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  • APN: Projet de loi criminalisant le colonialisme français

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    En réaction aux graves déclarations et autres insinuations du président français, Emmanuel Macron, sur l’histoire de l’Algérie, les membres de l’Assemblée populaire nationale s’apprêtent à déterrer l’ancien projet de loi criminalisant le colonialisme français. Ce texte de loi qui a été préparé et conçu par des députés FLN lors du second mandat de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, n’a jamais vu le jour. Il fut rapidement oublié suite à d’énormes pressions politiques et diplomatiques et surtout du veto de l’ancien Premier Ministre Ahmed Ouyahia, hostile à ce genre d’initiatives.
    Depuis, plus personne n’en a parlé, ni évoqué une éventuelle résurrection de cette initiative, et ce en dépit d’une large mobilisation des organisations dites de la famille révolutionnaire.

    Pourtant, ce projet, qui criminalise les crimes et autres atrocités barbares commis par le colonialisme français en 132 ans de domination, a été rendu possible après l’impair commis par l’Assemblée nationale française en 2005. Cette année, le 23 février, le Parlement français a adopté une loi qui glorifie ce colonialisme. Un texte qui fut naturellement dénoncé par certaines forces politiques françaises, qui avaient vu dans cette démarche un retour au premier plan de l’extrême droite. Une majorité de députés de ce Parlement, même centristes, avait adhéré aux thèses extrémistes qui glorifient les occupations militaires et les campagnes d’extermination contre les peuples africains. Selon leurs auteurs, la France a apporté la civilisation et la modernité à ces peuples qualifiés d’arriérés.

    Aujourd’hui, actualité oblige, des parlementaires algériens pensent que l’occasion est propice pour réagir et répondre par une loi qui criminalise ce colonialisme. L’idée fait son chemin après la crise, sans précédent, qui a surgi entre Alger et Paris. Déjà, tous les groupes parlementaires de la Chambre basse (six au total) se disent prêts à adopter cette loi. Il semblerait que le feu vert des autorités supérieures de l’Etat ait été donné pour que l’APN se mobilise.

    Ainsi, le texte, qui est au stade de la réflexion, prendra en charge plusieurs chapitres, tous liés à la question mémorielle, comme la reconnaissance des crimes, des assassinats, des atrocités, des destructions, des pillages et expropriations des biens et autres exactions. De même qu’on prévoit un axe au pardon ou à l’excuse, exigé de l’Etat français, responsable historique de l’acte colonial et défenseur de son système, ainsi que des aspects de l’indemnisation aux milliers de victimes, inclus ceux des essais nucléaires et chimiques.

    Pour les initiateurs de ce projet en gestation, cette loi est une réaction politique du peuple algérien contre les intimidations et le mépris des autorités françaises à l’encontre de la nation et de son histoire. Il s’agit aussi, selon les dires des députés, d’une vraie réhabilitation des six millions de martyrs de ce colonialisme sauvage. D’ailleurs, il est question qu’en parallèle de cette œuvre parlementaire, un comité soit créé spécialement pour rédiger et éditer un livre blanc sur les massacres et les violences commises par l’occupant français depuis 1830. Des historiens, des sociologues et des anthropologues seront sollicités pour réécrire le long récit sanguinaire et barbare du colonialisme, ainsi que les profonds bouleversements qui ont ébranlé la société algérienne, son patrimoine et ses cultures ancestrales.

    Selon des propos de députés qui s’engagent dans cette démarche, le projet en question va prendre une dimension juridique qui respectera les intérêts de l’Etat algérien et de son peuple. Autrement dit, les institutions politiques étatiques ne seront plus seules ou isolées dans une quelconque bataille mémorielle avec l’ancien colonisateur. A l’avenir, nos hauts responsables seront soumis et protégés par cette loi de criminalisation du colonialisme.

    L’unanimité à l’APN est donc déjà acquise concernant l’élaboration de ce projet. Seul bémol : les islamistes du MSP et du mouvement El-Bina veulent un texte plus fort, plus élaboré et plus encadré. Ils réclament un agenda précis avant toute adoption, comme la tenue d’assises qui regrouperaient des politiques, des juristes, des sociologues et des enseignants en histoire. Des rencontres plus larges et des concertations avec toutes les mouvances devraient permettre de créer un consensus total sur cette question.

    Par contre, d’autres partis politiques suggèrent, pour le moment, une simple déclaration générale qui sera adoptée par l’APN et qui dénoncera les propos du président Macron, mettant en relief les atrocités et les crimes du colonialisme français.

    Le Jeune Indépendant, 14/10/2021

  • Paris dit respecter la souveraineté de l’Algérie

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    Il a fallu que l’Algérie pèse ses mots concernant le rejet catégorique de toute ingérence de la part de la France dans ses affaires intérieures, dont acte la dernière sortie médiatique auguste du président Tebboune, pour que Paris lâche du lest pour ainsi dire. La diplomatie française a-t-elle fini par saisir l’action ferme et le message fort de sens d’Alger ?
    En effet, après le rappel de son ambassadeur au lendemain des propos irresponsables et provocateurs du président français à l’encontre de l’Algérie, institutions, peuple et symboles avec, l’Algérie exige de la France le respect entier de sa souveraineté.

    Hier, Paris à travers son chef de la diplomatie a réagi pour « réaffirmer » « le respect fondamental » de la France de la souveraineté de l’Algérie. Ainsi, dans une déclaration faite devant l’Assemblée française, le Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a réaffirmé le respect de la « souveraineté algérienne » dans un climat de tensions entre Paris et Alger. « C’est aux Algériens et à eux seuls de décider de leurs destins et de définir les contours de leurs choix et de leur débat politique », a-t-il déclaré, cité par la radio Europe1.

