Étiquette : Congo

  • Macron en Afrique: Tintineries et barbouzes

    Tags : Afrique, France, Emmanuel Macron, Gabon, Congo, Angola, Françafrique,

    Par Amar DJERRAD

    Dans le sillage des bourdes récurrentes de la politique française en Afrique et tout récemment de cette funeste action de barbouzerie relative à l’exfiltration d’une algéro-française dans laquelle sont impliqués deux ambassadeurs et un colonel des ‘‘services’’ français mettant l’Algérie et la Tunisie dans une situation de conflit avec le gouvernement français, le Président français E. Macron – à la veille d’une tournée diplomatique en Afrique qualifiée de cruciale – a cru bon, mais sur le tard, s’expliquer d’une façon pour le moins ambiguë.

    Explication et banalisation de l’acte d’exfiltration

    Selon lui, « Il y a une polémique sur le retour en France d’une franco-algérienne depuis la Tunisie avec beaucoup de choses qui ont été racontées et un discours qui s’est construit. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que ce qu’on fait depuis des années avec l’Algérie ne réussisse pas … je vais continuer. Ce n’est pas le premier coup de grisou. J’en ai déjà eu » (victime de sa doxa ?). En se gardant d’identifier clairement ceux qui sapent le travail, il dit compter « sur l’amitié et l’engagement du président Abdelmadjid Tebboune pour aller de l’avant ».

    « Polémique » « racontées » « s’est construit » « coup de grisou » ne sont pas les termes adéquats pour qualifier une exfiltration par des méthodes de barbouzes ! Il s’agit d’une grave action que condamne le droit international qu’un pays dit des « droits de l’homme » ne doit jamais laisser passer par seulement des commentaires équivoques, car il est question d’une atteinte à l’intégrité et à la souveraineté de deux pays voisins avec lesquels la France est liée par des relations dans plusieurs domaines.

    M. Macron semble banaliser l’acte abject d’exfiltration ! À notre sens, cela s’apparente à un enfumage pour surpasser le sentiment de honte surtout que sa tournée en Afrique a pour objectif de convaincre de sa « nouvelle relation » avec le continent après avoir exposé, depuis Paris, sa « stratégie africaine pour les quatre ans à venir ». Avec plus de 80 ans de néocolonialisme, de pillage, d’ingérence et de coups d’État, il lui sera difficile de regagner une quelconque confiance suite à cette salauderie qui ne peut être exécutée sans l’approbation des hautes autorités de l’État français ! Que peut donc bien faire le président algérien face à un acte agressif que l’opinion algérienne (et tunisienne) n’admettra jamais. Deux pays respectueux qui n’ont jamais provoqué la France.

    Le moindre reflexe positif, devant ce genre de bévue, aurait été, au moins, de prendre des sanctions et d’instruire les médias publics (en particulier visuels) à dire la vérité au lieu de les instrumentaliser pour encore fustiger ces deux pays victimes en faisant défiler sur les plateaux de leur TV des « opposants aux régimes » espérant faire admettre la validité et la licéité de leurs agissements condamnables par le droit et la morale !

    Deux pantins ‘requis’ à charge contre deux pays

    C’est ainsi que l’on a vu, Mme Bouraoui ressortissante algérienne, gynécologue travestie en politicarde d’occasion – l’exfiltrée depuis la Tunisie alors que sa présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne – devenir l’invitée privilégiée, pour déverser ses insanités sur l’Algérie, ses gouvernants et ses institutions après avoir été présentée comme opposante au « régime », activiste lors du hirak avec son organisation « barakat » (ça suffit) prônant le « regime change » dans le cadre de la stratégie ‘‘printaniste’’ !

    Mme Bouraoui n’a fait en fait que confirmer sa soumission au service des intérêts français ; qu’elle est leur produit « grillé », elle, la ‘patriote’ qui ne cessait de vociférer avec ses ouailles de « barakat », lors des multiples pseudos hirak, des slogans révolutionnaires pour le bien du peuple et surtout pour imposer « phase de transition » inconstitutionnelle suggérée depuis l’étranger ! Citoyenne Algérienne bien publicisée par la presse mainstream française lorsqu’elle faisait de la subversion lors du hirak, elle devient subitement citoyenne française après son exfiltration !

    L’autre invité choisi, pour cette occasion, est Moncef Marzouki l’ex chef d’État de Tunisie désigné, un ami des ‘‘frères musulmans’’, surnommé le « tartour » (pantin) par les Tunisiens. Son intervention était de charger le président élu Kaïs Saïed le qualifiant de « putschiste », d’être responsable d’un « ensemble de catastrophes politiques, économiques, et diplomatiques », de couper la Tunisie de « son milieu africain », d’avoir créé un « division entre Tunis et Rabat », d’avoir ramené la Tunisie « trente ans en arrière ». On retient entre autres de ses livres, « On gagne…ou on gagne. Pour un printemps arabe ».

    Son hostilité à l’Algérie est bien visible par ses positions pro makhzen sur la fermeture des frontières et le blocage par l’Algérie de « l’Union Maghrébine ».


    Dans son article intitulé « Sale temps pour le Tartour de Tunis », le professeur Bensaada met à nu ses errances politiques sulfureuses. Dans sa conclusion, il le qualifie de « Droitdelhommiste dévoyé, politicard raté, va-t-en-guerre invétéré, ‘‘islamawiste’’ haineux, ce Don Quichotte en burnous a fini par se battre contre les moulins de son propre pays. Va-t-il finalement en tirer des leçons et s’évaporer dans la nature pour ne plus continuer à polluer tout ce qu’il touche ? »

    Rappelons qu’à la parution du livre du professeur Bensaada « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? », les premiers à avoir réagi de manière violente et sordide est l’organisation islamiste ‘‘Rachad’’ qui produit précipitamment un livre collectif, en réponse, préfacé par… Moncef Marzouki.

    Au-delà de ces deux ‘‘invités’’ : une France inhibée !

    Au-delà des deux ‘‘invités’’, cette action française viole délibérément les règles et usages des relations internationales au détriment d’États souverains. Les planificateurs de cet acte n’ont cure des conséquences prévisibles sur les relations avec l’Algérie, la Tunisie, au même moment où le Président Macron s’évertue à convaincre des pays africains à rester dans l’espace, économique, politique et culturel français en vertu de sa « « nouvelle relation » avec l’Afrique qui est annoncée plus équilibrée et respectueuse des États. Cette grave méprise constitue la preuve éclatante de sa non crédibilité, malgré tous les narratifs et rhétoriques qu’il pourrait leur débiter !

