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  • Le Maroc souffre « gravement d’un complexe d’infériorité »

    Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Espagne, Centre national espagnol des renseignements, CNI, espionnage, Pegasus, chantage à la migration,

    ALGER – L’Envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, a indiqué mercredi que le Maroc, qui n’a cure des conventions internationales et des relations interétatiques, souffrait « gravement d’un complexe d’infériorité ».

    « Les rapports confidentiels +classifiés+ du Centre national espagnol des renseignements (CNI) confirment ce que l’on a toujours affirmé », à savoir que le Maroc « n’a cure des conventions internationales et des pratiques vertueuses qui régissent les relations interétatiques », a affirmé le diplomate au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger dans une déclaration à l’APS.

    M. Belani souligne que toutes les méthodes immondes utilisées « sans état d’âme » par le régime marocain dans la « sale guerre » qu’il mène aux pays du voisinage, comme l’espionnage avéré à l’aide du logiciel sioniste Pegasus, l’utilisation de la migration massive comme moyen de pression sur l’Espagne, ainsi que les menaces et le soutien politique, financier et logistique aux groupes terroristes, sont des moyens « amoraux ».

    « Les écoutes avérées des communications de dignitaires étrangers par le biais du logiciel espion Pegasus (en Algérie, France, Espagne…), les harcèlements médiatique et judiciaire orchestrés par des officines occultes, rattachées aux services marocains, l’utilisation de la migration massive comme levier de pression politique, les circuits invasifs de trafic de drogue sur une échelle industrielle et les menaces indirectes liées à la possible réactivation de cellules terroristes dormantes dans certains pays européens ainsi que le soutien politique, financier et logistique aux groupes terroristes algériens sont autant de moyens amoraux qu’utilisent, sans état d’âme et avec cynisme, les autorités de ce pays dans la sale guerre qu’elles mènent aux pays du voisinage », a soutenu l’envoyé spécial.

    « Les dernières déclarations de l’ex-ministre des Affaires étrangères de l’Espagne sont accablantes, à cet égard », a-t-il ajouté.

    Evoquant tous les sévices insupportables infligés aux militants sahraouis, dont Sultana Khaya, qui ont fait l’objet de violences physiques et sexuelles documentées, et pour lesquels il a été épinglé par des ONG internationales, M. Belani a expliqué que le Maroc « se réfugie dans la fuite en avant et dans le déni en accusant ces mêmes ONG de partialité flagrante et en faisant circuler, par son représentant à New York, un véritable torchon fait d’arguties bêtement ressassées qui constituent une insulte à l’intelligence des membres de la communauté internationale ».

    « Ce dernier poussant le ridicule jusqu’à reprocher à la militante sahraouie son refus de coopérer avec le ‘Conseil national des droits de l’Homme’ qui est, comme chacun le sait, un organe alibi et une feuille de vigne aux mains du colonisateur marocain pour dissimuler ses graves méfaits en matière de violations systématiques des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés », a-t-il dit.

    Et de poursuivre: « En effet, les derniers rapports internationaux mettent à nu les tentatives désespérées du Makhzen institutionnel de masquer les différentes formes de répression aveugle qui accablent les militants sahraouis innocents ».

    Le responsable a également cité « l’autre élément distinctif du comportement condamnable de ce pays qui est la tendance systématique à dénaturer, falsifier et décontextualiser, de manière biaisée et malhonnête, les propos prêtés aux responsables politiques étrangers sur la question du Sahara occidental comme ce fut le cas lors du ‘Souk de Marrakech’ ».

    « Les représentants de ces mêmes pays (Turquie, Italie, Roumanie, Pays-Bas, Allemagne…) ont tous tenu à recadrer officiellement la teneur des dépêches mensongères colportées par l’agence de presse officielle marocaine qui a retrouvé sa véritable nature de méga-incubateur de média-mensonges », a-t-il fustigé.

    « Outre le pillage systématique de notre riche patrimoine historique et culturel, ce travail prémédité et planifié de désinformation et de manipulation est orienté dans le cadre d’une division du travail, en mettant à contribution un grand nombre de serfs médiatiques, grassement payés par le gouvernement marocain, pour ternir et souiller l’image de l’Algérie et tenter de porter préjudice à son action internationale, comme c’est présentement le cas à travers la campagne enragée de dénigrement de l’organisation par notre pays des Jeux méditerranéens dans la ville d’Oran », a-t-il constaté.

    M. Belani a salué à cette occasion « la réaction patriotique des Algériens, à travers les réseaux sociaux » qui « vient démontrer, une nouvelle fois, que l’Algérie et son peuple feront échec à toutes les conspirations haineuses ».

    APS

    #Maroc #Espagne #Algérie #SaharaOccidental #Espionnage #Pegasus

  • Le Maroc finance des groupes anti-Polisario en Espagne-CNI-

    Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, CNI, MSP, ASADEH, ACAVITE, DGED

    La pression exercée par le Maroc après la réception du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, en Espagne, est passée par deux canaux, l’un judiciaire et l’autre médiatique. Un rapport « confidentiel » du Centre National d’Intelligence (CNI) indique que durant les relations tendues entre Madrid et Rabat, les services de renseignement marocains ont « harcelé » Ghali afin d’ »entraver sa mobilité » et de « créer dans la presse un état d’esprit conforme à leurs intérêts ». Le document, auquel El País a eu accès, affirme que le Maroc a alloué « des ressources considérables, y compris des ressources économiques » pour réactiver les procès en cours contre le Front Polisario en Espagne et pour harceler le gouvernement de Pedro Sánchez afin qu’il prenne parti pour le Maroc dans la résolution du conflit sahraoui.

    Dans le dossier annexé au rapport, le CNI inclut une liste d’associations et de groupes qui collaboreraient avec la Direction générale des études et de la documentation (DGED), c’est-à-dire le service de renseignement extérieur marocain. Le document affirme que Rabat fournit des fonds à certains groupes opposés au Front Polisario en Espagne et indique, entre autres, l’Association canarienne des victimes du terrorisme (Acavite), le Mouvement sahraoui pour la paix (MSP) et l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (Asadedh).

    Selon le rapport des services secrets espagnols, la présidente d’Acavite, Lucía Jiménez, a demandé une aide financière au Maroc en 2012 pour « dénoncer le Front Polisario pour les crimes commis contre les Espagnols entre 1973 et 1988 ». Mme Jiménez dément catégoriquement ces propos et nie que l’association ait « jamais » reçu de l’argent du Maroc. « C’est une intoxication fausse et nuisible pour les victimes », se défend la présidente d’Acavite, qui affirme ne pas savoir pourquoi le CNI a pu les mêler à Rabat. Elle estime également « indécent » que les victimes soient utilisées dans des stratégies géopolitiques. Mme Jiménez, qui rejette catégoriquement toute relation avec le pays voisin, annonce qu’elle intentera une action en justice contre ceux qui prétendent qu’Acavite est financée par le Maroc ou lié à lui de quelque manière que ce soit.

    Hach Ahmed impute la rédaction du rapport à un « loup solitaire » du service de renseignement espagnol.

    Le secrétaire général du Mouvement sahraoui pour la paix, Hach Ahmed Baricalla, s’étonne de la « pauvreté » du rapport du CNI, car selon lui, il ne comprend qu’une liste de personnes qui se sont montrées opposées au Front Polisario. « Il s’agit d’un travail d’archives de journaux, ce n’est pas une enquête de renseignement », déclare Baricalla, qui souligne que le contenu « n’est pas très sérieux et ne correspond pas au prestige d’une institution comme le CNI ». Il estime que ce document pourrait avoir été produit par « un loup solitaire » du CNI et doute qu’il s’agisse d’un rapport authentique du service de renseignement espagnol, car « il n’apporte rien de nouveau ».

    Le rapport précise que le MSP agit comme une « façade » pour les services secrets marocains. Hach Ahmed, qui est un ancien représentant du Front Polisario en Espagne, reconnaît qu’ils ont pu infiltrer son organisation, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit « la façade de qui que ce soit ». Il exprime également sa préoccupation quant à la possibilité que derrière le document se trouvent « des secteurs conservateurs qui sont mal à l’aise avec la nouvelle position du gouvernement espagnol et la possibilité de résoudre le conflit au Sahara Occidental », parce qu’ils veulent que le Maroc « continue à être impliqué dans une guerre avec les Sahraouis ».

