Étiquette : colonisation

  • 1er novembre 1954 : début d’une guerre qui allait changer deux nations

    Topics : Algérie, 1er novembre 1954, FLN, France, Guerre d’Algérie, colonisation,

    À partir de 1954, la guerre d’Algérie oppose la France au Front de libération nationale algérien. Elle aboutit à l’indépendance de l’Algérie en 1962, mettant fin à plus d’un siècle de colonisation française.

    Quelle est la cause de la guerre d’Algérie ?

    L’invasion française d’Alger en 1830 a marqué le début de plus d’un siècle de domination coloniale par Paris sur le territoire de l’Algérie moderne, qui a été pleinement intégrée à l’État français quatre ans plus tard, jusqu’à son indépendance.

    L’Algérie a longtemps été une destination pour les immigrants européens et leurs descendants, que l’on a appelé les « pieds-noirs ».

    Après la Seconde Guerre mondiale, les promesses d’autonomie en Algérie n’ayant pas été tenues, les Algériens se sont soulevés contre le gouvernement français pour obtenir leur autonomie.

    La guerre s’est déroulée principalement sur le territoire algérien, avec des répercussions en France métropolitaine. Au fur et à mesure que la guerre se poursuivait, l’opinion publique française s’est lentement retournée contre son propre gouvernement et de nombreux alliés de la France, dont les États-Unis, ont cessé de soutenir la France pour s’abstenir lors du débat sur l’Algérie à l’ONU.

    Comment la guerre d’Algérie a-t-elle commencé ?

    Le 1er novembre 1954, le Front de libération nationale algérien (FLN) a lancé une série de 70 attaques contre des cibles françaises dans toute l’Algérie. C’est ce que l’on appelle communément la « Toussaint rouge » ou la « Toussaint sanglante », et qui est considéré comme le début de la guerre d’Algérie.

    Alors que le FLN attaquait les bâtiments gouvernementaux, il a également diffusé un message depuis l’Égypte (où Gamal Abdel Nasser avait récemment mené une révolution), appelant les musulmans d’Algérie à se joindre à la lutte pour l’autonomie et la démocratie, dans le cadre des principes islamiques.

    Qui a gagné la guerre d’Algérie ?

    L’armée française s’est appuyée principalement sur les raids de quartier, les arrestations et la torture, concentrant ses opérations dans le bidonville de la Casbah, bastion de l’opposition. Plus de 100 000 musulmans et 10 000 soldats français ont été tués au cours de la guerre d’Algérie, qui a duré plus de sept ans, ainsi que des milliers de civils musulmans et des centaines de colons européens.

    Le 1er juillet 1962, les Algériens ont massivement approuvé un accord de paix promettant l’indépendance. L’aide française à l’Algérie s’est poursuivie et les Européens ont eu le choix de retourner dans leur pays d’origine, de rester en Algérie en tant qu’étrangers ou de prendre la nationalité algérienne. La plupart du million d’Européens présents en Algérie quittent le pays.

  • France : première rencontre d’historiens sur la colonisation en Algérie

    Topics : Algérie, France, colonisation, mémoire, Guerre d’Algérie,

    La commission d’historiens français et algériens créée pour travailler sur la colonisation française et la guerre d’Algérie a tenu mercredi sa première réunion, a annoncé l’Elysée en révélant la composition de cette instance côté français.

    Les cinq historiens français sont Benjamin Stora (également coprésident de la commission), Florence Hudowitz (conservatrice au MUCEM), le professeur des universités Jacques Frémeaux ainsi que les historiens et enseignants universitaires Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur, ont indiqué l’Elysée.

    « Cette commission a tenu sa première réunion aujourd’hui, mercredi 19 avril », indique le communiqué.

    La création de cette instance de dix membres a été annoncée en août dernier à Alger par les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune. Il s’agit de « travailler sur l’histoire de l’Algérie contemporaine, pour mieux se comprendre et réconcilier les mémoires blessées », rappelle le communiqué.

    Cette commission indépendante « travaillera d’abord sur les origines de la colonisation française en Algérie, au XIXe siècle, en dressant un inventaire des archives déposées en France et en Algérie, et qui traitent particulièrement de la conquête coloniale », précise le communiqué.

    D’autres sujets pourront alors être abordés concernant « la période du XXe siècle, en particulier, l’enchaînement de la guerre et de la décolonisation », ajoute l’Elysée.

    #Algérie #France #Mémoire #Colonisation

  • Les Algériens n’apprécient pas l’audace

    Tags : Algérie, France, Mémoire, crimes coloniaux, colonisation, crimes de guerre,

    Depuis des décennies, les Algériens scandent fièrement le slogan « Un, Deux, Trois – Viva l’Algérie ! face à l’adversité. Pourtant, même ce slogan, qui en est venu à représenter le patriotisme et la résilience algériens, rappelle les souvenirs de l’expérience brutale du pays en tant que colonie française. L’Algérie a obtenu son indépendance en 1962 après 132 ans de brutale colonisation française et le massacre de près de 1,5 million d’Algériens(1), mais l’impact du colonialisme français sur la culture, la société et la politique algériennes se fait encore sentir aujourd’hui. L’éducation française a démantelé la nation commune algérienne, l’identité culturelle et la société homogène (2) et le français est toujours parlé par un tiers de la population et enseigné dans les écoles élémentaires algériennes(3).

    Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, le pays a été confronté à des défis importants dans la construction d’un gouvernement et d’une économie stables. Le gouvernement post-colonial a eu du mal à établir des institutions efficaces et à faire face aux héritages du colonialisme, tels que la pauvreté, l’analphabétisme et le sous-développement. En l’absence d’institutions fortes et de l’État de droit, la corruption s’est généralisée et les élites ont utilisé leur pouvoir et leurs relations pour s’enrichir aux dépens de la population.

    Suite à la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika en 2019, l’instabilité sociale et politique a ravagé le pays, l’esprit révolutionnaire étant à son apogée alors que les Algériens continuent de protester contre leur gouvernement corrompu actuel. Pourtant, malgré les vaillants efforts de la nation pour recoller les morceaux de sa démocratie brisée, la France est simplement restée les bras croisés. Lorsqu’on lui a présenté l’occasion idéale de commencer à réparer les énormes dégâts qu’elle a causés à l’Algérie, la France n’a rien fait.