    La France officielle, embastillée dans son arrogance et sa mentalité néocoloniale ne pourra être digne de confiance en restant figée dans les mêmes travers et systèmes de pensées malsains qui ont prévalu durant la colonisation puis le néocolonialisme qui persistent encore sous des formes et concepts plus sournois.

    A voir le tête-à-tête entre les Présidents F. Tshisekedi et E. Macron face à la presse, on s’aperçoit que le fossé est encore assez large pour espérer des relations de confiances et équilibrées (écouter à partir de 2.24.50, jusqu’à 2.46.00).

    La France gagnerait bien plus en confiance et en crédibilité si ses dirigeants défendaient les intérêts de la France au lieu de ceux des USA au détriment des siens !

    Quand les africains voient cette France devenir depuis quelques années une dépendance américaine, voire un faire-valoir, il n’est pas étonnant qu’ils répondent au moins par l’inconsidération.

    Un twitternaute a jugé qu’avec les propos « la France n’a plus de pré carré en Afrique », il aurait pu rajouter « puisque nous sommes dans le pré carré américain ».

    Spéculer sur le fait que de simples annonces flatteuses telles « l’ère de la Françafrique est révolue », « la France interlocuteur neutre » sur le continent, « adoption d’une posture de modestie et d’écoute », « cogestion des bases militaires » suffisent à inverser le sentiment de haine et de rejet des africains à l’égard des anciens colonisateurs puis néo-colonisateurs, c’est soit se bercer d’illusions soit prendre encore les africains pour des idiots ! Les Africains fondent dorénavant leurs opinions sur la réalité. Ils savent mieux que quiconque ce qu’ont été les anciennes puissances coloniales, leur néocolonialisme actuel, leurs ingérences et manigances. Ils savent choisir leurs partenaires et distinguer le bon grain de l’ivraie ! Ce n’est pas le discours thuriféraire de Macron qui fera de la Russie et la Chine des diables et de la France un ange ! Le fait même de se déplacer en Afrique pour leur réitérer, avec culot, des boniments éculés en croyant toujours les convaincre est déjà une attitude arrogante.

    Les réactions hostiles à cette visite viennent essentiellement de France ! « L’arrogance de Macron est la meilleure chose qui soit arrivée à l’Afrique francophone, depuis les indépendances », a lancé un twitternaute.

    « Qui le croit ? » se demande François Asselineau. « Avec arrogance et n’écoutant personne, Macron annonce que sa « stratégie pour l’Afrique » consiste à « adopter une posture plus claire… de modestie et d’écoute ». C’est aussi crédible que Palmade fustigeant les chauffards et s’indignant des ravages de la drogue ».

    Pour Florian Philippot « La tournée de Macron en Afrique est jugée par Florian Philippot de calamiteuse… des choix curieux… et une stratégie étrange…il multiple les gaffes… il est rabroué et humilié en permanence … (surtout en RDC) ». Selon lui « Macron est bien là pour détruire la France et ses intérêts ! Arrêtons-le d’urgence ! ». Il s’adresse aux africains « ne réduisez la France à Macron ».

    D’autres ont vu dans les propos de Macron autre chose : « Macron veut dire, nous avons besoin des pays africains et des DOM-TOM pour continuer à leur prendre leurs richesses naturelles comme le gaz, pétrole, et les minerais précieux… »

    Selon un média africain, les jeunes (Africains), contestent carrément la présence de la France dans leur pays ! « Pour la jeunesse africaine consciente, il ne s’agit ni de réduire les effectifs militaires français ni de cogérer les bases militaires, mais de les fermer purement et simplement et d’envoyer les soldats français en Ukraine dont la population a plus de ressemblance que les Noirs avec celle de France, de demander pardon et de verser des réparations aux descendants d’esclaves d’Afrique pour l’esclavage (4 siècles), la colonisation et le néocolonialisme subis par les Noirs. » (Jean-Claude Djereke, in Cameroon Voice)

    @cinkanse57

    ♬ son original – Cinkanse57
    https://www.tiktok.com/embed.js

    Une gabonaise face aux présidents Français et Gabonais leur fait cette proposition :« les chefs d’états et de gouvernements c’est à vous et à nous de protéger notre foret ; on ne va pas attendre les occidentaux pour venir le faire »

    Lavrov n’a pas manqué aussi de donner son avis en déclarant « La voix solidaire de l’Afrique dans les affaires mondiales sonne de plus en plus juste, et nous nous félicitons du processus d’émancipation globale des pays du continent. Cela est observable dans le rétrécissement de la sphère d’influence néocoloniale de la France en Afrique centrale et occidentale, ce qui provoque une réaction plutôt nerveuse à Paris ».

    Conclusion


    Il est clair que la France a perdu considérablement de son influence en Afrique devant la concurrence russe et chinoise et aussi turque. La tournée de Macron est d’essayer de rétablir cette influence perdue, mais que l’arrogance et les tartuferies françaises empêchent de percevoir. La France est bien dans le cas des « Caractères » que décrit La Bruyère « A quelques-uns l’arrogance tient lieu de grandeur; l’inhumanité de fermeté; et la fourberie, d’esprit. ».

    Les bonimenteurs manipulent par des discours élogieux pour mieux abrutir et mobiliser. De belles formules et d’habiles manipulations – usant parfois de ce que l’on appelle la psychologie inversée – destinées à cacher les véritables objectifs en particulier celui de la subordination des États !

    Pour ce faire, ils usent de tous les moyens de propagande que mènent des organisations manipulatrices dites « non-gouvernementales » en y mettant les moyens financiers nécessaires pour corrompre. Selon Wikipédia, l’ancien directeur de la CIA, William Colby, déclarait en 1982, dans le Washington Post, à propos du programme de la NED : « Il n’est pas nécessaire de faire appel à des méthodes clandestines. Nombre des programmes qui […] étaient menés en sous-main, peuvent désormais l’être au grand jour, et par voie de conséquence, sans controverse ». En 1991, un des fondateurs de la NED, Allen Weinstein, expliquait au Washington Post que « bien des choses qu’ils [à la NED] faisaient maintenant étaient faites clandestinement par la CIA 25 ans auparavant ».

