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  • La grande manœuvre marocaine au Sahara Occidental (2/2)

    Et la guerre aura lieu

    Par D.M. Chetti

    A la croisée des chemins entre l’Afrique et l’Europe, la Méditerranée, l’Atlantique et le monde arabe, le Maroc a toujours eu une place spéciale dans la diplomatie occidentale et dans sa planification stratégique, spécialement américaine.

    Les nationalistes sahraouis, avant d’avoir le Maroc comme principal ennemi, ont eu à combattre les Espagnols avant 1975.

    Le Polisario a été créé en 1971 par Mustapha Sayed El-Ouali qui a explicitement appelé à la lutte armée dans le cadre du Front populaire pour la libération de Saguia El-Hamra et Rio de Oro.

    Puis, avec le soutien de la Libye, de l’Algérie et de la Mauritanie, ses forces ont commencé à attaquer les intérêts espagnols. Sur la scène internationale, le Polisario a su attirer l’attention sur sa cause à l’ONU et ailleurs, mais son leadership a été lent à identifier la menace posée par le Maroc sur la route de son indépendance.

    En mai 1975, une mission de l’ONU se rend au Sahara espagnol à la rencontre des manifestations spectaculaires de soutien public au Polisario et manifestant leur opposition à l’unification avec le Maroc ou la Mauritanie.

    Le 15 octobre, elle publie un rapport en faveur de l’autodétermination des Sahraouis. Le lendemain, la Cour internationale de justice de La Haye rendra publique sa décision contre la revendication du Maroc pour le territoire, mais le roi du Maroc Hassan II en fera une interprétation différente.

    Le même jour, il annoncera l’ouverture de bureaux de recrutement pour lancer «la marche verte» à laquelle 350.000 volontaires participeront.
    Entre temps, le dictateur espagnol Franco était sur son lit de mort et, sous la pression des Etats-Unis et de la France, il finira par abandonner le territoire du Sahara. Il donnera une ultime consigne, celle de ne pas tirer sur les marcheurs marocains qui traverseraient la frontière le 6 novembre 1975.

    Le 14 novembre, c’est le pacte de Madrid, qui divisera le territoire entre le Maroc et la Mauritanie. Franco, à l’hôpital, décédera tôt le matin du 20 novembre.

    Le Maroc entreprendra sa conquête du Sahara occidental après la marche verte de novembre 1975 alors que certains Sahraouis, ayant acquis une expérience militaire dans l’armée espagnole, rejoindront l’aile militaire du Front Polisario et mèneront de sérieuses attaques contre les forces armée royales marocaines qui, avec de grandes colonnes motorisées, avaient occupé des postes profondément à l’intérieur du Sahara, allant jusqu’à Tifariti, près du nord de la frontière mauritanienne, et occupant Guelta au sud-ouest.

    Puis une colonne de cinq bataillons des FAR stationnera à Mahbes, dans le nord-est du Sahara occidental, près de la frontière algérienne. Le lac d’Amgala est utilisé comme un point de transit pour les réfugiés évacués vers l’Algérie sous l’assistance de l’armée algérienne qui leur fournit de la nourriture et des fournitures médicales.

    En janvier 1976, les troupes marocaines attaqueront les troupes algériennes à cet endroit.

    Les débuts militaires du Front Polisario et ses succès contre le Maroc et son allié, la Mauritanie, défièrent toutes les attentes.

    Les raisons de ce succès et de la survie du Polisario sont à chercher non seulement dans ses soutiens extérieurs, principalement algériens, dans les erreurs marocaines et les faiblesses mauritaniennes, mais aussi dans sa stratégie militaire et les compétences tactiques de ses soldats, dotés d’un moral d’acier et capable de maîtriser les configurations géographiques à leur avantage.

    Les forces armées mauritaniennes, peu dotées de ressources matérielles et humaines, ont été contraintes de se retirer de la guerre en 1979 après avoir subi des pertes conséquentes de la part du Polisario.

    L’armée marocaine a révélé à plusieurs reprises son inefficacité opérationnelle face aux tactiques de guérilla du Polisario et, après plusieurs échecs, elle obtiendra un renfort stratégique grâce à l’aide des Américains, qui, après la chute du Shah, tenaient à ne pas perdre un autre allié stratégique en Afrique.

    A partir de 1981, le Maroc commencera la construction de la plus grande barrière militaire fonctionnelle dans le monde, un mur de 2.720 km qui lui permettra d’occuper et de contrôler 80% du territoire du Sahara occidental et de contrer les offensives du Front Polisario.

    Dix ans plus tard, l’intervention de l’ONU permit la signature d’un cessez-le-feu, qui a eu lieu après que les deux parties, complètement épuisées, réaliseront qu’aucune d’elle ne pourra remporter la victoire décisive.

    La lutte continua alors dans la sphère diplomatique. Dans les territoires occupés, le Maroc a dépensé beaucoup d’argent pour sa sécurité et le développement économique, mais n’a pratiquement consacré aucun effort pour gagner les cœurs et la sympathie du peuple sahraoui.

    Il a également encouragé l’installation d’un grand nombre de personnes en provenance du Maroc, en partie avec l’ espoir de déjouer ainsi la prédiction du Polisario qui espérait gagner le référendum sur le futur statut du territoire.

    Représentant de l’ONU, l’Américain James Baker a exercé de considérables efforts pour tenter de parvenir à un règlement, mais, devant l’intransigeance marocaine, il finit par démissionner en 2003.

    Dans le même temps, le mécontentement a grandi dans les camps de réfugiés et les territoires occupés, en particulier parmi les jeunes Sahraouis. Beaucoup d’entre eux, désespérés de voir leurs aînés trouver une autre issue à leur quotidien, montrent leur déception avec le Polisario qui n’arrive pas à marquer des points sur le front diplomatique.

    Ce mécontentement s’est manifesté par l’intermédiaire d’une révolte du style «intifada» que l’encadrement du Polisario n’a pas vu venir.

    En réponse à cette intifada, les forces marocaines entamèrent alors des séries d’enlèvements et d’arrestations suggérant à l’opinion internationale que ce sont des actes terroristes menées par des organisations criminelles ayant des liens avec Al-Qaïda, dont l’objectif est de tenter une infiltration du Sahara occidental et des camps de réfugiés. Ce que réfutent, bien évidemment, en bloc les dirigeants du Polisario.

    Dans le sillage de la marche verte, au moment où l’Espagne annonçait le retrait de ses troupes du Sahara, l’avenir du Polisario semblait sombre pour beaucoup d’observateurs et les Marocains étaient confiants dans leur nouvelle conquête.

