Étiquette : colonialisme

  • Commentaire sur le livre « J’étais un musulman français »

    Commentaire sur le livre « J’étais un musulman français » où un écrivain revient sur les tensions internes de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie

    La force du mémoire de Mokhtar Mokthtefi réside dans l’invitation qu’il propose au lecteur de vivre les enjeux personnels au centre de toutes les luttes collectives.

    À la fin des années 1940, avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, les tensions montaient dans la colonie française d’Algérie. C’est durant cette période que Mokhtar Mokhtefi est admis dans un prestigieux internat français, Duveyrier, à Blida, en Algérie, non loin de chez lui. Des salles de classe de cette école, il apprend les principes philosophiques et politiques qui sous – tendent la gouvernance française: Liberté , Égalité , fraternit é . Au cours de ses week-ends à la maison avec sa famille et ses amis, il sera témoin de diverses injustices perpétrées sous la domination coloniale française qui sapent ces mêmes principes. Mémoires de Mokhtefi, J’étais un musulman français : Souvenirs d’un combattant de la liberté algérien, relate l’expérience formatrice d’habiter ces réalités juxtaposées. Son récit détaillé de ses observations de première main sur les hypocrisies du colonialisme français met en lumière le processus par lequel les citoyens algériens moyens se sont finalement regroupés dans la lutte pour l’indépendance.

    Le livre commence avec l’arrivée de l’auteur dans une école préparatoire française, où il deviendra le premier membre de sa famille à recevoir une éducation au-delà de l’école primaire. L’écriture de Mokhtefi dans cette première section est autant une histoire de passage à l’âge adulte que l’histoire de ses efforts scolaires et de son exposition aux mouvements de résistance algériens. Alors qu’il découvre l’environnement qui l’a produit, le jeune garçon lutte également pour se sentir comme un étranger dans un espace qu’il ne comprend pas complètement. Dans un passage particulier, la perception qu’a le garçon de son extérieur se manifeste par quelque chose d’aussi simple que son absence de pyjama :

    Après être allé au cellier à chaussures, au dressing et à la salle de bain, je me rends compte que tous les Algériens sont en pyjama, je suis le seul à ne pas le faire. Quand je mets ma gandoura , le regard terrifié d’un voisin, le regard dédaigneux d’un autre, font froid dans le dos. Tout d’un coup, je me sens comme un étranger, un intrus. Mortifié, je me mets sous les couvertures et laisse couler les larmes. J’en veux à ces garçons mais aussi à mon père qui a refusé de m’acheter un pyjama, le vêtement qui m’aurait aidé à m’intégrer dans ce milieu. Je sais que les pyjamas sont portés par des personnes qui ont « évolué », qu’ils signalent la modernité.

    Mokhtefi révèle non seulement l’humiliation qu’il a ressentie, mais aussi la perspective française qu’il a intériorisée – qu’il n’a pas « évolué ». L’âge avancé de l’auteur au moment de la rédaction des mémoires lui offre un regard rétrospectif et le recul nécessaire pour relire sa propre adolescence et donner un sens à des moments formateurs comme celui ci-dessus.

    La deuxième partie (le récit est divisé en trois parties) est un regard granulaire sur les luttes auxquelles est confronté le jeune nationaliste moyen à l’aube de la guerre. Intitulée « Awakening », cette section tient sa promesse d’illustrer comment Mokhtefi a lutté et finalement rejoint les mouvements indépendantistes. A ce stade, le jeune homme passe son temps à rallier le soutien des étudiants à la cause nationaliste. Il passe son temps libre à débattre des contours des efforts révolutionnaires avec des amis et collègues avant de finalement conclure que le Front de libération nationale (FLN) représente l’avenir de sa nation, illustré dans cet échange :

    Je réponds : « La proposition en trois étapes qui est avancée – « Cessez-le-feu, élections, négociations » – est certainement inacceptable. »

    « Je suis totalement d’accord avec vous. »

    Je poursuis : « L’Algérie doit aller de l’avant, comme le Maroc et la Tunisie, dans des négociations qui reconnaissent nos droits à l’indépendance.

    « Le problème est plus complexe, note-t-il. « Ni le Maroc ni la Tunisie n’ont neuf cent mille Français sur leurs terres. Compte tenu de la diversité de la population, on pourrait envisager une Algérie indépendante en association avec la France.

    « Ferhat Abbas a proposé cette formule il y a dix ans, précise-je, et comme vous le savez, il vient de rejoindre le FLN au Caire.

    Les mémoires rappellent que le chemin de l’indépendance était incertain, obligeant les jeunes nationalistes, qui partageaient des objectifs indépendantistes mais qui n’arrivaient pas toujours à se mettre d’accord sur la manière d’accéder à l’indépendance ou sur la gouvernance à structurer après l’indépendance, à œuvrer pour trouver des terrain et compromis. Les divergences d’opinion entre nationalistes ont souvent conduit à des luttes internes et des individus comme Mokhtefi ont été constamment mis au défi de concilier la diversité d’opinions avec leurs propres objectifs.

    Dans la troisième et dernière partie, Mokhtefi réussit à enrôler et à rejoindre les rangs des soldats qui quittent leurs familles pour le maquis, un groupe de résistants qui allait finalement provoquer la Révolution algérienne. Il apprend à faire fonctionner les équipements télégraphiques et à transcrire le code Morse utilisé par les combattants de la liberté, mais non sans remarquer comment les militants ont assemblé une image miroir des forces militaires françaises :

    Autant je suis ravi de découvrir, le matin de mon arrivée, que le centre [d’entraînement] ressemblait à une petite caserne militaire, autant cette caricature d’un exercice pris à l’armée ennemie est grotesque. Afin d’apparaître militairement, Hassani élargit son torse, salue avec des gestes rapides et parle avec force. Quelque part entre le faux dur à cuire et ce caporal qui marche et agit avec gêne, le sergent a l’air mal à l’aise.

    Le reste du livre suit le parcours de Mokhtefi alors qu’il se jette avec ses énergies dans la lutte pour l’indépendance algérienne tout en restant observateur et critique des choix faits par les dirigeants autour de lui. Les mémoires se terminent par un dernier moment formateur à la fois dans sa propre maturité et dans l’histoire algérienne : la cristallisation de l’indépendance.

    Sorti pour la première fois en français en 2016, le mémoire est loin d’être le premier récit autobiographique écrit par un combattant de la liberté algérien. La force de ce parcours de passage à l’âge adulte, sur fond de lutte pour l’indépendance, réside dans l’invitation qu’il propose au lecteur de vivre les enjeux personnels au centre de toutes les luttes collectives.

    Words without Borders, novembre 2021

  • Criminaliser le colonialisme menace le partenariat avec Paris

    Criminaliser le colonialisme menace le partenariat avec Paris – Alger se repositionne en Afrique et profite d’un panafricanisme renaissant qui rejette la France et directement ses intérêts.