    Le CNI rappelle que Fadel Breica, blogueur et militant sahraoui appartenant au MSP, a dénoncé avoir été torturé par le Front Polisario en juin 2019 dans les camps de réfugiés de Tindouf. Selon le rapport, Breica a effectué ce voyage sur instructions du Maroc dans le but de « provoquer » la direction du Polisario et de forcer son arrestation. En outre, le document affirme que les « seuls revenus » de l’activiste proviennent du service de renseignement extérieur marocain. Le secrétaire général du MSP précise que ces événements ont eu lieu un an avant la création de son organisation, il ne peut donc y avoir de lien entre les deux événements.

    #Maroc #Espagne #SaharaOccidental #FrontPolisario #BrahimGhali #CNI #MSP #ASADEH

  • Les dessous de la stratégie de « pression » du Maroc pour que Madrid reconnaisse sa souveraineté sur le Sahara Occidental

    Maroc, Espagne, CNI, Sahara Occidental, Algérie, Iles Canaries, Ceuta, Migration, Front Polisario, Brahim Ghali,

    Par Tarek Benaldjia

    Les migrants… une carte de pression marocaine sur l’Europe dans la bataille pour la souveraineté sur le Sahara Occidental. Les événements des 17 et 18 mai à la frontière de Ceuta n’étaient pas la première fois que le Maroc utilisait des migrants pour faire pression sur l’Espagne. Ces derniers mois, les îles Canaries espagnoles ont également connu une vague d’immigrants en provenance du Maroc et d’autres pays africains. La stratégie marocaine est similaire à celle poursuivie par la Turquie, qui utilise également la menace de laisser entrer les migrants dans l’Union européenne comme levier dans ses négociations avec Bruxelles.

    Le CNI attribue la crise de Ceuta au « discours agressif » de Rabat sur le Sahara Occidental. Les services de renseignements espagnol ont conclu que l’entrée de milliers d’immigrants faisait partie de la stratégie de « pression » du Maroc pour que Madrid reconnaisse sa souveraineté sur l’ancienne colonie.

    Le 18 mai de l’année dernière, le gouvernement espagnol a tenté de faire face à la crise provoquée par l’entrée, depuis la veille, de milliers d’immigrants irréguliers à Ceuta face à la passivité des autorités marocaines. La situation a déclenché les alarmes au sein du gouvernement et le président, Pedro Sánchez, s’est rendu d’urgence dans la ville nord-africaine, où l’armée avait été déployée pour aider la police nationale et la garde civile, submergées par le flot de personnes qui traversaient la frontière. Ce jour-là, le Centre national de renseignement (CNI) a rédigé un rapport « réservé » de quatre pages, qu’il a envoyé à Sánchez et à d’autres membres de son exécutif. Il y analysait l’état à cette époque des « relations » avec le Maroc « après l’accueil » en Espagne, un mois plus tôt, de Brahim Gali, chef du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), pour être soigné pour une infection covid grave.

    Le document, auquel EL PAÍS a eu accès, encadre cet afflux massif d’immigrants dans le « discours agressif » avec lequel Rabat voulait que Madrid change sa position sur la question du Sahara occidental. Et il souligne que le Maroc a tenté « d’impliquer directement le président du gouvernement ». Un deuxième rapport du CNI, daté du 24 juin, insiste sur la même idée en concluant que l’objectif était « de faire pression sur le gouvernement espagnol pour qu’il adopte une position favorable au Maroc dans le différend sur le Sahara Occidental ». En mars, 10 mois après la crise de Ceuta, Sánchez a abandonné la position traditionnelle de neutralité de l’Espagne dans le conflit du Sahara, maintenue pendant 47 ans, et s’est rangé du côté de Rabat, considérant sa proposition d’autonomie pour l’ancienne colonie « comme la plus sérieuse, réaliste et crédible base de résolution du litige ».

    Peu de temps après cette dernière annonce, on a appris qu’en pleine crise de Ceuta, les téléphones portables de Sánchez lui-même, du ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska ; de la chef de la Défense, Margarita Robles, et de la chef des Affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya — qui quittera l’exécutif en juillet suivant — avaient subis des attaques avec le programme d’espionnage Pegasus. L’organisation non gouvernementale Amnesty International avait déjà accusé le Maroc à l’été 2021 d’utiliser ce virus informatique pour espionner 50 000 téléphones, dont celui du président de la France, Emmanuel Macron. Rabat a toujours nié avoir utilisé Pegasus. Le tribunal national enquête depuis un mois sur qui est derrière les attaques contre Sánchez et ses ministres.

    Dans le rapport du 18 mai, le CNI analyse l’évolution de la politique étrangère marocaine dans les mois précédant la crise de Ceuta. Il ressort qu’elle s’était attachée à faire en sorte que le président américain, Joe Biden, maintienne la reconnaissance de la souveraineté de Rabat sur le Sahara que son prédécesseur, Donald Trump, avait concrétisée en décembre 2020. Le document ajoute qu’après avoir considéré cet objectif atteint, Rabat avait adopté « un discours agressif visant à ce que d’autres pays suivent cette décision ou révisent leur position » sur l’ancienne colonie espagnole.

    « Cependant -le document recueille-, dans le cas de l’Espagne, la position marocaine avait été maintenue dans le cadre d’une relation marquée par la compréhension et la coopération », une situation qui a changé lors de l’arrivée, le 18 avril, de Gali à un hôpital à Logrono. Les services secrets soulignent que Rabat est passé de considérer cet événement comme « une opportunité de discréditer le leader du Front Polisario, à gérer cette situation comme une ‘magnifique opportunité’ pour obtenir de plus grandes concessions de notre pays dans la sphère bilatérale ».

    Une stratégie menée par Mohamed VI

    Pour ce faire, ajoute le CNI, le Maroc a initié « une stratégie parfaitement planifiée et dirigée depuis les plus hauts niveaux du pouvoir » et, plus précisément, par le roi Mohamed VI. « Le monarque marocain a été directement impliqué dans la stratégie en considérant que la décision espagnole a été approuvée par plus hauts niveaux de décision politique dans notre pays et jugé les explications reçues insuffisantes », souligne le service secret. Le rapport souligne qu’à l’époque les autorités de Rabat considéraient déjà que Berlin et Madrid avaient « négativement » influencé leurs aspirations à obtenir plus de soutien au sein de l’UE pour leur position sur la question sahraouie. Pour le Maroc, « la proximité de l’Espagne et sa position » constituaient « l’un des principaux obstacles à l’exercice de sa souveraineté sur l’ensemble du territoire du SO [Sahara occidental] ».

    Le document désigne Fouad Alí el-Himma, conseiller du roi Mohamed VI (avec qui il est ami depuis l’enfance) et fondateur du Parti de l’authenticité et de la modernité, le deuxième plus voté aux élections de 2016 et 2021, comme le planificateur de El-Himma a partagé une table avec Pedro Sánchez en avril à l’iftar (le repas qui clôt le jeûne du ramadan) organisé par Mohamed VI et qui symbolisait la fin de la crise diplomatique. Aux côtés de ce conseiller du monarque, le CNI place le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et les responsables de la Direction générale des études et de la documentation (DGED, le service de renseignement extérieur dépendant des Forces armées marocaines) , Yassin Mansouri, et de la Direction générale de la surveillance du terrorisme (DGST, le service secret intérieur), Abdellatif Hammouchi.

    La CNI les tient également pour responsables de « diverses actions d’influence » sur les réseaux sociaux, les médias et les tribunaux. Parmi ces dernières, la réactivation de deux procédures devant la Haute Cour nationale contre le leader du Front Polisario qui avaient été mises au placard pendant un certain temps se démarque. Le rapport leur attribue également la prétendue tentative d’introduire le débat sur l’opportunité de recevoir Gali au Congrès par des questions écrites de députés espagnols – entre mai et juin de cette année-là, Vox a présenté près de cinquante de ces questions, un nombre bien supérieur à celle du PP, la deuxième formation la plus active en ce sens —, ainsi qu’en Europe « par l’intermédiaire d’un eurodéputé français », qu’il n’identifie pas.