    Après tout, même l’Espagne, qui avait commis d’importantes erreurs politiques et disposant de peu de ressources, avait réussi à maintenir sa présence pendant près d’un siècle ! Le Maroc comptait en finir rapidement avec l’insurrection sahraouie. Résultat, un quart de siècle plus tard, le conflit est toujours là !

    Les raisons de la survie du Polisario s’expliquent sans doute par les soutiens extérieurs, en particulier algériens, sa démarche diplomatique sur le plan international et surtout par la ténacité de ses combattants qui maîtrisent aussi bien la tactique que la stratégie sur le terrain.

    Le succès est dans le haut niveau moral de ses troupes, l’expérience de ses soldats et la capacité des Sahraouis à utiliser les conditions géographiques à leur avantage.

    Aujourd’hui, la communication et la coordination entre les indépendantistes du Polisario, qui veulent la libération des territoires occupés par le Maroc et les camps de réfugiés où se trouvent leurs sympathisants, sont facilitées en grande partie par l’Internet qui a aussi contribué à accroître leur membres, surtout des jeunes qui commencent à se radicaliser, perdant confiance en la direction du Polisario, même si cette dernière continue à alimenter des perspectives antimarocaines très marquées.

    Le risque encouru, en attendant, c’est, bien entendu, l’infiltration d’éléments terroristes dans les camps sahraouis en Algérie. La véritable menace se situe à ce niveau.

    Le Maroc, comme précisé dans la première partie consacrée à ce sujet, a toujours entretenu des relations étroites avec les Etats-Unis et la France, renforcées à mesure que son voisin algérien prônait, dans le passé récent, une voie socialiste et non alignée dans sa politique intérieure et l’autodétermination du peuple sahraoui dans sa politique extérieure.

    Compte tenu de l’importance de la stabilité du Maroc aux yeux de l’axe atlantique et de la menace qu’une augmentation de l’activité terroriste dans la région poserait pour les Etats-Unis et pour l’Europe en particulier, il est urgent de promouvoir une solution de sortie au problème du Sahara occidental au lieu de se contenter de suivre l’évolution des événements en attendant que cela profite aux intérêts américains ou européens, sans quoi la situation risque de devenir de plus en plus explosive.

    L’Echo d’Algérie, 22/12/2013

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, colonisation, ONU, autodétermination, MINURSO,

  • Algérie-France: Une visite ratée, déformée et parodiée !

    Algérie-France: Une visite ratée, déformée et parodiée !

    Algérie, France, colonisation, mémoire, Emmanuel Macron,

    Lors de sa visite en Algérie, le président français a préféré parler d’«immigration choisie» et de projets d’«incubateurs high tech» franco-algériens. Le président a aussi évoqué la création de «studios de cinéma» pour favoriser la créativité de la jeunesse algérienne.

    Ah oui, également, une commission d’historiens des deux pays, qui sera chargée d’élaborer l’histoire de la colonisation à partir des archives de l’un et l’autre pays.

    Des formules à l’emporte pièce et uniquement pour la galerie, avec toujours le vide sidéral au niveau de l’action. il y aurait trop à dire sur tout cela, je me contenterai de deux observations, liées à ce voyage en Algérie. La première sur la création « d’une commission mixte d’historiens ». Cette initiative est une concession inutile qui ne nous (Algériens) voudra que des humiliations supplémentaires.

    Quel besoin en avons-nous de la France ?

    Et quels besoins, autres que politiciens, en ont les Français de l’Algérie ?

    Même s’il restait encore quelques archives à explorer, la colonisation de l’Algérie est aujourd’hui suffisamment documentée. Je parie que dans les mois et peut-être les années qui suivront, cette commission distillera, à destination des algériens, un lent poison de polémiques et de débats que nous devrons boire jusqu’à la lie.

    Cette commission pourra-t-elle dire aux uns et autres que formellement la colonisation était un crime en soi, quelque que soit ses motifs ?

    Cette commission pourra-t-elle dire que le système colonial avait poussé inexorablement les Algériens à la déchéance, la famine et les épidémies. C’est dire que Algériens et Français, ne dansent pas sur le même registre d’attribution. Les deux intentions sont diamétralement opposées.

    La deuxième observation c’était de voir le président Français passé nouvellement un cran en expliquant aux Algériens ce qu’ils savaient déjà, alors renier et garder sous silence encore une fois de plus, les crimes de la colonisation, c’est se donner le droit de dire quand commence l’histoire et quand elle finit. La guerre a été perdue par la France. C’est acté.

    Mais le Président Français a franchi un pas important en parlant «d’une histoire d’amour» entre la France et l’Algérie, il nous commente le futur dans une espèce d’élan mystique, pour demander à la jeunesse Algérienne d’oublier le passé, d’aimer un peu plus la France et que tous les Français leur doivent solidarité par amour éperdu pour l’humanité, la démocratie, les valeurs, enfin tous ces balivernes qui font l’ordinaire du blabla pour le reste du monde.

    Pas grave, suffira de faire semblant. Il en profitera pour offrir des nouvelles opportunités à la jeunesse algérienne, des visas, des incubateurs en faisant la promotion d’une immigration choisie en privilégiant ceux qui ont fait de hautes études. Un petit coup de pommade au passage, ça c’est davantage pour la politique de la France envers l’Algérie.

    Certes la France est un pays important, mais l’Algérie l’est également L’Algérie reste, en revanche, la clef de l’Afrique. Enfin et surtout, l’Algérie n’est plus colonisée, après 132 ans le peuple Algérien n’est pas mort, il est bien libre, une liberté acquise chèrement et cela mérite d’être bravement et fièrement dite.

    Sûrement, il faut normaliser nos rapports avec la France, mais ça ne passe pas et depuis des années la presse française ne cesse d’accuser l’immigration (surtout Algérienne) de tous les maux, de l’insulter quotidiennement, d’exiger son expulsion catégorique et plus encore d’exiger la reconnaissance des bienfait de la colonisation pour avoir construit un pays qui n’existait pas (routes, voies ferrées, barrages, aéroports, ports, infrastructures, écoles, etc.).

    Regardons déjà la France, longtemps, les actes anti-musulmans se sont résumés à des violences physiques qui se multiplient, ainsi qu’à des attaques à des lieux de culte musulman, toutes ces victimes suscitent compassion a minima chez les politiques et indifférence dans les médias, donc il n’y a pas de quoi donné des leçons en matière de haine et de mépris.

