Étiquette : colonisation

  • Le droit des Réunionnais à un travail à La Réunion possible dans le cadre du département français ?

    Affaire de la nomination du délégué régional du CNFPT à La Réunion

    Une nouvelle nomination d’une personne extérieure à La Réunion à un poste à responsabilité dans une administration suscite une vague de protestations Mais une telle nomination est parfaitement légale, car La Réunion est un département français. Cette situation peut-elle être corrigée par une loi applicable dans un territoire ayant le statut de département français ?

    Depuis l’annonce de la démission de Ericka Bareigts du Conseil régional d’orientation du CNFPT en raison de la nomination d’une personne extérieure à La Réunion au poste de délégué régional, les réactions se multiplient à La Réunion. Elles vont toutes dans le même sens pour dénoncer cette décision. Dans un communiqué publié hier, le CREFOM Réunion souligne la nouveauté de cette affaire : « Les administrations et organisations nationales ont compris qu’il fallait détourner à leur profit le concept de « présence sur le territoire » en nommant des personnes en poste à La Réunion depuis peu et les hexagonaux ont compris aussi qu’il fallait s’installer d’abord et demander les postes après ». Pour sa part, l’AJFER Nou Lé Kapab rappelle qu’avant d’être délégué régional du CNFPT, cette personne travaille à la DIECCTE Réunion « là où son recrutement peut d’ailleurs déjà susciter des questionnements ». Cette affaire rappelle toutes les difficultés à faire respecter le droit à l’emploi des Réunionnais à La Réunion dans un territoire qui a le statut de département français. Cela découle de la place du Réunionnais à La Réunion dans un régime néo-colonial, où les fonds publics transférés par la France sont convertis en profits privés d’entreprises rapatriés en France.

    Un système bien en place

    Le 19 mars dernier, lors de la commémoration à Saint-Denis du 75e anniversaire de l’abolition du statut colonial à La Réunion, Ericka Bareigts avait souligné tout le potentiel de la jeunesse réunionnaise. Mais ce potentiel est gaspillé, car La Réunion est un des rares pays dans le monde où le système dit à la jeunesse réunionnaise : allez émigrer et surtout ne revenez pas car il n’y a pas de place pour vous à La Réunion, avait-elle dit en substance.

    Cette émigration n’est pas nouvelle, elle a commencé à partir du moment où la France a refusé d’accompagner le développement de La Réunion qui venait de décider de ne plus être une colonie française. Ce fut d’abord Madagascar qui fut choisie comme terre d’émigration, avec la colonisation de la Sakay. Cette affaire se termina en fiasco quand Antananarivo décida de décoloniser définitivement le pays en redonnant la Sakay aux Malgaches.

    Parallèlement sous l’impulsion de Michel Debré dans les années 1960-1970, la jeunesse réunionnaise a été transformée en réservoir de main d’œuvre pour les usines, les hôpitaux et les administrations françaises. Dans le même temps, la départementalisation a créé un marché pour l’exportation des produits français à La Réunion. Pour compenser les surcoûts liés à la vente de ces marchandises à plus de 10.000 kilomètres de leur lieu de production, Paris a utilisé la surémunération d’une part pour créer une classe sociale capable de consommer ces produits et imposer à La Réunion un mode de vie occidental, d’autre part pour faire venir dans notre île des fonctionnaires pour occuper les nouveaux postes créés dans les services publics par la départementalisation. Mais avec l’émergence de générations de Réunionnais formés au-delà du bac, les contradictions s’exacerbent. Car désormais, nombreux sont les Réunionnais formés capables d’occuper de hautes responsabilités dans l’administration.

    La loi comme solution ?

    Or, ces nominations de personnes extérieures à La Réunion sont tout à fait légales. Elles découlent de l’intégration de La Réunion à la France en tant que département français. Par conséquent, les postes relevant des fonctions publiques d’État et hospitalières, ainsi que dans les services déconcentrés comme l’antenne régionale du CNFPT, s’inscrivent dans un « mouvement national » comprenant non seulement la France, mais aussi ses anciennes colonies devenues départements comme La Réunion.

    Dans ces conditions, les Réunionnais sont mis en concurrence avec les candidats potentiels venant d’un pays de plus de 60 millions d’habitants. Dans l’Education nationale, une adaptation permet à des personnes nées à La Réunion d’être créditées de plus de 20 années d’ancienneté lorsqu’elles demandent un poste dans leur île natale. Mais ce dispositif crée une rupture dans l’égalité de traitement au sein de la fonction publique d’État.

    Dans d’autres collectivités de la République n’ayant pas le statut de département, des politiques de l’emploi sont mises en œuvre sous la responsabilité des élus locaux. Ainsi, en Kanaky-Nouvelle Calédonie, une durée minimale de résidence est exigée pour postuler à un emploi local dans le privé. Cette adaptation est permise par le statut d’autonomie. Malgré tout, l’État garde ses prérogatives en matière de recrutement dans ses administrations.

    Le 19 mars 1946, une loi venue de La Réunion et de trois autres colonies a mis fin à l’arbitraire du statut colonial. Nul doute que seule une loi permettra de mieux faire respecter le droit des Réunionnais à un travail à La Réunion, y compris dans les administrations de l’État et sous sa tutelle. Reste à savoir si une telle loi est possible avec le cadre départemental actuel.

    M.M.

    Témoignages, 31 mars 2021

    Etiquettes : Réunion, droit au travail, département français, colonisation, colonialisme,

  • Agence pour la réhabilitation des sites d’essais nucléaires de la France coloniale en Algérie

    Le gouvernement a achevé la rédaction du projet de loi sur l’Agence nationale pour la réhabilitation, l’organisation et le fonctionnement des anciens sites d’essais nucléaires français dans le sud du pays, une étape qui renouvelle le discours sur les expériences que la France coloniale a menées dans le Sahara algérien, car leurs répercussions catastrophiques ont persisté jusqu’à aujourd’hui.

    Le ministre de l’énergie et des mines, Mohamed Arkab, lors d’un conseil des ministres prévu, qui sera présidé par le Premier ministre Abdelaziz Djerad, exposera un projet de décret exécutif qui comprend la création, l’organisation et le fonctionnement de l’Agence nationale pour la réhabilitation des anciens sites d’expérimentations nucléaires françaises dans le sud algérien, selon la formule initiale de cette nouvelle structure, la mission de l’agence étant censée être « purement technique ».

    La nouvelle initiative du gouvernement de créer cette agence a coïncidé avec l’escalade de la polémique autour du rapport rédigé par l’historien Benjamin Stora, sur la mémoire, qui a négligé le dossier des essais nucléaires effectués par la France coloniale dans le Sahara algérien, ce qui a amené le directeur de l’Observatoire de l’armement en France, Patrice Bouveret, à regretter de ne pas voir Stora mentionner dans son rapport « la grande importance » des conséquences sanitaires effroyables pour les habitants de Reggane et de Tamanrasset, victimes des essais nucléaires français.

    « Nous regrettons que les effets des 17 essais nucléaires effectués par la France pendant la guerre de libération algérienne et les cinq premières années de l’indépendance n’aient pas reçu plus d’importance, Benjamin Stora n’ayant traité que de la question des déchets nucléaires laissés par la France », a déclaré Patrice Bouveret dans une déclaration à l’agence de presse algérienne APS.

    L’Algérie a renouvelé sa demande à la France de payer une compensation pour ses essais nucléaires désastreux. Cette question fait partie des crimes commis par le colonialisme français et constitue l’un des dossiers les plus sensibles de ce que l’on appelle la « douleur de la mémoire » partagée entre les deux pays.

    Auparavant, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait déclaré, à l’occasion du 61e anniversaire de la réalisation des 17 premiers essais nucléaires au Sahara : « En ce jour de 1960, la France coloniale a réalisé la première explosion nucléaire dans la région de Reggane avec une force de 70 kilotonnes, ce qui équivaut à trois à quatre fois la charge de la bombe d’Hiroshima. Cette explosion a eu des répercussions radiologiques catastrophiques, avec des dommages indicibles pour la population locale et l’environnement qui perdurent encore aujourd’hui ».

    Il a ajouté, à cet égard, que ces conséquences sanitaires ne peuvent être considérées comme un problème dont la gestion incombe aux seuls services de santé algériens, car la préoccupation réside principalement dans la mise en œuvre des nombreuses recommandations énumérées dans le rapport Stora ».

    Bien qu’en mai 2009, le Parlement français ait adopté une loi portant le nom du ministre de la Défense de l’époque, Hervé Morin, concernant l’indemnisation des victimes des essais nucléaires en Algérie et dans la région de la Polynésie dans l’océan Pacifique, et qu’un budget de 10 millions d’euros ait été alloué en 2009 pour indemniser les victimes, ce montant a été considéré par les associations de défense des victimes comme « modeste » compte tenu du grand nombre de personnes touchées.

    Echourouk online, 31 mars 2021

    Etiquettes : Algérie, France, essais nucléaires, colonisation, mémoire,

  • Trudeau accusé d’emprise «coloniale» sur les Canadiens francophones

    Le Parti québécois, qui pousse depuis des décennies l’idée d’un référendum d’indépendance, s’en est de nouveau pris au Premier ministre, l’accusant de «colonialisme» contre les Canadiens francophones. Alors que le Parti québécois pousse l’idée d’un nouveau référendum d’indépendance en 2022, son chef Paul St-Pierre Plamondon accuse Justin Trudeau d’emprise «coloniale» sur le peuple québécois dans une interview accordée au Daily Express. Il reproche au Premier ministre canadien de traiter les Québécois français comme des «citoyens de seconde zone» et, malgré deux tentatives ratées de référendum, estime qu’«il y a un argument historique en faveur de la justice». «Les Canadiens français tout au long de leur histoire ont souffert du colonialisme. Ils le font toujours, et c’est la même chose pour les peuples des Premières Nations au Canada […]. Le colonialisme doit être éradiqué de nos vies parce qu’il a des conséquences», expose-t-il au média.