    Le rapport souligne que le Maroc a maintenu cette stratégie jusqu’au 10 mai 2021 « approximativement », date à laquelle il a entrevu la possibilité que Gali quitte l’Espagne sans qu’aucune action en justice ne soit intentée contre lui, comme cela s’est finalement produit trois semaines plus tard. À ce moment-là, le Maroc a changé de stratégie et l’a recentrée sur la migration irrégulière. Le CNI souligne que jusqu’au 16 mai de l’année dernière « il n’y avait pas eu de changement évident en termes de collaboration bilatérale » sur cette question. Cependant, coïncidant avec la fin du ramadan, il affirme qu’il a commencé à se répandre « parmi la communauté migrante subsaharienne que les FCS [Forces et corps marocains de sécurité] allaient retirer les contrôles sur la côte nord. Cela a provoqué la tentative de départ de plusieurs bateaux des côtes de Tanger et l’arrivée à Ceuta de migrants qui ont nagé toute la journée du 17 mai.

    Itinéraire depuis Rabat

    Le CNI n’hésite pas à affirmer que la police marocaine a reçu des instructions de Rabat « d’assouplir la surveillance dans la bande côtière de Larache à Saïdia [plus de 200 kilomètres] » et que les autorités des communes de la zone « ont instruit les chauffeurs de taxi et propriétaires de moyens de transport à mettre leurs véhicules à disposition pour le transfert des immigrés subsahariens pour les emmener vers la périphérie de Ceuta ». Il a également averti que quelques jours plus tôt, le 15 mai, les autorités marocaines avaient donné « des instructions pour laisser passer les bateaux d’immigrants vers les côtes espagnoles ». Dans le même temps, la présence policière marocaine a disparu au poste frontière d’El Tarajal, « ce qui a facilité l’entrée simultanée de dizaines d’immigrés, notamment des jeunes ». Au moins 10 000 personnes, dont de nombreux mineurs, ont traversé la frontière de manière irrégulière à cette époque.

    Le CNI affiche sa conviction qu’à partir de ce moment, Rabat allait « maintenir comme ligne d’action prioritaire l’adoption de nouvelles mesures souverainistes dans le Sud-Ouest [Sahara Occidental] ». Et il pointe la possibilité qu’elle ait provoqué des incidents qui « rouvriront le débat sur les zones de chevauchement entre les eaux sahraouies et les îles Canaries ». Le parlement marocain avait déjà approuvé en janvier 2020 deux lois qui étendaient la zone économique exclusive sur les eaux du Sahara occidental à 200 milles nautiques, ce qui n’est pas reconnu internationalement. Les services secrets espagnols n’excluent pas non plus que Rabat ait promu « des actions pour tenter de prendre le contrôle de l’espace aérien sahraoui, actuellement sous contrôle espagnol ».

    Le document prédit que Rabat tiendrait à partir de ce moment « un discours dur et inamical lorsqu’il aborderait les questions les plus délicates pour l’Espagne », comme la réouverture des frontières terrestres de Ceuta et Melilla, qui étaient fermés depuis plus d’un an en raison de la pandémie et n’ont rouvert que le 17 mai. Les services de renseignement espagnols rapportent également que le ministre Bourita avait recommandé « de continuer à maintenir une montée progressive de la pression » sur l’Espagne. Et il souligne comme « très probable » que Rabat a appelé son ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich, pour des consultations, qui ont eu lieu le jour même de la rédaction du rapport.

    Pour le CNI, dans la crise, il s’agissait de « déterminer le poids qu’a la composante personnelle de Mohamed VI ». Le document conclut en soulignant qu’ »il ne peut être exclu que Rabat laisse au second plan les conséquences pour les relations bilatérales et décide de maintenir son escalade de tension, sans pour autant poursuivre des objectifs précis au-delà de l’écoute des instructions du monarque ».

    La CNI et l’ambassade du Maroc en Espagne ont refusé de commenter le contenu de ce document.
    JOSE BAUTISTA OSCAR LOPEZ-FONSECA
    EL PAIS, 06/06/2022

    #Maroc #Espagne #Algérie #SaharaOccidental #FrontPolisario #BrahimGhali #CNI #Ceuta #Migration

  • CNI alerted that Morocco used Ceuta crisis to force a change on Sahara

    CNI alerted that Morocco used Ceuta crisis to force a change on Sahara

    Spain, CNI, secrets services, Morocco, Ceuta, migration, Frente Polisario, Western Sahara, Brahim Ghali, Algeria

    The intelligence services concluded that the massive arrival of immigrants in May was a « pressure » tool of Morocco against the Spanish government to push a change in the stance of the former colony.

    New information from the CNI (National Intelligence Center). State security forces were overwhelmed on May 18, 2021, when more than 8,000 people irregularly crossed the Ceuta border. The images of young people running around the fence to get around it and swimming with plastic bottles to reach Spanish territory went around the world and called into question diplomatic relations between the two neighboring countries. As El Pais advances, after more than a year of this migratory crisis, it is known that the CNI sent several reports in which it delved into relations with Rabat after the arrival in Spain of the leader of POLISARIO Brahim Gali, and the position of Morocco.

    The document reflects that Spanish Intelligence warned the PM that the arrival of the thousands of Moroccans was part of a strategy of « pressure » by Morocco and that it was in line with his « aggressive » speech so that Government turn in its strategy of reconnaissance of Western Sahara. It was precisely in March of this year that the Government relaxed its shielding of the former colony and considered the autonomy of Western Sahara as a « realistic » resolution.

    The Ceuta crisis left Government’s foreign strategy untouched, with the departure of Arancha González Laya and the cooling of the borders with Ceuta and Melilla (already hermetic after the pandemic). Just when relations began a thaw phase, with the announcement of the autonomy plan for the former colony, it was learned that the devices of the PM Pedro Sánchez, the Minister of the Interior, Fernando Grande-Marlaska, the Minister of Defense, Margarita Robles, and the former FM, Arancha González Laya had been infected with the Pegasus spy program. The controversy exploded in the air after the accusations of the independentists parties against the Government when finding remains of the same software on their mobiles, but the NGO Amnesty International had already set precedents on Morocco by reporting that in the summer of 2021 it used the program to monitor 50,000 phones.

    Morocco’s interest in Western Sahara is historical and just at the time of Ghali’s arrival, he was immersed in an international strategy to achieve recognition. As the CNI detailed to the Government, Morocco had worked to attract the US President, Joe Biden, to recognize Rabat’s sovereignty over the former colony, as Donald Trump did. This target remained, however, relaxed with Spain for enjoying mutual understanding at that time. However, the good harmony was broken with the arrival of Ghali, and he gave the starting signal to open a stage of pressure to later agree concessions.

    The CNI and Mohamed VI

    The CNI reports conclude that Mohamed VI was fully aware of this strategy, in which he was personally involved precisely because he considered that the arrival of the leader of POLISARIO had also been monitored from the highest Spanish institutions. Who was behind this plan was a close adviser to the king, Fouad Ali el-Himma, with whom the government sat down in April to settle the crisis together with the Moroccan foreign delegation.

    Robles takes refuge in the law

    The Minister of Defense, Margarita Robles, has relied this Monday on the Law that regulates the National Intelligence Center (CNI) not to reveal whether the espionage services warned of movements by Morocco to force a change in Spain’s position regarding the Sahara Western. « Everything that the CNI does is secret and no demonstration can be made about it, » he said in an interview on Telecinco, regarding the information published this Monday by El País about the migratory crisis at the Ceuta de May of last year. In any case, the Minister of Defense has alluded to the « rigor » of all the actions of the CNI and has praised the « serious and rigorous » work of its more than 3,000 members, both inside and outside of Spain, and « always subjected to the legality ».

    Although she did not want to delve into this matter, she did point out that relations between Spain and Morocco « have taken a significant turn » and has maintained the need for Spain to have a good relationship with its neighboring countries, such as Morocco, Algeria, France, or Portugal.

    In addition, she has avoided pointing the finger at Morocco in the case of spying on mobile phones of members of the Government with the ‘Pegasus’ program -including her own- and has explained that in these cases it is very difficult to verify the authorship of the intrusions and they must make « unproven » accusations. « I don’t know who was, » she assured, recalling that there is an open investigation at the National High Court and « prudence » advises not to make statements « lacking any evidence. »

    Voz populi, 06/06/2022

    #Spain #Morocco #Ceuta #CNI #WesternSahara #Algeria

  • La crise de Ceuta, selon les services secrets espagnols

    La crise de Ceuta, selon les services secrets espagnols

    Espagne, CNI, Centre National d’Intelligence, Maroc, Sahara Occidental, Ceuta, migration, Brahim Ghali,

    Le CNI a attribué la crise de Ceuta au « discours agressif » de Rabat sur le Sahara occidental.
    Les services de renseignement ont conclu que l’afflux de milliers d’immigrants faisait partie de la stratégie de « pression » du Maroc pour amener Madrid à reconnaître sa souveraineté sur l’ancienne colonie.

