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  • Crise économique et sociale au Maroc : Le front social en ébullition

    Crise économique et sociale au Maroc : Le front social en ébullition

    Tags : Maroc, économie, inflation, chômage,

    Par Mohamed Kouini

    L’effervescence sociale gagne la rue au Maroc. La crise économique fait des ravages. L’inflation bat des records et le chômage gagne de l’ampleur au sein des catégories les plus démunies. Les conditions de vie deviennent des plus déplorables, alors que la cherté de la vie est devenue un sujet préoccupant chez la population marocaine. C’est la pire crise sociale depuis celle de 1981.

    Partout, c’est la colère chez la population, au moment où le gouvernement local vient d’afficher ouvertement son échec dans la gestion du pays. Seule parade pour les autorités du Makhzen c’est la répression et le tout sécuritaire, craignant une plus large mobilisation populaire et surtout une conjonction des actions de grogne. Actuellement, les observateurs estiment que les revendications sociales risquent de faire jonction avec des revendications politiques, notamment chez l’opinion publique qui revendique le respect des droits de l’homme et des libertés dans les régions du Rif au nord du pays, qui dénonce la normalisation avec l’entité sioniste et son entêtement à refuser toute démarche onusienne dans son conflit avec les Sahraouis.

    Au sein des universités et des campus, les étudiants manifestent contre le rapprochement avec Israël et réclament une démocratisation rapide et totale.

    L’atmosphère délétère dans la rue, le ras le bol généralisé et la répression tous azimuts de tout rassemblement populaire préoccupe la Makhzen qui pense qu’il s’agit ici d’une véritable menace pour sa survie.

    Cette situation a poussé le makhzen à demander de l’aide auprès des monarchies de la péninsule arabique, ainsi qu’auprès de certaines institutions financières et des grands établissements bancaires internationaux. Le régime makhzenien avait espéré derrière sa politique de normalisation avec l’entité sioniste que la grande finance internationale allait lui offrir des investissements et des prêts bonifiés de longue durée, et surtout des aides et une assistance économique gratuites.

    L’économie marocaine entame déjà l’année 2023 dans l’incertitude. Elle est marquée par le creusement des déficits, l’augmentation du niveau d’endettement, une saison agricole menacée par la sécheresse et les coûts élevés des intrants et la forte hausse des prix des matières premières et énergétiques, selon un rapport de la banque d’investissement marocaine CDG Capital.

    Ainsi, la hausse des prix des matières premières et de l’énergie, combinée au rétrécissement des conditions de financement à l’international et au ralentissement de la demande étrangère adressée au Maroc, “devraient impacter trois équilibres macro-économiques : un creusement du déficit commercial suite au renchérissement des importations, une hausse de l’inflation et un rétrécissement des conditions de financement du Trésor à l’international, accompagné d’une augmentation des charges de la compensation”, présagent les analystes de CDG Capital Insight.

    Les équilibres extérieurs du Maroc sont sous pression face à la hausse des importations et de la faiblesse des recettes touristiques.

    Beaucoup de facteurs devraient contribuer à creuser de manière importante le déficit commercial du Maroc, qui pourrait franchir pour la première fois la barre des 200 milliards de dirhams (20,54 milliards de dollars), estime-t-on dans le même document.

    Et ce constat a mis à nu la politique du gouvernement, mené par un oligarque proche du palais, beaucoup plus porté vers la gestion des affaires courantes et la satisfaction des intérêts personnels des ministres et leurs familles. Depuis le début de l’année, c’est la grogne.

    Tous les secteurs sont concernés par cette vague de manifestations et de débrayages. C’est ainsi que le secteur de l’éducation au Maroc connaît une congestion sans précédent ces derniers mois, en raison du mépris qu’affiche le ministère de tutelle envers les revendications professionnelles légitimes des employés. Des syndicats exaspérés par l’attitude des autorités ont appelé à l’organisation de nombreux sit-in et mouvements de grève durant ce mois de novembre.

    Il faut dire que ce secteur est l’un des plus touchés par les mouvements de grève au royaume, du fait de l’incapacité du gouvernement du Makhzen à prendre en charge les revendications des employés. Face à l’impasse à laquelle a abouti le dialogue ouvert avec la tutelle, la Fédération marocaine des fonctionnaires du secteur de l’éducation a décidé de tracer un programme de lutte consistant en l’organisation de plusieurs actions, dont un sit-in mardi prochain devant le siège du ministère de l’Education, ainsi que des rassemblements devant les académies régionales le 29 novembre à travers le pays.

    Selon le secrétaire général de la Fédération marocaine des fonctionnaires du secteur de l’éducation, Abdelilah Dahmane, le mouvement de protestation contre les premiers résultats du dialogue sectoriel est un “message d’avertissement.

    Par ailleurs, la même Fédération a condamné “l’agression répétitive et injustifiée des personnels de l’éducation et des autres secteurs par les forces de sécurité marocaines lors de leurs différents sit-in”, affirmant qu’elle était “inadmissible” et ne pouvait “en aucun cas être justifiée”.

    Le Jeune Indépendant, 12 nov 2022

    #Maroc

  • Haaretz : portrait peu reluisant de l’économie du Maroc 

    Haaretz : portrait peu reluisant de l’économie du Maroc 

    Maroc, Haaretz, économie, Mohammed VI, sécheresse, pandémie, chômage, tourisme, armes,

    L’économie du Maroc s’effondre, mais son roi préfère les lumières de Paris.
    Le pays a dépensé des millions de dollars en matériel militaire mais ne s’est toujours pas remis des effets d’une grave sécheresse et de la pandémie de COVID. Le chômage des jeunes monte en flèche, tout comme les prix des loyers et l’indignation de la population.

