Étiquette : Cinéma

  • Quand le film Camping 3 faisait scandale au Maroc

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    Camping 3 sur TMC : quand le film faisait scandale au Maroc : Une nudité qui n’est pas passée

    « Camping 3 » serait-il subversif ? Non, mais l’humour potache de la saga a entrevu sa limite lors d’une avant-première à Marrakech en 2016, où le public s’est montré choqué par certaines scènes perçues comme grivoises, dont une montrant une partie de volley-ball avec des naturistes. Une critique qui a fait réagir Franck Dubosc, et cette réaction a été encore plus mal reçue…

    Camping 3 : suite et fin de la saga

    Le troisième opus de la saga Camping a été un succès en salles avec 3,2 millions d’entrées en France lors de sa sortie en 2016. Si Camping 3 fait moins bien que ses deux prédécesseurs, le premier ayant fait 5,9 millions d’entrées et le second 3,9 millions, la franchise garde cependant une belle popularité. Une popularité notamment due à son casting sympathique comptant bon nombre de têtes connues, emmenées par Franck Dubosc dans son éternel rôle de beauf dragueur, et à une ambiance familiale et un humour inoffensif. Mais cette troisième aventure, qui se déroule toujours au Camping des Flots Bleus, a reçu un accueil très mitigé et teinté de scandale au Maroc, ce qui a surpris les auteurs et les équipes du film.

    Une partie de volley-ball au coeur du scandale

    Fidèle du Festival Marrakech du rire, Franck Dubosc ne devait sûrement pas s’attendre à une telle réaction lors de la présentation de Camping 3 en avant-première lors de l’édition de 2016. Alors que le film pouvait compter sur l’essentiel de son casting et sur une continuité de son style comique pour séduire le public, il en est allé tout autrement pour les spectateurs marocains. En cause, une partie de volley-ball où l’équipe des Flots Bleus affronte une équipe de naturistes. Une séquence qui n’était pas une surprise, puisque Franck Dubosc et Antoine Duléry notamment avaient joyeusement pris la pose pendant le tournage avec des figurants naturistes.

    Lors de l’avant-première, la séquence est très mal reçue, au milieu d’autres séquences considérées elles aussi comme trop grivoises. Résultat, des spectateurs quittent la projection avant la fin, et le film reçoit une interdiction aux moins de 16 ans pour sa diffusion au Maroc. À ce stade, le scandale n’est pas encore entièrement constitué. C’est en effet une réaction de Franck Dubosc au micro de TéléStar qui va mettre le feu aux poudres.

    C’est difficile ici parce qu’on se rend compte que culturellement il y a dix siècles de retard. Des femmes voilées et des enfants sont sortis de la salle durant la projection. Ben oui… Il y a une séquence de nudistes sur la plage de volley-ball. (…) On n’y avait pas pensé. Vous vous rendez compte, Camping 3 interdit aux moins de 16 ans…

    Des excuses publiques pour Franck Dubosc

    L’humoriste et comédien, très attaché à sa co-création avec Fabien Onteniente, se montre abattu et contrarié, et ne mesure pas sur le coup l’impact de sa formulation « dix siècles de retard » dans le royaume marocain, très traditionaliste. Ces mots, repris à foison sur les réseaux sociaux, créent la polémique. Et contraignent Franck Dubosc à s’excuser publiquement, ce qu’il fait sur Twitter et Facebook. S’il s’excuse sur la forme, il marque cependant son regret avec une élégante formule : « Là où mes enfants rient, les vôtres doivent fermer les yeux… C’est cela qui m’attriste. »

    La polémique s’est vite éteinte. 5 ans après, le projet d’un Camping 4 est cependant très mal embarqué, avec un Franck Dubosc désireux de s’arrêter là, comme il le déclarait en mars 2021 auprès de Télé Loisirs. Ajoutons à ça qu’avec la disparition de Claude Brasseur en décembre 2020, pilier des films avec son personnage de Jacky Pic, il faut réaliser que rien ne sera plus comme avant, et qu’il est sans doute plus que temps de savoir s’arrêter…

    Source: Cineserie, 23/09/2021

  • Sahara Occidental : "Toufa", un court-métrage de Brahim Chagaf (trailer)

    Sahara Occidental, Maroc, #SaharaOccidental, #Maroc, Cinéma, Festival Cinéma d’Afrique de Lausanne, Toufa, Brahim Chagaf,