    Le 18 mai dernier, le gouvernement espagnol tentait de gérer la crise provoquée par l’entrée de milliers d’immigrants illégaux à Ceuta la veille, face à la passivité des autorités marocaines. La situation a déclenché l’alarme au sein du gouvernement et le président, Pedro Sánchez, s’est rendu d’urgence dans la ville nord-africaine, où l’armée avait été déployée pour aider la police nationale et la Guardia Civil, débordées par la marée de personnes traversant la frontière. Ce jour-là, le Centre national de renseignement (CNI) a rédigé un rapport « réservé » de quatre pages, qu’il a envoyé à Sánchez et à d’autres membres de son gouvernement. Il y analysait l’état des « relations » avec le Maroc à l’époque « suite à l’accueil » en Espagne, un mois plus tôt, de Brahim Ghali, leader du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), pour être soigné d’une grave infection covidienne.

    Le document, auquel EL PAÍS a eu accès, présente l’afflux massif d’immigrants comme faisant partie du « discours agressif » avec lequel Rabat essayait de faire changer Madrid de position sur la question du Sahara Occidental. Et il souligne que le Maroc a tenté d’ »impliquer directement le président du gouvernement ». Un second rapport du CNI, daté du 24 juin, reprend la même idée, concluant que l’objectif était de « faire pression sur le gouvernement espagnol pour qu’il adopte une position favorable au Maroc dans le conflit du Sahara occidental ». En mars, dix mois après la crise de Ceuta, Sánchez abandonne la position traditionnelle de neutralité de l’Espagne dans le conflit du Sahara, maintenue pendant 47 ans, et se range du côté de Rabat, considérant sa proposition d’autonomie pour l’ancienne colonie « comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du conflit ».

    Peu après cette dernière annonce, on a appris qu’en pleine crise de Ceuta, les téléphones portables de M. Sánchez lui-même, du ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, de la ministre de la Défense, Margarita Robles, et du chef des Affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya – qui a quitté le gouvernement en juillet suivant – avaient été attaqués par le programme d’espionnage Pegasus. L’organisation non gouvernementale Amnesty International avait déjà accusé le Maroc à l’été 2021 d’avoir utilisé ce virus informatique pour espionner 50.000 téléphones, dont celui du président français Emmanuel Macron. Rabat a toujours nié utiliser Pegasus. Depuis un mois, le Tribunal Suprême enquête pour savoir qui est derrière les attaques contre Sánchez et ses ministres.

    Dans le rapport du 18 mai, le CNI analyse l’évolution de la politique étrangère marocaine dans les mois précédant la crise de Ceuta. Elle souligne qu’elle s’était attachée à obtenir du président américain Joe Biden le maintien de la reconnaissance de la souveraineté de Rabat sur le Sahara que son prédécesseur, Donald Trump, avait matérialisée en décembre 2020. Le document ajoute qu’après avoir considéré cet objectif atteint, Rabat a adopté « un discours agressif visant à faire en sorte que d’autres pays suivent cette décision ou révisent leur position » sur l’ancienne colonie espagnole. « Toutefois, dans le cas de l’Espagne, la position marocaine avait été maintenue dans le cadre d’une relation marquée par la compréhension et la coopération », une situation qui a changé lorsque l’arrivée de Ghali le 18 avril dans un hôpital de Logroño a été révélée. Les services secrets soulignent que Rabat est passé de la considération de cet événement comme « une occasion de discréditer le leader du Front Polisario, à la gestion de cette situation comme une ‘magnifique opportunité’ pour obtenir plus de concessions de notre pays dans le domaine bilatéral ».

    Une stratégie dirigée par Mohamed VI

    A cette fin, ajoute le CNI, le Maroc a initié « une stratégie parfaitement planifiée et dirigée depuis les plus hautes sphères du pouvoir » et, plus précisément, par le roi Mohamed VI. « Le monarque marocain s’est impliqué directement dans la stratégie car il a considéré que la décision espagnole était approuvée par les plus hauts niveaux de décision politique de notre pays et a estimé que les explications reçues étaient insuffisantes », souligne le service secret. Le rapport souligne qu’à cette époque, les autorités de Rabat considéraient déjà que Berlin et Madrid avaient influencé « négativement » leurs aspirations à obtenir plus de soutien au sein de l’UE pour leur position sur la question sahraouie. Pour le Maroc, « le voisinage de l’Espagne et sa position » constituent « l’un des principaux obstacles à l’exercice de sa souveraineté sur l’ensemble du territoire du SO [Sahara occidental] ».

    Le document désigne Fouad Ali el-Himma, conseiller du roi Mohammed VI (avec qui il est ami depuis l’enfance) et fondateur du Parti de l’authenticité et de la modernité, deuxième parti le plus voté aux élections de 2016 et 2021, comme le planificateur de cette stratégie. En avril, El-Himma a partagé une table avec Pedro Sánchez lors de l’iftar (repas de rupture du jeûne du Ramadan) organisé par Mohammed VI, qui a symbolisé la fin de la crise diplomatique. Aux côtés de ce conseiller du monarque, le CNI place le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et les chefs de la Direction générale des études et de la documentation (DGED, le service de renseignement extérieur des Forces armées marocaines), Yassin Mansouri, et de la Direction générale de la surveillance du terrorisme (DGST, le service secret intérieur), Abdellatif Hammouchi.

    Le CNI leur reproche également « diverses actions d’influence » sur les réseaux sociaux, les médias et les tribunaux. Parmi ces dernières, elle souligne la réactivation de deux procédures devant le Traibunal Suprême contre le leader du Front Polisario, qui avaient été mises en veilleuse pendant un certain temps. Le rapport leur attribue également la prétendue tentative d’introduire le débat sur l’opportunité de recevoir Ghali au Congrès par le biais de questions écrites de députés espagnols – entre mai et juin de cette année, Vox a présenté près de cinquante questions de ce type, un nombre bien plus élevé que le PP, le deuxième parti le plus actif en la matière -, ainsi qu’en Europe « par le biais d’un député français », qu’il n’identifie pas.

    Le rapport souligne que le Maroc a maintenu cette stratégie jusqu’à « environ » le 10 mai 2021, date à laquelle il a entrevu la possibilité que Ghali quitte l’Espagne sans qu’aucune action judiciaire ne soit engagée contre lui, comme cela s’est finalement produit trois semaines plus tard. À ce moment-là, le Maroc a changé sa stratégie et l’a recentrée sur la migration irrégulière. Le CNI souligne que jusqu’au 16 mai de l’année dernière, « il n’y a pas eu d’altération évidente de la collaboration bilatérale » dans ce domaine. Cependant, coïncidant avec la fin du Ramadan, il indique qu’il a commencé à se répandre « au sein de la communauté des migrants subsahariens que les FCS [Forces et Corps de Sécurité marocains] allaient retirer les contrôles sur la côte nord. Cela a provoqué la tentative de départ de plusieurs bateaux des côtes de Tanger et l’arrivée à Ceuta de migrants qui ont nagé tout la journée du 17 mai ».

    Instructions de Rabat

    Le CNI n’hésite pas à affirmer que la police marocaine a reçu des instructions de Rabat « pour relâcher la surveillance sur la bande côtière de Larache à Saidia [plus de 200 kilomètres] » et que les autorités des municipalités de la région « ont donné des instructions aux chauffeurs de taxi et aux propriétaires de moyens de transport pour qu’ils mettent leurs véhicules à disposition pour le transfert des immigrants subsahariens afin de les emmener dans les environs de Ceuta ». Elle a également prévenu que quelques jours plus tôt, le 15 mai, les autorités marocaines avaient donné « des instructions pour laisser passer les bateaux d’immigrants vers la côte espagnole ». Dans le même temps, la présence de la police marocaine au poste frontalier d’El Tarajal a disparu, « ce qui a facilité l’entrée simultanée de dizaines d’immigrants, surtout des jeunes ». Au moins 10.000 personnes, dont de nombreux mineurs, ont franchi la frontière de manière irrégulière au cours de ces journées.

