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  • 17 octobre 1961, la manifestation la plus réprimée de l’histoire

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    Qu’il pleuve ou qu’il vente, la ‘’Ville-Lumière’’ ne rompt jamais avec son exercice de prédilection : captiver et tenir en haleine la trentaine/quarantaine de millions de touristes qui, bon an, mal an, déambulent entre les deux rives de la Seine.
    Au rythme des croisières des Bateaux Mouches, la ville des ‘’démons et des anges’’ bat le rappel de tout ce qu’elle compte comme séducteurs pour se raconter et se portraiturer avec cette art de la narration dont elle s’enorgueillit. A tout seigneur, tout honneur, Edith Piaf, Léo Ferré, Charles Aznavour, Jean Ferrat, Claude Nougarou donnent au ballet des Bateaux Mouches des allures d’escapades “lune de miel’’.

    Slalomant entre rive gauche-rive droite, Paris by Seine déroule son ‘’storytelling’’. Les guides touristiques accrédités auprès de l’Office de tourisme de la mégalopole parisienne font œuvre d’histoire et de mémoire. Et tous azimuts. Tout y est. Histoire d’abord : comment, à partir de l’île de la Cité, puis de l’île Saint-Louis, ‘’baris’’ s’est construite et comment, chemin faisant, elle a tissé, sa toile architecturale, une singularité patrimoniale devenue un corpus académique pour les écoles d’architecture du monde entier.

    La ‘’Mecque’’ des touristes en quête d’escapades à multiples facettes raconte tout. Elle ouvre ses pages ‘’Lumières’’ – cafés littéraires, Quartier latin et ses maisons d’édition, Comédie française, Théâtre de l’Odéon, Opéra, Louvre, Institut Pasteur – et ne rechigne pas à étaler ses épisodes sombres : la Commune, Jean Valjean et les Misérables, la famine, la peine capitale, la livraison de Paris au III Reich, l’antisémitisme, le Vél’d’Hiv’, Drancy, ‘’Paris ! Paris outragé ! Paris brisé 1 Paris martyrisé ! mais paris libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France’’, dixit le général de Gaulle.

    Aux touristes venus se détendre et enrichir leur ‘’capital savoir et culture générale’’, Paris raconte tout. Tout ? Pas tout à fait. Le Paris sanglant de la soirée du 17 octobre 1961 brille par son absence dans la narration de la ‘’Ville Lumière’’ et la ‘’capitale des droits de l’homme’’. De la ‘’Journée portée disparue’’, les ‘’guides historiens’’ embarqués par la société ‘’Bateaux Mouches’’ pour éclairer la lanterne des touristes n’en soufflent pas le moindre mot.

    Au rythme des croisières entre le Champ de Mars/Tour Eiffel et d’Austerlitz, la Seine se raconte avec force détails mais se garde d’évoquer les dizaines et dizaines de corps d’Algériens jetés, depuis les ponts de Saint-Michel, Neuilly, Bezons. En témoigne, pour l’Histoire et la postérité, un cliché omniprésent sur la Toile, un graffiti en cinq mots qui, clandestinement, avait bariolé un des quais de la Seine : ‘’Ici, on noie les Algériens’’ ! De Google à Yahoo en passant par AOL et le chinois Baidu, les principaux moteurs de recherche déploient le visuel sous les yeux de l’internaute à la moindre requête ‘’17 octobre 1961’’.

    Soixante ans après les faits, l’autre 17 octobre — ‘’Le 17 octobre des Algériens’’ pour reprendre le titre du livre de Marcel et Paulette Péju – souffre toujours d’une chape de plomb multiforme : médiatique, mémorielle et politique. Il y a soixante ans jour pour jour, par une nuit parisienne pluvieuse, les Algériens de Paris et ses banlieues subissent – dans leur chair — ‘’derniers feux de la folie coloniale’’, selon la formule de Gilles Manceron, l’un des historiens qui, depuis le début des années quatre-vingt-dix, n’en finissent pas de bousculer la chape de plomb qui pèse sur la ‘’journée portée disparue’’. C’était cinq mois avant les accords d’Evian et le cessez-le-feu.

    Le ton martial Papon

    Le 6 octobre 1961, le préfet de police, Maurice Papon, signe un communiqué avec une sémantique au ton martial. Adressé à l’ensemble des rédactions, le texte est rédigé à l’encre de la mise en garde. ‘’Il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s’abstenir de circuler la nuit dans les rue de Paris et de la banlieue parisienne de 20h30 à 5h30 du matin’’.

    De surcroît, Papon et sa police recommandent ‘’très vivement’’ aux Algériens de ‘’circuler isolément, les petits groupes risquant de paraître suspects aux rondes et patrouilles de police’’. Last but not least, ‘’les débits de boissons tenus et fréquentés par des français musulmans doivent fermer chaque jour à 19 heures’’. Représentée en France par la Fédération de France du FLN (FF-FLN) – la ‘’7eme Wilaya’’, selon la formule imagée de Ali Haroun –, la direction de la révolution ne l’entend pas de cette oreille. ‘’C’est inacceptable’’, réagit-elle à la mesure du couvre-feu. La FF-FLN appelle à manifester dans les rues de Paris.

    Pour avoir lu et relu les documents de la Fédération de France, pour avoir discuté avec nombre de ses responsables, le journaliste et éditeur Renaud de Rochebrune et l’historien Benjamin Stora soulignent à grand trait la motivation de la FF-FLN. La manifestation dans Paris était dirigée ‘’contre cette mesure attentatoire à la liberté fondamentale d’aller et venir, mais surtout discriminatoire et pour tout dire raciste’’.

    Dans leur livre ‘’La guerre d’Algérie vue par les Algériens’’ (Paris, Denoël 2016), de Rochebrune et Stora remettent en perspective la manifestation du 17 octobre 1961 et la revisitent au miroir des manifestations du 11 décembre 1961. ‘’Entre décembre 1960 et octobre 1961, à Alger et à Paris, les +masses algériennes+, comme on disait volontiers à l’époque, vont faire irruption sur le devant de la scène, et +faire+ l’Histoire.

    Dans les deux capitales, de la métropole coloniale et de l’Algérie encore française, ce sont les ouvriers et les étudiants, les sans-droits et les chômeurs qui vont tenter de s’emparer du centre de ces grandes villes d’où ils sont exclus. Prendre possession des espaces citadins, pour les Algériens, ce n’est pas anodin, c’est déjà accéder à une forme de modernité, vouloir peser sur les décisions politiques, utiliser les villes comme des caisses de résonance pour faire valoir sa cause et ses frustrations. Cela marque aussi une date car, alors, la révolution est de retour dans les centres urbains où, sauf exception comme dans le Constantinois en août 1955 puis dans la capitale fin 1956, début 1957, elle était peu présente au début de la guerre et encore moins depuis la fin de la bataille d’Alger’’.

    Des manifestants pacifiques et disciplinés

    La décision de la Fédération de France du FLN d’en appeler à la mobilisation pacifique de la rue a effrayé les autorités. Le ministre de l’Intérieur Roger Frey et le préfet de police décrètent une alerte sécuritaire sans précédent. CRS, gendarmes et policiers des Renseignements généraux se déploient en grand nombre aux portes de Paris, sur les ponts qui traversent la Seine, aux grands carrefours et sur les grandes artères haussmanniennes.

    La FF-FLN fait montre d’un sens remarquable de l’organisation et apporte la preuve qu’elle jouit d’une écoute auprès de l’immigration. Émises via les militants, les instructions de la Fédération de France sont respectées à la lettre. Disciplinés, les manifestants se sont prêtés de bonne grâce aux fouilles des organisateurs FLN.

    Venus des bidonvilles de l’ouest et du nord-ouest parisiens – Nanterre, Levallois, Genvilliers – mais aussi de la Seine-Saint-Denis, les manifestent convergent surtout sur les Grands Boulevards – côté métro Bonne Nouvelle et le cinéma le Grand Rex – avant de marcher vers l’Opéra et traverser la Seine en direction du Quartier latin et du boulevard Saint-Germain. Singularité de cette manifestation – les photos en attestent –, on ne relève ni slogans, ni banderoles, ni drapeaux. Les 20.000 à 30.000 marcheurs – 40.000 à en croire la Fédération de France – manifestent pacifiquement. ‘’L’action de la Fédération de France du FLN, au cœur de Paris, frappe l’opinion française qui voit, brusquement, la ville vivre une situation de guerre, notent de Rochebrune et Stora.

    Permettant à la presse internationale de témoigner de ce combat des Algériens pour leur liberté, cette manifestation de masse montre la puissance d’engagement des immigrés aux côtés du FLN. Et leur maturité politique, car aucun manifestant n’est armé’’.

    Onze jours après avoir atterri dans les rédactions, le communiqué au ton martial de Maurice Papon se traduit à l’épreuve du terrain. Une répression en règle s’abat sur les manifestants dès le début de soirée. Des rafales d’armes automatiques se font entendre dans les secteurs des boulevards Poissonnière, Bonne-Nouvelle et Montmartre. Des victimes sont signalées. Chargés sans ménagement, des manifestants se réfugient à l’intérieur des stations de métro. Ils sont rattrapés par les forces de polices qui ne lésinent pas sur la matraque.

    Tout au long de la nuit, les 9e et 10e arrondissements se transforment en lieu de rafles massives. Répression oblige, le palais des Sports de Paris change de vocation. Programmé depuis des mois pour abriter un concert du chanteur et musicien américain Ray Charles, le lieu a fait l’objet d’une réquisition et sans autre forme de procès. Il sera, des semaines durant, un lieu de détention des manifestants raflés dans Paris et sa banlieue. Cette ‘’nuit portée disparue’’ verra l’entrée en lice des ‘’harkis à Paris’’ comme le racontera, plus tard, la journaliste Paulette Péju, épouse de Marcel Péju, compagnon de Jean-Paul Sartre, secrétaire des ‘’Temps modernes’’ et signataire du ‘’Manifeste des 121’’ sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie.

    A l’heure des bilans pour les besoins – contraints – de la communication officielle, Préfecture de Police et ministère de l’Intérieur parlent de deux morts, soixante-quatre blessés et 11 538 arrestations. Dans la foulée de la répression, la Fédération de France du FLN évoque 200 morts et 400 disparus. Plus tard, à l’heure de la sortie en France de son livre ‘’La 7e Wilaya. La guerre du FLN en France’’ (Paris, Le Seuil 1986), Ali Haroun, membre du Comité fédéral de la Fédération de France dira : ‘’La Fédération a été dans l’incapacité de fixer le nombre (des victimes) de manière précise, d’autant que, parmi les éléments recensés +disparus+, il devait se trouver nécessairement des militants transférés en Algérie et dont on ne retrouve plus la trace.

