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  • L’Afrique est un continent de contradictions

    L’Afrique est un continent de contradictions

    Etiquettes : Afrique, économie, développement, dettes, conflits, dictature,

    Il est logique qu’un continent qui abrite 54 pays et 1,2 milliard d’habitants abrite également de nombreux développements contradictoires. L’Afrique compte plusieurs des économies les plus dynamiques au monde et une classe moyenne en plein essor. Mais une grande partie du continent reste embourbée dans les dettes, accablée par les conflits et assaillie par des élites accrochées au pouvoir. Aujourd’hui, bien que le coût humain de la pandémie de coronavirus ait été moins catastrophique que beaucoup ne le craignaient, la distribution inéquitable des vaccins dans le monde continue de rendre les populations africaines vulnérables aux futures vagues et variantes, même si l’impact économique de la pandémie pourrait annuler une grande partie de la croissance du continent au cours des deux dernières décennies.

    Même pendant les années où les économies à travers l’Afrique étaient en expansion, de nombreuses personnes ont été poussées à migrer – soit en Afrique, soit vers l’Europe et même l’Amérique du Sud – en raison de catastrophes humanitaires ou parce que les opportunités économiques ne se présentaient pas assez rapidement pour tout le monde. Ceux qui sont restés ont parfois réussi à perturber le statu quo. Des mouvements de réforme dirigés par des civils ont renversé des régimes en Algérie et au Soudan en 2019, et des exemples récents de tribunaux indépendants annulant des élections frauduleuses – ainsi que d’autres signes d’institutions démocratiques s’installant dans des États auparavant corrompus ou autoritaires – ont donné de l’espoir pour la santé de la démocratie en Afrique . Pourtant, la fréquence relative des élections entachées de fraudes et de violences, dont beaucoup impliquent des titulaires en quête de troisièmes mandats constitutionnellement douteux, confirme que le phénomène des dirigeants autoritaires de longue date – connus sous le nom de « présidents à vie » – demeure un problème. Et une résurgence de coups d’État militaires, notamment au Mali, en Guinée, au Tchad, au Soudan et plus récemment au Burkina Faso, a souligné la fragilité de la gouvernance démocratique sur le continent.

    D’un point de vue géopolitique, les nations européennes et les États-Unis cherchent à renforcer le commerce et les investissements bilatéraux à travers le continent. Ces mouvements sont motivés à la fois par l’intérêt de stimuler les économies locales pour aider à endiguer les flux migratoires, mais aussi pour contrer la présence croissante de la Chine en Afrique. Dans le cadre de son initiative « la Ceinture et la Route », la Chine a tiré parti des accords de financement des infrastructures pour accéder aux ressources et accroître son influence politique. La Russie, elle aussi, a cherché de manière opportuniste – et controversée – à s’immiscer dans les affaires du continent en utilisant des ventes d’armes et des sous-traitants militaires qui servent de mandataires non officiels de l’État.

    Certains dirigeants africains disent que ces activités sentent le néocolonialisme, car ils cherchent à promouvoir une plus grande autonomie continentale. Ils ont pris des mesures pour renforcer les opportunités de commerce intérieur et faciliter la liberté de mouvement. Ils positionnent l’Union africaine pour jouer un rôle plus important dans la résolution des différends continentaux, mais aussi pour contribuer à des domaines tels que la surveillance des maladies. Et ils critiquent de plus en plus ouvertement les institutions internationales qui semblent punir l’Afrique, au profit des autres. Néanmoins, l’Afrique est en train de devenir une arène centrale pour la concurrence entre les grandes puissances mondiales, en particulier à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, alors même que les puissances moyennes, comme la Turquie, cherchent également à étendre leur empreinte et leur influence.

    WPR couvre l’Afrique en détail, y compris un bulletin hebdomadaire Africa Watch mettant en évidence les derniers développements sur le continent. Et WPR continuera d’offrir un aperçu de certaines des questions clés entourant l’avenir de l’Afrique : les mouvements de protestation populaires et une jeune génération de dirigeants de l’opposition réussiront-ils à renverser les dirigeants autoritaires de longue date ? Alors que l’empreinte de la Chine sur le continent grandit, comment les dirigeants d’Afrique et d’autres parties du monde réagiront-ils ? Et les retombées de la pandémie de coronavirus et maintenant la guerre en Ukraine sonneront-elles la fin du boom économique africain qui a balayé des pays comme l’Éthiopie, le Rwanda et le Ghana ?

    Notre couverture la plus récente

    L’opposition divisée du Zimbabwe s’apprête à vivre une élection difficile

    Le Zimbabwe devrait tenir sa deuxième élection générale cette année depuis qu’un coup d’État militaire a renversé le dictateur Robert Mugabe en 2017. Mais alors que l’éviction de Mugabe a cédé la place à un optimisme prudent quant à une nouvelle aube dans les affaires post-indépendance du pays, l’espoir d’une situation plus pacifique et le Zimbabwe prospère s’est pratiquement évaporé.

    Gouvernance et politique

    L’une des lignes de force sur le continent a été la persistance des présidents à vie et l’impact destructeur qu’ils ont sur leurs pays respectifs. Même si les dirigeants de longue date en Algérie et au Soudan ont finalement été renversés ces dernières années, les régimes derrière eux sont restés en place. Et les dirigeants de pays allant du Rwanda à l’Ouganda en passant par le Cameroun ont renforcé leur pouvoir, utilisant souvent des moyens violents et répressifs pour le faire. Des mouvements de jeunesse et une société civile de plus en plus actifs ont fait pression sur les gouvernements pour des réformes démocratiques, mais avec un succès limité. Pendant ce temps, la corruption, souvent alimentée par des multinationales occidentales, continue de saper l’état de droit à travers l’Afrique, créant souvent les conditions utilisées par les juntes militaires pour justifier leurs prises de pouvoir.

    Sécurité

    Le règlement des conflits persistants continue d’être une priorité absolue pour les organisations régionales africaines, que ce soit au Soudan du Sud, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo et ailleurs. Mais au cours de la dernière décennie, la lutte contre le terrorisme islamiste a commencé à dominer l’agenda de sécurité de l’Afrique, des réseaux établis comme al-Shabab dans la Corne de l’Afrique et Boko Haram en Afrique de l’Ouest, aux nouvelles menaces, comme l’émergence des affiliés de l’État islamique en RDC. et Mozambique. Pendant ce temps, la violence de longue date entre les éleveurs nomades et les agriculteurs sédentaires en Afrique de l’Ouest et au Sahel continue d’être largement ignorée, malgré le lourd tribut en vies perdues.

    La compétition d’influence en Afrique

    Certains observateurs alarmistes à Washington avertissent que la Chine, avec son financement initial de grands projets d’infrastructure, surcharge les pays africains de dettes qu’ils auront du mal à rembourser. Cette affirmation ne résiste pas nécessairement à l’examen, mais elle souligne comment, avec les relations américano-chinoises de plus en plus acrimonieuses, l’Afrique est devenue une nouvelle arène pour leur rivalité stratégique. Pendant ce temps, d’autres pays cherchent également à étendre leur influence en Afrique, notamment la Russie et la Turquie.

    Crise des migrants

    Le flux de migrants en provenance d’Afrique n’est pas nouveau. Mais depuis le paroxysme de la crise des réfugiés en Europe en 2015, la migration africaine a contribué à alimenter la montée des partis populistes en Europe et a suscité un plus grand engagement entre les deux continents dans les efforts visant à endiguer l’émigration, souvent au détriment du régime humanitaire régissant les droits de réfugiés et de demandeurs d’asile. Le déplacement est également un problème régional, car l’Afrique subsaharienne accueille plus d’un quart des réfugiés dans le monde. Pendant ce temps, les migrants africains se tournent de plus en plus vers de nouvelles destinations alors que l’Europe ferme ses portes.

    WPR, 01 mai 2023

    #Afrique #Conflits #Développement #Economie #Dettes #Dictature

  • Maroc: Note confidentielle sur le panorama en Afrique -2012-

    Maroc: Note confidentielle sur le panorama en Afrique -2012-

    Maroc, Afrique, conflits, situation politique, Angola, Sierra Léone, Ghana, Zimbabwe, Peuls, Toubou, Casamance, Sénégal,

    L’Afrique, avec ses 54 pays et plus de 2.000 langues, présente un continent complexe de part sa diversité culturelle, ethnique et socio-économique.

    Le continent est confronté à des défis de taille tels que la pauvreté, le recours à l’agriculture de subsistance, la malnutrition et l’éducation inadéquate. Par ailleurs, l’Afrique abrite les trois seuls pays dans le monde qui ont un faible IDH à savoir le Zimbabwe, la République démocratique du Congo (RDC) et la Zambie. Depuis 1952, année du premier coup d’État perpétré en Égypte, le continent africain a connu pas moins de 73 coups d’État. Ce chiffre atteint 100 si l’on y ajoute les tentatives- réelles ou supposées- et plus de 75 conflits armés.