    Le CNI est convaincu qu’à partir de ce moment, Rabat allait « maintenir comme ligne d’action prioritaire l’adoption de nouvelles mesures souverainistes dans le SO [Sahara occidental] ». Et il note la possibilité qu’elle provoque des incidents qui « rouvriraient le débat sur les zones de chevauchement entre les eaux sahraouies et les îles Canaries ». Le parlement marocain avait déjà approuvé en janvier 2020 deux lois étendant la zone économique exclusive sur les eaux du Sahara occidental à 200 miles nautiques, ce qui n’est pas reconnu internationalement. Les services secrets espagnols n’excluent pas la possibilité que Rabat favorise « des actions pour tenter de prendre le contrôle de l’espace aérien sahraoui, actuellement sous propriété espagnole ».

    Le document prévoit que Rabat maintiendra désormais « un discours dur et inamical lorsqu’il s’agira de traiter les questions les plus sensibles pour l’Espagne », comme la réouverture des frontières terrestres de Ceuta et Melilla, fermées depuis plus d’un an en raison de la pandémie et qui n’ont été rouvertes que le 17 mai. Les renseignements espagnols rapportent également que le ministre Bourita avait recommandé de « continuer à maintenir une augmentation graduelle de la pression » sur l’Espagne. Et il note qu’il est « très probable » que Rabat ait appelé son ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich, pour des consultations, ce qui a eu lieu le jour même de la rédaction du rapport.

    De l’avis du CNI, le poids de la composante personnelle de Mohammed VI dans la crise a été « décisif ». Le document conclut qu’ »il n’est pas exclu que Rabat laisse de côté les conséquences sur les relations bilatérales et décide de maintenir l’escalade de la tension, sans poursuivre d’objectifs spécifiques au-delà des instructions du monarque ».

    Tant le CNI que l’ambassade du Maroc en Espagne ont refusé de commenter le contenu de ce document.

    JOSÉ BAUTISTA ÓSCAR LÓPEZ-FONSECA

    El Pais, 06/06/2022

    #Espagne #Maroc #SaharaOccidental #Migration #Canaries #Ceuta #Melilla #BrahimGhali

  • Voyous et logiciels espions : Pegasus frappe en Espagne

    Voyous et logiciels espions : Pegasus frappe en Espagne -CNI, espionnage, Maroc, Pedro Sanchez, Margarita Robles, cybersécurité, NSO Group,

    Les armes, dépourvues de sensibilité et d’orientation morale, sont là pour être utilisées par tous. Une fois sorties, ces créations ne pourront jamais être reconditionnées. Un logiciel espion efficace, le plus malveillant des outils de surveillance, est l’une de ces créations, disponible pour les entités et les gouvernements de tous bords. Les cibles sont standards : dissidents, journalistes, législateurs, militants, voire quelques juristes.

    Le logiciel espion Pegasus, la création diaboliquement efficace du groupe israélien sans scrupules NSO, est devenu un habitué des cycles d’information sur la cybersécurité. Créé en 2010, il est l’idée de trois ingénieurs qui avaient fait leurs premières armes au sein de l’unité cybernétique Unit 8200 des Forces de défense israéliennes : Niv Carmi, Shalev Hulio et Omri Lavie.

    NSO s’est retrouvé à l’avant-garde d’une offensive de charme israélienne, accueillant régulièrement des responsables du Mossad à son siège à Herzliya en compagnie de délégations de pays africains et arabes. Les cybercapacités seraient un moyen d’entrer dans leurs bons livres.

    Le bilan de l’entreprise était de nature à piquer l’intérêt du département américain du Commerce, qui a annoncé en novembre dernier qu’il ajouterait NSO Group et une autre cyberentreprise israélienne Candiru (désormais renommée Saito Tech) à sa liste d’entités « sur la base de preuves ». que ces entités ont développé et fourni des logiciels espions à des gouvernements étrangers qui ont utilisé ces outils pour cibler de manière malveillante des responsables gouvernementaux, des journalistes, des hommes d’affaires, des militants, des universitaires et des employés d’ambassade.

    En juillet 2021, le projet Pegasus , une initiative de 17 médias et groupes de la société civile, a révélé que 50 000 numéros de téléphone intéressant un certain nombre de gouvernements figuraient sur une liste de cibles piratables. Tous avaient été des cibles de Pegasus.

    Les clients gouvernementaux du groupe NSO sont nombreux et couvrent le spectre démocratique autoritaire et libéral. Plus notoirement, Pegasus a trouvé son chemin dans l’arsenal de surveillance du Royaume d’Arabie saoudite, qui aurait surveillé les appels passés par le journaliste saoudien assassiné Jamal Khashoggi et un autre dissident, Omar Abdulaziz. En octobre 2018, Khashoggi, sur ordre du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, a été massacré sur le terrain du consulat saoudien à Istanbul par un commando. NSO a ensuite fait l’objet d’une action en justice, les avocats d’Abdulaziz faisant valoir que le piratage de son téléphone « a contribué de manière significative à la décision d’assassiner M. Khashoggi ».

    Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, la ministre de la Défense Margarita Robles, le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska et 18 séparatistes catalans sont les dernières cibles de premier plan à figurer dans le canon Pegasus. Le téléphone de Sánchez a été piraté deux fois en mai 2021, des responsables affirmant qu’il y avait au moins une fuite de données. Ceci était le résultat, selon le gouvernement, d’une opération « illicite et externe », menée par des organismes sans autorisation de l’État.

    Assez ironiquement, Robles elle-même avait défendu le ciblage des 18 séparatistes catalans, affirmant que la surveillance avait été menée avec l’approbation du tribunal. « Dans ce pays », a-t-elle insisté lors d’une conférence de presse, « personne ne fait l’objet d’enquêtes pour ses idéaux politiques ».

    La toile de fond de tout le scandale est encore plus sinistre, avec Citizen Lab révélant le mois dernier que plus de 60 législateurs catalans, juristes, membres du Parlement européen, journalistes et membres de la famille ont été ciblés par le logiciel espion Pegasus entre 2015 et 2020. (Citizen Lab trouvé que 63 personnes avaient été ciblées ou infectées par Pegasus, dont quatre autres victimes du logiciel espion Candiru.) Parmi les cibles confirmées figurent Elisenda Paluzie et Sònia Urpí Garcia, qui travaillent toutes deux pour l’Assemblea Nacional Catalana, une organisation qui milite pour l’indépendance de Catalogne.

    Le téléphone de la journaliste catalane Meritxell Bonet a également été piraté en juin 2019 lors des derniers jours d’une affaire devant la Cour suprême contre son mari Jordi Cuixart. Cuixart, ancien président de l’association catalane Òmnium Cultural, a été inculpé et condamné pour sédition.

    L’ enquête de Citizen Lab n’a pas attribué de manière concluante « les opérations à une entité spécifique, mais des preuves circonstancielles solides suggèrent un lien avec les autorités espagnoles ». Likhita Banerji, chercheuse à Amnesty International dans le domaine de la technologie et des droits de l’homme, explique simplement le cas . « Le gouvernement espagnol doit dire clairement s’il est ou non un client du groupe NSO. Il doit également mener une enquête approfondie et indépendante sur l’utilisation du logiciel espion Pegasus contre les Catalans identifiés dans cette enquête.

    Des têtes devaient tomber et la principale victime de cette affaire était la première femme à diriger l’agence de renseignement espagnole CNI, Paz Esteban. La défense d’Esteban des piratages catalans s’est avérée identique à celle de Robles : ils avaient été faits avec l’approbation judiciaire et légale. Mais elle avait besoin d’un cuir chevelu pour une situation de plus en plus embarrassante et n’avait aucune envie de se faire répéter ses raisons. « Vous parlez de licenciement », a-t-elle déclaré laconiquement, « je parle de remplacement. »

    Alors que les implications pour le gouvernement espagnol sont nettement malodorantes, il ne faut pas oublier qui est le Victor Frankenstein ici. NSO a eu quelques égratignures en Israël même. Il a survécu à un procès d’Amnesty International en 2020 pour revoir sa licence d’exportation de sécurité. Mais il y a peu de danger que cette entreprise perde le soutien du ministère israélien de la Défense. En Israël, la cybersécurité continue d’être la tête d’affiche des prouesses technologiques, lucrative, opaque et clairement irresponsable devant les parlementaires et les tribunaux.