    Sahara occidental, Algérie | 2020 | fiction | 30′ | VO ST EN | 16/16

    Toufa, expulsée de sa terre d’origine, confrontée à l’exil, est prise en charge par les femmes de la communauté. 
    C’est le début d’une longue lutte, où les femmes jouent un rôle majeur dans la transmission de l’histoire et des valeurs de la société sahraouie, en attendant de pouvoir reprendre le chemin du retour.
    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=MnYEWVXj8SA]

  • Média espagnol: La France se moque de ses présidents

    Un film imagine un tandem Sarkozy-Hollande pour stopper Le Pen

    EUSEBIO VAL PARIS. CORRESPONDANT

    De l’adrénaline de l’Elysée, avec ses pouvoirs de monarque quasi absolu, on peut passer à l’ennui et à la dépression en quittant ses fonctions. C’est ce qui arrive aux personnages fictifs de François Hollande et Nicolas Sarkozy dans le film Présidents, sorti hier dans toute la France. La réalisatrice Anne Fontaine imagine un scénario dans lequel l’actuel chef de l’État, Emmanuel Macron, est dépassé dans les sondages par l’extrême droite Marine Le Pen à quelques mois des élections de 2022. Sarkozy et Hollande, anciens rivaux, l’un conservateur et l’autre socialiste, décident de se mobiliser et de présenter une candidature commune, « le front républicain, l’union sacrée », pour sauver la France de « la peste brune ».

    La comédie est pleine de subtilités et d’ironies. Elle ne provoque pas le rire, mais provoque des rires ou des sourires. Elle est réfléchie et comporte une touche de tendresse. Les noms complets des deux anciens présidents ne sont jamais mentionnés. Ils s’appellent simplement Nicolas et François. Le premier, brillamment incarné et imité dans ses tics par Jean Dujardin, tue les heures à passer l’aspirateur dans son appartement parisien pendant que sa femme, chanteuse lyrique – et non pop, comme la vraie femme, Carla Bruni – se produit ou est en tournée. Le Sarkozy du film va chez le psychologue et écrit des livres qui n’intéressent pas grand monde.

    Le Hollande fictif est déprimé et envoie du fumier en Catalogne pour son ancien premier ministre Manuel Valls.

    Le personnage fictif de Hollande, joué par Grégory Gadebois, vit sa retraite dans une ferme de Corrèze, l’exemple même de la France rurale de l’intérieur. Il a beaucoup plus d’embonpoint que le vrai Hollande, même s’il prétend être calme et heureux. Je suis un autre homme », avoue-t-il à Sarkozy. Je dors comme un bébé, neuf ou dix heures, parfois douze. Je ne souffre plus de migraines. En effet, comme l’explique sa femme, qui travaille comme vétérinaire, l’ancien président socialiste a été plongé dans une grave crise après avoir décidé de ne pas se représenter en 2017 et souffre de fréquentes crises de colères. Lorsqu’elle l’avertit qu’il a rechuté, il le nie. « J’étais président de la République », répond-il. Ce n’est pas une maladie. C’est un honneur suprême et une bénédiction de Dieu. »

    Dans le film, une complicité – et des clins d’œil de séduction – s’établissent entre les anciens présidents et leurs épouses respectives. La compagne de Hollande se confie à Sarkozy et lui raconte que le premier a très mal vécu son départ de l’Élysée, qu’il a commis des folies comme emboutir un tracteur dans un siège du Parti socialiste, briser son diplôme de la prestigieuse École nationale d’administration (ENA) – pour en faire des confettis lors d’un mariage – ou envoyer cinquante kilos de fumier à Manuel Valls, par courrier express, alors que son ancien Premier ministre était en Catalogne.

    Présidents jette un regard, entre stéréotype et mélancolie, sur un univers rural qui semble très arriéré, comme s’il avait été figé à l’époque du général de Gaulle, ce qui est en partie vrai dans certaines régions du pays. Sarkozy, habitué au luxe et à la vie urbaine, s’installe dans un hôtel très modeste lorsqu’il se rend dans la ferme de Hollande. Il voyage en train et la dernière partie du voyage se fait à vélo. Le leader conservateur a eu du mal à convaincre son ancien adversaire de former un tandem, mais il a fini par accepter. M. Sarkozy insiste sur le fait que la montée de Mme Le Pen n’est pas cyclique mais un mouvement « tectonique » qui doit être pris très au sérieux.

    Hollande et Sarkozy, autrefois tout-puissants et désormais descendus de leur piédestal, plus humains et plus humbles, deviennent amis. Le premier fait la cuisine et travaille comme apiculteur. Le second s’occupe d’un chiot. Cette soudaine camaraderie ne les empêche pas de se lancer des piques. Hollande propose à son partenaire, par exemple, de s’occuper des fonds de campagne, car il a plus d’expérience (et de procès pour des illégalités présumées). Les deux hommes font des allusions auto-ironiques à leurs vies amoureuses troublées respectives.