    I. Etat des lieux

    L’Afrique reste le continent le plus ravagé par les conflits, Mali, Guinée Bissau, République Démocratique du Congo, Soudan, on ne compte plus les zones de tensions qui secouent le continent.

    Ces conflits peuvent être résumés comme suit :

    -Conflits dits « ethniques » dont les causes de certains sont attribuées au tracé des frontières ne tenant que très peu compte de l’histoire et de l’organisation sociétale des diverses composantes culturelles du continent africain.

    -Conflits dits « politiques » ou « socio-politiques » du fait de gouvernements irresponsables faisant passer les intérêts des dirigeants avant ceux des populations locales en dépit de leur pauvreté.

    -Des guerres civiles aux enjeux internationaux éclatent pour le contrôle des matières premières dont la commercialisation n’enrichit que rarement les populations locales.

    Sur le plan sociopolitique, à quelques exceptions près, la gouvernance s’améliore dans la majorité des états africains. Bien qu’il existe des signes de reprise de l’intervention militaire dans la politique africaine dans certains pays, les niveaux de conflits intra étatiques ont sensiblement baissé depuis 1998.

    En effet, depuis les années 90, l’Afrique s’est retrouvée dans le train de la démocratie, sous une influence intérieure et extérieure, en particulier les pressions internationales, par la mondialisation économique et politique, entre démocratie et développement, ce qui a affecté positivement la politique interne des états dans leur quête de démocratie et de développement.

    En outre, l’instabilité politique et géopolitique en Afrique présente le risque de s’y voir « cristallisé le consensus conservateur » qui conduirait à privilégier la «stabilité politique au détriment d’une alternance démocratique. Ainsi, pour des raisons internes ou externes et afin de garantir une stabilité géopolitique, des régimes sont maintenus au pouvoir par leur reconduction à travers des élections dites « démocratiques ». En 2012, l’évaluation de Freedom House sur 54 Pays africains (sur la base de l’année civile 2011) a classé 9 comme libres et 22 en tant que pays non libre comme suit :

    Pays libres : le Bénin, le Botswana, le Cap-Vert, Ghana, Mali, Maurice, la Namibie, São Tomé et l’Afrique du Sud.
    Pays non libres : Algérie, Angola, Cameroun, Tchad, République du Congo, République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, Djibouti, l’Egypte, Guinée équatoriale, Érythrée, l’Ethiopie, Gabon, Gambie, Libye, Mauritanie,Rwanda, Somalie, Soudan, Sud Soudan, Swaziland, , la Zimbabwe

    Certes des instabilités chroniques existent en Afrique mais on assiste à une pacification du jeu politique et les demandes légitimes pour la démocratie se sont accrues. Les tribus, les chefferies et les royaumes existent toujours, avec les mêmes langues, normes sociales et cultures qui servent de facteur d’unité, et forment des blocs ethniques dans la plupart des États africains. Les regroupements ethniques se cristallisent autour de loyautés et d’appartenances tribales au sein des régimes politiques des États nations modernes. En Afrique d’aujourd’hui, la démocratie libérale, représente un acquis même minimal, qui mérite d’être préservé et renforcé.

    II. Elections

    Depuis 1990, des élections multipartistes ont eu lieu dans 35 des 48 États subsahariens. Le système du suffrage universel et son utilité comme mode de sélection des dirigeants sont entrés dans la culture politique et un dialogue certain s’est installé entre les gouvernants et la classe politique.

    Ainsi, 9 élections dont 3 présidentielles ont été organisées durant le premier semestre de 2012. De même 10 élections sont prévues pour le dernier trimestre de 2012 (dont 3 présidentielles) notamment les présidentielles au Zimbabwe et 5 en 2013 comme suit :

    Présidentielles en République d’Angola prévues le 31 août 2012

    Le Président actuel, José Eduardo dos Santos, (69 ans, au pouvoir depuis 1979) du Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA) est pressenti comme candidat à sa propre succession.
    Les dernières élections législatives ont renforcé la position du MPLA au pouvoir et la nouvelle Constitution adoptée en janvier 2010 a renforcé la position du président Dos Santos. Il tentera probablement un autre mandat qu’il obtiendra. S’agissant de l’Unita, leur Candidat principal est Isaïas Samakuva.

    Il est à rappeler que lors des dernières présidentielles, il n’y a eu qu’un 1er tour de l’élection présidentielle, le 2ème tour exigé par la constitution, n’a pas été réalisé. Dos Santos est logiquement jusqu’aujourd’hui (2012) un président sans légitimation électorale.

    Présidentielles en République de Sierra Leone prévues le 17 novembre 2012

    Le Président actuel, Ernest Bai Koroma (58 ans, au pouvoir depuis 2007) de L’APC (All People’s Congress) est candidat à sa propre succession.

    L’APC est l’un des 5 partis officiellement reconnus en Sierra Leone. Les autres formations, toutes de l’opposition, sont le Parti des peuples de Sierra Leone (SLPP, le plus important de l’opposition), le Mouvement du peuple pour le changement démocratique (PMDC), l’Alliance Nationale Démocratique (NDA) et le Mouvement Démocratique Uni (UDM) récemment créé. L’APC, le SLPP et le PMDC sont les seuls représentés dans l’actuel parlement.

    Le Budget des élections est estimé à 47 millions de dollars et le candidat potentiel sera l’ex putshiste Julius Maada Bio du Parti des Peuples de Sierra Leone (SLPP).

    Présidentielles en République du Ghana prévues en décembre 2012
    Après le décès du président John Atta Mills, (68 ans), du Congrès Démocratique national (NDC) en juillet 2012, le vice-président, John Dramani Mahama, a accédé à la présidence par intérim.
    Nana Konadu Agyemang Rawlings, (63 ans), Yao Obed leader du Parti pour la Liberté Démocratique (PLD), qui a annoncé que sa formation politique va retourner au sein du parti au pouvoir, le Congrès National Démocratique (NDC),sont les candidats potentiels à ces présidentielles.
    7 décembre 2012, 1er tour, second tour le 28 décembre 2012.

    Présidentielles en République du Zimbabwe (en cours de discussion, probablement fin 2012)

    Le Président actuel , Robert Mugabe, (88 ans) de l’Union Nationale Africaine du Zimbabwe, est au pouvoir depuis 32 ans.
    Les nouvelles élections ne pouvaient être organisées en 2011, en raison des négociations sur l’élaboration d’une nouvelle constitution.
    Présidentielles en République du Kenya prévues en mars 2013
    Le Président actuel , Mwai Kibaki, du Parti de l’Unité nationale (PNU), Alliance nationale arc-en-ciel (NRA) et de l’Union nationale africaine du Kenya (KANU), est au pouvoir depuis 1992.

    Uhuru Kenyatta (un candidat potentiellement puissant), Martha Karua (ancienne Ministre de la Justice) peut créer la surprise, Raphael TUJU, ancien MAE et conseiller présidentiel kenyan, et William Ruto du Mouvement démocratique orange (ODM) sont les candidats potentiels à ces présidentielles.

    Cependant, les deux candidats potentiels Uhuru Kenyatta et William Ruto, risquent d’être inculpés d’ici là par la Cour pénale internationale (CPI) pour leur rôle lors des clashs postélectoraux de 2008.

    Après les législatives du 14 août 2012, le Parlement national sera constitué de deux chambres dont les membres sont élus pour un mandat de cinq ans. Aujourd’hui, le Parlement est composé d’une seule chambre qui est l’Assemblée nationale.

    Présidentielles à Madagascar prévues en mai 2013
    Le premier tour de l’élection présidentielle malgache aura lieu le 8 mai 2013, suivi le 3 juillet d’un éventuel second tour jumelé avec les législatives.

    Madagascar attend ces élections depuis le renversement en mars 2009 du président Marc Ravalomanana par le maire d’Antananarivo Andry Rajoelina. Ce dernier a pris le pouvoir lors d’une révolte populaire, est devenu «président de la Transition », non élu. Il existe un risque de violences politiques et de contestations.

    Présidentielles en Somalie prévues en 2013

    Le Président actuel Sheikh Sharif Sheikh AHMED est au pouvoir depuis le 31 janvier 2009.
    L’adoption, le 6 juillet dernier, d’une feuille de route, a ouvert une période intérimaire qui se terminera le 20 août 2012. Ce document contient des objectifs à atteindre aussi bien sur le plan sécuritaire que sur des questions constitutionnelle et de gouvernance. La FDR soumet le gouvernement fédéral de transition (GFT) à une obligation de mettre en place un projet de nouvelle constitution, de lutter contre la corruption, et de renforcer de l’Etat de droit.