    Dr Binoy Kampmark, boursier du Commonwealth au Selwyn College de Cambridge. Il enseigne actuellement à l’Université RMIT. Courriel : bkampmark@admin

    Source : South Front, 15 mai 2022

    #Maroc #Espagne #CNI #Pegasus #Espionnage #PedroSanchez #MargaritaRobles #SNOGroup

  • Attaques de Pegasus: Sanchez fut prévenu en 2019

    Attaques de Pegasus: Sanchez fut prévenu en 2019

    Attaques de Pegasus: Sanchez fut prévenu en 2019 – CNI, Pedro Sanchez, Margarita Robles, CNN,

    Le CNI avait averti Sánchez depuis 2019 de l’augmentation des attaques de Pegasus.

    Un rapport du CNI mettait en garde contre le risque d’infection par Pegasus lors de l’espionnage de Sánchez et Robles.
    Ce rapport du CNI prouve que Moncloa est au courant de l’espionnage de Pegasus depuis « juillet 2021 ».
    Le rapport de la CNI a été transmis au gouvernement un mois après l’attaque de Pegasus contre Sánchez.

    L’alerte concernant le programme d’espionnage Pegasus figure dans les rapports du Centre national de renseignement (CNI) depuis des années et était donc connue de la Moncloa. Ce programme – auquel est attribuée l’infection des téléphones portables de Pedro Sánchez et Margarita Robles – figure déjà dans les dossiers du Centre National de Cryptologie (CNN) de 2019. Concrètement, le document Ciberamenazas y Tendencias, publié en mai de la même année, contient déjà une allusion à ce système, destiné à voler des informations hautement sensibles.

    L’agence CNI avait alors mis en garde contre une « croissance des attaques sur les appareils mobiles », notant qu’elles avaient augmenté annuellement de 85 % depuis 2011, et prévenu que des « acteurs avancés » utilisaient « des techniques de phishing mobile, par exemple Dark Caracal et Pegasus ». Le CCN fait précisément référence à un rapport de Citizen Lab – l’institut canadien qui a désormais dénoncé l’espionnage présumé des séparatistes catalans – qui décrit l’attaque de Pegasus sur le téléphone portable de l’activiste Omar Abdulaziz, confident du journaliste saoudien Jamal Khashoggi assassiné dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, en 2018. Ce rapport, référencé par le CNI, comprenait une carte de la portée mondiale de Pegasus.

    « Ce document contient une analyse des cybermenaces nationales et internationales, de leur évolution et des tendances futures.
    les cybermenaces internationales, leur évolution et les tendances futures, et a été élaboré dans le but d’être utile aux responsables de la sécurité de l’information des entités du secteur public espagnol », a prévenu le CCN au début du document, ce qui montre que le rapport a été transmis aux responsables de la sécurité du gouvernement. À l’époque, l’actuel ministre de la présidence, Félix Bolaños, était chargé de garantir la sécurité des communications de Moncloa.

    Le rapport indique également que les attaques devraient se poursuivre l’année prochaine : « Les acteurs étatiques continueront à mener des campagnes d’intrusion dans le cadre de leurs stratégies nationales. Les entités des secteurs du gouvernement, de la défense, des groupes de réflexion et des ONG resteront les cibles prioritaires de leurs opérations ».

    Elle a mis en garde contre « les États, principale source de menaces » : « Leurs actions contre d’autres pays, leurs institutions, leurs entreprises et leurs citoyens, continuent de représenter la cybermenace la plus importante. L’objectif poursuivi par ce type d’attaque est toujours le même : voler des informations pour améliorer leur position stratégique, politique, économique ou innovante : l’espionnage ». Il comprenait également une carte des risques pour les différents acteurs, y compris le gouvernement lui-même :

    Cette première allusion à Pegasus, qui montre que le CNI était déjà conscient de la menace des logiciels espions, sera complétée, des mois plus tard, dans un autre document : Annual report on mobile devices and communications 2019, publié en mars 2020, qui incluait déjà l’amélioration de ce système pour pénétrer les appareils, en profitant des vulnérabilités des systèmes d’exploitation. Grâce à ce nouveau système, Pegasus peut infecter l’appareil sans aucune interaction de l’utilisateur afin de voler du contenu. Il suffit d’un numéro de téléphone.

    En mai 2021, le CCN a publié un autre rapport mettant en garde contre les risques d’être victime d’espionnage avec Pegasus. Dans le document CCN-CERT BP/03 : Mobile Devices, l’agence déplore que « le niveau de sensibilisation à la menace réelle n’a pas été suffisamment élevé parmi les utilisateurs finaux et les organisations, malgré le fait que les appareils mobiles sont utilisés pour les communications personnelles et professionnelles, privées et pertinentes, et pour le stockage et l’échange d’informations sensibles ». Le rapport met en garde contre la « complexité et la sophistication » des systèmes d’espionnage et précise que « le conseil le plus efficace pour identifier les messages nuisibles est le bon sens ».

    Le rapport suivant, et le dernier, est daté de juillet 2021, deux mois après l’intrusion dans le téléphone portable de Pedro Sánchez.

    Dans ce document, révélé en exclusivité par OKDIARIO, Détection du logiciel Pegasus sur les appareils iPhone, des instructions étaient données pour détecter le programme sur les appareils téléphoniques Apple en seulement une heure et demie.

    Ce rapport était entre les mains de la Moncloa. Cependant, ce n’est que lundi que le ministre de la Présidence, Félix Bolaños, a annoncé l’espionnage des téléphones portables de Sánchez et de Margarita Robles, ministre de la Défense. Selon Bolaños, les appareils n’ont été analysés que le 30 avril. En bref, quatre rapports qui mettaient en garde contre le risque de Pegasus et que Moncloa a ignorés.

    OK Diario, 07/05/2022

    #Espagne #PedroSanchez #Espionnage #CNI #CNN #Pegasus

  • CNI espagnol: Les camionneurs algériens tués par le Maroc

    Tags : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Espagne, CNI, services secrets espagnols, camionneurs algériens – CNI espagnol: Les camionneurs algériens tués par le Maroc

    Les services de renseignements ont conclu que les trois camionneurs algériens ont été tués le 1er novembre dernier au Sahara Occidental par des drones marocains. C’est ce qu’a révélé jeudi le quotidien espagnol “El Pais”, proche des milieux sécuritaires espagnoles.

    “Des sources du renseignement espagnol confirment que l’attaque a eu lieu avec des drones et doutent sérieusement qu’il puisse s’agir d’une erreur”, a rapporté le quotidien espagnol.

    Ces “sources” confirment ainsi les conclusions de l’enquête menée par les autorités algériennes au lendemain de l’ignoble assassinat et selon lesquelles l’attaque “a été commise par un armement sophistiqué”.

    Les trois chauffeurs de camions algériens ont été tués dans un bombardement mené dans l’après-midi du 1er novembre 2021 par l’armée marocaine contre leur convoi dans la route entre la ville frontalière algérienne Tindouf et Zouiret en Mauritanie.

    Les camions de fret faisaient régulièrement la liaison Nouakchott-Ouargla, selon un des proches des victimes dont deux roulaient à bord de leur camion de la marque allemande MAN. Le troisième chauffeur tué était originaire de Ouargla et était aussi un habitué du trajet. Les victimes effectuaient une mission d’exportation de ciment blanc vers la Mauritanie.

    L’agression marocaine s’est déroulée entre les localités d’Aïn Bentili et Bir Lahlou en territoire libéré, le tronçon qui conduit à la route entre l’Algérie et la Mauritanie.
    Les deux camions étaient à l’arrêt lorsqu’ils ont été la cible de bombardements par l’artillerie marocaine provenant de derrière le mur de séparation se trouvant à plus de 25 km du lieu du drame.

    L’une des victimes de l’agression marocaine est Hmida Boumediene, originaire de Laghouat, dont l’annonce de sa mort a été faite sur Facebook par son neveu Djallal Eddine Boumedienne habitant Ain Madi à Laghouat.
    Les deux autres victimes sont Ahmed Belkhir Chtam et Brahim Larbaoui tous deux de Ouargla.

    Lors d’une conférence de presse mercredi 10 novembre à Alger, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a réaffirmé que l’assassinat des trois ressortissants algériens par le Maroc était un “acte délibéré” de provocation contre l’Algérie.

    “Selon tous les facteurs disponibles, il s’agit d’un acte délibéré de provocation contre l’Algérie, au mépris du droit international”, a souligné le chef de la diplomatie algérienne.