    La France l’a démontré par une presse conventionnée, que l’anti-algérien trouve sa source dans cette vieille « blessure d’orgueil » dont certains ne parviennent pas à se départir. Certains veulent se convaincre que l’Algérie restera un valet à l’ancien colonisateur, mais l’Algérie dans le monde et dans ses rapports avec d’autres pays se porte bien, après soixante année d’indépendance, l’Algérie d’aujourd’hui est en droit de condamner la colonisation Française et elle est en mesure de revendiquer tous ses droits dans la restitution des richesses spoliés et transférer en France.

    Aujourd’hui la France veut « renforcer » le partenariat avec l’Algérie ?

    Oui à un partenariat de gagnant-gagnant à l’image des relations italo-algériennes qui sont ce que devraient être les relations algéro-françaises : coopération, transfert de technologie et investissement à tous les niveaux. Plus de 200 entreprises italiennes travaillent en Algérie, contrairement à certaines entreprises françaises moins compétitives par manque d’investissement en sol algérien, deux entreprises françaises (Suez et RATP) ont vu leurs contrats non renouvelés et certaines, ont plier bagages, comme Alsthom, Crédit agricole, Société Générale et BNP. Ces derniers refusaient de réinvestisser dans le pays une partie de leurs bénéfices.

    Il faut noter que les entreprises françaises travaillant en Algérie savent qu’être là c’est juste pour vendre un produit et encaisser des marges, c’est plus facile. Alors que l’Algérie veut une approche globale comprenant par exemple du transfert de compétences, de l’assistance à l’installation et du support. L’Algérie veut du transfert de technologie et les parties françaises n’ont pas l’envie de transmettre.

    Aujourd’hui l’Algérie et sa jeunesse refusent et rejettent les valeurs dégénérées qui inculquent dans les écoles primaires qu’un homme peut bien être «enceinte» de son mari et qu’il s’agit là de l’un des plus beaux progrès de l’humanité ou encore cette volonté diabolique de diviser, cette culture de mort que l’Occident ne cesse de répandre partout.

    On a vu plus récemment le président français ouvrir joyeusement les bras à toute une jeunesse algérienne qui faisait retentir les rues d’Oran de slogans (On.Two.Three Viva l’Algerie) peu agréables vis-à-vis de la France qui finit tout de même par se rendre compte que NON, le jeunesse algérienne n’acclamait pas une distribution de visas.

    La Dame France, avec ces dirigeants politiques, ses médias et ses sinistres polémistes, artisans de la division et de la haine souscrit fortement à ces billevesées, ainsi nous méprisons cette hypocrisie, ces indignations calculées, qui aujourd’hui, dans ces organes de presse se font plaisir avec des clichés déformés, et toutes ces déclarations et actions en la matière sont donc purement racistes, et visent principalement à tenter de faire oublier les très longues années de colonisations et de spoliations et dépouillement des richesses, les Français doivent savoir que les intérêts de l’Algérie ne sont pas les intérêts de la France.

    Pour conclure et être plus clair, je donne tort à la France dont sa relation avec l’Algérie par manque de maintien, de tenue et surtout pour un orgueil colonial versé dans l’obscénité. La suprématie de cette civilisation en voie de pourrissement et son lot de valeurs inversées se trouvent, pour la première fois, frontalement contestées.

    L’immigration ou je dirais les musulmans de France,ont largement eu le temps de constater, durant ces deux dernières années, à quoi ressemble une société de l’inclusion, du vivre ensemble et de l’égalité, une société qui érige le «droit à la différence» comme repère d’une civilisation occidentale, c’est dire d’une population vidée de sa matière par un lavage de cerveau continu, qui les fait maintenir dans un monde virtuel, le reste du monde, en gros 80% de l’humanité, regarde ce monde occidental de plus en plus avec une immense perplexité !

    L’Algérie affirme haut et fort que son peuple refuse de cautionner les positions idéologiques à sens unique et chaque pays défend ses intérêts. C’est ainsi que l’Algérie vient de décider mettre la langue française à la porte de nos Ecoles.

    Source

    #Algérie #France #Macron #colonisation #mémoire

  • Réponse de la Chine aux accusations du président Macron

    Réponse de la Chine aux accusations du président Macron

    Algérie, Emmanuel Macron, Chine, France, colonisation, mémoire, coopération, investissement,

    Lors de sa visite en Algérie, le président français Emmanuel Macron a accusé des puissances impérialistes, en citant la Russie, la Chine et la Turquie, de nourrir un sentiment anti-français chez la jeunesse algérienne et africaine au sujet du passé colonial français en Algérie et en Afrique.

    Cette information a été relayée depuis le 21 août par des médias francophones dont le quotidien français Le Figaro et le site algérien TSA. C’est une acusation regrettable, lourde et sans fondement.

    A mon avis, si la France n’est pas aimée par des jeunes algériens, il faut leur demander pourquoi, il faut écouter leur voix pour comprendre ce sentiment anti-français. Accuser d’autres pays n’aide pas les choses. On ne peut pas accuser les autres pays avec des observations très personnelles du genre « il y a une immense manipulation sur les réseaux sociaux».

    La Chine et l’Algérie ont établi leurs relations diplomatiques en 1958. Quatre ans avant son indépendance. Depuis, les deux pays entretiennent de très bonnes relations. Un petit exemple : En 1963, la Chine a envoyé sa première équipe médicale en Algérie, première du genre en ce qui concerne son envoi d’équipes médicales à l’étranger.

    Si la Chine obtient une certaine popularité chez les algériens, c’est grâce à ce qu’elle a fait pour ce pays et son peuple et pas sur ce qu’elle a dit sur les réseaux sociaux. Les algériens, plus globalement les africains, sont sensés et autonomes. Ils ne sont pas des adolescents qui ont besoin de filtrage parental lorsqu’ils regardent les réseaux sociaux.

    Les dirigeants africains sont lucides et savent comment choisir les pays partenaires. Ils savent quels projets sont bénéfiques pour leurs pays. On ne peut pas dire qu’ils font le bon choix quand il s’agit d’un projet européen ou américain et qu’ils sont dupes quand il s’agit d’un projet chinois.

    Enfin, je dois rappeler une chose à nos amis français. La France et la Chine coopèrent en Afrique. Lors de la visite du Premier Ministre chinois Li Keqiang en France en 2015, les deux pays ont publié une déclaration conjointe sur la coopération dans les marchés tiers. En 2018, lors de sa visite en Chine, le président français Emmanuel Macron a même assisté à la signature d’un partenariat entre la Banque de Développement de Chine et l’Agence française de développement pour soutenir des projets en Afrique sur le climat. Ces projets ont été concrétisés au fur et à mesure. En 2020, la première phase d’un projet d’assainissement à Dakar, cofinancé par la Chine et la France, a été mise en service en présence de l’ambassadeur de Chine au Sénégal.

