédiatement, à tous les actes de violence et de restaurer rapidement la stabilité et l’ordre social.

    La Chine appelle le gouvernement syrien à entendre, de façon sérieuse, le désir légitime du peuple aux réformes et au développement. Elle appelle les différentes factions politiques en Syrie d’exprimer leurs aspirations politiques sans violence et dans le cadre de la loi.

    La Chine appelle toutes les parties concernées en Syrie à se lancer immédiatement dans un dialogue politique inclusif sans conditions préalables et de discuter un plan et un mécanisme de réforme politique globale.

    La Chine appelle à la tenue de référendum sur le projet d’une nouvelle Constitution et d’élections parlementaires et l’établissement d’un gouvernement d’union nationale, avec la participation de différentes factions. Elle estime que les efforts devraient être entrepris sur cette base pour une mise en œuvre complète de ce plan de réforme.

    La Chine comprend les préoccupations des pays arabes et de la Ligue des Etats arabes dans la recherche d’une solution rapide à la situation en Syrie. La Chine valorise le rôle et apprécie les efforts des pays arabes et de la Ligue arabe dans la recherche d’une solution politique à la situation en Syrie.

    La Chine appuie la position des pays arabes qui dit que la violence doit être arrêtée immédiatement, que les civils en Syrie doivent être protégés, que l’assistance humanitaire doit être acheminée en Syrie, et qu’une intervention militaire extérieure doit être écartée. La Chine espère que le problème soit résolu dans le cadre de la Ligue arabe, par des moyens politiques et pacifiques.

    La Chine souligne que la Communauté internationale doit respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie, agir et interagir avec prudence afin d’éviter de nouveaux bouleversements qui menaçaient la paix régionale.

    Lybie

    La Chine considère que la Libye est entrée dans une période cruciale de transition vers la reconstruction post-conflit. Elle respecte le choix du peuple libyen et espère que, sous la direction du Conseil National de Transition (CNT), les différentes parties libyennes inaugureront un processus politique inclusif pour préserver l’union nationale et l’unité du pays, stabiliser rapidement la situation et entamer la reconstruction économique.

    La Chine estime que l’ONU doit jouer un rôle central dans la reconstruction libyenne et soutient la Mission d’Appui des Nations Unies en Libye (MANUL).

    3. Soudan ∕ Soudan du Sud

    La Chine respecte le libre choix des peuples soudanais et sud soudanais et espère que le tout jeune Etat du Soudan du Sud connaîtra stabilité et prospérité. La Chine estime que la communauté internationale doit continuer à soutenir et à encourager le Soudan et le Soudan du Sud à régler les question en suspens à travers le dialogue et les consultations, à coexister en paix et à travailler ensemble pour leur développement ainsi que pour la paix et la stabilités régionales .

    La Chine a toujours plaidé activement en faveur du dialogue pour promouvoir le processus de paix entre le Soudan et le Soudan du Sud et le règlement adéquat du problème de Darfour.

    La Chine s’engage à continuer à œuvrer de concert avec la communauté internationale pour jouer un rôle constructif dans la réalisation de la paix, de la stabilité et du développement dans cette partie du monde.

    4. Situation dans la Péninsule coréenne

    La Chine salue l’évolution positive de la situation dans la péninsule coréenne et estime que le dialogue et les consultations constituent le seul moyen efficace pour régler le problème et que les pourparlers à sis sont un mécanisme efficace pour promouvoir la dénucléarisation de la péninsule et en Asie du Nord-Est.

    La Chine a toujours plaidé en faveur de la pais et joué un rôle tout particulier pour apaiser la tension et préserver la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne. Elle salue la reprise du dialogue entre la RPDC (Corée du Nord) et la République de Corée (Corée du Sud) et les Etats-Unis, et souhaite que les parties concernées puissent saisir les opportunités et maintenir leurs dialogues et contacts en vue d’une reprise rapide des pourparlers à six.

  • Le déjeuner maladroit : Macron snobe Scholz à Paris

    Le déjeuner maladroit : Macron snobe Scholz à Paris

    Tags : France, Allemagne, Ammanuel Macron, Olaf Scholz, crise énergétique, Chine, Ukraine,

    Les assistants français et allemands disent que la réunion s’est bien déroulée. L’absence d’une apparition conjointe dans la presse raconte une autre histoire.

    BERLIN/PARIS — Les relations sont désormais si glaciales entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz, les dirigeants des deux puissances économiques de l’UE, qu’ils n’osent même pas être vus ensemble devant la presse.

    Le président français et la chancelière allemande ont eu un tête-à-tête à Paris mercredi, mais il n’y a pas eu de conférence de presse conjointe devant les caméras, ce qui est normalement la plus sèche des courtoisies diplomatiques de routine après des réunions bilatérales. Berlin avait annoncé plus tôt qu’une telle apparition dans la presse allait avoir lieu. Puis le Palais de l’Elysée l’a exclu.

    À la fin du déjeuner de travail, des responsables des deux côtés – qui ne voulaient pas être identifiés – ont affirmé que la réunion avait été un succès.

    « C’était très constructif, très stratégique », a déclaré l’un des conseillers de Macron. « Nous avons tous eu le nez sur la meule de l’énergie, et aujourd’hui nous avons pu élever la conversation et discuter de ce que nous voulons faire dans cinq, dix ans. » Selon un responsable allemand, la réunion a été « un succès total ».

    Mais la conférence de presse annulée a raconté sa propre histoire comme un camouflet à Scholz. Il avait voyagé avec un corps de presse complet à Paris, et de là continuait à Athènes pour une autre visite d’État. Refuser une conférence de presse à un dirigeant en visite est une tactique politique généralement appliquée pour adresser une réprimande, comme l’a récemment fait Scholz lors de la visite du Premier ministre hongrois Viktor Orbán à Berlin .

    « Vraisemblablement, il y a eu jusqu’à présent un manque de contact et d’échange entre les nouvelles équipes gouvernementales respectives de Scholz et Macron », a déclaré Sandra Weeser du Parti libéral démocrate allemand, qui siège au conseil d’administration de l’Assemblée parlementaire franco-allemande. « Donc, nous sommes certainement aussi au début de nouvelles relations politiques interpersonnelles, pour lesquelles la confiance doit d’abord être construite. »

    La bagarre autour d’une émission médiatique n’est que le dernier épisode d’une querelle croissante entre les deux plus grandes puissances de l’UE.

    Ces dernières semaines, Scholz et Macron se sont affrontés sur la manière de faire face à la crise énergétique, de surmonter l’impuissance de l’Europe en matière de défense et de la meilleure approche pour traiter avec la Chine.

    La semaine dernière, ces tensions se sont révélées au public lorsqu’une réunion du cabinet franco-allemand prévue dans la ville française de Fontainebleau a été reportée à janvier au milieu de divergences majeures sur le texte d’une déclaration commune, ainsi que des projets de vacances contradictoires de certains ministres allemands. Le désaccord entre les deux gouvernements était également largement visible lors du sommet européen de la semaine dernière à Bruxelles.

    La guerre en Ukraine et la crise de l’inflation et de l’énergie ont mis à rude épreuve les alliances européennes, juste au moment où elles étaient le plus nécessaires. Ce qui a toujours été une alliance vitale entre Paris et Berlin a semblé au mieux discordant.

    Les responsables français se plaignent que Berlin ne les traite pas suffisamment comme un partenaire proche. Par exemple, les Français affirment qu’ils n’ont pas été informés à l’avance du programme d’ allègement des prix de l’énergie de 200 milliards d’euros de l’Allemagne – et ils se sont assurés que leurs homologues à Berlin sont conscients de leur frustration.

    « Lors de mes entretiens avec des parlementaires français, il est devenu clair que les Parisiens souhaitent une coordination plus étroite et plus étroite avec l’Allemagne », a déclaré Chantal Kopf, députée des Verts, l’un des trois partis de la coalition au pouvoir en Allemagne, et membre du conseil d’administration de l’Assemblée parlementaire franco-allemande.