    Zvi Bar’el

    Le roi du Maroc, Mohammed VI, est un homme malade. Il a été opéré du cœur il y a deux ans et a contracté le coronavirus cette année. Ces derniers mois, il a passé plus de temps à Paris que dans son propre pays, donnant des instructions à ses assistants et à son Premier ministre par téléphone ou par Zoom.

    Mais ses ennuis ne se limitent pas à ses problèmes de santé. Il y a deux mois, il a été filmé en compagnie d’amis, semblant être ivre et tenant un verre à la main. Ses gardes du corps ont tenté d’empêcher le tournage, mais le clip vidéo a fait le tour des médias sociaux.

    Cette affaire avait été précédée d’un autre scandale, après que trois lutteurs allemands d’origine marocaine, les frères Azaitar, ont été accueillis dans le palais royal et photographiés en présence du roi. Cela n’aurait pas suscité de polémique si les frères n’avaient pas exploité les photos à leur profit – pour acheter des terrains au rabais et obtenir des licences commerciales, le tout en fonction de leur relation avec le roi.

    Mohammed VI n’a pas assisté aux funérailles de la reine Elizabeth, choisissant d’y envoyer son fils, le prince héritier Moulay Hassan, faisant ainsi allusion à celui qui devrait lui succéder sur le trône. Les conseillers du roi ont déclaré qu’il ne s’était pas rendu à Londres pour les funérailles en raison de son état de santé. Officieusement, il a également été expliqué qu’il s’occupait de sa mère malade à Paris.

    La situation du Maroc n’est pas meilleure que celle du roi. Il a beaucoup investi dans l’achat d’armes, de missiles et d’autres matériels militaires, notamment le système antimissile Dôme de fer et les missiles air-sol d’Israël, mais le pays ne s’est pas remis du double choc du coronavirus et d’une grave sécheresse. Au début de l’année, la Banque mondiale prévoyait une croissance annuelle de l’économie du pays de 3,2 %, mais cette prévision a récemment été ramenée à 1,5 % seulement.

    Le royaume importe 90 % du pétrole et du gaz naturel qu’il consomme, dont le coût a fortement augmenté depuis l’invasion de l’Ukraine, creusant un trou important dans le budget national du Maroc. Le tourisme dans le pays se rétablit peut-être progressivement, mais les recettes du secteur – 2,7 milliards de dollars au premier semestre de cette année – sont nettement inférieures aux prévisions et aux niveaux antérieurs à la pandémie. Des dizaines de milliers de travailleurs du secteur ont perdu leur emploi et beaucoup d’entre eux n’ont toujours pas repris le travail. Le taux d’occupation des hôtels du pays est estimé à moins de 50 %.

    Dans ce contexte, on peut comprendre la colère massive du public lorsque la ministre du tourisme du pays, Fatim-Zahra Ammor, a choisi de passer ses vacances à Zanzibar plutôt qu’au Maroc. « La ministre a tourné le dos à son pays en allant passer ses vacances à Zanzibar, où elle paie ses dépenses en devises fortes », a écrit Ismail al-Halwati dans un article rageur publié sur le site Akhbarona. Et il n’était pas le seul à s’y opposer.

    Les chiffres officiels situent le taux de chômage du pays à plus de 12 %, mais chez les jeunes, ce chiffre est plus proche de 30 %. Une grave sécheresse a chassé les habitants des zones rurales vers les villes, réduisant l’emploi dans le secteur agricole, qui représentait plus de 14 % du PIB du Maroc et employait 40 % de la population. Selon des enquêtes récentes, les zones rurales périphériques ont perdu plus de 150 000 emplois au profit des grandes villes.

    Cela a également des répercussions importantes sur le secteur de l’immobilier, sur les prix des loyers et plus généralement sur le coût du logement. En outre, les grandes villes ne sont pas équipées pour accueillir des centaines de milliers de migrants ruraux et leur fournir des soins de santé, une éducation et des installations sanitaires.

    Le secteur de l’immobilier, qui a servi de jauge à la santé et à la croissance économique du pays, montre des signes d’effondrement. Il existe une offre de logements, mais la plupart sont haut de gamme et ne conviennent pas aux personnes à revenus moyens et faibles – qui représentent la majorité des demandeurs de logement – et dont les ventes ont chuté de 17 % au cours du premier semestre de l’année. Cette baisse est également le résultat de l’annulation de l’exemption de 50 % sur les frais d’enregistrement.

    L’augmentation du coût des matériaux de construction, notamment du fer, de l’aluminium et du ciment, en raison de la guerre en Ukraine, a également aggravé la situation d’un grand nombre de personnes qui ne peuvent pas se permettre d’acheter un appartement. Ils sont désormais contraints de louer à des prix bien plus élevés qu’il y a un an ou deux.

    Cette situation s’est également traduite par de la frustration et de la colère face à la baisse spectaculaire de la qualité de vie. En avril, le département de planification du gouvernement a publié des données montrant que plus de 76 % des personnes interrogées ont signalé une baisse substantielle de leur qualité de vie. Quatre-vingt-sept pour cent s’attendaient à une aggravation du taux de chômage, et 47 % ont eu besoin de prêts pour terminer le mois.