    M. Lamamra a fait observer que “cet acte s’inscrit dans la volonté des autorités marocaines et de leurs alliés d’étendre le conflit militaire au-delà de la zone dans laquelle se produisaient les opérations militaires auparavant, autour et à l’intérieur du mur” de sable, notant, en outre, que cet acte “intervient dans le prolongement de l’extension de l’occupation militaire marocaine de la zone d’El-Guerguerrat, en violation des accords de cessez-le-feu entre les deux parties (Maroc et Front Polisario)”.

    Par S. Ould Brahim

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    Abou El-Fadl Baâdji à Tizi Ouzou : «Ceux qui prétendent que le FLN doit être mis au musée se trompent !»

    Sans verser dans la diatribe, le secrétaire général du FLN, Abou El-Fadl Baâdji, n’a cependant pas mâché ses mots à l’issue d’un meeting qu’il a animé jeudi dernier, en milieu d’après-midi, à la Cinémathèque (ex-cinéma Mondial) de Tizi Ouzou.

    Devant une salle pleine à craquer et composée autant de femmes que d’hommes, le premier responsable du FLN, avec une grande rhétorique dans le discours, a commencé son allocution par rendre un vibrant hommage à feu Loucif Hamani et aux trois camionneurs algériens tués dans un bombardement sur la route reliant l’Algérie à la Mauritanie. Abou El-Fadl Baâdji a même demandé à l’assistance d’observer une minute de silence à la mémoire des quatre disparus. Une fois cette minute de silence observée, le premier responsable du FLN a repris le micro pour affirmer que l’Algérie vit une situation particulière ces derniers temps, notamment sur le plan sécuritaire, mais que «grâce à nos forces de sécurité, particulièrement l’ANP, aucun mauvais coup ne peut atteindre notre pays».

    Abordant le cas des trois chauffeurs de camion, l’orateur a accusé le Makhzen d’être responsable de leur mort. Ensuite, il a dit : «Tizi Ouzou n’est rien sans l’Algérie et l’Algérie n’est rien sans Tizi Ouzou et, par conséquent, la politique du séparatisme ne peut être en aucun cas la solution idoine à la problématique que vit l’Algérie». Sur ce passage précis, le secrétaire général du FLN faisait allusion au MAK sans pour autant prononcer le nom du MAK ou celui de Ferhat M’henni. Abou El-Fadl Baâdji a rappelé à l’assistance que les problèmes que vit l’Algérie ne sont pas propres à une seule région ou une seule wilaya, notamment sur le plan économique et social. «Les problèmes que vit la population de Tizi Ouzou sont identiques à ceux des populations des autres wilayas», a expliqué l’orateur.

    Concernant l’origine du mal que vit le pays, le secrétaire général du FLN l’a imputé aux différents lobbies tant internes qu’externes qui s’affrontent. Abordant ensuite les élections locales et, par ricochet, la situation interne de son parti, l’orateur a déclaré, sans ambages, que même si la nouvelle loi concernant les élections contient certaines ambiguïtés, son parti a accepté d’honorer ce rendez-vous du 27 de ce mois car «nous avons jugé impératif de doter le pays de ses institutions». Abou El-Fadl Baâdji, toujours avec une voix pleine d’assurance, a lancé une pique contre les voix demandant à ce que le FLN soit mis en retrait de la pratique de la politique. «A ceux qui prétendent que le FLN doit être mis au musée, je dis qu’ils se trompent lourdement», a lancé vivement l’orateur, avant de poursuivre : «Le FLN a encore des obligations à remplir envers le peuple algérien. Et il n’est que trop vrai qu’il est porteur des aspirations du peuple algérien», a martelé le premier responsable du FLN. Concernant les luttes internes que connaît son parti depuis quelques années, l’orateur a affirmé que, bientôt, le FLN retrouvera son homogénéité et sa stabilité d’autrefois.

    Revenant sur le statut dont jouit son parti, Abou El-Fadl Baâdji a affirmé que le FLN «incarne l’espoir des Algériens». «Il le démontrera, encore une fois, le 27 de ce mois», a conclu l’orateur. Il convient de souligner que le secrétaire général du FLN a été accueilli comme un héros à Tizi Ouzou. Cet accueil chaleureux a d’ailleurs fortement ému Abou El-Fadl Baâdji. De son côté, il a prononcé de grandes louanges à l’endroit de la wilaya de Tizi Ouzou, «région qui a enfanté de grands et nombreux héros».

    Par Saïd Tissegouine

    Le Jeune Indépendant, 12/11/2021

    #Algérie #Maroc #Sahara_Occidental #Maroc #Front_Polisario #Camionneurs #FLN

  • Revelaciones sobre los atentados de 2004 ‎y 2017 en España

    por Thierry Meyssan

    Las recientes revelaciones sobre los atentados cometidos en 2017 en las ciudades ‎catalanas de Barcelona y Cambrils plantean exactamente las mismas interrogantes que ‎las anteriores –sobre el atentado de 2004 en Madrid. Y son las mismas interrogantes ‎que se han planteado antes en otros países y sobre otros atentados. ¿Por qué siempre ‎resulta, en todas partes, que los terroristas islamistas tienen relaciones con la OTAN?‎

    El 15 de julio de 2019, el diario español Público publicó, bajo la firma de Carlos Enrique Bayo, el ‎inicio de una investigación en 4 partes sobre las relaciones entre el cerebro de los atentados ‎perpetrados en 2017 en Cataluña y los servicios secretos españoles [1].‎

    En España, los servicios de espionaje y de contraespionaje son miembros de la misma institución, ‎el Centro Nacional de Inteligencia (CNI). Aunque el CNI depende administrativamente del ‎ministerio de Defensa, el director del CNI tiene rango de ministro. ‎

    Los documentos publicados por el diario Público demuestran que, al contrario de lo que ‎se afirma en la versión oficial, el imam de Ripoll, el marroquí Abdelbaki Es-Satty,
    – estaba radicalizado desde mucho antes de los atentados;‎
    – los servicios de inteligencia españoles lo habían reclutado como informante;
    – los servicios de inteligencia españoles habían falsificado su expediente judicial para evitar que ‎fuese expulsado de España como consecuencia de una condena por tráfico de drogas;
    – los servicios de inteligencia españoles le habían creado un «buzon muerto» para que pudiera ‎comunicarse con el agente encargado de atenderlo;
    – los servicios de inteligencia españoles escuchaban los teléfonos de los cómplices del imam ‎de Ripoll. ‎

    Lo más importante es que todo lo anterior demuestra que
    – el CNI seguía a los terroristas paso a paso;
    – que el CNI conocía los blancos de los atentados;
    – que los terroristas seguían bajo la vigilancia del CNI al menos 4 días antes de pasar a la acción. ‎

    ‎Cabe preguntarse entonces
    ¿Por qué el CNI no impidió los atentados?
    ¿Por qué mantuvo en secreto lo que sabía?
    ¿Por qué en 2008 –o sea, antes de reclutar a Es-Saty como informante– el CNI ocultó a la ‎Guardia Civil lo que sabía sobre este individuo, protegiéndolo así de la investigación sobre el ‎atentado perpetrado en Madrid el 11 de marzo de 2004, lo que los españoles llaman «el 11-‎M»? ‎

    El hecho es que Es-Satty ya había estado implicado en la “Operación Chacal”, lo cual lo vinculaba ‎a los atentados perpetrados en Casablanca el 16 de mayo de 2003 [2] y a otro atentado registrado ‎en Irak contra las tropas italianas destacadas en ese país [3].‎

    Estas revelaciones del diario español Público nos traen a la mente lo sucedido alrededor del atentado que ‎dejó en Madrid unos 200 muertos y 2 000 heridos el 11 de marzo de 2003 –el acto terrorista de ‎mayor envergadura cometido en Europa después de los hechos del 11 de septiembre de 2001 en ‎Estados Unidos. Los ejecutores de aquel hecho fueron juzgados, pero todavía se ignora ‎de dónde vinieron las órdenes. En el atentado de Madrid
    – también resultó que la mayoría de los ejecutores eran informantes de la policía;‎
    – el día antes del atentado la OTAN había realizado en Madrid un “ejercicio” o simulacro cuyo ‎escenario coincidía con lo que sucedió al día siguiente… durante el atentado [4], a pesar de que los terroristas no pudieron ‎haber tenido conocimiento de dicho escenario;
    – un importante equipo de la CIA estadounidense había salido de España precipitadamente el día ‎antes del atentado de Madrid [5].‎