    « Jusqu’à présent, cette coopération a toujours bien fonctionné en temps de crise – pensez, par exemple, au fonds de relance pendant la crise du coronavirus – et maintenant les Français veulent aussi à juste titre les réponses à la crise énergétique actuelle, ou comment faire face à la Chine , à coordonner étroitement », a déclaré Koff.

    Une conclusion similaire est tirée par Weeser du FDP, un autre partenaire de la coalition au sein du gouvernement de Berlin. « Paris est irritée par le fait que l’Allemagne fasse cavalier seul sur le frein du prix du gaz et le manque de soutien aux projets européens conjoints de technologie de défense », a-t-elle déclaré. Dans le même temps, elle a accusé le gouvernement français de s’être jusqu’à récemment traîné les pieds sur une nouvelle liaison par pipeline entre la péninsule ibérique et l’Europe du Nord.

    Des tensions sans précédent
    Plus récemment, le gouvernement français a été irrité par la nouvelle selon laquelle Scholz prévoyait de se rendre à Pékin la semaine prochaine pour rencontrer Xi Jinping dans le cadre de ce qui serait la première visite d’un dirigeant étranger depuis que le président chinois a obtenu un troisième mandat en rupture avec la norme. L’Allemagne et la Chine planifient également leur propre spectacle en ce qui concerne les consultations gouvernementales prévues en janvier.

    La pensée à l’Elysée est qu’il aurait été préférable que Macron et Scholz aient visité la Chine ensemble – et de préférence un peu plus tard plutôt que juste après le congrès du Parti communiste chinois où Xi a obtenu un autre mandat. Selon un responsable français, une visite peu après le congrès « légitimerait » le troisième mandat de Xi et serait « trop coûteuse politiquement ».

    L’approche non coordonnée de l’Allemagne et de la France à l’égard de la Chine contraste avec la dernière visite de Xi en Europe en 2019 lorsqu’il a été accueilli par Macron, qui avait également invité l’ancienne chancelière Angela Merkel et l’ancien président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à Paris pour montrer l’unité européenne.

    Macron s’est abstenu de critiquer directement un accord controversé sur le port de Hambourg avec la société chinoise Cosco, que Scholz pousse avant son voyage à Pékin. Mais la semaine dernière, le président français a remis en question la sagesse de laisser la Chine investir dans des « infrastructures essentielles » et a averti que l’Europe avait été « naïve » envers les achats chinois dans le passé « parce que nous pensions que l’Europe était un supermarché ouvert ».

    Jean-Louis Thiériot, vice-président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale française, a déclaré que l’Allemagne se concentrait de plus en plus sur la défense en Europe de l’Est au détriment de projets communs franco-allemands. Par exemple, Berlin a signé un accord avec 13 membres de l’OTAN, dont beaucoup sur le flanc de l’Europe du Nord et de l’Est, pour acquérir conjointement un bouclier antiaérien et antimissile – au grand dam de la France .

    « La situation est sans précédent », a déclaré Thiériot. « Les tensions s’aggravent maintenant et rapidement. Au cours des deux derniers mois, l’Allemagne a décidé de mettre fin aux travaux sur l’hélicoptère Tigre [franco-allemand], a abandonné les patrouilles conjointes de la marine… Et la signature du bouclier de défense aérienne est un coup fatal [à la relation de défense] », a-t-il déclaré.

    L’investissement massif de l’Allemagne via un fonds de mise à niveau militaire de 100 milliards d’euros, ainsi que l’engagement de Scholz envers l’objectif de l’OTAN de consacrer 2% du PIB aux dépenses de défense, augmenteront probablement le budget annuel de la défense à plus de 80 milliards d’euros et sign ifient que Berlin sera sur la bonne voie pour dépasser le budget français de la défense de 44 milliards d’euros.

    Certificat médical
    La suspension la semaine dernière du conseil des ministres conjoint franco-allemand n’était pas de loin le premier affrontement entre Berlin et Paris en matière de réunions de haut niveau.

    En août, la question était de savoir si Scholz et Macron se rencontreraient à Ludwigsburg le 9 septembre pour le 60e anniversaire d’ un célèbre discours de l’ancien président français Charles de Gaulle dans la somptueuse ville du sud-ouest de l’Allemagne. Mais malgré la nature hautement symbolique de cette cérémonie, la réunion des dirigeants n’a jamais eu lieu – les responsables présentant des comptes rendus contradictoires sur les raisons pour lesquelles c’était le cas, des conflits de nomination aux prétendus désaccords sur qui devrait assumer les coûts.

    À la fin du mois dernier, Paris s’est senti snobé par Berlin lorsque Scholz n’a pas trouvé le temps de parler au Premier ministre français Elisabeth Borne : une réunion entre les deux dirigeants à Berlin avait été annulée parce que la chancelière avait été testée positive pour le coronavirus. Mais plusieurs responsables français ont déclaré à POLITICO qu’une vidéoconférence organisée par la suite avait également été annulée, prétendument parce que les Allemands avaient déclaré au bureau de Borne que Scholz se sentait trop malade.

    Paris a été encore plus surpris – et agacé – lorsque Scholz est ensuite apparu le même jour par vidéo lors d’une conférence de presse, au cours de laquelle il ne semblait pas aussi malade, mais a plutôt annoncé avec confiance son programme d’aide énergétique de 200 milliards d’euros. Les Français disent qu’ils n’ont même pas été informés au préalable. Un porte-parole allemand a refusé de commenter.

    Yannick Bury, un législateur de l’opposition allemande de centre-droit qui se concentre sur les relations franco-allemandes, a déclaré que Scholz devait commencer à reconstruire les liens avec Macron. « Il est important que la France reçoive un signal clair que l’Allemagne a un grand intérêt à un échange étroit et confiant », a déclaré Bury. « La confiance a été brisée. »

    Politico, 26/10/2022

    #France #Macron #Allemagne #Olaf_Scholz #Ukraine #Chine


  • L’économie de guerre ne peut que tuer la mondialisation

    L’économie de guerre ne peut que tuer la mondialisation

    Guerre, économie de guerre, mondialisation, G7, BRICS, Occident, Russie, Chine, commerce,

    Le président Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots et a d’emblée lancé à propos de la guerre russo-ukrainienne « Nous sommes entrés en économie de guerre ». Parole certainement pesée et généralement utilisée pour faire accepter des sacrifices en invoquant de grandes valeurs comme le prix de la liberté. C’est vrai que la période hivernale s’annonce périlleuse entre menaces sur le pouvoir d’achat, pénuries d’énergies et ralentissement de la croissance, et pas seulement chez nous en Europe mais largement au-delà.

    Certes, on était habitués à l’usage réitéré et opportuniste de la formule – François Hollande nous avait également informés que nous étions en guerre contre la Syrie – mais cette fois-ci l’auteur de ces propos veut nous signifier quelque chose de bien plus profond. C’est la logique sur laquelle l’économie mondiale fonctionnait depuis bientôt cinquante ans qui vient de basculer sur autre chose dont il peine ou n’ose d’ailleurs à définir les contours.

    Car c’est un modèle de l’économie mondialisée heureuse adossée à beaucoup de croyances avec lequel on est obligés ou invités à prendre aujourd’hui nos distances. Deux transformations technologiques majeures allaient en créer les conditions permissives : la révolution numérique indispensable à la finance mondiale et à la circulation de l’information, et l’abaissement massif des coût de transport des marchandises. Depuis la fin des « trente glorieuse » nous étions entrés dans une mondialisation libérale partout vantée pour les avantages qu’elle procurerait à ceux qui accepteraient d’y participer. Les plus honnêtes reconnaissaient que dans cette nouvelle interdépendance généralisée certains seraient peut être plus dépendants que d’autres et que les bénéfices ne seraient peut être pas pour tous et qu’il conviendrait d’imaginer des mécanismes amortissants les chocs qu’elle ne manquerait pas de provoquer.