    Ce n’est qu’une fois que la France assumera l’entière responsabilité de leur odieuse colonisation et offrira amende honorable au peuple algérien ainsi qu’aux pays d’Afrique colonisés par la France, que le gouvernement algérien devrait être ouvert aux relations et commencer à guérir correctement en tant que nation avec l’aide du gouvernement français. En attendant, les Algériens vivent avec les souvenirs des martyrs, des montagnes de crânes et des vallées de sang versé sur le chemin de son indépendance alors que le président français exprime peu d’inquiétude.

    Les événements

    La conquête française de l’Algérie, qui a commencé en 1830, n’était pas simplement une entreprise coloniale, mais plutôt un effort pour étendre la souveraineté française sur un territoire qui a ensuite été considéré comme faisant partie intégrante de la France métropolitaine(4). L’annexion de l’Algérie au contrôle français ne s’est pas limitée à une simple influence politique ou économique, mais a également englobé l’intégration sociale et culturelle avec la nation française. Ce lien profondément enraciné est souligné par des mesures telles que la mise en œuvre de la loi et de la langue françaises, ainsi que la migration des colons français vers l’Algérie. Le résultat était une possession coloniale distincte des autres colonies françaises, car elle était considérée comme une extension naturelle du territoire français. Les Français, les Maltais, les Italiens et d’autres puissances coloniales se sont tous installés à travers l’Algérie, avec une affinité particulière pour la région ensoleillée de l’ouest d’Oran. C’était un mode de vie agréable et confortable pour bon nombre de ces colons européens. Cependant,(5) Les partis nationalistes algériens, tels que le Parti du Peuple Algérien (Parti du Peuple Algérien), existaient depuis des années avant la révolution. Ce n’est qu’avec le temps qu’ils sont devenus de plus en plus radicaux en réalisant qu’ils ne pourraient pas accomplir leur souveraineté par des moyens pacifiques.

    Le 31 octobre 1954, la guerre d’indépendance de l’Algérie commence. Le Front de libération nationale (FLN) l’a dirigé dans le but de restaurer la liberté de l’État algérien et de développer une fois pour toutes une social-démocratie. Ce qui a suivi a été un voyage épuisant vers l’autonomie, officiellement considéré comme la guerre d’Algérie. Les nationalistes algériens se sont battus principalement par le biais de la guérilla ou de l’assistance diplomatique à l’étranger. Après sept longues années de combats et de massacres, la France et les dirigeants du FLN signent un accord de paix (7) pour marquer la fin de la guerre. Le combat le plus important pour la justice et la restitution avait commencé. L’Algérie continue de combattre les fantômes de ses colonisateurs.

    La Ratonnade

    Il y avait eu des récits de multiples cas dans lesquels les Français exerçaient leur autorité de manière inhumaine, à la fois avant et tout au long de la guerre d’indépendance. Que ce soit tout au long de la guerre ou après sa conclusion, les Français ont trouvé d’innombrables moyens de narguer les Algériens et de leur rappeler les luttes de leur passé. Le 17 octobre 1961, alors que la guerre touchait à sa fin, près de 30 000 Algériens sont descendus dans les rues de France pour protester contre le couvre-feu préjudiciable imposé aux musulmans algériens. Les autorités étaient déterminées à faire taire les manifestants. Presque immédiatement après le début, les autorités policières ont commencé à utiliser la force brutale, tuant des manifestants et même jetant des corps vivants dans la Seine. Les historiens et les responsables ont convenu que le nombre de morts de cette nuit-là s’élevait à plus de 100. (8) Le gouvernement français n’a pas fait grand-chose pour s’excuser du massacre. À l’occasion de son 60e anniversaire, le président Emmanuel Macron a fait une tentative de reconnaissance décevante, affirmant que les crimes commis par la police française étaient « inexcusables ». (9) Plus troublant encore dans cette entreprise de « représailles » fut le retour de 24 crânes algériens du Musée de l’Homme en 2020. Ces crânes appartenaient aux combattants de la liberté d’Algérie et leur placement dans un musée français rappelle la domination coloniale brutale. En 2022, des documents ont révélé que seuls six de ces crânes appartenaient à des résistants, (10) les autres provenaient d’origines inconnues. Comme prévu, le bureau du président Macron a refusé de commenter l’échange. Il semble que les actions sadiques du gouvernement français se soient maintenant manifestées par des tentatives politiques confuses de rapatriement.

    Réparations paresseuses

    Pour témoigner du comportement prétendument sincère et vraiment tolérant du gouvernement français alors qu’il tente de rétablir les relations avec l’Algérie, on peut observer les déclarations les plus récentes du président Macron. Pas plus tard que le 12 janvier 2023, le président Macron a déclaré qu’il ne « demanderait pas pardon » à l’Algérie pour la colonisation française car « ce mot romprait tous nos liens ». (11) Les cicatrices douloureuses laissées par l’impérialisme français ont été ignorées dans la carrière de Macron. Les paroles de Macron n’ont d’impact que si des mesures sont prises à leurs côtés.

    Le gouvernement français est à une époque où il vise à remodeler ses relations avec les pays africains qu’il a colonisés. Au milieu de cela, ils ont pris des engagements paresseux et creux pour rapatrier les œuvres d’art et les vestiges de l’époque coloniale. Alors que l’actuel président algérien Abdelmadjij Tebboune a accordé à la France l’accès aux ressources de l’Algérie, la France a réduit le nombre de visas pour son pays. Selon le politicien islamiste algérien, le cheikh Ali Belhadj a qualifié les visites de Macron en 2022 de « une colonisation douce, un vol des ressources du peuple algérien ». L’Algérie continue de souffrir des effets de la colonisation aujourd’hui. L’absence d’excuses permet au gouvernement français de se glisser lentement dans les plis de la politique algérienne et de ses riches ressources.

    Il est évident que la France doit assumer l’entière responsabilité de sa colonisation odieuse et offrir amende honorable à l’Algérie et aux autres pays colonisés par la France en Afrique avant toute tentative de réconciliation. Les récentes déclarations du président Macron concernant la colonisation française ont été critiquées comme creuses, et l’Algérie continue de ressentir les effets durables de son passé.

    Les références

    [1] « La guerre d’indépendance de l’Algérie ». Encyclopædia Britannica. Encyclopædia Britannica, inc. Consulté le 10 février 2023. https://www.britannica.com/place/Algeria/The-Algerian-War-of-Independence.