    Cependant, la synthèse des rapports militants sur le cas précis des tués, le 17 octobre et les jours suivants, par balles, matraquages, noyades et autres moyens, permet de les chiffrer approximativement à 200 et les blessés à 2300’’. Résolument engagée en faveur de l’indépendance algérienne, ‘’Les Temps modernes’’ – revue animée par le trio Sartre- Claude Lanzmann et Péju – avait cité à l’époque une autre estimation officieuse de l’Inspection générale de la police, un organe rattaché au ministère de l’Intérieur : 140 morts.

    Dans ‘’La Bataille de Paris, 17 octobre 1961’’ (Paris, Le Seuil 1991) – livre qui a fait rejaillir la tragédie dans le débat médiatique –, le chercheur Jean-Luc Einaudi avait parlé de 150 morts avant de réviser le bilan à la hausse (200 morts). Auteurs d’un travail académique fondateur et très documenté sur le sujet – ‘’Paris 1961/ Algerians, State Terror dans Memory’’ (Oxford University Press 2006), les historiens britanniques Jim House et Neil Mac Master livreront une estimation de l’ordre d’une ‘’centaine’’.

    Mais, au-delà de cet indicateur, le travail des deux anglo-saxons aura le mérite de souligner la ‘’terreur d’Etat’’ de la France coloniale à l’heure et de la répression sanglante du 17 octobre 1961. Et de la situer au miroir de répressions urbaines qui ont marqué l’Histoire. ‘’Le 17 octobre des Algériens’’ (dixit Marcel et Paulette Péju) a été la répression ‘’la plus violente et la plus meurtrière qu’ait jamais subie une manifestation de rue désarmée dans toute l’histoire contemporaine de l’Europe occidentale’’.

    Par S. Raouf

    Le Jeune Indépendant, 17/10/2021

  • Les initiatives d’apaisement de Macron ne sont pas suffisantes

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    Le président français, Emmanuel Macron, a tenu à éviter l’improvisation lors de sa participation, samedi, aux cérémonies de commémoration des martyrs tués lors des manifestations qui ont eu lieu à Paris le 17 octobre 1961, et a préféré publier une déclaration écrite distribuée aux médias.

    Il semble que le président français était convaincu que les propos qu’il a tenus de manière impromptue il y a plus de deux semaines devant la jeunesse d’origine algérienne sur l’Algérie et son passé lui ont valu de gros ennuis politiques auxquels il ne s’attendait pas, aussi a-t-il préféré cette fois-ci une déclaration écrite pour éviter tout dérapage.

    Fait inhabituel, le président français a gardé le silence lors de la commémoration des massacres, sous le pont où les Algériens ont manifesté le 17 octobre 1961, en réponse à un couvre-feu strict imposé aux Algériens qui réclamaient la fin de la domination coloniale française en Algérie, avant de déposer une gerbe en l’honneur des victimes, dont le nombre a été limité par la France coloniale à seulement trois personnes, alors que les statistiques indépendantes parlaient de centaines.

    Macron a observé une minute de silence sur le bord de la Seine, où les Algériens ont été tués alors qu’ils étaient menottés par la police du criminel Maurice Papon dans le fleuve français.

    Ses compagnons, qui sont des familles de manifestants martyrs et des représentants d’associations actives dans le domaine de la mémoire, ont jeté des roses dans le fleuve, dans une image symbolique en hommage aux victimes.

    Quelques minutes après la fin de la cérémonie de commémoration, l’Elysée a publié un communiqué dénonçant « les crimes inexcusables commis contre les Algériens le 17 octobre 1961. »

    Le communiqué de la présidence française indique que « le chef de l’État a avoué les faits. Les crimes qui ont été commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon (le chef de la police de Paris de l’époque) étaient inexcusables pour la République », selon l’agence de presse française « AFP ». Il était clair ici dans la déclaration que le criminel Papon était tenu pour responsable, mais que l’acte avait été commis au nom de l’État français.

    Il est connu qu’environ 25.000 Algériens sont sortis le 17 octobre 1961, dans une manifestation dans la capitale française, Paris, à l’invitation de la Fédération française du Front de Libération Nationale, pour exprimer le rejet du cinquième décret d’octobre, qui interdit seulement aux Algériens de quitter leurs maisons après 20:30, parce qu’ils considèrent ce décret une décision discriminatoire et inacceptable.

    Comme le déclarent la présidence française et les écrits historiques, « Dans la soirée du 17 octobre 1961, et malgré le couvre-feu, plus de 25.000 hommes, femmes et enfants ont quitté leur domicile et se sont rendus dans de nombreux endroits de Paris où ils se sont rassemblés, mais la répression de la police française a été très brutale. »

    La présidence française reconnaît que « la répression a été brutale, violente et sanglante. » En outre, environ 12 000 manifestants ont été arrêtés et transférés au stade Pierre-de-Coubertin. Au cours des manifestations, de nombreux Algériens ont été blessés et des dizaines d’entre eux ont été tués, et des centaines, selon des historiens indépendants, ont péri après avoir été jetés dans la Seine par la police française alors qu’ils étaient brutalement enchaînés. À ce jour, les familles n’ont toujours pas retrouvé les corps de leurs proches disparus cette nuit-là », indique le communiqué de la présidence française.

    Macron, le premier président français à assister à une cérémonie commémorative pour les personnes tuées, a observé une minute de silence en leur mémoire au pont de Bezons sur la Seine, dans la banlieue de Paris, où la manifestation a commencé, mais les participations précédentes étaient limitées à l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, en plus de quelques élus.

    La participation de Macron à la commémoration était le plus qu’il a osé offrir aux Algériens qui exigent une reconnaissance française des crimes de l’État français en Algérie pendant un siècle et 32 ans, avec des excuses pour ces crimes, puis une compensation pour les richesses qui ont été pillées pendant cette période sombre de l’histoire de Paris, dont les responsables continuent d’échapper à la responsabilité de ce que leurs pères ont fait, à l’exception de quelques initiatives isolées qui, de l’avis des Algériens, ne restent que de la poussière dans les yeux.

    Echourouk online, 16/10/2021

  • Bengrina: Macron affiche « sa haine » envers le passé algérien

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    Le président du Mouvement El Bina, Abdelkader Bengrina a affirmé, samedi, que la président français, Emmanuel Macron a affiché sa haine envers la nation algérienne et son « déni » de sa souveraineté et de son indépendance à des fins électorales. A la veille de la célébration du 60e anniversaire des massacres du 17 octobre 1961 perpétrés par la police de Paris contre des manifestants pacifiques, M. Bengrina a souligné que la France coloniale et la France de Macron a affiché sa haine envers le passé de la Nation algérienne et son déni de sa souveraineté et de son indépendance à des fins électorales, reniant par sa démarche le principe des intérêts et de l’avenir commun de l’Algérie et de la France ».

    « Le président français a emprunté la voie de la provocation et du chantage, pis encore il a tenu des propos fastidieux d’un colonisateur arrogant », a-t-il ajouté, ajoutant que cette attitude témoignait de « la vision réservée à l’Algérie, celle d’un marché et non d’un partenaire ». « On ne saurait lui mettre fin (France) que par la détermination et les réactions fortes de l’Etat algérien qui se remet progressivement de ses crises cumulées provoquées par la Issaba et ses alliés d’outre-mer et son organisation terroriste réfugiée en France et ailleurs », a-t-il fait savoir.

    M. Bengrina a souligné en même temps que l’Etat algérien est « obligé » de prendre les mesures qui s’imposent, en vue de faire face à l’arrogance française et « mettre un terme définitif à l’ingérence flagrante dans ses affaires et à tout ce qui est lié à ses intérêts vitaux et à sa souveraineté », ajoutant que les Algériens établis à l’étranger étaient conscients quant à l’importance de leur position pour ce qui est des prochaines élections présidentielles.

    Pour M. Bengrina, son mouvement politique considère à l’occasion, la Journée nationale de l’émigration coïncidant avec l’anniversaire du 17 octobre 1961, comme  » une opportunité de renouveler le devoir de la mémoire (…), de faire la lumière en vue de révéler davantage de vérités liés à ces événements tragiques, comme une partie importante de l’histoire de la Nation algérienne ».

    « La répression et la brutalité dont la rivière de La Seine était le théâtre, constituaient une terreur d’Etat et un génocide commis par le colonisateur français », a-t-il soutenu avant d’ajouter qu’ »en dépit de plus d’un demi siècle d’indépendance, le peuple algérien n’a pas oublié ces évènements et bien d’autres tout aussi douloureux, ni renoncé à son droit légitime d’exiger des excuses officielles pour tous les crimes coloniaux, alors que la France qui s’estime une source des droits de l’Homme, refuse de reconnaître officiellement les massacres du 17 octobre 1961, niant ainsi son passé colonial obscur ».

    APS, 16/10/2021

  • 17 octobre 1961: Macron reconnaîtra-t-il la responsabilité de l’Etat ?

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    Lors de sa campagne présidentielle, Macron avait déclaré qu’il reconnaitrait une fois président « la colonisation comme un fait contradictoire aux valeurs de la République ». Le collectif attend du président français qu’il respecte son engagement.
    « La France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, -en particulier la guerre d’Algérie – non plus dans les drames et horreurs qu’elles ont entraînés comme le crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961 » peut-on lire dans cette lettre.
    Le 17 octobre 1961, des manifestants algériens pacifistes ont été massacrés de sang froid et furent jetés sur la Seine à Paris par la police française avec indifférence et mépris les droits de la personne humaine.
    Le 17 octobre 1961, des manifestants algériens pacifistes de la région parisienne ont répondu favorablement à l’appel du Front de la libération nationale en vue de protester contre le couvre-feu dont seuls les Nord-Africains faisaient l’objet.

    Ce couvre-feu était également accompagné de violences lors des contrôles et d’arrestations.
    Lors du rassemblement, la police française a fait usage d’une violence excessive, allant jusqu’à tirer sur les manifestants ou les violenter. Au moins 200 personnes auraient perdu la vie lors de ce « massacre ». Depuis, l’Etat français rejette sa responsabilité dans la mort des manifestants pacifistes algériens.

    Quelques jours auparavant, le collectif du 17 octobre 1961 comptant notamment des historiens, a envoyé une lettre au président Emmanuel Macron pour le presser à faire part de sa position sur les crimes d’Etat commis par la France.
    Le choix de la France pour la signature et l’adoption d’une résolution phare de l’Assemblée générale de la naissante ONU le 10 décembre 1948, au Palais de Chaillot à Paris, de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Etait-il judicieux et pertinent ?

    L’Empire colonial français, avec ses lots de violations de ces mêmes droits de l’Homme, et son palmarès tristement célèbre en la matière, dans le continent africain, en particulier en Algérie, n’avait-il pas empreint à jamais ce pays du sceau de la honte ?