    Fondamentalement ce modèle mondialiste permit au capital d’organiser la mise en concurrence des travailleurs, de se jouer des frontières, de s’exciper des acquis sociaux en allant faire ailleurs ce qui devenait interdit chez soi. La déflation salariale s’obtint par la mise en concurrence des travailleurs à l’échelle du monde en rapprochant capital et bas salaires que ce soit à coups de délocalisations ou par l’accompagnement de flux migratoires. Ainsi fut mis fin à un compromis implicite qui régnait sur un territoire donné entre travail et capital et qui faisait en sorte que la grosse firme puisse écouler la marchandise produite auprès de consommateurs disposant d’un pouvoir d’achat suffisant. Dès lors que l’horizon devenait planétaire, la firme multinationale pouvait s’émanciper du contexte social car seul comptait son chiffre d’affaires. Et s’il pouvait être réalisé à l’export, alors qu’importait la fermeture des bassins d’emplois et la montée du chômage. Le chiffre d’affaires devenant mondial on pouvait dégrader l’emploi, casser des secteurs d’activités, démanteler des territoires. Il s’agissait de penser mondial et pour ce faire remodeler les réalités nationales en alléguant une soi-disant contrainte externe. L’attractivité – c’est-à-dire l’abandon des acquis sociaux, la fin des normes fiscales et environnementales – devint l’horizon partout proposé.

    Précédée de la crise monétaire asiatique, la crise des subprimes émergeant au cœur de la finance mondiale allait irradier le continent européen puis l’ensemble du monde. La pandémie du Covid ébranla encore plus le système. En réalité depuis 2015 le processus de mondialisation s’est ramolli, les rythmes du commerce extérieur ne caracolant plus en tête devant celui du PIB mondial.

    Cette mondialisation était vantée pour les vertus supposées du « doux commerce ». Elle devait réduire les inégalités, garantir la croissance, la prospérité, la paix et la sécurité. L’interdépendance croissante et l’intégration à l’économie mondiale devaient contribuer à assurer tous ces succès et même, cerise sur le gâteau, promouvoir la démocratie et faire reculer les tentations nationalistes. La certitude s’était répandue, surtout depuis l’effondrement du monde soviétique, que ce processus ne pouvait être conduit que par le monde occidental. Avec le recul, on ne peut qu’être consternés de l’adhésion durable de la plupart de nos élites économiques ou politiques à ces croyances et à leur obstination devant les désaveux apportés jour après jour par la réalité des faits.

    Car non seulement les vertus attendues ne se sont pas réalisées, mais plusieurs changements structurels sont advenus sans qu’on y prête une attention suffisante. Tout d’abord le poids des pays occidentaux dans l’économie mondiale s’est affaibli au fur à mesure que la mondialisation progressait. Cette perte d’influence s’est traduite pour les pays du G-7 par un passage de 50 % à 31 % du PIB mondial des années 80 à aujourd’hui. Ce sont les pays non-occidentaux notamment les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine) qui en bénéficièrent, en particulier la Chine dès que son adhésion à l’OMC en 2001 lui permit de devenir un acteur économique majeur à même d’entretenir des relations avec tous les continents, y compris les États-Unis.

    Dans le même temps le monde devenait un territoire de jeu pour les firmes multinationales se jouant des frontières et redéployant ses segments d’activités au gré des avantages procurés par l’attractivité poussant maints pays à offrir des « avantages » sociaux, fiscaux ou environnementaux. Des chaînes de valeurs se sont délocalisées et articulées entre elles formant un vaste réseau où chacun dépendait des autres avec la caractéristiques de travailler à flux tendus sans stock et s’exposant ainsi à tout choc ou toute rupture d’approvisionnement. Car tout flux peut se transformer en arme redoutable. Les interdépendances auparavant louées se sont transformées en sources de vulnérabilité. C’est sur ce constat que s’appuient les sanctions qui depuis une quarantaine d’années ont été utilisées dans
    différents domaines avec les fortunes diverses que l’on sait.

    C’est dans ce contexte que la guerre russo-ukrainienne s’installe. Très vite les sanctions occidentales vont révéler les caractéristiques de cette longue évolution de l’économie mondiale, déjà entrevues à l’occasion de la crise du Covid et de la présidence Trump, et qui se ramènent à un enchevêtrement de flux et à une bipolarisation qui se met en place entre zones d’influence occidentale ou chinoise.

    Ainsi au-delà de ses aspects militaires la guerre, partie pour durer, se mondialise à travers ses aspects économiques. De même que l’agression russe a ressoudé les pays occidentaux et renforcé l’Otan, la politique des sanctions à l’égard de la Russie a révélé que l’Occident avait perdu la maîtrise de la mondialisation et n’avait plus les moyens de « cornériser » son adversaire qui pouvait s’appuyer sur le neutralité bienveillante des Grands du tiers-monde pas mécontents de montrer la force de leur autonomie ou leurs ressentiments longtemps contenus. Ainsi le multi-alignement – qui part avant tout de la défense de ses intérêts nationaux –succède au non-alignement. À l’occasion de la récente assemblée générale des Nations unies on assista à un assaut d’efforts pour casser cette alliance de fait qui avait eu pour effet d’isoler le monde occidental dans sa politique de sanctions et plus encore de déboussoler ses opinions publiques inquiètes du sort qui les attendait.

    Le monde se refaçonne. La mondialisation moins dynamique se désoccidentalise, s’organise de plus en plus vers des blocs antagoniques et ramène sur le devant de la scène de vieux conflits historiques qui avaient opposés Nord et Sud. Dans le même temps le fractionnement des chaînes de valeurs atteint ses limites au-delà desquelles la résilience de la production n’est plus assurée. L’approche libre-échangiste ou la recherche de l’ouverture reculent faisant place à un intérêt marqué pour la protection et la sécurité au détriment de l’avantage immédiat du meilleur coût. La dimension géopolitique imprègne les choix des partenaires commerciaux.

    Partout on parle de souveraineté économique et d’autonomie stratégique. La recherche de la sécurité des approvisionnements peut primer désormais sur la recherche d’une production au moindre coût. La globalisation « low cost » a vécu. L’économie de guerre annonce tout cela.

    Recherches internationales, septembre 2022

    #Occident #Economie #Guerre #Mondialisation #Russie #Chine #G7 #BRICS #Macron

  • Pékin et Moscou se posent en contrepoids à l’ordre occidental

    Pékin et Moscou se posent en contrepoids à l’ordre occidental

    Russie, Chine, Organisation de coopération de Shanghai, OCS,

    Les présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine se sont posés vendredi en contrepoids à l’influence occidentale lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan.
    Les deux dirigeants sont en tête d’affiche d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un groupe qui entend concurrencer les institutions occidentales, à Samarcande (Ouzbékistan).

    Ce sommet intervient au moment où Moscou et Pékin ont des relations extrêmement tendues avec les Etats-Unis, à cause de l’invasion russe de l’Ukraine et du soutien américain à Taïwan.

    Il convient de promouvoir les valeurs communes de l’humanité, d’abandonner les jeux à somme nulle et la politique consistant à créer des blocs.

    « Une direction plus juste et rationnelle »

    Lors de la session principale du sommet de l’OCS, Xi a appelé les dirigeants réunis à « travailler ensemble à la promotion d’un ordre international qui aille dans une direction plus juste et rationnelle ».

    « Il convient de promouvoir les valeurs communes de l’humanité, d’abandonner les jeux à somme nulle et la politique consistant à créer des blocs », a-t-il poursuivi. Il n’a cité aucun pays, mais Pékin utilise généralement ce vocabulaire pour dénoncer les Etats-Unis et leurs proches alliés.