    Un homme politique en Algérie a annoncé mardi qu’un parti algérien avait initié une tentative de réintroduction d’une mesure criminalisant le colonialisme français de l’Algérie.

    “En tant que députés (du Mouvement pour une société pacifique), nous avons lancé une initiative pour relancer un projet de loi criminalisant le colonialisme français en Algérie”, a déclaré à Aldjazair.org Youssef Ajeisa, vice-président de la chambre basse du parlement algérien.

    Il a justifié cette décision en affirmant que c’était en réponse à “l’assaut flagrant” des présidents français successifs, n’y voyant aucun progrès au fil du temps et quelle que soit la classe politique. Le problème est sur le plan français.

    Macron, dont l’Algérie, vu son jeune âge, attendait beaucoup au niveau mémorielle a dû se résigner à regarder ailleurs après avoir déclaré :

    « L’émergence de l’Algérie en tant que pays est une chose fascinante à voir. Est-il vrai qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? » « Telle est la question », a déclaré Macron, selon le journal Le Monde.

    La criminalisation du colonialisme sonne comme le plan B de la classe politique, en plus des projets de clore le partenariat avec la France en Afrique.

    “Les déclarations de Macron sont une insulte inexcusable à la mémoire de plus de 5,63 millions de martyrs qui ont donné leur vie dans une vaillante résistance au colonialisme français”, a déclaré la présidence algérienne dans un communiqué.

    L’ambassadeur Antar Daoud est toujours en consultation et l’espace aérien algérien toujours interdit aux avions militaires français. Les déclarations de Macron, selon Ajeisa, étaient “intentionnelles” et visaient à influencer les électeurs de droite avant les élections d’avril 2022.

    Il a souligné que sous le mandat de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, un projet de loi criminalisant la colonisation française avait été préparé, mais que l’Etat “l’a gelé en raison de calculs politiques”.

    Toute mesure proposée par les législateurs est d’abord examinée par le président du parlement avant d’être acceptée par le gouvernement, conformément aux règlements parlementaires.

    Ajeisa a déclaré que la France reconnaissait que ses intérêts en Algérie étaient en péril, se référant aux paroles de Macron mardi dans lesquelles il a appelé à une désescalade des hostilités.

    “Ils (les Français) augmentent, et quand la réponse de l’Algérie est forte, ils reculent, car ils sont conscients du danger d’une aggravation des liens avec l’Algérie affectant leurs intérêts”, a expliqué Ajeisa.

    Mais, il faut noter toutefois, que tous ces atermoiements de Paris pour reconnaître ses crimes sans nom, lassent sérieusement Alger qui veut clore le débat sur le sujet en passant par le législatif.

    Alger se repositionne en Afrique et profite d’un panafricanisme renaissant qui rejette la France et directement ses intérêts. La Chine, les USA et la Russie profitent grandement de la perte d’influence française sur le contient … Et l’Algérie est un pays ami de ces puissances alternatives.

    Aldjazair, 01/11/2021

  • Algérie-France : La schizophrénie de Macron

    Algérie-France : La schizophrénie de Macron – Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au palais de l’Elysée, les Algériens pensaient que tout allait changer.

    Les relations algéro-françaises ont souvent été marquées par de nombreuses crises. Le dossier de la mémoire a souvent été au cœur de ces crises. Mais depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au palais de l’Elysée, les Algériens pensaient que tout allait changer. Et pour cause, les propos tenus par M. Macron, en visite à Alger alors qu’il n’était que candidat aux présidentielles françaises de 2017 avaient redonné l’espoir de relations meilleures entre les deux pays. Celui-ci avait qualifié le colonialisme de crime contre l’humanité. Une première de la part d’un officiel français. Une fois au pouvoir, Macron multiplia les gestes en faveur d’un apaisement sur la question mémorielle. Il a ainsi reconnu la responsabilité de la France dans l’assassinat des nationalistes algériens Maurice Audin et Ali Boumendjel. Le président français a aussi commandé un rapport sur le dossier mémoriel à l’historien Benjamin Stora.

    Mais c’est aussi sous le règne du jeune président que de nombreuses entreprises françaises ont décidé de quitter l’Algérie. De nombreuses crises liées aux activités de l’ambassadeur de France à Alger, François Gouyette, ainsi qu’aux déclarations anti-françaises du ministre algérien, Hachemi Djaboub, ont éclaté ces deux dernières années.

    Cependant, aucune des précédentes crises n’a suscité de telles réactions de la part d’Alger. Les derniers propos de Macron viennent, selon toute vraisemblance, de donner lieu à la plus grave crise entre les deux pays depuis plusieurs années.

    La « rente mémorielle », entretenue par « le système politico-militaire », est une expression qui ne passe pas à Alger, et Macron était loin de l’ignorer. Pourquoi le chef de l’Etat français a-t-il délibérément cherché à provoquer une crise diplomatique avec l’Algérie, alors qu’il avait pendant tout son mandat cherché à améliorer les relations entre les deux pays ? A quoi est due cette schizophrénie de l’actuel locataire de l’Elysée ? Tout porte à croire qu’il s’agit tout simplement de calculs électoraux, en prévision des prochaines présidentielles qui auront lieu dans 6 mois.

    Par : Mustapha B.

    Le Provincial

    A quelques mois des présidentielles françaises : Macron provoque une « crise ouverte » avec Alger

    Asix mois des élections présidentielles en France, et avec la montée en puissance de l’extrême droite, l’actuel locataire de l’Elysée tente de séduire cette catégorie de l’électorat afin de s’assurer un deuxième mandat, malgré les échecs et les scandales successifs qui ont marqué son quinquennat.

    Après avoir passé plus de deux ans à « séduire » la classe dirigeante algérienne, voici que M. Macron change de tactique à 180 degrés. En effet, depuis quelques semaines, les relations entre Alger et Paris sont de plus en plus crispées et le président français semble tout faire pour jeter de l’huile sur le feu. En effet, il y a une dizaine de jours, la France annonçait par la voix du porte-parole de l’Elysée, la réduction de 50% des visas pour les Algériens, en prenant en référence l’année 2020, c’est-à-dire l’année où les Algériens avaient reçu le moins de visas, pour cause de crise sanitaire. L’octroi de visa était bloqué une bonne partie de l’année 2020, réduisant ainsi le nombre de visas octroyés aux Algériens de 275.000 en 2019, à 63.000 en 2020. Durant les 6 prochains mois les Algériens ne recevront que 31.500 visas, soit moins de 11,5% du quota de 2019.

    Au lendemain de cette annonce, le MAE algérien a répondu avec fermenté aux provocations françaises en convoquant l’ambassadeur de France en Algérie, François Gouyette,

    Le diplomate français a été convoqué « afin de lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France », explique un communiqué publié par le département de Ramtane Lamamra. Dans les us diplomatiques, la convocation d’un ambassadeur n’est pas un fait anodin.