    La réaction de la diplomatie française intervient dans un contexte de tensions algéro-françaises dont l’instigateur qui a allumé le feu aux poudres n’est autre que le premier représentant de la France officielle, en la personne du président Emmanuel Macron. D’ailleurs, interpellé fermement par l’Algérie suite à ses déclarations, allant toute honte bue jusqu’à douter de l’existence même de la nation algérienne avant la colonisation française, Macron a tenté le moyen d’apaisement des tensions diplomatiques avec l’Algérie. Une entreprise vaine, tant elle n’était pas à la hauteur de la gravité des dommages causés aux relations entre les deux pays.

    Du coup, il semblerait que la réaction de Le Drian vienne à la rescousse pour tenter de rectifier le tir vis-à-vis d’Alger, autrement ce que le chef d’Etat français n’a pas réussi à faire tant l’Algérie a été d’une offensive diplomatique sans précédent.

    Pour ce faire, le chef de la diplomatie française a fait référence à des déclarations antécédentes tenues par le président Macron sur l’Algérie pour donner « preuve » que la France exprime un « respect fondamental de la souveraineté algérienne ». « Récemment le Président de la République (Emmanuel Macron) a rappelé son profond respect pour le peuple algérien », a expliqué le chef de la diplomatie française devant l’Assemblée nationale. Pour lui, « Cela signifie aussi bien sûr le respect fondamental de la souveraineté algérienne », a-t-il ajouté. « C’est aux Algériens et à eux seuls de décider de leurs destins et de définir les contours de leurs choix et de leur débat politique. », a-t-il conclut.

    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie

  • Algérie: La loi incriminant le colonialisme va-t-elle enfin aboutir?

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    Sur fond de crise sans précédent entre Alger et Paris, les six groupes parlementaires siégeant a l’APN semblent unanimes quant a l’instauration de la loi incriminant le colonialisme français, dont celle proposée en réponse a la loi française glorifiant le colonialisme adoptée le 23 février 2005 n’a jamais vu le jour.

    Feu vert pour ce projet de loi

    Ces formations politiques s’attèleraient a élaborer une loi qui reposera sur plusieurs axes et aspects, a savoir entre autres la reconnaissance, l’excuse et l’indemnisation. Ce texte se veut ainsi une réaction aux exactions et aux intimidations de la France envers l’Algérie.

    Pour les groupes parlementaires, il ne s’agit point d’une réaction politique aux autorités françaises mais plutôt une vraie loi qui réhabilitera les martyrs de l’Algérie.

    A cet égard, le chef du groupe parlementaire FLN a affirmé a Echorouk que ce projet de loi doit aboutir sous ses dimensions historique, juridique et institutionnelle a laquelle aspire le peuple.

    Pour lui, les partis siégeant a Zighoud Youcef souhaiteraient que cette démarche ait un aspect juridique tout en respectant et les intérêts de l’Etat et ceux du peuple algérien.

    Ce responsable a tenu a expliquer que sa famille politique ne s’était jamais opposée audit projet de loi comme le prétendent certaines parties, précisant que “le texte doit être a la hauteur avec l’implication de tout le monde”.

    De son côté, le chef du groupe parlementaire El Bina a affirmé que “nous sommes contre tout projet qui se résume en une simple réaction. C’est pourquoi nous nous sommes mis d’accord pour préparer un vaste projet de loi incriminant le colonialisme”.

    Un texte qui s’articulera, précise-t-il, sur la reconnaissance, l’excuse et l’indemnisation, et qui nécessite a ses yeux la tenue d’une journée parlementaire suivie de rencontres auxquelles prendront part des politiques, des juristes et des historiens.

    Echouroukonline, 13/10/2021

  • L’Afrique tombeau du colonialisme qui se referme

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    En déclarant l’Afrique “tombeau du colonialisme”, Lamamra, le chevronné actuel ministre des affaires étrangères de l’Algérie s’élève frontalement contre le néocolonialisme indécrottable de Paris. C’est en homme politique qui connaît ses dossiers et fier citoyen de la nation algérienne chantre de l’anti-colonialisme qu’il a remis à sa place poliment une France qui se droitise en pré-campagne présidentielle et qui se devait de nouveau d’essuyer le couteau sur l’Afrique.

    En visite officielle à Rome, Ramtane Lamamra en a profité pour visiter le tombeau de Jugurtha en un pied de nez à Macron pour lui signifier de relire ses pages d’histoire. Jugurtha est né vers 160 av. J. C à Cirta — actuelle Constantine, Algérie — et mort en 104 av. J.-C. à Rome, est un roi numide. Il s’oppose durant sept ans à la puissance romaine entre 111 av. J.-C. et 105 av. J. C, durant un conflit qui nous est connu sous le nom de « guerre de Jugurtha ». Le Mali a été le berceau de trois grands empires : l’empire du Ghana, l’empire du Mali et l’empire songhaï…

    Et pourtant, pour la France de Macron avant son arrivée, c’était le néant en Afrique. Nous laisserons le récit de l’histoire riche de l’Afrique aux historiens.

    L’Algérie, en rappelant son ambassadeur et interdisant son espace aérien aux avions militaires français vient certifier avec l’assurance de sa stabilité acquise grâce au bon choix de ses partenaires (Russie/Chine) que la perversité de la France vis-à-vis de l’Afrique ne cessera pas tant que celle-ci prêtera le flanc avec son ignorance, sa faiblesse ou sa vénalité.

    Une Afrique qui se doit de hausser le ton contre toute présence qui porte atteinte à sa souveraineté. Pas que contre la France qui persiste. Elle se doit, comme le reste du monde libre, de délimiter ses lignes rouges pour s’affranchir de cette tutelle créant le besoin et qui suce son sang depuis des siècles pour le recracher en métropole sur les immigrés.

    L’Algérie en soutenant la Libye, la Tunisie, le Mali ouvre une brèche dans la forteresse de la Françafrique qui n’est grande que parce qu’elle s’appuie sur les épaules du continent le rabaissant à chaque élection présidentielle. Ne répondez pas à la fausse flatterie du sommet Afrique France qui n’est qu’un écran de fumée où on a pris pour figurants les enfants de Harkis et des nègres de salons venus danser autour de la Macronie dans une mise en scène digne d’une démocratie intermédiaire.