    Le pacte entre Hollande et Sarkozy est que l’un se présentera à la présidence et l’autre se réservera le poste de premier ministre. Les rôles seront décidés en fonction des sondages. Et c’est alors que le résultat inattendu se produit. Les sondages leur donnant des résultats très faibles, ils ont finalement opté pour la candidature de la femme de Hollande, la vétérinaire. C’est l’ultime cure d’humilité pour deux mâles alpha de la politique. Le socialiste l’accepte avec dérision : « Mon vrai métier, c’est de promouvoir les femmes à la présidentielle ». C’est ce qui s’est passé avec Ségolène Royal, son ancienne compagne et mère de ses enfants, en 2007, mais elle a perdu face à Sarkozy.

    Le réalisateur du film choisit une fin surprise, provocante et féministe.

    La Vanguardia, 01/07/2021

    Etiquettes : France, Nicolas Sarkozy, François Hollande, cinéma, Présidents, film,

  • Maroc: conférence sur la taxation des géants du streaming

    Hein Bouwman

    La fiscalité du géant mondial du streaming et son avenir au Maroc ont été au centre d’une conférence organisée par le groupe Senatlas, mercredi à Rabat.

    A cette occasion, Pierre-Francois Burnett, Directeur Général (CEO) de Cine Atlas Holding, a d’abord évoqué l’impact  » principal  » de la vague fiscale mondiale des  » Silicon Six  » (GAFAM + Netflix), en présentant une liste marocaine des violations de la loi par  » Netflix  » et  » Amazon Prime  » avant qu’elle ne soit commise.

    Selon lui, ces deux « industriels » de la radiodiffusion violent un certain nombre de dispositions légales, notamment les articles 5, 6 et 8 de la loi n° 20-99 relative à la distribution des films de cinéma.

    « Ils s’exonèrent de la licence obligatoire délivrée par la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) », « violent et enfreignent les règles relatives au bureau de change, d’une part, l’article 61 du Directeur de l’Autorité Cinématographique Marocaine « exige » et T-He ajoute que le centre fiscal pour les films étrangers (CCM), et d’autre part, l’article 301 qui exige que le contrat du distributeur opérant sur le territoire du Maroc soit couvert par le CCM.

    Selon « Business Television International », M. Burnett a déclaré qu’aujourd’hui le Maroc occupe la troisième place.Les dixièmes abonnés de Netflix MENA représentent 6,9% des abonnements et atteindront 770 000 abonnés d’ici 2025.

    Il a ensuite révélé que la société qui perçoit les revenus de Netflix au Maroc et dans plusieurs autres pays a son siège aux Pays-Bas. Et de poursuivre que si Netflix perçoit ses revenus non pas par le biais de sa succursale néerlandaise mais par celui de sa succursale marocaine, les recettes fiscales seront de 1,2 milliard de dirhams en 2025, soit « Television Business International » selon « Newswire » selon… DH.

    Evoquant les récentes mesures prises par certains pays étrangers, M. Burnett s’est notamment appuyé sur l’exemple du Royaume-Uni, dont les fonctionnaires devront déclarer 100% de leurs revenus à Netflix à partir de 2021, ainsi que de la France, qui a été imposée à la Californie. La déclaration totale de ses revenus sur le sol français depuis l’année en cours.

    Sur le plan fiscal, M. Burnett a déclaré que « si Netflix régularise sa position au Maroc sans modifier son organisation locale, il devra payer entre 286 et 620 millions de dirhams au titre de l’impôt sur les sociétés (IS) ».

    « Il est clair que Netflix, comme nous le voyons actuellement à l’étranger, choisira de prélever au Maroc pour réduire ce montant d’impôt sur les sociétés en investissant dans la production locale », a-t-il déclaré. , notant qu’ »une fois que le secteur sera entièrement réglementé et taxé, entre 1,3 et 3,1 milliards de dirhams pourront être investis localement. » Le lancement de « Atlas of Play », « Plateforme des succès marocains, hollywoodiens et indiens » et « Réduire la rareté des cinémas au Maroc » figuraient sur la liste des conférences.

    Klazienaveen, 02/07/2021

    Etiquettes : Maroc, streaming, taxation, Groupe Senatlas, Netflix, Amazon Prime, audiovisuel, Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, cinéma,

  • Le Maroc ne gagne rien du tournage d’Indiana Jones 5

    Amira SOLTANE

    Le Maroc s’est vanté depuis quelques jours dans les nombreux sites et médias locaux d’accueillir sur son sol, cet été, les nouvelles aventures du mythique archéologue Indiana Jones, incarné par Harrison Ford.