    Le président russe, de son côté, s’est félicité du « rôle croissant des nouveaux centres de pouvoir » qui, selon lui, « devient de plus en plus évident ». Poutine a affirmé que la coopération entre les pays membres de l’OCS, à la différence des Occidentaux, se basait sur des principes « dénués d’égoïsme ».

    L’OCS, dont les membres sont la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan et quatre ex-républiques soviétiques d’Asie centrale, a été créée en 2001 en tant que plateforme de coopération concurrente des organisations occidentales.

    Poutine en quête d’alliés

    Les déclarations des dirigeants russe et chinois illustrent les turbulences qui secouent depuis plusieurs mois les relations internationales, en particulier depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, fin février.

    La Russie est visée depuis par de lourdes sanctions économiques occidentales et se tourne de plus en plus vers l’Asie pour chercher des soutiens économiques et diplomatiques. Le locataire du Kremlin a ainsi multiplié depuis jeudi les rencontres bilatérales en marge du sommet.

    Lors d’un entretien jeudi avec Xi, Vladimir Poutine a remercié son homologue chinois pour sa « position équilibrée » sur l’invasion de l’Ukraine par Moscou, tout en lui promettant des « explications » face à ses « inquiétudes ».

    L’analyse de Bertrand Badie sur Forum :

    L’heure « n’est pas à la guerre »
    Le président russe Vladimir Poutine a aussi assuré vendredi au Premier ministre indien Narendra Modi qu’il souhaitait terminer « le plus vite possible » le conflit en Ukraine, tout en disant comprendre les « inquiétudes » de l’Inde à ce sujet.

    « Malheureusement, c’est juste que la partie adverse, les dirigeants de l’Ukraine, a refusé tout processus de négociation, et a indiqué qu’elle voulait atteindre ses objectifs par la voie militaire, sur le champ de bataille », a poursuivi Vladimir Poutine, selon un échange retransmis à la télévision russe.

    Le Premier ministre indien a de son côté indiqué que l’heure n’était « pas à la guerre » et a souligné l’importance de « la démocratie, de la diplomatie et du dialogue ».

    L’Inde s’est abstenue de condamner explicitement l’invasion russe de l’Ukraine et qualifie Moscou de « pilier essentiel » de la politique étrangère indienne en raison de son « partenariat stratégique » pour sa sécurité nationale.

    Le géant d’Asie du Sud de 1,4 milliard d’habitants, grand consommateur de pétrole russe, a considérablement accru ses achats depuis l’embargo occidental.

    RTS.CH, 16/09/2022

    #Russie #Chine #Ukraine

  • Réponse de la Chine aux accusations du président Macron

    Réponse de la Chine aux accusations du président Macron

    Algérie, Emmanuel Macron, Chine, France, colonisation, mémoire, coopération, investissement,

    Lors de sa visite en Algérie, le président français Emmanuel Macron a accusé des puissances impérialistes, en citant la Russie, la Chine et la Turquie, de nourrir un sentiment anti-français chez la jeunesse algérienne et africaine au sujet du passé colonial français en Algérie et en Afrique.

    Cette information a été relayée depuis le 21 août par des médias francophones dont le quotidien français Le Figaro et le site algérien TSA. C’est une acusation regrettable, lourde et sans fondement.

    A mon avis, si la France n’est pas aimée par des jeunes algériens, il faut leur demander pourquoi, il faut écouter leur voix pour comprendre ce sentiment anti-français. Accuser d’autres pays n’aide pas les choses. On ne peut pas accuser les autres pays avec des observations très personnelles du genre « il y a une immense manipulation sur les réseaux sociaux».

    La Chine et l’Algérie ont établi leurs relations diplomatiques en 1958. Quatre ans avant son indépendance. Depuis, les deux pays entretiennent de très bonnes relations. Un petit exemple : En 1963, la Chine a envoyé sa première équipe médicale en Algérie, première du genre en ce qui concerne son envoi d’équipes médicales à l’étranger.

    Si la Chine obtient une certaine popularité chez les algériens, c’est grâce à ce qu’elle a fait pour ce pays et son peuple et pas sur ce qu’elle a dit sur les réseaux sociaux. Les algériens, plus globalement les africains, sont sensés et autonomes. Ils ne sont pas des adolescents qui ont besoin de filtrage parental lorsqu’ils regardent les réseaux sociaux.

    Les dirigeants africains sont lucides et savent comment choisir les pays partenaires. Ils savent quels projets sont bénéfiques pour leurs pays. On ne peut pas dire qu’ils font le bon choix quand il s’agit d’un projet européen ou américain et qu’ils sont dupes quand il s’agit d’un projet chinois.

    Enfin, je dois rappeler une chose à nos amis français. La France et la Chine coopèrent en Afrique. Lors de la visite du Premier Ministre chinois Li Keqiang en France en 2015, les deux pays ont publié une déclaration conjointe sur la coopération dans les marchés tiers. En 2018, lors de sa visite en Chine, le président français Emmanuel Macron a même assisté à la signature d’un partenariat entre la Banque de Développement de Chine et l’Agence française de développement pour soutenir des projets en Afrique sur le climat. Ces projets ont été concrétisés au fur et à mesure. En 2020, la première phase d’un projet d’assainissement à Dakar, cofinancé par la Chine et la France, a été mise en service en présence de l’ambassadeur de Chine au Sénégal.

    Début 2022, la Chine et la France ont signé un document portant sur la liste des projets de démonstration du 4ème cycle de développement de la coopération sur les marchés tiers marquant la dernière étape de cette initiative visant à renforcer la coopération internationale. Cette liste comprend des projets d’infrastructure et d’énergie nouvelle en Afrique, en Europe Centrale, et en Europe de l’Est.

    L’Afrique est un continent ouvert et suffisamment grand pour accueillir les investisseurs français, chinois, américains, etc. Il est temps d’arrêter de considérer l’Afrique comme la chasse gardée d’un pays ou d’un autre.

    #France #Chine #Afrique #Macron #Algérie

  • Bouleversements géostratégiques à l’horizon de 2030

    Bouleversements géostratégiques à l’horizon de 2030

    Economie, Russie, Ukraine, énergie, Chine, Afrique, Algérie,

    Professeur Abderrahmane MEBTOUL, docteur d ‘Etat 1974- expert international

    Cette brève contribution est une synthèse de l’interview que j’ai donnée à la télévision internationale Alg24News le 02 septembre 2022 sur les tensions géostratégiques actuelles

    1.-Ont été abordés des sujets complexes concernant notamment le conflit en Ukraine, les impacts des sanctions occidentales contre la Russie, les tensions USA/Chine concernant Taïwan ou le monde à l’horizon 2030/2035, avec l’actuelle crise énergétique, alimentaire et le réchauffement climatique devrait connaître un profond bouleversement du pouvoir à l’échelle mondiale. Tout en n’oubliant pas que la Russie et l’Ukraine représentent 30% des exportations alimentaires mondiales, pouvant créer une véritable crise alimentaire. Source de déstabilisation de bon nombre de pays notamment africains, les tensions en Ukraine ont exacerbé les tensions énergétiques avec un taux d’inflation élevé dans la zone euro, aux États-Unis fin 2021, et les huit premiers mois de 2022, l’inflation devant atteindre en 2022, environ 6,6 % dans les pays avancés et 9,5 % dans les pays émergents et les pays en développement, ce qui a provoqué un durcissement des conditions financières mondiales et s’étant étendue à de nombreux pays sous l’effet des tensions sur les prix provoquées par les perturbations des chaînes d’approvisionnement et une pénurie de main d’œuvre historiquement forte.