    III. Remarques 

    Le bilan des deux décennies de transitions démocratiques en Afrique peut paraître décevant : guerres civiles, dictatures et coups d’État. Pourtant, les sociétés africaines, plurielles et ouvertes, s’approprient les formes démocratiques, avec un langage et des pratiques qui leur sont propres.

    Le pluralisme politique est déjà un fait acquis dans plusieurs pays africains, mais la logique de son fonctionnement varie d’un pays à l’autre. Certains États étudient les modalités de financement des partis politiques afin qu’ils contribuent positivement à l’oeuvre démocratique (Sénégal, Guinée, Togo, etc.). D’autres s’alignent sur les bases ethniques ou socio-religieuses devenant des partis alimentaires.

    Davantage en Afrique, où le spectre de l’autoritarisme rôde autour du pouvoir, la formation à la démocratie devrait occuper une grande partie des énergies nationales; des synergies devraient être recherchées entre éducation civique, éducation à la démocratie et alphabétisation des masses, pour réussir cette entreprise.
    En outre, un grand défi pour la politique africaine est qu’elle doit à la fois achever la création d’un Etat-nation en même temps qu’elle doit se doter d’une société civile saine, ce qui implique la gestion impartiale et juste des conflits qui y surgissent en terme d’accès aux ressources.

    La question des minorités n’est pas liée aux grandes questions de la démocratie en Afrique: « les Banyamulenge, les Peuls et Toubou (Niger), la Casamance (Sénégal), les Twa au Rwanda et Burundi, etc ».
    Par ailleurs, plusieurs constitutions constituent une feuille de route où les minorités, notamment les femmes et les enfants, ne trouvent aucune protection, davantage si elles sont analphabètes.

    L’alternance politique ou la compétition pour le pouvoir est rarement perçue comme une affaire politique. De plus cette alternance se trouve souvent dans le piège du clanisme et de la haine personnelle alors qu’elle devrait faire partie des règles du jeu démocratique qui consiste à accepter le choix des électeurs.

    Il reste à instaurer un nouveau « contrat social » en Afrique pour répondre aux attentes immenses soulevées par les révolutions dans toutes les couches de la société et permettre à leurs économies de rebondir rapidement.

    #Maroc #Afrique #Angola #Sierra_Léone #Ghana #Zimbabwe #Peuls #Toubou #Casamance #Sénégal

  • Pourquoi L’UA n’a pas réussi à « faire taire les armes »

    Union Africaine, conflits, Grands Lacs, Mali, Corne de l’Afrique, Tchad, Niger, Burkina Faso, Nigeria,

    Il y a sept ans, les dirigeants africains se sont engagés à oeuvrer pour mettre fin aux conflits armés. Alors qu’ils célébraient le 50e anniversaire de la fondation de l’Union africaine, ils ont juré d’assurer une paix durable sur le continent. Ils se sont engagés à ne pas léguer le fardeau des conflits à la prochaine génération d’Africains.

    L’engagement a été suivi par l’adoption en 2016 de la feuille de route de Lusaka pour mettre fin au conflit d’ici 2020. Le document décrivait 54 mesures pratiques à prendre. Ils se sont concentrés sur des questions politiques, économiques, sociales, environnementales et juridiques. Ils allaient du financement adéquat de la Force africaine en attente pour le déploiement à l’interdiction pour les rebelles ou les insurgés et leurs partisans d’accéder aux armes. D’autres mesures comprenaient la lutte contre la traite des êtres humains, la corruption et les flux financiers illicites.

    Au moment de la déclaration, l’Afrique avait des niveaux de conflit disproportionnellement élevés. Les acteurs étatiques et non étatiques en Afrique ont mené environ 630 conflits armés entre 1990 et 2015 . Les conflits orchestrés par des acteurs non étatiques représentaient plus de 75 % des conflits dans le monde.

    Les efforts pour « faire taire les armes » ont été singulièrement inefficaces. Depuis la signature de l’engagement, les conflits en Afrique ont augmenté .

    L’une des raisons de cet échec est que l’objectif de 2020 était trop ambitieux compte tenu du nombre de conflits sur le continent. La deuxième raison est que beaucoup sont internes, résultant des griefs que les citoyens ont avec leurs gouvernements. Cette dynamique interne semble avoir été ignorée dès le départ.
    Pour faire des progrès, l’Union africaine doit le reconnaître et concevoir des solutions aux conflits fondées sur la nécessité de protéger les droits de l’homme. L’organisme continental devrait être habilité à agir contre toute partie qui viole les valeurs fondamentales centrées sur la dignité humaine.

    Théâtre du conflit

    Les conflits les plus importants menés par des acteurs non étatiques comprennent les insurrections séparatistes et djihadistes touaregs au Mali, Boko Haram dans le nord du Nigéria, les insurrections djihadistes et de milices au Burkina Faso, al-Shabaab en Somalie et la guerre ethnique en République centrafricaine.

    Les guerres civiles les plus notables sont celles de la Libye, du Soudan du Sud et celle menée par les séparatistes anglophones d’Ambazonie au Cameroun.

    La plupart des conflits sont généralement centrés sur ces zones :

    Région du Sahel , comprenant le Mali, le Burkina Faso, le nord du Nigeria, le Tchad, le Soudan et l’Erythrée
    Région du lac Tchad , y compris le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigeria
    Corne de l’Afrique , y compris la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud et le Kenya, et
    Région des Grands Lacs , notamment le Burundi, la République Démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et l’Ouganda.

    Bien que nationaux, la plupart de ces conflits ont tendance à être transfrontaliers . Ils menacent la stabilité interétatique et régionale. Par exemple, al-Shabaab en Somalie exploite les frontières poreuses pour mener des attaques meurtrières au Kenya.

    La plupart des conflits en Afrique sont également de plus en plus caractérisés par l’extrémisme violent. Le conflit émergent dans la province de Cabo Delgado au Mozambique entre dans cette catégorie.

    Conflit éternel, paix insaisissable

    L’Union africaine a mis l’accent sur la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique , notamment dans son Agenda 2063 adopté en 2015.

    Mais la paix et la sécurité continuent d’échapper au continent. Certains conflits font rage depuis des décennies. Il s’agit notamment des combats au Sahara occidental , du conflit dans la région du Maghreb impliquant Al-Qaïda au Maghreb islamique , de la guerre civile somalienne et des insurrections des Forces démocratiques alliées et de l’Armée de résistance du Seigneur en Ouganda et en RDC.

    Il y a dix-huit ans, l’Union africaine a modifié son Acte constitutif , lui permettant d’intervenir dans les affaires intérieures des États membres. Néanmoins, il a été réticent à le faire. Par exemple, il est aux abonnés absents alors que des conflits sanglants s’intensifient au Cameroun et en Libye .

    Il y a eu une exception notable : le refus de l’organisation d’approuver le coup d’État au Soudan et la suspension de l’adhésion du pays en juin 2019. Cela devrait être la norme.

    Mais cela a mis en évidence les doubles standards de l’UA. Il a tacitement approuvé les coups d’État en Égypte en 2013 et au Zimbabwe en 2017.

    Bien qu’il ait suspendu l’ Égypte après le coup d’État dirigé par Abdel Fattah El-Sisi, il a ensuite rétabli son adhésion en 2014 et a ensuite fait du président El-Sisi son président par rotation en 2019. Cela allait à l’encontre de sa propre règle qui interdit aux putschistes de occupant des fonctions politiques.

    L’organisation n’a jamais suspendu le Zimbabwe pour le coup d’État qui a mis fin à la présidence despotique de Robert Mugabe. Il ne s’est pas prononcé non plus contre le fait que le général Constantino Chiwenga , le chef du coup d’État, devienne vice-président .

    Un autre exemple d’échec a été en Libye, où l’UA semble se tordre les mains alors que le conflit meurtrier s’intensifie et que des acteurs extérieurs en font leur théâtre de guerre. Il s’agit notamment de la Turquie , de l’Égypte, de la Russie et des Émirats arabes unis.

    La présence de forces militaires étrangères sur le continent est préoccupante au-delà du conflit libyen. Le nombre croissant a été reconnu par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine comme un problème.

    Les chiffres augmentent via des accords bilatéraux entre les États africains et les gouvernements étrangers.

    Les pays africains gagnent économiquement à accueillir des bases militaires étrangères. Djibouti, par exemple, gagne environ 63 millions de dollars par an des États-Unis et 20 millions de dollars par an de la Chine en louant des parties de son territoire pour leurs bases militaires. Il abrite également des bases militaires britanniques, françaises, allemandes, italiennes, japonaises et espagnoles.

