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  • La France doit reconnaître tous les crimes de la colonisation

    La France doit reconnaître tous les crimes de la colonisation – Tourner la page de la colonisation, ne signifie en aucun cas la déchirer.

    Il est indéniable que le président Emanuel Macron est, de tous les chefs d’Etat français sous la Vème République, celui qui a fait le plus de pas symboliques sur la voie de la reconnaissance des crimes de la colonisation. Mais il est tout aussi incontestable qu’il est celui qui aura le plus appliqué la devise de « un pas en avant, un pas en arrière ».

    Candidat à l’Elysée en déplacement à Alger en 2017, il avait en effet qualifié les crimes de la colonisation de « crime contre l’humanité », pour mieux rétropédaler une fois revenu en France où il s’est senti contraint de rassurer les différents lobbys de la mémoire et de ménager les électorats de droite et d’extrême-droite qui voient en la colonisation une œuvre de « civilisation » et mettent généralement sur le même pied d’égalité les crimes de la colonisation et la violence anticolonialiste utilisée par les Algériens pour leur indépendance.

    Ensuite, à la faveur du rapport controversé du respectable historien de la colonisation Benjamin Stora, rapport commandé par le président Macron, ce dernier a reconnu un crime symbolique, celui de l’avocat nationaliste Ali Boumedjel. Puis, dans un remarquable exercice de funambulisme mémoriel et de gymnastique électoraliste, il a reconnu les crimes de masse du 17 octobre 1961 pour mieux les attribuer à l’initiative individuelle et isolée d’un simple haut fonctionnaire, et déresponsabiliser ainsi l’Etat français. Un pas en avant, un pas en arrière, devise macronienne par excellence.

    Il semble qu’il conçoit ainsi la meilleure manière de tourner la page douloureuse de la colonisation, dans une sorte d’opération de solde de tout compte où l’Etat français serait globalement exonéré de toute reconnaissance officielle de l’ensemble des crimes de la colonisation et de toutes excuses ad hoc à ce sujet. Mais tourner la page de la colonisation, ne signifie en aucun cas la déchirer.

    Cette vérité intangible avait été rappelée au président Valery Giscard d’Estaing par le président Houari Boumediene, à Alger, en 1975.

    En 2017, ce fut au tour du président Abdelaziz Bouteflika de la rappeler au jeune président Emanuel Macron. A l’occasion de la célébration du 55e anniversaire de l’Indépendance, le prédécesseur de M. Abdelmadjid Tebboune lui avait donc affirmé que l’Algérie, lorsqu’elle exerce son devoir de mémoire, elle le fait sans haine à l’égard de la France d’aujourd’hui, malgré le poids des mémoires antagoniques, et en dépit des incompréhensions et des écarts de langage de part et d’autre.
    Une France qui a cependant l’obligation de reconnaître les souffrances incommensurables infligées par la colonisation au peuple algérien durant 132 ans d’occupation. Le «partenariat d’exception» que la France et l’Algérie s’évertuaient tant bien que mal à construire, «gagnera en sérénité et en élan dans une reconnaissance des vérités de l’Histoire», avait alors souligné le président Abdelaziz Bouteflika.

    Je reconnais , j’avoue

    La reconnaissance du long martyre du peuple algérien est plus que jamais une condition politique nécessaire à toute normalisation et à toute forte impulsion des relations bilatérales. Cela pourrait signifier que ce partenariat ne sera jamais d’exception tant que les souffrances endurées par le peuple algérien pendant la nuit coloniale ne seraient pas officiellement reconnues en bloc par l’Etat français. Mais que demandait au juste le chef de l’Etat algérien ? Tout simplement, une reconnaissance des crimes de la colonisation et du confiteor ad hoc (le fameux «je reconnais, j’avoue» chrétien). Il ne s’agit donc pas de repentance qui est mêlée au regret douloureux que l’on a de ses péchés, de ses fautes, et du désir de se racheter, commun aux religions monothéistes.

    Les pays colonisés, dont l’Algérie qui a pâti le plus de la colonisation française, ne se sont pas inscrits franchement dans une approche foncièrement culpabilisante de l’ex-puissance coloniale. Les anciennes colonies de confession musulmane, elles, peuvent même exciper de l’argument religieux qui veut qu’«aucune âme ne portera le fardeau d’autrui, et qu’en vérité l’homme n’obtient que le fruit de ses efforts» (sourate 62 de l’Etoile, versets 37, 38). En tout cas, il n’a jamais été envisagé de demander à la France d’aller à Canossa. D’exiger d’elle une dure pénitence, une douloureuse flagellation.

    Personne ne lui demande donc d’être tondue, en robe de bure, et de s’agenouiller pour demander, assez contrite, le pardon.