    La France de Macron s’obstine dans un déni futuriste de s’acquitter de sa dette morale et matérielle qu’elle a envers ses anciennes colonies. Il faut cesser de croire que seul le système est coupable, son peuple dans sa majorité, naguère jouissant des privilèges de l’empire colonial, soutient par orgueil secrètement un Macron embourbé dans les dédales d’une histoire proche peu reluisante. Tout ceci laisse une porte grande ouverte royalement à la Chine, aux Russes et aux Américains pour rafler la mise dans un monde qui change plus vite que certains.

    Le printemps arabe n’a emporté que les pays faibles et mal accompagnés. Quand Kadhafi s’est tourné vers la Chine et la Russie, ils l’ont éliminé. L’Occident a fait du terroriste un fonds de commerce aux détriments des nations instables. L’Algérie prouve par sa stabilité que malgré ses positons non-alignés, elle reste solide et le Hirak peut suivre son cours vers sa maturité politique sans immixtion dans ses affaires de parties étrangères déstabilisatrices déguisées en âmes charitables.

    L’Afrique doit rendre l’aumône à l’Occident. L’époque des renversements est révolue, et la Russie apparaît comme un partenaire solide qui parraina la Syrie que le Western World réuni n’a pu renverser. La Russie, et la Chine s’érigent lentement en rempart contre le néo-colonialisme offrant une alternative à une Afrique riche en ressources et pourtant exsangue des abus séculaires de Londres, Paris et Washington.

    Mohammed Mezouar

    Aldjazair.org, 09/10/2021

  • Maroc: Centenaire de la proclamation de la République du Rif

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    Abdelkrim annonce l’indépendance de la République du Rif

    Un jour comme aujourd’hui en 1921, il y a 100 ans, à Nador (actuel royaume du Maroc), et dans le contexte de la guerre de colonisation espagnole du Rif (tiers nord du Maroc actuel), le leader anticolonialiste Muhammad ibn Abdelkrim al-Khattabi, plus connu sous le nom d’Abdelkrim, a annoncé que les Kabyles (nations autochtones du Rif), s’étaient mis d’accord pour proclamer l’indépendance du territoire, qui serait constitué comme une république présidée par lui-même.

    Cette proclamation est entrée en vigueur deux semaines plus tard (18 septembre 1921) ; et la République du Rif, était une entité politique pendant cinq ans (jusqu’en 1926).

    Cette annonce était la première conséquence de ce que la presse espagnole et la classe politique de l’époque appelaient la catastrophe d’Anoual.

    Quatre semaines plus tôt, les forces kabyles avaient infligé une série de défaites militaires aux troupes coloniales espagnoles. Le premier était dans Anoual (22/07/1921); qui a anéanti à plus de 9000 soldats de l’armée coloniale (dont beaucoup étaient catalans) pris en embuscade et massacrés en raison de la mauvaise planification du général Fernández Silvestre. Anoual serait la première tuile d’un château de dominos, qui culminerait à Nador, à deux pas de Melilla (09/08/1921).

    L’annonce d’Abd el-Krim a déclenché toutes les alarmes de la sombre puissance économique espagnole qui protégeait la vie politique espagnole.

    Ce pouvoir, formé par les lignées de banquiers basques et madrilènes et de propriétaires terriens castillans et andalous avait massivement investi dans le Rif qui, avec le départ des forces coloniales espagnoles, était menacé.

    Garcia Prieto (ancien président du gouvernement et ancien ministre de plusieurs portefeuilles) a tenté de prédisposer l’opinion publique espagnole en faveur d’une nouvelle intervention armée au Maroc, proclamant que dans Anoual, l’Espagne avait touché le fond. À peine deux ans plus tard (15/09/1923), après plusieurs gouvernements de courte durée, le général Primo de Rivera a effectué un coup d’État avec la promesse de « mettre fin au problème africain ».