    Les acteurs étrangers s’installent en Afrique pour protéger leurs intérêts économiques et pour des raisons stratégiques . Djibouti, par exemple, est stratégiquement proche du Moyen-Orient et de la mer Rouge.

    Des solutions crédibles

    L’Union africaine devrait revoir son Acte constitutif pour aborder les principes qui limitent sa capacité à intervenir dans les conflits sur les territoires des États membres. Cela ouvrira la voie à l’élaboration d’une législation, de politiques, d’institutions et de mécanismes solides pour la stabilité à long terme dans ces pays.

    Ensuite, l’organisation devrait travailler par l’intermédiaire des communautés économiques régionales et des personnes à la base pour mettre fin au conflit. Ses huit régions reconnues devraient imiter les succès de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest .

    Le bloc régional donne parfois des alertes précoces sur les conflits qui se préparent dans les États membres. Il a également fourni un soutien militaire et aidé à réformer le secteur de la sécurité en Sierra Leone , en Gambie et au Libéria . Il a également contribué à la reconstruction post-conflit dans ces pays.

    Notamment, son intervention militaire en Gambie a forcé le despotique Yahya Jammeh à quitter ses fonctions début 2017, après avoir perdu les élections présidentielles.

    Les gens ordinaires peuvent également fournir des informations vitales aux systèmes d’alerte précoce. Il est donc impératif de mettre en place des mesures à long terme, centrées sur les personnes, innovantes et inclusives pour promouvoir la paix. Ces solutions ascendantes, basées sur une connaissance intime des territoires, sont la clé du succès.

    Enfin, la question des forces militaires étrangères sur le continent. Ici, l’Union africaine n’a aucun contrôle sur leur présence croissante, car ils passent par des accords bilatéraux entre les États membres et les puissances étrangères. Néanmoins, l’Union africaine devrait travailler à travers ses organisations régionales pour jouer un rôle dans ces décisions.

    Il y a un précédent : la Communauté de développement de l’Afrique australe sous la présidence de feu le président zambien Levy Mwanawasa s’est opposée à l’implantation d’une base américaine dans la région. L’Afrique australe a ensuite créé sa propre brigade militaire régionale à la place.

    Chris Changwe Nshimbi reçoit des financements de la Commission européenne (Erasmus+), du Department of Science and Technology/National Research Foundation (DST/NRF, Afrique du Sud), de la Fondation Friedrich Ebert (FES).

    Cette pièce est apparue pour la première fois sur The Conversation

    The Conversation est financée par la National Research Foundation, huit universités, dont la Cape Peninsula University of Technology, l’Université de Rhodes, l’Université de Stellenbosch et les universités du Cap, de Johannesburg, du Kwa-Zulu Natal, de Pretoria et d’Afrique du Sud. Il est hébergé par les universités du Witwatersrand et du Western Cape, le Centre africain de recherche sur la population et la santé et l’Académie nigériane des sciences. La Fondation Bill & Melinda Gates est un partenaire stratégique.

    Daily Trust, 08 jui 2022

    #Afrique #Union_Africaine #Conflits

  • ISS : les solutions africaines aux conflits sont en crise

    ISS : les solutions africaines aux conflits sont en crise – marginalisation politique et économique, communautés, démocratie, défense, sécurité, coups d’Etat,

    L’Afrique est confrontée à une instabilité généralisée. Au cours de l’année écoulée, des coups d’État ont eu lieu au Mali, au Tchad, au Soudan, au Burkina Faso et en Guinée, et des tentatives de renversement de gouvernements en République centrafricaine (RCA), en Éthiopie et en Guinée-Bissau.

    L’extrémisme violent s’est également répandu en raison de la marginalisation politique et économique de certaines communautés, des difficultés de transition vers la démocratie et de l’incapacité des gouvernements à moderniser leurs secteurs de la défense et de la sécurité.

    La résolution de ces conflits violents a été problématique, principalement en raison de l’inefficacité des instruments existants et des changements géostratégiques. En conséquence, des débats sont en cours sur l’utilité des opérations de maintien et de soutien de la paix dans divers pays, dont la République démocratique du Congo, le Mali, le Soudan, la RCA et la Somalie.

    Et tandis que les gouvernements visent à préserver leur intégrité territoriale à tout prix, les acteurs internationaux privilégient souvent une vision humanitaire centrée sur la défense des minorités. Ces différentes approches conduisent à des désaccords sur la manière de résoudre les conflits.

    Alors que les différends entre États se multiplient, les pays demandent rarement à l’UA de faciliter
    Divers instruments de la soi-disant boîte à outils de gestion civile des crises peinent également à donner des résultats en Afrique. L’un d’entre eux – l’alerte précoce – est confronté à un double défi. Le premier est l’ubiquité de l’information, qui oblige les systèmes d’alerte précoce à adopter une approche différente, en se concentrant sur l’identification et l’analyse des données pertinentes. Le second est le manque de volonté et de capacité des gouvernements à agir sur la base d’informations susceptibles de prévenir les crises.

    Le manque d’action rapide en réponse à l’alerte précoce est exacerbé par la résistance des États africains à l’ingérence dans leurs affaires intérieures. Cela a constamment entravé les initiatives de prévention des conflits de l’Union africaine (UA) dans diverses crises, comme au Cameroun, en Guinée et au Mali.

    La médiation est également confrontée à des problèmes. Alors que les différends entre États se multiplient – ​​par exemple Éthiopie-Soudan-Égypte, Algérie-Maroc, Kenya-Somalie, Soudan-Sud-Soudan – les pays demandent rarement à l’UA de faciliter, l’empêchant de jouer un rôle significatif. Dans le cas des conflits entre gouvernements et groupes armés, par exemple en RCA, la médiation a échoué en raison des intérêts de plus en plus divergents des belligérants.

    En outre, de nombreux groupes rebelles ont des programmes politiques peu clairs qui sont difficiles à traduire en un accord de paix. Les groupes extrémistes violents comme al-Shabaab et Boko Haram – les principaux responsables de l’instabilité en Somalie et au Sahel – sont idéologiquement opposés à tout accommodement avec leurs ennemis étatiques « laïcs ». Ils peuvent avoir une vision de la société mais pas d’intérêts politiques clairs.

    Les réponses de sécurité dirigées par l’État aux crises n’ont pas beaucoup mieux fonctionné que l’alerte précoce et la médiation. Les opérations de soutien à la paix rencontrent un mécontentement croissant de la part des populations et des autorités locales dans des endroits comme le Mali et la RCA. Et le récent échec des États-Unis après deux décennies en Afghanistan a ravivé le vieux débat sur la question de savoir si une réponse militaire est la meilleure façon de faire face au conflit djihadiste et à la consolidation de la paix.

    La même critique s’applique à l’opération française Barkhane au Sahel, malgré ses premiers gains dans l’arrêt de l’invasion du Mali par les insurgés en 2012. Un malaise similaire imprègne la mission de l’UA en Somalie, qui contrecarre al-Shabaab depuis près de 15 ans. Cela explique en partie pourquoi des pays comme la RCA et le Mali, dont les transitions complexes bénéficient du soutien des Nations Unies (ONU), se sont tournés vers des sociétés militaires privées pour faire face aux menaces sécuritaires.

    Le danger d’une telle action militaire non réglementée est cependant qu’elle nie les dimensions politiques des conflits. Bien que des activités militaires robustes puissent uniformiser les règles du jeu, comme en Somalie ou à Cabo Delgado au Mozambique, elles ont peu d’impact sur la dynamique des conflits au fil du temps. Ces réponses externes semblent figer les conflits dans un état intermédiaire sans les transformer, encore moins les éradiquer.

    Le rapport du Groupe de haut niveau indépendant des Nations Unies sur les opérations de paix a tenté d’aborder les problèmes auxquels est confronté le maintien de la paix et a aidé à établir un consensus international autour de l’importance des solutions politiques. Cependant, ces solutions se sont avérées difficiles à concevoir et à mettre en œuvre dans un contexte de fortes divisions internationales et nationales.

    Alors que la paix est le produit de dynamiques locales, nationales et régionales, il est de plus en plus difficile de rationaliser ces nombreux intérêts divergents. Même les perceptions générales sur certains conflits diffèrent, notamment ceux caractérisés par des mouvements identitaires s’opposant à un gouvernement central comme en Éthiopie ou au Cameroun.

    La tension entre la nécessité d’un État fort et la protection des populations civiles remet en question l’essence même de la construction de l’État dans les pays africains. La dichotomie est exacerbée par la concurrence entre les puissances occidentales traditionnelles et les puissances émergentes comme la Chine et la Turquie sur le sol africain. Comme le montre la guerre en Ukraine, les divisions au sein de la communauté internationale affecteront probablement les stratégies de stabilisation des États africains à court et moyen terme.