    D’ailleurs, ni les Algériens, ni les autres peuples qui ont subi eux aussi le joug de la colonisation française ne veulent l’amener à se couvrir la tête de cendres. Les excuses attendues de la France officielle d’aujourd’hui ne serait en rien une repentance à connotation religieuse et pénitentielle. Elle est juste une simple reconnaissance, c’est-à-dire officielle, des souffrances subies par les peuples qu’elle a colonisés. Et cette reconnaissance ne doit en aucun cas se borner à juste souligner «le caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial», comme l’a fait le président Jacques Chirac en 2005. Ou encore de défoncer une porte ouverte en admettant que la colonisation en Algérie fut «une tragédie inacceptable», comme l’avait fait l’ancien ambassadeur à Alger Bernard Bajolet. Ou, enfin, de dire, banalement il est vrai, comme d’ailleurs le président Nicolas Sarkozy, en 2007, à Constantine, que «le système colonial a été profondément injuste ». Et comme l’ont fait ensuite les présidents François Hollande et Emanuel Macron qui sont restés finalement au stade de la reconnaissance évidente, purement pudique et symbolique, de certains crimes de la colonisation mais pas de l’ensemble des crimes de toute l’ère coloniale.

    L’anti-reconnaissance
    A la réflexion, ce qui est demandé à la France, ce n’est pas tant une reconnaissance officielle globale et des excuses subséquentes, qui seraient cantonnés au seul domaine franco-algérien. C’est un devoir de vérité et de reconnaissance pour toutes les victimes de la colonisation française, quelles que soient leurs origines. En fin de compte, ce n’est pas verser dans le délire mémoriel, encore moins attiser la guerre des mémoires que d’accepter que les anciens peuples colonisés reçoivent comme juste réparation une collective reconnaissance expiatoire qui dénonce, de manière officielle, solennelle et symbolique, le fait colonial.

    Ce n’est pas la mémoire sereinement assumée, c’est évident, qui dresse les murs de l’incompréhension et nourrit la haine de l’Autre. C’est l’anti-reconnaissance, entreprise d’auto-exonération par excellence, qui cependant empêche l’Algérie et la France d’édifier ce « partenariat d’exception » tant vanté en leur temps respectifs par les présidents Jacques Chirac et François Hollande. Ne jamais perdre de vue que le devoir de mémoire est un devoir de vérité, une obligation de reconnaissance. C’est un impératif catégorique de la loi morale envers les vivants qui portent le poids d’un passé toujours lourdement et douloureusement vivace.

    « La honte est dans l’offense et non dans l’excuse », disait au 17ème siècle le Français Pierre-Claude Nivelle, auteur notamment de la pièce théâtrale « La Fausse antipathie ».

    Par Nadji Azouz

    Le Jeune Indépendant, 31/10/2021

  • La rage contre l’Algérie se poursuit

    La rage contre l’Algérie se poursuit. Le système de propagande français essaie, en se coupant en quatre de donner une version erronée au litige opposant l’Algérie à la France

    La rage contre l’Algérie se poursuit du côté français. Tous les moyens sont – à vrai dire – bons et payant en vue de ternir l’image d’une Algérie, ne cherchant que le droit de ne pas se laisser traiter comme un fief ou chasse gardée à la merci d’une entité qui ne se lasse pas à se regarder comme une puissance hégémonique, mettant les autres sous sa botte. La France et ses français devraient, en principe, regarder vers le futur et cesser du coup à se cramponner dans un passé qui n’est plus d’actualité. Ils doivent savoir que la “fameuse grandeur” de la France qui tenait sous son joug des millions de nations piétinées et exploitées à volonté est un passé révolu à jamais.

    Le système de propagande français essaie, en se coupant en quatre de donner une version erronée au litige opposant l’Algérie à la France. Selon cette version, les algériens seraient en train de fomenter et d’instrumentaliser des crises avec la France, en vue de dépasser leurs problèmes internes …Nous n’allons pas quand même oublier que le funeste projet visant à démembrer le pays, celui de MAK – par exemple- a été conçu, dirigé et entretenu par la France, en collaboration étroite avec l’entité sioniste.

    En même temps, les officiels et les ambassadeurs de la métropole accrédités à Alger ne cessent de nous tracasser par des discours tautologiques sur l’amitié, la coopération et la nécessité de tourner les pages tragiques du passé. Toutefois et depuis l’indépendance du pays à nos jours, les relations qu’elles soient économiques culturelles ou toute autre, ont été à la défaveur de l’Algérie et les pertes de l’Algérie dans cette flagrante inégalité seraient, si je puis dire, énormes.

    L’Algérie n’a rien fait que de défendre ses intérêts, ses principes et notamment sa mémoire combattante. Y a-t-il des problèmes non réglés entre les deux pays ? effectivement ! et la France de par le statut “d’entité supérieure” qu’elle s’était donné ou qu’elle s’imaginait être, refuse toujours, de les voir plus clairement et y faire face surtout.

    La reconnaissance des crimes commis pendant 132 ans de colonialisme, la restitution des archives nationales dérobées.. si la France cherchait l’escalade, l’Algérie est tout à fait prête pour toutes les options possibles y compris la table des négociations pour des relations aux intérêts réciproques à la faveur des deux pays, basé sur un socle de respect mutuel…tant qu’un esprit forcené toujours attaché à la mentalité désuète de la dualité, du colon et de l’indigène, les français ne vont nullement savoir diriger leurs relations avec leurs anciennes colonies à l’aide d’une sagesse qui prendrait en considération les changements du temps et des générations.

    Abdelkader Benabdellah

    Le Carrefour d’Algérie, 28/10/2021

  • Les immigrés algériens disent la vérité à la France

    Les immigrés algériens disent la vérité à la France. Un bilan est tardivement engagé en France sur son passé colonial.