    Ces ONG bénéficient de financements américains, votés par le Congrès, par le biais de la NED (National Endowment for Democracy), l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), et la Freedom House (FH). D’autres sont financés par des capitaux privés comme l’Open Society Institute (OSI), fondation de George Soros, et également de multinationales américaines, telles que Chevron, Coca-Cola, Goldman Sachs, Google, Microsoft, etc., ainsi que d’institutions publiques comme la Chambre de commerce des États-Unis. Tous ces organismes sont impliqués dans les « révolutions colorées » que décrit le Dr Ahmed Bensaada dans son « Arabesque$: Enquête sur le rôle des USA dans les révoltes arabes ».

    Bien que la France en soit elle-même victime des pressions américaines par le biais de ces « ONG », elle trouve le culot d’user, médiocrement, des mêmes méthodes pour imposer sa politique nuisible en Afrique. Cependant, ses réseaux pour « exporter » sa « démocratie », ses « droits de l’homme » et ses « libertés » ne sont pas assez élaborés que ceux des USA, eux-mêmes non-consistant et en perte de vitesse.

    – La France officielle doit, à notre sens, se débarrasser de ses psychoses qui l’empêchent de discerner le réel de l’irréel, la réflexion de l’émotionnel ; se dégager de sa vision chauvine et manichéenne dans sa politique extérieure globale et africaine en particulier ; sortir de ses rêveries et de son complexe de supériorité paralysant ; rompre avec ses mensonges, manipulations et propagande que sa presse aux ordres perroquetant leurs maitres ; revenir à l’ordre international basé sur le droit international onusien et non un ordre basé sur les « règles » qu’édictent les États-Unis. Il faut aussi qu’elle soit sincère, rationnelle dans ses actions tout en s’abstenant de s’ingérer dans les affaires, d’autres États, qui ne la regardent pas ; apprendre à vivre dans les limites de ses propres moyens et non au-dessus en accaparant indûment les richesses de certains pays.

    – Les Africains ne sont plus ceux que la doxa occidentale assimile encore à leurs parents, grands-parents. Sa jeunesse est plus instruite, consciente, opiniâtre et résistante. Cette jeunesse doit se prendre en main en contribuant au développement de leur pays, de leur Afrique, au lieu de s’aventurer dangereusement à s’exiler clandestinement vers une Europe qui n’est pas celle qu’elle croit. Elle ne doit surtout pas se laisser berner par ceux qui ont vendu leur âme au diable en optant pour la félonie afin d’espérer obtenir des avantages au goût malsain et qui au final demeureront indignes et infâmes, même pour leurs maîtres/employeurs ! Certains dirigeants africains doivent, de leur côté, redoubler d’efforts et de courage pour protéger mordicus les intérêts de leur pays. L’aisance et la sécurité, même à minima, se trouve chez soi. Comme on dit en Algérie (ou Maghreb) « orge de mon pays vaut mieux que blé étranger ». L’Europe ce n’est pas le « paradis », c’est la mer à boire pour les africains !

    A. D.

    #France #Afrique #Macron #Françafrique

  • La misión de Macron para contrarrestar a Rusia en África

    Tags : Francia, Africa, Emmanuel Macron, Gabón, Angola, Congo, Rusia, China, Wagner, India,

    Libreville, Luanda, Brazzaville, Kinshasa – El presidente de Francia, Emmanuel Macron, se encuentra en una gira relámpago por las capitales africanas mientras intenta alejar la política francesa en el continente de la participación militar.

    Difícilmente se le puede acusar de ignorar África -este es su viaje presidencial número 18-, pero esto llega en un momento de competencia cada vez mayor de China y Rusia, y un resentimiento creciente por los estrechos lazos económicos entre Francia y su antigua colonia, que algunos ven como una forma de explotación continua.

    E insiste en que volverá, una y otra vez, a un continente que considera un socio crucial para Europa a la hora de abordar los principales problemas mundiales en las próximas décadas.

    Aunque Ucrania inevitablemente domina la agenda diplomática internacional, Macron cree que París y Bruselas no pueden darse el lujo de descuidar a África. Presenta desafíos y enormes oportunidades de desarrollo, con un dinamismo juvenil que, argumenta, contribuirá enormemente al crecimiento futuro de Europa.

    El presidente de Francia también es muy consciente de cómo otras naciones buscan extender su propia influencia al sur del Sahara.

    Rusia, con la esperanza de recuperar la influencia que había perdido desde las décadas de la Guerra Fría, está ofreciendo apoyo de seguridad a los gobiernos que se sienten amenazados o aislados de la corriente principal internacional: mercenarios del contratista militar Wagner, vinculado al Kremlin, ahora están operando en Malí y el Centro. República Africana, donde han sido acusados ​​de abusos contra los derechos humanos.

    China es un financiador y constructor masivo de infraestructura, aunque en términos que Macron teme que puedan atrapar a algunos países en una crisis de deuda. Turquía e India también son cada vez más activas.

    Y en toda la región, el sentimiento anti-francés popular se ve avivado por mensajes animados en las redes sociales para los que París hasta ahora no ha encontrado una respuesta efectiva.

    En un largo discurso el lunes por la noche, para preparar el terreno para su última gira, el presidente reafirmó su propia estrategia para mantener el papel de Francia en este escenario cada vez más competitivo. Era un mensaje dirigido tanto a los africanos como a su propia audiencia nacional.

    No cree que los franceses deban tratar de igualar el esfuerzo de seguridad ruso al volver a expandir su propia presencia militar para igualar lo que ofrece Moscú.

    En cualquier caso, esa difícilmente sería una opción cuando París se ha visto obligada a retirar sus tropas de Malí y Burkina Faso, donde las juntas militares ahora a cargo buscan distanciarse de la antigua potencia colonial en ambos países.

    En cambio, pretende reorientar el apoyo francés para centrarse más en el entrenamiento y el respaldo técnico para las fuerzas armadas africanas, con un número de tropas reducido y programas de colaboración militar adaptados a las solicitudes específicas de países individuales.

    Y esta semana, Macron llevó esa política un paso más allá al anunciar que las bases francesas restantes en África, en Senegal, Costa de Marfil y Gabón, ahora serían coadministradas y compartidas con las fuerzas de las naciones anfitrionas, e incluso estarían disponibles para dar la bienvenida. otros socios externos si esos gobiernos así lo deseaban. Solo la base en Djibouti, estratégicamente ubicada en la desembocadura del Mar Rojo, seguirá siendo exclusivamente francesa.