    Selon la banque mondiale, l’Europe, les USA et la Chine avec la guerre en Ukraine a eu de nouvelles répercussions négatives sur la croissance mondiale qui s’est donc contractée au deuxième trimestre de 2022. Paradoxe, les sanctions contre la Russie à court terme n’ont pas eu d’effets dans la mesure où le pays possède 6,4 % des réserves mondiales de pétrole et surtout 17,3 % des réserves de gaz naturel. L’énergie représente 25 % de la richesse produite sur le sol russe (PIB) et 57 % de ses exportations, dont 30% de pétrole brut, 15% de produits pétroliers et 45% de gaz.

    Selon une étude de l’Institut Montaigne de juin 2022, les ventes de pétrole russe ont atteint 179 milliards de dollars en 2021, contre 62 milliards pour le gaz. Et l’augmentation des cours de l’or noir devrait encore accroître les recettes en 2022 où à 100 dollars le baril en moyenne, celles-ci s’élèveraient à 306 milliards de dollars, soit 18% du PIB russe. Aussi, après un effondrement temporaire au début de la crise ukrainienne, le rouble s’est raffermi dépassant actuellement 55 roubles un dollar en juillet 2022. Aussi à court terme ce sont les économies européennes qui ont été les plus pénalisées tout en évitant de minimiser les impacts négatifs sur l’économie russe (voir notre interview à la télévision Ennahar 04/09/2022)

    2.-Cependant il faut raisonner en dynamique et à moyen terme horizon 2025/2030, expliquant l’aide massive en armement des USA, suivi de l’Europe où cette guerre selon le Pentagone devrait durer longtemps et aura un impact négatif tant pour les économies européennes surtout l’Allemagne locomotive de l’Europe que de la Russie (le PIB étant faible, en 2021, étant voisin de celui de l’Espagne ) qui devrait connaître une contraction de leur PIB respectif en 2022, avec la dominance de deux importantes économies mondiales à savoir les USA et la Chine pour se partager le pouvoir économique mondial. La Chine dont 70% de ses exportations sont destinées à l’Europe et les USA, les échanges sino-russes représentant environ 12%, entend jouer le rôle de leader au niveau des BRICS, qui ne constitue pas un tout homogène, composé de systèmes politiques différents avec des stratégies différentes, dans la pratique des relations internationales n’existant pas de sentiments, représentant 25% des richesses mondiales et près de 45/50% de la population mondiale.

    L’enjeu sera le contrôle de l’Afrique, continent contenant des richesses colossales (les terres rares) avec un quart de la population mondiale horizon 2035, pour la Chine à travers la route de la Soie expliquant récemment l’important montant des USA en destination de l’Afrique suivi de l’Europe et du Japon allié traditionnel des USA qui vient de débloquer lors de la récente réunion à Tunis une enveloppe de 30 milliards de dollars et ce pour contrer l’influence de la Chine et à un degré moindre de la Russie. Quant aux récentes mesures sur le Tourisme via les visas qui ne fait pas consensus au niveau de l’Europe, pénalisant toute une population contraire d’ailleurs aux règles de l’Union européenne de libre circulation des biens et personnes, elles auront un impact limité eu égard au chiffre d’affaire mondial du tourisme en 2021 où la contribution économique du tourisme en (mesurée en produit intérieur brut direct du tourisme) est estimée à 1 900 milliards d’USD. Des résultats au-dessus des 1.600 milliards USD de 2020, mais encore bien loin des chiffres d’avant la pandémie (3 500 milliards d’USD), selon l’OMT.

    En 2019, les dépenses russes en voyages internationaux ont atteint 36 milliards de dollars américains et les dépenses ukrainiennes 8,5 milliards de dollars américains et en 2020, ces valeurs ont été réduites à 9,1 milliards de dollars américains et 4,7 milliards de dollars américains, respectivement. En tant que destinations touristiques, la Russie et l’Ukraine représentent 4 % des arrivées de touristes internationaux en Europe, mais seulement 1 % des recettes du tourisme international en Europe. En 2019, les dépenses russes en voyages internationaux ont atteint 36 milliards de dollar et les dépenses ukrainiennes 8,5 milliards de dollars américains et en 2020, ces valeurs ont été réduites respectivement à 9,1 milliards de dollars et 4,7 milliards de dollars américains.

    3.- Cette crise énergétique combinée aux effets négatifs du réchauffement climatique devrait entraîner entre 2022/2030/2035 une nouvelle structuration modèle de consommation énergétique et donc du bouquet énergétique mondial (Mix énergétique). Les investissements prévus dans le cadre de la transition énergétique Usa/Europe/Chine, Inde devrait dépasser les 4000 milliards de dollars où les grandes compagnies devraient réorienter leurs investissements dans ces segments rentables à terme.

    L’épidémie du coronavirus et les tensions en Ukraine ont montré toute la vulnérabilité de l’économie mondiale face aux chocs externes. Si l’on ne prend pas garde, l’impact du réchauffement climatique sera mille fois plus intense que l’ impact de l’épidémie du coronavirus avec des coûts croissants, que ne pourront plus supporter les Etats. Cela impose un autre comportement des ménages et aux entreprises d’investir dans les créneaux d’avenir à forte valeur ajoutée moins polluants qui, sont les déterminants fondamentaux du développement du XXIème siècle. Le monde de demain sera dominé par les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle qui influe sur la gestion des entreprises, des administrations, des systèmes politiques et nos comportements dont le fondement est la bonne gouvernance, le primat à l’éducation, à la santé et aux nouvelles activités créatrices de valeur dont la culture, les loisirs et aux activités écologiques. Cela implique le renouveau dans les négociations internationales, en repensant l’actuelle mondialisation qui produit des inégalités criardes, nécessitant de nouveaux mécanismes de régulations économiques, sociales et juridiques afin d‘atténuer les tensions géostratégiques et les tensions sociales qui influent sur la sécurité des Nations et le développement durable.

    En résumé, l’Algérie, acteur stratégique au niveau de la région méditerranéenne et africaine sur le plan sécuritaire, possède des atouts considérables pour devenir un important pôle énergétique au niveau de la région sous réserve d’accélérer sa transition énergétique. Elle est actuellement courtisée mais sa position est claire : elle peut doubler ses exportations vers l’Europe horizon 2025 passant de 11% à plus de 22% sous réserve d’un investissement de la part des compagnies étrangères, dans les hydrocarbures traditionnels, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables et l’hydrogène, la nouvelle loi des hydrocarbures étant attractive dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.

    #Ukraine #Russie #Chine #Occident #Afrique #Economie #climat #Energie

  • Un monde désordonné jette son ombre sur la TICAD 8

    Un monde désordonné jette son ombre sur la TICAD 8

    TICAD 8, Union Africaine, Japon, Russie, Chine, Ukraine, crise alimentaire,

    En Tunisie, le Japon a tenté de se présenter comme un partenaire ayant une approche différente de celle de la Chine, qui accorde beaucoup de prêts, mais dans le contexte de la dislocation de l’économie mondiale, cette remise à zéro pourrait avoir un impact limité.

    Angus Chapman

    Ce fut un étrange week-end à Tunis.

    Lors de la cérémonie d’ouverture de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8), pierre angulaire de l’influence économique, politique et de développement du Japon dans la région, étroitement liée à l’héritage de Shinzo Abe, disparu tragiquement, le Premier ministre japonais Fumio Kishida n’a pas mâché ses mots.

    L’ordre international fondé sur des règles est essentiel », a-t-il déclaré aux délégués, accusant à la fois la Chine et la Russie de saper cet ordre, dans une déclaration forte de son intention de regagner du terrain pour ce qui a été appelé à plusieurs reprises une approche distinctement « japonaise » du développement, enracinée dans la paix, la démocratie et l’épanouissement humain, avec un accent sur les droits sociaux, politiques et humains. L’Ukraine, en particulier, a occupé une place importante, presque toutes les interventions – du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Fakih Mahamat, à Amina Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations unies, en passant par la multitude de déclarations des 48 pays africains représentés à la conférence – commençant par évoquer les coûts terribles que l’invasion russe a imposés au continent africain. La déclaration de Tunis, adoptée lors de la clôture de la TICAD dimanche, est allée encore plus loin, s’ouvrant sur un engagement à « maintenir la paix et la stabilité internationales » avant de se faufiler dans un défi direct à la Chine, prenant « bonne note de l’initiative d’un Indo-Pacifique libre et ouvert ».