    Il y a un an, le roi a nommé Aziz Akhannouch, qui est apparemment la personne la plus riche du Maroc, au poste de premier ministre. Sa fortune est estimée à 1,5 milliard de dollars et il contrôle environ 50 entreprises. Sa nomination a suscité l’espoir que son expérience des affaires et son soutien royal propulseraient l’économie vers l’avant et sortiraient le pays de la crise. Il a notamment décidé d’augmenter le salaire minimum du secteur public de 10 % en deux ans, pour le porter à environ 320 dollars par mois. Depuis lors, pour la première fois depuis 2008, l’inflation a grimpé à 8 % par rapport à août 2021, ce qui a eu pour effet de réduire considérablement l’augmentation de salaire.

    Les espoirs que les citoyens plaçaient dans le nouveau premier ministre semblent à ce stade ne reposer que sur le papier, et certains articles l’ont déjà appelé à démissionner. Face aux critiques, le roi pourrait accéder aux demandes et remplacer Akhannouch, qui n’offrira de toute façon pas de remède miracle. Mais sa nomination a donné l’impression qu’au moins le roi était réceptif au public – même de Paris.

    Haaretz, 22/09/2022

    #Maroc #haaretz #mohammedVI #economie

  • Maroc: Hausse du chômage des jeunes et de l’inflation

    Maroc: Hausse du chômage des jeunes et de l’inflation

    Maroc, chômage, jeunesse, inflation, hydrocarbures,

    La crise sociale multidimensionnelle qui frappe le Maroc de plein fouet s’aggrave de jour en jour. Au moment où l’inflation ne fait qu’augmenter, sans que le régime ne daigne réagir, les chiffres publiés hier par le Haut commissariat marocain au plan (HCP) suscitent l’inquiétude quant à l’évolution économique et social au Maroc marqué par une forte hausse du taux de chômage. Le bilan du HCP publié à l’occasion la Journée internationale de la jeunesse, célébrée le 12 août chaque année, fait état «d’un taux de chômage chez les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur au Maroc qui dépasse les 60%».

    «Cela illustre, selon des observateurs, la grave crise de l’emploi qui sévit au Royaume », a ajouté l’ instance. Le même rapport a précisé, par ailleurs, que «près de 5 millions de jeunes Marocains âgés de 15 à 24 ans sont en dehors du marché du travail», précisant que «la hausse du taux de chômage est plus accentuée en milieu urbain et chez la gente féminine». Ils sont aussi plus de 4 jeunes actifs occupés sur 10 (41,9%) à exercer un emploi non rémunéré, selon cet organisme, précisant que «14% des jeunes actifs occupés exercent un emploi précaire de type occasionnel ou saisonnier».

    En outre, plus de 7 jeunes salariés sur 10 (73,2%) ne disposent d’aucun contrat formalisant leur relation de travail avec l’employeur, alors que 13,2% disposent d’un contrat à durée déterminée, 6,5% d’un contrat à durée indéterminée et 7,1% d’une entente verbale. Autre précision, et non des moindres, évoquée par la même source, est le fait que le chômage des jeunes Marocains est de longue durée et de première insertion. Ces derniers représentent, selon le même rapport, 70,4% des jeunes en chômage depuis un an ou plus, et près de trois quarts n’ont jamais travaillé, soit un taux de 73,4%.

    Ces chiffres illustrent, selon la presse locale, «la situation difficile que traverse cette tranche de la société sur le marché du travail et sa marginalisation». Des instances internationales et régionales avaient pointé du doigt, à maintes reprises, la situation sociale jugée «explosive» au Maroc et l’existence d’inégalités criardes, en raison de nombreuses défaillances et de l’absence de prise en charge par les services de l’Etat, notamment de la frange juvénile, livrée à elle même, dans le dénuement total. Une situation qui ne fait que s’aggraver et qui est vertement dénoncée au Maroc.

    Compte tenu de l’inaction du gouvernement dans la mise en œuvre des acquis de l’Accord social» pour le mois d’avril, l’Union des salariés de la Confédération marocaine du travail a, dans un communiqué, dénoncé «la politique de la hausse des prix et de la faiblesse du pouvoir d’achat des citoyens, au regard des conditions économiques et sociales actuelles empreintes pardes prix élevés et des conséquences de la cherté de la vie, condamnant en même temps «l’utilisation de la situation actuelle, comme la sécheresse… pour sévir contre le pouvoir d’achat de tous citoyens, y compris les catégories salariales». En conséquence, le syndicat a appelé le gouvernement à accélérer la publication de tous les textes législatifs et organisationnels concrétisant les résultats et les obligations du «dialogue social», notamment dans le volet lié à l’augmentation du salaire minimum dans le secteur public et l’augmentation de l’allocation familiale et autres.

    Il a également appelé à accélérer la publication du statut général de l’emploi public, qui a été approuvé à l’unanimité par le Parlement, ainsi que la publication d’un projet de loi sur la création d’une institution paritaire pour la promotion du travail social au profit des fonctionnaires et agents de l’administration publique. Le Syndicat des salariés a souligné la nécessité d’accélérer la promulgation de la loi relative à la protection des salariés qui dénoncent des actes de corruption, afin d’assécher les foyers de corruption et de dénoncer les pratiques qui nuisent à l’image des services publics et actes qui contribuent à la dilapidation de l’argent public.