    Señaló que la base en Abiyán, Costa de Marfil, está bien posicionada para entrenar tropas de varios estados de África occidental que ahora colaboran en los esfuerzos para evitar que los grupos yihadistas en el Sahel avancen hacia el sur, hacia la costa.

    Pero también está ansioso por buscar la diversificación del compromiso francés en un ámbito mucho más amplio, que abarque la cultura, la historia, la inmigración, el comercio, el desarrollo e incluso la reforma del franco CFA, una moneda utilizada por 14 países y vinculada al euro bajo una garantía. proporcionada por París.

    Existe una creciente oposición al uso de esta moneda, que algunos ven como una forma de neocolonialismo, aunque sus partidarios dicen que ayuda a garantizar la estabilidad financiera.

    Macron lanzó por primera vez este enfoque en un discurso africano de alto perfil en noviembre de 2017, frente a una audiencia de estudiantes en una sala de conferencias en la Universidad de Ouagadougou en Burkina Faso.

    Y lo ha perseguido durante los últimos cinco años, en un esfuerzo por transformar las percepciones de ambos lados.

    Los gobiernos anteriores en París, particularmente en la década de 1990, ya habían tratado de alejarse de la antigua red de conexiones especiales mutuamente complacientes entre las élites africanas y francesas encapsuladas en el término « Françafrique », cambiando en cambio hacia un mayor apoyo a la democracia y el desarrollo de base.

    Sin embargo, Macron ha ido más allá al confrontar los episodios dolorosos y a veces vergonzosos del pasado, encargando a los historiadores que produzcan informes implacables en su examen del historial de Francia en la guerra por la independencia de Argelia y los acontecimientos que rodearon el genocidio de Ruanda de 1994.

    Un programa de devolución de tesoros saqueados durante la era colonial ya ha visto el regreso a casa de una espada totémica senegalesa y parte de un trono real malgache, mientras que los artefactos saqueados del reino de Dahomey han sido devueltos a Benin y se han hecho arreglos para el el regreso de un icónico tambor marfileño.

    Paralelamente a este esfuerzo de reconciliación sobre la historia pasada, Macron ha estado buscando profundizar las conexiones culturales y el intercambio de ideas de hoy. Ha anunciado planes para promover el entrenamiento deportivo y facilitar el acceso a visas para que los africanos realicen estudios de posgrado en Francia.

    Sin embargo, el impacto público de estas iniciativas, particularmente a los ojos de la opinión pública africana, se ha perdido en gran medida durante los años en que la dimensión más destacada del compromiso francés ha sido la lucha militar contra los grupos militantes en el Sahel.

    La creciente controversia llegó a rodear las operaciones de la fuerza francesa Barkhane, finalmente retirada de Malí en agosto del año pasado. Esto ha alimentado un resurgimiento del nacionalismo populista en algunos países y un resentimiento más generalizado hacia Francia en la mayor parte de África occidental y central francófona, particularmente entre los jóvenes urbanos.

    Después de haber instigado un cambio hacia un enfoque militar de perfil más bajo y más colaborativo, Macron está tratando de utilizar la gira por cuatro países de esta semana para revitalizar esta agenda más amplia de reforma y cambio.

    Pero incluso este viaje estará plagado de complicaciones políticas familiares.

    Ha habido manifestaciones anti-francesas en la República Democrática del Congo antes de su visita. Además, los opositores al presidente de Gabón, Ali Bongo Ondimba, y al presidente de la República Democrática del Congo, Félix Tshisekedi, se han quejado de que la visita de Macron podría interpretarse como una interferencia para reforzar la imagen de estos gobernantes en ejercicio en lo que es un año electoral para ambos países.

    Fuente

    #Francia #Africa #Macron #Gabón #Congo #Angola #Rusia #Wagner #Chine #India

  • La mission de Macron pour contrer la Russie en Afrique

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Emmanuel Macron, Gabon, Congo, Angola, Russie, Wagner, Chine,

    Libreville, Luanda, Brazzaville, Kinshasa – Le président français Emmanuel Macron effectue une tournée éclair des capitales africaines alors qu’il tente de détourner la politique française sur le continent de l’implication militaire.

    On peut difficilement lui reprocher d’ignorer l’Afrique – il s’agit de son 18e voyage présidentiel – mais cela intervient à un moment de concurrence toujours plus forte de la Chine et de la Russie, et de ressentiment croissant à l’égard des liens économiques étroits entre la France et son ancien empire colonial, que certains voient comme une forme d’exploitation continue.

    Et il insiste sur le fait qu’il reviendra encore et encore sur un continent qu’il considère comme un partenaire crucial pour l’Europe dans la résolution des grands problèmes mondiaux des décennies à venir.

    Bien que l’Ukraine domine inévitablement l’agenda diplomatique international, M. Macron estime que Paris et Bruxelles ne peuvent se permettre de négliger l’Afrique. Elle présente des défis et d’énormes opportunités de développement, avec un dynamisme juvénile qui, selon lui, contribuera énormément à la croissance future de l’Europe.

    Le président français est également parfaitement conscient de la façon dont d’autres nations cherchent à étendre leur propre influence au sud du Sahara.

    La Russie, dans l’espoir de reconstruire l’influence qu’elle avait perdue depuis les décennies de guerre froide, offre un soutien en matière de sécurité aux gouvernements qui se sentent menacés ou isolés du courant international : des mercenaires de l’entrepreneur militaire lié au Kremlin, Wagner, opèrent désormais au Mali et en République Centrafricaine, où ils ont été accusés d’atteintes aux droits humains.

    La Chine est un important bailleur de fonds et constructeur d’infrastructures, bien qu’à des conditions qui, selon M. Macron, pourraient piéger certains pays dans une crise de la dette. La Turquie et l’Inde sont également de plus en plus actives.

    Et dans toute la région, le sentiment anti-français populaire est attisé par des messages animés sur les réseaux sociaux auxquels Paris n’a jusqu’à présent trouvé aucune réponse efficace.

    Dans un long discours lundi soir, pour préparer le terrain pour sa dernière tournée, le président a réaffirmé sa propre stratégie pour maintenir un rôle pour la France dans cette arène de plus en plus compétitive. C’était un message adressé à la fois aux Africains et à son propre public national.