    [2]Hamitouche, Youcef. « Politique éducative du colonialisme français en Algérie et son impact sur la culture et la société algériennes. » Maison. Consulté le 10 février 2023. https://nomadit.co.uk/conference/africaknows/paper/57571#:~:text=With%20the%20French%20colonization%2C%20Algeria,spreading%20French%20education%20in%20Algeria .

    [3]Caulcutt, Clea. « Le passage de l’Algérie à l’anglais signale l’érosion de l’emprise de la France. » POLITIQUE. POLITICO, 2 septembre 2022. https://www.politico.eu/article/algerias-move-to-english-signals-erosion-of-frances-global-influence/#:~:text=Arabic%20and%20Tamazight %20sont%20les,ipar%20un%20troisième%20des%20Algériens.

    [4] Noor Al-Deen, Hana. « L’évolution de la musique Rai – Hana Noor Al-Deen, 2005 – Sage Journals. » Consulté le 10 février 2023. https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0021934704273906.

    [5]« Règle coloniale ». Encyclopædia Britannica. Encyclopædia Britannica, inc. Consulté le 10 février 2023. https://www.britannica.com/place/Algeria/Colonial-rule.

    [6] Ibid., « La guerre d’indépendance algérienne ».

    [7] « Trêve franco-algérienne – Histoire ». Consulté le 10 février 2023. https://www.history.com/this-day-in-history/french-algerian-truce.

    [8]Chemam, Mélissa. « Massacre de Paris : 60 ans après, la France doit faire face à son passé colonial. » Histoire | Al Jazeera. Al Jazeera, 17 octobre 2021. https://www.aljazeera.com/opinions/2021/10/17/17-october-1961-60-years-on-france-must-face-its-colonial-past.

    [9]Rouaba, Ahmed. « Comment un massacre d’Algériens à Paris a été dissimulé. » Nouvelles de la BBC. BBC, 16 octobre 2021. https://www.bbc.com/news/world-africa-58927939.

    [10] Méheut, Constant. « La France a restitué 24 crânes à l’Algérie. Ils n’étaient pas ce qu’ils semblaient. Le New York Times. The New York Times, 17 octobre 2022. https://www.nytimes.com/2022/10/17/world/europe/france-algeria-restitution-skulls.html.

    [11] « Macron ne demandera pas le ‘pardon’ de l’Algérie pour le colonialisme. » Nouvelles politiques | Al Jazeera. Al Jazeera, 12 janvier 2023. https://www.aljazeera.com/news/2023/1/12/macron-will-not-ask-algeria-for-forgiveness-over-colonialism.

    [12] « Les islamistes, analystes et utilisateurs des médias sociaux algériens décrivent la visite de Macron en Algérie comme une » colonisation douce « , exigent des excuses et des réparations. » MEMRI. Middle East Media Research Institute, 2 septembre 2022. https://www.memri.org/reports/algerian-islamists-analysts-and-social-media-users-describe-macrons-visit-algeria-soft.

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    #Algérie #France #Colonisation #Crimes_coloniaux

  • Comment la France continue de dominer ses anciennes colonies en Afrique

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Franc CFA, colonisation, esclavage, pacte colonial,

    UNE ENTREVUE AVEC NDONGO SAMBA SYLLA FANNY PIGEAUD

    Dans les anciennes colonies africaines de la France, les politiques monétaires impérialistes de Paris continuent de paralyser les économies nationales et de saper la démocratie. Le colonialisme en Afrique n’aura pas véritablement pris fin tant que la véritable souveraineté économique ne sera pas autorisée à s’épanouir.

    par Ndongo Samba Sylla – Le Meilleur de Ndongo Samba Sylla
    26 avril 2021

    L’économie de l’Afrique subsaharienne a défrayé la chronique la première semaine de mars. Alors que Ngozi Okonjo-Iweala a pris ses fonctions de première femme africaine directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce, des manifestations massives de jeunes ont éclaté au Sénégal contre la détérioration des conditions économiques. La traduction anglaise de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story de Ndongo Samba Sylla et Fanny Pigeaud a été lancée pour aider tout le monde à comprendre la situation .

    Le livre décrit l’ingérence continue de l’État français en Afrique – une classe de maître dans la méchanceté capitaliste, le blâme des victimes et la polyvalence. Après l’abolition de l’esclavage, d’énormes « réparations » ont été versées aux anciens propriétaires d’esclaves français. Ceux-ci ont été utilisés en partie pour établir des banques coloniales en Afrique, rejointes plus tard par d’autres, qui s’efforceraient d’assurer la pérennité de la domination française après l’esclavage en maintenant « le pacte colonial ». Ce pacte impliquait le sous-développement délibéré des économies des colonies, leur dépendance forcée aux exportations de matières premières et un monopole français sur le transport maritime, les exportations et les importations. Le franc CFA était la monnaie conçue par la France pour assurer que le contrôle français survive à la disparition officielle du colonialisme.

    Pour en savoir plus, Chris Dite de Jacobin s’est assis avec Ndongo Samba Sylla et Fanny Pigeaud pour discuter de leur livre ainsi que des événements récents sur le continent.


    CD | Un récent ministre français des Finances a décrit la France comme étant en Afrique « en tant qu’amie ». En lisant votre livre, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que c’est comme décrire la famille Corleone de la série Parrain comme une amie des entreprises sous sa « protection ». Pourriez-vous aider les lecteurs à comprendre comment la relation entre la France et ses anciennes colonies est basée sur les menaces, la violence et l’extorsion ?

    NSS | Les Français savaient que l’indépendance de l’Afrique était inévitable. En 1958, la France organisa un référendum demandant si les pays d’Afrique subsaharienne sous sa domination voulaient devenir indépendants aux conditions françaises. La Guinée – dirigée par l’un des rares dirigeants africains qui était un syndicaliste et non un fidèle allié français formé en France – a voté non à cette indépendance sans indépendance et s’est séparée de la France deux ans avant les autres.

    Pour les autres, c’était l’indépendance sans pleine souveraineté, l’indépendance à condition de signer des « accords de coopération ». L’idée était de créer de nouvelles républiques avec une autonomie limitée sous la tutelle de la France – tous les commandements souverains seraient exercés par Paris.

    Lorsque la Guinée a décidé d’émettre sa propre monnaie nationale en 1960, la France a organisé une opération de sabotage pour déstabiliser le nouveau pays, envoyant à son service des agents secrets, inondant l’économie de faux billets et perturbant tout. Cela a envoyé un message clair aux autres pays : « Si vous voulez emprunter cette voie, vous savez ce qui se passe. Depuis, c’est plus ou moins l’histoire du leadership africain : si on veut rester au pouvoir, il faut être en bons termes avec la France.