    De tels actes ne peuvent que plonger dans l’effroi et la tristesse de nos sociétés toutes entières et non uniquement les français. Le monde libre partage ces émotions et tient à exprimer sa solidarité ainsi que ses condoléances les plus sincères aux familles des victimes et à leurs proches. C’est aussi le rôle des élites des peuples et des associations parlementaires d’un côté comme de l’autre de rappeler aux autorités françaises à quel point il est essentiel de respecter les droits humains et l’État de droit dans leur réponse à des situations aussi extrêmes.
    La France a pris des engagements, en signant et en ratifiant divers textes internationaux, pour protéger l’ensemble des droits fondamentaux sans établir de hiérarchie entre eux. Ainsi, elle doit protéger la liberté d’expression de tous les citoyens, même lorsque celle-ci peut conduire à offenser ou choquer, dès lors qu’il ne s’agit pas d’un « appel à la haine, nationale, raciale ou religieuse, qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence » (article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques).

    Elle a aussi l’obligation de garantir la liberté de religion et de conviction, sans distinction entre les diverses croyances. Les seules restrictions possibles doivent servir l’objectif légitime et spécifique de protection de la sécurité, de l’ordre et de la santé publics ou des droits fondamentaux et libertés d’autrui.

    Si l’État doit garantir la sécurité de tous et toutes sur son territoire, cet objectif ne saurait être poursuivi à n’importe quel prix. Les mesures que le gouvernement français prendra doivent être conformes aux principes du droit international que la France s’est engagée à respecter.

    Or dans les faits, la France devient progressivement un pays de répression, censure et restrictions des libertés les plus basiques. En effet, et bien que les exactions, dont la barbarie le disputait à l’horreur, furent perpétrées par la France, indifféremment en Indochine, en Afrique subsaharienne et au Maghreb, il n’en demeure pas moins que c’est en Algérie, pays colonisé pendant un siècle et un tiers de siècle et annexé à la Métropole, où la France a fait le plus étalage de sa sauvagerie.

    De la baignoire et la corvée de bois à la gégène et au sérum de vérité en passant par les viols, les pendaisons, l’arrachage d’ongles, la guillotine, l’emmurage et les enfumades, la France a doublé d’ingéniosité pour inventer et sophistiquer des méthodes de torture, aussi abjectes les unes que les autres.

    De nombreux spécialistes et historiens, aussi bien algériens que français, ont traité dans leurs écrits et recherches de cette question, qui demeure, six décennies environ après l’indépendance de l’Algérie arrachée au prix fort, une plaie ouverte en attente d’un mea culpa de l’Hexagone, qui tarde à être fait, malgré quelques tentatives timides mais hélas étouffées et tuées dans l’œuf.

    Mahfoud Kaddache, un des plus éminents historiens algériens (1921-2006) a, en évoquant ce sujet, dit que « La France doit assumer son passé devant le tribunal de l’Histoire ».

    « Quand on parle de torture (française) pratiquée en Algérie, il ne faut pas sous-entendre celle liée seulement à la Guerre de Libération (1954-1962), la torture a existé en Algérie depuis le début de la conquête française en 1830 », a relevé l’historien, auteur entre autres de « L’Algérie des Algériens, Histoire de l’Algérie 1830 – 1962 ».

    Ces exactions généralisées dans le temps ne se limitent pas à la torture mais s’étendent aux massacres et aux tueries, dont les plus célèbres furent celles de Sétif – Guelma -Kharrata, en mai 1945, lorsque des dizaines de milliers d’Algériens désarmés, sortis réclamer pacifiquement leurs droits les plus élémentaires, ont été assassinés par l’armée coloniale.

    Nombre d’experts et de spécialistes de la question estiment, à juste titre, qu’à côté des célèbres 1,5 million de martyrs tombés dans le champ d’honneur durant la Guerre de libération qui a duré plus de sept ans et demi, les pertes algériennes, humaines s’entend, s’élèvent à 6 millions de morts, moins connus, durant les 132 ans de colonisation.

    De son côté, l’historien français Pascal Blanchard a souligné dans ses écrits que « la torture ne fut pas seulement liée à des situations de conflit, mais elle fut consubstantielle de la colonisation » de l’Algérie.
    Blanchard, un historien spécialiste de l’Empire colonial français, d’études postcoloniales et d’histoire de l’immigration, relève que « La torture en Algérie, qui est inscrite dans l’acte colonial, elle est l’illustration ‘normale ‘ d’un système anormal ».

    Il a ajouté que « la torture n’est pas une dérive ou un aléa d’une guerre » mais il s’agissait plutôt selon lui d’une politique institutionnalisée et d’une pratique systématique, ce qui le pousse à s’interroger, en l’absence d’excuses officielles de la France de ses pratiques : « Pourquoi alors l’histoire et la mémoire coloniales restent-elles un point aveugle de notre inconscient collectif ? ».

    Les paradoxes de l’histoire ont voulu que l’un des pays les plus sanguinaires de l’histoire humaine, la France, soit aussi l’un des défenseurs des droits de l’homme, ou du moins ce que laisse croire le président Emmanuel Macron.

    Tarek Benaldjia

  • Macron, prêt à une dégradation des relations avec l’Algérie

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    POUR CONFORTER SA POSITION DANS LA COURSE À LA PRÉSIDENTIELLE : « Macron est prêt à assumer une dégradation conjoncturelle des relations avec l’Algérie »

    L’historien et politologue français, Olivier Le Cour Grandmaison estime que le président Emmanuel Macron « est prêt à assumer une dégradation conjoncturelle des relations avec l’Algérie » si cela lui permet, a-t-il affirmé, dans un entretien à l’APS, «de conforter sa position de leader dans la compétition électorale en cours », pour la présidentielle française prévue dans six mois. À une question sur l’impact des déclarations du locataire de l’Élysée contre l’Algérie, au lendemain de sa réception d’une délégation de Harkis et dans un contexte politico-médiatique rythmant la campagne de la présidentielle française sur des dossiers chèrs à l’extrême droite et la droite en France, l’historien Le Cour Grandmaison affirme que « Macron, en bon opportuniste se plie au sinistre air du temps politique qui est celui de la France ». L’auteur du livre « La République impériale : politique et racisme d’État » publié en 2009, après avoir relevé, que nul ne lui échappe l’ entrée en course du président Macron dans la campagne présidentielle française, il précise que « Emmanuel Macron est en campagne pour sa réélection dans un contexte de radicalisation des droites de gouvernement qui cèdent toutes aux violents discours racistes, xénophobes et islamophobes d’Eric Zemmour, sans oublier le Rassemblement national » affirme le politologue, Olivier Le Cour Grandmaison.

    Des observateurs de la scène française relevant que l’enjeu principal de la future présidentielle, étant l’ombre de l’abstention qui n’a cessé de prendre de l’espace et planer sur les élections en général en France, soulignent que les conditions socio-économiques difficiles des Français, aggravées avec plus de deux ans de pandémie sanitaire ont animé le sentiment de rejet de la classe politique française, qui vacille, selon eux entre le discours de droite et de l’extrême-droite, éviter le débat politique sur les raisons de cette faillite et les questions fondamentales , liées, à la retraite, les pertes d’emplois, le chômage, le recul voire l’abandon de services publics, de la santé, de l’Éducation ect..

    À six mois de la présidentielle alors que les Français sont plongés dans les inquiétudes de la baisse du pouvoir d’achat et qu’aucune perspective de réponses rassurantes en matière d’amélioration de la vie socio-économique, de la majorité des français, le parti du président Emmanuel Macron, se préoccupe des échos et des impacts des propos et de la propagande d’Eric Zemmour. Des médias français rapportent dans ce cadre que le parti de la République en Marche « se réjouit de la montée d’Eric Zemmour, car, plus il affaiblit Le Pen, plus il favorise Macron ». Hier, le spécialiste du train de vie de l’État français, René Dosière, président de l’Observatoire de l’éthique publique a annoncé que « 160 millions d’euros par an, c’est ce que coûterait chaque année la quarantaine de cabinets ministériels du gouvernement de Jean Castex » et de préciser que « cela en ferait le gouvernement le plus coûteux de la Ve République » selon René Dosière, l’ex-député PS et de noter qu’ «qu’il s’agit d’un des gouvernements les plus nombreux : plus de ministres, de collaborateurs, avec des rémunérations toujours élevées mais qui ont tendance à diminuer ces dernières années ».

    Emmanuel Macron et des acteurs politiques reprennent les thèmes de l’extrême-droite en les recyclant dans « un verbiage républicain jugé plus présentable »

    La mise en avant sur la scène médiatique française de voix porteuses de discours de haine et de racisme, notamment à travers celui qui a été le produit final de cercles politico-médiatiques, d’un processus entamé, depuis la fin des années 80, vise le maintien de la surmédiatisation de l’orientation du gouvernail du débat politique de la présidentielle, sur les questions fondamentales de l’extrême-droite, portée depuis les années 80, par Jean Marie Le Pen et son mouvement, avant de les céder en héritage, à sa fille, chef de file du RN, Marine Le Pen. Celle-ci qui tente sa dernière chance d’une présidentielle française, que son père avant elle n’a pas réussi certes à gagner mais dont les campagnes électorales leur ont permis de diffuser leur idéologie d’extrême-droite vient de se voir bousculer par un nouveau son, celui d’Eric Zemmour, mais non une nouvelle voix en faveur de l’extrémisme et la haine et contre la diversité de la société française, pointe le danger de tout ce qui n’est pas français de souche.

    Un contexte qui ne pouvait échapper à celui qui propulsé par les milieux de la finance et du Capital, lors de sa première campagne électorale présidentielle, en s’appuyant sur l’éclatement du parti socialiste PS et les turbulences du centre droit et de la droite, le locataire de l’Elysée semble bien profiter des sorties politico-médiatiques de Zemmour pour s’alimenter et alimenter le débat de la présidentielle et lui donner une orientation, sur des questions en direction exclusivement des électeurs de la droite et l’extrême droite. Pour Le Cour Grandmaison qui a publié en 2005, « Coloniser, exterminer : Sur la guerre et l’État colonial », les déclarations irresponsables et agressives du président de la France sur l’Algérie et son peuple, ce sont « des propos liés à cette conjoncture et à sa volonté de courtiser un électorat de droite dont il a absolument besoin », estimant que le président français « est prêt à assumer une dégradation conjoncturelle des relations avec l’Algérie si cela lui permet de conforter sa position de leader dans la compétition électorale en cours ».

    Poursuivant , l’historien et politologue La Cour Grandmaison, indique que « pour lui (le président Macron) , comme pour beaucoup d’autres, lutter contre les extrême-droites consiste désormais, depuis longtemps hélas , à reprendre certains de leurs thèmes en les recyclant dans un verbiage républicain jugé plus présentable », relevant que « l’ensemble est maintenant désigné par un vocable très en vogue, celui de –régalien- qui inclut évidemment les questions sécuritaires ».

    Les acteurs politiques en France, notamment ceux et celles mis sous les projecteurs des médias, loin d’être dans le cadre de la liberté de la presse et d’opinion, dans un espace médiatique ou la part des grandes marques pèse lourdement. En 2019, les groupes des Arnault, Bolloré, Bouygues, Lagardère, Drahi, Pinault, Niel, Pigasse, Dassault et Baylet ont engrangé plus de la moitié des aides publiques à la presse (61%), soit un peu plus de 54 millions d’euros, dont 13 millions pour le seul groupe de Bernard Arnault, révèle récemment une campagne autour d’ appels à agir pour aider le journalisme indépendant, au service du public, relayé, par Mediapart.