    Il ne pense pas que les Français devraient essayer d’égaler l’effort de sécurité russe en réétendant leur propre présence militaire pour correspondre à ce que Moscou offre.

    En tout cas, ce ne serait guère une option alors que Paris a été contraint de retirer ses troupes du Mali et du Burkina Faso, où les juntes militaires désormais en charge cherchent à se distancer de l’ancienne puissance coloniale dans les deux pays.

    Au lieu de cela, il vise à réorienter le soutien français pour se concentrer davantage sur la formation et le soutien technique des forces armées africaines, avec des effectifs réduits et des programmes de collaboration militaire adaptés aux demandes spécifiques de chaque pays.

    Et cette semaine, M. Macron est allé plus loin dans cette politique en annonçant que les bases françaises restantes en Afrique – au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Gabon – seraient désormais cogérées et partagées avec les forces des pays hôtes, et même disponibles pour accueillir d’autres partenaires extérieurs si ces gouvernements le souhaitaient. Seule la base de Djibouti, stratégiquement située à l’embouchure de la mer Rouge restera exclusivement française.

    Il a souligné que la base d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, est bien placée pour entraîner les troupes des différents États d’Afrique de l’Ouest qui collaborent désormais aux efforts visant à empêcher les groupes djihadistes du Sahel de pousser vers le sud en direction de la côte.

    Mais il est aussi soucieux de poursuivre la diversification de l’engagement français sur un canevas beaucoup plus large, touchant la culture, l’histoire, l’immigration, le commerce, le développement ou encore la réforme du franc CFA – une monnaie utilisée par 14 pays et arrimée à l’euro sous garantie. fourni par Paris.

    Il y a une opposition croissante à l’utilisation de cette monnaie, que certains considèrent comme une forme de néo-colonialisme, même si ses partisans disent qu’elle contribue à assurer la stabilité financière.

    M. Macron a lancé cette approche pour la première fois dans un discours très médiatisé sur l’Afrique en novembre 2017, devant un public d’étudiants dans un amphithéâtre de l’Université de Ouagadougou au Burkina Faso.

    Et il l’a poursuivi au cours des cinq dernières années, dans le but de transformer les perceptions des deux côtés.

    Les gouvernements précédents à Paris, en particulier dans les années 1990, avaient déjà cherché à s’éloigner de l’ancien réseau de relations spéciales acquises mutuellement complaisantes entre les élites africaines et françaises résumées dans le terme « Françafrique », se déplaçant plutôt vers un soutien plus fort à la démocratie et au développement à la base.

    Cependant, M. Macron est allé plus loin dans la confrontation des épisodes douloureux et parfois honteux du passé, en chargeant des historiens de produire des rapports sans ménagement dans leur examen du bilan de la France dans la guerre d’indépendance de l’Algérie et des événements entourant le génocide rwandais de 1994.

    Un programme de retour des trésors pillés à l’époque coloniale a déjà vu le retour d’une épée sénégalaise totémique et d’une partie d’un trône royal malgache, tandis que des objets pillés dans le royaume du Dahomey ont été renvoyés au Bénin et des dispositions ont été prises pour le retour d’un tambour ivoirien iconique.

    Parallèlement à cet effort de réconciliation avec l’histoire passée, M. Macron a cherché à approfondir les liens culturels et les échanges d’idées d’aujourd’hui. Il a annoncé des programmes pour promouvoir la formation sportive et faciliter l’accès aux visas pour les Africains pour poursuivre des études supérieures en France.

    Cependant, l’impact public de ces initiatives, en particulier aux yeux de l’opinion publique africaine, a été largement perdu au cours des années où la dimension la plus importante de l’engagement français a été la lutte militaire contre les groupes militants au Sahel.

    Une polémique croissante est venue entourer les opérations de la force française Barkhane, finalement retirée du Mali en août dernier. Cela a alimenté une recrudescence du nationalisme populiste dans certains pays et un ressentiment plus généralisé à l’égard de la France dans la majeure partie de l’Afrique occidentale et centrale francophone, en particulier parmi les jeunes urbains.

    Après avoir initié un changement vers une approche militaire plus discrète et plus collaborative, M. Macron tente d’utiliser la tournée de quatre pays de cette semaine pour revigorer ce programme plus large de réforme et de changement.

    Mais même ce voyage sera assailli par des complications politiques familières.

    Des manifestations anti-françaises ont eu lieu en République démocratique du Congo avant sa visite. En outre, les opposants au président gabonais Ali Bongo Ondimba et au président congolais Félix Tshisekedi se sont plaints que la visite de M. Macron pourrait être interprétée comme une ingérence visant à renforcer l’image de ces dirigeants en place en cette année électorale pour les deux pays.

    Source

    #France #Afrique #Françafrique #Gabon #Congo #Angola #Russie #Wagner #Chine #Macron

  • Sahel-Algérie : Confidences d’un responsable français

    Tags : France, Maroc, Algérie, Mali, Sahel, République Centrafricaine, Soudan, Nigeria, Guinéa-Bissau, Congo, Guinée Equatoriale, Sommet France-Afrique,

    Le 9 septembre, le MAE marocain, accompagné du Directeur des affaires africaines rencontrent à Paris Hélène Le Gal et M. Baillard, du département africain au Quai d’Orsay. Dans le compte-rendu de cette réunion :

    L’appréciation des autorités françaises du rôle joué par le Maroc au Sahel

    Voir l’article

    – Les responsables français ont tenu à exprimer leur reconnaissance au Maroc d’avoir soutenu la France dans le cadre de l’opération Serval au Mali. Ils ont fait part de leur conviction sur la profondeur historique, culturel et stratégique du Maroc au Sahel et en Afrique et de leur condamnation des manoeuvres visant à exclure notre pays des questions sahéliennes.

    – La partie française a également manifesté ses inquiétudes par rapport à l’évolution de la situation dans cette région. Les éléments d’appréciation dont elle dispose font état d’un déplacement de la menace au Sud de la Libye au Soudan et au Niger.

    – A cet égard, les responsables français ont fait part de la nécessité de trouver un cadre de coopération qui englobe l’ensemble des pays concernés, y compris le Maroc et l’Algérie. Ils ont marqué leur intérêt quant à l’éventualité de l’élargissement de la CENSAD à l’Algerie. Le cadre 5+5 élargi aux pays du Sahel pourrait aussi présenter un intérêt, même s’il est informel.

