Étiquette : colonialisme

  • « Nouvelle-Calédonie : La France est partie! »

    Une interview inédite de Michel Rocard réalisée en 2003

    Aujourd’hui, en classant mes archives, je suis tombée sur mon classeur de l’école de journalisme. Je tournais les pages avec un peu de mélancolie, me remémorant ces moments de reportage dans le Nord de la France, relisant les commentaires des profs de l’ESJ Lille… Et, soudain, au milieu du portrait d’un descendant de harki à Roubaix et d’un compte rendu d’audience au tribunal de Lille, je vois cette interview de Michel Rocard ! Elle m’était sortie de l’esprit ! Je souris… Et je vois ma note ! 17. J’entends alors une voix surgir de mes souvenirs – certainement Dominique Mobailly, la responsable de la filière presse écrite me préciser en me rendant la copie » + 1 point pour avoir réussi à décrocher une interview d’un ancien Premier ministre ». Pour moi, il était surtout le père des Accords de Matignon.

    18 ans plus tard, je suis dans mon cellier, et je parcours son interview. Là, à côté de mon vélo, de ma glacière et de mes vieux classeurs poussiéreux, je reste médusée par l’incroyable actualité de cet entretien. Comme si le temps s’était figé. Il y a 18 ans, il était déjà question d’instabilité au gouvernement, de contestations face au projet de la société Inco dans le Sud, et du manque de représentation des parties non historiques. Sentiment étrange d’un passé soudain ressuscité, ou plutôt d’un passé qui n’a jamais disparu !

    Alors, je scrute les réponses de cet homme si brillant, si fin, si franc aussi dont la parole nous manque. La pertinence et l’actualité de son analyse sont stupéfiantes.

    Décidément, le passé résiste dans notre pays…

    Source : Entre oui et non, 6 mars 2021

    Tags : Nouvelle Calédonie, France, Colonialisme, colonisation,



  • 61 ans plus tard, les Algériens souffrent toujours de l’héritage atomique de la France

    Source : TRT World, 15 fév 2021 (traduction de l’anglais)

    Les experts estiment que le passé nucléaire de la France en Algérie ne doit plus rester enfoui dans le sable.

    Le 13 février 1960 au matin, la France a testé sa première bombe nucléaire appelée «Gerboise Bleue» (Blue Jerboa) dans la région de Tanezrouft, une partie du Sahara qui chevauche l’Algérie et le Mali, à environ 30 miles au sud de Reggane.

    Gerboise Bleue avait une capacité d’ explosion de 70 kilotonnes, soit plus de quatre fois la force de Little Boy, l’arme nucléaire américaine qui a été larguée sur Hiroshima à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    À l’époque, les autorités françaises affirmaient que les tests se déroulaient dans des zones inhabitées et désertes. Cependant, il a été révélé plus tard que des milliers de personnes vivaient sur les sites où la France testait ses armes nucléaires.

    Les Algériens vivant dans ces régions n’ont pas été correctement avertis après la campagne d’essais de bombes nucléaires mal gérée de Paris autour de la ville de Reggane en 1960, qui a vitrifié de vastes étendues de désert avec de la chaleur et du plutonium, laissant un héritage de radiations non confinées qui paralyse encore les habitants.

    Selon le ministère français de la Défense, le nombre d’Algériens touchés par les tests était de 27000 mais selon les chiffres fournis par un professeur algérien de physique nucléaire, Abdul Kadhim al Aboudi, le nombre de personnes qui y vivaient était de 60000.

    En l’espace de deux ans, de 1960 à 1962, la France testa quatre bombes au-dessus du sol à Tanezrouft. Les tests ont eu lieu même après l’indépendance de l’Algérie de la France en 1962, qui a été obtenue après une guerre révolutionnaire de huit ans qui a fait des centaines de milliers de morts. Malgré cela, les Français maintiennent toujours une présence militaire dans la région et testent 13 bombes nucléaires dans une installation souterraine sous les montagnes du Hoggar, à 643 km au sud-est de Reggane.

    De 1960 à 1967, Paris a réalisé 17 essais nucléaires atmosphériques et souterrains dans les régions de Reggane et du Hoggar. Neuf d’entre elles ont été menées après l’indépendance de l’Algérie.

    Selon les experts, près de 42 000 Algériens ont été tués et «des milliers irradiés» lors de ces tests particuliers menés par la France entre 1960 et 1967.

    Des estimations modestes suggèrent que depuis 1960, au moins 150 000 personnes ont vécu, près ou voyagé dans des régions où la France a testé ses armes atomiques.

    Les dégâts causés en Algérie ont commencé à se faire jour au milieu des années 90. Une organisation de citoyens a détecté des dommages physiologiques survenant souvent chez les résidents vivant à proximité du site d’essai ainsi que chez les nomades voyageant à travers le Sahara.

    Plusieurs rapports ont également révélé que le plutonium radioactif utilisé est responsable de niveaux élevés de cancer de la peau dans le sud de l’Algérie, parmi de nombreuses autres maladies.

    L’accord d’Evian

    En 1962, la guerre d’indépendance algérienne a pris fin, au moins sur le papier. Le document, simplement intitulé «Déclarations rédigées de commun accord», a été signé dans une ville de la rive française du lac Léman plus connue pour son eau en bouteille que pour son rôle dans l’histoire diplomatique: Evian-les-Bains.

    Connu sous le nom d’accords d’Evian, le règlement a appelé à un cessez-le-feu immédiat et a établi les paramètres de l’indépendance de l’Algérie.

    Cependant, conformément à une clause de l’accord, la France a été autorisée à poursuivre son programme d’essais jusqu’en 1967. Le gouvernement algérien sous la présidence de Chadli Bendjedid a secrètement autorisé la France à poursuivre ses essais sur le site B2-Namous de Reggane jusqu’en 1986 .

    Lorsque les Français ont finalement quitté l’Algérie, ils ont enterré une gamme d’objets contaminés dans les deux zones – du métal provenant de tours télécommandées qui ont activé les bombes, des pièces de moteur d’avions qui ont volé dans le champignon de Gerboise Bleue pour recueillir des données sur les radiations et des camions de qualité militaire. placé dans le rayon de l’explosion pour agir comme baromètres de sa puissance.

    En raison des vents sahariens dans la région, le sable recouvrant ces tombes de déchets nucléaires a été emporté. Les personnes vivant dans le sud de l’Algérie n’ont jamais été informées par la France des risques de radiation résiduelle et les gens ont commencé à utiliser des articles contaminés comme ressources.

    Bien que Paris ait été sévèrement critiqué pour son mépris des pratiques sûres de confinement nucléaire à la fois sur le plan interne et international, il est resté relativement silencieux sur la question.