    L’annonce a été faite par un communiqué de presse du Centre cinématographique marocain (CCM). Le Maroc accueillera cet été, l’équipe de tournage du cinquième opus du célèbre Indiana Jones. Le réalisateur et producteur Steven Spielberg, qui a réalisé les chapitres précédents, cédera les rênes à James Mangold, tout en continuant à assurer la production aux côtés de Kathleen Kennedy et Frank Marshall, fait savoir la même source.

    Aux côtés de Harrison Ford, joueront Phoebe Waller-Bridge (Fleabag), Boyd Holbrook (Logan), Shaunette Renée Wilson (The Resident) et Thomas Kretschmann (Avengers: L’ère d’Ultron), a ajouté le communiqué, faisant savoir que le tournage a débuté à Londres le 7 juin et se poursuivra à Fès et Oujda, cet été.

    Profitant de ses décors orientaux, le Maroc sert souvent de décor aux nombreuses productions américaines, françaises ou anglaises et cela en raison des avantages financiers qu’offre le royaume pour attirer les devises fortes et surtout alimenter son tourisme. Et ce n’est pas la première fois que le royaume marocain accueille une grosse production hollywoodienne.

    Indiana Jones vient s’ajouter à la série des grandes productions internationales tournées au Maroc telles que James Bond, Jason Bourne, Mission Impossible, Game of Thrones ou Homeland, a rappelé le CCM, notant que «le succès du Maroc et son attractivité en tant que grand espace de tournage sont dus, d’une part, aux multiples décors qu’offre notre pays, à sa lumière exceptionnelle, à l’expérience et à la qualification de ses équipes techniques, et, d’autre part, aux mesures prises, depuis 2017 par le Centre cinématographique marocain ainsi que les avantages octroyés aux producteurs étrangers», se vante le communiqué du CCM. Mais que gagne le Maroc cinématographiquement? Même si le producteur marocain Zakaria Alaoui et sa société Zak Productions seront en charge du tournage au Maroc, ce ne sont que des avantages offerts aux Occidentaux.

    Le cinéma marocain ne profite pas de cette venue des plus grands réalisateurs du monde sur son sol. Les équipes techniques marocaines ne sont pas sollicitées, les réalisateurs marocains sont totalement écartés des productions étrangères et la plus grande perte pour le Maroc est qu’il n’est pas coproducteur des films qui sont tournés chez lui. Il n’obtient même pas 1% de la production, ce qui fait, de plus, un simple prestataire technique.

    L’Expression, 26 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Indiana Jones, cinéma, gains,

  • Cinéma: L’impact des films palestiniens dans le monde

    Par Amar Chekar

    Une rencontre débat a eu lieu aujourd’hui sur l’impact du cinéma palestinien en faveur de la cause du peuple à travers les pays du monde à la cinémathèque algérienne à Alger.

    Animée par des journalistes, notamment Faysal Metaoui, Faysal Chabani et Mohamed Abido, journalistes critiques et Salim Aggar, directeur de la cinémathèque en tant que modérateur. La rencontre a tourné autour de plusieurs points à savoir, la production, la diffusion et l’impact des films qui sont réalisés par les palestiniens engagés dans la lutte du peuple depuis 1948.

    Citant l’exemple de quelques films qui ont fait le tour des salles de cinémas et télévisions, dont les films « la lumière froide », « parole aux fusilles », « l’appel de la terre », « Bonjour Beyrout » et plus qui sont projetés dans plusieurs pays convaincu et soutiennent la justesse de la cause palestiniennes à commencer par l’Algérie, le Qatar, la Tunisie, mais pas le Maroc qui n’a jamais donné de l’importance aux consécrations dans ses différents festivals cinématographiques, Faysal Metaoui a parlé de lobby mondiaux qui sont derrière les blocages de la diffusion et promotions des films qui traitent de la cause palestinienne dans le monde.

    Le choix de la thématique est tellement collée à l’actualité, mais faudrait-il rappeler encore fois qu’il est plus logique de parler de films palestiniens que de cinéma qui n’existe que dans quelques pays qui sont bien connu dans le monde, dont le cinéma Américain, Indien, Egyptien.

    A. C.

    Algérie62, 22 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Palestine, cinéma,

  • La cruauté de Guantánamo est médiévale, c’est une histoire d’horreur et elle est réelle

    Mohamedou Ould Slahi, 50 ans, a subi des passages à tabac, des simulacres d’exécution par électrocution et des humiliations sexuelles dans la tristement célèbre prison américaine de Guantánamo Bay.