    Début 2022, la Chine et la France ont signé un document portant sur la liste des projets de démonstration du 4ème cycle de développement de la coopération sur les marchés tiers marquant la dernière étape de cette initiative visant à renforcer la coopération internationale. Cette liste comprend des projets d’infrastructure et d’énergie nouvelle en Afrique, en Europe Centrale, et en Europe de l’Est.

    L’Afrique est un continent ouvert et suffisamment grand pour accueillir les investisseurs français, chinois, américains, etc. Il est temps d’arrêter de considérer l’Afrique comme la chasse gardée d’un pays ou d’un autre.

    #France #Chine #Afrique #Macron #Algérie

  • France-Algérie : la délicate question des archives

    France-Algérie : la délicate question des archives

    France, Algérie, Archives, mémoire, colonisation,

    Les chefs d’État algérien et français ont récemment annoncé la création d’une commission d’historiens pour étudier la période coloniale. L’idée est de « regarder ensemble cette période historique »​, qui va du début de la colonisation, en 1830, à la fin de la guerre d’indépendance en 1962. Mais en ayant accès à quelles archives ? Éléments de réponse.

    Pour tenter d’éteindre l’incendie mémoriel​, selon l’expression de l’historien Benjamin Stora, qui existe entre la France et l’Algérie, les chefs d’État des deux pays ont décidé, la semaine dernière, de créer une commission mixte d’historiens. Pour regarder ensemble cette période historique​, ont-ils indiqué fin août. Cette période va du début de la colonisation (1830) à la fin de la guerre d’indépendance (1962).

    Apaiser les mémoires de part et d’autre de la Méditerranée en développant une meilleure connaissance de ce que fut cette période, l’enjeu est à la fois historique et politique. Le problème est que les incendies mémoriels sont allumés par les gouvernements eux-mêmes​, note l’historien français Emmanuel Blanchard, directeur adjoint de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et auteur d’une Histoire de l’immigration algérienne en France. En octobre 2021, les propos d’Emmanuel Macron qui s’interrogeait sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation, avaient ouvert une crise entre les deux pays. On ne peut pas jouer avec l’Histoire. On ne peut pas, d’un côté, qualifier la colonisation de crime contre l’humanité (N.D.L.R. : en 2017) et, de l’autre côté, laisser entendre que c’est la France qui a créé une nation algérienne, ce qui est factuellement faux​, relève l’historien algérien Amar Mohand-Amer.

    Quelles archives seront accessibles ?

    Dans l’immédiat, le fonctionnement de cette commission n’a pas été précisé. Cinq à six historiens de chaque pays pourraient la composer. Pour quelle durée ? Avec quels moyens ? Et surtout, en ayant accès à quelles archives ? La grande majorité des archives sur la colonisation sont conservées en France​, note Amar Mohand-Amer. Mais toutes ne sont pas encore accessibles. Pour Emmanuel Blanchard, sur ce sujet, les autorités françaises ont effectué un pas de deux​.

    En décembre 2021, les archives judiciaires et celles liées aux enquêtes de police durant la guerre d’Algérie ont été ouvertes sans qu’il y ait besoin de dérogations. Mais l’accès aux archives des services de renseignement et celles liées à l’usage des armes chimiques reste plus difficile​, relève-t-il. Il faudrait trouver une solution afin que les archives conservées en France soient numérisées ou qu’une partie soit transférée en Algérie​, aimerait Amar Mohand-Amer qui vient de passer plusieurs mois à Nantes pour un travail universitaire sur l’année 1962 qui sera présenté à l’automne. Avec cette commission, la question de l’accès aux archives algériennes se posera aussi.

    7 millions de personnes concernées en France

    Mais si l’accès aux archives est essentiel, pour Emmanuel Blanchard, il ne faut pas partir avec l’idée qu’on va découvrir un tas de secrets. Depuis au moins vingt ans, des travaux ont été menés sur les violences commises par l’armée française ​pendant la période de conquête au XIXe siècle : les razzias, les enfumades, ces pratiques qui visaient à enfumer des populations algériennes enfermées dans des grottes.

    Ne serait-ce qu’en France, ce futur travail d’historiens concerne sept millions de personnes affectivement liées à la guerre d’Algérie, selon les estimations de Benjamin Stora, auteur d’un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. C’est aussi une histoire mondiale car l’indépendance de l’Algérie a eu des échos dans le monde entier : à New York, Belgrade, au Caire​, rappelle Emmanuel Blanchard. Actuellement, on a tendance à davantage parler de mémoire que d’Histoire. Or, il ne faut pas que la mémoire remplace l’Histoire. J’attends donc que cette commission puisse créer de bonnes conditions de recherches​, insiste Amar Mohand-Amer.

    Ouest France, 01/09/2022

    #France #Algérie #Archives

  • Algérie : Macron n’a pas effacé les cicatrices coloniales

    Algérie : Macron n’a pas effacé les cicatrices coloniales

    Algérie, Emmanuel Macron, France, mémoire, colonisation,

    ORAN, Algérie (AP) – Les dirigeants de la France et de l’Algérie ont franchi samedi une étape importante vers la réparation des relations marquées par les différends sur la migration et l’héritage des crimes coloniaux, acceptant de coopérer en matière d’énergie, de sécurité et de réévaluer leur histoire commune.

    Le président français Emmanuel Macron a conclu une visite de trois jours en Algérie par une série d’accords qui, espère-t-elle, faciliteront les relations avec le plus grand pays d’Afrique, un important fournisseur de gaz et de pétrole de l’Europe et un acteur militaire régional influent.

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a salué « une visite excellente et très réussie » et a crédité les efforts personnels de Macron vers le rapprochement. Les deux étaient amis lors de leur dernière rencontre samedi, souriant, s’embrassant et se tenant la main. Tebboune a spécifiquement fait l’éloge d’une réunion de sécurité conjointe sans précédent, sans donner plus de détails.

    Mais les accords publiés par le bureau de Macron étaient minces sur les détails et s’arrêtent loin d’une excuse officielle pour les méfaits de l’époque coloniale de la France, que les Algériens réclament depuis longtemps.