    Macron en rajoute une couche

    Au lieu de privilégier la voix de la raison, le président français a préféré verser dans le populisme, toujours pour séduire les électeurs de l’extrême droite. Ses derniers propos, tenus ce jeudi 30 septembre, alors qu’il recevait des acteurs de la guerre d’Algérie, de tous les bords, sont de nature à prouver que M. Macron veut jouer sur le terrain d’Éric Zemmour et Marine Le Pen.

    Le locataire de l’Elysée a accusé la « classe dirigeante en Algérie » de vivre de la « rente mémorielle », tout en affirmant que la dernière restriction des visas ciblait cette classe-là.

    Des propos jugés, irresponsables de la part d’un chef de l’Etat qui ne cesse depuis quelques semaines de multiplier les crises diplomatiques avec les « pays amis ». En effet, les maladresses du président français valent à son pays une crise diplomatique avec la Grande Bretagne, l’Australie et les USA. Mais le chef de l’Etat français semble vouloir isoler de plus en plus son pays, en multipliant les « bourdes diplomatiques » et en ouvrant une crise sur plusieurs fronts. 

    Pour M. Macron, la restriction des visas vise les responsables algériens. « Il n’y aura pas d’impact sur ce qu’on évoque. On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement », a-t-il déclaré.

    Ce qu’il convient d’appeler « la crise des visas » était jusque-là le dernier acte d’une longue série de tensions entre les deux pays.

    Alger va probablement réagir aux propos « irresponsables » du premier responsable français, qui n’a fait qu’amplifier la crise entre les deux pays, surtout qu’il a utilisé, pour arriver à ses fins un sujet très sensible en Algérie, à savoir le « dossier mémoriel ». En effet, lors de sa rencontre avec les « acteurs de la guerre d’Algérie », M. Macron dénonçait une «histoire officielle, totalement réécrite» qui «ne s’appuie pas sur des vérités» mais sur «un discours qui repose sur une haine de la France».

    Ce discours populiste, tranche complètement avec les propos qu’il avait tenus et assumés tout au long de son mandat présidentiel.

    Un “système politico-militaire”

    Dans sa quête de la crise diplomatique avec Alger, le président français va encore plus loin dans son discours « antisystème algérien ». Selon lui, la nation algérienne post-1962 s’est construite sur « une rente mémorielle » entretenue par « le système politico-militaire ». Le même orateur a exprimé son « inquiétude » vis-à-vis de ce qu’il estime être une « réécriture » de l’Histoire qui risque, toujours selon lui de mener à « un renfermement » de la mémoire et « un éloignement » avec le peuple algérien.

    Le Provincial

  • Paris tente d’utiliser le terrorisme pour atteindre ses objectifs

    Paris tente d’utiliser le terrorisme pour atteindre ses objectifs après l’échec de sa flotte de guerre et ses crimes odieux durant 132 ans de colonialisme barbare en Algérie.

    Dans un entretien accordé au site site web Algérien Network News (ANN), le ministre de la Communication le Pr Ammar Belhimer a estimé que la France tente d’utiliser le terrorisme pour atteindre ses objectifs, après l’échec de sa flotte de guerre et ses crimes odieux durant 132 ans de colonialisme barbare en Algérie.

    Évoquant les campagnes de désinformation, de dénigrement et d’hostilité à l’égard de l’Algérie, le ministre de la Communication invitera l’establishement français à se «libérer de son complexe d’ex-puissance coloniale» et à cesser tout «traitement condescendant» vis-à-vis de l’Algérie.

    Interrogé sur le refus de Paris d’extrader des individus rechercherchés et poursuivis par la justice algérienne;Ammar Belhimer estimera qu’il n’est nul «besoin d’être clercs pour deviner pourquoi la France protège les terroristes». «Si elle les protège, dit-il, les soutient, en leur réservant son agence d’information officielle pour les promouvoir, c’est pour attenter à la souveraineté et à la sécurité nationale en ciblant sa stabilité et son unité».

    S’agissant de la guerre électronique menée par des officines étrangères contre l’Algérie, le ministre de la Communication souligna qu’une «centaine de sites électroniques marocains soutenus par la France et l’entité sioniste dont le site Maghreb Intelligence mènent,, une «cyber guerre putride contre l’Algérie».

    S’agissant des chantiers lancés pour la réforme des médias, notamment de la presse électronique, Ammar Belhimer indiquera que les médias en ligne demeurent au cœur des préoccupations du secteur au vu de leur rôle efficace, voire stratégique dans l’accompagnement de l’ère du numérique.

    Concernant les questions internationales et régionales, Belhimer a mis en avant les efforts de l’Algérie, pour le retour de la paix et de la stabilité en Libye. «L’Algérie encourage et soutient toutes les initiatives de règlement pacifique et les solutions loin de toute ingérence». L’approche algérienne «a toujours été juste» dans le règlement des conflits, notamment dans les pays du voisinage et le continent africain», assure M. Belhimer. Sur la «présence» française au Mali, le ministre est catégorique : «elle est une menace contre la sécurité interne (du Mali)».

    Algérie54, 03/11/2021

  • Algérie. « O! montagne aucun vent ne te secouera »

    Algérie. « O! montagne aucun vent ne te secouera » – 67 ans se sont écoulés depuis le déclenchement de la glorieuse guerre de libération.

    1er novembre 1954, 1er novembre 2021. 67 ans se sont écoulés depuis le déclenchement de la glorieuse guerre de libération. Une guerre qui aura duré plus de sept ans et fait un million et demi de martyrs qui se sont sacrifiés pour que vive libre l’Algérie après 132 ans de présence française, marquée par une politique de la terre brûlée et une sauvagerie inouïe où toutes les violences ont été exercées sur un peuple qui a dû faire face à une longue et insoutenable nuit coloniale.

    Aujourd’hui les Algériens fêtent ce 1er novembre dans une conjoncture particulière où les ennemis d’hier et d’aujourd’hui ont pris pour cible notre pays à travers de sales campagnes médiatiques et des attaques systématiques qui ciblent notre unité et notre stabilité. Tous les moyens sont mis en branle pour faire taire la voix d’un pays qui a de tout temps exprimé fortement ses opinions et ses positions en faveur des peuples qui luttent encore pour leur indépendance et leur liberté, et en premier desquels viennent les peuples sahraoui et palestinien.

    Mais qu’ils se trompent ces haineux en croyant pouvoir changer les positions d’un pays comme l’Algérie où le peuple et les dirigeants partagent des convictions inébranlables puisées d’un long combat qui a cimenté l’unité d’une grande nation, qui dérange aujourd’hui tous ces lâches qui tentent désespérément de porter atteinte à notre pays.