    Lorsque l’écrivaine Kaoutar Harchi était une petite fille qui grandissait à Strasbourg il y a deux décennies, son professeur lui a offert un livre avec l’inscription « À ma petita Arabe ».

    « Cela m’a profondément choqué et je ne l’ai jamais oublié », a déclaré Harchi, aujourd’hui âgé de 34 ans et romancier et sociologue à succès à Paris.

    « C’était une façon de m’attribuer à mes origines, de dire que je n’étais pas française. »

    Un bilan est tardivement engagé en France sur son passé colonial.

    Il est dirigé par de jeunes écrivaines, cinéastes et chercheuses comme Harchi qui remettent en question le vieux mythe selon lequel les millions de personnes amenées pour travailler après la Seconde Guerre mondiale – principalement d’Algérie et du Maroc – étaient parfaitement intégrées sous le parapluie accueillant de la citoyenneté française.

    « La France des années 50 et 60 était un endroit où, si vous étiez algérien et que vous preniez le métro, vous vous teniez près du mur parce que vous aviez peur que quelqu’un vous pousse », a déclaré Salima Tenfiche, chercheuse à l’Université de Paris.

    Le week-end dernier a marqué le 60e anniversaire du massacre de Paris, lorsque des dizaines, voire des centaines, de manifestants indépendantistes algériens ont été tués par la police, dont beaucoup se sont noyés dans la Seine – un incident effacé de la mémoire nationale pendant des décennies.

    La première génération d’immigrants a répondu en construisant un mur de silence.

    « Toutes ces histoires, ce racisme, ces humiliations – ils ne pouvaient pas en parler avec leurs enfants. Il y avait beaucoup de honte et de souffrance. Beaucoup n’ont jamais trouvé leur place dans la société », a déclaré Tenfiche.

    Langue d’exil

    Aujourd’hui, une multitude de romanciers et d’artistes aident à abattre ce mur.

    Soleil Amer de Lilia Hassaine, L’Art de perdre d’ Alice Zeniter , La Discrétion de Faiza Guene, sont tous inspirés de l’arrivée de leurs familles algériennes dans les années 1960 par des écrivains trentenaires.

    Ou il y a le best-seller de Leila Slimani Le pays des autres , qui raconte comment son grand-père marocain a rencontré sa grand-mère française.

    « Pour la première génération, ils devaient rester discrets pour survivre. Pour la seconde, qui avait été témoin des sacrifices de leurs parents, la question de la mémoire était secondaire. C’est la troisième génération, suffisamment éloignée de cette histoire douloureuse, qui est capable d’aborder ces questions », a déclaré Tenfiche.

    Lina Soualem, 31 ans, vient de sortir un documentaire, Leur Algérie, qui se penche sur l’expérience de ses grands-parents venus en France dans les années 50.

    « Nous n’avons jamais parlé de ces choses parce que la norme était le silence. Un silence qui s’est transmis de génération en génération comme si le langage de l’exil était finalement le silence », a-t-elle déclaré.

    Son grand-père, largement muet tout au long du film, s’ouvre enfin lorsque Soualem retourne en Algérie et trouve les tombes de sa famille – quelque chose qu’aucun de ses proches n’avait fait depuis son arrivée en France.

    Il avait travaillé dans une fabrique de couteaux à Clermont-Ferrand.

    La ville est mondialement connue pour ses couteaux, mais elle n’a pu trouver aucune photo de lui dans le musée de la ville car aucune n’a jamais été prise des ouvriers algériens.

    « Il ne s’agit pas de pardon ou de réconciliation. C’est une question de mémoire – le fait que nous puissions enfin parler de ces personnes qui ont toujours été oubliées dans le récit national français », a déclaré Soualem.

    Il en est de même pour Hassaine, dont Soleil Amer a été nominé pour le premier prix littéraire Goncourt de France.

    « Le sujet n’est pas tant l’Algérie, c’est le départ, le déracinement », dit Hassaine, 30 ans.

    « Je voulais parler de la France et de la façon dont la première génération d’immigrés était traitée – le racisme. Mais je ne voulais pas le faire avec colère. Je voulais juste raconter l’histoire telle qu’elle était, parce que c’était aussi une belle histoire.

    The Phnom Penh Post, 26/10/2021

  • Présence française en Algérie : une succession de massacres

    Présence française en Algérie : une succession de massacres- Avec un bilan horrifiant : plus de 5 millions de morts, tel que révélé par le président Tebboune.

    /Le 18 octobre 1961, beaucoup en France découvrent avec horreur la répression sanglante dont ont été victimes, la veille, les Algériens qui ont osé braver le couvre-feu imposé aux Maghrébins. Pourtant, ce n’était une première que sur les terres françaises. Sur le sol algérien, la présence de la force coloniale n’a été qu’une succession de massacres. Avec un bilan horrifiant : plus de 5 millions de morts, révéla, il y a quelque temps le président Tebboune.

    6 avril 1832, le 1er génocide
    C’est en 1832 que la France signe ce qui sera son premier génocide. Cela se passe du côté d’El Harrach, à Alger. Dans une expédition nocturne ordonnée par le duc de Rovigo, la tribu des Ouffia est quasiment exterminée. 1200 de ses membres périrent sans distinction d’âge. Ce n’est sans doute pas la première exaction de la France. Le même Rovigo avait auparavant (en 1831) ordonné le massacre de 4000 personnes qui s’étaient opposées à sa décision de transformer la mosquée Ketchaoua en centre militaire. Mais le massacre des Ouffia est un véritable génocide en ce sens qu’il a ciblé une tribu et comme le relève l’historien Djamel Yahiaoui, cela inaugure une terrifiante politique d’extermination.