    Les pays ont convenu de coopérer sur le développement du gaz et de l’hydrogène et sur la recherche médicale, et de créer une commission mixte pour examiner les archives des 130 années où l’Algérie était le joyau de la couronne de l’empire français.

    L’étude comprendra les retombées des essais nucléaires français dans le Sahara algérien, des questions non résolues sur les restes de combattants de la résistance tués et d’autres chapitres sombres de la guerre d’indépendance de huit ans de l’Algérie.

    « Je veux la vérité et la reconnaissance », au lieu du « repentir », a déclaré Macron.

    Mohand Arezki Ferrad, un ancien législateur qui enseigne à l’Institut d’histoire d’Alger, a qualifié la nouvelle commission de « manœuvre astucieuse pour se dégager de l’obligation de demander pardon à l’Algérie pour ce qu’il a lui-même qualifié de crimes contre l’humanité ».

    En tant que premier dirigeant français né après l’ère coloniale, Macron a cherché à confronter les méfaits passés de son pays tout en se tournant vers une nouvelle ère de relations avec des terres autrefois colonisées.

    « Nous avons eu des moments émouvants ces derniers jours qui nous ont permis de jeter les bases de ce qui est à venir », a déclaré Macron en concluant son voyage.

    Il a rencontré des chefs religieux, enregistré une vidéo TikTok dans un magasin de disques emblématique algérien et regardé une performance de break-dancers qui espèrent participer aux Jeux olympiques de 2024 à Paris. Il a également fait face à quelques chanteurs en colère qui lui ont rappelé qu’ils n’ont pas oublié les « martyrs » de la guerre d’Algérie pour l’indépendance.

    « Il reste beaucoup à faire », a-t-il reconnu plus tard.

    Le nombre réel d’Algériens morts pendant la guerre et ses conséquences est inconnu, car beaucoup n’ont jamais été identifiés. L’année dernière, Macron a reconnu que les forces françaises avaient utilisé la torture en Algérie, et il a commémoré les victimes d’une répression policière meurtrière contre des manifestants indépendantistes à Paris en 1961, que les autorités françaises ont cherché à dissimuler pendant des décennies.

    Mais les efforts de réconciliation de Macron ont fait l’objet de critiques dans son pays, dans un contexte de soutien public croissant aux nationalistes d’extrême droite qui défendent les griefs des descendants français de la domination coloniale.

    « Il n’y a aucune volonté politique des autorités françaises, qu’elles soient de droite ou de gauche, de regarder le passé colonial en face », a déclaré Abdelmalek Alouane, professeur à l’université Science Po d’Alger.

    Tout en saluant le message global du voyage de Macron, Alouane a demandé : « Une commission d’experts est-elle vraiment nécessaire pour que les autorités françaises nous restituent des crânes de résistants ? … Pourquoi la commission d’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires français dans le sud de l’Algérie entre 1960 et 1967 n’a-t-elle jamais pu faire la lumière sur cette catastrophe humaine et écologique ?

    « Les Algériens ne veulent pas marchander la mémoire de leurs martyrs », a-t-il déclaré.

    Plus tôt samedi, le dirigeant français a visité Disco Maghreb, un magasin de disques emblématique de la ville d’Oran, dans l’ouest de l’Algérie, et un label d’enregistrement pour les artistes qui interprètent la musique traditionnelle Rai. L’artiste franco-algérien DJ Snake a contribué à attirer l’attention sur les rythmes Disco Maghreb et Rai, et Macron a envoyé au DJ un message vidéo TikTok depuis la boutique.

    Cela a été considéré comme faisant partie des efforts de Macron de s’appuyer sur les jeunes pour faire avancer les relations franco-algériennes au lieu de s’attarder sur le passé.

    Macron a promis que la France deviendrait plus flexible dans la délivrance de visas aux Algériens après une crise diplomatique majeure sur la question l’année dernière. La France a fortement réduit les visas pour les personnes originaires d’Afrique du Nord parce que les gouvernements refusaient de reprendre les migrants auxquels l’asile avait été refusé en France.

    L’Algérie a ensuite rappelé son ambassadeur en France suite aux commentaires de Macron sur l’histoire précoloniale et le système de gouvernement postcolonial de l’Algérie, et a refusé l’autorisation à la France de faire voler des avions militaires dans son espace aérien.

    Le voyage de Macron a grandement contribué à la réconciliation et à la relance de la coopération économique. La guerre de la Russie en Ukraine a notamment renforcé le rôle de la nation nord-africaine en tant que fournisseur d’énergie clé alors que les pays européens cherchent des alternatives à l’énergie russe .

    Le bureau de Macron a déclaré qu’il soulèverait également des préoccupations en matière de droits de l’homme. L’Algérie a connu une répression rampante de la dissidence depuis les manifestations pro-démocratie en 2019.

    Macron aborde la question des visas lors d’un voyage en Algérie

    ALGER, Algérie (AP) – Le président français Emmanuel Macron a déclaré vendredi qu’il s’était mis d’accord avec son homologue algérien pour lutter contre l’immigration clandestine tout en garantissant des moyens plus flexibles pour les ressortissants du pays d’Afrique du Nord de venir légalement en France.

    Les commentaires de Macron vendredi sont intervenus lors d’une visite de trois jours en Algérie destinée à réinitialiser les relations entre les deux pays, après qu’une crise diplomatique majeure a éclaté l’année dernière sur la question des visas.

    Les tensions ont été exacerbées par une décision française de réduire considérablement le nombre de visas délivrés aux personnes en Afrique du Nord, y compris en Algérie, car les gouvernements refusaient de reprendre les migrants expulsés de France.

    Les deux pays ont repris leur coopération en décembre.

    S’adressant aux journalistes à Alger, Macron a reconnu que la question « sensible » avait été discutée jusque tard dans la nuit avec le président Abdelmajid Tebboune, lors d’une réunion et d’un dîner au palais présidentiel.

    « Nous partageons la même volonté » de mettre en œuvre des politiques de lutte contre l’immigration clandestine et le trafic, a déclaré Macron. Cela inclut d’être « plus efficace » pour renvoyer en Algérie les personnes en séjour irrégulier en France, a-t-il dit.

    La France veut avoir « une approche beaucoup plus flexible » sur l’octroi de visas aux familles de binationaux franco-algériens, artistes, sportifs et entrepreneurs, a-t-il ajouté.

    Interrogé pour savoir s’il avait discuté des questions de droits de l’homme avec Tebboune, Macron a déclaré que « nous avons discuté très librement de tout », mais n’a pas fourni de détails.