    L’Algérie n’est pas une proie facile, et son histoire jalonnée de luttes et de combats héroïques et ininterrompus devrait les renseigner sur leurs vaines tentatives. L’Algérie d’aujourd’hui, forte de son armée et de son peuple et de son unité saura faire face à toutes ces vils campagnes de déstabilisation et de provocations qu’elles viennent du makhzen et de son nouveau allié sioniste ou de l’ancienne puissance coloniale et ses nostalgiques et racistes défenseurs de l’Algérie française.

    Les uns comme les autres, en cette veille de commémoration du déclenchement de notre glorieuse révolution, doivent comprendre que l’Algérie est plus grande qu’eux et leurs sales manigances. Et comme dirait le défunt leader palestinien Yasser Arafat «O! Montagne aucun vent ne te secouera» (ya jabal mayhazak rihe»).

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 01/11/2021

  • Le colonialisme honte du 20e siècle

    Le colonialisme honte du 20e siècle – Le 1er novembre 1954 est une révolution au sens plein du terme, qui inspira tous les peuples colonisés, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine

    Conséquence d’un long processus de maturation du mouvement national, le 1er novembre 1954, comme le font accroire certains historiens malintentionnés, est loin d’être un acte sui generis, un coup de tonnerre dans un ciel serein. C’est une révolution au sens plein du terme, qui inspira tous les peuples colonisés, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Alger Mecque des révolutionnaires n’a pas été un slogan creux.

    Novembre 1954 est le résultat logique d’un échec cruel du légalisme modéré prôné par l’aile réformiste algérienne.
    Sous la bannière du Front de libération nationale, son unique représentant, le peuple algérien engagea une lutte armée contre un colon qui se considérait comme le seul propriétaire de l’Algérie.
    Un colonialisme de peuplement qui s’est installé dans une «perspective d’éternité», comme le dit si justement Frantz Fanon.

    Pour l’occupant, «l’indigène» n’avait devant lui que le refoulement, l’assimilation, si tant est qu’elle lui fut concédée, ou l’extermination.
    Novembre 1954 était l’amorce d’une guerre de sept ans et demi, la plus meurtrière qu’un peuple ait menée.
    Cette oppression dont parle avec lucidité Fanon s’est exercée sous des formes de violence extrême et continue, depuis l’occupation par le sabre et par le feu du territoire en 1830.

    L’histoire de cette colonisation se distinguera à jamais par les stigmates de la dévastation systématique, à coups de génocides, de spoliations, de tentatives d’aliénation, d’exil et de déracinements.
    Le colonialisme, cette honte du XXe siècle, selon la juste formule de Jacques Duclos, aura mené jusqu’au bout son œuvre diabolique.

    Ce rappel succinct des faits historiques les mieux attestés, qui peut apparaître comme un truisme, est nécessaire pour démontrer combien l’œuvre prétendument «civilisatrice» du colonialisme est une falsification éhontée de l’histoire, un acte contre nature.
    C’est ce qu’essaie d’accréditer, de manière grotesque, un révisionnisme hexagonal, porté à bout de bras par des théoriciens et des folliculaires, jamais remis de leurs illusions.

    L’immensité des tâches révolutionnaires, conduites par des hommes acquis incontestablement à l’obligation d’une lutte armée, a sommé tout un peuple de puiser dans ses ressources les plus insoupçonnées pour prendre en main son propre destin. Aujourd’hui, plus que jamais, l’écriture de notre histoire est plus qu’une exigence, c’est un devoir et une responsabilité à assumer envers les générations présentes et futures.

    Il s’agit d’un long passé millénaire à fructifier et à consolider, pour affirmer une cohésion nationale que tentent de briser des manœuvres criminelles de cercles et d’officines qui orchestrent une croisade haineuse, avançant à visage découvert sans honte ni pudeur, foulant au pied le sacrifice de millions de chouhada, déniant aux Algériens leur existence en tant que nation et société.

    Le champ de l’histoire algérienne est une richesse et un excellent capital mémoriel, une source de fierté.
    La valorisation de la Mémoire et sa transmission à la jeunesse sont le meilleur gage d’immunisation et d’attachement à la patrie. Une jeunesse capable de résister contre ceux qui ne se résignent pas à admettre que l’Algérie est indépendante depuis le 5 juillet 1962.

    EL MOUDJAHID, 01/11/2021

  • Algérie: projet de loi criminalisant le colonialisme français

    Algérie: projet de loi criminalisant le colonialisme français – Zakaria Belkheir, coordinateur du projet de loi, a déclaré à l’Agence Anadolu que plus de 100 députés de différents courants politiques l’ont signé

    AA / Algérie/ Abderrazzak ben Abdallah

    Des députés algériens ont déposé, dimanche, un projet de loi visant à criminaliser la colonisation française de leur pays (1830-1962), en marge de l’escalade de la crise entre Alger et Paris.

    « Le document a été remis à la Commission des initiatives législatives et parlementaires à la présidence de l’Assemblée populaire nationale (première chambre du Parlement), et a été signé par plus de 100 députés (sur 407) », a déclaré Zakaria Belkheir, coordinateur du projet de loi.

    Et d’expliquer que « la prochaine étape sera la tenue d’une réunion du Comité des initiatives à la présidence du Parlement pour étudier le projet et décider de son sort en le transférant au gouvernement pour examen. »

    Il a précisé que « les députés qui ont signé le projet de loi appartiennent à différents courants politiques. »

    Le projet, qui a été consulté par l’Agence Anadolu, comprend six chapitres et 54 articles, et son article 23 dispose que « l’État algérien œuvre à contraindre les autorités françaises à présenter des excuses au peuple algérien pour les préjudices qu’il a subis durant la période coloniale. »

    L’article 49 dispose que « l’État algérien est tenu de ne conclure aucun accord avec la France tant que les conditions de reconnaissance de ses crimes coloniaux ne sont pas réunies. » Paris refuse de présenter des excuses officielles.

    Dans la section sur les dispositions pénales, le projet prévoit une peine de 6 mois à deux ans de prison pour tout Algérien qui glorifierait le colonialisme français par quelque moyen d’expression que ce soit.

    En 2009, la tentative des députés algériens de promulguer une loi criminalisant le colonialisme français a finalement échoué. Les opposants affirment que le régime précédent, dirigé par Abdelaziz Bouteflika (1999-2019), l’avait gelée pour des raisons politiques.

    Dans le cas où le projet de loi reçoit l’aval du gouvernement, il sera soumis au vote du Parlement, et il entrera en vigueur s’il recueille 50 % + 1 des voix des députés.

    Ce projet de loi coïncide avec une escalade de la crise avec la France, après des déclarations de son président, Emmanuel Macron, qualifiées d’ »offensives », dans la mesure où il a contesté l’histoire de l’Algérie, ce qui a incité cette dernière à rappeler son ambassadeur en poste à Paris et à interdire aux avions militaires français de survoler son espace aérien.