    PF | A la veille de l’indépendance, la France gère ses relations avec ces nouveaux pays en choisissant les dirigeants qu’elle préfère à la tête de l’Etat. Vous pouvez voir maintenant que c’est le même système — nous avons des dirigeants africains qui sont très liés et qui n’osent pas agir sans l’accord de Paris. S’ils essaient d’agir différemment, il y aura des représailles.

    La France a conservé des bases militaires dans plusieurs pays depuis l’indépendance – Côte d’Ivoire, Gabon, Sénégal, entre autres – et compte actuellement cinq mille soldats sur le terrain au Sahel. Même si officiellement l’armée est là pour « combattre le terrorisme », on sait qu’elle est aussi là pour maintenir une forme de contrôle sur ces pays.

    La France a utilisé la force militaire pour créer la politique qu’elle voulait en Côte d’Ivoire en 2011, par exemple. Mais une véritable intervention militaire n’est pas nécessaire pour mettre en œuvre l’agenda parisien. Si vous êtes un pays comme le Niger avec beaucoup de problèmes – problèmes de sécurité, problèmes économiques, sociaux et financiers – et que vous avez les services militaires et de renseignement français sur le terrain tout autour de vous, il est difficile de penser que vous êtes libre pour prendre vos propres décisions.

    CD | Et comment le franc CFA s’intègre-t-il dans ce tableau violent ?

    NSS | Le franc CFA, c’est le colonialisme reconditionné. Le Franc des Colonies Françaises d’Afrique (FCFA) à l’époque coloniale est devenu avec l’indépendance le Franc de la Communauté Financière d’Afrique (FCFA) en Afrique de l’Ouest et le Franc de Coopération Financière en Afrique Centrale. Le gouvernement français est un spécialiste du recadrage des structures coloniales en utilisant de nouveaux noms : c’est vraiment l’histoire de la relation de la France avec l’Afrique.

    PF | Nous pouvons voir le même comportement maintenant avec les récentes soi-disant réformes. C’est juste du marketing — mais en fait, tout reste pareil. Les Français sont plutôt doués pour ça.

    CD | Une ligne commune des défenseurs du système actuel est que si vous soustrayez l’argent de l’aide fournie par la France de tous les gains qu’elle tire des accords d’exploitation, cela « s’équilibre » ou travaille en faveur de l’Afrique. Pourriez-vous expliquer pourquoi ce n’est tout simplement pas le cas?

    NSS | Dans le système du franc CFA, les banques centrales africaines ont été obligées pendant des décennies de déposer une grande partie de leurs réserves de devises étrangères dans le Trésor français. Ces montants représentent le double du montant de l’aide de la France à l’Afrique subsaharienne. La France restitue essentiellement aux pays africains une fraction de ces dépôts forcés à titre « d’aide ».


    CD | Dans votre livre, vous décrivez les changements récents d’Emmanuel Macron dans la zone franc CFA comme une transition vers un système de contrôle plus indirect. Pourriez-vous expliquer ces réformes ?

    PF | Trois choses devraient changer mais uniquement pour les pays d’Afrique de l’Ouest concernés, pas ceux d’Afrique centrale : la première est le nom de la monnaie (elle s’appelle désormais l’« éco »), la seconde est que les représentants français ne siégeront plus dans les organes de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, et le troisième est la suppression de l’obligation de déposer 50 % des réserves de change au Trésor français.

    Mais le lien principal restera. Ces pays devront toujours rendre compte quotidiennement à la France en vertu de la «garantie de convertibilité», qui est la promesse de la France de prêter autant d’euros que nécessaire à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest – une promesse qu’elle ne tient pas.

    CD | Comment ces changements sont-ils encore informés par la logique de domination ?

    NSS | La mentalité du gouvernement français est une mentalité coloniale. Les « réformes » visent à donner un nouveau souffle à la domination monétaire et à élargir la zone franc CFA aux autres pays d’Afrique de l’Ouest comme la Guinée et le Ghana. La France continue de croire en l’empire colonial selon lequel les pays africains doivent accompagner le développement de la France.

    Le gouvernement français ne peut pas rompre les liens. Il trouvera de nouveaux moyens pour maintenir l’empire. Le nouveau nom de « l’éco » vise à saper un groupement régional de quinze pays appelé CEDEAO [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest]. « Eco » est l’abréviation de CEDEAO et allait être le nom d’une proposition de monnaie unique régionale ouest-africaine. Macron et [Alassane] Ouattara ont volé le nom « éco » et ont fait leur annonce le jour même où la plupart des présidents de la CEDEAO se réunissaient pour décider d’une date de lancement de leur monnaie. Nous n’avons jamais vu les billets ou les pièces « éco ». Cela semble n’avoir été qu’une stratégie pour se débarrasser rapidement de l’ancien nom.

    Macron dit que les représentants français sont partis, mais ils ont signé de nouveaux accords de coopération monétaire stipulant qu’ils peuvent toujours être ramenés. Paris décidera encore avec ses homologues africains quels représentants rendront compte quotidiennement au Trésor français. La France présente la suppression de l’obligation de dépôt comme un cadeau, mais le vrai cadeau a été le financement par l’Afrique du Trésor français. Les Africains ont perdu sur leurs dépôts au Trésor – non seulement parce que les faibles taux d’intérêt et la hausse de l’inflation signifient qu’ils perdent en termes réels, mais parce qu’ils auraient pu utiliser cet argent constituant la moitié de leurs réserves de devises étrangères de manière beaucoup plus productive au fil des ans.

    CD | Pourquoi ces changements se produisent-ils maintenant ?

    NSS | Il y a eu de nombreuses protestations en cours contre certains aspects du franc CFA qui sont vraiment embarrassants pour la France. Paris a voulu y remédier sans mettre fin au franc CFA. Par exemple, les jeunes demandent pourquoi leurs pays sont obligés de remettre leurs réserves de change au Trésor français. En fait, lorsque le gouvernement italien de droite se battait avec la France sur les questions d’immigration en 2019, il a déclaré : « si nous avons des migrants africains qui viennent en Italie, c’est parce que le franc CFA appauvrit l’Afrique. Débarrassez-vous du franc CFA et cela éliminera les migrants africains. C’était démagogique, mais cela a attiré l’attention sur la question du franc CFA plus largement.