    Enfumades et emmurades des années 1840 : la surenchère de l’horreur

    Les années 1840 seront marquées par les enfumades. Il y eut celles des Sbehas en 1844 où les hommes du sanguinaire Cavaignac allumèrent des feux à l’entrée des grottes tuant par asphyxie quasiment tous ceux qui s’y trouvent y compris femmes et enfants. Et Cavaignac ne tarde pas à faire des émules. En 1845, le général Bugeaud conseille à ses subordonnés qui combattent El Emir Abdelkader de faire autant. Le lieutenant-colonel Pélissier ne se fait pas prier. Au mois de juin de la même année, il fait périr par asphyxie quasiment toute la tribu des Ouled-Riah, alliés au Cheikh Boumaza, qui avait trouvé refuge dans les grottes de Ghar-el-Frechih dans le massif du Dahra. Ce massacre fait plus de 1000 morts indignant le monde entier. Le journal anglais Times du 14 juillet 1845 écrivait alors : «Il est impossible de réprimer la plus forte expression de l’horreur et du dégoût à propos des atrocités d’un acte commis par le général Pélissier, commandant un détachement français en Algérie… Ceci n’est pas une guerre mais le massacre d’une population par celui qui a assumé le pouvoir de gouverner cette région, un monstre qui déshonore son pays, son époque et sa race.»

    Un historien de chez nous, Mohamed El Korso en l’occurrence, dira plus tard, que «l’armée coloniale expérimenta l’extermination par le gaz un bon siècle avant l’Allemagne nazie.» Et comme dans une surenchère de l’horreur, on invente ou réinvente aussi les emmurades. Là, elles sont le fait de Saint Arnaud qui se vante d’avoir fait pire que Cavaignac et Pélissier. C’était en août 1845, il fait emmurer vivants 500 Algériens qui s’abritaient dans une grotte entre Ténès et Mostaganem (Aïn Merane) et qui refusaient de se rendre.

    1849 : l’abominable massacre des Zaatcha

    La décennie 1840 se termine comme elle a commencé. En 49, c’est chez les Zaatchas que la furie française va s’exprimer. La résistance de cette oasis des Ziban est réprimée dans la barbarie la plus abjecte. Des dires mêmes du général Herbillon qui commandait les troupes françaises, «seuls un aveugle et deux ou trois femmes y survécurent.» Malheureusement, il n’y a pas que la décennie 1840 qui se termine comme elle a commencé. La colonisation en elle-même se poursuit comme elle a débuté. Dans le sang. La France continue de massacrer des populations entières, ce n’est pas un combat d’homme à homme. La France n’épargne ni femmes ni enfants. A chaque résistance, d’El Mokrani à Bouamama, elle écrase tout sur son passage.

    8 mai 1945 : une page sombre du 20e siècle

    Et cette barbarie, on la verra aussi au 20e siècle. Notamment en ce sombre jour du 8 mai 1945. A ces Algériens sortis, à l’occasion de la défaite du nazisme, réclamer l’indépendance de leur pays, on oppose une répression sanglante. Bilan : 45.000 morts. Une date noire pour l’humanité. Mais pas la dernière page sombre du colonialisme français qui continue tant qu’il le peut à tuer, violer, torturer, brûler des villages entiers, déporter… A commettre crime sur crime de guerre.

    S. H.

    L’Algérie Aujourd’hui, 16/10/2021

  • Bengrina: Macron affiche « sa haine » envers le passé algérien

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    Le président du Mouvement El Bina, Abdelkader Bengrina a affirmé, samedi, que la président français, Emmanuel Macron a affiché sa haine envers la nation algérienne et son « déni » de sa souveraineté et de son indépendance à des fins électorales. A la veille de la célébration du 60e anniversaire des massacres du 17 octobre 1961 perpétrés par la police de Paris contre des manifestants pacifiques, M. Bengrina a souligné que la France coloniale et la France de Macron a affiché sa haine envers le passé de la Nation algérienne et son déni de sa souveraineté et de son indépendance à des fins électorales, reniant par sa démarche le principe des intérêts et de l’avenir commun de l’Algérie et de la France ».

    « Le président français a emprunté la voie de la provocation et du chantage, pis encore il a tenu des propos fastidieux d’un colonisateur arrogant », a-t-il ajouté, ajoutant que cette attitude témoignait de « la vision réservée à l’Algérie, celle d’un marché et non d’un partenaire ». « On ne saurait lui mettre fin (France) que par la détermination et les réactions fortes de l’Etat algérien qui se remet progressivement de ses crises cumulées provoquées par la Issaba et ses alliés d’outre-mer et son organisation terroriste réfugiée en France et ailleurs », a-t-il fait savoir.

    M. Bengrina a souligné en même temps que l’Etat algérien est « obligé » de prendre les mesures qui s’imposent, en vue de faire face à l’arrogance française et « mettre un terme définitif à l’ingérence flagrante dans ses affaires et à tout ce qui est lié à ses intérêts vitaux et à sa souveraineté », ajoutant que les Algériens établis à l’étranger étaient conscients quant à l’importance de leur position pour ce qui est des prochaines élections présidentielles.