    Cela coïncide également avec la commémoration du 67e anniversaire du déclenchement de la Révolution de libération contre le colonialisme français, le 1er novembre 1954.

  • Novembre ou le message de Jugurtha

    Novembre ou le message de Jugurtha – Hier comme aujourd’hui, c’est l’Histoire que l’on convoque pour interpréter les faits actuels. On la manipule aussi, on l’instrumentalise à rebours de ce qu’elle nous apprend quand on est résolu à chercher ou à approcher sa vérité.

    Hier comme aujourd’hui, c’est l’Histoire que l’on convoque pour interpréter les faits actuels. On la manipule aussi, on l’instrumentalise à rebours de ce qu’elle nous apprend quand on est résolu à chercher ou à approcher sa vérité.

    L’Histoire est une suite d’évènements sans fin. Elle est le témoin de la vie des nations, de leur grandeur, mais aussi des faiblesses qui précèdent leur disparition. On ne peut changer le cours du passé, mais l’avenir de l’humanité appartient à tous ceux qui savent tirer les enseignements et fonder de nouveaux rapports à l’Histoire que nous écrivons.
    La civilisation européenne a largement utilisé les apports de la civilisation musulmane, née aux confins du Maghreb musulman, ayant duré près de huit siècles.
    Son point d’aboutissement coïncide avec la renaissance de l’Europe occidentale et de sa pire créature : le colonialisme. En moins d’un siècle, les pays européens étendront leur domination sur l’ensemble du monde et, en particulier, sur les pays musulmans.
    Au cours de cette période, alors que les dessous de cartes de la Méditerranée sont peu à peu discernés, les stratèges militaires européens, de façon générale, les Espagnols, en particulier, ne sous-estiment pas l’émergence des Turcs-Ottomans qui, tel un mouvement de balancier, ont pris du poids à l’autre bout de l’Europe, dans les Balkans (la Grèce, la Serbie, la Bulgarie actuelles). Un peuple avec lequel nous, Maghrébins, allons partager plus de trois siècles d’existence, sous sa domination (ou sa tutelle).

    Revenons à ce qui nous touche de plus près
    Les princes d’Alger, de Tlemcen, de Béjaïa et de Tunis ont pris conscience de l’état de délabrement avancé de leurs territoires, de la posture hypothétique de leurs pouvoirs. Ils ont examiné, au cours de leurs longs conciliabules, les dangers de l’expansion chrétienne et de la politique inquisitrice, menée sans rapport avec les enseignements religieux qu’elle prétend étendre…
    Arroudj prend Alger et Kheir-Eddine, à sa suite, lance un programme d’équipement à travers toutes les villes. Alger bénéficie d’une attention particulière que ses successeurs poursuivent jusqu’au dey Hussein, le dernier de la lignée des sultans turcs en Algérie.
    La présence turque a permis de délivrer le pays des Espagnols, accrochés aux villes côtières, Alger de 1509 à 1518, Béjaïa de 1510 à 1545 et Oran de 1509 à 1709.
    Cette présence ne se manifeste pas par une politique coloniale au sens de peuplement et d’accaparement des terres, mais sa politique fiscale ingrate, ajoutée à l’arbitraire comme mode opératoire de la collecte d’impôts, détruit la cohésion sociale, menace ou hypothèque le champ vivrier. Le règlement d’un contentieux judiciaire devient aléatoire. Cette situation, les Maghrébins l’ont déjà vécue au cours de leur longue histoire.
    La politique suivie par les Turcs-Ottomans a souvent été méprisante ; elle a véhiculé des ressentiments que les populations assimilent à la détestation du régime colonialiste. L’amertume se développe, la résistance à l’oppression aussi.
    Le Maghreb découvre le statut de vassal à l’intérieur de son sol historique. Il va découvrir, bientôt, la sous-traitance pour le compte de l’Empire ottoman et permettre à celui-ci de tenir un rôle dans le concert européen, en s’engageant avec François 1er, roi de France(1) (1515-1547). Et voilà que les Maghrébins, Algériens et Tunisiens, constituent «un second front» contre l’Empire hispano-allemand, assailli, par ailleurs, en Europe centrale et en Méditerranée.
    Le temps s’écoule et Kheir-Eddine passera bientôt le flambeau. Disons encore ce mot sur ce souverain : les qualités d’homme d’État et de fondateur d’Alger (sur les restes de la ville de Bologuine ibn Ziri) lui sont reconnues et son souvenir est honoré dans les pages turco-ottomanes d’histoire de notre pays.

    Les relents d’un régime colonialiste
    La Régence, État national militaire, traîne comme un boulet un pays pour lequel elle n’a conçu ni réforme structurelle, ni stratégie économique, ni encore, tant s’en faut, de politiques sociale et culturelle ou encore moins un développement de la connaissance, de la production intellectuelle ou artistique. Les Turcs sont davantage attachés à leurs commerces, essentiellement orientés vers la course et la piraterie. Ils ne peuvent imaginer engendrer un quelconque profit d’une activité intellectuelle.
    Les autochtones cherchent à survivre dans un climat souvent de terreur qui ne facilite guère l’accès à la science ou aux arts. Sécheresse culturelle quasi totale qui sera compensée par l’apprentissage du Coran dans les confréries religieuses (zaouïas). Certaines de ces dernières dispensent un enseignement de haute teneur intellectuelle.
    À cette époque-là, la France, de son nom adopté sous Philipe Auguste au XIIe siècle, était encore sous le régime de Royaume de droit divin dans lequel le roi dispose d’un pouvoir absolu. C’est la Révolution française, en 1789, qui mit un terme à ce régime et c’est « le 17 juin 1789, que se constitue, par le serment du Jeu de paume, la première unité politique se réclamant du peuple français : c’est l’acte de naissance de l’État actuel».(2)
    À cette époque, aussi, Béjaïa, la capitale berbère, hafside, ouvrit ses portes au célèbre mathématicien italien Leonardo Fibonacci, venu acquérir les sciences auprès d’un des illustres enseignants de la ville, un savoir qui a permis le décollage de l’Europe

    Que nous réserve l’avenir ?
    Qu’avons-nous fait depuis 1962 pour déconstruire l’œuvre culturelle coloniale et prouver qu’elle s’inscrivait dans un long processus d’aliénation historique et d’annihilation de notre propre anthropologie culturelle et linguistique ?
    La célébration du 1er Novembre 1954, date de l’unification de toutes les forces du pays depuis la défaite du roi Jugurtha, mort en 104 av. J.-C., à Rome, après huit années de résistance, et celle de l’Émir Abdelkader qui a vainement tenté d’unifier les États régionaux de l’ensemble du territoire, est une date qui nous invite à une introspection historique pour capitaliser sur les leçons de notre propre histoire et celles d’autres pays.

