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  • Algérie : La stature d’un ministre

    par Abdou BENABBOU

    Au travers d’un gouvernement, on a tort de se focaliser plus qu’il n’en faut sur la carrure d’un ministre et ne s’en tenir qu’à son profil. Il peut être vrai qu’un homme est jugé sur la cravate et le costume qu’il porte mais en politique aussi l’habit ne fait pas le moine. La nature et la couleur des tissus qu’ils soient en pure laine ou en polyester n’indiquent en rien la texture politique d’une personne et la fibre de l’alpaga qu’il porte n’est souvent que l’incolore carte de visite d’un individu.

    De par l’énoncé ressassé, un gouvernement est installé pour appliquer le programme du président de la République. Un ministre a la charge et l’obligation de s’y plier. Une fois nommé, il intègre une cellule exécutive pour partager une responsabilité conforme aux attentes multiples de la population. Mais la gestion d’un département ministériel n’est pas du seul ressort d’un homme dût-il avoir la stature d’un génie. Il planifie, oriente et anime une stratégie à la tête d’une équipe pour que sa tâche soit menée avec efficience. Si cette équipe est rangée dans la case de l’indolence et de l’incompétence, le plus hardi des ministres n’aura que les bras branlants pour la friture de son échec. Son étiquette honorifique lui servira alors de faire-valoir pour entretenir sa carrière et devra s’en remettre à la providence pour entretenir sa conscience.

    La désuétude et l’effilochement de la responsabilité s’étaleront jusqu’aux soubassements des décisions pour ternir la gouvernance. On aura le beau rôle de galvauder le terme de bureaucratie à l’emporte-pièce. La confusion des sens n’est à l’évidence que la preuve d’un manque de savoir-faire et d’incompétence.

    Un ministre n’est pas bon ministre parce qu’il sort d’une grande école et du fait de sa longue expérience. C’est de la valeur conséquente et positive de ses collaborateurs qu’il tire son aura. Il devient donc séant de concorder le poids prometteur d’un ministre avec celui des hommes qui l’accompagnent. Ce qui est valable pour un ministre l’est aussi pour un président de la République.

    La cerise sur le gâteau serait que la dextérité nécessaire pour faire avancer le pays soit partagée par tout un peuple. Mais ceci est une autre histoire.

    Le Quotidien d’Oran, 08/07/2021

    Etiquettes : Algérie, ministre, gouvernement, compétence, responsabilité,

  • Algérie : «Le chef de l’Etat a fait un très bon choix»

    NABIL DJEMAÂ, économiste et spécialiste en finances «Le chef de l’Etat a fait un très bon choix»

    La désignation d’Aïmen Benababderrahmane comme Premier ministre a été qualifiée de logique et d’opportune par l’économiste et spécialiste en finances Nabil Djemaâ. Selon lui, le choix du président Abdelmadjid Tebboune s’est porté sur un «technocrate opérationnel», qui arrive au bon moment en cette période de crise économique.

    «Le chef de l’Etat a eu la clairvoyance de désigner Aïmen Benabderrahmane comme Premier ministre. Ce qui est très logique en cette conjoncture», estime l’économiste avant de rappeler le parcours professionnel du nouveau Premier ministre, un ancien de l’Inspection générale des finances (IGF) avant d’être désigné responsable du contrôle et de la comptabilité de la Banque d’Algérie.

    Pour Djemaâ, l’Algérie a besoin d’un technocrate qui connaît et maîtrise parfaitement son secteur. «Le plan de la relance économique du Président ne peut être réalisé qu’avec un cadre d’Etat comme Aïmen Benabderrahmane. Ce dernier connaît parfaitement le tableau de bord des finances de l’Algérie. C’est un aspect important que Djerad ignorait», observe-t-il.

    Dans ce sillage, l’économiste estime que si la mission du nouveau Premier ministre est très difficile, elle n’est pas impossible même si le pays traverse une crise économique. «Un Etat peut faire face à toutes sortes de crises politiques mais il peut s’effondrer en cas d’une crise économique majeure. Le président Teboune est conscient de la situation économique du pays et c’est pour cette raison qu’il s’appuie sur l’expérience d’Aïmen Benabderrahmane», soutient-il.