    Pour M. Bengrina, son mouvement politique considère à l’occasion, la Journée nationale de l’émigration coïncidant avec l’anniversaire du 17 octobre 1961, comme  » une opportunité de renouveler le devoir de la mémoire (…), de faire la lumière en vue de révéler davantage de vérités liés à ces événements tragiques, comme une partie importante de l’histoire de la Nation algérienne ».

    « La répression et la brutalité dont la rivière de La Seine était le théâtre, constituaient une terreur d’Etat et un génocide commis par le colonisateur français », a-t-il soutenu avant d’ajouter qu’ »en dépit de plus d’un demi siècle d’indépendance, le peuple algérien n’a pas oublié ces évènements et bien d’autres tout aussi douloureux, ni renoncé à son droit légitime d’exiger des excuses officielles pour tous les crimes coloniaux, alors que la France qui s’estime une source des droits de l’Homme, refuse de reconnaître officiellement les massacres du 17 octobre 1961, niant ainsi son passé colonial obscur ».

    APS, 16/10/2021

  • Algérie-France: Témoignages et vérités

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    En ces temps de vives tensions entre l’Algérie et la France, dues aux propos de certains dirigeants français en mal d’électoralisme, il convient de séparer le bon grain de l’ivraie. S’il existe un bon nombre (bon est, ici, un terme impropre) de Français qui nourrissent une haine viscérale envers l’Algérie pour des raisons évidentes, il existe, aussi, un plus grand nombre de Français qui n’ont aucun a priori vis-à-vis du peuple algérien. Et pour cause, combien n’ont-ils pas hésité, au prix de leur carrière, et même de leur vie, à soutenir la cause de l’indépendance et à contribuer à son triomphe! Qu’ils soient éternellement remerciés pour cet engagement dont témoignent l’«Appel des 100», les «porteurs de valise» du réseau Francis Jeanson, Robert Barat dont l’épouse Denise a subsisté grâce au soutien de l’Amicale des Algériens en Europe (AAE) et de Témoignage Chrétien, les contributions méconnues de personnalités comme Yves Montand, Simone Signoret, Serge Reggiani, Picasso, et bien d’autres.

    Pour avoir vécu en France plus de deux décennies, je peux témoigner du fait que la majorité des Français porte une amitié, sinon une sympathie, authentiques envers notre peuple et notre pays. Tel n’est pas le cas de la classe dirigeante? Là aussi, il faut relativiser.

    J’ai connu certains comme Daniel Junqua (red-chef au Monde, puis directeur du CFPJ), Claude Angeli (red-chef du Canard enchaîné, que j’eus bien du mal à consoler, après une charge terrible de mon regretté ami et père spirituel, Me Mourad Oussedik, contre les Lambertistes du PS, lors d’un procès intenté par l’Algérie), Françoise Gaspard, députée PS d’Eure et Loir, Paul Quilès, député-maire PS du XIIIème arrdt de Paris, puis ministre des Transports, de l’Intérieur, etc, dans le gouvernement Rocard – que j’ai, tous deux, interviewés pour le compte d’Algérie – Actualités, Jean-Pierre Goetzinger, maire PR du XIème arrdt de Paris, et son épouse Jeannie, dont j’étais l’invité du dimanche pendant de nombreuses années, et tant d’autres, anonymes, comme Félix et Nicole Szempruch, Michel et Chantal Poillot. En les côtoyant, j’ai eu la chance de vérifier, maintes fois, que tout n’est pas blanc ou noir, au pays de Voltaire.

    Tous savaient que j’étais un cadre de l’AAE, héritière de la Fédération de France du FLN, dont le travail et la vigilance, au sein de notre communauté, ont donné à notre pays une jeunesse flamboyante qui fait, actuellement, le bonheur des Fennecs. Cette casquette ne les gênait nullement et je ne manquerai pas de dire que beaucoup, inoubliables dans mon coeur et dans mon esprit, ont fortifié ces certitudes.

    Alors, de grâce, pas plus que le peuple marocain n’est responsable des turpitudes du Makhzen, ne cédons pas à l’amalgame et à la vindicte aveugle, et souvenons-nous que nous avons, toujours, en France, des amis sincères et exemplaires, à bien des égards. Gardons-nous de la confusion des genres dans laquelle se noient, avec allégresse, certains politiques qui en font leur fonds de commerce et dont la principale vertu est d’imiter les girouettes.

    Chaabane BENSACI

    L’Expression, 14/10/2021

  • France-Algérie: Tebboune assène ses quatre vérités

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    « La vengeance est un repas qui se mange froid » dit l’adage. Le président de la République semble le faire sien, car il a donné au temps le temps de faire baisser la tension et de calmer les ardeurs pour revenir froidement et calmement sur le dernier épisode d’escalade diplomatique entre Alger et Paris. La mise en distance observé par le président Tebboune par rapport surtout aux propos inélégants de son homologue français n’exclut pas une fermeté dans le ton qui montre bien que l’Algérie entend répondre du tac au tac et non faire profil bas quand bien même la relation entre les deux pays reste stratégique. Et visiblement, les choses ne vont pas entrer dans l’ordre de sitôt car le président Tebboune pose des conditions strictes pour un possible retour de l’ambassadeur d’Algérie en France, qui pour mémoire, a été rappelé pour « consultations immédiates » dans la foulée des propos du président rapportés par le Journal le Monde.