    La même source a également appelé le gouvernement à publier des textes relatifs à la concrétisation des résultats du «dialogue social» dans les secteurs de la santé et de l’éducation, et d’accélérer la mise en œuvre des résolutions avalisées lors des dialogues sectoriels, avec en plus de revoir le système d’impôt sur le revenu en réduisant la pression fiscale des salariés pour protéger leur pouvoir d’achat.

    Par ailleurs, la gestion du secteur des hydrocarbures fait l’objet de vives critiques, allant jusqu’à exiger le départ d’Aziz Akhannouch, sur fond d’augmentation vertigineuse des prix de ce produit, dénonçant les entreprises opérant dans le secteur des hydrocarbures soupçonnées de «manipulations et de recours à des «pratiques illicites». Des propriétaires, commerçants et gestionnaires de stations-service au Maroc ont déclaré que l’une des principales entreprises nationales actives dans le secteur des hydrocarbures, «a mis en œuvre une mesure discriminatoire, en marchandant du carburant à des prix élevés à des stations portant sa marque mais soumises à une gestion libre».

    Les prix des carburants au Maroc ont connu des augmentations vertigineuses ces dernières semaines, dépassant pour la première fois les prix de l’essence, dans un précédent du genre au Royaume, en l’absence d’initiatives pour dissuader les sociétés violant la loi et protégeant par là même le consommateur marocain malgré les demandes populaires de changement. Contre toute attente, les prix des carburants continuent de grimper malgré la baisse des cours mondiaux, dans le silence persistant du Makhzen.

    Amar Malki

    La Sentinelle, 15/08/2022

    #Maroc #Jeunesse #Crise #Chômage

  • Tunisie: Saïed annonce un « dialogue national » sans Ennahda

    Tunisie: Saïed annonce un « dialogue national » sans Ennahda

    Tunisie: Saïed annonce un « dialogue national » sans Ennahda – ISIE, CSM, élections, magistrature, UGTT, UTICA, avocats, crise politique, crise économique, chômage, Rached El Ghannouchi,

    La Tunisie a vécu un mois d’avril pour le moins compliqué politiquement et ce n’est pas la traditionnelle indolence politique du Ramadhan qui a empêché le Président Kaïs Saïed de faire des annonces concernant le « bouclage » du processus politique enclenché au lendemain des inédites décisions prises le 25 juillet 2021.

    Après avoir pris en compte les résultats de la consultation populaire qu’il avait lancé la mi-janvier dernier et qui consistait en un formulaire à remplir par les citoyens tunisiens sur leur avis sur la façon dont devrait être menée la transition politique, le président Saïed a annoncé, lors de ses vœux au peuple tunisien à l’occasion de l’Aïd el Fitr, célébré lundi et mardi, la tenue d’un “dialogue politique national” dont seront exclues plusieurs formations politiques, principalement le mouvement d’obédience islamiste Ennahda, la principale force politique en Tunisie depuis la chute du régime de Zine El Abidine ben Ali en janvier 2011.

    Ce discours a été l’occasion pour Kaïs Saïed d’annoncer la mise en place d’une commission chargée de “gérer le dialogue national”, une mesure visant à répondre aux attentes de la communauté internationale qui avait mis la pression sur le pouvoir tunisien après le gel du parlement le 25 juillet 2021, puis sa dissolution le 30 mars 2022. Il vient aussi contrebalancer la décision de Kaïs Saïed , prise le 22 avril, de nommer le Président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).

    Selon un décret publié par le Journal officiel de la République tunisienne, le chef de l’État pourra nommer trois des sept membres de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (Isie), dont son président. Ce dernier devait, selon la loi organique de 2012 sur l’organisation des élections, être désigné par le Parlement.

    Ce n’est pas la première institution qui passe de facto sous le giron de la présidence. En février dernier, il y a eu la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), remplacé par un organe de supervision judiciaire “temporaire” dont les membres ont été nommés par le Président tunisien.

    S’agissant du dialogue national annoncé par Kaïs Saïed, quatre organisations devront y prendre part. Il s’agit de la centrale syndicale UGTT, l’organisation patronale UTICA, la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et l’Ordre national des avocats. Le choix de ce quartette, serait lié à sa crédibilité internationale, car il avait reçu en 2015 le prix Nobel de la paix pour sa contribution à la transition démocratique en Tunisie. Un gage offert donc aux partenaires étrangers, soucieux d’une sortie de crise politique rapide en Tunisie.

    Pour rappel, il a été décidé l’organisation d’un référendum pour la réforme de la constitution tunisienne le 25 juillet prochain, qui sera suivi des élections législatives le 17 décembre, sous un climat d’incertitudes dans un pays de quelque 10 millions d’habitants secoué une crise économique aigüe et un fort taux de chômage.

    En décembre 2021, l’Algérie avait accordé un prêt de 300 millions de dollars à la Tunisie, à la veille d’une visite officielle de deux jours du président algérien Abdelmadjid Tebboune à Tunis.

    De Tunis, Akram Kharief

    #Tunisie #KaisSaied #Ennahdha #ElGhannouchi #Dialogue

  • Maroc : La croissance devrait reculer plus que prévu

    Maroc : La croissance devrait reculer plus que prévu

    Maroc : La croissance devrait reculer plus que prévu – FMI, croissance du PIB, Perspectives de l’économie mondiale, économie marocaine, tourisme, agriculture, chômage,

    Le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour le Maroc en 2022, à 1,1% contre 3% selon les estimations précédentes.