    Un expert en énergie nucléaire algérien, Ammar Mansouri, qui avait précédemment décrit les essais comme «les crimes les plus méprisables perpétrés par la France coloniale en Algérie», demande maintenant à la France – qui a signé un traité rétroactif de l’Association internationale de l’énergie atomique sur la gestion des déchets radioactifs en 1997 – de faire face la loi internationale.

    Plus de six décennies après la réalisation de Gerboise Bleue, un rapport de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) recommandait à la France d’aider l’Algérie au nettoyage des sites concernés.

    Selon le rapport ICAN : «Dès le début des essais nucléaires, la France a mis en place une politique d’enfouissement de tous les déchets dans le sable. Tout ce qui a pu être contaminé par la radioactivité a dû être enterré.

    Cela comprenait des avions, des chars et d’autres équipements. Pire encore, les matières radioactives ont été laissées à l’air libre, exposant ainsi la population et l’environnement à un danger assuré.

    Le rapport mentionnait également que, la France n’ayant été soumise à aucune obligation au titre des accords qu’elle a conclus avec l’Algérie, elle n’a jamais révélé la localisation ni la quantité des déchets enfouis.

    Le rapport disait: «Le passé nucléaire ne devrait plus rester enfoui profondément dans le sable.»

    Les séquelles toxiques de l’héritage atomique de la France

    Les résidents du sud de l’Algérie ont signalé l’étrange augmentation des problèmes médicaux apparus pour la première fois dans les années 1970 et persistants jusqu’à nos jours.

    Bébés nés avec des membres atrophiés; cancers du foie, de l’estomac et de la peau; et la cécité de ceux qui ont été témoins des éclairs nucléaires brutaux lorsque les bombes ont explosé . À Reggane, beaucoup étaient au milieu de leurs prières du matin (fajr) lorsqu’une détonation a eu lieu.

    Ceux qui ont survécu doivent faire face à des incidences plus élevées de cancer, de malformations congénitales et de mutations génétiques pendant des générations. Si les sources de rayonnement sont toujours là, de manière invisible, le danger demeure réel et présent parmi elles toutes.

    Plus d’un demi-siècle plus tard, la France n’a pas encore assumé l’entière responsabilité de son sombre héritage colonial en Algérie.

    Le mois dernier, Paris a annoncé qu’il n’y aurait pas d’excuses pour la colonisation et ses activités qui ont coûté la vie à des millions de personnes au cours de ses 132 ans d’occupation de l’Algérie.

    Tags : Algérie, France, Mémoire, colonisation, colonialisme, essais nucléaires,

  • L’impérialisme américain restera toujours l’impérialisme américain…

    Après l’investiture officialisée il y a 7 jours de Joe Biden, mettant fin au mandat de Donald Trump, nombreux étaient les regards tournés vers les Etats-Unis pour voir si un vrai tournant allait s’opérer, notamment au niveau de la politique internationale. Et force et de constater que pour l’instant, il n’y a pas eu de grands bouleversements.

    Nous étions pourtant en droit, si l’on écoutait la plupart des médias occidentaux pro-impérialisme US à voir de réels changements, et ce dès le début du mandat.

    Pourtant les dernières mesures, que l’on pourrait qualifier de provocations de la part de Trump et de Mike Pompeo sont toujours en place. Cuba reste un « Etat soutenant le terrorisme » tandis que le Sahara Occidental est toujours considéré comme marocain par les Etats-Unis, en témoigne le maintien du consulat américain en terre Sahraouie.

    Deux non-actes qui peuvent sembler anodins en une semaine de mandat, mais qui néanmoins semblent marquer une volonté d’afficher une rupture avec le mandat Trump sur la forme (en témoigne notamment la communication sur la composition du cabinet et des secrétaires d’Etats), mais pas sur le fond.

    Mais il ne s’agit pas que de Cuba et du Sahara Occidental. Preuve qu’il n’y a vraisemblablement aucune volonté de changement à la politique impérialiste américaine telle qu’elle a été orientée ces dernières années, il n’y a qu’à voir les tentatives de déstabilisation en cours dans d’autres pays.
    On peut ainsi voir qu’au Venezuela, le putschiste Juan Guaido qui a pourtant perdu quasiment tous ses soutiens reste soutenu et considéré comme président légitime par les Etats-Unis.

    De même, il y a le cas de la Russie : si l’on ne peut remettre en cause les manifestations et la colère légitimes de la part d’une partie grandissante de la population russe envers Vladimir Poutine, il faut comme cela est toujours le cas dans les pays de l’ex-URSS voir par qui cette contestation est menée selon les Occidentaux.

    En l’occurrence, Alexeï Navalny, qui serait soi-disant le premier opposant à Poutine. Nous passerons sur le fait que ce ne soit pas le cas, étant donné que les communistes restent la première force d’opposition à Russie-Unie, le parti de Poutine, que cela soit dans les urnes ou sur le terrain. Mais il est également à noter que celui qui est présenté comme étant un grand démocrate est en réalité plus que proche de l’extrême-droite. Enfin, ses liens avec les Etats-Unis sont loin d’être inexistants, ayant ainsi été à l’Université Yale dans le cadre du programme « Yale World Fellows » et ayant bénéficié de financements de la National Endowment for Democracy, que l’on pourrait résumer comme étant une fondation promouvant la déstabilisation d’Etats dans le but d’y instaurer des régimes pro-américains.
    Comme en Biélorussie ou en Ukraine dernièrement, la mobilisation légitime d’une partie grandissante de la population russe semble ainsi aller de pair avec une tentative de déstabilisation américaine, ce qui n’est encore une fois pas une preuve de changement de politique internationale de la part de Biden.

    Enfin, comment ne pas voir de continuité dans la politique internationale auparavant opérée par Trump et maintenant dirigée par Biden dans les relations avec la Chine ?

    La guerre commerciale est toujours ouverte et l’administration Biden ne cherche pas à la calmer, Gina Raimondo , nouvelle secrétaire d’Etat au commerce ayant ainsi signifié au Sénat sa volonté de rester ferme et même agressive envers la Chine.

    De plus, pour ne citer qu’un élément, l’investiture de Biden aura été marquée, là où l’on aurait pu espérer une volonté d’apaisement envers les autres pays, par une provocation envers la Chine.

    En effet, une représentante de Taïwan avait été invitée, alors que ni les Etats-Unis ni la Chine ne reconnaissent son existence en tant qu’entité indépendante, Beijing considérant par ailleurs toujours Taïwan comme étant une région sécessioniste depuis 1949 et la fuite des troupes du Kuomintang sur l’île à la suite de la proclamation de la République Populaire de Chine. Il s’agit de plus ici d’une violation du consensus international voulant qu’il n’y ait qu’une seule Chine (Taïwan se nommant officiellement République de Chine, dans la continuité de celle abolie à l’instauration de la République Populaire de Chine).