    Des groupes économiques puissants qui sont confortés dans des débats ou les questions de fond préoccupant de larges couches de la société française, de divers horizons, sont absentes, telles le modèle socio-économique, les choix économiques, l’écologie, les changements climatiques ect.. Pour cet universitaire, « ce vocable truffe les discours de ceux qui soutiennent la majorité présidentielle et qui cherchent à passer pour sérieux, responsables et à l’écoute des Français, comme ils disent ». « C’est ainsi que ces thèmes se trouvent aujourd’hui au plus haut de l’agenda politique de nombreux candidats à l’élection présidentielle », a-t-il conclu.
    Karima Bennour

    Le Courrier d’Algérie, 16/10/2021

  • Algérie-France : la chanson douce du déni

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    Les propos d’Emmanuel Macron continuent de faire des vagues. Et non des moindres. Cette fois c’est sur la langue française que le ton monte.

    Ton présent…chaque fois que les relations algéro-françaises sont secouées par le « je t’aime moi non plus ».

    Et c’est dans cette foulée, que le directeur de l’enseignement supérieur au ministère du même nom, a annoncé mercredi passé, que l’essentiel du programme pédagogique des deux écoles supérieures de mathématiques et d’intelligence artificielle, nouvellement créés, sera en anglais.

    Mesure populiste ou rythme ternaire habituel des brouilles et qui se tassera comme d’hab ?

    Sous les fâcheries, le pluriel des discordes et le singulier du butin de guerre, comme disait Kateb Yacine ?

    Mais la vraie question est : a-t-on les moyens, tous les moyens, humains, pédagogiques, techniques pour amorcer un virage à 360°, et troquer l’anglais pour le français dans les plus hauts paliers de notre enseignement supérieur ?

    La réponse envoie paître la langue de Shakespeare avec La Chèvre de Mr Seguin. Et la question paraît aussi improbable que la dissipation du « Fog » dans les hauts du Hurlevent.

    En réalité , pour réaliser la prouesse de congédier le français , il faudrait s’y mettre dès les premières initiations du primaire, après avoir formé pendant des années, les instits, les profs, les S.G, les proviseurs et changer de but en blanc tous les outils pédagogiques en anglais. Ce qui n’est pas une sinécure.

    Butin de guerre a dit Kateb…Alors utilisons le, ce butin.

    Et disons à Macron que ses sonnets et ses alexandrins, récités à des gosses qualifiés de petits enfants de la guerre d’Algérie, sentent la chanson douce du déni que pérore Zemmour et qui lui met l’eau à la bouche.

    Et affrontons le dans sa langue, en lui donnant le la, et lui rappeler que la mémoire ne peut être une rente, car elle est marquée par tant de saloperies coloniales que même Prévert ne pourrait inventorier. Et qui vont de l’enfumade au napalm , du pillage au saccage , de la torture à la corvée de bois.

    Macron voulant à tout prix se faire réélire à l’Elysée ? Il le peut aisément mais sans marcher sur le cadavre encore fumant…d’une mémoire saccagée par 132 ans de génie civilisateur français.

    Madjid Khelassi

    La Nation, 10/10/2021

  • Algérie-France : « L’accès aux archives est nécessaire »

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    Selon Slimane Benaïssa, les récents propos du président français, Emmanuel Macron, rentrent dans le cadre d’un vieux problème profondément ancré. Dans des propos relayés par le quotidien algérien Horizons, Benaïssa a déclaré qu’en France, la guerre a été gérée par les socialistes et elle a été conclue par la droite de Charles de Gaulle. Pendant toute l’alternance, aucun des deux partis ne pouvait entamer une politique d’apaisement sans que l’autre ait à lui reprocher quelque chose. C’est en partie la raison pour laquelle notre Révolution a été mise sous une chape de plomb en France.

    Ajoutons à cela les actions engagées plus tard par l’Algérie indépendante pour asseoir sa souveraineté telle que la nationalisation du pétrole et des ressources naturelles, qui n’ont pas amélioré le climat avec la France.

    Aujourd’hui, c’est évident, il faut aller vers un solde tout compte de cette guerre. La question est: quelle mémoire a été construite en 60 ans depuis l’indépendance, d’un côté comme de l’autre?

    «Aujourd’hui, pour moi, le problème n’est pas le combat libérateur en tant que telle, c’est est le problème des historiens qu’on le veuille ou non».

    «Une bonne partie des documents est archivée en France. L’urgence et la véritable nécessité résident dans l’accès à toutes les archives afin que l’Algérie puisse comprendre et éclairer ses contradictions.»

  • Riposte algérienne à Macron :Une nouvelle approche selon les politologues

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    L’Algérie fait montre d’intransigeance et sort, si besoin est, ses griffes pour recadrer toute incartade commise vis-à-vis de sa souveraineté nationale et sa dignité qui ne peuvent faire l’objet d’aucun marchandage. Quant à l’existence de l’Etat algérien et son histoire millénaire, la réponse a été désarmante à travers la visite du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, à la prison où se trouvait le roi numide Jugurtha au cœur de Rome.
    L’universitaire et spécialiste des relations internationales Mohammed Hassène Daouadji voit en les déclarations du ministre de la Communication, Ammar Belhimer, concernant les propos tenus par le président français Macron, une réponse à la mesure des graves dérapages d’Emmanuel Macron. La réaction officielle des autorités algériennes affirme, analyse-t-il, qu’il y a désormais une nouvelle manière de gérer les relations bilatérales entre Alger et Paris basée sur le principe d’égal à égal et d’Etat à Etat.
    Ce nouveau cadre devant régir les relations des deux pays se veut un signe de changement de la gestion des questions stratégiques et sécuritaires, notamment celles impliquant la France dans les pays du Sahel et le dossier libyen. «La France, qui considérait l’Afrique comme son pré-carré et agissait comme bon lui semblait, est appelée aujourd’hui à revoir ses cartes face à la restitution d’Alger de son rôle pivot dans la région», précise-il.
    L’Algérie, qui se contentait de son rôle leader dans la lutte contre le terrorisme et sa présence sur le marché pétrolier mondial, tend aujourd’hui à jouer un rôle géopolitique inhérent à son statut dans la région. Pour ce faire, Alger devrait, d’abord, contrecarrer le réseau tentaculaire d’influence tissé dans la région par la France, explique l’expert des relations internationales. Quant à la souveraineté nationale, elle fait partie des constantes et d’un dogme sacrosaint et il ne sera accepté aucune concession et encore moins le marchandage, ajoute l’analyste.
    LAMAMRA DÉSARME MACRON DEPUIS ROME
    De son côté, le politologue Abdellah Houadef constate que la diplomatie algérienne a toujours été «équilibrée et sereine». C’est d’ailleurs ce que laisse comprendre, poursuitil, la visite du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, au site archéologique de la prison du roi numide Jugurtha où il est mort de faim à Rome. «Il s’agit d’une réponse qui a désarmé le locataire de l’Elysée faisant feu de tout bois afin de briguer un deuxième mandat présidentiel. Ce dernier verse dans la diversion pour évacuer la colère interne à l’extérieur après un chapelet d’échecs qu’a dû essuyer son pays, dont l’affaire des accords des sous-marins avec l’Australie», rappelle-til.
    Selon Houadef, le geste du chef de la diplomatie algérienne est plein de sens et de messages. Il signifie que l’Etat algérien existe depuis des milliers d’années avant même l’existence de la France actuelle et que l’Emir Abdelkader a relancé en 1832. Nul besoin, de son avis, d’une personne comme Macron, qui éprouve de la faiblesse en communication politique et d’importantes carences en termes d’Histoire pour réaliser le statut qui sied à l’Algérie.
    Dans ce sillage, l’universitaire relève que l’Algérie n’hésite pas à rappeler à l’ordre toute partie faisant montre de graves dérives concernant sa souveraineté et son histoire, appuyant les propos du ministre de la Communication, Belhimer, qui a indiqué que les cercles officiels à Paris sont prisonniers de la mentalité coloniale.
    L’analyste conclut en disant que Lamamra a mis les points sur les «i», en soulignant que l’Algérie ne peut compromettre sa dignité pour la coopération, et qu’elle n’aura plus besoin d’intermédiaire pour entretenir ses relations avec ses alliés et partenaires.
    A.Mehdid
    Horizons, 15/10/2021
  • La France, pays ami ou ennemi ?

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    La réponse à cette question ne souffre d’aucun doute pour l’ancien ministre du Travail de la République Algérienne Démocratique et Populaire, qui a qualifié la France « d’ennemi éternel et traditionnel » le 7 avril 2021 lors d’une question parlementaire sur le déficit actuel de la Caisse de retraite algérienne.

    Un vrai vent de franchise et de courage qui tranche avec la langue de bois dont usent tous les responsables algériens depuis la disparition de Boumediène et la soumission frisant la servilité qu’ils ont adoptée devant l’ancien colonisateur. C’est peut-être pour cela que son expression a suscité cette incroyable levée de boucliers en France et aussi, bizarrement, en Algérie où on lui a reproché d’avoir fait intrusion dans un domaine qui n’était pas celui de ses compétences ministérielles. Comme si, lorsqu’on on est ministre, on devait se départir de ses convictions et même de ses attributs d’homme et de citoyen !

    Définitions

    Selon le dictionnaire  » Le Robert « , l’amitié est un sentiment réciproque d’affection et de sympathie qui ne se fonde ni sur les liens du sang, ni sur l’attrait sexuel. Quand il s’agit de relations entre pays ou entre collectivités,  » Le Larousse « , définit l’amitié comme  » des relations fondées sur une bonne entente « , au contraire de l’ennemi entre nations, celui à qui on s’oppose constamment.

    A la lecture de ces définitions données par les références mêmes de la langue française, il est évident que, sans parler d’éternité, la France n’a jamais été une amie de l’Algérie à n’importe quel moment de l’Histoire et de quelque manière que ce soit. Et surtout après l’indépendance algérienne, tout en minimisant l’ampleur de sa défaite et sa piteuse débâcle, cherchant même à les transformer en acte volontaire conforme au  » courant de l’Histoire « , avatar français du fameux  » déterminisme historique  » marxiste.

    Jusqu’à nos jours, la France n’a jamais donné sa voix à une seule initiative menée par l’Algérie indépendante dans le cadre de ses activités diplomatiques et de sa participation dans les instances internationales. Elle a toujours voté contre et, dans les cas où c’était incompréhensible, sinon indécent de voter contre, elle s’abstenait.

    Aux origines de cette hostilité

    L’Histoire nous dit que tout cela a commencé il y a bientôt 1000 ans, en novembre 1095 plus exactement, après le concile de Clermont mené sous la houlette du pape français Urbain II, et au cours duquel la religion chrétienne subit la plus profonde métamorphose de son histoire : son passage d’une religion de paix et de fraternité en la religion la plus belliqueuse, la plus violente et la plus cupide de toutes les religions monothéistes.