    Elnacional.cat, 04/09/2021

  • La trahison du Maroc confirmée par une lettre de l'Emir Abdelkader

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    Une lettre de l’émir Abdelkader le confirme : La trahison est innée chez la famille royale marocaine !
    Chacun de nous connaît sans doute la résistance héroïque et homérique du peuple algérien sous la direction éclairée de l’émir Abdelkader.
    Mais ce que l’opinion connaît sans doute beaucoup moins, c’est la trahison ; et le poignard dans le dos dont nos vaillants guerriers ont été victimes de la part du palais royal marocain. Celui-ci, dirigé en 1844 par le sultan Abderrahmane, avait conclu un accord avec la France coloniale et envahissante.
    Celui-ci, dénommé « traité de Tanger », qualifiait de «hors-la-loi« et de « bandit » l’ensemble des braves résistants algériens.
    L’émir Abdelkader, littéralement poignardé dans le dos, s’est retrouvé acculé par les forces envahissantes françaises d’un côté et l’armée traitresse marocaine de l’autre.
    Ce que voyant, l’émir Abdelkader, pour éviter un bain de sang, et épargner des vies, a préféré se rendre à la France, sous conditions précises, plutôt qu’au félons marocains.
    Dans une lettre adressée aux prestigieux ulémas égyptiens, il y déplore la trahison, la couardise, la servilité et la versatilité du régime alaouite.
    L’émir Abdelkader, dans une prosodie belle à couper le souffle, s’en prend vertement au sultan marocain. Il y écrit clairement que « Moulay Abderrahmane a pris fait et cause pour les mécréants envahisseurs, affaiblissant par là-même les troupes et les forces musulmanes, serviteurs du Tout Puissant créateur de l’univers. Historiquement parlant, la famille royale marocaine s’est donc rendue coupable dès cette époque d’ « apostasie » et de « trahison suprême », à l’égard de toute a « oumma musulmane ».
    Il ne s’agit rien moins que d’un acte inqualifiable, imprescriptible et impardonnable. Cette honteuse trahison poursuit jusqu’à ce jour la famille de Mohamed qui, au lieu de tenter de se racheter, n’a fait que s’enfoncer, au même titre que son défunt père Hassan II.
    Objectif face à l’adversité, et sachant sagesse garder, l’émir Abdelkader loue les mérites du peuple marocain, voisin et frère.
    Celui-ci, en effet, n’est absolument pas représenté par cette famille qui porte en son sein les germes de la trahison. Il est en effet honteux pour ce peuple d’être dirigé par des traitres, désormais amis et alliés officiels du lobby sioniste.
    L’histoire secrète et honteuse de cette famille usurpatrice vient prouver que la pratique de la trahison, ne fois acceptée, devient carrément une seconde nature chez ses adeptes.
    Félons de pères en fils…
    Là encore, des preuves abondant dans ce sens existent à profusion. Que l’on en juge. Mohamed VI, de même que ses aïeux, qui prétendent que leur lignée généalogique remonterait au prophète Mohamed (QSSL), ne sont en fait que des menteurs, des manipulateurs et de vulgaires usurpateurs.
    L’histoire, cette science exacte qui n’accorde jamais au vaincu le droit d’en réécrire les chapitres infâmes et infâmants, accable de la manière la plus imparable qui soit la famille régnante au royaume chérifien.
    Elle doit e effet sa richesse et son pouvoir au maréchal Hubert Lyautey, premier résident général du protectorat français au Maroc durant les guerres d’invasion coloniale. Loin d’être séculaires, ses racines ne remontent en effet qu’au siècle dernier. Autant dire qu’elles sont carrément usurpées.
    C’est ce maréchal qui a véritablement constitué ce royaume, tel que connu présentement en 1925. C’est, du reste, ce que nous avait déjà déclaré Mustapha Adib, l’ancien officier dissident des FAR (forces armées royales), actuellement réfugié à Washington.
    Plus grave encore, c’est l’élimination de Moulay Hafid, hostile à l’occupation française, au profit de Hassan 1er, qui a permis, en 1917 à peine l’érection de cette dynaste, et la confection du drapeau marocain.
    Hassan 1er, est-il besoin de le préciser ici, était ami et allié de l’occupant français. Et c’est également de la troupe dite « Garde Léo Morgan », qui a également composé l’hymne national marocain. Artificiel de par son essence et sa naissance même, ce royaume usurpateur et faux, doit donc son existence et sa survie à la France.
    Partant, l’on comprend dès lors beaucoup mieux pourquoi il porte en lui-même les germes de la trahison, du crime et de la perfidie.
    C’est la principale raison pour laquelle l’émir Abdelkader, trahi et poignardé dans son dos, a fini par déposer les armes, épargner la vie de ses hommes et de son peuple, et éviter un bain de sang. Il avait été trahi et poignardé dans son dos par Moulay Abderrahmane en 1844 suite à la conclusion du traité de Tanger.
    Considérant qu’il a été trahi par un proche, de surcroît musulman, l’Émir se rendit à la France sous des conditions bien précises, comme il le dit lui-même : « La lutte est finie, Dieu en a décidé ainsi. J’ai combattu pour ma religion et mon pays…Nous devons nous rendre à l’évidence.
    Que puis-je faire encore dans ce pays alors que la cause est perdue ?…Quand nos citoyens rejoignirent les chrétiens, je me suis mis du côté du sultan marocain parce que nous étions tous musulmans. La seule question qui reste à trancher est la suivante : «Faut-il se soumettre aux chrétiens ou au sultan du Maroc. Vous pourrez choisir ce qui vous paraît convenable. Quant à moi, mon choix est fait. J’ai décidé de négocier avec mon ennemi que j’ai combattu et à qui j’ai infligé bien des défaites, plutôt que de me soumettre à un musulman qui m’a trahi… ».
    La série de trahisons marocaines est loin de s’arrêter là puisque même le terrible débâcle des troupes arabes face à l’armée sioniste en 1967 durant la guerre des six jours n’a été rendu possible que parce-que Hassan II avait remis aux agents du Mossad les enregistrements des discussions tendues qui avaient eu lieu entre certains dirigeants arables avant le déclenchement de ce conflit armé.
    Et, comme si cela ne suffisait pas, force est de supposer que la famille Moulay « traficote» avec les juifs, et les sionistes aussi. Un sursaut salvateur du peuple marocain doit impérativement se produire. Il y va de son honneur et de sa dignité. Avis
    Mohamed Abdoun
    La Patrie News, 30/08/2021
  • « De notre Mémoire », un projet sur l’histoire de l’Algérie 1830-1962

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    Lancement du projet « De notre Mémoire » sur l’histoire de l’Algérie 1830-1962

    Le ministère des Moudjahidine et des Ayants-droit a annoncé, lundi, le lancement du projet « De notre Mémoire » en coordination avec le ministère de la Communication, dans l’objectif de faire connaître l’histoire de l’Algérie de 1830 à 1962.

    A l’occasion du double anniversaire de la journée du Moudjahid (20 août 1955 – 20 août 1956), le ministère a indiqué qu’il procédera à l’élaboration d’un dossier sur l’histoire de l’Algérie qui sera publié par la presse écrite au regard de son rôle central dans la communication des valeurs et des principes de la révolution du 1er Novembre et de la Mémoire nationale.

    Le ministère des Moudjahidine a affirmé qu’il œuvre à travers ce projet à « préserver la Mémoire nationale et à promouvoir le sens historique auprès du lecteur pour l’accoutumer à suivre la rubrique histoire dans la presse et les médias nationaux ».

    Le chef du cabinet du ministère des Moudjahidine, Fouad Benslimane a déclaré que ce projet sera lancé à l’occasion de la journée du Moudjahid, ajoutant qu’une conférence « importante » sera organisée mercredi prochain après approbation du Comité national chargé de la célébration des journées et des fêtes nationales pour permettre d’exposer le programme national dans les médias et de « transmettre notre histoire glorieuse à la génération montante ».