    Racines

    Le souverainisme québécois remonte à 1534, année de la découverte du Canada par Jacques Cartier, et plus particulièrement à 1608, année de la fondation de la ville de Québec. Suite à la guerre de Sept Ans, la France a cédé tout le Canada au Royaume-Uni, et quelque 60.000 Canadiens français sont devenus des sujets britanniques. L’idée d’indépendance prend forme avec l’apparition sur la scène politique du Mouvement Souveraineté-Association (MSA) en 1967, dont l’objectif était d’obtenir la souveraineté politique du Québec, ainsi qu’une union économique avec le reste du Canada. En 1968, le MSA fusionne avec le parti conservateur-catholique Ralliement national (RN) pour former le Parti québécois (PQ) qui demeure la principale force militant pour le référendum et l’indépendance politique du Québec.

    Groupes opprimés

    Si le chef du PQ s’en prend au «déséquilibre des pouvoirs» et à l’attitude dénigrante vis-à-vis des Québécois français, les résidents anglophones de la province font également face à l’oppression, rappelle le Daily Express.
    En 2013, lorsque le Parti québécois est arrivé au pouvoir, il a fait passer de nouvelles lois visant à réduire davantage l’utilisation de l’anglais dans les écoles, les hôpitaux et les magasins. Il existe même une «police de la langue» qui veille à ce que des inscriptions en français sur les panneaux soient trois fois plus grandes que celles des autres langues.

    Bien que les Québécois français soient toujours persécutés, un autre groupe est menacé: les peuples des Premières Nations, dont les terres ont été prises par des colons français et britanniques, poursuit le média.

    Au cours des trente dernières années, 4.000 femmes et filles autochtones auraient été tuées ou portées disparues au Canada, bien que le nombre réel ne sera probablement jamais connu, conclut le Daily Express.

    Le Maghreb, 29 mars 2021

    Etiquettes : Canada, Québec, colonisation, colonialisme,

  • Les métamorphoses du pouvoir en Afrique

    EXCLUSIF SENEPLUS – Le pouvoir sur le continent est calqué sur le post-colonialisme. Nous nous sommes retrouvés piégés par la capacité de mutation pour maintenir au pouvoir des régimes sous des formes vicieuses.
    « L’abus de pouvoir crée une société dans laquelle les hommes ne savent plus exercer leur liberté » – (N. Machiavel, Le Prince, chapitre XV).

    Roi, président, père « fondateur », « Maréchal », « père de la Nation », « gardien de la constitution », avec des attributs qui défient la rationalité de la question du pouvoir en Afrique. Les mots ont un sens et traduisent l’hyper-présidentialisation du pouvoir calqué sur la cosmétique du post-colonialisme. L’imaginaire des peuples africains subit les contrecoups de la régression de la démocratie représentative et génère des interrogations sur le modèle de gouvernance politique que nous voulons en Afrique.

    Les « pères fondateurs », héritiers de la colonisation, ont géré leur pouvoir à l’identique de l’ancien colonisateur, à savoir selon un régime représentatif dont la substance réside dans le fait que la volonté du peuple s’exprime à travers la médiation des représentants élus. C’est ainsi qu’ils ont reproduit en Afrique le gouvernement représentatif – ou la démocratie représentative – dont la pérennisation dépendait du bon vouloir de l’ancien colonisateur. Tous les présidents « fondateurs » se sont évertués à appliquer l’archétype d’un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, sans ancrage aucun sur les structures socio-politiques africaines. Ils ont exercé le pouvoir avec une quasi totale autorité dans un contexte où la conscience et l’action politique était réservée et dédiée à une élite qui jouissait de tous les pouvoirs au nom du peuple. Le Sénégal et le Burkina Faso furent les seuls à avoir tenté et initié un régime parlementaire qui n’a cependant pas survécu longtemps, basé sur la matrice fragile de la 4e République, laquelle a consacré la fin de la colonisation.

    En l’absence d’élections transparentes et sincères en Afrique (Résultats à la soviétique : 98,99%) combinées avec la persistance de la « guerre froide », la fragilité politique et étatique des gouvernances a produit des fortunes diverses, entre instaurations de partis uniques et de coups d’État en bien des pays. Alain Touraine définit la démocratie comme « le libre choix d’un gouvernement représentatif des intérêts de la majorité, respectueux du droit fondamental de toute personne humaine ». Cette définition de la démocratie des temps modernes nous interpelle sur l’effectivité des institutions politiques africaines, fondées sur le modèle de la démocratie et sa relation avec la légitimité des droits fondamentaux du peuple. La multiplicité des vecteurs endogènes et exogènes de la médiation sociale rend manifestement compte de la complexité de l’ancrage à chaque réalité nationale et du poids de leur emprise sociologique dans le contexte africain.

    Le modèle politico administratif postcolonial et l’aporie institutionnelle en Afrique

    Plus de soixante ans après les indépendances, la démocratie représentative connaît aujourd’hui des contours variables selon la maturité politique des dirigeants, mais ce système paraît en perte de souffle, voire plombé. Les pères fondateurs des indépendances ont connu simultanément des périodes fastes, couronnées de toute puissance, et des coups d’État suscités par l’arbitraire des régimes à parti unique. Ils s’étaient évertués à reproduire le modèle politique de la démocratie représentative hérité de la colonisation au nom de la construction des États-nations sur le même schéma politico-administratif de séparation factice des pouvoirs.

    Le premier coup de semonce a été donné par les conférences nationales à l’instar du Bénin (février 1990), du Gabon (27 mars au 19 avril 1990), du Congo (25 février au 10 juin 1991), du Niger (29 juillet au 3 novembre 1991), du Mali (29 juillet au 12 août 1991), du Togo (10 juillet au 28 août 1991), du Zaïre (7 août 1991 au 6 décembre 1992) et au Tchad (15 janvier au 6 avril 1993).

    Toutes ces conférences nationales combinées avec la maturation politique de l’opinion publique, avec notamment l’émergence d’une société civile responsabilisée et mobilisée, ont amorcé une démocratisation poussive avec des chefs d’État qui se sont appuyés sur ces conférences, qui pour consolider leur pouvoir, qui pour le perdre. Ce qui était un peu paradoxal, c’était le choix de clergés religieux, dans certains pays, pour diriger les conférences nationales et inciter aux transitions démocratiques. La géopolitique africaine subissait ainsi les contrecoups de la géopolitique mondiale avec la fin de la guerre froide entre les deux blocs. Le 20 juin 1990 à La Baule, dans son discours devant 37 chefs d’État africains, le président François Mitterrand avait fermement conditionné l’aide de la France à leur continent, à savoir la démocratisation et l’absolue nécessité de critères de « bonne gouvernance ». Cette déclaration, selon Moussa Traoré, a été à l’origine de sa chute, surtout pour n’avoir pas compris que le mouvement des étudiants maliens constituait le ferment et le socle de sa destitution que le général Amadou Toumani Touré (dit ATT) a précipités, récupérant le pouvoir pour le détourner habilement afin de maintenir le système politico-administratif existant. Mais l’histoire bégaye souvent au Mali : le même scénario est écrit en 2020, toujours avec des militaires qui exploitent, détournent, voire spolient le capital populaire du mouvement de la société civile pour faire semblant de changer de trajectoire politique, proclamée vertueuse, aux yeux, comme souvent mi-clos, des communautés africaine et internationale. L’absence de direction politique a facilité le détournement d’une forme de révolution contre le régime d’IBK fraîchement réélu en août 2018 (67,17 % des voix contre 32,83 % pour son adversaire Soumaïla Cissé) sur fond de corruption endémique, d’achat de voix et surtout de permanence violence terroriste au nord du pays.

    Cette situation illustre la fracture de l’Afrique à partir du prisme des héritages coloniaux entre les francophones, les Belges, les Anglais, les Portugais et les Espagnols. Les anciens territoires coloniaux anglais ont fait leur mue démocratique à travers deux modèles, à la fois démocratique et autoritaire avec l’Apartheid en Afrique du Sud et le bipartisme. Les pays lusophones ont connu une colonisation plus violente et étonnamment durable. Un seul pays hispanophone, la Guinée équatoriale, indépendante seulement en décembre 1968, est quant à lui tombé dans une dictature familiale, la plus longue de son histoire.

    Le système politique dans l’espace francophone est d’inspiration française avec une affectation singulière pour la constitution de 5e République. Les pères des indépendances, francophones dans l’âme et inféodés au système Jacques Foccart, ont donc prolongé et amplifié la gestion du pouvoir sur ce modèle sous prétexte de bâtir une nation forte, le multipartisme débridé s’avérant pour eux un danger.

    L’éthique de la démocratie et les mutations du pouvoir en Afrique

    L’éthique est la science de la morale et pourrait être le produit d’une réflexion sur les comportements qui rendent la société humainement acceptable, fondée sur des valeurs morales et solidaires dans la gestion de la cité. Nous assistons dès lors à un brouillage des repères idéologiques en politique depuis la chute du mur de Berlin, l’Afrique étant le terrain de prédilection de la guerre des blocs qui imposaient leur système politique selon l’appartenance ou l’allégeance d’un pays à leur doctrine.