    – M. Beillard a souhaité voir le Maroc jouer un rôle stabilisateur dans la région sahélienne sur le plan religieux. Il a indiqué que la France accorde un intérêt particulier à la profondeur soufie du Maroc qui pourrait constituer un contrepoids essentiel aux mouvances islamistes extrémistes dans la région.

    La situation au Sahel et en Afrique Centrale

    – Sur la situation au Mali, les responsables français ont exprimé leur satisfaction quant aux déroulements des élections présidentielles. M. Beillard a fait savoir que la France continuera de rester vigilante sur la question du Mali en maintenant une présence militaire (1000 soldats) et en suivant de près la question de la réconciliation nationale.

    Beillard a estimé que le nouveau Président malien entretient de bonnes relations avec l’Algérie. Il s’est interrogé sur l’orientation du nouveau Ministre des Affaires Etrangères en soulignant que pour la France il s’agira pour le gouvernement malien de faire preuve d’équilibre.

    Tout en faisant part du jeu trouble de l’Algérie au Mali et au Sahel (la question touareg, ses relations avec Ansar Dine et avec le Capitaine Sanogo devenu Géneral depuis ), M. Beillard a marqué son inquiétude sur le rôle que jouera l’Algérie notamment après les prochaines élections présidentielles.

    – La situation en République Centre-Africaine a également été abordée. M. Beillard a indiqué que la France ne souhaite pas être en première ligne mais compte plutôt interpeller ses partenaires européens et au Conseil de Sécurité sur la situation « dramatique et dangereuse » dans ce pays, qui peut avoir un impact régional.

    Tout en se félicitant de la décision de l’UA d’envoyer des troupes en RCA, M. Beillard a souligné que la France est en consultation avec les Etats Unis d’Amérique pour examiner la possibilité d’aider au déploiement des troupes africaines. Une nouvelle résolution sera soumise au Conseil de Sécurité pour soutenir l’UA et la Communauté des Etats de l’Afrique Centrale.

    – Le responsable français a également marqué les inquiétudes de la France au sujet de la situation au Soudan. Tout en soulignant la déception des pays occidentaux, notamment des Etats Unis, par rapport au Soudan du Sud, M. Beillard a fait état d’un rapprochement dangereux entre le Président soudanais, l’Iran et le Hamas ce qui suscite le mécontentement de l’Arabie Saoudite. Il a également fait état d’incursion israélienne dans le territoire soudanais pour stopper la livraison d’armes au Hamas.

    La situation en Afrique de l’Ouest et en Golfe de Guinée

    – Les responsables français ont fait savoir que la piraterie dans le golfe de guinée, d’où proviennent la majorité des importations pétrolières de la France, constitue également une source de préoccupation. La France y a relevé une augmentation considérable des actes de la piraterie en off shore, estime que l’UE pourrait aider les pays africains à lutter contre ce fléau.

    – Tout en remerciant le Maroc pour l’aide apportée aux autorités gabonaises en matière de Sécurité, les responsables français ont indiqué que la France ne souhaite pas être en première ligne mais estime nécessaire de sensibiliser les pays de la région, notamment le Nigéria qui dispose d’une marine efficace, sur les dangers de la piraterie.

    – S’agissant de la Guinée Bissau, M. Beillard a indiqué que la France encourage le gouvernement de la Guinée Bissau à plus de transparence et à l’organisation d’élections. Il a confié la réticence du Portugal et de l’Angola de voir une grande implication française dans ce pays. Il a estimé que la situation pourrait évoluer positivement notamment à travers l’implication de la CEDEAO et de la Communauté des pays lusophones.

    – Mme. Le Gal a pour sa part fait savoir que les procédures judicaires dans le cadre des affaires « dites de bien mal acquis » vont suivre leurs cours. Elle a indiqué que le Président français a expressément interdit toute intervention de l’exécutif dans la justice. Mme Le Gal a ajouté que seule la Guinée Equatoriale continue d’effectuer des démarches en France à ce sujet.

    La région des grands Lacs

    – M. Beillard a estimé que la situation dans la région des Grands Lacs évolue positivement. Il a indiqué que la résolution 2098 marque l’émergence d’une nouvelle doctrine au sein des OMP en autorisant le déploiement d’une force musclé. Il a souligné que les efforts se poursuivent avec l’ensemble des acteurs de la région pour substituer le pillage de la RDC à une nouvelle forme de coopération permettant l’exportation des biens à travers l’océan indien au profit de tous les pays de la région.

    – Le responsable français a fait savoir que le Rwanda a oeuvré pour faire échouer ce processus. Les Etats Unis d’Amérique et la Grande Bretagne ont marqué leur mécontentement au sujet des agissements du Rwanda et du M23. Il a indiqué qu’au sein de l’administration américaine seule Mme Susan Rice continue de soutenir ce pays.

    Source :

    #France #Maroc #Algérie #Mali #Sahel #Sahara_Occidental #Union_Africaine

  • Macron au Congo : Faire des droits humains une priorité

    Tags : France, Congo, RDC, Emmanuel Macron, droits de l’homme, HRW,

    Les présidents français et congolais devraient s’entretenir sur les élections à venir, la violence dans l’est du pays et la justice

    Le président congolais Félix Tshisekedi et le président français Emmanuel Macron devraient discuter, à l’occasion de la visite de ce dernier le 4 mars prochain à Kinshasa, des enjeux urgents en matière de droits humains en République démocratique du Congo, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch. Les discussions prévues devraient inclure la garantie que les élections de décembre soient libres, équitables et transparentes, la protection des civils dans les zones touchées par les conflits, et la poursuite en justice des auteurs de violations.

    La situation des droits humains en RD Congo demeure alarmante. Les conflits internes, la corruption et la mauvaise gouvernance contribuent à la multiplication des abus, aux crises politiques et au déplacement interne de 5,8 millions de personnes.