    Dans le cadre des démarches du ministère à préserver et à vulgariser la Mémoire nationale, la sous-directrice du patrimoine historique et culturel du ministère, Salima Thabet a, de son côté, mis en avant « le rôle majeur » des médias dans la diffusion des principes de la guerre de libération et la consécration des fondements de la personnalité nationale auprès des générations montantes.

    MH

    Le Réveil d’Algérie, 16/08/2021

  • Frantz Fanon et la violence révolutionnaire

    Le président de Cuba a appelé le peuple à descendre dans la rue pour défendre la révolution. Les marionnettes de l’empire l’ont accusé d’encourager la violence, mais Fanon l’a défendu.

    Le 20 juillet 1925, dans la Martinique, alors colonie française, naissait Frantz Fanon, militant du tiers-monde et l’un des plus grands intellectuels du XXe siècle. Citoyen du monde, Fanon a vécu avec la plus grande intensité, combinant engagement intellectuel et militantisme politique comme peu d’autres, et a été un exemple unique de l’union du radicalisme théorique et de la praxis décolonisatrice.

    Dès son enfance et sa jeunesse dans les Caraïbes, il a vécu de près la double dimension du colonialisme – matérielle et subjective – et a été touché par des événements à l’échelle mondiale, comme la Seconde Guerre mondiale, qui ont aiguisé sa conscience des liens entre violence coloniale, racisme et exploitation économique.

    En 1942, lorsqu’il s’engage dans l’armée française et est envoyé au Maroc, Fanon commence son pèlerinage autour du monde. Après avoir participé à la campagne victorieuse d’Aimé Césaire pour la mairie de Fort-de-France, il s’installe à Lyon en 1947, où il entame des études de psychanalyse légale. À la suite de cette période, il publie en 1952 son premier grand classique, Peau noire, masques blancs, un ouvrage indispensable pour comprendre les effets subjectifs du colonialisme.

    Dans Peau noire, masques blancs, Fanon décrit comment l’entreprise coloniale crée une épidermisation du monde, dans laquelle la « race » en vient à définir la place, la position et le degré d’humanité des individus. Ainsi, prenant pour présupposé l’objectivation et la réduction de l’humain à un signe, un stéréotype ou un flou, le racisme, en déshumanisant, perturbe le processus de reconnaissance et fracture le processus communicationnel. En d’autres termes, la « race » est aussi une colonisation du langage, qui dénature son potentiel humain. Cette notion, nous le verrons bientôt, est centrale dans la construction ultérieure de la stratégie révolutionnaire de Fanon.

    Comme exprimé dès les premières lignes du livre, la base marxiste permet à Fanon de comprendre comment cette subjectivité pathologique du colonialisme s’enracine dans les conditions matérielles. Comme il le dira dans Les Damnés de la Terre : « dans les colonies, l’infrastructure économique est aussi une superstructure. La cause est la conséquence ». En posant en ces termes l’économie politique coloniale, face cachée du développement des « sociétés civilisées », Fanon explicite comment le capital a toujours dépendu et dépendra toujours de l’accumulation primitive et de la soumission des peuples et des territoires, qui ne peuvent être considérés comme des phénomènes périphériques, marginaux ou de simples imperfections du capitalisme. Ils font partie de sa sombre constitution : d’une part, le capital produit la course qui produit la mort ; d’autre part, la possibilité permanente de la mort signifie la course qui étalonne le profit capitaliste. Voici le moulin satanique qui génère des pathologies et des exterminations.

    En 1953, Fanon s’installe à Blida en Algérie, alors colonie française, où il prend la direction de l’hôpital psychiatrique. L’année suivante, la guerre d’indépendance algérienne éclate. Les conditions de ségrégation et de violence se sont intensifiées. Ce fut un tournant fondamental dans la vie de Fanon : le contact direct avec la brutalité du régime colonial lui fit éprouver une répulsion irréversible envers la France, tout en générant en lui un sentiment d’identification totale avec le peuple arabe.

    En 1956, il démissionne de l’hôpital et intensifie son activité secrète au sein du Front de libération nationale (FLN), l’une des principales organisations nationalistes algériennes. En première ligne du conflit, il va, au cours des années suivantes, mener entre l’Afrique du Nord et la France un intense travail révolutionnaire, propageant la cause de la décolonisation, apportant une aide médicale à la guérilla algérienne, participant à des événements internationaux (comme les Ier et IIe Congrès des artistes et intellectuels noirs) à la recherche de soutien à la lutte anticoloniale. Tout cela sans interrompre ses recherches sur la psyché des sujets colonisés.

    Sur la base des connaissances accumulées dans l’expérience révolutionnaire, Fanon a écrit son dernier classique, Condamné de la Terre, publié à titre posthume en 1961. Comme le souligne la traduction anglaise de 1973, il s’agit d’un livre de poche sur la révolution dans le tiers monde. De plus, grâce à sa solide théorisation de la réalité coloniale et de la lutte de libération, il est devenu une lecture essentielle pour les mouvements anti-impérialistes, insurgés et d’égalité sociale du monde entier. L’un des thèmes centraux de l’œuvre est la question de la violence. Le contexte concret dans lequel les Condamnés de la Terre ont été écrits a conduit Fanon à sortir sa théorisation de la violence du domaine de la moralité abstraite et à la formuler dans le cadre d’une critique du colonialisme, de la stratégie et de la praxis de la libération.

    Le double de la violence coloniale

    La violence est toujours vue sous un double angle. D’abord, il y a la violence coloniale elle-même, qui apparaît comme une apparition inaugurale. Avec ses mitrailleuses, ses uniformes, ses grenades, ses napalms, ses baraquements, ses barbelés, ses checkpoints, ses viols et ses prisons, elle constitue un monde. Cette violence crée également le colonisé, qui est invariablement un être constitué de l’extérieur, la cible d’un désir et le transfert des propres névroses du colonisateur. Comme le souligne Achille Mbembe dans la Pharmacie de Fanon, le colonialisme est une « pratique de décivilisation » perpétrée par le crime et la terreur, constituée d’un côté jour (la guerre) et d’un côté nuit (le camp et l’extermination). Dans sa logique concentrationnaire, elle déclare inutile une partie de l’humanité et formule un projet de division des individus par l’occupation, l’expulsion, la déportation et l’élimination.