    Juan Linz considère qu’un « gouvernement est démocratique quand il offre des opportunités constitutionnelles régulières pour la compétition pacifique en vue de la conquête du pouvoir politique ». Le multipartisme après les conférences nationales s’est accru sur le continent et a poussé les pays à mettre en place des codes électoraux consensuels et des structures de gouvernance électorale indépendantes. Il ne peut y avoir de démocratie selon les constitutionnalistes sans le pluralisme politique, économique, social et culturel, l’expression libre des choix, les pouvoirs politiques encadrés, l’État de droit et le respect de la Constitution. Nous nous sommes ainsi retrouvés piégés par la capacité d’adaptation et de mutation pour maintenir au pouvoir des régimes sous des formes vicieuses. Les régimes militaires issus des coups d’État ont pris l’option de se transformer en pouvoir civil en gagnant des élections pour se conformer à l’État de droit, tout en gardant la mainmise sur l’armée (Guinée Equatoriale, Guinée, Algérie, Mali, Tchad, Tunisie, Soudan, Burkina Faso, Rwanda, Congo Brazzaville, RDC, Éthiopie, Burundi, etc.). Il faut ajouter à cela l’immobilisme politique en Afrique centrale en complète hibernation pour les transitions démocratiques après plusieurs décennies au pouvoir.

    La démocratisation politique en Afrique avec l’avènement du multipartisme n’a pas épousé les contours et les dynamiques socio culturelles structurées autour de l’accès croissant aux connaissances, à l’urbanisation accélérée, l’inter-connectivité de l’Afrique au monde et le poids démographique de la jeunesse africaine.

    La démocratie représentative a atteint aujourd’hui ses dernières limites avec une baisse significative des taux de participation aux élections, des Assemblées nationales et un système judiciaire inféodés aux pouvoirs en place. L’examen de l’évolution du taux de participation aux élections présidentielles en Afrique (Nigeria 2019 : 34,8% – Sénégal 2019 : 66,2% – Guinée 2015 : 68,4% – Tchad 2015 : 66% – Côte d’Ivoire 2015 : 52,9% – Mali 2018 : 34,54 % – Égypte 2018 : 40% – Kenya 2017 : 38,8% etc.) renseigne sur la désaffection des populations envers la politique traditionnelle. Les contestations électorales sur la fiabilité des fichiers, le choix des instances de régulation des élections et les résultats manipulés, entraînent trop souvent des crises post-électorales qui aboutissent à l’arrestation, parfois à l’élimination, des opposants ou à l’encerclement de leurs domiciles (Niger, Bénin, Gabon, Guinée, Tchad, Soudan du Sud, Guinée-Bissau, Guinée Équatoriale, Kenya, Uganda, Côte d’Ivoire, Égypte, Algérie, etc.). La nouvelle aspirine inventée en Afrique francophone, c’est l’organisation de comités de dialogue national juste après des élections présidentielles pour assurer un passage en force pour un troisième mandat avec la Côte d’Ivoire et la Guinée. Il en est de même pour le Sénégal ou dès l’entame du deuxième mandat, le comité de dialogue politique a été mis en place pour clamer l’ouverture politique à l’opposition.

    Jamais le discours politique et les partis politiques n’ont connu un tel discrédit auprès des opinions africaines. Toutes les décisions politiques majeures et les pratiques politiques tournent le dos aux profondes aspirations des populations africaines prises dans le tourment des incertitudes, des égoïsmes des élites politiques et l’absence de souveraineté des politiques nationales, prisonnières des institutions de Bretton Woods et des agences mondiales de notations qui attribuent des notes pour juger des performances économiques des pays. Des plans émergents élaborés par des cabinets internationaux et des conférences internationales de mobilisation de fonds se substituent aux plans nationaux développés par des cadres qualifiés de l’administration nationale et des acteurs privés performants en leur domaine d’activité.

    Nouvelles formes de contestation en dehors du calendrier électoral « républicain »

    Nous assistons partout à une hyper-présidentialisation et un accaparement du pouvoir par des élites ou des courtisans, ce qui produit de nouvelles formes de contestations violentes à la mesure du désespoir de la majorité de la population, propagé sur les réseaux sociaux devenus espace de mobilisation citoyenne des jeunes. Montesquieu l’a bien signifié : « Il n’y a pas de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et exécutive ».

    De la lutte contre l’Apartheid dans les années 90, de la révolution du Jasmin en Tunisie en 2011, du printemps arabe 2011 dans le Maghreb et le Moyen-Orient, la Révolution au Burkina Faso contre une modification de la constitution qui aurait permis à Blaise Compaoré de briguer un troisième quinquennat en 2015, de « ma carte d’électeur, mon arme » de « Y’en a Marre » au Sénégal en 2011, de la migration forcée des jeunes aux conflits politiques récurrents dans la corne de l’Afrique, de la région des Grands Lacs au Sahel et à l’Afrique australe jusqu’au bassin du Lac Tchad, nous assistons à une ébullition, voire une éruption, sociale à la mesure de la dynamique démographique avec une population de jeunes sans perspectives (70% de la population africaine a moins de trente-cinq ans), majoritairement urbaine, scolarisée, consciente de ses droits fondamentaux et ouverte au monde via la planète internet. Les réseaux sociaux et les téléphones androïdes en s’appuyant sur les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazone Microsoft) constituent de nos jours une donnée fondamentale pour les transformations majeures dans le monde. Les jeunes aujourd’hui les utilisent comme leur espace d’expression démocratique et de mobilisation citoyenne. À cela il faut ajouter l’irruption de la société civile comme force motrice autour de la gouvernance et des droits de l’homme. La jeunesse africaine pleine d’énergie et de talents constitue une bombe sociopolitique. Il est important d’en mesurer la dynamique…explosive. Elle constitue l’épicentre pour le développement durable et leur inclusion dans la définition des politiques nationales et africaines. La Charte africaine des jeunes en témoigne : « La plus grande richesse de l’Afrique est la jeunesse de sa population et par la participation pleine et active de celle-ci, les Africains peuvent surmonter les difficultés auxquelles ils sont confrontés ». (Commission de l’Union africaine 2006).

    Afin de faire face à la crise de la démocratie représentative et de la gouvernance en Afrique, il s’agit de réinventer le « post-colonialisme » et le saisir comme une opportunité pleine d’exigence pour remettre en cause le modèle politico-administratif hérité de la colonisation et s’appuyer sur les institutions démocratiques endogènes dont la pyramide part des espaces de vie des populations à l’instar du village et du quartier, et construire les convergences panafricaines « consolidantes « de la souveraineté à partir du prisme de la jeunesse et du dialogue entre générations. La souveraineté politique, économique, monétaire, éducative, sociale et culturelle s’avère le prix à payer pour franchir le cap de la transformation positive de notre civilisation et offrir, ouvrir et réussir un avenir pour la jeunesse africaine.

    Afriques en lutte, 25 mars 2021

    Tags : Afrique, pouvoir, colonialisme, colonisation,

  • L’Algérie exige l’indemnisation des victimes des  essais nucléaires

    L’Algérie exige l’indemnisation des victimes des essais nucléaires

    L’Algérie exige l’indemnisation des victimes des essais nucléaires – Algérie, essais nucléaires, Reggane, France, colonisation,

    A l’occasion du 59e anniversaire de la Fête de la Victoire, dont les festivités officielles ont été organisées dans la wilaya de Tlemcen, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune a adressé un message, lu en son nom par le Secrétaire général du ministère des Moudjahidine et des Ayants droits, Laïd Rebika.

    En voici la traduction APS:

    « Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux,

    Prière et Paix sur Son messager,

    Chères Sœurs, chers frères,

    Nous célébrons, aujourd’hui, le 59e anniversaire de la Fête de la Victoire (19 mars 1962), une occasion solennelle de se remémorer un autre évènement historique dans l’héroïque parcours de la Nation, lorsque le peuple algérien a couronné sa Glorieuse guerre de libération nationale d’une éclatante victoire, qui a scellé son affranchissement, au prix de lourds sacrifices, du joug colonial et d’une domination de crimes contre un peuple démuni, dont les blessures et stigmates demeurent témoins de l’ampleur de la destruction, des massacres et de la sinistre politique de la terre brûlée.

    La Victoire, dont les prémices se sont profilées, ce jour mémorable, dans le ciel de l’Algérie était un rendez-vous incontournable de la lutte héroïque du peuple algérien, depuis son déclenchement le 1er novembre 1954.

    En célébrant le serment de la Victoire, le 19 mars du mois des Chouhada, nous nous remémorons les épopées et les gloires de nos vaillants aïeux tout au long des époques de la Résistance populaire et durant la Glorieuse Guerre de libération nationale.

    Une occasion renouvelée pour nous recueillir à la mémoire de nos valeureux Chouhada et réitérer à leurs frères Moudjahidine, puisse Dieu leur prêter longue vie, notre reconnaissance et notre gratitude.

    Chères Sœurs, chers frères,

    Je n’ai eu de cesse de souligner l’importance de la préservation de la Mémoire nationale et j’insiste sur la responsabilité de l’Etat dans la prise en charge de ce dossier, avec tout le sérieux et l’assiduité qui s’imposent.

    Certes, nous avons franchis des pas importants et enregistré des signes positifs à la faveur, notamment de la récupération des Archives et des crânes de symboles de la Résistance populaire, notre attachement à la préservation de notre Histoire et de notre Mémoire demeure au cœur de nos priorités pour réaliser les avancées escomptées dans ce sens.

    A cette occasion, et en remémorant avec vous, les moments solennels et fortement symboliques, vécus le 5 juillet dernier, lors de la ré-inhumation des ossements de Héros de la Résistance populaire sur leur terre et parmi leurs proches et frères Chouhada et Moudjahidine, je tiens à affirmer que l’effort se poursuit pour mettre toute la lumière sur le sort des disparus durant notre Guerre de libération et pour l’indemnisation des victimes des essais nucléaires. De tels évènements et faits ne s’effacent pas de l’histoire des nations par prescription et la probité exige de faire prévaloir la sincère volonté sur les considérations de pression.

    En couronnant sa Glorieuse Révolution, le 19 mars 1962, par la Fête de la victoire après d’immenses sacrifices et une longue lutte, le Peuple algérien a consacré la référence Novembriste sur la voie de la fidélité au message des Chouhada.