    Le constat est peut-être dur au bout d’une semaine, mais les attentes envers le président Biden sont légitimement énormes depuis son élection et ses nombreuses annonces de ruptures avec la politique, y compris internationale menée par son prédécesseur Trump. Comme nous avons pu le constater, il n’en est rien pour l’instant, les Etats-Unis ayant même vraisemblablement choisi d’ouvrir un nouveau front en Russie. Décidément, l’impérialisme américain restera toujours l’impérialisme américain…

    Mathieu Raffini

    Source : Témoignages, 28 jan 2021

    Tags : Impérialisme, colonialisme, exploitation, colonisation, spoliation, pillage,

  • La France et la colonisation en Algérie : "Ni repentance ni excuses"

    « Ni excuses ni repentance ». Ce sont les termes utilisés par la présidence de la République française à propos de cettelancinante question qui a tant influé sur le cours des relations entre les deux pays.

    Tout espoir de voir la France d’Emmanuel Macron s’excuser pourles crimes commis contre le peuple algérien durant la longue nuit coloniale s’est évaporé. Définitivement. En effet, la France vient de trancher de manière limpide qui ne souffre d’aucune équivoque : « Ni excuses ni repentance ». Ce sont les termes utilisés par la présidence de la République française à propos de cette lancinante question qui a tant influé sur le cours des relations entre les deux pays. Les Algériens, qui nourrissaient le secret espoir de voir la France d’Emmanuel Macron franchir le pas et demander le pardon du peuple algérien savent désormais àquoi s’en tenir. Cette position de la présidence de la République française a été exprimée hier à l’occasion de la remise du rapport sur la question mémorielle entre l’Algérie et la France. Un rapport remis à Emmanauel Macron par l’historien Bendjamin Stora. Cet éminent historien à remis son rapport sur « Les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie » avec des propositions pour parvenir à une « nécessaire réconciliation » franco-algérienne, près de 60 ans après la fin de la Révolution algérienne.
    Ainsi, selon le communiqué de l’Elysée, la France dit envisager des « actes symboliques », mais annonce qu’il n’y aura « ni repentance ni excuses ». La présidence française précise en outre que « le chef de l’État participera à trois journées de commémoration dans le cadre du 60e anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie en 1962 : la Journée nationale des harkis le 25 septembre, la Répression d’une manifestation d’Algériens le 17 octobre 1961 et les Accords d’Evian du 19mars 1962 ». Cette position n’est pourtant guère surprenante, eu égard à ce qui se passe en France où les forces d’extrême droite et les nostalgiques de « l’Algérie française » ont le vent en poupe et constituentune grande force électorale. Autant dire que dans le paysage politique interne français cela représente une importante équation, d’où les craintes que nourrissent certains politiques de s’attirer l’animosité de cet importante frange du peuple francais. Mais qu’à cela ne tienne certains considèrent donc que le Président français a été à l’écoute de cette frange de la population etn’a pu donc franchir le pas, lui qui a pourtant eu par le passé des positions jugées « courageuses » par rapport à la question de la colonisation.
    Reppelons- nous la fameuse interview accordée à la chaîne de television Echourouk en 2017 ou Macron n’était pas encore président de la République française, mais seulement candidat à la présidence. Macron avait alors qualifié la colonisation « de crime contre l’humanité ». Une déclaration qui a soulevé, comme attendu, un tollé général en France.Depuis, et par petites touches successives, Macron, devenu Président de la République, a opéré un changement.En tout cas cette position ne fera que renforcer l’exigence du peuple algérien qui, lui, s’en tient mordicus à la revendication de la présentation par la France de ses excuses pour les crimes commis durant la colonisation. Certains, en Algerie, considèrent que la « repentance » de la France est la condition sine qua non pour booster les relations entre les deux pays. Cela dit, du côté algérien on attend le rapport de Abdelmadjid Chikhi, le conseiller chargé des archives et de la mémoire auprès de la présidence, chargé par le Président Tebboune de travailler sur la question mémorielle.
    Par : KAMAL HAMED
    Le Mide Libre, 21 jan 2021
    Tags : France, Algérie, Colonialisme, Colonisation, mémoire, crimes, Guerre d’Algérie,
  • La France et le Maroc : Une alliance stratégique contre l’Algérie et la RASD

    Lors de l’indépendance de l’Algérie en 1962, le sentiment anti-algérien était limité aux membres de l’OAS et aux harkis. Aujourd’hui, ce sentiment semble avoir évolué, tel une tache d’huile, pour englober toute la société française. Certes, de nombreuses personnalités et journalistes se trouvent prisonniers du piège de la diplomatie de La Mamounia, mais il faut des raisons plus solides pour justifier l’amour débordé des français pour le Maroc et la haine viscérale qu’ils vouent à l’Algérie.

    Le pouvoir occulte de l’Etat français a joué un rôle fondamental via ses médias en vue de configurer l’opinion publique française et ses sentiments envers son ancienne colonie. L’Algérie a été diabolisée aux yeux des français en vue de créer le terrain propice aux plans stratégiques conçus conjointement avec le Makhzen dans le but de casser le sentiment nationaliste dans la région du Maghreb dont l’Algérie constitue la pointe de fer et qui constitue le seul obstacle devant les desseins colonialistes des alliés franco-marocains.

    Ce sentiment cultivé par l’Etat français a facilité la tâche aux services secrets marocains qui se trouvent à l’Hexagone comme un poisson dans l’eau, notamment s’il y a de l’argent au milieu. Les documents confidentiels de la diplomatie marocaine corroborent ce fait. Les agents de la DGED n’ont eu aucune difficulté à mobiliser la presse et les élites françaises contre l’Algérie et son allié le Front Polisario. Ce dernier sera présenté comme un mouvement identifiable aux mouvements terroristes qui agissent dans les déserts du Mali. Non sans raison, la chaîne France25 est truffée de journalistes marocains dont le seul plaisir est de régler leurs comptes avec Alger.

    Même la chaîne LCI n’a pas manqué à l’appel de guerre contre la Mecque des Révolutionnaires. Dans ses journaux télévisés et émissions animées par le journaliste Vincent Hervouet, LCI n’a pas hésité à inviter Ferhat Mehenni et ses acolytes du MAK en vue de sémer la zizanie entre les différentes composantes de l’Algérie. Hervouet ira jusqu’à attribuer à des membres du Front Polisario l’enlèvement des trois coopérants espagngols et italiens qui travaillaient à Rabouni pour des ONG internationales.