    Des crises aggravées

    Mais comme l’ont souligné plusieurs intervenants, l’environnement économique mondial n’est pas nécessairement propice à une réinitialisation ambitieuse des relations nippo-africaines.

    « Les choses se sont compliquées », a déclaré Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’un des coorganisateurs de la TICAD. Il a énuméré une série de vents contraires auxquels l’organisation est confrontée dans sa lutte pour mettre fin aux perspectives de développement de l’Afrique.

    « La pandémie a fait dévier de nombreux pays de leur trajectoire ; des dizaines de millions de personnes se sont appauvries et, pour couronner le tout, l’attaque de la Russie contre l’Ukraine a provoqué d’énormes perturbations. Nous essayions d’investir dans le développement, nous essayions d’investir dans l’économie numérique en Afrique, au lieu de cela nous devons [maintenant] nous concentrer sur la manière dont les gens ont accès à la nourriture et aux engrais. Sans parler de la récession économique mondiale, où le coût du capital explose et frappe les économies africaines à un point d’endettement maximal. »

    M. Steiner ajoute qu’au-delà de l’économie, « nous sommes confrontés à un moment où les questions d’inégalité et de polarisation politique, le manque de confiance dans le gouvernement sont en train de déchirer les coutures de la cohésion sociale et la fonctionnalité du gouvernement. »

    C’est dans ce contexte que le Japon tente de se réaffirmer et de se distinguer de la Chine, alors que l’approche de son rival régional en matière de développement africain, fondée sur les prêts, lui vaut d’être accusé de « diplomatie du piège de la dette » sur tout le continent.

    Alors que l’on a l’impression que la TICAD a perdu de son lustre – le nombre de hauts fonctionnaires des pays africains présents a diminué de plus de la moitié, pour atteindre 20 personnes seulement, par rapport à la TICAD 7 à Yokohama il y a trois ans – la promesse élevée du Japon de consacrer 30 milliards de dollars supplémentaires au cours des trois prochaines années pour contribuer au développement de l’Afrique a été bien accueillie. Bien que l’intention soit de mobiliser conjointement des fonds provenant de sources publiques et privées, conformément à la réorientation en cours vers un développement dirigé par le secteur privé, établie lors de la TICAD 7, la répartition jusqu’à présent penche fortement en faveur du gouvernement et des autres institutions officielles de développement. Outre un fonds de 10 milliards de yens (70 millions de dollars) créé par les milieux d’affaires japonais dans le but de soutenir les jeunes entreprises africaines, 4 milliards de dollars sont consacrés à une nouvelle « initiative de croissance verte avec l’Afrique », 5 milliards de dollars seront fournis sous forme de cofinancement avec la Banque africaine de développement (BAD) pour s’attaquer aux problèmes d’électricité, de connectivité, de santé, d’agriculture et de nutrition, ainsi qu’aux problèmes de santé publique, 5 milliards de dollars seront fournis en cofinancement avec la Banque africaine de développement (BAD) pour s’attaquer aux problèmes d’électricité, de connectivité, de santé, d’agriculture et de nutrition, ainsi que de transparence et de viabilité de la dette, avec 300 millions de dollars supplémentaires pour la facilité de production alimentaire d’urgence de la BAD, 1 milliard de dollars ira à un fonds mondial pour la prévention des maladies infectieuses et, enfin, 300 000 professionnels africains supplémentaires seront formés au Japon.

    Aussi bien intentionné et précieux que soit le soutien du Japon, il n’est cependant pas certain que la TICAD 8 ait constitué une grande réinitialisation de la coopération nippo-africaine. Encore moins s’il s’agissait d’un rempart bilatéral défiant les forces globales et multidimensionnelles qui exercent une pression sur le continent. Malgré toutes les références du Japon à la qualité, et non à la quantité, de la coopération et de la croissance, et malgré l’accent mis sur l’importance de l’agence, de la consolidation de la paix, de la justice, de la durabilité et du capital humain, la réalité désagréable est que le changement radical des investissements japonais en Afrique – le principal levier prévu pour obtenir des résultats positifs en matière de développement – ne s’est pas encore concrétisé. Les États-Unis ont investi 44 milliards de dollars d’IDE en 2021, le Royaume-Uni et la France environ 60 milliards de dollars chacun et la Chine 43 milliards de dollars, les 5 milliards de dollars du Japon restant loin derrière, alors même que ses dirigeants politiques et économiques vantaient la jeunesse, le dynamisme et le potentiel économique inexploité du continent. Bien qu’on ne puisse attendre du Japon qu’il fasse tout à lui seul, il reste la troisième plus grande économie du monde en termes de PIB et peut se targuer d’un héritage riche et partageable en matière d’industrialisation de haute technologie, d’administration publique efficace, d’infrastructures transformatrices et de contributions de soutien aux affaires mondiales. Elle peut certainement faire plus. Dans le même temps, le recours fréquent aux changements du système mondial, comme l’insistance de M. Kishida pour que l’Afrique dispose d’un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies – ce qui correspond aux ambitions du Japon dans cette arène – a été un rappel constant de l’ampleur des oscillations de la politique, de l’économie, de la finance et de la diplomatie internationales.

    Le changement climatique, la détérioration de l’économie, l’inégalité, le recul de la démocratie et l’agression nucléaire sont de véritables défis mondiaux, dont l’Afrique ressent l’extrémité plus que tout autre continent. Alors que j’écoutais le discours d’ouverture du Premier ministre Kishida, j’étais assis en face du chef de bureau d’une grande agence de presse internationale. Lors d’un appel Skype avec des collègues de la Libye voisine, il m’a dit, par-dessus le bruit des tirs, que des militants avaient commencé à tirer des coups de feu près de leur bureau.

    Dans un contexte d’élections nationales difficiles, de privations économiques croissantes, de sécheresse et de luttes pour le contrôle de l’industrie pétrolière nationale en raison de la flambée des prix induite par la guerre, il semblait inévitable que la violence qui sévit dans le pays depuis plus de dix ans et qui implique d’innombrables acteurs régionaux, internationaux et multinationaux, reprenne.

    Le Japon fait peut-être – ou peut-être pas – de son mieux, mais malgré les discours enthousiastes, les plénières, les promesses et la bonne volonté authentique et abondante de la TICAD 8, ses nobles ambitions pour l’Afrique restent frustrantes et hors de portée.

    African business, 30(08/2022

    #TICAD #Union_Africaine #Japon


  • La révolution du numérique et le nouveau pouvoir mondial

    La révolution du numérique et le nouveau pouvoir mondial

    Révolution numérique, crise énergétique, crise alimentaire, pandémie, covid 19, réchauffement climatique, BRICS, Chine, Russie, Ukraine,

    Abderrahmane Mebtoul Professeur des Universités, docteur d’Etat 1974 – Expert international – Expert-comptable de l’Institut supérieur de gestion de Lille France

    1.-Rappelons le scandale récent où le programme phare de NSO nommé Pegasus, u surnommé «Cheval de Troie», a permis, de fouiller dans les données (calendriers, photos, contacts, messageries, appels enregistrés, coordonnées GPS…) des Smartphones, iPhone comme Android, infectés, mais aussi de contrôler à distance la caméra et les micros intégrés à l’appareil. La maitrise de cette technologie donne la possibilité d’écouter des conversations dans une pièce alors que le téléphone apparaît inactif. Ce logiciel en est à sa troisième version. Dans les premières moutures, la victime devait cliquer sur un lien pour charger le virus. Mais, depuis au moins deux ans, Pegasus est devenu une technologie dite «zéro clic» où la victime reçoit ce qui ressemble à un appel vidéo qui suffit à infecter le téléphone dès la première sonnerie, même si elle ne répond pas.