    La célébration de la Fête de la Victoire en ce mois des Chouhada est une occasion renouvelée pour réitérer notre engagement inébranlable sur la voie Novembriste… destin de l’Algérie et source de fierté et de gloire de la Nation.

    Louanges à Allah d’avoir béni le peuple algérien de cette fierté nationaliste, qui renforce son unité et consacre profondément en lui la volonté de relever les défis et de surmonter les difficultés, comme il a montré tout au long des mois derniers face à la pandémie Covid-19, par sa solidarité et sa mobilisation, qui ont été un facteur déterminant dans l’enrayement de ce virus et l’atténuation de ses effets.

    Chères Sœurs, chers frères,

    Comme vous le savez, certainement, j’ai pris des décisions dans le cadre de la réunion des conditions nécessaires au changement escompté par notre vaillant peuple, notamment les jeunes appelés à adhérer au processus d’édification de nouvelles institutions, fiables et crédibles. Des décisions qui s’inscrivent en droite ligne des engagements que j’ai pris et que je me suis attelé, dès les premiers jours, à concrétiser sur les niveaux politique et socio-économique

    Des entraves et des imprévus induites par la propagation de la pandémie Covid-19 se sont dressées sur notre chemin, mais aujourd’hui, nous sommes appelés avec la participation de tous, classe politique, société civile, organisations, syndicats et élites, à opérer une rupture radicale avec les pratiques de la honte et à aller de l’avant, résolument et fermement, dans la lutte contre la corruption et à mettre à nu les intentions et démarches des corrompus et leurs résidus, à l’affût de la moindre occasion pour semer le doute et attiser les discordes.

    Ma conviction est profonde que le peuple algérien, notamment nos jeunes qui ont insufflé, par leur conscience, l’espoir d’une Algérie nouvelle lors du Hirak béni, se mobilisera pour l’édification de l’Etat de droit et des institutions. Un Etat qui se construit par la volonté du peuple, à travers le choix libre et démocratique et la concurrence loyale des idées et programmes lors du rendez-vous du 12 juin prochain, auquel toutes les garanties de transparence et de régularité ont été assurées.

    Au moment où nous célébrons cette occasion historique mémorable en aspirant dignement à une Algérie prospère et prometteuse, je tiens à nous recueillir, avec déférence, à la mémoire des valeureux Chouhada, en renouvelant notre engagement à honorer leurs immenses sacrifices, et à rendre un vibrant hommage à leurs compagnons moudjahidine.

    Gloire éternelle à nos Chouhada.

    Vive l’Algérie ».

    La Nation, 19/03/2021

  • Nouvelle Calédonie : Cette mystérieuse île en forme de pénis dans l’océan Pacifique

    Qu’est-ce que cette mystérieuse île en forme de pénis dans l’océan Pacifique ?

    Thom Dunn

    Selon des sites aussi réputés que The Sun et news.com.au, une femme de 50 ans du Michigan, Joleen Vultaggio, a récemment « découvert » une grosse bite en consultant Google Maps. Vultaggio s’est autoproclamée « Superfan de Google Earth » et fait apparemment partie d’une communauté Facebook de personnes qui ne font que… consulter Google Maps dans l’espoir de tomber sur une masse terrestre phallique quelconque, je suppose.

    Avec cet objectif en tête, cependant, Vultaggio est certainement une gagnante. Voici ce qu’elle avait à dire sur sa « découverte », selon The Sun :

    Je l’ai partagée pour que les gens puissent trouver les coordonnées et voir de leurs propres yeux que c’est physiquement là et que ça ressemble vraiment à un pénis.

    L’eau est bleue et magnifique et j’aimerais que cette zone soit plus proche de moi.

    J’adorerais y aller, voyager et m’asseoir sur la bite.

    Je n’ai pas mesuré sa taille, mais vu qu’il est au milieu de l’océan, c’est un assez gros pénis.

    Ses enfants, a-t-elle ajouté, pensent qu’elle est « folle », bien qu’il ne soit pas clair si ce jeu de mots était intentionnel.

    Le mystérieux pénis du Pacifique – que vous pouvez voir par vous-même à 20°37’37 « S 166°18’02 « E – n’a pas de nom officiel, bien que certains utilisateurs avisés l’aient officieusement surnommé « Phally Island » et l’aient marqé comme lieu de culte dans la base de données Google Maps. Ce dong de 500 mètres de long fait partie de la province des îles Loyauté, territoire du Pacifique occupé par les Français et appelé Nouvelle-Calédonie (dont la « découverte » est généralement attribuée au célèbre explorateur britannique James Cook, qui a été tué cinq ans plus tard après avoir « découvert » Hawaï). Les peuples indigènes de l’île sont des Mélanésiens, qui (je viens de l’apprendre) sont entièrement distincts des autres insulaires du Pacifique comme les Polynésiens. On les appelle le plus souvent les Kanak, bien que, comme l’a écrit en 1981 un membre du Front Uni de Libération Kanak, un parti de résistance français :

    Je suis un Kanak. C’est ainsi que les premiers colons français nous appelaient : les kanaks de vente. C’est un mot comme « nègre ». Mais le mot « kanak » nous définissait. Il disait que nous étions noirs et que nous étions les autochtones de la Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui, nous avons fait de la malédiction du colon un insigne de fierté pour nous distinguer des autres qui revendiquent également le droit de s’appeler les vrais Calédoniens : Tahitiens, Vietnamiens, Indonésiens, Martiniquais, rebelles déportés du Vanuatu, pieds noirs d’Algérie, et les colons français eux-mêmes. Mais c’est nous, les Kanaks, qui sommes le vrai peuple de Nouvelle-Calédonie. Nous seuls, Kanaks, sommes les indigènes originels de ces îles. Nous seuls avons le droit de réclamer l’indépendance.

    Ce peuple autochtone reste le groupe ethnique le plus important de Nouvelle-Calédonie. Il représente 40 % des quelque 270 000 personnes qui vivent sur le territoire. Mais aucun d’entre eux ne vit sur l’île de Penis, personne n’y vit. Mais si vous souhaitez vivre dans le luxe des îles du Pacifique d’un beau phallique, il existe une autre île en forme de pénis près de Fidji avec quelques options immobilières abordables, bien que cette île ressemble un peu plus à un choad.

    Boingboing, 24 mars 2021

    Tags : Nouvelle Calédonie, kanaks, peuple kanak, aborígenes, colonisation,


  • Algérie : “La consolidation du front interne nous permettra de relever tous les défis et enjeux » (salah Goudjil)

    Dans un entretien exclusif accordé à la revue «El Djeich», le président du Conseil de la Nation, M. Salah Goudjil, a affirmé que la colonisation de l’Algérie par la France fut une colonisation de peuplement qui diffère de toutes les autres formes de colonisation dont ont été victimes d’autres peuples, tant elle eut pour visée l’extermination du peuple algérien qui, pour sa part, reste en permanence attaché aux sacrifices des Chouhada. Il a également estimé que, tout comme elle a libéré l’Algérie, notre Révolution libératrice a également libéré le peuple français. Le président du Conseil de la Nation a souligné avec force que la conjoncture actuelle exige le renforcement et la consolidation du front intérieur pour faire face aux complots ourdis contre notre pays.

    El Djeich : M. le Président, notre pays a célébré, il y’a quelques jours, la Journée du Chahid, coïncidant avec le 18 février de chaque année. En tant que Moudjahid de la première heure, que représente pour vous cette journée ?

    Le président du Conseil de la Nation : Je dois en premier lieu dire qu’en tant que moudjahid, je suis honoré d’avoir un entretien avec cette prestigieuse revue qui a vécu toutes les étapes franchies par l’Algérie, depuis l’indépendance à nos jours, et qui met toujours en exergue l’importance des missions dont s’acquitte l’Armée nationale populaire. En ce qui concerne votre question, et alors que nous commémorons la Journée nationale du Chahid, il est nécessaire de rappeler les sacrifices des glorieux Chouhada grâce auxquels l’Algérie jouit de l’indépendance. Aussi, nous avons en permanence à l’esprit leurs sacrifices, car peu sont les pays dont les fils ont consenti autant de sacrifices pour le recouvrement de la souveraineté nationale, comme l’ont fait les Algériens.

    J’atteste que tous les Chouhada, en particulier ceux dont j’ai eu l’occasion d’assister aux derniers instants avant leur martyre, ont prononcé une seule phrase avant la chahada, qui est : «Prenez soin de l’Algérie». Les Chouhada n’ont à aucun moment réclamé que l’on prenne soin de leurs enfants, de leurs familles ou de leurs biens, mais de préserver l’Algérie. C’est en réalité une recommandation qui ne peut quitter nos esprits ni notre mémoire, car elle constitue assurément le référent fondamental de toutes nos actions. Vous m’interrogez sur la place du Chahid, il n’y a pas une famille algérienne qui n’a pas un Chahid parmi ses membres, ce qui est un motif de fierté pour toutes ces familles. Personnellement, ma famille compte de nombreux Martyrs. Aussi, aujourd’hui, après toutes ces années, depuis le déclenchement de la glorieuse Révolution, il est d’une grande importance de préserver notre mémoire. A ce propos, il est nécessaire de rappeler que le mérite aujourd’hui revient au président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, d’avoir décrété la journée du 8 mai, Journée nationale de la mémoire, afin que les sacrifices des Chouhada ne sombrent pas dans l’oubli. En outre, M. le Président a ouvert le dossier de la mémoire auquel il a accordé toute l’importance nécessaire. Dans ce cadre, la récente création d’une chaîne de télévision consacrée essentiellement à la mémoire et au patrimoine historique permettra à tous ceux qui ont vécu la période de la Révolution libératrice d’apporter leurs témoignages ainsi qu’aux historiens et à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la nation, afin que la mémoire nationale demeure vive dans le cœur et l’esprit des générations futures. Sur la base de tout ce qui précède, je dirais que la Journée nationale du Chahid aura toujours une grande importance et une haute portée symbolique dans la conscience collective du peuple algérien. Elle constitue une partie indissociable du patrimoine commun des Algériens de façon à ce que chaque année, elle nous rappelle les valeurs du sacrifice et du dévouement, ainsi que la barbarie de la colonisation et les crimes de l’armée française durant la Révolution. Pour toutes ces raisons, le Chahid doit de meurer éternellement vivant dans la mémoire collective des Algériennes et des Algériens. Sur un autre plan, il est nécessaire de rappeler que nous avons récemment célébré le 2e anniversaire du Hirak El Moubarak authentique, qui a été consacré par le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie. Concernant le Hirak El Moubarak du 22 février, je dirai que les Algériennes et les Algériens ont donné à l’ensemble des pays, même à ceux qui se targuent d’être démocratiques, un exemple sans précédent de pratique démocratique.