    Parmi les noms cités avec Hervouet se trouvent des journalistes de L’Express, Le Point et Libération. Tous ont accepté de viser l’Algérie avec leur plumes empoisonnées et déverser leur haine en échange d’alléchantes rémunérations qu’ils ont reçu de la main d’Ahmed Charaï, un haut responsable de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), le service de renseignement marocain. Ce dernier a été condamné en 2011 par la justice américaine pour fausse déclaration douanière. En effet, le 14 septembre 2011, à son arrivée à l’aéroport international de Dulles (Washington DC), il avait déclaré 10.000 dollars en argent liquide. Aprèes con,trôle; il s’est avéré qu’il avait sur lui cinq fois plus dans des enveloppes fermées et libellées. L’argent était destiné au paiement des lobbystes pro-marocains dont une grande majorité est d’origine juive et sont mobilisés par le réseau pro-sioniste très actif aux Etats-Unis où le Makhzen a déboursé 20.000 dollars pour un simple article rédigé par le journaliste Richard Miniter et où il attaque violemment l’Algérie et le mouvement de libération sahraoui.

    Dans l’état actuel des choses, le lobbying marocain anti-algérien en France et aux Etats-Unis a de beaux jours devant lui en attendant que les algériens et les sahraouis acceptent de se soumettre au diktat d’un Elysée en perte de vitesse au continent africain en raison de sa politique colonialiste.

    Source : Maroc Leaks, 2 jan 2021

    Tags : Algérie, France, Maroc, Front Polisario, RASD, lobbying, colonialisme, Sahara Occidental,

  • La Françafrique vue par Wikileaks

    France, Afrique, Françafrique, Wikileaks, Etats-Unis,

    WIKILEAKS : UNE CERTAINE IDÉE DE LA FRANCE ET DE SA POLITIQUE ÉTRANGÈRE

    Si 2% seulement des câbles Wikileaks ont été rendus publics, ils ont déjà permis de brosser un bout de l’histoire contemporaine de la France vue par la diplomatie américaine.

    Ces dernières semaines, la publi­cation des câbles diplomatiques par Wikileaks s’est focalisée sur la Tunisie, l’Egypte et la Lybie, mettant en lumière les connivences de certaines chancelleries avec les régimes en place, notamment de la France avec celui de Ben Ali. Il ressort de ces télégrammes que les États-Unis sont à la fois admiratifs des dispositifs répressifs et inquiets du racisme français.

    Ils font état de la visite de différentes personnalités politiques françaises à l’ambassade des Etats-Unis à Paris ou sur le sol américain. Si certains n’y passent que pour livrer leurs opinions, d’autres, comme Alain Madelin s’y rendent pour demander un soutien à leur carrière [1]. D’autres encore pour assurer les diplomates américains de leur proximité idéologique : Brice Hortefeux ou Nicolas Sarkozy qui, en 2005, promet de faire en France « ce que Reagan a fait aux Etats-Unis ou Thatcher au Royaume-Uni » mais aussi Dominique Strauss-Khan ou Michel Rocard, qui propose la création d’un think tank franco-américain.



    Rwanda : le juge Bruguière en service commandé

    Parmi les visiteurs de l’ambassade américaine, on trouve aussi le juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière. Il y fournit les détails de plusieurs affaires en cours, racontant notamment comment il s’est coordonné avec l’exécutif français pour délivrer les mandats d’arrêt contre plusieurs personnalités rwandaises [2].

    Un responsable français affirme plus directement que le dossier Bruguière était une réponse de la France à l’enquête rwandaise sur les responsabilités fran­çaises dans le génocide de 1994. Bruguière n’aurait pas caché sa volonté d’isoler le gouvernement Kagamé lors de sa visite. Une volonté qu’on s’attendrait à retrouver chez un politicien plutôt que chez un juge, dont l’indépendance n’est manifestement pas la plus grande qualité…

    En mars 2007, un diplomate américain analyse les orientations en matière de politique étrangère des candidats Royal et Sarkozy et se félicite de leur volonté affichée de rompre avec la gestion interpersonnelle des affaires africaines de Chirac et de « réduire l’empreinte militaire » de la France en Afrique, ce qui, cependant, « ne signifie pas un retrait », puisqu’elle « voudra continuer à exercer son influence au maximum » [3].



    Dans plusieurs télégrammes ultérieurs, les diplomates décortiquent la réalité de cette promesse de rupture avec la Françafrique. Le terme est d’ailleurs explicitement employé dans plusieurs notes, pas comme dénonciation militante, mais comme grille d’analyse géopolitique par la diplomatie américaine.

    La Françafrique comme grille de lecture en Afrique

    En 2008, trois longues notes [4] brossent la définition d’une Françafrique quel­que peu édulcorée (les crimes de la Françafrique ne sont abordés que par le biais de quelques affaires arrivées en justice, comme l’assassinat du juge Borrel), qui connaîtrait un réel tournant avec l’arrivée de Sarkozy. Néanmoins, la politique africaine de la France continue d’être dictée par la cellule africaine de l’Elysée. L’un de ses membres, Romain Serman, reconnaît que les accords de défense encore en vigueur avec huit pays africains sont absurdes, donnant à la France « un accès monopolistique aux ressources naturelles ». Les diplomates américains semblent alors croire à la rup­ture annoncée par Sarkozy, qui n’aurait connu que « quelques accidents de parcours, comme l’éviction de Bockel impliquant le Gabon », mais qui pêcherait plus par manque de réussite que de volonté.

    La dernière note, concernant la présence militaire française en Afrique, conclut en excusant la non-rupture pour cause de difficulté de la tâche. Un fonctionnaire du ministère de la Défense français décrit, sans honte, la relation franco-africaine comme une relation « parent-enfant », dont l’enfant, maintenant « adulte, est capable et mérite plus d’autonomie, ayant cependant toujours besoin d’aide et d’orientation ».



    En 2009, lors d’un entretien, portant longuement sur la Françafrique [5], Stephan Gompertz, du ministère des Affaires étrangères, reconnaissait l’influence de Robert Bourgi, « opérant dans l’ombre ».

    Les diplomates américains concluaient que la France use d’un panel large de politiques en Afrique, « allant d’une approche idéale exprimée par Sarkozy » à ses débuts, « à des approches plus opaques mais probablement plus judicieuses, conformes au vieux modèle de la Françafrique. Les circonstances et la nature imprévisible, voire violente, des évènements en Afrique peuvent parfois inciter ou forcer les Français à agir moins idéalement qu’ils le voudraient – un comportement connu de tous les gouvernements de la planète – quand les décisions doivent conforter les intérêts nationaux par les méthodes les plus efficaces, même quand les méthodes les plus efficaces ne sont pas forcément les plus jolies ».

    La plus grande puissance impérialiste du monde ne peut que comprendre, évidemment…

    Les coulisses diplomatiques de la Françafrique

    Si la plupart des câbles ne contiennent que peu d’informations nouvelles, ils livrent parfois un aperçu du jeu diplomatique de la France pour influencer l’avenir des pays africains. Ainsi, en 2006, une proposition de résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU présentée par Chirac sur la Côte d’Ivoire inquiète les Anglais et les Américains [6]. Ils y voient une dérive qui pourrait aller « au-delà des lois et jurisprudences internationales » en se «substituant à la constitution d’un pays souverain».