    Le colonialisme multiplie les situations extrêmes, banalise l’indifférence, banalise les actes répugnants et habitue au sadisme. Au nom de la civilisation, de l’ordre et des valeurs libérales, cette violence rend stérile toute forme de communication basée sur la reconnaissance réciproque. Il intériorise ainsi le désir de ne rien savoir, de ne pas être impliqué et de manquer d’empathie. Une violence atmosphérique et universelle, qui se ressent dans la colonne vertébrale, dans la tension musculaire et dans l’étouffement de la respiration, qui comprime et resserre le colonisé, et finit par devenir le seul langage de la colonisation.

    C’est là que l’autre côté de la violence apparaît comme un double. Le colonisateur enseigne au colonisé que le seul discours qui est compris est celui de la violence. Les opprimés décident alors de s’exprimer à travers elle, opérant une inversion : c’est maintenant le colonisé qui dit aux colonisés qu’ils ne comprennent que le langage de la force. Cette inversion découle d’une compréhension plus large, à savoir que « la colonisation et la décolonisation sont simplement un rapport de forces ». La violence est donc une méthode de libération face à une réalité d’absence de la dialectique de la reconnaissance.

    Mais il y a plus. Tout d’abord, la violence anticoloniale est un scandale qui interrompt : elle suspend le monde connu jusqu’alors. La réalité du colonialisme introjecte chez le colonisé une mentalité refoulée, dans laquelle la seule perspective de changement est de s’installer à la place du colonisateur ; le persécuté qui rêve constamment de devenir le persécuteur. Les colonisés adoptent un comportement d’évitement, ne voulant pas voir que leur liberté dépend de la destruction du colonisateur, qu’ils aiment et désirent souvent ; mais ils vivent aussi avec une rage intérieure, qui est constamment déversée entre égaux ou canalisée dans différents types de fatalisme (moral, institutionnel, spirituel). En ce sens, étant un scandale, la violence contre-coloniale signifie un mouvement de désintérêt et de rejet absolu des mensonges et des distractions créés par le colonialisme, stimulant ainsi les opprimés à ne plus se raconter de fables : « les colonisés découvrent le réel et le transforment dans le mouvement de leur praxis, dans l’exercice de la violence, dans leur projet de libération ».

    En ce sens, la violence contre-coloniale, fondée sur un désir et une force contre le colonisateur, sert de critique au volontarisme aveugle, aux pacifistes, aux légalistes et aux partis de l’ordre, ceux qui se présentent comme des interlocuteurs légitimes de la population et du mécontentement ; ceux-là mêmes qui agissent comme des vendeurs de douleur et profitent de la souffrance des autres dans les tapis verts et les institutions du monde libéral. En même temps, il fait ressortir dans le langage la nécessité d’un renversement radical du système, sans remèdes.

    La décolonisation apparaît comme un processus historique de désordre absolu et de création de nouveaux peuples, avançant à travers tous les obstacles qu’il rencontre sur son chemin. Il s’agit donc d’un scandale contre l’ »hibernation » des intellectuels et des partis qui ne font que critiquer le système colonial mais ne croient pas qu’il puisse être renversé. C’est un scandale qui réveille de cette thérapie du sommeil, en redirigeant la colère des colonisés des salons, des bureaucrates et des chefs pâles vers leur propre libération. La violence contrecoloniale a un effet profondément désaliénant et démystifiant ; elle réveille et crie : « nos morts comptent aussi » et cela ne se résout pas dans les règles du jeu.

    La solidarité a fonctionné dans le sang et la rage

    C’est ici qu’apparaît le deuxième élément de la violence insurrectionnelle : la création et l’utilisation de l’antagonisme politique comme une praxis libératrice. Il maintient et renverse le manichéisme de la domination. S’il y a un binarisme dans le colonialisme, en revanche, il n’y a pas de vérité. Avec la violence contre-coloniale, ce manichéisme ne se dilue pas, le colon reste l’ennemi du colonisé, le sujet à massacrer, mais en inversant la  » normalité  » pathologique de la colonie, cette violence rétablit la vérité et délimite un antagoniste politique. C’est le bien (ou la vérité) qui afflige le colon. Les masses colonisées deviennent la proie d’une « folie de la vérité » lorsqu’elles réalisent qu’elles ont été dépouillées de tout et que seule cette folie peut mettre fin à leur mécontentement latent et les libérer de l’oppression coloniale. Ainsi, si tous les colonisés sont égaux aux colonisateurs, les colonisés répondent : tous les colonisateurs sont égaux. Si le colonisé était considéré comme le mal absolu, le colonisateur est maintenant considéré comme le mal absolu. Le manichéisme continue à se reproduire invariablement dans la lutte de libération.

    En tant que positivité formatrice, ancrée dans la relation d’antagonisme, la violence contre-coloniale génère une reconnaissance chez les colonisés. Elle articule une histoire et un destin communs. Elle permet également d’envisager un autre avenir. Elle construit le mortier de la solidarité « travaillée dans le sang et la rage ». C’est un moment affirmatif, presque « solaire », comme dirait Mbembe. Après le processus de déshumanisation créé par le monde colonial, c’est un moment fondateur/constitutif et un geste inaugural du sujet politique, qui rejette la soumission et établit la volonté de détruire et de dévaster. Pour transformer violemment l’univers en rien. Ainsi, non seulement elle rétablit l’humanité perdue de l’opprimé, qui devient ainsi un nouveau sujet, mais elle reconstruit les liens de reconnaissance réciproque entre les colonisés, qui en viennent à se considérer comme des humains parmi tous les autres.