    Selon Forbidden Stories, la réception d’un «iMessage», la messagerie d’Apple, ou d’un SMS infecté servirait de viatique pour prendre le contrôle de l’appareil. C’est un puissant logiciel qui au départ devait contrecarrer les actions terroristes mais qui a été utilisé pour espionner le compte d’une dizaine d’Etats, et une liste de plus de 50.000 numéros de téléphone de personnalités diverses de par le monde . Cependant les nouvelles technologies ne concernent pas seulement les écoutes. Les drones sans pilotes commencent à remplacer l’aviation militaire classique pouvant cibler avec précision tout adversaire à partir de centres informatiques sophistiqués à des milliers de kilomètres. Les satellites remplissant l’atmosphère, permettent d’espionner tout pays, de détecter le mouvement des troupes et la diffusion d’images de toute la planète.

    C’est dans ce cadre que se développe l’Intelligence économique dont sa gestion stratégique est devenue pour une Nation et l’entreprise l’un des moteurs essentiels de sa performance globale et de sa sécurité. Mais si les experts militaires s’accordent sur le fait que l’espionnage a toujours existé dans les relations internationales depuis que le monde est monde, mais aujourd’hui plus sophistiqué, il appartient à chaque nation d’utiliser des moyens plus sophistiqués pour se protéger où les cybers attaques sont facteurs de déstabilisation. Une Nation sans un service de contre espionnage incluant le militaire et l’économique, le social dont l’anthropologie pour saisir les mutations sociales, et le culturel afin de prévoir les comportements psychologiques, est comme un aveugle qui tâtonne sans stratégie.

    Notre univers est devenu une grande maison de verre, l’infrastructure de l’Internet se répandant aujourd’hui autour du monde pour créer un large réseau mondial et ce grâce à l’informatique qui permet aujourd’hui de numériser les informations et de gérer de nouveaux systèmes. L’utilisation de Facebook et Twitter par la diffusion d’informations parfois non fondées où faute de transparence, la rumeur dévastatrice supplante l’information officielle déficiente.

    2.-L’interaction de l’électronique et de l’informatique explique que les applications des NTIC puissent répondre aux besoins aussi bien des entreprises et de l’Etat que des ménages et des individus. La globalisation des entreprises, des marchés et des circuits de la finance n’a pas seulement impliqué un remodelage des structures économiques et des flux d’échange, elle a aussi conduit à la professionnalisation de la communication et de l’information, ainsi qu’à une intégration de plus en plus poussée des phases de la conception, de la création et de la consommation des produits, parallèlement à la fusion de sphères d’activités jadis séparées, voire opposées. D’où l’appui aux entreprises pour l’accès aux volumes importants d’informations sur le commerce international détenu par les départements et agences ministériels, les services de renseignement et de contre-espionnage, mettant en place un service d’information économique au profit des entreprises engagées dans le commerce extérieur.

    Depuis l’apparition des intranets et des extranets, l’information se diffuse plus rapidement et plus largement hors des frontières, acquérant ainsi une telle valeur stratégique que l’enjeu est désormais de se l’approprier. Des écoutes téléphoniques, nous assistons aux interceptions des messages électroniques. Lorsqu’un mail est envoyé de façon habituelle, il n’est pas crypté et peut transiter par une dizaine de proxys qui jalonnent le parcours vers sa destination. Les informations contenues dans le corps du message et dans les fichiers joints peuvent être lues par autant de responsables de proxies que nécessite le trajet. Les vols de documents ne se produisent pas seulement en accédant, à distance ou non, à un ordinateur ou un serveur, mais également par les photocopieuses qui stockent les informations avant de les imprimer, des experts en informatique pouvant donc ensuite très facilement récupérer ces informations.

    Autres exemples : le fonctionnement des bourses interconnectées déterminant le prix de produits stratégiques dont la méconnaissance peut se traduire en pertes financières, prix qui fluctuent de minutes en minutes, d’heures en heures et dont la méconnaissance peut mettre en faillite des firmes ou un pays, l’utilisation de mécanismes sophistiqués à l’aide de bureaux conseils juridiques et financiers pour les transferts illicites de capitaux à travers les surfacturations rendant presque impossible le traçage et donc la récupération par les Etats lésés. Face aux grands bouleversements géostratégiques qui s’annoncent, les impacts de l’épidémie du coronavirus et le dérèglement climatique modifieront le nouveau pouvoir mondial avec des incidences politiques, sociales, culturelles et militaire.

    3.- C’est qu’avec la crise ukrainienne, récemment en Asie avec les tensions Chine/USA concernant l’avenir de Taiwan, ( voir notre interview à la télévision ALG24 du 04 aout 2022), la crise énergétique et alimentaire, l’impact de l’épidémie du coronavirus et du réchauffement climatique, posent la problématique d’une nouvelle architecture des relations internationales et sur le plan politique et sur le plan économique de la nécessaire transition numérique et énergétique qui devrait modifier considérablement tant les politiques sécuritaires, économiques, et et sociales des Nations. Nous assistons à un profond bouleversement de l’ordre économique et géopolitique mondial où le commerce de l’énergie se modifie, l’inflation est de retour, la crise alimentaire guette bon nombre de pays, les chaînes d’approvisionnement se reconfigurent, les réseaux de paiement se fragmentent et certains pays émergents comme la Chine repensent leurs réserves de devises estimées au 31/12/2021 à environ 3200 milliards de dollars.

    C’est ainsi que le monde devrait connaître un grand bouleversement travers le BRICS, composé de cinq pays – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, l’acronyme BRICSAM (en anglais , également utilisé pour y adjoindre le Mexique, sans qu’il soit membre de ce groupe, rejoints en tant qu’ observateurs par la Thaïlande, l’Egypte, la Guinée et, le Tadjikistan. Ensemble, les BRICS pèsent 45 % de la population de la planète, près du quart de sa richesse et les deux tiers de sa croissance et les estimations, les BRICS seraient à l’origine de plus de 50 % de la croissance économique mondiale au cours des dix dernières années, ce bloc selon le quotidien allemand « Die Welt » pouvant être l’amorce : d’une alliance anti-occidentale. Cela marque la fin d’un monde né un demi-siècle plus tôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite des décennies durant par les divisions, les déchirements et les guerres.

    Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Face à cette situation ayant des impacts géostratégiques, économiques et sécuritaires, où les relations diplomatiques de chefs d’Etat à Etat, de ministres à ministres ont de plus en plus peu d’impacts, étant supplantés par des réseaux décentralisés, l’Etat major de l’ANP à travers les dernières éditions El-Djeich tire la sonnet d’alarme afin que la majorité des responsables des institutions stratégiques en Algérie en déphasage par rapport aux nouvelles réalités tant internes que mondiales, s’adaptent en urgence, nécessitant un important investissement dans le savoir. (Voir l’American Herald Tribune du 11 août 2018 (USA) «Dr Abderrahmane Mebtoul : «Algeria Still Faces Significant Challenges et IMPED ministère de la Défense nationale octobre 2019 conférence du Pr A. Mebtoul où les axes de la maîtrise du numérique ont été développés». C’est que la nouvelle révolution mondiale du numérique a un impact sur le comportement des citoyens, sur la gestion des institutions et des entreprises et d’une manière générale sur la gouvernance et sur notre nouveau mode de vie. Politiques, militaires, entrepreneurs, citoyens, nous vivons tous aujourd’hui dans une société de la communication électronique, plurielle et immédiate qui nous contraint à prendre des décisions en temps réel.