    Ne souhaitant pas s’opposer à la France, les Anglais sont néanmoins surpris que les Français aient réussi à obtenir le soutien du Ghana et du Congo. Pour ce dernier, ce soutien n’a pourtant rien de surprenant quand on sait à quel point Denis Sassou Nguesso doit à la France sa longévité au pouvoir.

    En 2009, une note sur la perspective des élections en Côte d’Ivoire analyse les accords de « Ouaga IV » comme « essentiellement un accord entre Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo sur le contrôle du nord » du pays.

    Les Américains considèrent alors que les « FAFN gardent, de facto, le contrôle de la région, en particulier en ce qui concerne les finances » et que « le désarmement et la réunification ne sont pas des processus séparés. Ils sont intimement liés ».

    Une grille de lecture qui semble avoir été oubliée de la communauté internationale aujourd’hui…

    En juin 2009, un autre télégramme (censuré à moitié) [7] rapporte que la France considère le président mauritanien Abdallahi renversé par les putschistes comme « un obstacle », à qui il faudrait forcer la main lors des négociations. Le rôle de Robert Bourgi y est à nouveau pointé du doigt, tant dans le rapprochement du putschiste Aziz avec les autorités françaises que dans le cas du Gabon ou de Madagascar. Pour Romain Serman, la Lettre du Continent sert régulièrement à Bourgi pour diffuser ses informations et que « tout ce qui [y] paraît avec un lien potentiel avec Bourgi doit être considéré avec précaution ».



    D’autres exemples de cet acabit se trouvent dans l’infime partie des câbles déjà publiés mais ils fournissent déjà un matériau riche.

    Le cablegate de Wikileaks nous parle avant tout de la diplomatie des Etats-Unis et la Françafrique n’est donc pas son objet principal. Néanmoins, les Américains s’y sont suffisamment intéressés pour qu’on puisse espérer que quelques affaires françafricaines récentes soient mises à jour.

    Notes:

    [1] 05PARIS6744 Alain Madelin Seeks U.s. Support For His Candidacy To Head The Oecd And His Project To Reform The Oecd

    [2] 07PARIS322, C/t Judge On France, Rwanda, Pakistan, And His Political Future, 07PARIS186, Rwanda : Effect Of Bruguiere Report On Usg, Status Of Mrs. Habyarimana , lire aussi France-Rwanda : l’enquête Bruguière était suivie de près à l’Elysée, Philippe Bernard, le Monde, 11 décembre 2010

    [3] 07PARIS921, French Foreign Policy Under Nicolas Sarkozy Or Segolene Royal

    [4] 08PARIS1501, France’s Changing Africa Policy : Part I (background And Outline Of The New Policy), 08PARIS1568, France’s Changing Africa Policy : Part Ii (french Implementation And African Reactions), 08PARIS1698, France’s Changing Africa Policy : Part Iii (military Presence And Other Structural Changes)

    [5] 09PARIS1534, « francafrique » — Mfa Disputes Reports On A Return To Business As Usual

    [6] 06LONDON7670, (c) Cote D’ivoire : Uk Shares U.s. Concerns But Does Not Want To Oppose France In Unsc

    [7] 09PARIS815, Mauritania : French See Abdallahi As Obstacle

    Source : Survie, 3 mai 2011

    Tags: Côte d’Ivoire, Rwanda, Mauritanie, Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Bruguière, Wikileaks, Françafrique, Wikileaks, Afrique, Gabon, Tchad, Sénégal, RCA, RDC, Franc CFA, FCFA, colonisation, colonialisme, 

  • Le véritable mal de la Guadeloupe

    Le mal dont souffre la Guadeloupe, n’est pas la covid-19 mais le colonialisme.

    Si le peuple guadeloupéen était maître de ses frontières et de ses terres, il aurait pu prendre des mesures aussi strictes que la Barbade ou la Dominique et ne serait pas dans la situation actuelle.

    Des années qu’on endoctrine nos frères dans un nationalisme français stupide qui voudrait les faire remercier la France d’être encore colonisés pour finir sacrifiés sur l’autel du tourisme national! Que dieu et les ancêtres veillent sur eux et Vive la lutte independentiste guadeloupéenne.

    Source : La Question Noire

    Tags : France, Guadeloupe, colonialisme, colonisation, esclavage, exploitation, indépendance, liberté, lutte,

  • 8 MAI 1945 : L’horreur coloniale et le rituel politicien

    «La paix n’est qu’une forme, un aspect de la guerre: la guerre n’est qu’une forme, un aspect de la paix: et ce qui lutte aujourd’hui est le commencement de la réconciliation de demain.» (Jean Jaurès).


    Rituellement le 8 mai 1945 se rappelle à nous par toujours les «mêmes». Les mêmes laudateurs de la «‘abkaria algérienne»- le génie algérien- et les pourfendeurs des crimes coloniaux.

    Franchement, en dehors de la «famille révolutionnaire» dont il faudra bien qu’un jour on explique à ces millions d’Algériennes et d’Algériens, la clé de cooptation qui leur permet d’être les seuls à revendiquer cette Révolution, que les jeunes non seulement ne connaissent pas l’épopée réelle de la Révolution mais développent une réaction de rejet résumée par une phrase sans appel: «Dzaïr lihoume»- l’Algérie est à eux-. Cruelle sentence s’il en est et qui explique bien des drames, ceux de ces jeunes qui décident de jouer le tout pour le tout et de s’enfuir de leur pays pour des cieux plus cléments avec les désillusions que l’on connaît dans le pays d’accueil.

    45.000 morts

    De quoi il s’agit cette fois? Des évènements du 8 mai 1945. Il faut tout d’abord être convaincu qu’ils n’ont pas jailli du néant. C’est l’aboutissement d’une lente maturation de la détresse du peuple algérien catalysée par des décisions de plus en plus drastiques du pouvoir colonial. D’ailleurs, dès le 1er mai, les manifestations des Algériens avaient donné le ton. Il y eut 4 morts ce jour-là à Alger du fait d’une répression brutale. Le 8 mai, ce fut en Europe la fête de la victoire des Alliés. Les Algériens défilèrent pour d’autres motifs. La répression fut brutale et les statistiques sont contradictoires. Du côté algérien on s’en tient à 45 000 morts, du côté français on dénombre un millier de morts et cent vingt colons tués.