    Quelle lecture faites-vous des politiques des gouvernements français qui se sont succédés durant les 132 ans d’occupation et disposez-vous de chiffres sur la politique d’extermination organisée par l’occupant à travers les opérations de liquidation, de destruction, de déplacements et d’exil ?

    Initialement, il faut souligner que la colonisation de l’Algérie par la France est radicalement différente de toutes les formes de colonialisme vécues par les autres peuples. Il s’agissait d’une colonisation de peuplement et de destruction dans le sens propre du terme, dont l’objectif principal, depuis 1830, était l’effacement du peuple algérien et son remplacement par un autre peuple, dans le cadre d’une politique suivie par la France coloniale depuis qu’elle a mis les pieds sur le territoire algérien. J’avais évoqué précédemment cette question en disant que ce type de colonisation n’a eu cours qu’en Amérique du Nord, suite à la migration des Européens vers cette région qu’ils ont occupée et s’y sont installés après avoir exterminé les populations autochtones. Mais ce qui fait la grandeur de la Révolution libératrice est qu’elle a transcendé tous les us et coutumes, tant il est vrai que le peuple algérien n’a pas permis à l’occupant de l’exterminer. Bien plus, il n’a eu de cesse de résister jusqu’à contraindre l’occupant à retourner d’où il est venu. L’évocation de notre histoire et la lecture attentive de ses événements impose un retour aux débuts, car tout est lié, il ne suffit pas de parler seulement de la période qui commence depuis 1954, il faut revenir à tous les faits qui l’ont précédée. Ainsi, la politique d’extermination pratiquée par l’occupant français est mise en évidence par certains indicateurs, dont le plus important est clairement le déclin quantitatif de la population algérienne au cours des différentes phases de l’occupation suite à cette politique, et que j’ai divisée en quatre périodes principales. La première, entre 1830 et 1870 (soit 40 ans), depuis que l’occupant avait mis les pieds sur notre terre, sachant que cette occupation n’englobait pas l’ensemble du territoire national. Les statistiques montrent qu’à l’époque, la population de l’Algérie était de 3 millions. La deuxième période qui a duré également 40 ans, de 1870 à 1910, au cours de laquelle les meurtres et la tentative d’extermination du peuple algérien se sont poursuivis. Les statistiques de l’époque indiquent que la population algérienne était estimée à 2,9 millions. La troisième phase, de 1910 à 1945, au cours de laquelle la population a augmenté, selon un recensement de 1950, atteignant environ 6 millions. Une période qui coïncide avec la baisse des massacres collectifs, au regard du fait qu’en ce laps de temps, il y eut deux Guerres mondiales pour lesquelles la France avait procédé à la mobilisation obligatoire de milliers d’Algériens envoyés au front. La quatrième période s’étale de 1945 à 1954. Immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale et le jour où les alliés célébraient leur victoire sur le nazisme, le 8 mai 1945, des massacres ont eu lieu à Sétif, Guelma, Kherrata…, au cours desquels l’occupant a fait preuve d’un art inégalé dans le recours aux pratiques de répression et d’extermination, faisant 45 000 Martyrs. Durant cette période, la France a essayé de lancer des réformes, par le biais des élections e vue de l’élection d’une nouvelle assemblée algérienne en 1947, constitué de deux collèges distincts, le premier composé de colons français et européens et le deuxième collège composé d’Algériens. On reléve ici clairement une autre manifestation de la discrimination et du racisme que la France a adopté dans ses relations avec les Algériens. Pour conclure ma réponse, je dirai en toute objectivité que l’occupation française a reposé sur une politique de déshumanisation de l’Algérien, de sa destruction sur les plans social, politique, culturel et civilisationnel, bien plus, elle a même oeuvré à nous déposséder de nos noms et prénoms… C’est ce qui confère le caractère criminel à cette politique qui a duré 132 années, cela avec des preuves irréfutables. Il en est pour preuves les essais nucléaires destructeurs, les massacres collectifs, les enfumages de tribus entières dans les grottes, les opérations d’assassinats et de liquidations extrajudiciaires et autres faits qui, aux yeux du droit international, constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. L’Histoire retiendra que la colonisation en Algérie a été la plus violente et la plus barbare que l’humanité a connue.

    Pouvez-vous, M. le Président, nous entretenir de la réaction des patriotes algériens, en particulier des militants du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, ainsi que des préparatifs à la veille du 1er Novembre, en particulier de la proclamation du 1er Novembre ?

    Comme je l’ai mentionné précédemment, des élections à l’Assemblée algérienne avaient eu lieu, le Parti populaire algérien (PPA) a été autorisé à y participer sous la dénomination de Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), dans la mesure où, après son interdiction, il continuait d’activer dans la clandestinité. L’assemblé algérienne comptait 121 sièges, 60 pour les Français et 61 pour les Algériens qui n’avait d’autre prérogatives que celle de débattre le budget consacré à ce qui était appelé le département de l’Algérie et rien d’autre. Cependant, à l’issue des élections, le MTLD n’avait remporté que 5 sièges et le parti de Ferhat Abbas 05 ou 06 sièges, le reste des sièges avait été remporté par les Français. Ceci à la suite d’un truquage éhonté des élections par Naegellen, qui a débouché sur un Parlement dont plus des deux tiers étaient revenus aux Français, alors que dans les faits, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques les avait remportés haut la main. La fraude a été tellement massive que lorsqu’on parle d’élections truquées dans les milieux français, ont dit qu’il s’agit d’«élections à la Naegellen», du nom de Marcel Edmond Naegelen, ancien ministre de l’Education dans le gouvernement français, nommé gouverneur de l’Algérie et qui a supervisé le truquage de ces élections. A la suite de cela, les dirigeants du Mouvement national se sont réunis pour étudier la situation, caractérisée par la volonté de l’occupant à continuer d’ignorer les droits des Algériens. A l’issue de cette réunion, ils ont conclu que l’action politique seule ne suffisait plus à obtenir les résultats escomptés et qu’elle devait s’accompagner d’une action armée. Une décision importante qui s’est traduite par la création de l’Organisation spéciale (OS), activant dans la clandestinité et composée de jeunes militants ayant de l’expérience dans la lutte, dont l’objectif principal était de préparer la lutte armée contre un occupant qui ne comprenait que le langage des armes. L’action de l’Organisation spéciale, sous la direction des défunts Mohamed Belouizdad; Husseine Aït Ahmed puis Ahmed Ben belle, avait englobé tout le territoire algérien et je me souviens que parmi les frères qui avaient formé cette organisation, entre autres les défunts Rabah Bitat, qui activait dans la région d’Oran et Chihani Bachir, dans la région d’Aïn Sefra. Il ressort donc que les militants activaient en dehors de leur région d’origine, ce qui met en évidence le caractère clandestin de l’action de l’organisation. Les autorités d’occupation ne découvriront son existence qu’en 1950, suite à l’arrestation de certains de ses membres. Pour sa part, le défunt Aït Ahmed avait réussi à échapper au coup de filet et rejoint l’étranger avec l’aide du Chahid Mustapha Ben Boulaïd, qui lui a obtenu de faux papiers d’identité. Après ces faits, la direction du parti s’était réunie et décida du gel de l’action de l’OS et sa réorganisation. Décision que le Chahid Mustapha Ben Boulaïd rejeta catégoriquement, au motif que l’organisation avait obtenu des résultats positifs et pu atteindre un bon niveau en matiére d’organisation tout comme elle avait réussi à obtenir des armes acheminées à dos de chameau depuis la Libye à travers le sud algérien jusqu’à la région des Aurès. Nombre de militants ont tenté avec insistance de convaincre Ben Boulaïd de revenir sur sa décision, mais ce dernier a fermement refusé de geler les activités de l’organisation. La poursuite de l’action de l’OS a fait que les principaux responsables militants se sont réfugiés dans d’autres régions pour échapper à la chasse des autorités d’occupation, suite à la découverte de l’OS, à l’exemple du Chahid Zighoud Youcef, Abdallah Ben Tobbal, Ammar Benaouda et Rabah Bitat, Dieu les bénisse tous. A la suite de la scission au sein du parti entre les messalistes et les centralistes, Mustapha Ben Boulaïd a décidé, le 23 mars 1954, avec un groupe de militants de l’OS, la création d’une nouvelle organisation ayant pour objectif l’unification des rangs dans la perspective de l’action armée. C’est la naissance du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (Crua) qui, à la suite de l’échec de sa tentative de réconcilier les deux parties en conflit, décida d’organiser la réunion du Groupe des 22, tous membres de l’OS. Dans la réalité, le nombre des militants devant participer à la réunion était bien supérieur, du fait que nombreux de ceux qui activent à travers le territoire national n’ont pu effectuer le déplacement, en raison des mesures strictes appliquées par l’administration coloniale. L’objectif de la réunion du Groupe des 22, présidée par le Chahid Mustafa Ben Boulaïd, le 26 juin 1954, était de faire le point sur la situation. Après discussions, un comité a été créé pour réfléchir aux mesures à prendre par la suite. Depuis lors, et jusqu’au 26 octobre 1954, selon les données que j’ai en ma possession, le Groupe des 22 était à la recherche d’une personnalité charismatique, connue du peuple, pour diriger la phase suivante. Ils ont pensé à Messali Hadj auquel Ben Boulaïd a rendu visite en Belgique, en juillet de la même année, du fait que ce dernier avait les moyens d’effectuer ce voyage, outre le fait qu’il était membre du Comité central du Parti. L’offre faite par Ben Boulaïd à Messali de diriger le groupe qui aura la charge de déclencher la Révolution a été rejetée par ce dernier qui a affirmé que la primauté de prendre une décision aussi cruciale lui revenait de droit. Suite à cette fin de non-recevoir, le Chahid Mustapha Ben Boulaïd se rend à Paris où il rencontre quelques militants responsables, comme Ahmed Nouaoura et Ammar Belagoune, auxquels il demandera de cesser de verser les cotisations mensuelles au parti de Messali Hadj et de se préparer à rentrer au pays pour contribuer au déclenchement de la Révolution, ce qui sera le cas. Ben Boulaïd s’est également rendu à Tripoli où il a rencontré le défunt Ahmed Ben Bella pour se concerter sur la question du ravitaillement en armes. Ils se sont ensuite déplacés au Caire où ils ont rencontré le président égyptien Djamal Abdel Nasser qu’ils ont informé des préparatifs en cours pour le déclenchement de la Révolution et sollicité pour qu’il leur fournisse des armes et facilite leur entrée en Algérie. D’autre part, à son retour au pays, Ben Boulaïd a pris attache avec le Dr Lamine Debaghine, personnalité bien connue, qui a rejeté l’idée du déclenchement de la Révolution. Alors, Ben Boulaïd a décidé de l’option de la direction collégiale avec Larbi Ben M’hidi, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf et Didouche Mourad, tout en mettant l’accent sur le fait qu’elle ne saurait se faire sans la présence en leur sein d’un représentant de la région de Kabylie. C’est ainsi qu’ils ont pris contact avec Krim Belkacem et son adjoint Ammar Ouamrane, les invitant à prendre part à cette décision historique. Ce qui se fit facilement du fait que les contacts entre Ben Boulaïd et Krim Belkacem n’avaient jamais été interrompus. Après s’être mis d’accord sur tous les détails, les membres du Groupe des Six ont veillé à la rédaction de la proclamation du 1er Novembre afin de préserver la confidentialité. Il s’agissait de dirigeants imprégnés des valeurs portées par le mouvement national, d’un haut niveau culturel. En outre, l’intérêt suprême a fait qu’ils ont renoncé à leurs appartenances (sensibilités idéologiques) pour rédiger un appel invitant les algériennes et les Algériens, toutes catégories et tendances confondues, à rejoindre la Révolution à titre individuel et non en tant qu’organisations ou partis. Toutes et tous devaient se fondre dans un seul mouvement ayant pour objectif l’indépendance nationale, à savoir le Front de libération nationale, qui a rassemblé tout le monde sous un slogan d’une grande portée stratégique, à savoir «la Révolution par le peuple et pour le peuple», un slogan qui est resté en usage jusqu’à l’étape post-indépendance. Par la suite, la Révolution est entrée dans la phase organisationnelle avec le découpage du territoire en cinq zones et à la désignation des responsables de chacune d’elles. La Révolution a touché l’ensemble du territoire national. Mustafa Ben Boulaïd a ainsi dirigé la Révolution dans la région des Aurès, Krim Belkacem en Kabylie, Rabah Bitat, dans la région Centre, Ben M’hidi, dans la région Ouest et Didouche Mourad à l’Est. Le défunt Mohamed Boudiaf a été chargé de la coordination entre l’intérieur et l’extérieur. Muni de la proclamation du 1er Novembre, il s’est rendu au Caire où il a rejoint Ahmed Ben Bella, Aït Ahmed et Khider afin qu’elle soit diffusée par la Radio «Sawt El Arab».