    C’est là que fut initiée et lancée, sous couvert de l’alibi religieux, la plus grande agression impérialiste jamais menée contre le monde arabo-musulman par l’Occident chrétien : les Croisades. Le concile de Clermont, par la voix du pape Urbain II, dit  » Le Bienheureux « , a transformé la religion chrétienne, cette religion dont la devise était  » Tu ne tueras point « , en une religion qui autorisait et poussait ses adeptes à tuer en son nom ; et même de bénéficier des récompenses divines pour avoir tué d’autres humains qui ne partageaient pas leur foi, les Musulmans en l’occurrence. Les Croisades seront le précurseur de l’autre génocide planétaire, celui des peuples amérindiens, toujours mené sous l’égide de la  » vraie religion  » et son corolaire, l’or et l’argent. Les Croisades durèrent deux siècles et se terminèrent officiellement en 1270 après la mort peu glorieuse du roi de France Louis IX, dit  » Saint-Louis « , (dont les Francs ramenèrent le squelette, démembré après avoir bouilli le corps pour le débarrasser des parties putrescibles afin de résister aux aléas du transport et éviter ainsi qu’il ne soit enterré en terre d’Islam), même si deux autres expéditions furent mises sur pied ultérieurement et qui firent long feu. Et, convenons-en, même si elle revêt d’autres formes, la série est actuellement toujours en cours avec les drames irakiens, libyens, syriens, afghans, yéménites, l’agression continue contre l’Iran et les catastrophes annoncées au Mali, Burkina-Faso, Tchad et Niger et, bien sûr, le drame palestinien dans lequel la France est, proportionnellement à sa taille et à sa population de confession hébraïque, le premier soutien mondial de l’Entité sioniste, tant sur le plan diplomatique, technique ou financier, que sur celui de la fourniture de conscrits au service de l’entreprise génocidaire que le monstre sioniste mène contre le peuple palestinien. Ces croisades, même si elles ont bénéficié d’une participation européenne, ont, en réalité, toujours eu pour principal maître d’œuvre le royaume des Francs. Et, d’ailleurs, les Musulmans ne se sont jamais trompés sur l’identité réelle de leurs agresseurs qu’ils ont toujours nommés  » al Franj « ,  » les Francs « .

    Pierre, tout comme Aïssa (Jésus), était palestinien, Paul et Jean étaient syriens, Constantin était romain, Augustin était algérien et Clovis, le premier roi de France chrétien ne s’est converti au christianisme qu’au début du VIème siècle, soit plus de 500 ans après la mort du christ, mais c’est la France qui se proclame jusqu’à ce jour  » fille aînée de l’Eglise  » et défenseuse d’une religion venue d’autres lieux, appartenant à d’autres peuples et à l’émergence de laquelle elle n’a que très peu contribué. Cela semble anecdotique et incroyable aujourd’hui mais la  » défense  » de la religion catholique face à la montée en puissance de l’Islam et la lutte implacable et sans merci que mène le monde occidental chrétien depuis des siècles contre l’émergence d’un Etat arabe ou musulman puissant, n’importe où qu’il soit dans le monde, et surtout au sud de la Méditerranée, reste un des moteurs principaux de la politique extérieure actuelle de la France et d’une partie du monde occidental chrétien et, certainement, pour longtemps encore. Mais cette persistance et ces réminiscences du passé ne peuvent expliquer à elles seules toute l’hostilité que la France a toujours manifestée à l’encontre de l’Algérie indépendante. Et les explications simplistes, naïves, voire infantiles, avancées par l’Algérie officielle à propos de l’existence d’un lobby pied-noir revanchard et nostalgique du paradis perdu qui imposerait ses quatre volontés à la France, cet Etat puissant, centralisé et jacobin, disposant d’une administration et de forces de sécurité hors du commun, dans ses relations avec un pays majeur, ne tiennent pas la route à notre époque. En fait, les enjeux sont ailleurs.

    Pour comprendre les enjeux

    Sur le plan historique, notre pays a constitué depuis des siècles une cible privilégiée pour la France, comme pour d’autres puissances en désir d’hégémonie, parce qu’il est le mieux doté par la nature de ce côté-ci de la Méditerranée, disposant de très grands espaces regorgeant de ressources et, surtout, défendu depuis des millénaires par son propre peuple, quel que soit le nom que les uns et les autres lui ont donné. Sans négliger les motivations religieuses avec leur désir aussi féroce qu’insensé de faire revenir à la foi chrétienne ce rivage sud de la Méditerranée, cette patrie de Saint Augustin, le père de l’Eglise latine dont la France nous envie tant la paternité jusqu’à nous la dénier, et, surtout, celle de Tarik ibnou Ziyad, le conquérant de la Péninsule Ibérique et de la France méridionale. Cela sans oublier les motivations bassement cupides et leur soubassement raciste et suprématiste, et que la France n’a jamais formellement reniés malgré les oripeaux humanistes dont elle se drape. Et, aussi, malgré le fait que, durant des siècles, la France ait bénéficié de généreuses concessions commerciales accordées par les différents pouvoirs algériens, comme l’établissement de comptoirs, ces zones franches avant l’heure,sur de nombreux points de la côte algérienne, rien ne l’a empêchée de mener l’agression ultime qui a débuté un certain juillet 1830 et qui ne s’est achevée que 132 années plus tard après qu’elle ait dévasté le pays, volé tout ce qui pouvait l’être et saboté tout ce qui ne pouvait pas être emporté. Pour rappel, la France a emporté tous les plans des VRD (voiries et réseaux divers) des grandes villes algériennes, incendié la bibliothèque universitaire d’Alger après l’avoir délestée de ses trésors, des ouvrages et manuscrits uniques et emporté avec elle les plans de minage de milliers de kilomètres carrés qui continueront à faire des milliers de victimes avant que l’Armée Nationale Populaire ne parvienne à nettoyer la terre des chouhada.

    Que craint donc la France de l’Algérie ?

    Objectivement, que peut craindre la France de l’Algérie aujourd’hui ? Que peut craindre une des premières puissances économiques, industrielles, financières, militaires et impérialistes du monde actuel de la part d’un pays empêtré dans les affres du sous-développement et du réchauffement climatique, submergé par sa démographie, trahi par ses propres dirigeants, cerné de toutes parts par des ennemis féroces ; bref, un pays qui a gâché la quasi-totalité des valeurs fondatrices de son identité, qui a perdu deux fois son élite en l’espace de 40 années (l’hécatombe de la guerre coloniale et celle de la folie islamiste), dont 87% des étudiants ne rêvent que de partir ailleurs, une fois leurs études (entièrement gratuites et même rémunérées !) terminées ? Sans parler de cette tragique propension à jouer son avenir à la roulette russe à chaque échéance électorale depuis bientôt 33 années. Pas grand-chose mais cela ne veut pas dire que la France n’a rien à craindre de l’Algérie. Là est la nuance.

    L’Algérie constitue un des centres de préoccupation et de fixation les plus importants de sa politique étrangère, un pays qu’elle scrute et surveille comme le lait sur le feu, une obsession qui arrive juste derrière les grands complexes existentiels qu’elle nourrit envers quelques rares autres pays, l’Allemagne et les U.S.A. en tête.

    Depuis 1830, l’exploitation effrénée de l’Algérie a permis à la France de se renflouer alors qu’elle était en faillite, traversant une phase de déclin dramatique, menacée de dépeuplement après des décennies de guerres qui ont exterminé une grande partie de sa population mâle. Elle a trouvé dans l’eldorado algérien tous les ingrédients pour sa survie et même pour sa renaissance : argent, espaces, main d’œuvre laborieuse et rustique et des contingents militaires qui ont constitué le fer de lance de toutes ses aventures guerrières ou coloniales, depuis la guerre de Crimée au milieu du XIXème siècle jusqu’à la seconde guerre mondiale en passant par la guerre de 1870 contre la Prusse, la première guerre mondiale ou la conquête de Madagascar, sans oublier les aventures mexicaines de Napoléon III (1862-1867).

    Les 132 années de relations extrêmement intenses, même si elles ont été imposées par les crimes les plus atroces qu’un être humain pouvait imaginer ont tissé des liens innombrables, variés et intenses qui ont rendu la situation inextricable et complexe des deux côtés de la Méditerranée. Mais, une fois le divorce prononcé, au lieu que ces relations soient refondées et les liens renforcés sur une base apaisée, c’est l’inverse qui s’est produit car, visiblement, la France ne conçoit d’autres relations avec un pays faible, proche d’elle et musulman de préférence, que dans un rapport de suzerain face à des vassaux.

    Cependant, personne ne peut effacer d’un trait de plume les conséquences incommensurables que ce passé commun a laissées sur le plan humain, social et culturel et on nous dit aujourd’hui que l’Algérie est le deuxième pays francophone du monde et que la France compte aujourd’hui 5 à 6 millions, sinon plus, de citoyens d’origine algérienne, un chiffre énorme qui montre que, jamais la population française ne s’est autant mélangée à une autre population depuis l’Antiquité et la fameuse période gallo-romaine.

    Les Algériens sont présents en masse dans le pays et y sont vitaux en termes économiques, démographiques et culturels. Dans le climat de méfiance, voire d’hostilité permanente, qui sévit depuis des décennies, que faire pour éviter qu’une telle force sociale et économique aussi imposante par son nombre, et irrépressible dans sa progression, ne se double d’une force politique capable d’influer sur la marche du pays comme le font actuellement les citoyens juifs au profit de l’Entité sioniste alors qu’ils sont dix fois moins nombreux que les Algériens?

    La parade française

    La France a rapidement pris conscience de l’arme redoutable que constituait pour l’Algérie cette présence massive de citoyens d’origine algérienne chez elle, et elle est passée à l’action dès que Boumediène a commencé à afficher sa volonté de construire un état puissant, respectable et respecté et totalement dégagé de son emprise, la nationalisation des hydrocarbures ayant constitué le déclencheur de sa parade et de sa riposte . En plus des mesures économiques et financières tant médiatisées, celles-ci comportaient des mesures anodines ou anecdotiques en apparence, mais redoutables dans leurs effets :

    – Limitation puis suspension de l’appel à la main-d’œuvre algérienne, qui sera rapidement remplacée par l’immigration portugaise et marocaine,

    – Détection, isolement et élimination du champ politique ou associatif français, de toute personnalité française d’origine algérienne pouvant contribuer, par son action ou ses positions, à créer un lobby français en faveur de l’Algérie ;

    – Et, sur le long terme : saturation médiatique, désinformation tous azimuts, campagnes de dénigrement continues, mise en exergue des échecs algériens, même les plus minimes, et négation de tous les succès et de toutes les réussites. Et pourtant, Dieu sait que ces réussites sont innombrables, ne serait-ce que par le taux d’alphabétisation de la population qui est passé de 7% d’hommes et 3% de femmes alphabétisées en 1962, à 97% et 95% aujourd’hui !Avec un nombre d’étudiants dans les universités algériennes équivalent à celui de la France.