    A une question sur les priorités du nouveau Premier ministre, Djemaâ estime que l’urgence repose sur la relance des PMI-PME avec une répartition équitable du budget de plus de mille milliards de dinars alloué à la relance économique. «Je pense que le nouveau Premier ministre est le premier à être au courant de la situation financière du pays. Il saura trouver l’argent nécessaire pour concrétiser les différents projets», souligne l’expert, expliquant que sa désignation à la tête du gouvernement va lui permettre de rectifier certaines lacunes enregistrées dans la loi des finances 2020-2021.

    De ce fait, il rappelle que la réforme du secteur financier est l’un des dossiers urgents que Benabderrahmane doit lancer pour stabiliser et rééquilibrer le marché financier «victime de la saignée provoquée par le marché informel».

    Toutefois, l’économiste note que la réussite du Premier ministre est tributaire de la valeur de son staff gouvernemental. «Il faut des ministres opérationnels qui sortent de leurs bureaux», dit-il, ajoutant que «le choix des ministres doit être basé sur un seul critère : la compétence».

    M. Benkeddada

    Horizons, 01/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Aymen Benabderrahmane, économie, gouvernement, finances, compétence, technocrates,

  • Algérie/ Le parcours du combattant

    par Kamal Guerroua


    Quelle est l’utilité d’un diplôme universitaire en Algérie ? Une formation à la fac permet-elle des débouchés sérieux pour les jeunes «instruits» en quête d’emploi ? Ou est-ce quasiment le contraire ? Selon une enquête réalisée, entre novembre 2018 et mars 2019, par l’ONG «Education For Employment», dans le cadre du projet «Building Algerian Youth’s Future», à laquelle ont participé près de 2.160 personnes, la perspective de l’emploi reste minime, voire dure pour les jeunes Algériens. Cette étude du marché ayant ciblé des villes du Sud, telles que Aïn Salah, Béchar, Ghardaïa, Illizi, Ouargla, Tamanrasset ainsi que deux villes du Nord, Bou Arréridj et Oran, a consisté en des entretiens individuels avec les parties représentatives du secteur privé, institutionnel et académique, avec la distribution d’enquêtes quantitatives auprès de 1.475 demandeurs d’emploi.

    En effet, le recours à l’intelligence artificielle a permis de recueillir et d’analyser plus de 30.000 offres d’emploi dont 4.824 dans les wilayas ciblées par l’étude, en termes de répartition géographique, métiers, professions, compétences demandées et niveau d’éducation requis. Ainsi, apprend-on de l’enquête, que pas moins de 75% des chômeurs de sexe masculin recourent au marché informel pour trouver du travail ! Chiffre qui donne froid dans le dos. Puis, dans une ville stratégique (deuxième du pays), comme Oran par exemple, 61% des jeunes chômeurs cherchent à faire des formations de court cycle dans l’enseignement supérieur pour bénéficier davantage d’opportunités professionnelles.

    Sachant que ces formations-là ne permettent pas «vraiment» à ces derniers d’espérer un avenir meilleur puisque le métier qui leur échoit généralement dans le marché n’est autre que «vendeur dans un magasin» ou «serveur dans un restaurant» ! La même source indique, de surcroît, que pas moins de 69% des chômeurs de sexe féminin recourent aux parents, amis ou au «piston» comme on dit, pour espérer trouver du boulot. Pareil constat a été, aussi, dressé dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, où, environ 46% des chômeurs cherchent une formation de cycle court à l’université. Mais, curieusement, il paraît également que le métier qui permet facilement des débouchés à ces derniers, n’est autre que celui du «manutentionnaire» !

    En gros, les débouchés pour les jeunes chômeurs diplômés de la région sont rares, pour ne pas dire presque introuvables. Aussi, l’enquête précise que, comme à Oran, les chômeurs de B. B. Arréridj préfèrent le secteur informel, plus accessible et moins bureaucratisé à celui du privé ou de l’Etat. D’ailleurs, pas moins de 59% de chômeurs de sexe masculin y recourent alors que 93% des chômeurs de l’autre sexe comptent sur les connaissances personnelles, parents ou amis dans leur recherche d’emploi.

    Cela dit, les critères «compétence» «qualification» et «diplôme» ne sont plus pris en compte, du moins dans ces deux wilayas, pour décrocher un poste d’emploi. Au demeurant, ces amers résultats dressés à Oran et à Bordj Bou Arréridj ne diffèrent pas énormément, d’après l’ONG chargée de cette enquête, de celui du reste du pays.

    Le Quotidien d’Oran, 06 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, diplômes, chômage, jeunesse, formation professionnelle, université, compétence,