    PF | Un officier militaire français anonyme a déclaré il y a quelques semaines que sans l’opération Barkhane (l’intervention militaire française au Sahel), la France deviendrait comme l’Italie. Ils ne veulent pas ça. Les autorités françaises pensent toujours que les pays africains francophones sont nécessaires au développement et à l’économie de la France. Il est clair qu’ils pensent que ces pays font toujours partie de « l’empire français », même s’ils le nient. Avec ces soi-disant réformes, Paris veut faire croire qu’il a compris le message de ceux qui ne veulent plus du franc CFA. Mais en réalité, il essaie de garder le contrôle, de gagner du temps.


    CD | Nul doute que tout pays africain proposant de quitter la zone du franc CFA se verrait présenter des exemples comme le Liban comme preuve des dangers de la monnaie fiduciaire. Est-ce vraiment le choix auquel l’Afrique est confrontée – une « supervision » européenne exorbitante ou le chaos et l’hyperinflation ?

    NSS | Cela a été l’un des principaux arguments défensifs vis-à-vis de quiconque prétendait se dissocier du Trésor français : si vous vous dissociez, vous deviendrez comme le Zimbabwe.

    Mais tout pays souverain veut avoir la capacité de développer ses propres capacités nationales. Vous devez avoir votre propre devise pour cela. Il existe de nombreux exemples de pays africains qui ont leur propre monnaie nationale, mais ce n’est pas vraiment souverain – pourquoi ? Les pays du Sud remplissent rarement la condition majeure pour être souverains monétairement : avoir zéro dette en devises étrangères. Si vous voulez avoir une monnaie souveraine, vous devez développer une stratégie basée avant tout sur la mobilisation de vos propres ressources domestiques, sans quoi vous devrez compter sur la dette en devises, les investissements étrangers et l’aide au développement. Cette stratégie n’est pas durable.

    Toute stratégie de développement basée sur le financement étranger doit fonctionner comme un schéma de Ponzi – vous devez contracter de nouveaux flux de financement étranger pour assurer le service des intérêts sur la dette existante et le rapatriement des flux de bénéfices. Vous ne pouvez donc pas compter sur des financements étrangers pour votre propre développement. Malheureusement, de nombreux pays n’utilisent pas, économiquement parlant, leur potentiel domestique et leur potentiel en tant qu’émetteur souverain de leur propre monnaie.

    CD | Pourriez-vous élaborer un peu plus sur la nature de la relation entre la domination économique française et la corruption des gouvernements africains ?

    NSS | Le système crée son propre type de leadership – tant que nous avons un franc CFA, nous ne pouvons pas nous attendre à avoir des dirigeants engagés dans l’intérêt de leur peuple. Il y a toujours de la concurrence : des leaders africains potentiels prêts à jouer le rôle que la France veut qu’ils jouent.

    De nombreux dirigeants africains savent que parler du franc CFA peut leur causer des ennuis, et ils essaient donc de se taire sur cette question. Le système repose également sur l’arrimage du franc CFA à l’euro ; pour le soutenir, il faut avoir un niveau suffisant de réserves de change. Mais la plupart des pays de la zone ne peuvent pas générer suffisamment de revenus étrangers par le biais du commerce et sont donc obligés d’emprunter et de sous-financer l’économie pour maintenir l’ancrage. La mauvaise gestion publique est enracinée dans la zone franc CFA.

    CD | Ngozi Okonjo-Iweala , qui a négocié l’annulation de la dette en tant que ministre des Finances du Nigeria, est récemment devenue directrice générale de l’OMC. Cela a été salué dans les médias comme le signe d’un avenir meilleur pour l’Afrique. Pourriez-vous expliquer comment même quelque chose d’aussi inoffensif que «l’annulation de la dette» implique la domination économique de l’Afrique?

    NSS | Au cours de la soi-disant période d’ajustement structurel des années 1980 et 1990, le Sud global a transféré l’équivalent de cinquante-six plans Marshall au Nord sous la forme d’un « service de la dette ». C’est complètement fou. Au moins 40 % de la dette extérieure africaine est détenue par des créanciers privés – ils n’accepteront évidemment jamais d’annuler cette dette. Même les acteurs multilatéraux comme la Banque mondiale et le FMI ne veulent pas en tenir compte.

    Je suis moi-même favorable à l’annulation de la dette en devises des pays du Sud, mais ce n’est pas une solution. Ce que nous devons « annuler » — en fait abolir — c’est le système qui produit cette dette. Le système mondial fonctionne structurellement de manière à placer les pays du Sud dans une position perpétuelle d’endettement ; toute dette annulée est reconstituée très rapidement.

    Les pays en développement ne peuvent aspirer à la prospérité de leur population si leur développement repose sur des ressources extérieures. C’est impossible. La question de cette dette extérieure doit donc être formulée selon ces axes : annuler/abolir le mécanisme d’échange inégal aux niveaux mondial et domestique et aider les pays en développement à mobiliser leurs propres ressources domestiques en utilisant leurs pouvoirs monétaires et économiques.

    En tant qu’Africains, nous devrions être heureux qu’un de nos compatriotes soit à la tête de l’OMC. C’est important, symboliquement parlant. Mais en même temps, on sait que l’OMC n’est plus pertinente ; il a été bloqué. De nombreux pays du Nord se sont retirés du multilatéralisme de l’OMC après que des questions telles que la libéralisation de l’agriculture se soient heurtées à la résistance des pays en développement. Il est donc ironique qu’à une époque où l’OMC n’a aucune force, nous ayons une directrice générale africaine.

    CD | Il y a eu de grands soulèvements de jeunes au Sénégal récemment. Un commentateur sénégalais a noté que le président pourrait être un dur à cuire lorsqu’il a des soldats armés qui attaquent des enfants armés de pierres, mais il est beaucoup plus soumis face au ministre français des Finances dans la salle de réunion de la Banque centrale. Comment la France répondra-t-elle à ce mécontentement de masse croissant ?

    NSS | La France subit de plus en plus de pressions en Afrique, militairement parlant, car on s’oppose à ses interventions, et comme on le voit au Sénégal, économiquement parlant aussi. De nombreuses propriétés et entreprises françaises ont été détruites. Ce sera une tendance croissante. Beaucoup de gens s’attendent à ce que ce qui s’est passé au Sénégal se produise également en Côte d’Ivoire et aussi en Afrique centrale.