    l Il était nécessaire que l’armée qui a participé à la libération du pays, immédiatement après l’accession à l’indépendance nationale, de s’engager dans une autre étape, celle de l’édification d’une armée au diapason des aspirations du peuple. A cet égard, quelles étaient les circonstances qui ont présidé à la conversion de l’ALN en Armée nationale populaire ?

    l Les autorités coloniales avaient mis sur pied ce qu’elles ont appelé la «force locale», composée d’officiers et de soldats qui avaient servi dans l’armée française,dotés d’armes dans toutes les wilayas avec à la tête de ces wilaya un ancien officier de l’armée française. Le ministre des forces armées de l’époque Piére Messmer avait déclaré que cette force locale constituera le noyau dur de l’armée algérienne après l’indépendance, ajoutant que les unités de l’ALN aux frontières ne seraient autorisées à rentrer au pays qu’à l’issue du référendum et après équipement de la force locale. De même, dès leur retour, les éléments de l’ALN seraient soumis au choix d’intégrer la force locale ou de bénéficier d’une somme d’argent et retourner à la vie civile. Dans le même temps, après le cessez-le-feu, une réunion a eu lieu en Tunisie, regroupant le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne, Benyoucef Ben Khedda, et l’ancien président tunisien, Habib Bourguiba. Dans sa déclaration, ce dernier avait affirmé que le pouvoir ne pouvait être l’émanation des chars pendant que Ben Khedda annonçait la dissolution de l’étatmajor général. Mais ce qui s’est passé par la suite, c’est que l’ALN avait franchi la frontière. Une réunion a eu lieu à Bou Saâda, regroupant des responsables des Wilayas I, VI et V ainsi que le Commandement de l’état-major général, au cours de laquelle il a été question du changement de l’appellation de l’Armée de libération nationale. Il faut aussi savoir que lors de la réunion de Tripoli, il avait été décidé de la reconversion de l’Armée de libération nationale et, après des discussions approfondies, il a été unanimement reconnu que cette armée, qui puise ses racines du peuple, devait rester liée au peuple et à la patrie. A ce titre, ils se sont entendus pour lui donner le nom d’Armée nationale populaire. Cet attachement nous le vivons et le ressentons aujourd’hui dans le lien étroit existant entre le peuple et l’armée. Pour ma part, j’ajoute toujours : «L’Armée nationale populaire, digne et méritante héritière de l’Armée de libération nationale». Lorsque nous faisons le lien entre tout ce que nous avons mentionné et rappelons les étapes franchies par notre pays, nous pouvons considérer que la phase d’édification de l’Etat s’est étendue de 1967 à 1977, que le défunt président Houari Boumediene l’avait qualifiée à l’époque d’étape du retour à la base, depuis la commune jusqu’à la Constitution, en passant par la Charte nationale, tout comme il a été procédé à l’élection de l’Assemblée populaire nationale, suite à la dissolution du précédent Parlement Le pays a connu une autre phase sous la direction du président Chadli Bendjedid, de même, notre peuple a eu à faire face au terrorisme barbare une décennie durant, seul, sans l’aide de personne. Mais grâce à Dieu et à la résistance de notre peuple, à la détermination et aux sacrifices des hommes et femmes des différents corps de sécurité, à leur tête l’Armée nationale populaire, digne et méritante héritière de l’Armée de libération nationale, nous avons vaincu le terrorisme et ses résidus. Ensuite, il y eut la période du président Bouteflika qui a duré 20 ans. Durant ce temps, le pays a connu des déviations et des dépassements destructeurs à tous les niveaux, ce qui a conduit le peuple à sortir pour protester et exprimer son rejet de ces pratiques dans des manifestations pacifiques, civilisées. Tout au long de ces manifestations, l’armée s’est tenue aux côtés du peuple, préservant ainsi leur caractère pacifique. Il en est pour preuve que pas une goutte de sang n’a été versée. Il est curieux que certains négligent étrangement cette particularité très importante et à travers elle la position historique de l’ANP, digne et méritante héritière de l’ALN … Au regard de tout ce que nous venons d’évoquer, je ne cesserai jamais de dire et de rappeler que la contribution de l’ANP a toujours fait éviter à notre pays de se faire entraîner vers des lendemains incertains. Par ailleurs, ce que nous devons souligner est que notre pays a traversé une période difficile qu’il a finalement surmontée avec l’organisation d’élections présidentielles intègres et démocratiques, de l’avis même des candidats. Des éléctions qui ont permis d’entrer dans la légitimité démocratique. Ainsi, le Président a élaboré un programme visant le changement et fixé des objectifs à atteindre progressivement. Il est vrai que ce programme a pris quelque retard du fait de circonstances objectives caractérisées essentiellement par la propagation de la pandémie du coronavirus, sans pour autant que son application ne soit interrompue. Après les élection présidentielle, le président de la République a décidé de l’organisation d’un référendum portant révision de la Constitution aprés son enréchissement. Une révision qu’il a voulue consensuelle. Personnellement J’ai retrouvé dans cette Constitution certains avis que j’avais soumis. Ma lecture est que cette constitution concrétise réellement la devise «par le peuple et pour le peuple». Ce que je trouve de plus important à signaler à ce propos est la poursuite du processus d’édification des institutions de l’Etat, un Etat où tout le monde trouvra sa voie, et qui soit sous forme d’une grande maison abritant tout le monde quels que soient leurs différends. Il nous appartient bien sûr de faire la différence entre l’Etat et le gouvernement. Ce dernier change selon les aspirations et la volonté du peuple, car l’Etat a vocation d’être pérenne. Telle est la finalité des réformes engagées par Monsieur le président de la République qui, comme attendu, vient de décider la dissolution de l’Assemblée populaire nationale, dans le but d’aller vers des élections législatives où la parole sera donnée au peuple pour que se concrétise le changement politique dans le pays. Partant de là, quiconque est porteur d’un programme qui peut contribuer à servir la nation et qui bénéficie de la confiance du peuple, aura toute la latitude d’œuvrer pour le bien et l’intérêt de la patrie. A ce titre, le président de la République avait précédemment affirmé que même si dans le cas où à l’issue de ces élections législatives, celle-ci aura l’occasion de constituer le gouvernement conformément aux nouvelles dispositions consacrées par la dernière révision constitutionnelle, à l’initiative du président de la République, M Abdelmadjid Tebboune. Ce qui constitue le summum de la démocratie et sa consécration. Que peut-il y avoir de plus que cette démocratie participative fondée sur notre glorieux legs novembriste ?