    « Les présidents Tshisekedi et Macron devraient souligner la nécessité pour les prochaines élections en RD Congo de respecter les normes internationales », a déclaré Carine Kaneza Nantulya, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch. « Il s’agit notamment de garantir des conditions équitables pour tous les candidats, un dépouillement transparent des bulletins de vote et la publication rapide des résultats. »

    Au cours de la visite, les présidents Tshisekedi et Macron devraient s’engager à promouvoir le respect des droits humains et la justice en RD Congo, notamment afin que le gouvernement congolais mette fin à la répression des manifestants pacifiques, des militants et des journalistes, et demande des comptes aux responsables d’abus. Les récentes arrestations arbitraires et autres attaques visant à restreindre la liberté d’expression et l’espace civique suscitent des inquiétudes à l’approche des élections prévues en décembre, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où l’état de siège a déjà été invoqué pour museler les voix critiques.

    Emmanuel Macron, qui a indiqué, lors de son discours du 27 février sur le partenariat Afrique-France, sa volonté de dialoguer avec les organisations de la société civile africaine, devrait également s’entretenir avec des organisations congolaises, notamment celles qui jouent un rôle essentiel dans la promotion de l’intégrité des élections.

    Les élections de 2018 ont été entachées d’irrégularités généralisées, notamment la suppression de candidats et d’électeurs, et des résultats officiels peu crédibles.

    Le gouvernement congolais devrait également élaborer une stratégie claire afin de s’assurer que les personnes touchées par les conflits ne seront pas exclues du processus électoral, a préconisé Human Rights Watch. Il devrait s’appuyer pour cela sur les directives de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) relatives à l’accès à l’information et aux élections en Afrique, ainsi que sur celles de la Commission sur la liberté d’association et de réunion.

    Au cours des conflits armés internationalisés qui durent depuis des décennies et ont ravagé la RD Congo dès le début des années 1990, les forces armées congolaises et étrangères, ainsi que de nombreux groupes armés non étatiques, ont commis d’innombrables violations du droit international, notamment des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des violences fondées sur le genre.

    Le président Macron devrait exhorter son homologue congolais à soutenir la mise en place d’un processus de justice transitionnelle qui prioriserait l’établissement des responsabilités pénales pour les crimes graves passés et présents au regard du droit international. Ce processus devrait inclure un programme complet de réparations pour les victimes de crimes internationaux graves et leurs familles, y compris les victimes et survivants de violences sexuelles basées sur le genre, conformément au droit international, afin de les aider à reconstruire leurs vies.

    La visite d’Emmanuel Macron intervient alors que le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, a étendu son contrôle dans la province du Nord-Kivu et se rapproche de plus en plus de Goma, la capitale provinciale. Les rebelles du M23 continuent de commettre de graves abus contre les civils, notamment des exécutions sommaires et des recrutements forcés. Le gouvernement congolais a de nouveau eu recours à des groupes armés responsables d’abus afin de combattre l’offensive du M23, une stratégie qui pourrait conduire à la complicité de l’armée dans des exactions.

    La résurgence du M23 et la riposte de la RD Congo font courir un risque accru aux civils, les parties belligérantes faisant de plus en plus appel aux loyautés ethniques. Lors de leurs entrevues, les deux dirigeants devraient aborder la question de la protection des civils dans les zones où sévit le M23. Les combats actuels ont aggravé une situation humanitaire déjà catastrophique, contraignant 600 000 personnes supplémentaires à quitter leurs foyers dans la province du Nord-Kivu, et risquant de compromettre la crédibilité des élections dans la région.

    La visite d’Emmanuel Macron en Afrique – qui comprend également un passage au Gabon, en Angola et en République du Congo – est l’occasion pour le chef d’État français d’indiquer clairement que le déploiement militaire des forces de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) devrait respecter le droit humanitaire international dans l’est de la RD Congo et se concentrer sur la protection des civils. Le 19 décembre 2022, la France a « condamné le soutien que le Rwanda apporte au groupe M23 ». Emmanuel Macron devrait exprimer son soutien à une médiation axée sur le respect des droits, dans le cadre de laquelle l’Union africaine et les dirigeants de la région demanderaient au Rwanda de mettre fin à son soutien au M23.

    Le président français devrait également insister sur la nécessité d’un programme efficace de démobilisation de tous les groupes armés, que les autorités congolaises ne sont pas parvenues à mettre en place. Le rétablissement en février d’un représentant spécial de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs devrait être un outil supplémentaire pour l’UE, la France et d’autres États membres, afin de donner la priorité aux droits humains et à un programme de politique étrangère centré sur la protection des civils en RD Congo et ailleurs.

    La visite d’Emmanuel Macron se déroulera dans un contexte de montée du sentiment anti-français en Afrique, notamment dans la partie ouest-africaine du Sahel. Le mécontentement populaire, qui prend ses racines dans le passé colonial de la France, a récemment été exacerbé par la perception que le pays mène une politique de deux poids, deux mesures en Afrique, comme l’illustre le contraste entre la condamnation par Paris des coups d’État militaires perpétrés en Guinée, au Burkina Faso et au Mali, et son silence au sujet du changement anticonstitutionnel de gouvernement au Tchad.

    Le 27 février, Emmanuel Macron a annoncé que, pour « bâtir une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable » avec les pays africains, le gouvernement français se penchera sur le passé colonial de la France dans le cadre de plusieurs initiatives et mesures, dont l’adoption d’une nouvelle loi fixant les critères et la méthodologie pour la restitution de leur patrimoine aux anciennes colonies.

    « Emmanuel Macron devrait écouter et prendre en compte les appels lancés par les organisations de la société civile congolaise et les mouvements africains en faveur de réparations efficaces pour faire face à l’héritage de la colonisation », a déclaré Carine Kaneza Nantulya. « Les deux présidents devraient discuter de l’importance des réparations pour briser le cycle continu d’abus et d’impunité. »

    Source

    #France #Congo #Macron #HRW

  • Congo: la population partagée par la visite de Macron

    Tags : Congo, Brazzaville, France, Emmanuel Macron, Françafrique, Russie, Chine, Wagner,

    Brazzaville, la capitale congolaise, va constituer la quatrième et avant dernière étape de la visite du président français Emmanuel Macron en Afrique. Ce vendredi 3 mars, quelques heures seront consacrées à des entretiens en tête-à-tête avec Denis Sassou-Nguesso et il doit aussi rencontrer la communauté française installée au Congo. Son très bref séjour d’une durée de cinq heures divise la population.