    Ces soulèvements ont été un signal adressé à la France en disant : « on sait ce que vous faites, on sait que vous soutenez des dirigeants illégitimes, on sait que vous imposez des entreprises qui épuisent nos ressources et avec lesquelles nous avons été contraints de signer des accords déloyaux les accords. Nous n’accepterons plus cela. Le gouvernement français parle de « sentiment anti-français » – c’est présenté comme si les Africains avaient cette haine irrationnelle des Français. Mais les entreprises françaises ont entrepris un travail très antidémocratique en Afrique. Il est naturel que les populations commencent à s’opposer à de telles pratiques. Les Africains veulent l’autodétermination, ils veulent lutter contre leurs classes bourgeoises compradores et aussi contre l’impérialisme français. C’est un désir positif de libération.

    PF | Paris est en assez mauvaise posture. Normalement, le gouvernement français fait des déclarations sur des situations comme celle du Sénégal. Cette fois, Paris n’a rien dit. Il est resté silencieux. Cela montre que les responsables français ne savent pas quoi répondre. Ils savent que s’ils disent quelque chose, cela sera mal interprété. C’est une situation incroyablement sensible pour la France.

    NSS | La France n’a pas les moyens financiers de continuer à jouer au gendarme en Afrique. La plupart des opérations militaires françaises se font avec l’aide des États-Unis – si les États-Unis décident de se retirer d’Afrique, cela deviendra beaucoup plus difficile pour la France. Peut-être trouveront-ils un autre moyen d’externaliser leur contrôle militaire de l’Afrique. C’est une situation difficile pour eux. Il y a des rumeurs disant qu’à un moment donné récemment la France envisageait d’envoyer ses soldats au Sénégal pour défendre les intérêts français. Je ne sais pas si c’est exact. Les gens n’accepteraient jamais de voir des soldats français au Sénégal comme ça. Même les Français l’admettent.

    PF | L’exemple de la Côte d’Ivoire en 2011 a eu un grand impact sur la population. Beaucoup de gens ont été choqués par les actions de la France. Ce que la France a fait à Abidjan n’est pas possible aujourd’hui.

    NSS | Les gens n’accepteraient pas cela. Définitivement pas. Des puissances émergentes comme la Russie et l’Inde et des puissances plus petites comme le Nigéria qui veulent une plus grande part de marché tenteront de s’associer à cet état d’esprit anti-impérialiste afin de rendre la vie difficile à la France en Afrique. C’est opportuniste, évidemment, mais en même temps ça veut dire qu’il y a ce cadre de concurrence mondiale où la part de marché française se réduit de plus en plus. Et leur autre instrument – manipuler qui peut devenir président d’un pays africain et le faire chanter – est également de moins en moins disponible. Parce que maintenant les gens sont réveillés. Ils comprennent comment les choses fonctionnent. La jeune génération n’acceptera pas que des despotes de toute une vie décident de leur sort. La France devra donc renoncer à cette logique coloniale du XIXe siècle.

    Quand Samba Syllaest un économiste sénégalais du développement au bureau Afrique de l’Ouest de la Rosa-Luxemburg-Stiftung à Dakar, et co-auteur avec Fanny Pigeaud de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story (Pluto Press).

    Fanny Pigeaudest un journaliste français qui écrit sur les questions africaines et les relations France-Afrique. Elle est co-auteur avec Ndongo Samba Sylla de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story (Pluto Press).

    Chris Dite est enseignante et membre d’un syndicat.

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    #Afrique #France #Françafrique #FCFA #Colonisation

  • Le Burkina Faso rejette un «accord d’assistance militaire» avec la France datant de 1961

    Tags : Burkina Faso, France, Barkhane, Mali, accords de 1961, colonisation,

    Les autorités du Burkina Faso ont décidé de remettre en cause un accord d’assistance militaire technique, conclu à Paris le 24 avril 1961, entre la République de Haute-Volta – ancienne appellation du Burkina Faso – et la République française, dans un courrier du ministère burkinabè des Affaires Etrangères adressé à Paris et daté de ce 1er mars, indiquent mercredi les médias locaux.

    Ce type d’accord avait été signé par Paris avec la plupart de ses anciennes colonies en Afrique au lendemain des déclarations indépendances, au début des années 1960.

    Ces accords «ont souvent été revus au fil des années, sans en changer le fond, et ont parfois été utilisés pour venir en appui à des régimes restés proches de Paris», selon les mêmes sources.

    Ce nouveau courrier survient dans un contexte de tensions entre la France et le Burkina depuis le putsch de septembre dernier, qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré. Ces tensions sont entre autres liées à la volonté exprimée par les autorités burkinabè de diversifier leurs partenariats internationaux, notamment en matière de lutte contre le terrorisme.

    Dans ce contexte, Ouagadougou a envoyé fin décembre 2022 une lettre à Paris pour réclamer le remplacement de l’ambassadeur de France Luc Halladet, lui reprochant d’avoir fait état de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays sahélien. Le 18 janvier, les autorités burkinabè ont également demandé le départ, dans un délai d’un mois, de la force française Sabre au Burkina Faso.

    Finalement, Paris a rappelé Luc Halladet le 26 janvier afin de «mener des consultations» et le 19 février, l’armée burkinabè a officiellement annoncé la fin des opérations des troupes françaises sur le sol du pays.

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    #Burkina_Faso #France #Barkhane #Mali

  • Relations avec la France : L’Algérie change les règles

    Tags : France, Algérie, colonisation, visa, mémoire,

    L’insistance de la partie française sur les laissez-passer consulaires n’a pas eu d’effet à Alger qui a été obligé de faire une mise au point concernant les titulaires à ce titre d’éligibilité à l’expulsion ; des indésirables pour Paris mais pas forcément algériens puisque bénéficiant de la double nationalité, nés en France et, en prime, «radicalisés» dans l’Hexagone.

    A contrario, Paris n’avait pas de raison solide pour continuer à réduire le nombre de visas délivrés aux demandeurs algériens.

    A ce sujet, les choses sont rentrées dans l’ordre – un retour à l’ordre normal des choses, selon le président Tebboune qui répondait à une question à ce sujet au quotidien Le Figaro – et l’Algérie n’accueillera que les Algériens «indésirables» partis d’Algérie en France.

    Cette séquence a servi aussi à lever l’amalgame entretenu sur les immigrés, les Français de parents algériens et surtout quand ils sont islamistes. Ils sont la face visible de l’échec de la politique française d’intégration.