    En tant que Moudjahid de la première heure, quel est votre point de vue sur le dossier de la mémoire et quels sont les fondements sur lesquels doit reposer le dialogue sur ce volet avec la partie française ?

    S’agissant de la question de la mémoire, il faut souligner que la feuille de route pour un dialogue sur cette question doit se faire avec l’Etat français, indépendamment des personnes ou des présidents. Il est important de noter que lorsque nous avons combattu la France, nous avions fait la distinction entre le colonialisme français et le peuple français. Notre Révolution a été menée contre le colonialisme et jamais contre le peuple. Aussi, l’écriture de l’histoire, en partant de ce postulat, montre que tout comme elle a libéré l’Algérie, notre Révolution a également libéré le peuple français. Comment? Durant cette période, la France a vu passer six gouvernements dirigés par des personnalités françaises connues, comme Edgar Faure, Guy Mollet, Charles de Gaulle… Ces gouvernements sont tombés l’un après l’autre du fait de la pression exercée par la Révolution libératrice, et puis ce fut la chute de la IVe République qui ramena au pouvoir le général De Gaulle, suite à un coup d’Etat mené par les colons en Algérie, avec l’aide d’officiers de l’armée. Par la suite, le général De Gaulle, avec le général Challe, a tenté d’étouffer la Révolution libératrice par le lancement d’un plan opérationnel qui a nécessité la mobilisation de tous les moyens humains et matériels. Parallèlement, il a tenté quelques réformes politiques et économiques, à travers notamment le plan de Constantine et l’organisation de simulacres d’élections municipales dans le but de constituer une troisième force d’Algériens comme interlocuteurs pour négocier le sort de l’Algérie. Puis, lors d’une conférence de presse tenue en 1958, il a suggéré l’idée d’une «Paix des braves». Alors que jusque-là, la France coloniale qualifiait les révolutionnaires de «hors-la-loi», de «Fellagha», voilà qu’à ses yeux, ils devenaient des braves qu’il invite à négocier. L’échec de cette stratégie poussa De Gaulle à penser au devenir de la France et au choix entre la perte d’une colonie ou celle de son pays. La France était à l’époque, un des pays européens les plus faibles économiquement, d’où l’idée de procéder à des essais nucléaires en Algérie dans une tentative de redorer le blason de la France et de restaurer son prestige en Europe et dans le monde. Mais la pression permanente de la Révolution finira par le contraindre à s’asseoir autour d’une table qui conduira aux négociations d’Evian. L’analyse de toutes ces phases montre que l’Algérie a libéré le peuple français car sans la Révolution libératrice, tous ces développements n’auraient pas eu lieu en France. Ainsi, en comparant ce contexte historique avec ce qui se passe actuellement suite à la présentation au président français du dossier de la mémoire par l’historien Benjamin Stora, nous dirons que ce rapport traite une question francofrançaise qui ne nous concerne pas. Cependant, si j’avais à formuler mes remarques personnelles sur ce rapport, en tant que moudjahid ayant participé à la Révolution, je dirais que la France veut encore gérer le dossier de la mémoire avec l’idée de la «paix des braves», comme avait tenté de le faire le général De Gaulle avec les révolutionnaires. Ainsi, le dossier de la mémoire aujourd’hui est voué à connaître le même sort que la stratégie du général De Gaulle durant la Révolution, à savoir l’échec. D’autre part, le rapport Stora a abordé la période 1954 – 1962, alors que, comme je l’ai mentionné précédemment, parler d’histoire et de mémoire doit commencer du tout début, car les étapes de l’histoire nationale sont indissociables les unes des autres. L’histoire est un processus permanent qui ne saurait être compartimenté en des épisodes, tout comme ne pourrait l’être la période d’occupation coloniale de 1830 au 5 Juillet 1962.

    Un des principes immuables de l’Algérie est la non-ingérence dans les affaires internes des Etats et le soutien du droit des peuples opprimés à l’autodétermination. Quel est votre commentaire au regard des questions palestinienne et sahraouie ?

    Par principe, l’Algérie n’a jamais cherché à s’ingérer dans les affaires internes d’autres pays, aussi nous n’acceptons donc jamais que d’autres s’immiscent dans nos affaires intérieures. Une partie de ces principes que je viens d’évoquer constitue l’essence de l’orientation et de la doctrine algérienne et il est important de se rappeler qu’elle se cristallise conformément aux principes fondateurs de notre politique étrangère. Celle-ci se traduit par le renforcement du respect de la légalité internationale, le dialogue et la concertation entre l’ensemble des parties concernées pour le règlement pacifique des conflits. De même pour notre pays, il est nécessaire d’organiser les relations internationales dans le cadre du respect des principes et dispositions du droit international, s’agissant particulièrement du respect mutuel, la non-ingérence dans les affaires internes, le respect de la souveraineté nationale des Etats et de leur indépendance. Telle est la voie que nous suivons à titre d’exemple et non exhaustif dans le cas libyen, la région du Sahel etc. S’agissant de la question palestinienne, Monsieur le président de la République a réaffirmé la position immuable de notre pays à son égard. Quand à la question du Sahara occidental, il s’agit d’une question de décolonisation de la dernière colonie sur le continent Africain et du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, un principe pour lequel nous avons combattu jusqu’à ce que notre pays arrache son indépendance et recouvre sa souveraineté. Le dossier du Sahara occidental est posé au niveau de l’organisation onusienne. Il concerne un peuple qui cherche à exercer son droit à l’autodétermination. Ainsi, il importe que les décisions de la légalité internationale préconisant l’organisation d’un référendum par lequel le peuple sahraoui pourra exercer son libre choix, soient appliquées. Un peuple qui a eu longtemps à endurer l’occupation espagnole puis marocaine actuelle. Ici, nous devons faire la distinction entre le peuple marocain frère et le régime d’occupation du Makhzen. Tout comme l’Algérie avait refusé l’occupation française dans sa totalité, l’a combattu et payé le plus lourd des tributs pour la liberté et le recouvrement de la souveraineté nationale, elle rejette tout autant l’occupation par le Maroc du Sahara occidental et toutes les formes d’occupation. D’autre part, comme tout le monde le sait, l’Algérie n’est pas partie au conflit qui oppose la République arabe sahraouie démocratique et le royaume marocain. Un conflit qui doit trouver sa solution sous l’égide de l’ONU, à travers la désignation urgente d’un envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies, chargé de relancer le processus de règlement du conflit et d’organiser le référendum afin de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit imprescriptible à l’autodétermination.

    Quel message pouvez-vous adresser au peuple algérien à propos des campagnes agressives flagrantes menées par certaines parties ? Et comment faire face aux complots ourdis contre notre pays ?