    Les militants des droits de l’homme critiquent le système de gouvernance algérien qui considère les dissidents comme des criminels et ne permet pas la liberté d’expression.

    Macron a déclaré que la France souhaitait renforcer son partenariat économique avec l’Algérie. Le pays est un partenaire clé dans la fourniture de gaz au continent européen, un statut qui a été renforcé au milieu de la guerre en Ukraine.

    La France dépend de l’Algérie pour environ 8 % de ses importations de gaz. Aucun nouveau contrat ne devait être signé lors de la visite.

    Vendredi matin, Macron s’est rendu au cimetière chrétien et juif de Saint-Eugène à Alger, où il a rendu hommage aux Français morts pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie.

    Macron, le premier président français né après la fin de la guerre en 1962, a promis un règlement des torts de l’ère coloniale. Le pays a été occupé par la France pendant 132 ans.

    Jeudi, Macron et Tebboune ont convenu de former une commission mixte d’historiens qui examinera le passé depuis le début de la colonisation française en 1830 jusqu’à l’indépendance de l’Algérie.

    Macron devait avoir une autre réunion avec Tebboune vendredi pour discuter de la paix et de la stabilité dans la région. Il devait également se rendre à la Grande Mosquée d’Alger plus tard dans la journée, avant de se rendre à Oran, la deuxième ville du pays.

    AP

    #Algérie #Macron #Mémoire #Colonisation #France

  • Algérie-France: La grande explication pour un nouveau départ

    Algérie-France: La grande explication pour un nouveau départ

    Algérie, France, Emmanuel Macron, mémoire, colonisation,

    Le Président français, Emmanuel Macron, a achevé hier sa visite en Algérie, entamée jeudi dernier. Et c’est à partir d’Alger qu’il a regagné son pays, alors qu’initialement il devait le faire à partir d’Oran dans laquelle il s’est rendu vendredi en début de soirée.

    Un changement de programme, loin, très loin d’être anodin. « Le Président français Emmanuel Macron prolongera demain ( samedi) sa visite en Algérie en revenant dans la capitale pour signer un accord de « partenariat renouvelé » avec son homologue Abdelmajid Tebboune », a annoncé vendredi la Présidence française.« Demain, le Président français reviendra à Alger, après Oran, pour signer avec le Président Tebboune une déclarationcommune pour un partenariat renouvelé, concret et ambitieux », a en effet annoncé l’Elysée. « Cette déclaration commune pour un partenariat renouvelé » n’était pas au programme et n’a été décidé qu’à l’issue des discussions entre les deux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron.

    Des discussions approfondies « jusqu’au milieu de la nuit » du jeudi au vendredi comme l’a indiqué l’hôte de l’Algérie dans une déclaration à la presse. C’est dire combien cette visite officielle du Président français a incontestablement permis aux deux parties d’aller vers l’essentiel des choses et de mettre sur la table des discussions toutes les questions , même celles qui fâchent, afin d’aplanir tous les malentendus et reparti sur de nouvelles bases dans l’approfondissement de leur partenariat. Apparemment les deux présidents se sont dits en toute franchise toutes les « vérités » puisque beaucoup de dossiers ont été passé au peigne fin lors des discussions.

    Il a ainsi été question bien sûr du lourd volet de l’histoire, de la question de la libre circulation des personnes (les visas), des relations économiques ainsi que des questions relatives à la défense et aux affaires sécuritaires. Sur la question mémorielle , qui constitue la pierre angulaire de tout développement des relations entre les deux pays , les deux parties ont convenues de l’installation d’une commission mixte d’historiens chargés d’ouvrir les archives liées à la colonisation française « sans tabou et avec une volonté libre d’accès » comme l’a précisé le Président Français.

    Il a aussi été convenu d’intensifier les rencontres entre les deux parties à tous les échelons pour booster la coopération économique. Il s’agit notamment de la notamment de la redynamisation du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), le Comité mixte économique franco-algérien (COMEFA) et le Dialogue stratégique algero –français. Rien n’a été laissé au hasard et même la coopération sécuritaire ou une réunion de concertation inédite s’est tenue sous la présidence des deux Présidents. Une réunion regroupant des responsables des services sécuritaires des deux pays.

    Ont pris part à cette réunion, le général d’armée Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le directeur général de la lutte anti-sabotage, le directeur général de la sécurité intérieure et le directeur général de la documentation et de la sécurité extérieure, coté algérien. La délégation française comprenait le ministre de la Défense Sébastien Lecornu, le général d’armée général d’armée Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, ainsi que le directeur général de la Sécurité extérieure. Cette réunion de coordination est la première du genre à ce niveau depuis l’Indépendance. Cela atteste de la volonté commune d’approfondir la concertation et la coopération dans tous les domaines .

    Cette visite « ouvrira de nouveaux horizons aux relations de partenariat et de coopération » a indiqué le président Tebboune ce qui consacre une nouvelle orientation « fondée sur l’établissement d’un partenariat global d’exception conformément aux principes du respect et de la confiance mutuels, et de l’équilibre des intérêts entre les deux états.»

    Par : KAMAL HAMED

    Le Midi libre, 28/08/2022

  • Il est temps de créer un triangle mémoriel Paris-Alger-Berlin

    Il est temps de créer un triangle mémoriel Paris-Alger-Berlin

    Algérie, France, colonisation, Allemagne, guerre de libération,

    Claus Leggewie

    L’Allemagne a aussi joué son rôle dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, rappelle l’historien Claus Leggewie dans une tribune pour ‘Le Monde’.

    En juillet 1962, le chancelier allemand Konrad Adenauer (1876-1967) et le président français Charles de Gaulle (1890-1970) célèbrent la réconciliation franco-allemande dans le lieu ultra-symbolique de la cathédrale de Reims. Quelques jours plus tôt, l’Algérie avait déclaré son indépendance de la France après 132 ans de domination coloniale. Une petite foule de « porteurs de valises » allemands – des Français qui soutenaient les Algériens en transportant de l’argent ou des informations pendant la guerre – y avaient également contribué.

    Ses dirigeants s’étaient réfugiés dans les ambassades du Maroc et de la Tunisie, pays du Maghreb déjà indépendants, et le chancelier Adenauer était bien conscient de la coopération clandestine entre Algériens et Allemands – impliquant des étudiants, des syndicalistes, des intellectuels, des chrétiens et des politiciens.