    « Le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris est conditionné par le respect total de l’Etat algérien » a martelé le Président Tebboune qui s’exprimait dimanche soir lors d’une rencontre périodique avec des journalistes, ajoutant que « l’Histoire ne peut être falsifiée » que « les relations avec la France relèvent de la responsabilité du peuple et de l’Histoire » et que « la France doit oublier que l’Algérie était une colonie ».

    Des propos forts dans la bouche du président Tebboune qui renvoie en quelque sorte l’accusation de « rente mémorielle » à son homologue français qui, lui aussi, a convoqué l’histoire de la colonisation de l’Algérie pour des buts électoralistes dans une France préélectorale où la question de l’émigration, de l’histoire de la colonisation est devenue un enjeu de politique intérieur imposé dans le débat par un certain Éric Zemmour.

    Ayant mis les points sur les « i » sur la très inflammable question de la mémoire, le chef de l’Etat est revenu sur ce qui est à l’origine de cette nouvelle brouille, à savoir la décision des autorités françaises de réduire de 50 % le nombre de visas octroyés aux Algériens. Le président Tebboune, loin de toute polémique par rapport à la décision elle-même considère que « C’est une décision souveraine de l’Etat français mais ce genre d’affaire se règle diplomatiquement et non à travers des déclarations de presse. »

    Et le président Tebboune de faire à nouveau appel à l’histoire pour rappeler au respect des conventions préférentielles qui lient la France à l’Algérie en matière de visas et circulation des citoyens. « Il faut que les accords d’Evian et ceux de 1968 soient respectés par la France avec laquelle nous sommes liés par des conventions, l’Algérie demeure à part et nous refusons qu’elle soit mélangée avec d’autres pays ». En France les partis politiques de droite dans leurs différentes déclinaisons ont régulièrement fait de ce régime d’exception de l’Algérie un cheval de bataille électoral en réclamant son abolition pure et simple.

    Le président Tebboune n’a pas ménagé ses mots en évoquant l’autre dossier qui fait partie des ingrédients de la crise, à savoir celui des citoyens algériens qui font actuellement l’objet d’une obligation de quitter le territoire français et pour lesquels les autorités algériennes refuseraient de délivrer des visas d’expulsion.

    Direct et sans ambages, il accuse le ministre français d’être un menteur en jetant, non sans arrières pensées politiciennes, le chiffre de 7.000 ressortissants algériens pour lesquels les autorités consulaires algériennes en France refuseraient les visas de rapatriement.

    « En ce qui concerne le ministre de l’Intérieur français, Moussa Darmanin, c’est un grand mensonge, il n’y a jamais eu 7.000 migrants irréguliers de nationalité algérienne, la France n’a jamais évoqué plus de 94 cas », fait observer le président algérien avec un agacement bien visible. Il a expliqué qu’entre la liste parvenue à l’Algérie en 2020 et les trois autres listes de 2021, « il y a un total de 94 cas, dont 21 ont été autorisés à rentrer en Algérie, 16 ont été carrément refoulés et n’entreront jamais en Algérie en raison de leur implication dans le terrorisme ». Le président Tebboune a ajouté que « parmi ces 94 individus, il y a eu aussi des personnes impliquées dans l’extrémisme en France, un ou deux binationaux, alors que d’autres n’ont pas de familles en Algérie ».

    Le message du président Tebboune en direction de la France est claire : respecter l’Etat algérien et ne pas en faire, à l’occasion de chaque rendez-vous électoral un objet de surenchère pour séduire l’électorat de la droite.

    Au président Emmanuel Macron d’en faire bonne lecture s’il tient vraiment à ce fameux « partenariat privilégié » qui, du côté français, semble être une entourloupette politicienne.

    H.Khellifi.

    L’Est Républicain, 12/10/2021

  • Les algériens boycottent les produits français

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    Des groupes algériens boycottent les importations de 500 entreprises françaises

    L’Assemblée générale des entrepreneurs algériens, association d’entrepreneurs économiques, a annoncé hier avoir décidé de boycotter les importations de 500 entreprises françaises à la suite de « commentaires blessants » du président français Emmanuel Macron sur l’histoire et l’image de l’Algérie. « Nous sommes reconnaissants à toutes les institutions économiques qui ont pris l’initiative de couper leurs relations commerciales avec quelque 500 entreprises françaises d’exportation et d’importation », a indiqué l’agence dans un communiqué.

    Il a condamné les déclarations de Macron et a appelé à une révision des relations économiques avec l’État français. Le communiqué révèle que l’organisation a l’intention de créer une association nationale qui œuvre pour couper tous les liens économiques avec tout pays qui ne respecte pas l’Algérie, sans donner plus de détails.

    L’association regroupe quelque 2 000 entreprises des secteurs du bâtiment, des travaux publics et de l’irrigation.

    Selon un précédent communiqué de l’ambassade de France, plus de 6 000 entreprises françaises exportent leurs produits vers l’Algérie.

    Il y a quelques jours, Macron accusait les autorités algériennes de « garder rancune contre la France », et remettait en cause l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation de l’Algérie par la France.