    Alors que certains pays pensent que cette concurrence crée des options pour la sécurité et le développement économique, il reste un risque. Au-delà de leur rhétorique panafricaniste, les acteurs politiques africains évitent trop souvent une évaluation interne des problèmes liés à la construction d’ordres politiques stables. Ils préfèrent les solutions extraverties prêtes à l’emploi proposées par les paradigmes de développement traditionnels.

    La résolution des divers conflits en Afrique nécessite des diagnostics révisés de l’instabilité qui ne sont pas façonnés par des intérêts ou une idéologie particuliers. Des recherches plus approfondies sur l’extrémisme violent et les mouvements sécessionnistes sont cruciales. Cela pourrait aider à revoir les solutions aux crises à long terme et à ramener la paix en Afrique.

    Rédigé par Paul-Simon Handy, directeur, ISS Addis-Abeba et Félicité Djilo, analyste politique indépendante spécialisée dans la paix et la sécurité en Afrique.

    ISS, 11 mai 2022

    #Afrique #Conflits #UnionAfricaine #UA

  • L’escalade du ciel et les contradictions

    L’escalade du ciel et les contradictions. Mali, Sahel, Libye, Yémen, Sahara, Syrie et plusieurs pays africains et d’autres encore dans des contrées très éloignées les unes des autres sont dans des turbulences notables.

    Mali, Sahel, Libye, Yémen, Sahara, Syrie et plusieurs pays africains et d’autres encore dans des contrées très éloignées les unes des autres sont dans des turbulences notables. De mémoire, l’Histoire dans le catalogue de ses repères marquants ne présente pas autant de déflagrations guerrières pour prouver que le monde n’a jamais été aussi mal en point à part les bouleversements catastrophiques qu’il a connus au cours des deux grandes guerres.

    Il est devenu difficile, voire impossible d’entrevoir quelques perspectives d’espoir dans un futur proche et il est patent de se rendre compte que l’énorme malaise a des répercussions de plus en plus visibles dans la plus simple évolution aujourd’hui contrariée de l’ensemble des peuples. Il y a comme une évidente malédiction qui a frappé l’espèce humaine pour laisser entendre que l’Homme n’était peut-être pas digne de consommer son existence.

    Dans l’instant présent, les peuples en guerre, en désaccord, en soulèvement, en manque de paix et de sérénité ne sont finalement, chacun dans son mal de vie que le reflet de l’incapacité de l’humanité d’atteindre le niveau supposé lui avoir été programmé.

    Partout entre la paix et la guerre se fige de plus en plus fort la difficulté d’exister et la réflexion et la préoccupation se limitent aux moyens de supporter l’existence quotidienne sans toujours se référer aux profondes causes qui déstabilisent la probable fatidique évolution de l’espèce humaine.

    La mêlée du prix des matières premières, du blé et des nécessités quotidiennes avec les escalades par satellites du ciel a quelque chose de contradictoire quand le progrès technique et les grandes inventions technologiques ne sont pas conformes à une aisance de vie pour tous les hommes. La maldonne est souvent si sidérante prête à laisser penser que le dérèglement a une large empreinte de folie.

    Toutes les guerres et les conflits armés aujourd’hui devraient prouver que si l’homme a appris à naviguer dans la galaxie, il ne sait toujours pas aligner ses pas sur terre.

    Abdou BENABBOU

    Le Quotidien d’Oran, 25/10/2021

  • Algérie-Maroc : le dangereux rêve d’une guerre

    Algérie, Maroc, guerre, conflits, #Algérie, #Maroc,

    Par : Kamel Daoud*

    Étrange maladie des perceptions : à force de nous raconter l’histoire de notre guerre de Libération, on pense déjà que toute libération ne se fait qu’au prix de la guerre. À qui ? À n’importe qui.

    On a la certitude irrationnelle et intime qu’être libre ne se fait pas au prix du travail, de l’effort, de l’intelligence, de la créativité, de la construction d’un État heureux et fort. On a la conviction que tout est affaire de luttes et de défaites, même l’amour et les preuves de la tendresse, même le sommeil ou la paix heureuse.

    On est enfermé dans cet imaginaire épique du sacrifice, de l’héroïsme et de la mort qui mènent au Paradis. Mais encore ?

    La guerre, à force d’être un récit, des images d’archives, des stèles fières et froides, des discours enflammés, des médailles et des commémorations, des pensions et de la vanité, des jours de féerie et des jours de gloire, la guerre s’est désincarnée, fut vidée de son crime sublimé. Elle a perdu son odeur de décomposition des entrailles à l’air, sa couleur de sang sur la peau et pas en dessous, ses bruits qui déchirent les nouveau-nés et leurs immenses coûts.

    On n’en retient que le goût vantard et la preuve que la mort est une cascade, une figuration, un effet secondaire passager. On oublie, on efface le goût amer et de fer, on rappelle le goût de la bravade, le goût “historique”, national, triomphant et inaugural. C’est alors qu’on en rêve pour devenir une stèle ou mériter un verset. Non seulement en croyant qu’elle fut tout le passé, mais qu’elle peut être un bel avenir. On la mène contre la France imaginaire, contre son voisin de palier, contre une femme qui passe, un homme trop riche et, depuis peu, contre le Maroc.

    Laissons de côté les raisons “politiques”, les griefs ou les explications. Retenons, chez nous, juste cette habitude à l’exaltation, ce goût immodéré pour la belligérance, cette imaginaire qui croit tout résoudre par une guerre. On a eu un pays avec une guerre ? Alors, l’idée nationale est qu’on peut tout résoudre avec une guerre. D’ailleurs, l’Algérie est le pays où les armes circulent le plus dans les songes.

    Le récit escamote le fait que la guerre est un cadavre, des corps, des pertes, des chagrins, des deuils, des hurlements de veuves et des ponts brisés. Que ce n’est pas un film. Que ce n’est pas la bataille d’Alger avec cette fin en manifestations heureuses et fières.

    Non. La guerre, c’est autre chose que nous masquent l’autofiction, la sublimation. Ce n’est pas un drapeau mais des tombes et où parfois même les tombes sont un luxe. De part et d’autre. Ce n’est pas une guerre sacrée car il n’y a rien de sacré dans une guerre. Quelles que soient ses raisons. Alors, aujourd’hui, arrêtons d’en rêver. Ce n’est pas un rêve que de rêver faire la guerre. C’est juste une impuissance à rêver la vie. Faire la guerre au Maroc, tous l’évoquent presque comme une fatalité à venir, un argument, une menace et une épopée qui va permettre aux plus jeunes d’être très vite des anciens. Misères et ignorances. Ce chemin tuera beaucoup et il n’y aura pas de vainqueurs que le sable et le vent.

    Ceux qui opposent aujourd’hui, à cette éventualité nourrie, des doutes, des sourires intelligents ou des haussements d’épaules en répétant, las et hautains, que ce n’est pas “possible parce que… etc.” se trompent aussi : rien n’arrive aussi vite, aussi accidentellement que la guerre. Et, aujourd’hui, ce cauchemar est vendu par tous : hypernationalistes, islamistes, réseaux sociaux, etc. On s’étonnera plus tard, après les premiers morts, que le délire ait pu toucher les plus lucides, comme on s’étonne, après la catastrophe, de la vitesse du feu lors d’un incendie ou de la rapidité de l’eau lors d’une inondation. On y a à peine le temps de prendre ses enfants à bras-le-corps. C’est ainsi lorsque la guerre prend les cœurs et leur donne des armes pour les faire battre et se battre.

    La guerre avec le Maroc ? Le Maroc qui fait la guerre à l’Algérie ? C’est la même chose, le même crime, le même rêve pour détourner les regards et les fleuves morts. C’est ce qui rend la chose possible : sa parodie pour le moment, sa fiction, le triomphe de son épopée, sa déréalisation, son modèle.

    La guerre est vécue par certains comme si elle était la mer à prendre pour aller au Paradis, une “réparation” de l’affront fait à l’ego, une façon de vivre quand on ne vit pas, un retour au passé. Et c’est tout le danger. On opposera à l’alerte l’évidence des rues calmes, des esprits encore lucides de part et d’autre, de la haine qui n’est encore que “politique” ou numérique, mais cela n’est jamais une garantie. Une étincelle est toujours infinitésimale comparée à l’infinité placide d’une forêt.

    Ce rêve de guerre qui prétend au sens de la vie, cette guerre rêvée contre le Maroc, Israël, n’importe qui, est un dangereux rêve national, un mythe suicidaire qui confond la fierté avec le meurtre. Aujourd’hui, cette envie de guerre est des mots, des slogans, des manières de joies collectives, des regards. Réformer se dit “faire la guerre à”. Jouer au football aussi. Une équipe nationale est composée de “guerriers du Sahara”, etc.