    Un des motifs de la guerre d’indépendance

    Le ministère des Affaires étrangères à Bonn a immédiatement approuvé ce germe de coopération avec l’Afrique post-coloniale. Miraculeusement, cela n’a pas gêné la réconciliation franco-allemande. L’Allemagne, qui a dû retrouver sa place dans la communauté des nations après 1945, a joué un (petit) rôle dans l’indépendance de l’Algérie.

    Les trois pays ont encore plus en commun, mais aujourd’hui l’Algérie ne joue pratiquement aucun rôle dans la politique étrangère allemande, les relations économiques restent bien en deçà de leur potentiel, aucun correspondant d’un grand média allemand ne réside à Alger, les échanges culturels et scientifiques sont minimes et seuls quelques touristes errent dans le pays.

    Le partenaire privilégié est le Maroc. La Tunisie joue également un rôle plus important que l’Algérie, où près de la moitié de la population a moins de 30 ans et où un mouvement démocratique remarquable défie le régime autocratique depuis 2019 et mériterait également plus de « porteurs de valises » de l’Europe. Il est temps de créer un triangle franco-algérien-allemand.

    Les Allemands ne sont pas seulement liés à l’Algérie par la lutte de décolonisation. Le 8 mai 1945 est déjà l’occasion d’un souvenir commun.

    En France, cette date est célébrée comme la fête de la Libération, mais ce jour-là, la demande pacifique d’autonomie et d’indépendance des troupes auxiliaires algériennes a été brutalement réprimée à Sétif par les forces de sécurité. Cette tragédie a été l’un des motifs de la guerre d’indépendance contre la domination coloniale française qui a éclaté en 1954, a duré huit ans et dont les dimensions cruelles n’ont pas vraiment été abordées jusqu’à aujourd’hui.

    La réconciliation franco-allemande, avec son réseau dense de programmes de jumelage, d’échanges de jeunes, d’initiatives historiques et d’échanges culturels, pourrait servir de modèle. Est-ce une utopie ? Bien sûr, mais « l’axe franco-allemand » aussi en 1945.

    Lire la suite depuis Le Monde

    #Algérie #France #Colonisation #Allemagne

  • La Turquie réplique aux propos « inacceptables » de Macron

    La Turquie réplique aux propos « inacceptables » de Macron

    Turquie, France, Colonisation,

    La Turquie a dénoncé samedi ce qu’elle a qualifié de commentaires « inacceptables » du président français Emmanuel Macron en Algérie sur les puissances étrangères diffusant de la propagande anti-française en Afrique.

    « Il est extrêmement regrettable que le président français Emmanuel Macron ait fait des déclarations ciblant notre pays, ainsi que d’autres pays, lors de sa visite en Algérie », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Tanju Bilgiç, dans une réponse écrite aux questions des journalistes.

    « Il est inacceptable que le président français Macron, qui a du mal à affronter son passé colonial en Afrique, notamment en Algérie, tente de se débarrasser de son passé colonial en accusant d’autres pays, dont le nôtre », a-t-il ajouté.

    Bilgiç a déclaré qu’Ankara espère que la France atteindra le « niveau de maturité » pour faire face à son passé colonial « sans blâmer les autres pays ».

    Il a déclaré que si la France veut comprendre pourquoi Paris fait face à une réaction violente du continent africain, « elle devrait en chercher la source dans son passé colonial et ses efforts pour continuer (le colonialisme) avec différentes méthodes et essayer de corriger cela ».

    « Prétendre que ce contrecoup est causé par les activités des pays tiers, au lieu d’affronter et de résoudre les problèmes liés à leur propre passé, n’est pas seulement nier un phénomène sociologique et historique, mais aussi le reflet de la mentalité déformée de certains hommes politiques,  » il a dit.

    Soulignant que la Turquie développe ses relations tant avec l’Algérie qu’avec d’autres pays du continent africain, il a indiqué que ces relations sont basées sur une « confiance mutuelle et une relation gagnant-gagnant ».

    Lors d’une visite dans l’ancienne colonie française visant à réparer des liens troubles, Macron a semblé mettre en garde vendredi les jeunes Algériens et Africains contre la manipulation par des « réseaux » influencés par la Turquie, la Russie et la Chine qui présentent la France comme un « ennemi ».

    « Il y a une immense manipulation », a déclaré Macron aux journalistes.

    « De nombreux militants politiques de l’islam ont un ennemi : la France. De nombreux réseaux qui sont secrètement poussés – … par la Turquie… par la Russie… par la Chine – ont un ennemi : la France. »

    La visite de trois jours de Macron en Algérie cette semaine visait à tourner la page de mois de tensions avec ce pays d’Afrique du Nord, qui a marqué plus tôt cette année six décennies d’indépendance après 132 ans de domination française.

    Cela survient également alors que les puissances européennes se bousculent pour remplacer les importations énergétiques russes après l’invasion de l’Ukraine – y compris avec des approvisionnements en provenance d’Algérie, le premier exportateur de gaz d’Afrique.

    Daily Sabah, 28/08/2022

    #Turquie #France #Colonisation

  • Création d’une commission d’historiens français et algériens

    Création d’une commission d’historiens français et algériens

    Algérie, France, Emmanuel Macron, colonisation, mémoire,

    Macron annonce la création d’une commission d’historiens français et algériens sur la colonisation

    Le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi à Alger l’établissement d’une commission mixte d’historiens algériens et français pour étudier les archives sur la colonisation et la guerre d’Algérie.

    “Nous avons un passé commun” qui “est complexe, douloureux” et “nous avons décidé ensemble” de créer “une commission mixte d’historiens” pour “regarder l’ensemble de cette période historique”, “du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabou, avec une volonté (…) d’accès complet à nos archives”, a déclaré M. Macron au cours d’une déclaration commune avec son homologue Abdelmadjid Tebboune au premier jour de sa visite en Algérie.

    #Algérie #France #Macron #Mémoire #Colonisation

  • Algérie-France : l’éclaircie ?

    Algérie-France : l’éclaircie ?

    Algérie, France, Emmanuel Macron, mémoire, colonisation,

    La visite, à partir d’aujourd’hui et sur trois jours, du président français en Algérie a lieu dans un contexte bilatéral, le moins qu’on puisse dire, parmi les meilleurs que les deux pays aient connu depuis plusieurs années de relations en dents de scie. Il y a lieu de relever, en effet, que les échanges téléphoniques entre les deux chefs d’Etat, après les regrets exprimés par Emmanuel Macron en rapport avec les propos offensant à l’Algérie, qu’il a tenu lors d’une rencontre avec les jeunes, dont les familles étaient impliquées dans la guerre d’indépendance, ont remis le train du dialogue sur les rails. Force est donc de reconnaître que les Présidents Tebboune et Macron sont parvenus à consolider un dialogue bilatéral qu’il va falloir transformer en partenariat mutuellement bénéfique pour les deux pays.