    Entre ces deux bornes, des rapports américains et britanniques donnent des chiffres plus proches des chiffres algériens. Il semble que le chiffre de 15.000 morts serait plus proche de la réalité si l’on croit une déclaration en petit comité du général Tubert chargé de l’enquête selon Yves Courrières dans son ouvrage: «Les fils de la Toussaint». En admettant, c’est une moyenne de 500 morts par jour pendant les mois qui s’en ont suivi. Comment peut-on appeler cela?
    Quelle que soit la vulgate occidentale, des millions de personnes ont été massacrées pendant 132 ans. Des vies brisées, des douleurs, du pillage, de la destruction furent le lot quotidien des 48.231 jours d’une occupation inhumaine.

    C’est bien des génocides continuels qui ont eu lieu au nom du mythe de la race supérieure et ceci un siècle avant le Troisième Reich. Poujalat, décidément en verve, voyait dans l’invasion française un message divin: «Le but de notre guerre d’Algérie est plus haut et plus sacré que nos guerres européennes. Ce qui est le plus en jeu, c’est la sainte cause de la civilisation,la cause immortelle des idées chrétiennes auxquelles Dieu a promis l’empire du Monde et dont le génie français est le soutien providentiel.»

    Le marquis de Clermont Tonnerre qui, dès 1827 dans le «Rapport au Roi» écrivait: «Ce n’est pas peut-être, sans des vues particulières que la Providence [souligné par le rédacteur] appelle le fils de saint Louis à venger à la fois la religion, l’humanité et ses propres injures.. Alger doit périr si l’Europe veut être en paix.» (1)

    Effectivement, sous les coups de boutoir des sinistres Montagnac qui se vantait de rapporter un plein baril d’oreilles récoltées par paires, des prisonniers amis ou ennemis, des Saint Arnaud, des Rovigo et Youssouf, l’Algérie perdit sa sève, sa structure sociale fut anéantie, sa structure religieuse fut démantelée par le rattachement des Habous trois mois après l’invasion. Ce qui fit dire à Tocqueville, auteur d’un rapport d’enquête sur les exactions de l’armée: «Autour de nous, les lumières se sont éteintes…»

    Il est donc incomplet de parler du 8 mai 1945 sans parler de la genèse du combat séculaire du peuple algérien. Le 8 mai 1945, que certains historiens situent comme le début de l’insurrection, fut le summum de la cruauté, de l’injustice et le plus grand contre-exemple de la France patrie autoproclamée des Droits de l’Homme. Il est vrai que Jules Ferry, lumineux dans l’imposition de l’Ecole républicaine que le pouvoir colonial à Alger acceptait difficilement pour la foule de gueux que nous étions, était lui aussi un colonialiste acharné. On lui doit ce fameux cri du coeur: «Les droits de l’Homme ne sont pas valables dans les colonies.» C’est tout dire!!

    Où en sommes-nous dans cette Algérie de 2010 qui peine à se redéployer? Beaucoup d’Algériennes et d’Algériens développent des crises d’urticaire quand ils voient la manipulation de la cause sacrée de la Révolution. Cette allergie est due au fait que pour des calculs bassement politiciens, on galvaude une noble cause. On dit que 120 députés auraient introduit un texte à l’APN, qui serait bloqué s’agissant de la criminalisation de la présence coloniale. Soit!
    Voilà un dossier de fond pris en charge par une centaine de personnes qui auraient dû d’abord, informer les citoyennes et les citoyens du contenu.

    A moins que cela ne soit, selon toute vraisemblance, un rituel avec un jeu de rôles: «Agitez-vous, monopolisez les médias, faites passer en boucle les mêmes images depuis près de cinquante ans, en un mot, amusez la galerie, mais pas trop, le 8 mais passe et on passe à autre chose jusqu’au prochain anniversaire.» Le 8 mai 1945 n’a pas vu la haine du pouvoir colonial s’arrêter ce jour-là. Tout le trop-plein de haine et de lâcheté, par la compromission avec Vichy, s’est déversé sur un peuple sans défense. Il y eut une traque pendant plusieurs années. Krim Belcacem prit le maquis dès cette date. Il y eut des jugements et même des peines de mort qui furent prononcées. Le 8 mai 1945, peu importe comment la doxa occidentale l’appelle pour amoindrir sa responsabilité dans l’horreur. Puisque, apparemment, le mot génocide est une marque déposée, nous l’appellerons à notre entendement, ethnocide.

    On ne peut pas avoir un double langage avec la France, d’un côté près de 50% de nos achats se font en France,qui se fait payer par un gaz naturel bradé et de l’autre on lui demande de reconnaître sa faute coloniale! Imaginons, pour rêver, que le pouvoir en France reconnaisse enfin, à l’instar de ce qu’il a fait pour la traite négrière, sa responsabilité dans l’ethnocide des Algériens pendant 132 ans.

    Que se passera-t-il? Rien au-delà de quelques dédommagements honteux à la El Gueddafi avec Berlusconi- donner une valeur marchande à l’épopée de ‘Omar El Mokhtar est indigne -. Est-ce une victoire pour ceux dont le fonds de commerce réside justement dans le refus de la repentance de la France.. J’en doute! Au contraire, ils n’auraient plus de grain à moudre…

    Est-ce une victoire pour les deux peuples algérien et français? C’est sans hésitation, oui! La France gagnerait énormément à être dans les bonnes grâces d’une Algérie qui, malgré ses pesanteurs conjoncturelles, est la porte du Maghreb et de l’Afrique. Rien de structurel ne se fera sans elle! Il n’est que de voir comment l’UPM bat de l’aile parce que le pouvoir français actuel a tout fait pour marginaliser l’Algérie. La vieille Europe est en train de s’effriter sous nos yeux.

    Le double langage de la France

    L’Algérie gagnerait à ne pas se tromper de combat. Notre douleur coloniale n’est pas monnayable. Elle fait partie intégrante de notre mémoire. L’Algérie peut cependant revendiquer au nom de l’histoire commune, au nom du formidable travail que nous faisons pour la francophonie, sans y être, de ne pas être seulement un marchand mais un demandeur réel de technologie.

    Un premier geste fort serait la construction d’une grande bibliothèque pour remplacer celle qui est partie en fumée par des Français qui voulaient effacer comme ils étaient venus, toute trace de culture. Il s’agira ensuite de développer ensemble, en impliquant les universités, des projets porteurs. C’est à titre d’exemple, toute la problématique des changements climatiques et du développement durable qui constituera un immense chantier.

    C’est enfin tout le contentieux de notre émigration malmenée et à qui on n’offre en France que le bâton. Une redéfinition des Accords de 1968, qui occulte cette dimension, est vouée à l’échec.
    Le moment est venu, de part et d’autre, de faire émerger, de part et d’autre de la Méditerranée des passeurs de culture, des forgerons de la fraternité. Au risque d’être utopique, un traité de l’Algérie avec la France est plus que jamais d’actualité.