    Mohamedou Ould Slahi, 50 ans, n’a jamais été condamné pour un quelconque crime, ni même accusé de quoi que ce soit. Il a pourtant passé quatorze ans en captivité dans la tristement célèbre prison américaine de Guantánamo Bay, où il a été battu, humilié sexuellement, soumis à des simulacres d’exécution et électrocuté à plusieurs reprises.

    « Ils ont essayé de me forcer à avouer un crime que je n’ai pas commis », a-t-il expliqué. « Ils m’ont privé de sommeil et m’ont interrogé pendant les soixante-dix premiers jours, et m’ont empêché de prier ou de jeûner. »

    Sur la base de preuves peu convaincantes, Slahi a été surnommé « prisonnier numéro un » et accusé à tort d’être l’un des cerveaux des attentats terroristes de 2001 à New York et Washington, parce qu’il avait soutenu Al-Qaida pendant l’insurrection des années 1980 en Afghanistan. Il y a combattu pendant trois semaines contre des communistes soutenus par l’Union soviétique avant de rompre ses liens avec le groupe.

    Dans le nouveau film hollywoodien The Mauritanian, qui a été nommé pour cinq Baftas, le réalisateur Kevin Macdonald raconte l’histoire de l’arrestation de Slahi devant la maison familiale en Mauritanie en novembre 2002, son emprisonnement à Guantanamo sans procès et le travail tenace de son avocat.

    Slahi travaillait pour une entreprise technologique allemande à la fin des années 1990 lorsqu’il a été repéré par les services de renseignement américains. Sous la pression des États-Unis, les autorités de son pays d’origine, la Mauritanie, l’ont arrêté en 2001 avant qu’il ne soit victime d’une « restitution extraordinaire » et emmené en Jordanie par la CIA. Il y a été détenu à l’isolement pendant des mois. Les États-Unis l’ont ensuite transféré à la base aérienne de Bagram, en Afghanistan, d’où il a été transporté par avion jusqu’à Guantánamo Bay.

    Construit sur une petite zone de Cuba que les États-Unis louent comme base navale depuis 1903, le site de la prison a été délibérément choisi parce qu’il se trouve en dehors du territoire américain et n’est donc pas soumis à la loi américaine. Créée pour détenir des suspects après les attentats du 11 septembre 2001, cette prison offshore est devenue le symbole des excès de la « guerre contre le terrorisme » menée par les États-Unis, en raison des méthodes d’interrogatoire brutales qui, selon les critiques, s’apparentent à de la torture.

    « Le gouvernement américain a su très bien tisser le récit pour me faire passer pour le pire des terroristes aux yeux du monde », m’a-t-il dit. « Ils ont fait croire que j’avais été ramassé sur un champ de bataille en Afghanistan, mais ce n’était pas vrai. Ils m’ont kidnappé dans mon pays, en Mauritanie. Et maintenant, ils font croire que j’étais aux mauvais endroits au mauvais moment, mais encore une fois, non ! C’est complètement faux, j’étais occupé à travailler et à aider ma famille. « 

    Considéré comme le prisonnier le plus torturé de l’histoire de Guantanamo, Slahi a écrit un mémoire à succès en 2015, intitulé Guantanamo Diary, détaillant sa vie à la prison. Le film est basé en partie sur ce livre. On y apprend comment il a résisté aux techniques d’interrogatoire « améliorées », qui comprenaient des passages à tabac longs et sanglants à des températures glaciales, la privation de sommeil et la simulation de noyade sur le côté d’un bateau.

    Ce n’est que lorsque les gardiens ont menacé de faire venir sa mère et de la placer dans une prison exclusivement masculine – en insinuant qu’elle serait violée, dit-il – qu’ils l’ont finalement obligé à admettre des choses qu’il n’avait pas faites. Parmi eux, un projet visant à faire exploser l’emblématique tour CN de Toronto.