    Il faut pour cela que M. Macron retrouve sa marque de franche sincérité dans le discours de l’Hexagone pour ce qui concerne l’histoire commune des deux pays. Du côté de l’Algérie, le problème ne se pose pas. Aux deux chefs d’Etats de faire en sorte de laisser à leurs successeurs une opportunité de poursuivre sur la voie de la reconnaissance des méfaits historiques de la France coloniale, sans incriminer le peuple français dans son écrasante majorité.

    D’ailleurs les criminels sont presque tous morts et constituent une minorité de colonialistes. Il faut dire que cet aspect est prioritaire dans la refondation des relations algéro-françaises. En cela le Président Macron devra donner à son peuple une image claire de ce que seront les rapports « d’égal à égal » entre Alger et Paris. La France de Macron ne doit pas avoir de complexe vis-à-vis de son ancienne colonie. Elle est censée ne plus entrevoir ses rapports avec notre pays sous l’angle étroit et paternaliste du colonisateur complexé d’avoir perdu son «paradis sur terre».

    En fait, Emmanuel Macron a fait la démonstration, au début de son premier mandat à la tête de son pays, d’être l’un des rares hommes politiques français décomplexé par rapport à la question de l’Histoire. S’il veut réussir sa mission vis à vis de l’Algérie, il est appelé à renouer avec l’audace qu’il avait en 2017. Il y aura peut être des voix discordante de l’Elysée, de Matignon ou du Quai d’Orsay qui voudraient « saboter » sa mission. Mais c’est un combat qu’il faut mener. L’Histoire le retiendra. Cela n’empêche pas que les relations entre les Etats soient exclusivement une affaire d’intérêts mutuels. Dans les projets communs que peuvent lancer les entreprises des deux pays, la France a sans doute beaucoup à gagner et l’Algérie aussi.

    Maintenant que le climat politique semble autrement plus serein que d’habitude, il y a là une belle occasion pour aller de l’avant et gagner une bataille décisive contre les nostalgiques de l’Algérie-française.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 25/08/2022

    LE PRÉSIDENT MACRON AUJOURD’HUI EN ALGÉRIE POUR UNE VISITE DE TROIS JOURS:
    La jeunesse, la mémoire et l’économie au programme

    Le président français sera accompagné d’une délégation composée de 90 personnes. A ses côtés, plusieurs ministères stratégiques seront présents. Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Catherine Colonna la ministre de l’Europe Affaires Etrangères.

    Le président Français Emmanuel Macron entamera aujourd’hui une visite d’amitié en Algérie de trois jours. Le chef de l’Etat français qui séjournera à Alger et Oran ambitionne de contribuer avec le Président Tebboune à détendre l’atmosphère politique entre les deux pays.

    L’ objectif assigné à cette visite consiste, selon l’agenda français, à rétablir des relations saines entre l’Algérie et la France. L’intérêt de la France est plus qu’évident, sachant qu’elle subit de plein fouet une grave crise énergétique. Le potentiel algérien en la matière peut aboutir à terme à la stabilisation de la situation dans l’Hexagone. Mais cela ne se fera pas en un claquement de doigt.

    Un long parcours de plusieurs années est nécessaire pour consolider le partenariat dans l’énergie entre les deux pays. Cela au plan des objectifs assignés à la visite.

    Quant au programme, les services de l’Elysée soulignent le désir du Président Macron de rencontrer des jeunes à Alger et Oran. Il souhaiterait, à lire l’agenda de la visite, voir des jeunes artistes ou entrepreneurs. Il entend également rendre hommage à l’Histoire et même visiter la mythique boutique Disco Maghreb dans le centre-ville de la deuxième ville d’Algérie. Dans la littérature de l’Elysée, on parle de «première étape » pour qualifier cette visite de trois jours. Le programme de M.Macron a été validé par son homologue Abdelmadjid Tebboune, affirme-ton, à l’Elysée, qui espère voir cette visite impulser d’autres échanges entre les deux pays et pourquoi pas peut-être donner lieu à une visite d’Etat plus tard. Sur le volet politique, on retiendra une cérémonie d’hommage aux Martyrs de la révolution du 1er novembre 1954 et un entretien en tête à tête avec le Président Tebboune au Palais d’El Mouradia.

    Les deux chefs d’Etat ont beaucoup de thèmes à évoquer ensemble et surtout ils doivent décider ensemble du fil directeur de cette visite en Algérie. Le président français sera accompagné d’une délégation composée de 90 personnes. A ses côtés, plusieurs ministères stratégiques seront présents.
    Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Catherine Colonna la ministre de l’Europe Affaires étrangères. Rima Abdul Malak, la ministre de la Culture ou encore Patricia Miralles, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire.

    A voir la composante de la délégation ministérielle, l’on peut deviner les thématiques qui seront abordées et qui concerneront, l’économie, l’énergie et la mémoire notamment. Autant de thèmes, dont les divergences sont connues entre les deux Etats. Il s’agira d’aplanir les différends pour construire une nouvelle trajectoire mutuellement bénéfique.

    Le président français aura dans ses bagages des personnalités impliquées dans les relations entre les deux pays. Des députés français, d’anciens ministres comme Jack Lang ou Jean-Pierre Chevènement feront partie du voyage. Des personnalités médiatiques d’origine algérienne seront aussi du voyage. Le journaliste Rachid Arhab et le chef cuisinier Mohamed Cheikh ont été invités. De nombreux entrepreneurs se joindront aussi au voyage du président français.

    L’Elysée assure avoir voulu surtout privilégier la présence de plusieurs petites et moyennes entreprises plutôt que les grands groupes, qui seront en nombre réduit. Mais il n’en demeure pas moins que des figures majeures de l’économie française feront le déplacement. Ainsi, l’homme d’affaires Xavier Niel à la tête du groupe Iliad ou encore Catherine MacGregor, la directrice générale du groupe énergétique Engie figurent sur la liste des voyageurs. Cela traduit le sérieux et la volonté de Paris de veiller à la réussite de cette visite, dans la perspective de lancer un partenariat sérieux et fécond. Par ailleurs, des moments de recueillement sont programmés au cimetière Saint-Eugène à Alger le deuxième jour de visite.
    Nadera Belkacemi

    Ouest Tribune, 25/08/2022

    #Algérie #France #Macron