    En aquella época, el atentado de Madrid fue atribuido inicialmente a los independentistas vascos ‎de la ETA y después a los islamistas. ‎

    Nosotros, en la Red Voltaire, publicamos entonces una investigación de Mathieu Miquel, donde ‎se demostraba la solidez de la hipótesis según la cual aquello había sido una operación de ‎la OTAN bajo bandera falsa [6].‎

    Por cierto, de manera enteramente involuntaria, esa hipótesis se vio confirmada después por el ‎indudablemente atlantista ex primer ministro de España José María Aznar. Al inicio de la llamada ‎‎«primavera árabe», José María Aznar revelaba que el jefe de al-Qaeda en Libia, Abdelhakim ‎Belhadj, estaba implicado en el atentado perpetrado en Madrid en 2004 pero que había sido ‎imposible arrestarlo y juzgarlo [7]. ‎

    Este Abdelhakim Belhadj habría de convertirse, precisamente con ayuda de la OTAN, en ‎gobernador militar de Trípoli, la capital libia, después del derrocamiento del Líder libio Muammar ‎el-Kadhafi. Posteriormente, según el diario español ABC, este mismo Abdelhakim Belhadj ‎se trasladó a Siria para «“ayudar” a la revolución», pero en realidad fue para crear el llamado ‎‎«Ejército Sirio Libre» por cuenta de Francia [8]. Según denunció el embajador ruso Vitali Churkin ante el Consejo de ‎Seguridad de la ONU, Abdelhakim Belhadj y sus hombres fueron trasladados de Libia a Turquía ‎por la ONU, que los hizo pasar por refugiados. El fiscal general de Egipto, Hichem Baraket, ‎denunciaría con el tiempo a INTERPOL que Abdelhakim Belhadj se convirtió después –en 2015– ‎en emir del Emirato Islámico (Daesh) para todo el Magreb [9]. ‎Actualmente, Belhadj gobierna el este de Libia con apoyo militar de Turquía y de Qatar y con el ‎respaldo político… de la ONU. ‎

    No está de más recordar aquí que los historiadores han comprobado y documentado la ‎responsabilidad de la OTAN en asesinatos, atentados y golpes de Estado perpetrados durante la ‎guerra fría en los países miembros de la misma OTAN [10]. Según la literatura interna de la alianza atlántica, ‎los servicios secretos de la OTAN se hallaban bajo las órdenes conjuntas del MI6 británico y de la ‎CIA estadounidense. ‎

    Volviendo ahora a los atentados de Cataluña, según los documentos de Público, el imam de ‎Ripoll, Abdelbaki Es-Satty, estaba radicalizado desde hace mucho, algo que el CNI había negado ‎hasta ahora. Incluso militaba en el grupo Ansar al-Islam, que fue integrándose al Emirato Islámico ‎en Irak (EII), el que a su vez se convirtió después en lo que hoy se designa como Daesh o ISIS. ‎

    Ansar el-Islam estaba bajo la dirección del kurdo Mullah Krekar, quien hoy vive bajo arresto ‎domiciliario en Noruega. Sin embargo, el diario turco Ozgur Gundem –hoy cerrado por orden ‎del presidente turco Erdogan– reveló en 2014 que la CIA organizó una reunión secreta ‎en Amman (Jordania) para planificar la conquista de Irak por parte de Daesh [11]. Este diario kurdo ‎publicó entonces el acta sobre esa reunión, redactada por los servicios secretos de Turquía, ‎documento que el PKK logró obtener. Y en esa acta consta que el “detenido” Mullah Krekar ‎participó en aquella reunión después de haber llegado a Amman desde Noruega en un avión ‎especial de la OTAN. Al terminar la reunión, Mullah Krekar regresó sin chistar a su arresto ‎domiciliario. ‎

    Por supuesto, las revelaciones del diario Público han provocado gran conmoción en España, ‎donde el parlamento de Cataluña ha creado una comisión investigadora sobre los atentados y el ‎partido independentista de Carles Puigdemont lanzó una andanada de preguntas al gobierno de ‎Pedro Sánchez. ‎

    Los independentistas catalanes dan a entender que el gobierno español permitió que ‎se perpetrara el atentado contra la población de Cataluña, acusación que constituye una hábil ‎jugada política, aunque no pasa de ser una conjetura difamatoria. ‎

    Los hechos –a los que nosotros preferimos atenernos– muestran sin embargo que en los ‎atentados cometidos en España, al igual que en muchos atentados islamistas perpetrados tanto ‎en Occidente como en el mundo árabe,
    – generalmente se comprueba que organismos del Estado donde se cometieron los actos ‎terroristas disponían de información muy precisa antes de los hechos
    – y que, en todos los casos, los terroristas estaban vinculados a la OTAN. ‎

    Por supuesto, puede tratarse de puras coincidencias. Pero son coincidencias que vienen ‎repitiéndose constantemente desde 2001, sin importar el lugar de los hechos ni los ‎protagonistas. ‎

    Thierry Meyssan

    [1] «La verdad sobre el imán de ‎Ripoll» 1- «El cerebro de la masacre de Las Ramblas fue confidente del CNI hasta el día del ‎atentado»; 2- «El CNI escuchaba los móviles de los asesinos de Las ‎Ramblas cinco días antes de la matanza»; 3- «El CNI fichó a Es Satty ‎en 2014 a cambio de no ser deportado y le ayudó a ser imán en Ripoll»; 4- «El CNI quiso poner al imán en Barcelona pero el jefe ‎local se negó a que lo controlara Madrid», Carlos ‎Enrique Bayo, Público, 15, 16, 17 y 18 de julio de 2019.

    [2] Les attentats de Casablanca ‎et le complot du 11 septembre, Omar Mounir, Marsam, 2004.

    [3] “The Road to Las Ramblas”, Zach Campbell, ‎‎The Intercept, 3 de septiembre de 2018.

    [4] «La OTAN simuló ‎un atentado en Europa con 200 muertos», ‎Carlos Segovia, El Mundo, 14 de marzo de 2004.

    [5] «La investigación halla en los vuelos de la CIA decenas de ‎ocupantes con estatus diplomático», Andreu Manresa, ‎‎El País, 15 de noviembre de 2005.

    [6] «11 de marzo de 2004 en Madrid: ¿fue realmente un atentado islamista?», «Atentados de Madrid: la pista atlantista», ‎Mathieu Miquel, Red Voltaire, 19 de octubre y 16 de diciembre de 2009.

    [7] «Spain’s Former Prime Minister Jose Maria Aznar on the Arab ‎Awakening and How the West Should React», CNBC.com, 9 ‎de diciembre de 2011.

    [8] «Islamistas libios se desplazan a Siria para ‎‎“ayudar” a la revolución», Daniel Iriarte, ABC, Red Voltaire, 17 de ‎diciembre de 2011.

    [9] «Según Interpol, Abdelhakim Belhadj es el jefe del Emirato Islámico en Magreb», Red Voltaire, 25 de febrero de 2015.

    [10] NATO’s secret armies: operation Gladio ‎and terrorism in Western Europe, Daniele Ganser, Routledge, 2005; editado en francés como ‎‎Les Armées Secrètes de l’OTAN, Demi-Lune, 2004. Una traducción de este libro al español, ‎se publicó por partes en nuestro sitio web (ver «Cuando el juez Felice Casson reveló la existencia de Gladio…» y siguientes de la serie titulada “Los ejércitos secretos de la OTAN”.

    [11] «Yer: Amman, ‎Tarih: 1, Konu: Musul», Akif Serhat, Ozgur Gundem, 6 de julio de 2014.

    Fuente : Red Voltaire, 30 jul 2019

    Tags : España, 11-M, atentados, atocha, las ramblas, 17-A, terrorismo, CNI, mossos,

  • Un livre sur la guerre d’espionnage entre l’Espagne et le Maroc

    Une publication qui est en train de faire un tabas. Ignacio Cembrero vient de publier « El agente oscuro » (l’agent obscur. En fait, il n’a écrit que le prologue, mais c’est le seul nom que vous trouverez en couverture.

    Avec le sous-titre de « Mémoires d’un espion infiltré par le CNI », les services de renseignements espagnols.

    El Agente oscuro est un document de première importance pour comprendre les méandres de l’histoire de l’ombre mais il peut être lui aussi comme un véritanle roman. Dans un comme dans l’autres, il est à lire absolument.

    Source : RTVE

    Tags : Maroc, Espagne, DGED, services secrets, CNI,