    Le mot contamine gangs de quartiers, virilisme, machisme, élections, discours des médias, souvenirs et présence au monde, imaginaires et perceptions de l’altérité, militantisme “démocratiques” et lutte contre les feux de forêt. Comme si tout était guerre. Comme si la paix ne pouvait être que pour les morts et les pierres. Comme si pour vivre il fallait être tué et tuer. Comme si c’était là l’unique possibilité de l’union sacrée, du retour au ventre de l’union heureuse, du sens et de la victoire.

    Souvenons-nous : enfin seuls, enfin libres, enfermés et sans issue vers le bonheur et la pluralité, nous avons été capables de faire la guerre à nous-mêmes, les uns contre les autres. Nous avons, pendant dix ans de solitude, réinventé la France, la traîtrise, le maquis et la négociation, la “disparition” et la “pacification”. C’est dire combien ce souvenir nous possède, combien il risque encore de le faire et combien il faut l’exorciser pour enfin vivre et construire.

    *Ecrivain

    Liberté, 09/09/2021

  • Il est temps de réformer le maintien de la paix de l’ONU en Afrique

    Il est temps de réformer le maintien de la paix africain chancelant des Nations Unies

    Les soldats de la paix sont déployés dans des pays déchirés par la guerre pour protéger les civils et faire respecter les accords de paix nationaux et les traités internationaux. Cependant, ces opérations n’ont souvent pas réussi à fournir une protection fiable et une paix durable, l’incompétence opérationnelle, les obstacles bureaucratiques et la corruption entravant le succès.

    par Wes Martin

    Alors que les États-Unis et la Chine intensifient leur concurrence mondiale, l’Afrique apparaît comme un nouveau champ de bataille. Ainsi, maintenir la stabilité et soutenir les gouvernements pro-occidentaux là-bas devrait être une priorité absolue pour les États-Unis. Cependant, dans de nombreux endroits, les rebelles tribaux et islamistes sapent la stabilité. Le financement par l’ONU des opérations de maintien de la paix est un outil essentiel pour cet objectif stratégique. Cependant, la performance de l’ONU reste profondément imparfaite. L’Afrique est confrontée à une double menace : celle de la Chine et celle des milices islamistes radicales. L’administration Biden doit intervenir et rapidement. Le 29 juillet, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra une réunion sur les sanctions contre la République centrafricaine, un point d’éclair stratégique crucial au cœur du continent.

    Les problèmes avec cela et d’autres conflits abondent. Le 30 juin, la Cinquième Commission des Nations Unies chargée de l’administration et du budget a approuvé un budget de 6,37 milliards de dollars pour douze missions de maintien de la paix des Nations Unies du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022, cependant, ces fonds sont alloués à des incompétents et souvent corrompus. les forces.

    Les soldats de la paix sont déployés dans des pays déchirés par la guerre pour protéger les civils et faire respecter les accords de paix nationaux et les traités internationaux. La plupart des missions ont eu lieu en Afrique, où les forces de l’ONU ont tenté d’étouffer les guerres civiles et de distribuer de l’aide humanitaire. Cependant, ces opérations n’ont souvent pas réussi à fournir une protection fiable et une paix durable, l’incompétence opérationnelle, les obstacles bureaucratiques et la corruption entravant le succès.

    Les casques bleus de l’ONU n’ont pas réussi à arracher le contrôle de la Somalie à Al Shabaab, affilié à Al -Qaïda, en 1991-1995. Après la guerre civile, l’ONU a négocié un accord de cessez-le-feu et déployé du personnel pour distribuer de l’aide aux civils somaliens en proie à la famine. Sans un gouvernement central somalien, cependant, l’ONU ne pourrait pas demander l’autorisation de déployer des troupes pour contrer les seigneurs de la guerre violents. La mission de maintien de la paix se limitait à l’observation du cessez-le-feu.

    En 1993, les forces de l’ONU ont tenté sans succès de désarmer les milices somaliennes. Après un court passage, les États-Unis et l’Union européenne ont tous deux retiré leurs troupes de la mission, et le Conseil de sécurité de l’ONU a voté pour réduire considérablement la mission.

    Aujourd’hui, la Somalie souffre d’ingouvernabilité, d’un grave appauvrissement et d’infrastructures en ruine. De plus, Al Shabaab a pratiqué les niveaux de violence les plus élevés qui ont fait de l’actuel maintien de la paix de l’Union africaine une « mission impossible ».

    Contrairement à la Somalie, l’ONU a engagé des ressources importantes pour le maintien de la paix au Mali. Cependant, les opérations restent largement faibles. La mission est entrée dans sa septième année, avec l’intention de fournir une protection aux civils, de soutenir un dialogue national de réconciliation et d’appliquer les accords de paix précédemment négociés.

    En 2015, le gouvernement malien a négocié un accord de paix avec plusieurs milices rebelles touaregs. Cependant, il n’a pas répondu aux menaces croissantes des extrémistes islamistes. Le Mali est devenu le centre des opérations djihadistes en Afrique et jusqu’à récemment, l’opération Barkhane dirigée par les Français était le seul effort visant les cellules de l’État islamique et d’Al-Qaïda dans la région.

    Bien que plus de 18 000 casques bleus bien équipés soient actuellement stationnés au Mali, les islamistes poursuivent régulièrement des attaques violentes. Alors que la France suspend l’opération Barkhane , les forces de l’ONU se retrouveront sans contrepartie militaire fiable. Faute de direction, le Mali risque de sombrer dans un nouveau chaos.

    Les expériences de l’ONU en République centrafricaine (RCA) reflètent celles du Mali.

    Le 10 avril 2014, le Conseil de sécurité de l’ ONU a autorisé le déploiement d’une force de maintien de la paix « multidimensionnelle » pour protéger les civils, faciliter la transition et promouvoir l’aide humanitaire en RCA. Un an plus tôt, la RCA a subi un coup d’État au cours duquel des groupes rebelles majoritairement musulmans de la Séléka ont déposé le président François Bozizé. En réponse, une alliance de paramilitaires d’opposition nommée « Anti Balaka » a été organisée pour contrer la Séléka. C’est le début d’une longue guerre civile.

    Alors que le gouvernement a lutté pour contenir la violence, la mission de maintien de la paix n’a pas réussi à protéger les civils. En 2018, l’Union Pour La Paix En Centrafrique (UPC), un groupe militant de l’ex-Séléka, a assassiné plus de 100 personnes dans une mission catholique . Les casques bleus chargés de protéger la mission se seraient retirés dans un véhicule blindé jusqu’à leur base au lieu de se défendre contre l’incursion de l’UPC.

    En 2019, Médecins sans frontières a allégué que les soldats de la paix de l’ONU n’avaient pas été efficaces pour empêcher plusieurs attaques visant des civils à Batangafo, qui abrite plus de 20 000 personnes déplacées.

    L’ancien président Bozizé est revenu en RCA en 2019 pour se présenter aux élections présidentielles de 2020. Cependant, sa candidature a été déclarée invalide et il est devenu le chef de la coalition antigouvernementale. En décembre 2020, la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) a été formée, qui a réuni plusieurs des groupes militants les plus puissants de RCA.

    Après l’échec de la tentative du PCC de prendre Bangui le 13 janvier 2021, les Forces armées centrafricaines (FACA) ont lancé une contre-offensive, reprenant progressivement les grandes villes aux rebelles. Selon un récent rapport de l’ONU , « … les violations généralisées du droit international humanitaire commises par des groupes affiliés au PCC comprenaient le recrutement forcé d’enfants, les attaques contre les soldats de la paix … la violence sexuelle et le pillage d’organisations humanitaires.

    L’actuel président, Faustin-Arcange Touadera, s’est appuyé sur ses militaires, assistés d’instructeurs rwandais et russes, dans la lutte contre le PCC. Selon un récent rapport du Conseil de sécurité de l’ONU , des entrepreneurs russes, se faisant passer pour des instructeurs, auraient dirigé des opérations ciblant des civils. À son tour, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation (MINUSCA) s’est retirée du conflit. Avec des perspectives de paix limitées, les forces de l’ONU en RCA sont susceptibles d’opérer sans grand succès.

    L’incapacité de protéger les civils contre les groupes rebelles provoque le mécontentement de la population. Des manifestations sont régulièrement organisées dans la capitale et dans les régions exigeant que la MINUSСA quitte la RCA. En juin et juillet, des casques bleus ont tué un motocycliste dans la capitale Bangui et tenté de faire passer la victime d’un délit de fuite pour un militant. Des manifestations ont suivi lorsqu’une foule a déposé les civils morts sur les marches du bureau du Premier ministre.