    Le message de Jugurtha et les hommes de Novembre
    Novembre 1954 n’est pas si loin, et ses innombrables leçons sont, sans aucun doute, bien apprises ! L’une de ces leçons dont se sont nourris les hommes de Novembre se résume dans le message de Jugurtha, à savoir «Résistance, liberté et unité contre le colonialisme, injuste et oppresseur». «L’Émir Abdelkader, lui aussi, avait combattu le colonisateur français, pendant une quinzaine d’années. C’est dire son héroïsme et son courage. Cependant, il a fini par connaître le même sort que Jugurtha, puisque, lui aussi, il fut trahi par les Français en croyant à leur ‘’loyauté’’.»(3)
    Le message de Jugurtha, livré par toutes les péripéties de son combat pour la liberté, est dramatiquement d’actualité pour nous. Il est triple. Il est, d’abord, un vibrant appel à la résistance contre tout occupant étranger. Car toute occupation étrangère se traduit, partout, par les mêmes effets destructeurs des structures politiques, économiques et culturelles du pays occupé pour finir par porter atteinte jusqu’aux fondements de son identité.
    Une résistance aussi longue que nécessaire et par tous les moyens est le seul moyen à opposer à l’ennemi. Jugurtha, lui-même, durement imprégné de cette réalité, mena une résistance contre l’occupation romaine jusqu’à sa capture, après 8 ans de guérilla, et sa mort dans les prisons de Rome dans d’affreuses souffrances.
    Il est, ensuite, un fier appel au recouvrement de la pleine souveraineté du pays sur ses richesses et contre toute forme d’exploitation étrangère, reprenant de la sorte la fameuse devise de son grand-père, Massinissa : «L’Afrique aux Africains.» Rome, en effet, disposait à sa guise du pays de Jugurtha, d’abord, de ses produits agricoles (ne disait-on pas que ce pays est «le grenier de Rome»), ensuite, de ses hommes qu’elle enrôlait dans ses légions pour les envoyer, comme chair à canon, guerroyer à travers l’Empire.
    Cet appel retentira dans l’Histoire pour devenir, au XXe siècle, le leitmotiv de tous les pays sous domination étrangère : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
    Il est, enfin, un douloureux appel à l’unité des rangs dans le combat commun pour éviter de donner à l’ennemi l’occasion de mettre en application la devise bien connue de toujours, car toujours efficace : «Diviser pour régner.» Jugurtha vécut dans sa chair le résultat tragique de la désunion à travers la trahison du roi berbère voisin, Bocchus, (Boukechouche, son beau-père), qui l’invita chez lui pour ensuite le livrer aux Romains.
    Tous les résistants algériens, plus particulièrement ceux de Novembre 1954, ont visiblement entendu et compris ce message pour le porter par des sacrifices suprêmes jusqu’ à l’indépendance. Aujourd’hui, nous devons nous-mêmes ne pas faire la sourde oreille à ce message sous peine de vivre les dangers contre lesquels il nous met bien en garde, car l’occupation étrangère est sous nos yeux en mesure de se renouveler dans ses formes sans changer dans ses effets.

    L’Algérie de demain
    En 1954, le continent africain demeure colonisé par les puissances européennes, mais en novembre de cette année, sur le sol d’Algérie, éclate une Révolution qui contribuera largement à changer, non seulement, le cours de notre histoire nationale, mais aussi l’évolution du monde. Nous ne sommes pas isolés dans le monde et notre soulèvement entraînera l’émancipation de l’Afrique entière. Il fallait de l’intelligence aux combattants de ce temps-là pour anticiper la redistribution des cartes qui allait se produire six ans plus tard à l’échelle continentale ; il fallait de l’ambition pour donner au peuple algérien un destin qui ne dépende que de ses propres choix ; il fallait une culture, largement partagée, pour puiser, dans les leçons de l’Histoire, la conviction que l’Algérie était un rêve qui avait habité les hommes et les femmes de ce pays, surtout lorsque la liberté leur était confisquée.
    Et si, pour célébrer l’événement de cette date de renaissance, nous repartions vers nos origines, vers les grands noms qui attestent de notre existence en tant que nation dans l’acception moderne du terme ? Si nous redécouvrions les souffrances de celles et de ceux qui nous ont précédés sur notre terre ? Si nous refaisions un parcours dans notre antériorité pour que notre mémoire se rafraîchisse de ce qui nous est arrivé et de ce que nous avons appris comme leçons ?
    Depuis l’épopée des héros de l’opposition à l’Empire romain tels que Massinissa et Jugurtha par exemple, jusqu’aux glorieux militants du mouvement de libération nationale, il se trouva à chacune des pages de notre histoire des hommes et des femmes qui nous ont poussés vers la liberté. C’est qu’ils avaient découvert l’identité de notre pays, ils avaient développé sa culture, ils avaient contribué à construire sa civilisation.
    Cet écrit est une contribution à la célébration de cette date mémorable. Comme toute contribution, elle est appelée à prendre place dans les réflexions que les Algériennes et les Algériens ne manqueront pas d’alimenter à l’heure où le destin se forge dans le rougeoiement des incendies, sous les nuages noirs des menaces, mais aussi sur une terre, au milieu d’un peuple riche de possibilités encore insoupçonnées, mais que l’Histoire révèle à qui sait la lire.
    K. Y.

    1) En conflit ouvert avec Charles Quint
    2) Jeu de paume reste l’un des moments forts de la Révolution française et un acte fondateur de la République.
    3) Rédha Malek : Mohand Cherif Sahli est le précurseur de la critique historique.

    Par Karim Younes

    Le Soir d’Algérie, 31/10/2021

  • La France doit reconnaître tous les crimes de la colonisation

    La France doit reconnaître tous les crimes de la colonisation – Tourner la page de la colonisation, ne signifie en aucun cas la déchirer.

    Il est indéniable que le président Emanuel Macron est, de tous les chefs d’Etat français sous la Vème République, celui qui a fait le plus de pas symboliques sur la voie de la reconnaissance des crimes de la colonisation. Mais il est tout aussi incontestable qu’il est celui qui aura le plus appliqué la devise de « un pas en avant, un pas en arrière ».

    Candidat à l’Elysée en déplacement à Alger en 2017, il avait en effet qualifié les crimes de la colonisation de « crime contre l’humanité », pour mieux rétropédaler une fois revenu en France où il s’est senti contraint de rassurer les différents lobbys de la mémoire et de ménager les électorats de droite et d’extrême-droite qui voient en la colonisation une œuvre de « civilisation » et mettent généralement sur le même pied d’égalité les crimes de la colonisation et la violence anticolonialiste utilisée par les Algériens pour leur indépendance.