    La vérité que tout le monde devrait prendre en compte est que les ennemis de l’Algérie, à l’intérieur comme à l’étranger, n’apprécient guère que l’Algérie soit forte et debout. Il est clair qu’ils visent l’Armée nationale populaire parce que c’est l’épine dorsale de l’Etat, tout comme ils ne veulent pas que l’Algérie soit un Etat démocratique. La démocratie véritable qui confère une immunité à l’Etat et qui barre la route à l’ingérence d’autrui dans nos affaires internes, leur fait peur. Les Algériens qui ont donné le meilleur des exemples en matière de lutte et de sacrifices durant la Révolution et qui ont pris des décisions vitales durant le processus d’édification de l’Etat, y compris la nationalisation des hydrocarbures (dont nous venons de célébrer le cinquantenaire), saura faire face et relever tous les défis. Ici, il me revient à l’esprit la visite effectuée en 1969 par le défunt roi d’Arabie saoudite, Fayçal. A l’époque, j’étais Mouhafedh à Annaba qui chapeautait nombre d’autres wilayas actuelles. Une visite au complexe d’El Hadjar avait été programmée où je l’avais accueilli, accompagné du secrétaire général de la wilaya. A la fin de la visite, nous lui avons présenté le Livre d’or pour qu’il le signe. Il écrivit «Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux» puis s’arrêta et dit : «Je remercie Dieu de m’avoir accordé le temps pour que je puisse visiter l’Algérie indépendante ainsi qu’une des nombreuses réalisations édifiées par l’Algérie indépendante.» Après un bref silence, il ajouta : «En 1956, j’étais ministre des Affaires étrangères de mon pays, j’avais effectué une visite en France. A l’époque, mon homologue français était Robert Schumann. A l’issue de la visite et avant de quitter Paris, je lui avais exprimé mon désir de visiter de nouveau la France mais après l’indépendance de l’Algérie.». Il a ajouté : «Au regard des sacrifices consentis par le peuple algérien durant la Révolution libératrice, il est de son droit d’opter pour la doctrine de son choix, fusse-t-elle le communisme…». Il a également remarqué que de nombreuses mosquées avaient été construites et celles en voie de l’être sur tout le territoire algérien après quelques années seulement d’indépendance et il conclut en disant que telle était sa vision de l’Algérie. A travers cet exemple, j’ai voulu inviter les Algériens à revenir à l’histoire et à s’en inspirer, qu’ils aient conscience de la grandeur de l’Algérie, de sa place et de son rôle dans le monde arabe et en Afrique. L’Algérie est un pays aux positions immuables et profondément enracinées, et nous ne devons pas oublier que ses relations avec les Etats-Unis d’Amérique se sont détériorées et ont été rompues pour une période, du fait de la cause palestinienne, et Washington avait compris notre position, néaumoins, le pragmatisme a prévalu et relations économiques ont évolué entre nos deux pays par rapport à ce qu’elles étaient par le passé. Telle est l’Algérie pour laquelle nous nous battons encore et dont nous œuvrons à transmettre les positions aux générations futures afin qu’elles réalisent la place qu’occupe leur pays dans le concert des nations et la place du peuple algérien parmi les peuples du monde. En général, en de telles circonstances, il importe de renforcer et de consolider le front interne afin de faire face à toute forme de menaces, de complots et de manœuvres… Quand a ce qui a trait à ceux qui auront à assumer des responsabilités à tous les échelons, ce sera conformément aux fondements de la démocratie et selon ce que décide le peuple. En vérité, les complots ourdis contre l’Algérie ne datent pas d’aujourd’hui, à cette différence près qu’ils sont désormais ouvertement affirmés. Ils sont nourris par de multiples parties et cercles qui voudraient clairement faire de l’Algérie un pays quelconque, alors que l’Algérie avec sa longue et honorable histoire, son peuple fier, ne peut être qu’un grand pays, traitant avec les Etats d’égal à égal. Ainsi, je dirais qu’il nous incombe à tous d’œuvrer ensemble afin de concrétiser l’objectif commun, celui de l’édification de la nouvelle Algérie, stable et prospère, conformément aux aspirations du peuple et par fidélité aux sacrifices consentis par nos valeureux Chouhada. Nous œuvrons à le concrétiser étape par étape, sous la direction du président de la République. En conclusion, je voudrais insister sur la question du renforcement et la consolidation du front interne ainsi que l’unification des rangs qui nous permettra inévitablement de relever tous les défis et enjeux. Les ennemis de l’Algérie sont désormais connus et tentent vainement de polluer le climat à travers des voix installées à l’étranger, qui s’attaquent à notre pays au nom de la liberté d’expression. là, il faut faire la distinction entre liberté d’expression et liberté de s’adonner à des pitreries… C’est au nom de cette liberté qu’ils diffusent des informations fausses et tendancieuses, auxquelles on ne saurait faire face que par l’unification des rangs, l’action constante, davantage de vigilance et de perspicacité. Vive l’Algérie libre et indépendante, gloire et éternité aux Chouhada.

    El Djeich nº 692, mars 2021

    Tags : Algérie, Mémoire, Maroc, Sahara Occidental, FLN, 1er novembre, guerre de libération, colonisation,

  • Algérie : « La reconnaissance de l’assassinat d’Ali Boumendjel est un pas positif » (ministère des moudjahidines)

    LE MINISTÈRE DES MOUDJAHIDINE ET DES AYANTS DROIT : « La reconnaissance de l’assassinat d’Ali Boumendjel est un pas positif »

    Le secrétaire général du ministère des Moudjahidine et Ayants droits, Laid Rebika, a qualifié la reconnaissance du président français, Emmanuel Macron, de la responsabilité de l’armée de son pays dans la torture et l’assassinat du martyr Ali Boumendjel d’un «pas positif», tout en considérant la décision de lever le secret des archives classifiées de plus de 50 ans, y compris celles relatives à la Guerre de libération nationale (1954-1962), de « question purement technique ».

    Dans un entretien à la Chaîne 2 de la Radio nationale, Laid Rebika a déclaré que « de grands historiens algériens ont salué la reconnaissance du président français de la responsabilité de l’armée de son pays dans l’assassinat de martyr Ali Boumendjel comme étant le début d’une réconciliation des mémoires ». Or, a-t-il poursuivi, « en ce qui nous concerne nous les Algériens, notre Histoire est claire et connaissons très bien que le martyr Ali Boumendjel a été tué sous la torture. Ce n’est pas nouveau pour nous ». « Quoi qu’il en soit, la reconnaissance est un pas positif, et nous tenons à dire que notre Histoire s’étend de 1830 à 1962, et qu’elle ne peut pas être divisée en séparant un événement d’un autre », a-t-il ajouté.

    Concernant la décision de faciliter l’accès aux archives classifiées de plus de 50 ans, y compris celles relatives à la Guerre de libération nationale (1954-1962), le secrétaire général du ministère des Moudjahidine et Ayants droits a souligné que « la question est purement technique ». « Après 50 ou 70 ans, il est naturel que les archives, ou une partie de celle-ci, soient déclassifiées », a-t-il souligné. « La récupération de cette archive doit être soumise à certaines conditions et à une étude et un examen attentif par des spécialistes afin que nous ne tombions pas dans l’erreur ou les inexactitudes. L’archive ne peut pas être divisée en événements ou étapes spécifiques. Nous devons également travailler pour récupérer les archives dans les autres pays comme la Belgique, le Liban, la Tunisie, le Maroc et pas seulement la France », a-t-il fait observer.

    Le secrétaire général du ministère des Moudjahidine et des Ayants droit a évoqué la question de l’outrage à certains des symboles de la Révolution algérienne. « la loi est claire là-dessus, mais ce qui nous fait du mal au cœur c’est que ceux qui s’en prennent aux moudjahidine et aux martyrs agissent avec inconscience, ce qui nous rend plus déterminés à continuer à définir davantage le message des martyrs à la nouvelle génération, et leur expliquer qu’attenter aux symboles de l’Algérie, qu’il soit chahid, moudjahid, ou veuve de chahid, est une atteinte pour l’Algérie dans son ensemble. Nous demanderons des peines maximales dans le cas où de tels cas seraient signalés », a-t-il fait savoir. Concernant la question des témoignages de la Révolution algérienne, le responsable a révélé la collecte d’environ 35 000 témoignages, en 28 000 heures d’enregistrement contenant, a-t-il précisé, de nombreux témoignages en direct de personnalités et de moudjahidine de premier plan, que nous devrions, selon ses dires, étudier, scruter et exploiter lors d’une journée d’étude dédiée à cette thématique.

    Hamid Mecheri

    Le Courrier d’Algérie, 18 mars 2021

    Tags : Algérie, Ali Boumendjel Guerre d’Algérie, colonisation, colonialisme, crimes coloniaux,


  • « Nouvelle-Calédonie : La France est partie! »

    Une interview inédite de Michel Rocard réalisée en 2003

    Aujourd’hui, en classant mes archives, je suis tombée sur mon classeur de l’école de journalisme. Je tournais les pages avec un peu de mélancolie, me remémorant ces moments de reportage dans le Nord de la France, relisant les commentaires des profs de l’ESJ Lille… Et, soudain, au milieu du portrait d’un descendant de harki à Roubaix et d’un compte rendu d’audience au tribunal de Lille, je vois cette interview de Michel Rocard ! Elle m’était sortie de l’esprit ! Je souris… Et je vois ma note ! 17. J’entends alors une voix surgir de mes souvenirs – certainement Dominique Mobailly, la responsable de la filière presse écrite me préciser en me rendant la copie » + 1 point pour avoir réussi à décrocher une interview d’un ancien Premier ministre ». Pour moi, il était surtout le père des Accords de Matignon.

    18 ans plus tard, je suis dans mon cellier, et je parcours son interview. Là, à côté de mon vélo, de ma glacière et de mes vieux classeurs poussiéreux, je reste médusée par l’incroyable actualité de cet entretien. Comme si le temps s’était figé. Il y a 18 ans, il était déjà question d’instabilité au gouvernement, de contestations face au projet de la société Inco dans le Sud, et du manque de représentation des parties non historiques. Sentiment étrange d’un passé soudain ressuscité, ou plutôt d’un passé qui n’a jamais disparu !

    Alors, je scrute les réponses de cet homme si brillant, si fin, si franc aussi dont la parole nous manque. La pertinence et l’actualité de son analyse sont stupéfiantes.

    Décidément, le passé résiste dans notre pays…

    Source : Entre oui et non, 6 mars 2021

    Tags : Nouvelle Calédonie, France, Colonialisme, colonisation,



  • Macron ouvre l’accès aux archives de la Guerre d’Algérie

    Archives classifiées de plus de cinquante ans : Emmanuel Macron ouvre l’accès

    Le président français Emmanuel Macron a décidé d’ouvrir l’accès aux archives classifiées de plus de cinquante ans en prenant la décision de permettre aux services d’archives de procéder dès demain ( mercredi 10 mars aux déclassifications des documents couverts par le secret défense selon le procédé dit de « démarquage au carton » jusqu’aux dossiers de l’année 1970 incluse » indique un communiqué aujourd’hui de l’Elysée qui précise par ailleurs que « cette décision sera de nature à écourter sensiblement le délais d’attente liés à la procédure de déclassification s’agissant notamment des documents relatifs à la guerre d’Algérie »

    Et pour se faire dans les délais respectables et permettre aux universitaires et autres chercheurs d’y puiser pour les besoins de leurs travaux, le même communiqué ajoute que « le gouvernement a engagé sur demande du président de la République, un travail législatif d’ajustement du point de cohérence entre le code du patrimoine et le code pénal pour faciliter l’action des chercheurs » est-il indiqué.

    Pour l’Elysée « il s’agit de renforcer la communicabilité des pièces sans compromettre la sécurité et la défense nationale » En conclusion le communiqué de l’Elysée précise que « l’objectif est que ce travail entrepris par et avec les experts de tous les ministères concernées aboutisse avant l’été 2021 ».

    Ferhat Zafane

    La Patrie News, 9 mars 2021

    Tags : Algérie, France, Archives, mémoire, colonisation,