    La croissance du PIB réel marocain devrait passer de 7,2% en 2021 à 1,1% en 2022, selon le dernier rapport du FMI sur les Perspectives de l’économie mondiale, alors que le chef de mission du Fonds au Maroc, Reberto Cardarelli s’attendait lors d’une conférence virtuelle le 10 décembre dernier, à une croissance de 3% cette année.

    L »institution de Bretton Woods a révisé ainsi ses projections pour l’économie marocaine de 1,9 point, en raisons notamment de la faiblesse persistante des secteurs du tourisme et agriculture.

    Pour ce qui est du taux de chômage, il devrait atteindre 11,7% en 2022, selon le même rapport.

  • Algérie. Dans un monde globalisé et sélectif

    Algérie. Dans un monde globalisé et sélectif – économie, société, modernité, éducation, enseignement, formation, développement, chômage,

    Par B. Chellali

    Malgré les énormes contraintes du passé, l’action multiforme et croissante dans le domaine social conjointement avec la démarche de renforcement des forces de production nationale a créé au fur et à mesure une situation, en grande partie nouvelle qui a permis le règlement, des problèmes qui se posent à ce secteur. La phase de construction d’une société moderne à laquelle est arrivée l’Algérie et inscrite désormais dans la Constitution ne doit pas faire oublier les insuffisances inéluctables de l’action menée, compte tenu de l’ampleur et de la gravité des problèmes sociaux du pays légués par la tragédie nationale des années 90, compte tenu également du succès même des programmes lancés et des grandes réalisations enregistrées dans tous les secteurs qui suscitent à leur tour des problèmes nouveaux. Ces problèmes qui permettent de mesurer le chemin qui reste à parcourir permettent aussi d’évaluer les progrès accomplis.

    Parmi les autres enseignements qui se dégagent avec force de l’analyse de l’action passée, il faut noter l’importance plus particulière encore dans le domaine social de la communauté d’objectifs et de démarche qui est un élément aussi essentiel que les réalisations effectuées, dans l’application du bilan d’une politique sociale, car elle constitue le garant de la cohérence et de la continuité de cette politique.

    L’inspiration est identique qui mêle étroitement les préoccupations économiques et sociales abordées dans une perspective plus large de transformation de la société. Il en est de même de l’utilisation des ressources de la loi transformées en autant d’outils aux mains des travailleurs et des fellahs pour la satisfaction de leurs aspirations et de la défense de leurs intérêts. Unité de démarche, mais aussi et surtout unité d’objectifs donnent ainsi leur signification aux mesures sociales en tenant compte de l’impératif de respect des acquis sociaux et de leur promotion, dans un souci d’amélioration constante du niveau de vie de la population à l’effet de conforter la volonté manifeste des pouvoirs publics d’ancrer la société dans la modernité.

    Ces efforts ajustés sont susceptibles de favoriser la résorption des disparités territoriales et la promotion d’une démarche de développement intégré et équilibré entre toutes les régions du pays. Encore faudra-t-il, appuyer qualitativement la formation du capital humain pour renforcer avec efficacité les rendements de l’économie nationale et favoriser l’insertion de la société algérienne dans l’économie moderne.

    Dans cet esprit, le développement économique et social est aujourd’hui un impératif primordial qui doit reposer sur l’ensemble de la Nation afin de construire un nouveau système économique structuré et solide, orienté vers l’économie moderne ambitionnée à travers l’investissement dans l’homme dans son génie créateur.

    Cet investissement devra se traduire encore par de nouveaux efforts, notamment, pour le système d’éducation, d’enseignement supérieur et de formation et qui ont pour but d’assurer les qualifications nécessaires à l’évolution de l’économie vers la performance et la compétitivité, dans un monde globalisé et sélectif. C’est, en effet, par l’éducation que l’Algérie pourra atteindre ses objectifs de développement, tout en menant une lutte efficace contre le chômage.

    B. C.

    Lemaghreb.dz, 25/04/2022

    #Algérie #Economie #Société #Développement #Chômage #Modernité

  • Algérie. Salaires et chômage : Des augmentations dès 01/2023

    Algérie. Salaires et chômage : Des augmentations dès 01/2023 – Algérie, Abdelmadjid Tebboune,

    Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a annoncé des augmentations des salaires et de l’allocation chômage devant entrer en vigueur début 2023.
    Dans des extraits de sa rencontre périodique avec les représentants de la presse nationale qui sera diffusée samedi soir sur les chaînes de la télévision et de la radio nationales, le Président Tebboune a tenu à rassurer la classe ouvrière qu’ »une augmentation des salaires et de l’allocation chômage interviendra d’ici la fin de l’année et entrera en vigueur début janvier 2023″, affirmant attendre « les résultats définitifs des recettes nationales devant être réalisées à fin 2022 ».

    interrogé sur un éventuel remaniement ministériel, le président de la République dira que ce remaniement se fera « selon les résultats de chaque secteur », la norme étant le taux d’application des décisions prises en Conseil des ministres.
    Concernant la lutte contre la spéculation illicite, le Président Tebboune rappellera l’existence de 160 minoteries soutenues par l’Etat qui au lieu de moudre le blé au profit du citoyen le vendent directement aux éleveurs de bétail.