    Par la suite, la présidence algérienne a convoqué son ambassadeur à Paris pour des consultations pour protester contre ces déclarations, qu’elle a qualifiées d’ »offensives » et représentaient une « insulte inacceptable » à la mémoire de plus de cinq millions de résistants tués pendant la période coloniale française.

    L’Algérie a également fermé son espace aérien aux avions militaires français opérant dans le cadre de l’opération Barkhane dans la région du Sahel africain.

    MEMO, 11/10/2021

  • L’Algérie attend la reconnaissance du massacre de 1961 à Paris

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    Il y a près de 60 ans, des Algériens qui manifestaient pacifiquement ont été victimes d’une répression meurtrière de la part de la police française. De nombreux historiens considèrent cet événement comme la répression la plus meurtrière en Europe occidentale depuis la Seconde Guerre mondiale.

    Il y a 60 ans, les Algériens de Paris descendaient dans la rue pour protester contre un couvre-feu qui leur était imposé, mais la manifestation s’est transformée en massacre, la police jetant des dizaines de corps dans la Seine.

    Les tueries, que l’historien français Emmanuel Blanchard a qualifiées de répression la plus meurtrière en Europe occidentale depuis la Seconde Guerre mondiale, ont eu lieu alors que l’Algérie était dans la septième et avant-dernière année de sa lutte pour l’indépendance vis-à-vis de son maître colonial, la France.

    La manifestation pacifique de quelque 30 000 Algériens – vivant pour la plupart dans des bidonvilles autour de la capitale française – était organisée par le Front de libération nationale (FLN) et s’est déroulée du 17 au 20 octobre.

    Le mouvement indépendantiste FLN a mis l’accent sur l’anti-impérialisme et a combattu la France dans la guerre d’Algérie qui a duré près de huit ans, de 1954 à 1962. Après avoir été une colonie française depuis 1930, l’Algérie a déclaré son indépendance en 1962 à la suite de la guerre. Le mouvement fait monter la pression avec des attentats dans les villes françaises, notamment à Paris. La police, symbole de l’État français, est particulièrement visée.

    Couvre-feu
    Des hommes, des femmes et des enfants algériens, vêtus de leurs plus beaux habits, étaient venus de banlieues pauvres comme Nanterre et Aubervilliers pour manifester sur les Champs-Élysées et les grands boulevards clinquants de la capitale. Ils protestent contre le couvre-feu strict qui leur est imposé depuis le 5 octobre pour empêcher le FLN de collecter des fonds et s’opposent à la violence croissante à laquelle ils sont confrontés de la part des Harkis (Algériens pro-français) et de la police française.

    Au moins 120 Algériens étaient morts aux mains de la police française avant même le début des manifestations de masse en septembre et octobre 1961.

    Les Algériens de France s’étaient habitués aux rafles régulières de la police et au harcèlement qui les empêchait parfois de travailler. Ils étaient également la cible d’attaques racistes meurtrières de la part d’un groupe terroriste qui voulait que l’Algérie reste française. Mais ce soir-là, la violence était d’un autre ordre : 10 000 policiers ont chargé la foule et en ont précipité certains dans le fleuve.

    Des milliers de manifestants ont été envoyés dans des « centres de rétention » où ils ont été torturés avant d’être expulsés vers l’Algérie coloniale. La police agit comme si elle était sûre de ne pas avoir à répondre de ses actes devant le président Charles de Gaulle ou tout autre membre du gouvernement français.

    L’asservissement et le massacre des Algériens atteignent leur apogée le 17 octobre 1961. Ce massacre est unique car il a eu lieu dans la capitale de la métropole impériale. Un récit illustre le processus par lequel les techniques de la police coloniale ont été importées d’Algérie en France, avec de nombreux personnages clés de la police parisienne, dont Maurice Papon, vétérans de la répression coloniale.

    Des corps dans la Seine
    L’homme qui a donné le commandement était Papon, qui, bien qu’ayant collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, s’était hissé à la tête de la police parisienne. Papon a ensuite été condamné pour crimes de guerre pour avoir déporté 1 600 Juifs vers des camps de la mort. Lors de son procès en 1997, l’historien Jean-Luc Einaudi a déclaré que les hommes de Papon avaient ouvert le feu sur des Algériens.

    « On pouvait voir des policiers jeter les morts dans la Seine », a-t-il déclaré.

    Peu de gens, hormis ceux qui ont été témoins de l’atrocité, sont conscients de l’ampleur de la tuerie, car la nouvelle a été étouffée. Mais la nouvelle s’est répandue et un graffiti célèbre, « Ici on noie les Algériens », a été gribouillé sur l’un des ponts de la Seine, près du Louvre.

    Battus, noyés, asphyxiés
    « De nombreuses victimes sont mortes sous les coups de la police, des dizaines d’autres ont été jetées dans la Seine et plusieurs sont mortes de suffocation après avoir été jetées au sol et recouvertes par des tas de corps », selon le Musée de l’immigration à Paris, qui a contribué à cataloguer cet événement peu connu.

    Il est apparu par la suite que certains policiers avaient été influencés par des informations erronées selon lesquelles leurs collègues avaient été abattus au cours de la manifestation. Mais de nombreux Algériens ont été attrapés par la police bien avant le début de la manifestation, raflés à la sortie du métro. Quelque 12 000 d’entre eux ont été arrêtés et conduits dans des camps d’internement, préparés à l’avance, où ils ont été battus ou expulsés vers l’Algérie, les plus chanceux étant finalement autorisés à rentrer chez eux.