    1.Rapport au Roi sur Alger, par le marquis de Clermont Tonnerre le 14-10-1827, Revue Africaine. Vol. 70. p.215, (1929)

    Pr Chems Eddine CHITOUR

    Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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    Tags : Algérie, France, colonialisme, 8 mai 1945, crime coloniaux, crimes de guerre, génocide,

  • Le franc CFA, un outil de contrôle politique et économique sur les pays africains de la zone franc

    La zone franc et le franc CFA, un système hérité de la colonisation

    La zone franc et sa monnaie le franc CFA constituent le seul système monétaire colonial au monde à avoir survécu à la décolonisation. La mise en place progressive de ce système est le résultat de choix stratégiques de la France mettant l’entreprise de colonisation au service des intérêts économiques français. Les monnaies africaines sont supprimées et des banques privées appartenant aux colons mais contrôlées par la France sont créées.

    La puissance coloniale exploite les matières premières des colonies pour alimenter l’industriefrançaise et utilise les colonies comme débouchés pour les produits français. Suite à la crise de 1929, la France accentue son repli sur l’empire colonial pour protéger son économie et son commerce extérieur.

    La création de la zone franc en 1939 offre le moyen de pérenniser cette stratégie : les échanges avec des pays extérieurs à la zone franc sont interdits, ce qui cimente lesliens économiques et commerciaux entre la France et son empire.

    La monnaie franc CFA (ColoniesFrançaises d’Afrique) est quant à elle créée en 1945 afin que la dévaluation du franc français au sortir de la guerre n’affecte pas les marchés des possessions africaines de la France. Celle-ci conserve ainsi le leadership dans le commerce extérieur des colonies et réaffirme sa suprématie surson empire.

    Au moment des indépendances, la quasi-totalité des anciennes colonies françaises d’Afrique subsaharienne décide de rester dans le giron de la France en signant des accords de coopération monétaire et en adhérant de ce fait à la zone franc. Le franc CFA est d’ailleurs renommé franc de la Communauté Française d’Afrique en 1958. Mais la Guinée refuse cet assujettissement monétaire et sort de la zone franc dans un coup d’éclat. Le président Sékou Touré veut une réelle indépendancepolitique et économique pour la Guinée, et pour ce faire crée le franc guinéen et quitte la zone en 1960.

    Au Togo, ancienne colonie allemande membre de la zone franc depuis 1949, des voix s’élèvent également contre le franc CFA en la personne du président Sylvanus Olympio. La sortie de la zone est prévue pour 1963 mais Sylvanus Olympio est assassiné juste avant que l’indépendance monétaire du pays ne soit acquise. Ce n’est que dix ans plus tard, en 1973, que la zone connaît denouvelles modifications avec la sortie de la Mauritanie et de Madagascar.

    C’est également à la période des indépendances que des banques centrales dont seulement la moitié des administrateurs sont des représentants africains sont créées pour émettre le franc CFA.

    Les présidents de ces institutions sont néanmoins français et restent maîtres de toute décision. Pendant les années 1970 la zone franc connaît des ajustements à la fois techniques et symboliques : révision des accords de coopération monétaire, déménagement des sièges des banques centrales de Paris à Dakar et Yaoundé, diminution du nombre de représentants français au sein des Conseils d’Administration.

    D’autre part deux nouveaux pays signent des accords de coopération avec la France et adoptent le franc CFA : la Guinée Équatoriale en 1985 et la Guinée-Bissau en 1997. Malgré ces changements, la France garde la mainmise sur la politique monétaire de la zone franc dont les pays subissent des choix économiques et monétaires dictés par les intérêtsfrançais. La France va même jusqu’à décider unilatéralement de la dévaluation du franc CFA en 1994.

    La zone franc : une gestion et des principes au service des intérêts français

    La zone franc englobe donc aujourd’hui quinze pays : huit pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), six pays d’Afrique centrale (Cameroun, République Centrafricaine, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad) et lesComores. C’est une organisation financière, monétaire et économique, dont le cœur est la France et l’instrument principal le franc CFA.

    Cette organisation, gérée par la France, s’appuie sur des institutions africaines : la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque des Etats d’Afrique Centrale (BEAC), la Banque Centrale des Comores (BCC).

    Le système franc CFA est basé sur quatre grands principes : la centralisation des réserves de change au Trésor public français, la fixité de la parité franc CFA/euro, la libre convertibilité du francCFA à l’euro, et la libre circulation des capitaux entre la France et les pays africains de la zonefranc. A ces principes s’ajoutent la participation française aux instances de direction des banquescentrales africaines, pièce maîtresse du système CFA puisqu’elle garantit l’application sans faille des quatre principes précédemment cités.

    La centralisation des réserves de changes : un principe qui bloque l’économie despays de la zone franc

    Chaque banque centrale de la zone franc possède un compte d’opérations au Trésor public françaiset doit y déposer une partie de ses réserves de monnaie. Depuis 2005, 50% des réserves de change doivent être stockées sur le compte d’opérations en France (jusqu’en 2005 ce pourcentage était de 65). Il y a donc actuellement environ 8000 milliards de francs CFA venant de la BCEAO et la BEAC stockés au Trésor public, soit plus de 12 milliards d’euros.

    C’est autant d’argent qui est amputé du budget des États de la zone franc. La France rémunère les banques centrales africaines en intérêts, tout en se servant au passage grâce à des placements privés (des sommes dégagées au profit de laFrance qui se comptent en centaines de millions d’euros). Pire, la part d’intérêts versée aux banques centrales est comptabilisée dans l’Aide Publique au Développement !

    Dépouillés de la moitié de leurs recettes, les pays africains de la zone franc se retrouvent ainsi dans une situationéconomique et sociale très difficile, d’autant plus que la France leur impose une rigueur budgétaire (c’est-à-dire une baisse des dépenses publiques) pour que l’approvisionnement du compte d’opérations soit garanti.

    La parité fixe franc CFA-euro : une entrave à la compétitivité des économies africaines dans le monde

    Hier lié au franc français, le franc CFA est aujourd’hui arrimé à l’euro, c’est-à-dire que la valeur dufranc CFA sur les marchés mondiaux dépend de celle de l’euro. Autrement dit, les pays africains de la zone franc n’ont pas le contrôle de leur politique de change et subissent les fluctuations du cours de la monnaie unique européenne. Les recettes de leurs exportations doivent être converties en euro avant de l’être en franc CFA, ce qui signifie que si la conversion entre l’euro et les monnaies étrangères fluctue, les recettes des pays africains de la zone franc fluctuent également.

    Actuellement la valeur de l’euro se renforce par rapport aux monnaies étrangères. Par conséquent, la compétitivité des pays de la zone euro, et donc de la zone franc, diminue par rapport au reste du monde. Une baisse de la compétitivité signifiant une plus grande difficulté à vendre ses produitssur le marché mondial, les conséquences pour les pays africains de la zone franc d’un arrimage à une monnaie forte comme l’euro sont considérables : les économies restent faibles, et lespopulation se paupérisent car les matières premières qu’elles produisent ne peuvent ni être exportées ni être transformées.