    Même si les moyens mis en œuvre étaient exclusivement puisés dans la panoplie de qu’on appelle aujourd’hui la  » soft-power « , la France venait de déclarer la guerre à l’Algérie de Boumediène et qui ne s’arrêtera pas à la disparition de ce dernier.

    Bien au contraire, celle-ci n’a jamais cessé de prendre de l’ampleur et d’user les armes nouvelles que le monde occidental chrétien ne cesse de mettre au point dans ses labos et d’expérimenter sur ses cibles, la France cherchant visiblement toujours à porter l’estocade à l’occasion des crises qui ont secoué et secouent périodiquement l’Algérie.

    Pour cela, elle a accueilli et accueille toujours sur son sol tout ennemi de la République Algérienne, tout voleur avec son butin, tout traître ou gredin ayant nui, ou voulant nuire d’une façon ou d’une autre à l’Algérie, tout en lui assurant la protection et toute l’assistance politique, administrative, policière et financière nécessaire à la poursuite de ses nuisances ; du terroriste islamique le plus sanguinaire au séparatiste le plus enragé.

    La diaspora algérienne et surtout sa descendance, a subi de plein fouet les effets de cette politique et, lentement, imperceptiblement, elle est passée d’un soutien sans failles au pays de ses racines pour glisser dans un scepticisme méfiant et critique, avant d’arriver à l’hostilité féroce envers tout symbole des institutions algériennes, en premier lieu celles qui sont à leur service immédiat, tout en limitant leur apports, surtout pécuniaires, déjà historiquement bien maigres, en les immergeant dans le circuit informel, cet autre redoutable ennemi de la RADP.

    L’Algérie, par l’arrogance et la suffisance de ses dirigeants auxquelles s’ajoutent la myopie et la servilité de leurs assistants, par la trivialité des discours et du comportement de la majorité de ses représentants à l’étranger qui ont reproduit le schéma de ce qui se pratiquait au pays, a fini par retourner contre elle l’arme absolue dont elle disposait face à l’ancien colonisateur.

    En plus de ça, et comme un malheur ne vient jamais seul, la pandémie du Covid 19, avec toutes les restrictions de déplacement, même si elles sont tout à fait logiques, légitimes et justifiées qui en ont découlé, ont été perçues comme des mesures d’hostilité supplémentaires de l’Algérie vis-à-vis de sa diaspora, diaspora qui voue aujourd’hui une haine de plus en plus marquée au pays de ses racines, pays qu’elle dit par ailleurs tant aimer. Quel gâchis! La France a compris tout ça et ne tardera pas à user de cette arme qu’elle a patiemment construite depuis des décennies.

    La situation actuelle

    Après avoir vécu de bout en bout et sans trop de dégâts la première phase du processus dit  » démocratique  » et exécuté dans ses moindres détails le scénario pensé et écrit il y a des décennies par l’Occident féroce, l’Algérie est à nouveau en train de vivre une période extrêmement difficile car assaillie de toutes parts : pandémie, sécheresse, incendies canicule, crise financière, voisinage instable et même souvent agressif, le tout dans un climat de défiance interne que le pays n’a jamais connu auparavant, même du temps du FIS. Pris en étau, le pouvoir clame et affiche sa bonne foi, son patriotisme, son engagement de faire de l’Algérie un pays fort, respectable et social.

    Il donne des gages et promet d’exécuter toutes les demandes et desiderata du peuple, lequel peuple voudrait bien s’extirper de la situation de citoyen d’un pays sous-développé et arriéré dans beaucoup de domaines dans laquelle il se réveille et qu’il découvre un peu tard, une fois le festin du baril à plus de 100 dollars terminé.

    Malheureusement, tous ces signaux sont perçus comme des signes de faiblesse, très loin du message que le pouvoir voudrait faire passer. Le peuple veut que tout change sans que lui ne change d’un iota.

    Et sans faire d’efforts, sans examen de conscience : personne n’est coupable à partir du moment où d’autres le sont parce qu’ils ont commis des actes plus répréhensibles que les siens, personne n’a volé à partir du moment où d’autres ont volé plus que lui, et seul l’Etat est chargé d’en faire ! Comment sortir de ce cauchemar? La tentation autoritaire est là, elle est latente et elle se manifeste d’une manière sporadique, parfois brutale mais, visiblement, elle n’a aucune portée réelle sur l’état d’esprit de la majorité du peuple et, surtout, de la jeunesse. Et, plus grave, l’Etat a perdu le contrôle de l’administration locale, celle qui constitue la courroie de transmission et le fer de lance de la volonté centrale pour faire appliquer les lois et les règles de la République au pays profond.

    Ses lois, ses instructions et ses ordres ne sont même pas pris en compte et quand ils le sont, ils sont accommodés à la volonté du fonctionnaire ou de l’employé qui est chargé de les appliquer. Cela n’est pas nouveau et a toujours survenu dans les Etats défaillants ou trop présomptueux de leur force.

    Personne ne sait ni n’ose prédire sur quoi tout cela va déboucher. Même la France, notre ennemi éternel et traditionnel, semblait à un moment indécise et quasi désemparée : que faire si l’Algérie basculait à son tour dans le chaos après la cuisante désillusion subies en Afrique et ailleurs ?Mais ces interrogations ne sont que passagères et ont été vite balayées par des motifs de politique interne, d’échéances électorales et, bien sûr, l’élément central et structurant qu’est la haine que l’ancien colonisateur a toujours vouée à ses anciens départements une fois indépendants.

    Et la France a repris comme jamais ses manifestations ouvertement hostiles, insultantes et mensongères par la bouche même de son premier magistrat.

    Et pis, elle dévoile au grand jour sa volonté d’utiliser la descendance de l’émigration algérienne comme arme de destruction de l’Etat algérien ! Du côté algérien, un président qui essaie de calmer le jeu et qui louvoie face à un ennemi puissant et féroce, quelques réactions de la part de quelques responsables politiques ou personnalités intellectuelles exaspérés par la férocité des médias et hommes politiques français, mais qui ne restent que des réactions individuelles, isolées et ne relevant aucunement d’un plan global étudié et mis en œuvre pour contrer notre ennemi éternel et traditionnel. Même l’expression  » se regarder en chiens de faïence  » ne peut plus qualifier les relations entre les deux pays car, parmi eux, il y a un chien méchant, féroce et agressif, celui de la France.

    L’Algérie possède chez elle et ailleurs les femmes et les hommes qui peuvent la sortir la tête haute du caniveau dans lequel ses dirigeants et son peuple l’ont enfoncée. Il suffit de leur faire confiance et de les écouter et, surtout, de les associer à la réflexion et à l’élaboration de la décision politique, économique et culturelle.

    Parmi les urgences, il faudra renouer les liens et le dialogue avec la diaspora algérienne, les rétablir avec elle, partout où elle se trouve dans le monde et particulièrement en France, là où elle est la plus nombreuse, et la former, la politiser, lui faire comprendre les enjeux pour former une ligne de front capable de défendre les intérêts de l’Algérie et d’endiguer les manœuvres agressives de ses ennemis à la tête desquels se trouve l’ancien colonisateur.

    Nous sommes loin de l’explication infantile de l’existence d’un lobby pied-noir qui s’opposerait et bloquerait la soi-disant volonté française d’établir des relations saines et amicales avec l’Algérie.

    Mohamed Chouieb*

    *Retraité, ancien cadre technique Sonipec

    Le Quotidien d’Oran, 17/10/2021

  • Général Giap: L’impérialisme est un mauvais élève!

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    Décidément, l’indépendance de notre pays, chèrement acquise, est restée en travers de la gorge des nostalgiques de l’Algérie française qui ne ratent aucune occasion pour faire des déclarations toxiques qui transpirent le mépris des réalisations d’un peuple au demeurant laminé par 132 années d’une colonisation des plus barbares et des plus cruelles. Elles ont toutes pour dénominateur commun, rabaisser son prestige et ses réalisations pour faire croire que c’était mieux sous la gouvernance colonialiste. Naturellement les déclarations de personnalités politiques, médiatiques n’ont rien à voir avec des logorrhées prononcées dans un moment d’égarement, de perte de ses esprits ou d’énervement. Elles sont au contraire bien élaborées et orientées. J’en veux pour preuve, s’il en fallait une, les dernières déclarations dégradantes faites le 30 septembre par le Président de la République Français devant 18 jeunes français, médusés.

    Aussi, chaque patriote est invité à se remémorer les attaques verbales visant notre pays, son peuple, ses institutions, son histoire…, de cet acabit pour se faire une idée des dangers qui guettent notre patrie et à rester vigilent car les ennemis de l’intérieur qui gangrènent notre pays, identifiables à leurs comportements antinationaux, gravitant tels des charognards autour de gites de corruption, de détournements des biens du peuple, de sabotage de notre économie… etc et bien sûr la traîtrise et la lâcheté opèrent cachés, en catimini, constituent une pénétrante aux ennemis extérieurs.

    En effet, comme il fallait s’y attendre au regard de la portée historique de notre Révolution, admirée par les peuples et maladivement jalousée par des nostalgiques, notre pays ne cesse d’enregistrer depuis son accession à l’indépendance de manière cyclique à la veille de chaque date marquante de notre histoire récente, essentiellement : le premier novembre 1954, le 20 août, le 19 mars et le 05 juillet, des déclarations troublantes faites de manière péremptoire par des personnalités politiques, médiatiques, publiques assez influentes pour troubler les esprits des concitoyens. Il faut admettre que l’avènement de « présidents cocotte-minute », produits dans les laboratoires de la haute finance et des lobbies et vendus par des médias lourds transformés en de redoutables machines à propagande, grassement financés par ces derniers, ce genre de dérapage mis en scène et de propos nauséabonds chargés de mépris à l’égard de l’autre, semble favoriser ce type de comportement dévalorisant la fonction.

    TAPAGE MÉDIATIQUE POUR FAIRE DIVERSION

    C’est pour servir de relais que l’aboyeur de service et mercenaire à la parole aisée, Eric Zemmour pour ne pas le nommer, qui ne recule devant rien au point de faire passer des mensonges pour des vérités, qui fait feu de tout bois pour faire passer ses messages, est dans son rôle de rabatteur de voix. De fait, il est là pour exécuter un mandat de ses commanditaires qui le rétribuent grassement. Pour donner l’illusion que ce qu’il débite est partagé par des français à la recherche de solutions de rechange, les marionnettistes l’appuient par des sondages orientés et gonflés à l’hélium pour leur donner l’illusion qu’il caracole au-dessus de tous les autres, au point de le présenter comme candidat à l’élection présidentielle de 2022.