    Le Chef de l’Etat a cité pour exemple le cas d’une wilaya « approvisionnée à hauteur 40 quintaux par mois pour chaque citoyen », au moment où « la consommation du citoyen ne dépasse pas dans le meilleur des cas 40 kg par mois », rappelant au passage la décision prise récemment relative à l’interdiction de l’exportation des produits alimentaires.

    Sur la pénurie des matières essentielles, le Président Tebboune a affirmé que l’Inspection générale de la Présidence de la République « est entrain d’enquêter sur le pourquoi de cette pénurie qui ne devrait pas exister », soulignant qu’il ne s’agit pas de problème de financement, car « les fonds sont disponibles ».
    L’Inspection générale de la Présidence de la République enquête sur la pénurie de certains médicaments
    Le Président Tebboune a affirmé avoir instruit l’Inspection générale de la Présidence de la République pour enquêter sur les raisons de la pénurie de certains médicaments. « L’Inspection générale de la présidence de la République est en train d’enquêter sur les raisons de ces pénuries qui ne devraient pas exister », a précisé le Président de la République qui a fait observer qu’il ne s’agit pas d’un problème de moyens matériels ou financiers, car « nous avons de l’argent », a-t-il dit, tout en qualifiant ces perturbations « d’anormales ».

    Le chef de l’Etat a également promis de communiquer les résultats de l’enquête, une fois celle-ci terminée, rappelant que l’Inspection générale de la Présidence de la République a été créée à l’effet de mener ce genre d’enquêtes. Dans le même sens, il a fait savoir que 37 inspecteurs de la Présidence de la République ont été mobilisés pour mener cette enquête. A une question sur l’existence de « lobbies » dans le secteur du médicament, le Président de la République a indiqué avoir déjà donné des instructions pour l’importation « dans l’immédiat » de médicaments en rupture de stocks pour contrecarrer ces lobbies.
    Les réserves de blé couvrent une période de 8 mois

    Le président de la République a révélé que les réserves de blé en Algérie couvraient une période de huit mois. « L’Algérie possède actuellement des réserves pouvant couvrir une période de huit mois. Nous sommes à la veille de la campagne de moisson dans le Sud ainsi qu’au Nord dans deux mois », a déclaré le Président Tebboune, tout en rappelant, dans ce cadre, les mesures prises par l’Etat pour encourager la production agricole, en tête desquelles l’augmentation du prix d’achat des céréales et des légumineuses auprès des agriculteurs.

    le chef de l’Etat a fait observer toutefois que la solution radicale pour faire face à la flambée des cours des céréales et à leur pénurie sur le marché international résidait dans l’augmentation de la production nationale. « Nous avons insisté sur la production locale de l’huile et du sucre et l’augmentation du rendement des céréales à 40 quintaux/hectare, et ce, avant même le début de la crise ukrainienne. Nous appelons et nous veillons à l’application de ces instructions pour protéger le pays des répercussions des crises étrangères », a-t-il précisé.

    Horizons, 24/04/2022

    #Algérie #Salaires #Chômage #Blé

  • Maroc : La dégradation du niveau de vie se poursuit

    Maroc : La dégradation du niveau de vie se poursuit – AMDH, sécheresse, hausse des prix, chômage, pauvreté,

    L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a fait le constat de la poursuite de la dégradation du niveau de vie des Marocains, en raison de la sécheresse, de la hausse des prix et des taux de chômage et de pauvreté, suscitant une escalade des mouvements de protestation et des sit-in dans le Royaume.
    Dans un communiqué publié vendredi, l’AMDH a affirmé la poursuite de l’atteinte aux acquis et aux droits socio-économiques des catégories populaires, ajoutant que la sécheresse a exacerbé la souffrance des petits agriculteurs, en l’absence de l’appui du Gouvernement et sur fond de la hausse des prix, la récession économique, et la hausse des taux de chômage et de pauvreté.

    L’AMDH a insisté notamment sur la situation catastrophique des travailleurs agricoles, à l’origine des vagues de protestation et des sit-in devant des entreprises agricoles et des établissements touristiques et industriels. Elle a également mis en garde contre la violation des droits de ces travailleurs, privés de leurs droits les plus élémentaires (santé, sécurité) et qui font face à des conditions inhumaines au vu et au su des autorités du Maroc.

    L’Association a, en outre, appelé à l’ouverture d’une enquête urgente et autonome sur l’utilisation d’engrais cancérigènes et de pesticides nocifs pour la santé des Marocains.

    Elle a, par ailleurs, condamné «les décisions rendues par la justice marocaine contre un certain nombre d’enseignants contractuels protestataires», selon le communiqué.

    #Maroc #AMDH #Economie #niveau_de_vie

  • Maroc: 83% des jeunes mécontents de leurs conditions de vie

    Maroc: 83% des jeunes mécontents de leurs conditions de vie

    Maroc: 83% des jeunes mécontents de leurs conditions de vie – ONDH, PNUD, chômage, enseignement, éducation,

    Plus de 83 % des jeunes marocains ne sont pas ou peu satisfaits de leur vie, et 70 % d’entre eux sont tenté par l’émigration, constate un rapport de l’Observatoire national du développement humain (ONDH) du Maroc en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD).

    Le rapport sur le développement humain au Maroc intitulé « Etre jeune au Maroc de nos jours », présenté mardi dernier, estime que 83,3% des jeunes marocains (15-29 ans) ne sont pas ou peu satisfaits de leur vie, 71,3% de leurs conditions de logement et 81,6% de leur travail ».