    En ce sens, le colonisateur se libère dans et par la violence, qui fonctionne comme un moteur dialectique. Cette violence dialectique est la praxis absolue qui agit comme une véritable médiation, un élément d’agrégation et une rupture avec l’établi. Et en brisant l’interdiction discursive, la violence est un présupposé organisationnel de la lutte pour la décolonisation : elle permet aux colonisés de surmonter leurs différences, de se reconnaître, de transformer la haine en économie politique et de canaliser l’instinct en un surmoi politique. Dans ses effets constitutifs, transformateurs et inventifs, elle transforme le peuple en sujet historique dans sa lutte pour la libération. Et en créant et délimitant l’antagonisme, elle permet la construction, la composition, l’articulation d’alliances au sein de l’hétérogénéité des opprimés.

    Un chemin vers l’origine du futur

    Ceci nous amène au dernier aspect de la violence anticoloniale : elle est curative. Pour citer à nouveau Mbembe, la lutte permet aux opprimés de détendre leurs muscles et de respirer à nouveau. La possibilité d’un autre monde fait la fête à l’imagination. Violence and Insurgent Aesthetics est un travail intense sur le langage possible, qui ne se limite pas à l’institutionnalité coloniale et bourgeoise. Dans cette œuvre, le monde perd son caractère maudit. Les anciennes sédimentations culturelles sont brisées et la voie vers l’origine du futur est ouverte. En niant le monopole de la maladie et de la mort, elle recrée la possibilité du lien, de la reconnaissance, du rétablissement de l’opprimé dans son être et dans ses relations avec le monde. La violence anticoloniale est une thérapie qui génère une complicité et des intentions créatives avec un potentiel de guérison. Et en mettant en lumière ce qui a été refoulé, elle réunit les conditions de l’inévitable confrontation avec ce qui a traumatisé les colonisés.

    En ce sens, la violence contre-coloniale agit contre la matérialité du système colonial et l’esprit inhibé du colonisé à trois niveaux : comme scandale interruptif, comme créateur d’antagonisme politique et de réseaux de solidarité entre les opprimés, et enfin comme guérison. Enfin, Mbembe prévient que la violence présente toujours une dimension incalculable et imprévisible, et peut être soit un pont vers le salut, soit une ouverture dangereuse. Cependant, la théorie de Fanon met en évidence la confiance dans la violence révolutionnaire comme moyen de créer du nouveau, un instrument de résurrection régénérateur et décolonisateur, capable de faire la sourde oreille à l’ordre répressif.

    C’est là que réside l’une des contributions les plus précieuses de Fanon au monde contemporain, même si les conditions qu’il a décrites ne sont pas entièrement applicables aux différentes réalités de notre époque. Si, d’une part, il existe un sentiment généralisé de ressentiment, de mécontentement et de souffrance dû à des conditions de vie de plus en plus précaires, d’autre part, l’inévitabilité d’alternatives politiques est propagée dans une institutionnalité stérile au changement politique énergiquement démocratique. Dans ce contexte, la question de la violence est réduite à une discussion sur la supériorité morale ou monopolisée par les populismes conservateurs de toutes sortes, tous deux ancrés dans un rejet des transformations radicales.

    Un imaginaire politique pour la tradition des opprimés

    Fanon nous aide ainsi à élargir notre imaginaire politique et à donner un autre statut philosophique et politique à la violence, plus conforme à la tradition des opprimés. De cette manière, il nous apprend à retrouver la radicalité de la stratégie socialiste en période de morbidité tactique. Comme il le souligne lui-même dans Les condamnés de la terre, la violence révolutionnaire n’est pas une simple spontanéité. Elle doit se concrétiser dans la lutte contre l’individualisme, dans l’engagement dans des processus collectifs. Par conséquent, il fait partie du mouvement de considérer son problème comme le problème de tous, sans avoir le droit à l’indifférence, à l’ignorance et à la dissimulation. Décoloniser, c’est se collectiviser en désorganisant un monde et en en organisant un nouveau. Se mélanger au-delà de soi-même et s’immerger dans l’organisation populaire, ce qui permet de canaliser l’énergie et la volonté d’anéantir l’ennemi.

    Pour l’intellectuel et le militant insurgé, c’est une nécessité, car, comme le dirait un autre théoricien du peuple, le chanteur brésilien Chico Science : « Je peux partir d’ici pour organiser, je peux partir d’ici pour désorganiser, qu’en organisant je peux désorganiser, qu’en désorganisant je peux organiser ». De la boue au chaos comme condition d’un autre avenir.

    jacobinlat.com via La Haine, 25/07/2021

    Etiquettes : Frantz Fanon, violence révolutionnaire, colonialisme, colonisation, guerre de libération,

  • Algérie-Maroc: Irresponsable !

    Une nouvelle dérive vient d’être commise par le royaume du Maroc, avec le soutien relayé par sa représentation diplomatique à New York. Il s’agit d’un prétendu «droit à l’autodétermination du peuple kabyle», sorti des laboratoires sionistes. C’est une démarche en contradiction avec les principes et les accords qui structurent et inspirent les relations algéro-marocaines, et une violation flagrante du droit international et de l’Acte constitutif de l’Union africaine. Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a condamné énergiquement «une dérive particulièrement dangereuse».

    Cet acte est loin d’être le premier du genre. On garde en mémoire le soutien à peine voilé du Makhzen aux groupes terroristes qui ont ensanglanté l’Algérie durant la décennie noire. Il trahit l’acharnement du royaume à mener une campagne hostile contre l’Algérie, en usant d’une diplomatie aventuriste, irresponsable et manipulatrice. Le Maroc renoue ainsi avec ses pratiques, que les règles de bienséance en matière de diplomatie interdisent.