    Finalement, l’ordre normal est revenu et la France a cessé, dans ses relations avec l’Algérie, de jouer la carte de ses «indésirables» à double casquette.

    Dans son entretien au quotidien français le Figaro, le président Tebboune a ouvert des pistes qui pourraient servir d’ébauche au renouveau de la relation algéro-française.

    Une approche différente ; qui ne fasse pas table rase du dossier mémoriel mais peut passer par le solde du passif qui semble désormais faire l’objet d’une commune vue entre le chef de l’Etat et son homologue français.

    D’ailleurs, le président Tebboune a avoué avoir avec Emmanuel Macron «une certaine complicité» qui permet justement d’avancer sur cette question qui demeure le nœud gordien qui envenime la relation entre les deux pays.

    Pour le président, le président Macron est «l’incarnation d’une nouvelle génération qui peut sauver les relations entre nos deux pays».

    Ce qui explique la décision des deux responsables de mettre en place une commission des historiens des deux pays. «Une partie de la colonisation doit être dépolitisée et remise à l’histoire.»

    Cela n’exclut pas bien évidemment le traitement des autres plages de cette douloureuse période, l’a rappelé le président Tebboune, qui souligne qu’il y a des faits que l’on ne peut pas cacher.

    Les deux présidents s’accordent sur l’approche de cette question. Même si le président rajoute légitimement un grain de sel avec une belle sentence qui résume un vieil état d’esprit à transcender parce que constituant un immense obstacle mental pour faire avancer la question de la mémoire.

    «La France doit se libérer de son complexe de colonisateur, et l’Algérie de son complexe de colonisé», dit Tebboune, révélant au grand jour l’état d’esprit ambiant qui n’a lieu plus d’être et que les deux présidents semblent décidés à dépasser pour passer «à autre chose».

    Et il est possible, suivant le propos du président de la République qui a estimé qu’il est urgent d’ouvrir une nouvelle ère des relations franco-algériennes. «Si la mémoire fait partie de nos gènes communs, nous partageons aussi bon nombre d’intérêts fondamentaux, même si nos points de vue peuvent diverger», dit M. Tebboune pour recentrer la question suivant les objectifs communs qui concourent à donner une autre dimension et contours aux relations algéro-françaises.

    Des deux côtés de la Méditerranée, c’est ce qui est attendu nonobstant les sujets litigieux ou entretenus comme tels par des sphères qui demeurent hostiles à l’Algérie.

    Il ne s’étalera d’ailleurs pas sur les crimes de la colonisation, mais évoquera les essais nucléaires sous l’angle de leurs effets et dégâts. «Nous demandons que la France nettoie les sites de ces essais, vers Reggane et Tamanrasset, où la pollution est énorme.

    Nous souhaitons aussi qu’elle prenne en charge les soins médicaux dont ont besoin les personnes sur place», a réclamé le chef de l’Etat, sachant qu’une commission française a été mise en place pour étudier les dossiers des «victimes» françaises et algériennes des essais nucléaires effectués par l’armée française en en Algérie.

    La France, habituel facteur de blocage

    Le président Tebboune rappellera aussi le «mauvais jeu» français lors du soulèvement populaire de février 2019 contre le système Bouteflika où la France officielle avait pris position pour la transition, une option préconisée par le clan des Bouteflika alors que le peuple réclamait le départ de «toute la bande».

    Position née probablement d’une mauvaise appréciation et lecture des événements qui se déroulaient en Algérie qui amorçait sa mutation politique.

    La même attitude a été observée dans le dossier du Sahel où la France n’a pas facilité pour ne pas dire qu’elle a entravé la mission algérienne de faire cesser les hostilités et de faire signer aux parties en conflit un pacte de paix. Même sa mise en œuvre, depuis 2015, est restée problématique.

    Aujourd’hui, malgré le retrait de ses forces militaires, l’influence de la France n’a pas diminué. Et l’Algérie l’appelle à la mettre au service de la paix et de la stabilité de cette région voisine.

    «Il est regrettable que la France, à un certain moment, n’ait pas voulu que l’Algérie exerce son ascendant. Le terrorisme n’est pas ce qui me préoccupe le plus, nous pouvons le vaincre. Je suis beaucoup plus inquiet par le fait que le Sahel s’enfonce dans la misère. Là-bas, la solution est à 80% économique et à 20% sécuritaire», le président Tebboune fait avec ce propos le tour de la question sahélienne dans sa complexité et ses possibilités de solution. Implicitement, la France est invitée à revoir certaines de ses positions sur les questions impliquant d’une manière ou d’une autre l’Algérie et où les intérêts français sont avérés mais gérés encore avec «le complexe du colonisateur».

    A ces conditions, s’il est possible de les désigner comme telles, et à une révision des positions de la France sur certaines questions ayant un dénominateur commun pour les deux pays, il sera, sans aucun doute, plus facile de donner forme à cette nouvelle relation entre l’Algérie et la France telle qu’ambitionnée par les deux chefs d’état.

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    #Algérie #France #Colonisation #Mémoire #Visa

  • Macron dévoile sa nouvelle stratégie pour l’Afrique

    Macron dévoile sa nouvelle stratégie pour l’Afrique

    Tags : France, Afrique, Emmanuel Macron, Maroc, Algérie, Françafrique, patrimoine, colonisation, pillage,

    Le président appelle à de nouvelles relations équilibrées et envisage de réduire le nombre de soldats français sur le sol africain

    Le président français a annoncé lundi son plan de réduction du nombre de soldats français en Afrique.

    Avant sa visite en Afrique qui doit commencer mercredi, Emmanuel Macron a présenté lors d’une conférence de presse sa nouvelle stratégie pour l’Afrique, y compris un nouveau modèle de partenariat dans lequel les Africains devraient jouer un plus grand rôle.

    « Le changement commencera dans les mois à venir », a-t-il dit, et promis une intensification des efforts français dans la formation et l’équipement des bases militaires, en faveur de leurs partenaires africains.

    Le président a également appelé à une « relation nouvelle, équilibrée, réciproque et responsable » avec l’Afrique.

    Relations avec les pays du Maghreb

    Macron a également souligné qu’il continuerait à progresser afin de renforcer les relations avec les pays du Maghreb nord-africain que sont l’Algérie et le Maroc.

    « Ce n’est pas le meilleur moment mais cela ne m’arrêtera pas », a-t-il juré.