    Le fiel qu’il déverse quasi quotidiennement à grand flot sur les immigrés et leurs pays d’origine (comprendre les Algériens et l’Algérie) aidé en cela par des médias en quête de l’audimat semble se transformer en miel pour lui. En fait, son discours racoleur, démagogique et stigmatisant, construit sur le rejet sélectif de l’autre, instillant dans le corps social beaucoup de haine et de méfiance, n’est autre que la synthèse de la pensée et des échecs de la droite dans toutes ses nuances et déclinaisons les plus abjectes. C’est à ce redoutable aboyeur qui fait office de porte-voix des droites réactionnaires, qu’échoit le rôle de dire tout haut ce que pense tout bas cette dernière.

    LES VISAS COMME MOYEN DE PRESSION ET DE CHANTAGE

    L’angle d’attaque de notre pays privilégié par la France officielle, une mesquinerie de plus, est celui de la délivrance de visas. Cette arme des visas que les pouvoirs politiques français dégaine de manière intempestive, est devenue cette rengaine lassante, utilisée comme moyen de pression voire de marchandage et de chantage. Elle vise un double objectif qui est celui de priver les Algériens de leurs droits universels à la libre circulation des personnes et des biens garantie par la déclaration universelle des droits de l’homme dont la France, comble de l’ironie, s’arroge la paternité, d’humilier nos compatriotes et de chercher par cette pratique ignoble, à soulever le peuple contre ses gouvernants.

    Pourtant, ils ne sont pas sans savoir que les visas de circulation régis par une stricte réglementation ne doivent pas être soumis à des quotas comme c’est le cas pour les visas de travail et/ou d’émigration. Autrement dit, chaque citoyen demandeur de visa de circulation ayant satisfait à toutes les formalités réglementaires doit obtenir son visa. Mieux encore, en cas de refus, la réglementation oblige l’autorité consulaire à motiver son refus et permet au demandeur, s’il s’estime lésé dans son droit, d’introduire un recours et si besoin est, de saisir les juridictions compétentes en la matière pour recouvrer son droit.

    Seulement, la France officielle, en faisant fi de sa propre réglementation en vigueur en la matière, a choisi d’infliger arbitrairement une punition collective à tout un peuple au motif que les pouvoirs politiques de ces ex colonies (c’est ce complexe dont les gouvernants de l’ex puissance coloniale n’arrivent pas à se départir) n’acceptent pas de reprendre des délinquants jugés et détenus en France pour, entre autre, terrorisme. La question qui se pose ; En quoi un citoyen algérien désireux de rendre visite à sa famille et à ses amis, ou de voyager en France est-il responsable des agissements de ces délinquants ?

    Ce qui revient à dire que les pouvoirs politiques français considèrent que tous les Algériens sont des clandestins potentiels, ce qui, de mon point de vue, est ressenti par nos compatriotes comme une insulte suprême. Ils se gardent bien évidemment de parler des millions d’Algériens qui ont fait de nombreux voyages en aller-retour nullement intéressés par l’immigration fut-elle légale. L’idée de braquer l’opinion publique travaillée au corps à corps par un tapage médiatique qui n’a rien à envier à celui des États totalitaires et abreuvés de sondages dirigés sur la poignée de délinquants présentés d’ailleurs comme la source de tous les maux quitte à terroriser les potentiels électeurs, est privilégiée.

    Pourquoi l’État algérien souverain, doit-il servir de base pour soulager les prisons françaises ? Cette histoire de délivrance de visas agitée souvent par l’ex colonisateur à des moments bien choisis pour troubler les esprits de nos concitoyens et rassurer un certain électorat, n’est en fait que l’expression d’une volonté de certains réactionnaires de remettre en cause les prétendus avantages accordés indument aux Algériens par l’accord de 1968 régissant l’immigration algérienne conclu entre les deux États en application des accords d’Evian. C’est souvent que nos compatriotes entendent dire par des fonctionnaires haineux: « vous avez voulu votre indépendance, alors restez chez vous ! » Et dire que ces décisions sont le fait de gouvernants prétendument démocrates d’un pays revendiquant la paternité de la déclaration universelle des droits de l’homme !

    À noter que dans un premier temps, c’étaient toutes les catégories de demandeurs de visas qui sont touchées par cette mesure arbitraire ; il s’en est suivi un rétropédalage pour préciser que seuls les dirigeants ayant bénéficié jusque-là de faveurs et d’un traitement privilégié sont concernés, une manière de jeter l’opprobre sur ces derniers et de les désigner à la vindicte populaire. En fait, le corrupteur c’est qui ?Très clairement, il est anormal et injuste de faire payer les insuffisances de gestion des administrations chargées de gérer le flux et le reflux des voyageurs aux demandeurs de visas sous prétexte qu’une poignée d’entre eux pourraient resquiller. Ce jugement de valeur fait d’à priori, qui considère sans aucun discernement, que tout demandeur de visa est, jusqu’à preuve du contraire, un resquilleur est arbitraire, infamant et indigne d’un État de droit. Il est juste instructif de se poser la question pour comprendre pourquoi les pouvoirs politiques français n’avaient pas retenu l’angle d’attaque, comme cela se passe au niveau mondial, la sanction économique ? La réponse est certainement dans la structure de nos échanges commerciaux largement favorables à l’économie française. La France nous achète des hydrocarbures indispensables à son économie, a implanté depuis les années 1980 quelques 450 entreprises pour pomper les devises que nous procurent le gaz et le pétrole et écouler en Algérie ses produits manufacturés.

    ÉLÉMENTS DÉCLENCHEURS DE CETTE SALVE DE DÉCLARATIONS

    Nonobstant les questions liées à la campagne électorale qui s’annonce rude et dont l’issue est des plus incertaines, un certain nombre de faits et évènements pourraient avoir agacé le Président français pour le faire sortir de ses obligations de réserve, de perdre son sang-froid au point de quitter la diplomatie (science des rapports internationaux) pour calomnier, invectiver, dénoncer, outrager, manipuler l’histoire. Parmi ces événements qui rognent sérieusement l’emprise que la France officielle avait sur notre pays durant de longues années, il convient de citer :

    – le retour en force, tant attendu, sur la scène internationale de la diplomatie algérienne caractérisée par sa constance et son indépendance, qui rappelle fièrement celle conduite par le regretté Mohamed Seddik Benyahia, dont le point d’orgue fut la libération des diplomates américains retenus en otage par les Ayatollah iraniens ;

    – la rupture inattendue des relations diplomatiques avec son protégé royaume marocain qui vivait depuis longtemps en concubinage avec l’entité sioniste avait décidé d’officialiser cette relation contre nature par les liens sacrés du mariage contre une promesse faite par un président sans pouvoirs, la reconnaissance du droit de propriété du Maroc sur le Sahara occidental ;

    – la déclaration officielle des autorités algériennes signifiant clairement que la rupture des relations diplomatiques avec le makhzen est sans appel et qu’elle n’est sujette à aucune médiation, ferme définitivement la porte aux tentatives de l’Elysée de se saisir de ce dossier ;

    – la fin de l’attribution de juteux marchés de gré à gré selon la procédure accélérée, le renouvellement des contrats de service et la remise en cause des avantages mirobolants accordés à certaines sociétés françaises, inquiète les milieux d’affaires et politiques.

    – La décision inattendue des autorités algériennes de fermer le gazoduc MEDGAZ alimentant le Maroc en gaz algérien, (gaz fourni à prix d’ami 20% moins cher), pose de sérieux problèmes aux entreprises françaises installées au Maroc.

    DIVISER POUR GAGNER : LA STRATÉGIE DE RECONQUÊTE DU PERDU

    En politique rien ne se fait au hasard surtout quand on a à sa disposition une armada de conseillers et d’experts en tout genre et dans tous les domaines qui arrivent à qualifier une attaque virulente contre un pays et ses institutions, que rien ne justifie en dehors de la campagne électorale française de simple dérapage, un euphémisme qui ne passe pas. C’est pourquoi de prime abord, les propos rapportés par le journal « le Monde » tenus par le Président de la République Française devant 18 jeunes médusés, ne peuvent et ne doivent être interprétés autrement que comme une attaque en règle contre nos institutions et au-delà. Il a usé et abusé de sa posture présidentielle, convaincu qu’il est, pour faire non sans arrogance, dans le déni de notre histoire plusieurs fois millénaires en déclarant que l’Algérie est une « création française » rejoignant ainsi, la cohorte de nostalgiques de l’Algérie française, dont l’aboyeur en est le porte étendard.

    « Macron excelle dans l’art de diviser pour régner » (dixit une intellectuelle malienne) ! On ne peut mieux dire. En effet ses dernières déclarations et actions entreprises qu’il convient de rappeler succinctement par ce dernier, corroborent cette affirmation et semblent s’inscrire dans le cadre d’un plan murement réfléchi visant à rassurer un électorat déçu par son bilan et au-delà. Pour arriver à ses fins, se faire réélire et peu importe la moralité des procédés, il s’autorise de passer outre les règles de bienséance que tout responsable se doit d’observer dans ses relations avec l’autre, de s’ingérer dans les affaires intérieures de ses voisins, de juger et de noter les responsables de pays de son ancien empire. Tel un enfant gâté, il transforme le majestueux palais de l’Elysée qui a vu défiler des personnalités hors du commun en une vaste cour de récréation où l’on peut se lâcher sans retenu ni respect pour les lieux et ses camarades. Pourquoi tout ça et en ce moment précis ? Là est la question !Pour avoir une idée plus précise de la stratégie mise en place en vue de l’élection présidentielle prochaine, il est utile de rappeler les éléments saillants, qui de notre point de vue, font partie intégrante de ce plan de reconquête de l’électorat :

    Le rapport Stora sur les questions mémorielles attendu par des crédules comme une avancée, a accouché après plusieurs mois de gestation, d’un sapin de noël enveloppé du burnous de l’Emir AEK, orné de la panthéonisation de Madame Halimi, de la reconnaissance de l’assassinat par la France de notre Grand Ali Boumendjel,… pour cacher une montagne d’horreurs commises à l’endroit de la nature et des humains commises durant 132 ans de colonisation française. Il a aussi permis de remettre en cause les déclarations faites par le candidat Macron à Alger en 2017 et de renoncer à demander pardon au peuple Algérien.

    – le recul et le renoncement à la panthéonisation de Madame Gisèle Halimi, présentée pourtant comme mesure phare préconisée par le rapport Stora. Pour glaner les voix des harkis il n’a pas hésité à accéder à la demande des femmes de harkis qui s’opposaient à la panthéonisation de cette dame courage, dont le seul tort est d’avoir défendu des indigènes.

    – Réception en grande pompe et au palais de l’Elysée de quelques 300 harkis pour leur demander au nom de la France pardon de les avoir parqués comme des sous êtres (en vérité et dans toutes les cultures les « colabos » désignés sous le vocable de harkis, dans des conditions inhumaines dans des endroits grillagés avec barbelés et miradors pendant de longues années. En même temps, il s’obstine à refuser de demander pardon aux descendants des 45.000 indigènes massacrés le 08 mai 1945 dont des parents et proches, furent mobilisés pour chasser les nazis de la France.