    En conclusion, les défis collectifs nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Existant un lien dialectique entre sécurité et développement, cela rend urgent un front social interne solide et de profondes réformes structurelles loin des replâtrages conjoncturels, toute Nation qui n’avance pas recule forcément et toute Nation n’est forte que si son économie est forte, l’Algérie étant dépendante des hydrocarbures (97/98% des recettes en devises avec les dérivés). Toute action diplomatique dans l’avenir des relations internationales n’aura de réelles efficiences que si l’économie est forte et si le pays maîtrise les nouvelles technologies.

    Face à ces nouvelles mutations technologiques s’impose une coordination internationale et un code de bonne conduite, avec de nouveaux mécanismes juridiques de protection qui touchent tant la vie privée que la sécurité des Nations. Le monde étant à l’aube d’une quatrième révolution économique, l’Algérie n’a pas d’autres choix que de réussir les réformes structurelles impliquant des stratégies d’adaptation et une autre politique socio-économique, loin des utopies du passé, dont celle de la transition énergétique et numérique. Le temps ne se rattrapant jamais en économie, toute Nation qui n’avance pas recule forcément, impliquant des actions concrètes loin des promesses utopiques du passé.

    #Révolution_numérique #Pegasus #Technologie #crise énergétique et alimentaire, l’impact de l’épidémie du coronavirus et du réchauffement climatique,

  • Le pétrole baisse alors que les données chinoises pèsent

    Le pétrole baisse alors que les données chinoises pèsent

    Pétrole, Chine, Brent, Prix, West Texas Intermediate, dollar,

    -La production de la raffinerie chinoise de juillet au plus bas depuis mars 2020, selon les données
    -Un dollar américain plus fort et des prix à faible pression sur les liquidités
    -À venir : l’Iran répondra lundi au texte nucléaire de l’UE

    LONDRES, 15 août (Reuters) – Les prix du pétrole ont chuté de plus de 4 dollars le baril lundi en raison des craintes liées à la demande alors que les données économiques décevantes de la Chine ravivaient les craintes de récession mondiale.

    Les contrats à terme sur le Brent ont chuté de 4,35 $, ou 4,43 %, à 93,80 $ le baril à 13 h 51 GMT après avoir baissé de 1,5 % vendredi.

    Le brut américain West Texas Intermediate a baissé de 4,23 $, ou 4,59 %, à 87,86 $ après avoir chuté de 2,4 % lors de la session précédente.

    Les contrats à terme sur le Brent étaient proches de leur plus bas depuis avant que la Russie n’envoie des troupes en Ukraine le 24 février, tandis que les contrats à terme sur le WTI ont touché leur plus bas lundi depuis début février.

    L’intérêt ouvert sur le Brent ce mois-ci est en baisse de 20 % par rapport au mois d’août de l’année dernière.

    « L’intérêt ouvert est toujours en baisse, certains (acteurs du marché) ne souhaitant pas y toucher en raison de la volatilité. C’est, à mon avis, la raison qui entraîne des volumes plus élevés à la baisse », a déclaré Giovanni Staunovo, analyste pétrolier chez UBS, ajoutant que le le déclencheur de la baisse de lundi a été la faiblesse des données chinoises.

    La banque centrale de Chine, le plus grand importateur mondial de brut, a réduit les taux de prêt pour relancer la demande alors que les données montraient un ralentissement inattendu de l’économie en juillet, l’activité des usines et de la vente au détail étant comprimée par la politique zéro-COVID de Pékin et une crise immobilière.

    La production des raffineries du pays a glissé à 12,53 millions de barils par jour (bpj), son plus bas depuis mars 2020, selon les données du gouvernement. Lire la suite

    La banque ING a abaissé ses prévisions de croissance du PIB chinois en 2022 à 4 %, contre une projection précédente de 4,4 %, avertissant qu’une nouvelle révision à la baisse est possible.

    L’indice du dollar américain

    Le prix du pétrole est généralement en dollars américains, donc un billet vert plus fort rend la matière première plus chère pour les détenteurs d’autres devises.

    Les pourparlers pour relancer l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 étaient également au centre de l’attention lundi. L’approvisionnement en pétrole pourrait augmenter si l’Iran et les États-Unis acceptaient une offre de l’Union européenne, qui supprimerait les sanctions sur les exportations de pétrole iranien, ont déclaré des analystes.

    L’Iran répondra d’ici minuit lundi au projet de texte « final » de l’Union européenne pour sauver un accord nucléaire de 2015, a déclaré son ministre des Affaires étrangères, appelant les États-Unis à faire preuve de flexibilité pour résoudre les trois problèmes restants.

    Reuters

  • L’Afrique courtisée

    L’Afrique courtisée

    Afrique, Etats-Unis, France, Chine, Ukraine, Russie,

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le ballet diplomatique en Afrique ne s’essouffle pas. Blinken et Macron sur les traces de Lavrov, la Chine observant avec attention cette intense activité diplomatique, les pays africains n’ont jamais été aussi courtisés par les puissances mondiales. Cet intérêt pour l’Afrique n’est pas nouveau, mais il va en grandissant depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine. Du 7 au 12 août, le chef de la diplomatie américaine est en déplacement en Afrique, en Afrique du Sud, en République démocratique du Congo et au Rwanda. Une troisième tournée en Afrique en moins d’une année, c’est du jamais vu dans les annales de la politique extérieure des Etats-Unis. Algérie, Maroc, Egypte, Kenya, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud, République démocratique du Congo et Rwanda, tant de pays africains où Blinken a marqué des haltes pour dire que les Etats-Unis sont là.

    Après avoir été longtemps absents sur le continent africain, particulièrement sous l’administration Trump, les Etats-Unis reviennent en force défendre leurs intérêts délaissés dans « un continent qui a d’énormes atouts économiques à faire valoir », selon l’expression du chef de la diplomatie américaine. Une course contre la montre pour couper ce qu’on peut de l’influence russe et chinoise sur le continent africain. Bien sûr, la Maison Blanche souhaiterait rallier les pays africains à ses thèses, notamment sur le plan de la guerre en Ukraine, mais ce n’est pas peine perdue si on arrive à nouer une coopération économique avec les pays africains même sans les convaincre de se liguer contre la Russie. En sus de l’intérêt géostratégique, le pétrole, le gaz et d’autres ressources naturelles dont regorge l’Afrique font saliver les puissances de ce monde. Est-ce la perte d’influence en Afrique des ex-puissances coloniales européennes, la France, la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui incite plus à l’offensive US ou c’est l’Europe qui passe sous les rouleaux compresseurs américains, russes et chinois, dans un contexte mondialisé qui ne fait plus de cadeau ?

    Seule la France tente de garder une présence en Afrique. Dans ce cadre, le président français Macron n’est pas en reste, dans ce ballet diplomatique, effectuant une tournée au mois de juillet dernier en Afrique (Cameroun, Bénin et Guinée-Bissau). Reste à savoir si les pays africains sauraient saisir cette tendance et tirer profit du grand intérêt que leur porte les grandes puissances ? Les pays africains peuvent lier des relations de coopération aussi variées qu’elles se présentent et avec n’importe quelle puissance, sans obéir à d’autres considérations que leurs intérêts propres. La politique viendra certainement obscurcir les visées, mais le plus important c’est de n’avoir comme objectif que la coopération gagnant-gagnant, là où elle se manifeste. C’est une époque historique pour faire sortir l’Afrique de son sous-développement si ses dirigeants appliquent les mêmes principes que ceux adoptés par ces puissances mondiales, qui semblent se tourner vers l’Afrique non pas pour s’apitoyer sur ses nombreux problèmes, mais tout juste pour donner de l’essor à leurs économies durement impactées par la pandémie et la guerre en Ukraine.

    Le Quotidien d’Oran, 10/08/2022

    #Afrique #France #Etats_Unis #Chine #Ukraine