    Jacques Simonnet, un psychiatre qui était étudiant à l’époque, a été témoin du traitement des personnes détenues dans un camp. Il raconte que les personnes arrêtées recevaient « des coups de pied, des coups de poing… et étaient frappées à coups de bâton. La violence a atteint un point inimaginable ».

    « Il était 17 heures, mais en octobre, il fait déjà un peu sombre à cette heure-là – pas complètement, mais c’est le crépuscule. Il n’y avait que des hommes là-bas. La police attrapait les hommes à la sortie de la station de métro et les frappait. Ils les forçaient à monter dans des fourgons de police en les piquant avec des aiguilles. Cela a traumatisé les blanmeurs. Ils criaient, ils gémissaient. Je me souviens des cris de douleur, de violence », a déclaré Serge Rameau, un témoin oculaire, à France 24. « Que la France se soit mal comportée dans ses colonies, comme les autres puissances impériales européennes, c’est une chose. Mais c’est le fait que la France ait fait la même chose chez elle qui est si choquant. Je n’étais qu’un scout qui rentrait chez lui, un scout qui avait des principes de solidarité. Et puis je suis tombé sur un massacre en plein Paris, place de l’Etoile. Des scènes de guerre, vraiment. »

    Reconnaissance française

    Après que le nombre officiel de morts soit resté à trois pendant des décennies, les historiens ont estimé le nombre à 48, cependant, on pense qu’il est beaucoup plus élevé, de nombreux historiens disant que jusqu’à 200 personnes ont été tuées juste dans la nuit du 17 octobre.

    En 1999, le parquet de Paris a officiellement reconnu qu’un « massacre » avait eu lieu. Mais à l’approche du 60e anniversaire du massacre, nombreux sont ceux qui attendent que le président français Emmanuel Macron reconnaisse l’acte de violence horrible commis par les militaires français et souhaitent que la France assume la responsabilité de cette atrocité. Les historiens exigent également la reconnaissance de ce qui s’est passé et l’admission qu’il s’agit d’un « crime raciste » contre l’humanité commis par l’État français. Leur demande est reprise par les survivants et les personnes qui ont été témoins du massacre.

    Ce n’est qu’en 2012 que le président français de l’époque, François Hollande, a reconnu le massacre, sans toutefois présenter d’excuses officielles.

    « Des Algériens qui manifestaient pour leur droit à l’indépendance ont été tués au cours d’une répression sanglante », a déclaré Hollande. « La République reconnaît clairement ces faits », a-t-il ajouté, en disant « Je rends hommage à la mémoire des victimes. » Le maire socialiste de Paris avait auparavant apposé sur le pont proche de la préfecture de police – près de la cathédrale Notre-Dame – une plaque marquant le massacre.

    Daily Sabah, 13/10/2021

  • Le Drian joue à son tour l’apaisement avec l’Algérie

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    Paris tente d’apaiser les tensions avec Alger. Interrogé à l’Assemblée nationale ce mardi 12 octobre, le ministre français des Affaires étrangères s’est exprimé sur le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. Début octobre Emmanuel Macron avait déclenché la colère des autorités algériennes après avoir accusé le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle ».

    Désormais Paris tente d’apaiser les tensions avec Alger. Après la prise de parole du président français mardi dernier assurant souhaiter un « apaisement » sur le sujet mémoriel entre la France et l’Algérie, appelant à « cheminer ensemble » et à « reconnaître toutes les mémoires », c’était au tour de Jean-Yves Le Drian de s’exprimer.

    Interrogé à l’Assemblée nationale hier mardi, le ministre français des Affaires étrangères a dit regretter le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. « Nous le regrettons, parce que cela ne correspond pas à l’importance que nous attachons aux relations entre nos deux nations. Ces relations sont anciennes, profondes… Elles sont marquées par des liens humains uniques… La France y est profondément attachée et souhaite les préserver et les développer. Récemment, le président de la République a rappelé son profond respect pour le peuple algérien. Cela signifie aussi, bien sûr – et vous l’avez dit – le respect fondamental de la souveraineté algérienne. Cela veut dire aussi que c’est aux Algériens, et à eux seuls, de décider de leur destin et de définir les contours de leurs choix et de leur débat politique. Mais nous sommes convaincus de l’intérêt commun de nos deux pays à travailler ensemble sur tous les secteurs ».

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a exigé de Paris dimanche « un respect total de l’Etat algérien », soulignant à l’adresse de son homologue français Emmanuel Macron que « l’histoire ne peut pas être falsifiée ».

    Une réponse à Emmanuel Macron qui avait déclenché la colère d’Alger après des propos, rapportés samedi 2 octobre par le journal français Le Monde, accusant le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » en servant à son peuple une « histoire officielle » qui « ne s’appuie pas sur des vérités ».

    Dans la foulée, le même jour, Alger décidait le rappel « immédiat » de son ambassadeur à Paris « pour consultations » et, comme autre mesure de rétorsions, interdisait le survol de son territoire aux avions militaires français de l’opération antijihadiste Barkhane au Sahel.

    RFI, 13/10/2021