    Cet épisode n’est que la suite d’une longue liste de manœuvres dirigées contre l’unité de la nation algérienne et son intégrité territoriale. «Dans la situation ainsi créée par un acte diplomatique douteux commis par un ambassadeur, l’Algérie, République souveraine et indivisible, est en droit d’attendre une clarification de la position définitive du Royaume du Maroc sur cet incident d’une gravité extrême», souligne le ministère des Affaires étrangères.

    Avec cette énième dérive, le royaume démontre qu’il n’a cure de la nécessité d’entretenir des relations de bon voisinage, comme l’exigent les défis à relever au niveau d’une région géostratégique.

    Enlisé au Sahara occidental qu’il occupe, en dépit des multiples résolutions onusiennes, et confronté à une situation interne explosive, le Maroc tente, à travers cette manœuvre, de détourner le regard de l’opinion locale et internationale en s’attaquant à l’Algérie, «coupable», à ses yeux, de soutenir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    Occupé illégalement par le Maroc depuis presque un demi-siècle, le Sahara occidental, dont les richesses naturelles et minières sont pillées, les habitants brimés, emprisonnés, torturés, est la dernière colonie en Afrique. Le paradoxe ne s’arrête pas là. Les colons n’ont pas traversé les mers comme au XIXe siècle, mais ils sont nés sur cette terre africaine que de fois ensanglantée, que de fois livrée à la destruction et à la rapine. Est-il concevable que ce soit le voisin qui est le prédateur ?

    Dans toutes les cultures et traditions, l’histoire nous offre des exemples extraordinaires de solidarité, d’entraide et de soutien entre les proches et les voisins, sauf dans ce cas ahurissant qui ignore la légalité internationale, la morale, les us et coutumes pour dénier à un peuple le droit légitime, inaliénable de vivre libre sur son territoire et d’être maître de son destin. On dirait que dans le royaume voisin, l’histoire s’est arrêtée il y a deux siècles et a offert, par un effet de camera obscura, une vision qui a été à l’origine de la colonisation. Qui au XXIe siècle va parler de terra incognita pour le Sahara occidental, dont la revendication d’un référendum est la preuve que l’histoire et la mémoire habitent cette portion africaine et refusent le fait accompli qui leur dénie le droit d’être libres.

    Cette nouvelle manœuvre du Makhzen ne passera pas. L’Algérie, engagée dans l’édification d’institutions souveraines et démocratiques, et d’un État de droit, saura se dresser comme un seul homme face à ces attaques récurrentes, inéluctablement vouées à l’échec.

    EL MOUDJAHID, 17/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Kabylie, Omar Hilale, colonialisme, décolonisation,

  • Algérie : Polémique malsaine

    par Abdelkrim Zerzouri

    Mémoire nationale, symboles de la nation et histoire occupent la scène à la veille de la célébration du 59e anniversaire de l’indépendance, le 5 juillet 2021. Une date évocatrice de 59 années de souveraineté nationale de notre pays, qui rappelle à la mémoire le fruit d’un très long parcours de militantisme et de lutte d’un peuple contre le colonialisme, mais ce n’est, hélas, pas le débat qu’on voit et qu’on entend de nos jours. De nos jours, il y a plutôt une polémique malsaine, concentrée sur les atteintes aux symboles de la nation depuis l’éclatement de ce scandaleux outrage contre l’Emir Abdelkader et Houari Boumediene, qui nous fait oublier, surtout, que le contentieux mémoriel n’est pas interne. Qu’un Algérien ou deux aient des avis différents sur un héro de la révolution ou du mouvement nationaliste, cela ne peut voiler les hauts faits et les sacrifices que les Algériens ont consentis en gage d’amour à leur patrie tout au long de l’histoire de la lutte contre le colonialisme.

    Y a-t-il une volonté de jouer sur la fibre sensible émotionnelle des Algériens et chercher à dévier, maintenant, le cours de ce débat évènement autour des pires souffrances infligées à un peuple et les grands sacrifices d’hommes et de femmes qui ont offert leur vie, leur sang pour libérer le pays du joug colonial ? On peut tout croire, tant les rancœurs se saisissent de la moindre perche trouvée sur le chemin pour nous faire oublier la «fête» de l’indépendance, qu’on doit au peuple héros et à ses grands hommes qui ont marqué l’histoire du pays. Ce n’est vraiment pas le moment, donc, de focaliser entièrement le débat sur les outrages, aussi choquants soient-ils, aux symboles de la nation, contre lesquels la justice aura son mot à dire, afin de ne pas tomber dans le piège qui nous ferait traverser l’étape à côté de l’histoire, la véritable histoire héroïque du peuple qui devrait inspirer les générations de l’indépendance à aimer leur pays et faire le tiers minimum de ce qu’ont fait leurs aïeux pour lui rendre sa liberté.

    Dans le feu de l’actualité, outrageante contre les hommes qui ont marqué l’histoire du pays, on devrait rebondir sur le débat réel, soit comment préserver la mémoire de la nation et protéger ses symboles dans le contexte du discours de haine et de remise en doute de la glorieuse histoire de l’Algérie, comme le suggère la conférence placée sous le thème «Fidélité aux symboles de l’Algérie» et organisée, mardi dernier, par des jeunes de l’Organisation nationale des étudiants libres (ONEL), à l’Université d’Alger ‘2′.

    Plus loin encore, pour répondre aux discours de la haine, rien de mieux que de semer l’amour de la patrie. Et, ce n’est pas uniquement du rôle ou du pouvoir des historiens de le faire, mais également des pouvoirs publics, qui doivent instaurer un climat de confiance et d’égalité des chances, un pays de droit et de valeurs pour lesquels ces symboles de la nation ont tout sacrifié. Les nouvelles générations seraient immunisées contre les outrages et les atteintes aux symboles de la nation si les gouvernants concrétisaient leurs idéaux, résumés dans la déclaration du 1er novembre, dans le temps présent. C’est le serment qu’on doit aux symboles de la nation.

    Le Quotidien d’Oran, 01/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Mémoire nationale, symboles de la nation, histoire, Emir Abdelkader, colonialisme, guerre de libération, Houari Boumediene,