    La libre convertibilité franc CFA/ euro et la libre circulation des capitaux ou comment légaliser la fuite des capitaux

    La libre convertibilité s’applique des pays africains de la zone franc à la France et inversement, mais ne concerne pas les échanges entre les trois zones du système CFA. Ce principe facilite lesinvestissements français en Afrique, le rapatriement des capitaux, et l’importation par la France de matières premières, mais bloque les échanges inter-africains.

    Les principes de libre convertibilité et libre circulation des capitaux favorisent également la fuite des capitaux de l’Afrique vers la France. Les entreprises françaises installées dans les pays africainsde la zone franc peuvent rapatrier librement leurs liquidités vers la France et les transferts d’argent entre la France et l’Afrique s’opèrent sans entraves au profit des élites françafricaines.

    La participation française à la gestion des banques centrales africaines

    Dans les trois banques centrales de la zone franc, des administrateurs français siègent aux Conseils d’Administration (CA). Dans les faits, la présence d’administrateurs français garantie par les statuts des banques centrales confère à la France un droit de veto lors de la prise de décision. Au CA de la BCC, 4 administrateurs sur 8 sont français alors que les décisions doivent être votées à la majorité.

    A la BCEAO seuls 2 administrateurs sur 16 sont français, mais l’unanimité est requise pour toute décision majeure (et notamment la modification des statuts). La situation est la même à la BEAC avec 3 administrateurs français sur 13. Le pouvoir de la France dans ces institutions est donc considérable et la présence de représentants français garantit la mise en œuvre de tous lesprincipes centraux du système CFA.

    Un système monétaire qui constitue une entrave à la souveraineté des Étatsafricains de la zone franc

    Le franc CFA est un liant qui cimente les relations économiques entre la France et les pays africainsde la zone franc. Ces pays ne sont pas libres de la gestion de leur politique économique et monétaire, domaine pourtant constitutif de la souveraineté d’un État. Preuve en est la dévaluation de 1994 décidée unilatéralement par la France.

    Malgré le passage à l’euro, la France garde la mainmise sur la zone franc, alors même qu’elle n’est plus émettrice de la monnaie d’arrimage. L’adoption de l’euro aurait pu se traduire par une disparition du pouvoir tutélaire de la France sur ses anciennes colonies, or la France a obtenu queles accords de coopération monétaire de la zone franc ne soient pas affectés par l’intégration européenne.

    Cinquante ans après les indépendances, la politique monétaire de la zone franc reste donc décidée par la France en fonction de ses intérêts propres. Cinquante ans pendant lesquels cette politique a été complètement déconnectée des vrais enjeux du développement africain tout en permettant à laFrance de contrôler économiquement et politiquement ses anciennes colonies au profit de son économie nationale, et au préjudice du développement des relations entre pays africains.

    Le modèle imposé par le système franc CFA induit une verticalité des échanges (Nord-Sud) au détriment d’une coopération horizontale (Sud-Sud). Un tel système financier, au service des intérêts économiques etpolitiques de la France, ne peut pas être le vecteur de l’autonomie monétaire et du développement. Il perpétue les relations asymétriques et néocoloniales entre la France et les pays de la zone CFA.

    Survie.org

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  • II Guerre Mondiale : l’autre débarquement

    La mémoire collective française oublie trop souvent de mentionner qu’il y a eu un deuxième débarquement ayant contribué à libérer la France. C’est celui qui s’est fait par le sud.

    Du 17 au 25 août des forces militaires françaises reprennent la Provence.
    Elles progresseront vers le nord pour faire jonction dans l’est avec les armées alliées en provenance de Normandie.

    Au départ, les armées qui débarquèrent à Toulon étaient essentiellement composées d’unités de spahis « Algériens » et de tirailleurs  » Sénégalais ».
    Fin août quand la libération de la France est acquise, le bras droit d’Einsenhower, le chef d’état major des forces alliées fait passer une note confidentielle à l’état major français

     » il est souhaitable que la 2ème division blindée soit constituée de soldats Blancs ».

    En clair il n’est pas question que des Indigènes soient associés aux défilés militaires officiels des villes de France qui vont être libérées sur toute la partie est du pays.

    La libération, oui, mais par des armées où la ségrégation raciale doit être la règle.

    De Gaulle s’exécute de bonne grâce.

    Officiellement 3600 tirailleurs Arabes Noirs et Malgaches sont retirés du front et cantonnés dans des camps militaires des villes du Sud.

    Dans les faits il s’agit plutôt de 15000 Indigènes qui sont relégués du devant de la scène pour être invisibilisés de la grande campagne militaire de libération de la France.

    Aujourd’hui, ils sont toujours les grands oubliés du débarquement de Provence.

    Mais les quelques rares tirailleurs sénégalais encore vivants eux se souviennent de tout comme si c’était hier.

    Issa Cissé témoigne que quand fin novembre, le rapatriement des tirailleurs en Afrique est ordonné, les Indigènes protestent. Ils n’ont pas reçu leur solde.

    Une fois à Thiaroye ils refusent à nouveau d’être démobilisés dans leur région d’origine n’ayant toujours pas reçu leur solde d’ancien combattant.
    La France règlera le problème par un massacre. Celui de Thiaroye.
    Bilan plus de 300 exécutions de tirailleurs . Les corps sont enterrés à la va vite dans la banlieue de Thiaroye, sans comptabilité ni identification.

    Il ne s’agit que de corps noirs.

    Des survivants sont condamnés à de lourdes peines de prison pour rébellion.

    La répression doit servir à rétablir l’ordre colonial après la libération.
    Thiaroye annonce les massacres de masse de Sétif et Guelma du 8 mai 1945.
    La liberté c’est pour les Blancs par pour les Indigènes.

    En 1960 la France passe de la répression armée à la discrimation économique et cristallise les pensions de guerre des tirailleurs.

    Il n’est pas question d’indexer des pensions Indigènes sur le cours de la vie, même africaine.

    Résultat un tirailleur comme Issa Cissé, touche 334 € tous les 6 mois en guise de pension de guerre.

    Aujourd’hui la vindicte coloniale se poursuit contre les descendants de tirailleurs vivant en France.

    L’état français surveille de très près les gens du 93, les habitants des quartiers, les Noirs les Arabes, les Indigénistes les Islamistes, les racistes anti- blancs… Autant de candidats à la sécéssion d’avec la République, accusés d’en avoir après cette France qui a pourtant été si généreuse envers leurs parents.

    Ahmad Nougbo

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    Tags : Afrique, colonialisme, goummiers, tirailleurs sénégalais, deuxième guerre mondiale, débarquement des alliés,