    – Rencontre avec les 18 jeunes français au somptueux palais de l’Elysée, à la veille de la commémoration des massacres perpétrés par Papon le 17 octobre 1961 et du déclenchement de la révolution de libération nationale. Le public cible ; 18 jeunes français choisis sur des critères que seul leur auteur en détient le secret. L’objet de cette rencontre est la réécriture l’histoire de la guerre d’Algérie. Cela renseigne sur l’importance de cette messe qui a servi de décor au Président de la République Française pour lancer sa campagne électorale et faire des déclarations inacceptables visant notre pays qui, le moins que l’on puisse dire, déshonorent sa fonction.

    – Et ce n’est certainement pas par hasard que parmi ces jeunes convoqués à cette messe on y trouve le petit fils du sanguinaire Salan et le petit fils de notre grand patriote Ali Boumendjel assassiné par la France (assassinat que le président de la république française en place venait de reconnaître) pour entendre leur Président dire que leurs parents leur ont menti sur l’histoire de la guerre d’Algérie et qu’il leur promet dela réécrire.

    – Les déclarations, le Président de la République Française, par certains aspects, envoient un signal clair aux organisations classées comme organisations terroristes qu’il héberge déjà, en leur promettant des émissions destinées à diffuser la vraie histoire de l’Algérie (comprendre par-là que celle écrite par ses historiens est entachée de contre-vérités). Soucieux du détail, il n’oublie pas de préciser que ces dernières seront diffusées en langue en arabe et en langue kabyle ! la précision est édifiante !

    – Le sommet Afrique-France :hier, c’était les descendants de gaulois, partis coloniser des contrées lointaines pour agrandir leur empire qui avaient fait appel, voire obligé, de pauvres indigènes analphabètes pur porter la tenue de « colabo » harki, pour les aider à coloniser et à piller leurs pays. Les temps ont changé, mais les procédés demeurent globalement les mêmes. Aujourd’hui, fidèles à leurs ancêtres, les enfants de ces rustres gaulois, dont l’actuel Président de la République Française en serait le digne héritier, tout en ne dérogeant pas à ce qu’ils conçoivent comme une règle, ayant évolué en néocolonialistes, avaient décidé de convoquer 3.000 personnes triées sur le volet pour assister à une messe organisée à Montpellier, baptisée pour la circonstance « sommet Afrique-France ». Le but affiché est de dresser ce qu’ils nomment pompeusement « société civile » contre les dirigeants de leurs pays qualifiés de vieillissants, de corrompus…etc, et de recruter des« harkis » modernisés, bardés de diplômes, de connaissances, pour servir de têtes de pont au néocolonialisme et gérer directement l’aide extérieure. Pour les promoteurs de ce rendez-vous qui semble avoir bénéficié d’une préparation minutieuse, il n’y pas l’ombre d’un doute que les jeunes africains allaient adhérer allégrement à cette démarche visant à court-circuiter les États et qu’ils dégageront leurs dirigeants pour permettre à leur mentor de régenter leurs pays respectifs. Aveuglés qu’ils sont, ces apprentis néocolonialistes oublient d’admettre que cette ère est définitivement révolue et que les aspirations des Africains en général et de sa jeunesse en particulier n’est pas de servir de suppôts aux visées néocolonialistes mais de support au développement et à l’émancipation de leurs pays.

    – Le Président de la République Française, non repu avec tout ce qu’il s’est permis de déverser comme fiel sur notre pays et ses institutions, affirme de manière péremptoire, que l’Algérie est une « création française » confortant ainsi, les promoteurs et les défenseurs de la colonisation positive. Et pour caresser dans le sens du poil et rassurer l’électorat de droite réactionnaire, il franchi sans état d’âme le Rubicon en passant par perte et profit, les quelques cinq millions d’indigènes victimes de la colonisation française et la dévastation de notre écosystème par l’atome et le napalm.

    L’INSTRUMENTALISATION DE L’ALGÉRIE POUR DES BESOINS DE POLITIQUE INTÉRIEURE

    À travers les faits historiques saillants rappelés ci-après pour souligner le fait que notre pays a de tout temps été utilisé par les pouvoirs politiques français pour faire diversion, sauvegarder leurs privilèges et faire prospérer leur économie. Deux siècles plus tard, pour sauver le soldat Macron, ou à défaut, son clone idéologique, à l’élection présidentielle prochaine, ses promoteurs n’ont pas dérogé à la règle en choisissant de s’en prendre, sans raison, à notre pays pour mobiliser leurs électeurs.

    – Décidée en conseil des ministres le 31janvier 1830, l’expédition d’Alger, pour sauver l’autorité chancelante du roi de Charles X, opération en préparation depuis 1827, a permis au roi de garder pour quelque temps son trône et à la France de s’affranchir du paiement du blé qu’elle avait reçu d’Algérie, faire mains basse sur les richesses et les réserves d’or évaluées par des historiens et des chancelleries à environ 3.000.000 or, éloigner les officiers présentant un danger, agrandir son empire. Évidemment, la prise d’Alger fut fêtée dans l’allégresse et la joie par le gotha de la classe politique et bien naturellement l’église.

    -1ière et 2ième guerres mondiales, notre pays occupé avait servi de base arrière pour la métropole occupée, fourni de la chair à canon, approvisionné la population et l’armée françaises, au détriment bien évidemment de la population indigène décimée par les maladies et la faim, fournir des matières premières pour faire fonctionner son industrie.

    1954, Les gouvernants de la 4ième République très chancelante, avaient, pour sauver les meubles, du moins ce qui reste de cette dernière, pris comme mesure de sauvegarde, le transfèrement des officiers défaits dans la bataille de Dien Bien Phu au Vietnam, humiliés par le Général Giap, directement en Algérie pour leur offrir en guise de consolation un champ de tir où ils pouvaient canarder à volonté des indigènes, chose qu’ils avaient faite avec l’extrême sauvagerie pour assouvir leur soif de sang, laver leur honneur et se réhabiliter aux yeux des tenants de la colonisation. Ils subiront, en Algérie, une 2ième humiliation dont ils se souviendront à jamais pour transmettre à leur descendance un récit orienté.

    -1962, Pour sauver la France, isolée diplomatiquement au niveau mondial grâce à la diplomatie agressive, engagée et patriotique menée par le FLN qui avait rallié à notre cause un grand nombre de pays et la guerre que lui avait livrer sur le terrain notre ALN, soutenues par tout un peuple, les gouvernants français, contraints et forcés, avaient entrepris de s’asseoir à la table des négociations qui ont débouché sur les accords dits d’EVIAN. Effectivement, l’indépendance de notre pays a permis à la France de repartir économiquement et diplomatiquement à la reconquête de sa place sur la scène mondiale.

    -1982 ; La visite officielle, d’ailleurs très folklorisée, effectuée en France en 1982 par le président algérien (soit vingt ans après notre indépendance), une France dirigée alors par celui qui avait dit que l’Algérie c’est la France et n’avait pas hésité à faire actionner à trois reprises, (ce qui en droit est interdit), la guillotine sur le coup de notre Zabana, s’était soldée par une moisson de contrats juteux qui ont permis à la France de se redresser économiquement, de se replacer premier fournisseur de notre pays devenu poubelle de cette dernière (les voitures de moins de trois ans) et d’ouvrir le marché algérien aux entreprises françaises pour le siphonner. Le néocolonialisme, c’est aussi ça !

    Conclusion

    Affirmer péremptoirement que le peuple algérien cultive la haine, histoire de justifier les bouillons de culture de la haine anti ex colonisés (particulièrement visés les algériens), est une façon tendancieuse de faire passer aux yeux de l’opinion publique française, les Algériens pour ce qu’ils ne sont pas. Ce que l’auteur de cette avalanche de déclarations méprisantes indignes d’un chef d’État, doit savoir, au minimum, deux choses :

    -1- Pour le peuple algérien, la haine c’est péché et de fait, il la rejette et la combat car elle est tout bonnement contraire à ses croyances et à ses valeurs intrinsèques.

    -2- La famille et l’esprit de famille qui caractérisent le peuple algérien constituent la ligne rouge qu’il n’est pas permis de franchir. Ce qui est permis aux membres de la famille à l’intérieur de celle-ci ne l’est pas forcément aux étrangers. Autrement dit, quand la famille est attaquée même verbalement, tous ses membres, transcendent leurs éventuels différents pour se dresser comme un seul homme pour défendre l’honneur de la famille à l’exception de quelques uns : comme Boualem SANSAL dont Eric Zemmour le haineux nous dit compter comme son ami en s’appuyant sur son argumentaire, pour ne pas dire sa « prophétie » de voir la France plongée dans la guerre civile si la droite et son extrême ne récupère pas le pouvoir pour nettoyer la France de la « vermine » algérienne en premier. Il y a aussi Addi Lahouari « l’inventeur » de la régression féconde (à propos du FIS) qui dans son statut « d’intello de service », a volé au secours de Macron par son écrit dans le journal le Monde. Ils ne sont malheureusement pas les seuls, ces « colabos » qui ont vendu leur dignité et celle de « leur » peuple en contrepartie d’une reconnaissance éphémère, pour qu’il soit utile d’en établir la liste exhaustive… Faut-il encore remercier Zemmour et Macron pour avoir débusquer ces « lièvres honnis » ? Les Algériennes et les Algériens sauront se souvenir ! Et l’Histoire de l’Algérie en marche retiendra !

    Pour conclure il est toujours utile de rappeler une des sagesses de notre terroir que nos aïeux à travers nos parents, nous ont enseignées ; Ne jamais oublier que la personne que vous avez humiliée publiquement cherchera à se venger, il faut s’en méfier. Et si par le fait d’une force majeure vous devez faire un bout de chemin ensemble, il faut la mettre devant ou à défaut sur le côté et garder des distances de sécurité. Les colonialistes français, administration et armée, humiliés par des indigènes, n’oublient pas et semblent, si l’on juge à travers les déclarations de l’actuel Président de la République Française et pas que, pas prêts d’oublier. C’est pourquoi cette sagesse que nous ont léguée par nos aïeux est plus que jamais d’actualité et mérite d’être observée dans nos relations avec l’ex puissance coloniale. Ne dit-on pas à toute chose malheur est bon !? Les déclarations du Président de la République Française doivent nous interpeler et nous incitent à rester vigilants et unis pour signifier clairement aux nostalgiques de l’Algérie Française que nous somme une famille.

    Je reste persuadé que les déclarations intempestives et autres provocations sus-rappelées, auxquelles il faut ajouter toutes celles qui ne sont pas rendues publiques, qui ont heurté profondément les patriotes attachés à leur indépendance très chèrement acquise, produiront un effet contraire à celui attendu par leurs auteurs et ne manqueront pas de booster notre cohésion nationale, déjà au beau fixe, comme vient de le démontrer le mémorable mouvement populaire authentique de février 2019.

    Mahmoud Chabane

    Le Quotidien d’Oran, 14/10/2021