    Restitution des objets pillés

    En outre, M. Macron a annoncé un art cadre pour rendre les artefacts aux pays africains qui cherchent à rapatrier leur patrimoine.

    « Le ministre de la culture soumettra la loi au Parlement dans les prochaines semaines », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Cela déterminera les méthodes et les critères du processus. »

    Anadolou, 28/02/2023

    #France #Macron #Afrique #Algérie #Maroc #Colonisation #Pillage

  • Patrick Bruel revient en Algérie après 60 ans d’absence

    Tags : Algérie, France, colonisation, mémoire, Patrick Bruel,

    Patrick Bruel revient en Algérie après soixante ans d’absence : le JDD l’a accompagné dans son voyage
    Soixante ans après avoir quitté le pays, Patrick Bruel est revenu durant cinq jours, avec sa mère, sur la terre qui l’a vu naître. Un voyage chargé d’émotion et à haute valeur symbolique.

    Ce retour sur les côtes algériennes, Patrick Bruel, l’enfant « berbère, parti de rien, parti d’une guerre », l’a d’abord imaginé en chanson. En juin 2022, dans Je reviens, il écrit ce couplet : « L’avion va bientôt atterrir/Tu caches tes larmes dans un sourire/J’avais quel âge ?/Trois ans à peine/Et nous voilà/Tous les deux à Tlemcen. » En ce début février 2023, tout juste avant que l’avion ne se pose à Alger, l’homme, né le 14 mai 1959 dans la vieille ville à l’architecture mauresque de Tlemcen, nous en détaille la genèse : « J’ai fait comme quand j’étais gamin lorsqu’une chose me travaillait : je l’ai couchée sur le papier pour la rendre réelle. »​

    Patrick Bruel a beau prétendre avoir écrit cette chanson pour clôturer son dixième album, paru à l’automne sous le titre Encore une fois, on est en droit de ne pas le croire : en réalité, cette chanson, il l’écrit depuis toujours. Depuis ce jour de juin 1962 où, deux semaines avant la proclamation de l’indépendance, l’enfant, arrimé à sa mère, a suivi le chemin de 150 000 autres Juifs d’Algérie et 500 000 pieds-noirs. Il a pris un train à Tlemcen, puis un taxi à Oran en direction de l’aéroport Es Senia. Vingt-cinq kilos de bagages seulement, pas le temps ni la place pour son vélo, ses jouets ou les photos, car les nationalistes s’étaient montrés très clairs à l’égard des Français : c’était « la valise ou le cercueil ». « Dans l’urgence, on n’a pas le temps de s’attarder sur ses sentiments ou même d’avoir des états d’âme, nous dit aujourd’hui sa mère, la douce et résistante Augusta. Peut-être que la responsabilité d’avoir un enfant vous donne alors une certaine force. »

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    #Algérie #Patrick_Bruel #Colonisation #Guerre_dalgerie #Mémoire

  • Algérie : Le 24 février du sacrifice et de la souveraineté

    Tags : Pétrole, hydrocarbures, nationalisation, UGTA, Algérie, colonisation,

    Symbole du recouvrement de l’entièreté de la souveraineté économique du pays, la nationalisation des hydrocarbures, un certain 24 février 1971, fait écho à une autre date essentielle de la lutte pour l’indépendance du pays, celle qui a vu la création de l’Union générale des travailleurs algériens. Née dans la perspective du combat libérateur avec une ambition de redressement économique du pays après son indépendance, le 24 février 1956, l’UGTA a donc annoncé clairement les intentions profondes des Algériens. C’est dire que l’Algérie célébrera demain deux événements majeurs qui ont marqué l’histoire contemporaine de notre pays. Il est utile de souligner que les autorités du pays avaient délibérément choisi le 24 février pour annoncer l’acte de récupération par la nation du pouvoir de décision, entier et autonome, sur ses richesses nationales.

    La nationalisation des hydrocarbures a ainsi enclenché un processus de développement économique et social d’envergure ce qui a été une démonstration des capacités de mobilisation des travailleurs et des cadres algériens pour la prise en charge des installations pétrolières abandonnées par les compagnies étrangères. L’Algérie d’aujourd’hui doit beaucoup à cet acte historique et authentiquement révolutionnaire, comme l’a été la création de l’UGTA. Et pour cause, la mémoire de milliers de martyrs parmi les travailleurs, dont le premier président de la centrale syndicale, ne pouvait être honoré, en l’absence d’un recouvrement total de la souveraineté de l’Algérie sur l’ensemble de ses leviers économiques.

    Aujourd’hui, 52 ans après la nationalisation des hydrocarbures et 67 ans après la création de l’UGTA, l’heure est plus que jamais à la confirmation des promesses faites aux chouhadas pour hisser le pays au niveau de l’émergence. Ce n’est ni une partie facile, ni un challenge impossible. Les défis qui attendent les Algériens sont actuellement principalement économiques. La situation géopolitique qui a induit un état de fait énergétique sans précédent dans l’histoire de l’humanité, ouvre des perspectives prometteuses pour le pays.

    L’enjeu du moment est de réduire notre dépendance aux hydrocarbures. Le propos n’est pas de déclasser cette ressource qui a permis à l’Algérie d’être au premier rang de la sécurité alimentaire en Afrique, mais de la laisser aux générations futures. En 52 ans d’exploitation, le temps est venu pour les trois générations qui ont profité de la manne pétrolière de construire un avenir économique radieux pour le pays. C’est la promesse faite aux Chouhadas. Elle sera tenue, à travers l’application stricte de la nouvelle loi sur les investissements et la matérialisation de la volonté d’émergence que tous les Algériens partagent.

    Par Nabil G.

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    #Algérie #France #Colonisation #Hydrocarbures #Nationalisation

  • France : Participation algérienne aux cérémonies du 14 juillet

    Tags : France, Algérie, colonisation, mémoire, crimes coloniaux,

    J’ai l’honneur de porter à la connaissance de Monsieur le Ministre que, depuis l’annonce prématurée par les autorités françaises de la première participation de l’Algérie au traditionnel défilé militaire du 14 juillet à Paris, une véritable polémique a vu le jour aussi bien en France, provoquée par l’extrême droite qu’em Algérie alimentée par les propos du Secrétaire général de l’Organisation nationale des Moudjahidines qui rejette toute participation algérienne aux festivités officielles, sujette d’abord à la reconnaissanmce par la France de la criminalisation du colonialisme.

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    #France #Algérie #14juillet #Mémoire #Colonisation