    Ensuite, à la faveur du rapport controversé du respectable historien de la colonisation Benjamin Stora, rapport commandé par le président Macron, ce dernier a reconnu un crime symbolique, celui de l’avocat nationaliste Ali Boumedjel. Puis, dans un remarquable exercice de funambulisme mémoriel et de gymnastique électoraliste, il a reconnu les crimes de masse du 17 octobre 1961 pour mieux les attribuer à l’initiative individuelle et isolée d’un simple haut fonctionnaire, et déresponsabiliser ainsi l’Etat français. Un pas en avant, un pas en arrière, devise macronienne par excellence.

    Il semble qu’il conçoit ainsi la meilleure manière de tourner la page douloureuse de la colonisation, dans une sorte d’opération de solde de tout compte où l’Etat français serait globalement exonéré de toute reconnaissance officielle de l’ensemble des crimes de la colonisation et de toutes excuses ad hoc à ce sujet. Mais tourner la page de la colonisation, ne signifie en aucun cas la déchirer.

    Cette vérité intangible avait été rappelée au président Valery Giscard d’Estaing par le président Houari Boumediene, à Alger, en 1975.

    En 2017, ce fut au tour du président Abdelaziz Bouteflika de la rappeler au jeune président Emanuel Macron. A l’occasion de la célébration du 55e anniversaire de l’Indépendance, le prédécesseur de M. Abdelmadjid Tebboune lui avait donc affirmé que l’Algérie, lorsqu’elle exerce son devoir de mémoire, elle le fait sans haine à l’égard de la France d’aujourd’hui, malgré le poids des mémoires antagoniques, et en dépit des incompréhensions et des écarts de langage de part et d’autre.
    Une France qui a cependant l’obligation de reconnaître les souffrances incommensurables infligées par la colonisation au peuple algérien durant 132 ans d’occupation. Le «partenariat d’exception» que la France et l’Algérie s’évertuaient tant bien que mal à construire, «gagnera en sérénité et en élan dans une reconnaissance des vérités de l’Histoire», avait alors souligné le président Abdelaziz Bouteflika.

    Je reconnais , j’avoue

    La reconnaissance du long martyre du peuple algérien est plus que jamais une condition politique nécessaire à toute normalisation et à toute forte impulsion des relations bilatérales. Cela pourrait signifier que ce partenariat ne sera jamais d’exception tant que les souffrances endurées par le peuple algérien pendant la nuit coloniale ne seraient pas officiellement reconnues en bloc par l’Etat français. Mais que demandait au juste le chef de l’Etat algérien ? Tout simplement, une reconnaissance des crimes de la colonisation et du confiteor ad hoc (le fameux «je reconnais, j’avoue» chrétien). Il ne s’agit donc pas de repentance qui est mêlée au regret douloureux que l’on a de ses péchés, de ses fautes, et du désir de se racheter, commun aux religions monothéistes.

    Les pays colonisés, dont l’Algérie qui a pâti le plus de la colonisation française, ne se sont pas inscrits franchement dans une approche foncièrement culpabilisante de l’ex-puissance coloniale. Les anciennes colonies de confession musulmane, elles, peuvent même exciper de l’argument religieux qui veut qu’«aucune âme ne portera le fardeau d’autrui, et qu’en vérité l’homme n’obtient que le fruit de ses efforts» (sourate 62 de l’Etoile, versets 37, 38). En tout cas, il n’a jamais été envisagé de demander à la France d’aller à Canossa. D’exiger d’elle une dure pénitence, une douloureuse flagellation.

    Personne ne lui demande donc d’être tondue, en robe de bure, et de s’agenouiller pour demander, assez contrite, le pardon.

    D’ailleurs, ni les Algériens, ni les autres peuples qui ont subi eux aussi le joug de la colonisation française ne veulent l’amener à se couvrir la tête de cendres. Les excuses attendues de la France officielle d’aujourd’hui ne serait en rien une repentance à connotation religieuse et pénitentielle. Elle est juste une simple reconnaissance, c’est-à-dire officielle, des souffrances subies par les peuples qu’elle a colonisés. Et cette reconnaissance ne doit en aucun cas se borner à juste souligner «le caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial», comme l’a fait le président Jacques Chirac en 2005. Ou encore de défoncer une porte ouverte en admettant que la colonisation en Algérie fut «une tragédie inacceptable», comme l’avait fait l’ancien ambassadeur à Alger Bernard Bajolet. Ou, enfin, de dire, banalement il est vrai, comme d’ailleurs le président Nicolas Sarkozy, en 2007, à Constantine, que «le système colonial a été profondément injuste ». Et comme l’ont fait ensuite les présidents François Hollande et Emanuel Macron qui sont restés finalement au stade de la reconnaissance évidente, purement pudique et symbolique, de certains crimes de la colonisation mais pas de l’ensemble des crimes de toute l’ère coloniale.

    L’anti-reconnaissance
    A la réflexion, ce qui est demandé à la France, ce n’est pas tant une reconnaissance officielle globale et des excuses subséquentes, qui seraient cantonnés au seul domaine franco-algérien. C’est un devoir de vérité et de reconnaissance pour toutes les victimes de la colonisation française, quelles que soient leurs origines. En fin de compte, ce n’est pas verser dans le délire mémoriel, encore moins attiser la guerre des mémoires que d’accepter que les anciens peuples colonisés reçoivent comme juste réparation une collective reconnaissance expiatoire qui dénonce, de manière officielle, solennelle et symbolique, le fait colonial.

    Ce n’est pas la mémoire sereinement assumée, c’est évident, qui dresse les murs de l’incompréhension et nourrit la haine de l’Autre. C’est l’anti-reconnaissance, entreprise d’auto-exonération par excellence, qui cependant empêche l’Algérie et la France d’édifier ce « partenariat d’exception » tant vanté en leur temps respectifs par les présidents Jacques Chirac et François Hollande. Ne jamais perdre de vue que le devoir de mémoire est un devoir de vérité, une obligation de reconnaissance. C’est un impératif catégorique de la loi morale envers les vivants qui portent le poids d’un passé toujours lourdement et douloureusement vivace.

    « La honte est dans l’offense et non dans l’excuse », disait au 17ème siècle le Français Pierre-Claude Nivelle, auteur notamment de la pièce théâtrale « La Fausse antipathie ».

    Par Nadji Azouz

    Le Jeune Indépendant, 31/10/2021

  • Algérie-France: le « couple malheureux » qui ne divorcera jamais

    Algérie-France: le « couple malheureux » qui ne divorcera jamais. Les souvenirs entre les deux nations sont intimes, mais se lisent très différemment

    La relation entre l’Algérie et la France n’a jamais été aussi tempétueuse que ces dernières semaines. Les dirigeants algériens ont été surpris par une déclaration du président français Emmanuel Macron le 30 septembre, dans laquelle il a évoqué le « système politico-militaire dur » d’Alger qui se maintient grâce à la « rente mémorielle » payée par l’héritage durable du colonialisme français. Il a ajouté que le régime algérien instille dans la société une haine envers la France incompatible avec l’espoir d’une amitié entre les deux pays.