    En outre, la présence d’entrepreneurs militaires russes en Afrique est susceptible d’étendre l’influence de la Russie là-bas. Les pays intéressés à obtenir un succès rapide contre les radicaux et les rebelles peuvent se tourner vers Moscou malgré l’opprobre de Washington. En conséquence, les missions de l’ONU continueront de perdre leur influence et leur capacité à résoudre les tâches qui leur sont confiées.

    Le Département d’État américain devrait travailler avec d’autres membres de l’ONU pour s’assurer que les soldats de la paix sont correctement formés pour engager les combattants ennemis, en fournissant aux opérateurs les moyens et l’équipement pour identifier, suivre et détruire les groupes militants, tout en réduisant leurs finances et en établissant des relations positives avec les civils.

    Pour restaurer leur efficacité opérationnelle, les responsables de l’ONU doivent accroître la responsabilité des commandants de mission. Des enquêtes formelles sur les échecs des opérations de maintien de la paix sans changements significatifs préserveront le statu quo et entraîneront davantage de victimes et d’instabilité.

    L’heure est venue d’une profonde réforme des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

    Wes Martin, un colonel à la retraite de l’armée américaine, a servi dans la police militaire de l’armée et dans des postes d’application de la loi dans le monde entier.

    Image : Reuters.

    The National Interest, 29/07/2021

    Etiquettes : Afrique, ONU, maintien de la paix, DPKO, conflits, #Afrique #ONU #Paix #Barkhane

  • Le Marocain Jamal Benomar fonde une association regroupant d’anciens fonctionnaires de l’ONU

    Les anciens médiateurs de l’ONU veulent que la paix au Moyen-Orient se fasse à l’échelle locale

    Un groupe d’anciens médiateurs de haut niveau des Nations Unies du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord a fondé une organisation de résolution des conflits, l’International Center for Dialogue Initiatives, ou ICDI, afin de pallier les échecs des courtiers en paix étrangers et de permettre aux artisans de la paix locaux de devenir plus influents dans leur région, selon les fondateurs.

    Jamal Benomar, ancien envoyé des Nations unies au Yémen et président du centre, s’est entretenu par téléphone avec PassBlue depuis la région métropolitaine de New York au sujet de cette nouvelle entreprise. « L’idée générale, dit-il, est d’encourager les gouvernements, les organisations intergouvernementales et la société civile de la région à prendre davantage de responsabilités dans la résolution de leurs propres problèmes, au lieu de s’en remettre exclusivement à des puissances extérieures… qui ont toutes leurs propres intérêts. »

    Parmi les huit fondateurs du centre figurent sept anciens chefs de missions de paix de l’ONU ainsi que Wided Bouchamaoui, ex-présidente de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, qui est corécipiendaire du prix Nobel de la paix 2015. La nouvelle organisation est le fruit du travail de Benomar, un citoyen marocain et britannique qui a quitté l’ONU en 2017.

    Les autres fondateurs sont : Ibrahima Fall, ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères et coordinateur de l’ONU pour la région des Grands Lacs africains ; Youssef Mahmoud, un Tunisien qui a dirigé l’opération de maintien de la paix de l’ONU en République centrafricaine et au Tchad ; Haile Menkerios, un diplomate érythréen qui a été envoyé de l’ONU auprès de l’Union africaine ; Tarek Mitri, un universitaire libanais qui a été ministre des affaires étrangères de son pays et envoyé des Nations unies en Libye ; Ahmedou Ould Abdallah, ancien ministre des affaires étrangères de Mauritanie et envoyé des Nations unies en Somalie ; et Leila Zerrougui, une Algérienne qui défend les droits de l’homme et qui a récemment dirigé l’opération de maintien de la paix des Nations unies en République démocratique du Congo.

    Seules deux des fondatrices, Bouchamaoui et Zerrougui, sont des femmes, ce qui reflète le déséquilibre général entre les sexes au sommet de la hiérarchie des Nations unies en matière de rétablissement de la paix, a déclaré Zerrougui lors d’une interview accordée à PassBlue depuis son domicile à Alger. Sur les 37 missions de paix actuelles, moins d’une sur trois est dirigée par une femme.

    Le groupe fondateur est assisté par une équipe d’experts universitaires et d’anciens fonctionnaires de l’ONU. Ils travaillent à distance alors que le centre se prépare à ouvrir des bureaux à Beyrouth, Tunis et New York, a précisé Mme Benomar. Les fondateurs financent le fonctionnement de l’organisation, mais ils ont l’intention de lancer des campagnes de collecte de fonds tout en maintenant l’impartialité du centre, a-t-il ajouté.

    Joost Hiltermann, directeur pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord du groupe de réflexion International Crisis Group, a salué l’initiative du groupe lors d’un entretien avec PassBlue depuis Bruxelles. « Au cours des dix dernières années, nous avons vu de plus en plus de conflits éclater [dans la région], tant au niveau national qu’au niveau plus local, et la médiation est vraiment la meilleure façon d’avancer », a-t-il déclaré. « Si des personnes du calibre de Jamal Benomar peuvent y contribuer, tant mieux. Il y a un réel besoin en la matière. »

    Les conflits qui secouent le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, connus sous le nom de région Mena, sont marqués par un degré élevé d’implication étrangère, les puissances extérieures soutenant les différents belligérants tout en essayant de jouer le rôle de médiateurs impartiaux. Cette dichotomie a créé un nœud de conflits internationalisés – notamment en Libye, en Syrie et au Yémen – ainsi qu’un éventail vertigineux d’efforts de rétablissement de la paix qui fonctionnent à contre-courant et ignorent souvent les populations locales.

    Selon son site web, le centre se concentrera d’abord sur la Libye, la Syrie et le Yémen, où les conflits armés « se poursuivent sans relâche en raison de l’échec des processus de paix et de l’absence d’initiatives diplomatiques crédibles dans la région ».

    Pourtant, certaines puissances régionales mènent une médiation positive, comme Oman, qui a récemment révélé avoir facilité les pourparlers de paix yéménites à Muscat. D’autres acteurs, en revanche, viennent de l’extérieur de la région, comme la France et la Russie, qui ont soutenu le commandant de l’armée libyenne rebelle Khalifa Haftar.

    « Tout le monde est impliqué dans ces conflits », a déclaré Benomar, « sauf les populations locales qui vont vivre avec les conséquences ».

    Maged Alkholidy, un militant yéménite pour la paix qui s’est entretenu avec PassBlue depuis la ville assiégée de Taiz, a déclaré que les Yéménites ordinaires sont laissés dans l’ignorance pendant que les diplomates étrangers marchandent sur leur sort. « Nous suivons les nouvelles mais nous n’avons pas d’informations concrètes », a-t-il dit. « Nous ne savons rien. »

    Cela doit changer, affirment M. Benomar et ses collègues. Pour que les accords de paix soient durables, les populations locales, des dirigeants officiels à la société civile – y compris les femmes – doivent avoir une place de choix dans leur conception, affirment les fondateurs du nouveau centre.

    « Vous n’obtiendrez jamais une paix durable si les personnes qui sont touchées par la guerre, et qui soutiennent l’une ou l’autre des parties, ne sont pas impliquées, si leurs problèmes ne sont pas traités, et si elles n’ont pas le sentiment de s’approprier le processus de paix », a déclaré M. Zerrougui.

    Le centre s’inspire de la Tunisie, le pays où les premières étincelles du printemps arabe ont été allumées et qui a traversé cette expérience transformatrice plus pacifiquement que les autres nations de la région. La Tunisie y est parvenue sans intervention extérieure.

    « Les Tunisiens ont trouvé par eux-mêmes des moyens de résoudre leurs difficultés, et leur transition n’a pas tourné au vinaigre et au sang comme c’est le cas en Libye, en Syrie et au Yémen », a déclaré M. Benomar. Cela ne veut pas dire que la Tunisie offre un modèle à reproduire ailleurs – les caractéristiques politiques du pays sont trop distinctes – et elle se débat en tant que démocratie naissante. Mais elle offre un exemple, comme l’ont fait remarquer deux des collègues de M. Benomar dans des entretiens séparés.

    Des acteurs de la société civile comme ceux qui ont aidé la Tunisie à traverser les troubles du printemps arabe en 2015 – y compris le groupe dirigé par Bouchamaoui – existent dans d’autres pays mais sont souvent marginalisés, a déclaré Zerrougui. « Vous avez les acteurs sur le terrain, mais ils n’ont pas d’espace », a-t-elle déclaré. Le nouveau centre vise à identifier et à soutenir les groupes de la société civile pour qu’ils exercent une plus grande influence, en travaillant avec les représentants gouvernementaux.