    Le Mauritanien met en scène l’acteur franco-algérien Tahar Rahim dans le rôle de Slahi, Jodie Foster dans le rôle de Nancy Hollander, l’avocate de la défense qui s’est battue contre l’obscurantisme de l’armée américaine pour obtenir la libération de son client, et Benedict Cumberbatch dans le rôle du lieutenant-colonel Stuart Couch, un procureur militaire américain qui a refusé de poursuivre le procès de Slahi après avoir conclu que ses déclarations incriminantes étaient le résultat de la torture.
    « J’ai vu le film mais je n’ai pas pu regarder les scènes de violence et de torture, je me suis levée et je suis partie parce que cela me rappelait de très mauvais souvenirs que j’essaie de supprimer. La réalité était bien pire et je peux encore sentir le bout de ses doigts. »

    Il a expliqué cela en soulignant que lorsque la CIA l’a enlevé à la Jordanie, il a littéralement senti leurs empreintes digitales lorsqu’ils ont coupé et déchiré ses vêtements pour lui mettre des couches. « J’avais les yeux bandés tout le temps. J’ai vraiment cru que je ne sortirais jamais vivant de cet endroit. »

    La cruauté est médiévale. C’est une histoire d’horreur. Et c’est vrai.

    La prison a ouvert ses portes en janvier 2002 et, au fil des ans, 780 hommes soupçonnés de liens avec les talibans et Al-Qaïda y ont été détenus, bien qu’ils n’aient jamais été inculpés d’aucun crime. L’ancien président américain Barack Obama a déclaré que la prison allait à l’encontre des valeurs américaines et était une « tache sur notre vaste bilan » lorsqu’il a défendu sa fermeture en 2016. Il a pris un décret pour le fermer, mais n’a pas réussi à le faire complètement, laissant 41 détenus derrière les barreaux, dont la plupart n’ont pas été inculpés. Aujourd’hui, le président Joe Biden a déclaré qu’il allait entamer un processus d’examen en vue de la fermeture de la prison, une décision qui aurait dû être prise depuis longtemps.

    Selon M. Slahi, le problème ne relève pas uniquement du gouvernement américain, mais constitue un crime collectif pour lequel les États-Unis, le Royaume-Uni et les pays musulmans et du Moyen-Orient tels que l’Arabie saoudite, la Jordanie et le Pakistan doivent partager la responsabilité.

    Selon M. Slahi, le problème ne relève pas du seul gouvernement américain ; il s’agit d’un crime collectif pour lequel les États-Unis, le Royaume-Uni et les pays musulmans et du Moyen-Orient tels que l’Arabie saoudite, la Jordanie et le Pakistan doivent partager la responsabilité.

    « Il n’y a personne à Guantanamo, à ma connaissance, qui n’ait pas été remis par des pays musulmans ou arabes. Et nous devons résoudre ce problème avant de crier uniquement aux États-Unis pour le régler, car d’autres pays comme la Mauritanie, le Pakistan, la Jordanie et l’Arabie saoudite jouent également un rôle », a-t-il déclaré. « Ce ne sont pas de vrais pays démocratiques qui respectent les droits de l’homme. Il est décourageant que mon peuple, qui est censé me protéger, me livre sans se plaindre. Je ne suis pas considéré comme innocent jusqu’à preuve du contraire. En fait, la seule personne qui croit en cette théorie est sa mère ».

    Lors de sa comparution devant le comité d’examen périodique de la prison, qui interroge les détenus et examine leurs dossiers, Slahi a été interrogé sur son point de vue concernant l’occupation coloniale de la Palestine par Israël. « J’ai été surpris. Le gouvernement américain voulait savoir si j’étais un bon gars en fonction de ma position politique sur le conflit Palestine-Israël. C’était un facteur décisif pour savoir si je suis un bon gars. »

    Il a décrit l’ensemble du processus comme un jeu politique. « Il y a des innocents à Guantanamo parce que le terrorisme est un terme politique, pas un terme pénal. Nous, les Arabes, le connaissons bien car nous l’avons inventé au Moyen-Orient. Tous les opposants politiques sont classés comme des terroristes et les gouvernements peuvent faire n’importe quoi avec eux. »

    Malgré l’énorme e rreur judiciaire dont il a été victime, Slahi semble être en bonne santé, énergique et joyeux. Il est plein d’espoir et d’optimisme, m’a-t-il dit, mais il admet que cette expérience éprouvante l’a changé. Pourtant, il trouve toujours en lui la force de pardonner.

    « Même s’ils m’ont traité de la manière la plus inhumaine qui soit, j’ai décidé que je n’en voudrais à aucun des gardes présents et que je leur pardonnerais complètement. C’est tellement bon et libérateur, et je me sens tellement plus proche de Dieu. »

    L’une des premières demandes de Slahi après son arrivée chez lui, début 2016, a été de demander à sa famille de lui acheter deux grands téléviseurs remplis de chaînes. Le contrôle strict de ce qu’il pouvait regarder et écouter en prison l’avait poussé à vouloir comprendre ce qui se passait réellement dans le monde. Il a demandé à sa nièce d’installer les chaînes, mais elle l’a regardé avec surprise et a dit : « Mon oncle, je ne sais pas comment faire. Je n’ai jamais utilisé de télévision de ma vie, seulement mon téléphone. »

    Conscient que le monde va trop vite, il est toujours en train de rattraper son retard. Il est désormais écrivain à plein temps et vient de publier un nouveau livre, Ahmed et Zarga.