    En parallèle, la jeunesse marocaine affiche fortement son projet d’émigration, selon le rapport, qui précise que 7 jeunes sur 10 sont tentés par l’émigration, ce qui représente le taux le plus élevé de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).

    La jeunesse marocaine participe faiblement à la création de la richesse et au développement du pays, regrette-t-on.

    Cela s’explique par « la faiblesse de la population active — le taux d’activité est de 35,1% en 2019 — et une grande partie d’entre eux souffre du chômage, du sous-emploi et du travail informel.

    Selon le même document largement relaté par la presse locale, la difficile transition des jeunes à la vie active et au marché du travail s’explique par une demande d’emploi relativement faible en raison, en partie, du manque d’opportunités d’emploi et des modestes performances en matière de l’éducation.

    La baisse tendancielle du taux d’activité des jeunes marocains pourrait entraîner une perte de création de richesses, une dépréciation de leurs connaissances et de leurs compétences et l’apparition de comportements à risque compliquant leur intégration économique et sociale, met en garde les rédacteurs du rapport.

    « La mobilisation des jeunes dans le processus de prise de décision est l’un des déterminants de succès des programmes et des politiques publiques, et ce, à travers l’institutionnalisation du dialogue entre les jeunes et les pouvoirs publics », concluent l’ONDH et le PNUD.

    APS

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  • Algérie: Les six conditions pour sortir de la crise

    Algérie: Les six conditions pour sortir de la crise

    Algérie: Les six conditions pour sortir de la crise – économie, bureaucratie, inflation, croissance, investissement, chômage, relance économique,

    Une femme ou un homme politique qui n’insère pas ses actions au sein d’un cadre théorique cohérent aboutit par ses actions à des effets pervers qui peuvent se chiffrer en pertes pour la Nation en dizaines de milliards de dollars. Un théoricien qui élabore des schémas en dehors de la réalité aboutit aux mêmes effets négatifs d’où l’importance de synchroniser la théorie et la pratique. C’est faute de comprendre l’essence du fonctionnement de la société comme le poids de la bureaucratie, de la sphère informelle, l’inflation et la cotation des monnaies, le faible taux de croissance, le chômage, le gel de projets tel que souligné récemment par le président de la république que l’on s’appesantit sur des mesures conjoncturelles. Ce qui explique qu’après plusieurs décennies d’indépendance politique nous avons toujours une économie rentière (97/98% des recettes en devises provenant des hydrocarbures avec les dérivées), influant sur le taux de croissance, de l’emploi, des réserves de change et de la cotation du dinar.

    Pour des raisons de sécurité nationale, l’Algérie n’a pas d’autres choix que de réussir les réformes devant éviter la vision bureaucratique, de croire que l’élaboration de lois sont la seule solution alors que la solution durable est de s’attaquer au fonctionnement de la société avec des actions concrètes sur le terrain loin des discours et promesses utopiques. Combien d’organisations et de codes d’investissement depuis l’indépendance politique sans impacts réels. Sans être exhaustif, je recense six actions de sortie de crise.

    Premièrement. La politique de relance économique doit tenir compte des engagements internationaux de l’Algérie et évaluer sans passion, les impacts des accords de libre-échange avec l’Europe, avec le monde arabe avec le continent Afrique, ainsi que les déséquilibres de la balance commerciale avec d’autres pays comme la Chine et la Russie , accords qui nécessitent des dégrèvements tarifaires progressifs ne pouvant pénétrer les marchés mondiaux où règne une concurrence acerbe qu’avec des entreprises publiques et privées performantes, innovantes.

    Deuxièmement. La forte croissance peut revenir en Algérie. Mais elle suppose la conjugaison de différents facteurs : une population active dynamique, un savoir, le goût du risque et des innovations technologiques sans cesse actualisés, le combat contre toute forme de monopole néfaste, une concurrence efficace, un système financier rénové capable d’attirer du capital et une ouverture à l’étranger. Ces réformes passent fondamentalement par une démocratie vivante, une stabilité des règles juridiques et l’équité, les politiques parleront de justice sociale. La conduite d’ensemble de ces réformes ne peut ni être déléguée à tel ou tel ministre ni mise dans les mains de telle ou telle administration. Elle ne pourra être conduite que si, au plus haut niveau de l’État, une volonté politique forte, les conduit et convainc les Algériens de leur importance d’où avec l’ère d’internet une communication active transparente permanente. Ensuite, chaque ministre devra recevoir une « feuille de route » personnelle complétant sa lettre de mission et reprenant l’ensemble des décisions qui relèvent de sa compétence.

    Au regard de l’importance des mesures à lancer et de l’urgence de la situation, le gouvernement devra choisir le mode de mise en œuvre le plus adapté à chaque décision : l’accélération de projets et d’initiatives existantes, le vote d’une loi accompagnée, dès sa présentation au Parlement avec les décrets d’application nécessaires à sa mise en œuvre et pour les urgences seulement des décisions par ordonnance pourront être utilisées.