    M. Macron estime également que le président algérien, Abdelmajid Tebboune, est sous la coupe de hauts gradés de l’armée qui ne lui laissent pas assez de marge de manœuvre pour diriger l’État.

    En soulignant la nature autoritaire du gouvernement d’Alger et en désignant les militaires comme l’une des sources de ses problèmes, M. Macron aurait pu obtenir un certain soutien parmi les Algériens qui s’opposent à la direction prise par leur pays. Malheureusement, le président français a anéanti ces perspectives lorsqu’il a ajouté que l’Algérie n’existait pas en tant que nation avant sa colonisation par la France et qu’il ne comprenait pas pourquoi les Algériens étaient plus durs envers la France qu’envers la Turquie, par exemple, qui les a subjugués pendant une plus longue période de l’histoire.

    À la suite de ces déclarations, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris et a interdit son espace aérien à tout avion militaire français à destination du Mali, où il participe à une guerre contre les guérillas islamistes dans le Sahel. Une rupture diplomatique totale entre l’Algérie et la France est peu probable, mais la crise actuelle est grave – aussi intense que celle qui a suivi la nationalisation des compagnies pétrolières françaises par le gouvernement algérien en 1971.

    Depuis la fin de la guerre d’indépendance algérienne, qui a fait des dizaines de milliers de morts entre 1954 et 1962, l’Algérie et la France n’ont pas réussi à construire une relation stable. L’histoire est lue différemment de part et d’autre de la Méditerranée. Le gouvernement algérien tire parti du manque d’empathie de Paris pour apparaître, aux yeux de la population locale, comme un protecteur de l’identité nationale, et cette réaction est à son tour exploitée par les différents gouvernements français pour attiser les passions lors des élections.

    Se préparant à sa propre campagne de réélection lors d’un scrutin prévu en 2022, M. Macron a cherché à réconcilier définitivement ces souvenirs contradictoires. L’année dernière, il a demandé à Benjamin Stora, un historien français d’origine algérienne connu pour être une autorité en matière d’histoire algérienne, de rédiger un rapport et de formuler des recommandations pour un règlement franco-algérien. Il a discuté du rapport à l’avance avec le gouvernement algérien, l’invitant à apporter sa contribution. L’Algérie a nommé Abdelmadjid Chikhi, le responsable de ses archives nationales, pour servir d’homologue à Stora.

    Lorsque le rapport Stora est finalement publié en février, Alger se montre réticent face au produit final. Si elle a reconnu que le rapport avait fait quelques pas en avant, elle a finalement estimé qu’ils étaient insuffisants. Les Algériens avaient espéré, par exemple, que la France reconnaîtrait que son armée s’est rendue coupable de crimes de guerre pendant la guerre. Le rapport ne fait aucune recommandation en ce sens.

    Mais malgré toute sa colère, il ne fait aucun doute que le gouvernement algérien utilise les détails du passé comme levier pour obtenir des gains diplomatiques dans le présent. Il demande au gouvernement français, par exemple, de soutenir la position algérienne à l’ONU dans son conflit avec le Maroc au sujet du Sahara occidental.

    A côté de ce conflit de mémoire, qui n’est pas prêt de disparaître, il y a un autre point de discorde : le cas des sans-papiers algériens installés en France. Chez nous, on les appelle les « harragas », c’est-à-dire « ceux qui brûlent ». Ils risquent leur vie pour traverser la Méditerranée et atteindre l’Espagne. De là, ils se rendent en France et, à leur arrivée, certains brûleraient leurs passeports. Les autorités françaises demandent à plusieurs reprises à leurs homologues algériens de les aider à les expulser.

    Mais l’Algérie se montre peu disposée à les reprendre, à la grande colère du ministre français de l’intérieur Gérard Darmanin, lui-même d’origine algérienne. Dans une récente interview télévisée, le président algérien a laissé entendre que M. Darmanin était malhonnête, aggravant ainsi la crise entre les deux gouvernements.

    Il est largement soupçonné que le gouvernement algérien souhaite l’extradition de certains de ses opposants politiques installés en France en échange d’une coopération sur la question des sans-papiers. Les autorités algériennes veulent que la France extrade, par exemple, Ferhat M’Henni, un séparatiste kabyle, Amir Boukhris, connu sous le nom d’Amir DZ, un militant des médias sociaux, et Hicham Abboud et Abdou Semmar, tous deux journalistes. En l’absence d’une décision de justice, l’administration française ne peut toutefois pas les envoyer en Algérie. En tout état de cause, Paris craint que s’ils sont expulsés, ils ne soient torturés.

    Pour le gouvernement algérien, déjà affaibli par le mouvement de protestation populaire du Hirak, la présence d’opposants politiques en France, où vivent des centaines de milliers d’autres Algériens, est alarmante.

    Les relations humaines entre la France et l’Algérie sont très profondes. Il y a 7 à 8 millions de citoyens français dont les parents ont eu dans le passé une relation intime avec l’Algérie, soit pour y avoir vécu, soit pour avoir d’autres liens familiaux ou commerciaux. Il y a également un million de citoyens français d’origine algérienne et 800 000 autres migrants algériens vivant légalement en France. Et la France est le troisième plus grand partenaire d’importation de l’Algérie, après la Chine et l’Italie.

    Pourtant, l’enracinement profond des deux pays sur leurs territoires respectifs ne rend pas leur relation facile. Au contraire, elle la rend plus difficile. Chaque fois qu’une crise diplomatique éclate, un grand nombre de vies sont touchées et des liens commerciaux établis de longue date sont perturbés. Ces problèmes touchent les citoyens français autant que les Algériens, et ils nuisent également aux entreprises françaises.

    Mais l’étroitesse des relations complique les choses d’une autre manière. Si le marché algérien est certainement important pour le gouvernement français, Paris estime qu’il a également des intérêts culturels à défendre en Algérie. L’Algérie a beaucoup contribué au paysage culturel de la France. Malgré l’arabisation du système scolaire algérien, la langue française est toujours utilisée par l’administration publique et des millions de personnes parlent le français, en plus de l’arabe ou de l’amazigh. De nombreux écrivains algériens francophones sont bien connus en France, notamment Yasmina Khadra, Boualem Sansal et Kamel Daoud. Face à l’hégémonie mondiale de la langue anglaise, l’Algérie est pour la France un bastion linguistique à préserver. Tout cela, naturellement, pourrait donner à Alger un sentiment d’insécurité – un coin du monde francophone, plutôt qu’un centre de sa propre histoire.

    La France et l’Algérie forment un couple – un couple torturé, mais avec des souvenirs d’intimité. Ils ne seront peut-être jamais stables, mais ils ne divorceront jamais. Une telle rupture serait trop brutale et, en définitive, un gaspillage de tant d’histoire.

    The National, 29/10/2021