    L’écriture est sa thérapie. Enfant, inspiré par les Mille et Une Nuits, il a toujours voulu écrire et enseigner car « même la mort est si joliment écrite dans son recueil d’histoires ».

    Sous la pression des Etats-Unis, les autorités mauritaniennes ont refusé de lui donner son passeport pendant trois ans. Il n’a même pas été autorisé à voyager pour recevoir un traitement pour une affection nerveuse de longue date qui, selon lui, a été aggravée par ses tortionnaires à Guantánamo. Dans sa nouvelle vie de liberté, Slahi continue donc de se sentir emprisonné par les contraintes imposées par les États-Unis. Il se voit maintenant refuser des visas, y compris un visa en Grande-Bretagne pour promouvoir Le Mauritanien.

    Slahi a conclu notre entretien en disant que le traitement des prisonniers de Guantanamo en dit plus sur les États-Unis que sur les personnes enlevées et emprisonnées. « Aucun d’entre eux n’a été condamné avec succès pour un quelconque crime, alors où est la justice ? Il n’y a pas de justice pour ceux qui sont en prison ; il n’y a pas de justice pour les victimes du 11 septembre et leurs familles, qui ont perdu des êtres chers d’une manière très douloureuse. Il n’y a pas de justice pour qui que ce soit.

    Nous sommes donc tous en droit de nous demander quelle est la fonction et le but réels de la prison américaine de Guantánamo Bay.

    Middle East Monitor, 4 avr 2021

    Etiquettes : Mauritanie, The Mauritanian, Guantanamo, torture, prison, terrorisme, lutte antiterroriste, Mohamedou Ould Salahi, Tahar Rahim, Jodie Foster, cinéma, hollywood,

  • Cuba: Un gigantesque drapeau en béton défie l’ambassade américaine

    Un immense drapeau cubain en béton juste en face de l’ambassade américaine à La Havane : le nouveau projet de construction du gouvernement communiste, qui reflète les tensions persistantes entre les deux pays, a déclenché des moqueries sur internet.
    Le chantier se déroule sur la Tribune anti-impérialiste, vaste esplanade située face à l’ambassade, sur le boulevard côtier du Malecon, un lieu de grande importance symbolique à Cuba.
    Ni «Granma», le journal du Parti communiste au pouvoir, ni le portail officiel Cubadebate, qui annoncent habituellement en grandes pompes ce genre d’initiatives, n’ont écrit une ligne sur la nouvelle structure de béton non peint pour le moment, qui représente un drapeau cubain stylisé à la verticale de 12 mètres de haut.
    Seul le groupe d’État Entreprise de construction et maintenance (Ecom) a donné quelques indices sur sa page Facebook : «Sur notre Tribune anti-impérialiste s’élève déjà cette œuvre monumentale : notre drapeau, qui n’a jamais été mercenaire et sur lequel resplendit une étoile plus lumineuse quand elle est solitaire».
    Cette Tribune a été construite en 2000, en pleine bataille légale et politique à Cuba pour le retour du petit Elian Gonzalez, dont la mère était décédée en traversant avec lui le détroit de Floride pour rejoindre Miami, dans le sud-est des États-Unis.
    En 2006, les autorités y avaient planté 138 drapeaux cubains, un «monument contre le terrorisme», inauguré par Fidel Castro, alors président.
    La nouvelle construction a déclenché critiques et moqueries sur internet.
    «Franchement, je ne comprends pas ce que c’est. Un monument, une sculpture, un parasol, une tribune géante ?», se demande sur Facebook Maikel José Rodriguez, éditeur de Artecubano, publication du Conseil national des arts plastiques.
    «Que peut offrir cette horreur à l’art monumental cubain ? Très peu. Rien, en vérité, sauf des moqueries», ajoute-t-il.
    «Si tu la regardes de derrière, c’est une guillotine», estime sur Facebook Whigman Montoya, tandis que Aristides Pestana critique un drapeau «encastré dans l’asphalte, rigide, gris et mort».
    Les relations entre Cuba et les États-Unis ont été très tendues ces dernières années, avec la multiplication des sanctions contre l’île par le président américain Donald Trump (2017-2021).
    Mais l’espoir d’une réconciliation avec l’élection de Joe Biden s’est peu à peu évanouie, le nouveau président américain n’ayant pas fait de Cuba une priorité et son administration affichant sa fermeté sur le sujet des droits humains.