    Troisièmement. Les actions coordonnées et synchronisées dans le temps exigent le courage de réformer vite et massivement, non des replâtrages conjoncturelles mais de profondes réformes structurelles à tous les niveaux en ayant une vision stratégique pour le moyen et le long terme, devant donc réhabiliter la planification et le management stratégique L’Algérie peut y parvenir dans un délai raisonnable. Elle en a les moyens. Pour cela, elle doit réapprendre à envisager son avenir avec confiance, libérer l’initiative, la concurrence et l’innovation car le principal défi du XXIème sera la maîtrise du temps. Le monde ne nous attend pas et toute Nation qui n’avance pas recule forcément. Retarder les réformes ne peut que conduire à la désintégration lente, à l’appauvrissement, une perte de confiance en l’avenir puisqu’ avec l’épuisement de la rente des hydrocarbures, l’Algérie n’aura plus les moyens de préparer ces réformes et vivra sous l’emprise de la peur, voyant partout des menaces où les autres voient des chances. Cette croissance exige l’engagement de tous, et pas seulement celui de l’État en organisant les solidarités devant concilier efficacité économique et équité par une participation citoyenne et un dialogue productif permanent.

    Quatrièmement. Le pouvoir algérien a vécu longtemps sur l’illusion de la rente éternelle. La majorité des Algériens dont le revenu est fonction à plus de 70% de la rente des hydrocarbures doivent savoir que l’avenir de l’emploi et de leur pouvoir d’achat n’est plus dans la fonction publique, et que celui des entreprises n’est plus dans les subventions à répétition. L’essentiel de l’action est entre les mains des Algériens, qui devront vouloir le changement et partager une envie d’avenir, d’apprendre davantage, de s’adapter, de travailler plus et mieux, de créer, de partager, d’oser. La nature du pouvoir doit également changer supposant une refonte progressive de l’Etat par une réelle décentralisation autour de grands pôles économiques régionaux, impliquant qu’il passe de l’Etat gestionnaire à l’Etat régulateur, conciliant les couts sociaux et les couts privés, étant le cœur de la conscience collective, par une gestion plus saine de ses différentes structures.

    Cinquièmement. Pour s’inscrire dans la croissance mondiale, l’Algérie doit d’abord mettre en place une véritable économie de la connaissance, développant le savoir de tous, de l’informatique au travail en équipe, de l’arabe, du français, du chinois à l’anglais, du primaire au supérieur, de la crèche à la recherche. Elle doit ensuite faciliter la concurrence, la création et la croissance des entreprises, par la mise en place de moyens modernes de financement, la réduction du coût du travail et la simplification des règles de l’emploi. Elle doit favoriser l’épanouissement de nouveaux secteurs clés, dont : le numérique, la santé, la biotechnologie, les industries de l’environnement, les services à la personne avec le vieillissement de la population. Simultanément, il est nécessaire de créer les conditions d’une mobilité sociale, géographique et concurrentielle et de permettre à chacun de travailler mieux et plus, de changer plus facilement d’emploi, en toute sécurité. Pour mener à bien ces réformes, l’État et les collectivités locales doivent être très largement réformés. Il faudra réduire leur part dans la richesse commune, concentrer leurs moyens sur les groupes sociaux qui en ont réellement besoin, faire place à la différenciation et à l’expérimentation, évaluer systématiquement toute décision, a priori et a posteriori.

    Sixièmement. La justice sociale, ne signifiant pas égalitarisme, source de démotivation, n’est pas l’antinomie de l’efficacité économique. Mais toute Nation ne peut distribuer plus que ce qu’elle produit, si elle veut éviter la dérive sociale. Il s’agira de concilier l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale, en intégrant la sphère informelle représentant plus de 40% de la masse monétaire en circulation, plus de 30% du PIB et non compris les hydrocarbures entre 40/50% de la superficie économique et de l’emploi, que l’on ne combat pas par des mesures administratives qui ont pour effet son extension.

    En résumé, il est nécessaire d’avoir une vision positive de l’avenir et d’éviter les positions et comportements défaitistes. L’entrave principale au développement en Algérie provient de l’entropie qu’il s‘agit de dépasser impérativement, renvoyant pas seulement aux facteurs économiques mais également sociaux et politiques dont une autre gouvernance par la profonde moralisation des dirigeants et de la société. Les changements géostratégiques et économiques survenus depuis quelques années dans le monde ainsi que ceux qui sont appelés à se produire dans un proche avenir, doivent nécessairement trouver leur traduction dans des changements d’ordre systémique destinés à les prendre en charge et à organiser leur insertion dans un ordre social qui est lui-même en devenir, le monde devant connaître entre 2022/2030/2040 un profond bouleversement du pouvoir économique. Le temps ne se rattrape jamais en économie, toute Nation qui n’avance pas recule forcément mondial.

    Le principal obstacle au développement en Algérie est le pouvoir bureaucratique rentier qui bloque toute énergie créatrice. Le pouvoir bureaucratique sclérosant a ainsi trois conséquences comme frein à l’épanouissement des énergies créatrices. Première conséquence, une centralisation pour régenter la vie politique, sociale et économique du pays. Deuxième conséquence, l’élimination de tout pouvoir rival au nom du pouvoir bureaucratique. Troisième conséquence, la bureaucratie bâtit au nom de l’Etat des plans dont l’efficacité sinon l’imagination se révèle bien faible, déconnectés des réalités sociales. Espérons des actions concrètes pour l’avenir, loin des discours populistes et des séminaires sans aucune portée, afin de dynamiser l’économie nationale. En ce mois de décembre 2021 la configuration socio-économique est globalement la même que les précédentes décennies, une économie de nature publique rentière, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est toujours Sonatrach

    Dr Abderrahmane MEBTOUL

    Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL Directeur d’études Ministère Industrie/Energie 1974/1979-1990/1995-2000/2008-2013/2015

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