    « Nous venons de l’ONU, c’est là que nous avons grandi, mais en même temps nous venons de cette vaste région », a déclaré Benomar, « donc les idées que nous avons, elles sont une combinaison de la connaissance de la région et de la connaissance aussi du système international, de son fonctionnement et de toutes ses déficiences. »

    Pass Blue, 21 avr 2021

    Etiquettes : Jamal Benomar, Maroc, ONU, fonctionnaires, envoyés spéciaux, conflits, Moyen Orient, Afrique du Nord,

  • « Si vous ne nourrissez pas les gens, vous nourrissez les conflits », déclare le chef de l’ONU au Conseil de sécurité

    Les conflits entraînent la faim et la famine, et inversement, la faim et la famine conduisent à des conflits, a déclaré jeudi le Secrétaire général de l’ONU au Conseil de sécurité, ajoutant que « si vous ne nourrissez pas les gens, vous alimentez les conflits ».

    « Les conflits et la faim, lorsqu’ils frappent un pays ou une région, se renforcent mutuellement et ne peuvent être éliminés séparément. La faim et la pauvreté, associés aux inégalités, aux chocs climatiques, aux tensions confessionnelles et ethniques et aux griefs concernant les terres et les ressources, déclenchent des conflits », a expliqué le chef de l’ONU devant les membres du Conseil.

    « Dans le même temps, les conflits amènent des personnes à quitter leur foyer, leur terre et leur emploi, bouleversent les activités agricoles et les échanges commerciaux et limitent l’accès aux ressources vitales telles que l’eau et l’électricité et entraîne la faim », a-t-il ajouté.

    Selon M. Guterres, le Comité Nobel a reconnu cette corrélation lorsqu’il a décerné le prix Nobel de la paix au Programme alimentaire mondial (PAM).

    Le Secrétaire général a rappelé que ces dernières décennies, l’amélioration de la productivité et le recul de la pauvreté dans le monde ont permis de faire d’énormes progrès en matière de lutte contre la faim.

    « La famine et la faim ne sont plus une question de manque de nourriture. Elles sont aujourd’hui en grande partie produites par l’homme », a-t-il souligné. « Elles frappent surtout des pays touchés par des conflits prolongés et de grande envergure ».

    Fin 2020, 88 millions de personnes souffraient de la faim en raison des conflits et de l’instabilité
    Et la situation empire, selon lui. Fin 2020, plus de 88 millions de personnes souffraient de la faim en raison des conflits et de l’instabilité – ce chiffre a augmenté de 20% en l’espace d’un an. D’après les prévisions pour 2021, cette situation devrait perdurer.

    Les chocs climatiques et la pandémie de Covid-19 attisent le feu. En l’absence de mesures immédiates, des millions de personnes risquent de basculer dans la faim extrême et de perdre la vie.

    D’après les estimations, les crises alimentaires s’accentuent et se propagent dans l’ensemble du Sahel et de la Corne de l’Afrique, et s’installent de plus en plus rapidement au Soudan du Sud, au Yémen et en Afghanistan. Plus de 30 millions de personnes dans plus d’une trentaine de pays sont au bord de la famine.

    Face à cette situation, le chef de l’ONU a appelé à « agir maintenant ». A ce titre, il a décidé de créer un groupe spécial de haut niveau sur la prévention de la famine, qui sera dirigé par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, Mark Lowcock.

    Ce groupe sera composé de représentants du Programme alimentaire mondiale (PAM) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Il contribuera à ce que la question de la prévention de la famine soit examinée de manière concertée à un haut niveau et à ce qu’une aide soit fournie aux pays les plus touchés.

    « J’invite instamment tous les membres du Conseil à soutenir par tous les moyens ce groupe spécial et à mettre tout en œuvre pour prendre des mesures urgentes de prévention de la famine », a dit M. Guterres.

    Selon lui, il faut avant tout se préoccuper de cette population de plus de 34 millions de personnes déjà aux prises avec une insécurité alimentaire qui a atteint un niveau critique.

    Le PAM et la FAO ont lancé un appel à la mobilisation urgente de 5,5 milliards de dollars de ressources extraordinaires afin que ces 34 millions de personnes échappent à une catastrophe.

    « Ces ressources sont nécessaires à un ensemble de mesures visant à fournir une aide vitale, qui comprend la distribution de nourriture, d’argent en espèces et de bons d’alimentation, l’aide adaptée à l’agriculture et les soins médicaux à ceux qui souffrent déjà de malnutrition aigüe », a dit le Secrétaire général.

    Il a rappelé que la manifestation de haut niveau pour les annonces de contributions relatives à la crise humanitaire au Yémen n’a pas répondu aux attentes et qu’ il ne faudrait pas que cela se reproduise. « Je demande à tous les pays de réfléchir à nouveau aux responsabilités et aux capacités qui sont les leurs », a-t-il dit.

    Cri d’alarme du chef du PAM
    Le chef du PAM, David Beasley, a également lancé un cri d’alarme devant les membres du Conseil.

    « Les conflits et l’instabilité alimentent une nouvelle vague de famine destructrice qui menace de balayer le monde », a-t-il déclaré.

    Comme le Secrétaire général, M. Beasley a noté que les crises imminentes de famine sont principalement motivées par les conflits. « Les conflits d’origine humaine sont le véritable coupable », a-t-il soutenu, ajoutant qu’ils sont « entièrement évitables ».

    Le chef du PAM a pris en exemple les situations au Yémen, en Syrie, en République démocratique du Congo (RDC), et au Soudan du Sud, où « des enfants sont nourris de boue ».

    S’agissant de l’appel pour un montant de 5,5 milliards de dollars, M. Beasely a exhorté les membres du Conseil à ouvrir leur « cœur, à faire preuve de compassion et à donner généreusement ».

    Au-delà de la crise immédiate, il a souligné la nécessité d’investir dans la prévention des conflits. « S’il vous plaît, ne nous demandez pas de choisir quel enfant affamé vit et lequel meurt. Nourrissons-les tous ».

    ONU Info, 11 avr 2021

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  • Afrique: Chakwera lance un appel pour faire taire les armes en Afrique

    Par Mphatso Nkuonera -Mana

    Le président Lazarus Chakwera a lancé un appel à l’Union africaine (UA) et à d’autres organisations internationales pour qu’elles s’associent pour faire taire les armes en Afrique afin de gagner la paix, affirmant que l’état actuel des choses a laissé de nombreuses personnes sans espoir dans leur propre pays.

    Il a fait ces remarques mardi au palais Kamuzu à Lilongwe lorsqu’il s’est adressé aux médias après la tenue du sommet des chefs d’État et de gouvernement au sommet de l’UA qui s’est tenu virtuellement.

    Le 984e Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UA sur la paix et le Conseil de sécurité était censé se tenir physiquement à Addis-Abeba, en Éthiopie, mais a eu lieu pratiquement en raison de la pandémie de Covid-19.

    «La réunion avait deux ordres du jour principaux de dirigeants africains débattant des moyens de parvenir à une paix durable en Afrique en mettant l’accent sur le changement climatique et ses effets sur la paix et la sécurité sur le continent.

    « Le deuxième ordre du jour était un suivi de la mise en œuvre de la décision de faire taire les armes qui a été prise lors du 14e sommet extraordinaire », a-t-il dit.

    Le président Chakwera a déclaré que de nombreux pays ont beaucoup souffert alors que des multitudes de personnes ont été déplacées, laissant les femmes et les enfants plus vulnérables dans leurs communautés.

    Il a ajouté que l’UA était très déterminée à faire en sorte que les pays puissent accéder et recevoir la vaccination Covid-19 en Afrique.

    « Nous devons prendre cette vaccination sur un front au niveau international, car si un pays est en retard sur la vaccination, un autre sera également touché, nous devons donc le prendre très au sérieux », a-t-il déclaré.

    S’exprimant plus tôt, le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, qui est le président de l’UA, du Conseil de paix et de sécurité, a déclaré que les États membres de l’UA devraient envisager de transférer la flotte de la route au rail comme un moyen de vaincre le changement climatique.

    Le président de l’Union africaine, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Felix Tshisekedi, a déclaré que le changement climatique avait gravement affecté le continent africain et avait entraîné une augmentation des conflits en raison de la ruée vers des ressources comme l’eau, la nourriture et les terres arables. .

    «Le développement durable est très important pour la réalisation du développement africain, mais malheureusement, nos pays sont plongés dans des conflits politiques ou simplement des insurrections comme au Mozambique, en Guinée équatoriale, au Maroc, en Éthiopie et dans mon propre pays, la RDC et de nombreux autres pays à travers l’Afrique.

    « Nous avons besoin que ceux-ci soient confrontés à un seul front, par le Conseil de sécurité de la paix pour résoudre les conflits qui ont éclaté au Sahara occidental afin que nous fassions taire les armes en Afrique », a-t-il dit.

    Nyasa Times, 9 mars 2021

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