  • Maroc : Le film « Le miracle du saint inconnu » au Festival du Film Africain

    Festival du film : les films programmés aujourd’hui

    Le coup d’envoi de la trentième édition du Festival du film africain, asiatique et latino-américain, qui se déroulera cette année entièrement en ligne en raison de la pandémie, est donné. Voici les films programmés aujourd’hui, dimanche 21 mars, avec les présentations d’Annamaria Gallone : les trois titres sont disponibles à partir de 14 heures jusqu’au 28 mars (fin du festival). Pour acheter des billets ou des abonnements, visitez le site web du festival !

    Le miracle du saint inconnu, Alaa Eddine Aljem, Maroc / France / Qatar, 2019, 100′.

    Le réalisateur, déjà récompensé pour une série de courts métrages, présente son premier long métrage : une comédie/thriller aux tonalités burlesques pour raconter le Maroc contemporain, victime des superstitions et du changement climatique. Quelques instants avant d’être attrapé par la police, un voleur creuse un trou pour cacher un sac d’argent. Des années plus tard, après avoir été libéré de prison, il revient pour récupérer son butin, mais découvre qu’un sanctuaire dédié à un saint inconnu a été érigé juste au-dessus de son sac et qu’un nouveau village a été construit tout autour. Il y a des séquences irrésistibles, comme celle du cabinet médical où chaque patient reçoit le même médicament, ou l’histoire du chien aux dents d’or…

    Extrait de YIE d’Anthony Nti. Ghana, Belgique (section COURT-MÉTRAGE)

    Un jeune étranger au Ghana est chargé par son gang de recruter des enfants pour un travail risqué qui aura lieu plus tard dans la nuit. Il trouve Prince et Matilda, deux enfants pleins d’entrain et bons amis, avides d’aventures et prévoit de les confier à la bande. À l’insu de leurs parents, ils montent dans la voiture de l’inconnu, qui les emmène manger dans un hôtel luxueux et les divertit. En Twi, « Da Yie » signifie « bonne nuit », et dans le cas de Matilda et Prince, leur incursion dans le monde réel se termine lorsqu’ils rentrent chez eux et leur disent bonne nuit, comme ils le feraient n’importe quel autre jour, mais cette fois en sachant ce qu’il y a vraiment dehors.

    Africa Bianca, Filippo Foscarini, Marta Violante, Italie, 2020, 23 (section EXTRA)

    Africa Bianca raconte l’invasion de l’Ethiopie en 1936 par le régime fasciste, filtrée par les dessins d’école du jeune Balilla. Aujourd’hui encore, le colonialisme italien reste dans l’ombre. Grâce à la matérialité des images et des sons d’archives, nous tentons d’explorer les quelques traces qui subsistent. Les directeurs ont déclaré : « Dans les salles de classe des années trente, le thème colonial occupait une position d’importance absolue. L’Afrique représentée par le régime fasciste aux enfants était déjà une façon d’oublier les infamies de la politique de domination et d’extermination liée à la conquête. L’innocence des dessins réalisés dans les écoles, les émissions de radio et les projections de films, bien qu’ils restent éloignés des événements terrifiants auxquels ils font allusion, traduisent l’expérience de la guerre à travers les yeux de l’enfance, aussi éloignés que l’œil en vol des avions de bombardement ».

    Africa Rivista, 21 mars 2021

    Tags : Festival du film african, Le miracle du saint inconnu, Maroc, cinéma, Qatar,

  • Algérie – Retour à la normale… anormale !

    par Maâmar Farah

    Le Covid-19 a bon dos ! On annonce la réouverture des cinémas et des théâtres, comme si, avant la pandémie, ce pays connaissait une activité culturelle normale. Disons-le clairement : là où l’intégrisme avance, la culture recule.

    Tiens, prenons l’exemple des chaînes télé «privées» : des fatwas cathodiques surgissent à tout bout de champ et les imams s’en donnent à cœur joie, exhibant, sans vergogne, leur vision obscurantiste et leur misogynie maladive. Y en a même qui font sortir les djinns en direct ! Sans parler des religieux saoudiens qui se baladent sur nos écrans. Passage gratuit ou payant ?

    Les vaccins médicinaux sont faits pour stopper la progression des épidémies mais contre la bêtise humaine et la dégringolade sans fin des arts et de la culture, il y a un seul vaccin : la modernité !

    Le Soir d’Algérie, 15 mars 2021

    Tags : Algérie, culture, cinéma, théâtre, covid19,