    Avec notre correspondant à Brazzaville, Loïcia Martial

    Franck Charlin Aubin Tchibinda est un défenseur des droits de l’homme. Dans une tenue impeccable, il sort de son bureau où il vient de publier une déclaration avec ses collègues sur la visite du président Macron. Visiblement, il est mécontent : « Ca nous intrigue parce que la société civile n’aura pas l’occasion de discuter avec lui. On aurait bien souhaité qu’il dispose un peu de son précieux temps pour qu’il discute avec la société civile, parce que nous avons beaucoup de choses sur la table », regrette-t-il.

    « Je n’attends rien de lui »

    Le nez plongé dans son ordinateur Roch Mitho, un citoyen brazzavillois rumine sa colère : « Il passe la nuit ailleurs et une fois au Congo c’est pour quelques heures, il aurait dû passer sans même atterrir par l’aéroport de Brazzaville. Franchement, je suis déçu et je n’attends rien de lui », lâche-t-il.

    A quelques pas du ministère des finances, Alain Amboulou, enseignant, marche rapidement. Pour lui la venue d’Emmanuel Macron est un grand événement : « C’est une bonne chose, vu le contexte actuel : la Russie prend de l’influence sur Afrique. La France doit aussi prendre sa place parce que nous avons quand même une histoire commune. Pour moi la venue du président Macron est une bonne chose. Nous l’attendons à bras ouverts », affirme-t-il.

    La dernière visite remonte à 2009

    La dernière visite d’un chef d’État français au Congo remonte à 2009. Le président Nicolas Sarkozy était venu signer une série d’accords, dont la concession du port de Pointe-Noire à Vincent Bolloré.

    Source

    #France #Macron #Congo #Françafrique

  • Au Gabon, le sentiment anti-français ne se cache plus -vidéo-

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Gabon, Congo, Angola, Françafrique, Total Energies,

    Le président Macron s’est rendu hier au Gabon comme première escale de son périple africain. L’Angola, le Congo et la RDC sont les autres destinations de Macron lors de ce déplacement en Afrique centrale.

    Jeudi, le président français a participé à « One Summit Forest », un sommet environnementaliste sur la préservation des forêts du bassin Congo. La France est accusée, elle-même, de polluer et surexploiter ces forêts, par les activités pétrolières de Total, les mines d’uranium contrôlées par les entreprises françaises et aussi pour le monopole des acteurs français dans l’industrie du bois de cette région.

    Informés à propos de ces malfaisances françaises dans leur pays, les Gabonais ont commencé, depuis quelques semaines, une campagne massive pour demander la suspension de cette visite.

    Le ressentiment anti-français s’enflamme aussi sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook. La population locale ne cache plus sa critique contre les politiques d’ingérence de l’Elysée dans la région de l’Afrique centrale.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=ISyXlVCSuUw&w=560&h=315] [youtube https://www.youtube.com/watch?v=v-Xs9kqHSAQ&w=560&h=315]

    #France #Macron #Gabon #Françafrique #Congo #Angola #Total

  • Gabon: Macron suspecté de vouloir soutenir le régime de Bongo

    Tags : France, Afrique, Emmanuel Macron, Gabon, Congo, Angola, Mali, Burkina Faso, Russie, Chine, Wagner,

    Afrique : Macron en tournée pour contrer l’expansion russe

    L’objectif du voyage du président est de réaffirmer la présence française dans une zone déjà influencée par d’autres puissances

    Le président français Emmanuel Macron, parti hier pour un voyage en Afrique centrale qui le conduira au Gabon, en Angola, en République du Congo et en République démocratique du Congo (RDC) jusqu’au 5 mars, premier geste concret après la fin de l’opération Barkhane pour réaffirmer la présence française dans un terrain déjà touché par d’autres puissances. Macron se rendra dans quatre pays où il n’a jamais mis les pieds, avec la motivation officielle de participer au One Forest Summit de Libreville, un sommet international sur la conservation des forêts tropicales, mais la volonté affichée de renouer avec le continent qui ces derniers temps années ont subi pas mal de soubresauts.

    Après le retrait forcé des forces françaises du Mali, de la République centrafricaine et du Burkina Faso – pays attirés par l’orbite russe -, sur le continent Paris risque désormais de perdre son emprise même sur des destinations stratégiques d’un point de vue économique : c’est le cas du Mozambique, où Total Energies a été contraint de suspendre pendant deux ans les travaux de construction d’une usine de liquéfaction de GNL en raison de violences liées aux djihadistes, ou l’Angola, où Total a également récemment lancé trois projets dans les secteurs du gaz, du pétrole et de l’énergie solaire. Un voyage d’autant plus nécessaire compte tenu de l’événement électoral impliquant deux des pays prévus, le Gabon et la République démocratique du Congo (RDC), et de la montée à Kinshasa du ressentiment anti-français qui a animé ces derniers mois des manifestations à répétition contre le présence de militaires envoyés de Paris et employés par la Mission des Nations Unies dans le pays (MONUSCO). Pour Macron, agir maintenant sur ces « deuxième palier ».

    La première étape du voyage sera Libreville, la capitale du Gabon, où Macron organisera ce soir un dîner de travail avec le président Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009. Aujourd’hui, Macron rencontrera dans la matinée la communauté scientifique et ses compatriotes résidant dans le pays dans l’après-midi, avant de prendre la parole au One Forest Summit.

    Si la visite au Gabon peut avoir pour objectif de resserrer les liens avec un pays récemment entré dans le Commonwealth, sur le plan politique, la scène s’annonce délicate : dans quelques mois, le Gabon organisera des élections présidentielles, et la société civile locale soupçonne Paris de vouloir en quelque sorte apporter son soutien au président sortant contesté. Macron s’envolera donc ce soir pour l’Angola, où il rencontrera vendredi matin son homologue João Lourenço, avant de repartir en début d’après-midi pour Brazzaville, la capitale du Congo. Il y sera reçu au Palais du Peuple par le président congolais Denis Sassou-N’Guesso, à la tête du pays depuis 1997, avant de tenir avec lui un entretien bilatéral. Dans la soirée, Macron s’adressera à la communauté française résidant au Congo, où la dernière visite d’un président français remonte à 2009. Le conflit en Ukraine devrait être l’un des sujets de discussion entre les autorités, compte tenu également de l’abstention constante de Brazzaville à l’ONU dans les résolutions condamnant les discussions alors qu’à l’ONU le gouvernement de N’Guesso s’est toujours abstenu de condamner l’invasion russe en Ukraine. Peu avant 22 heures, le président français décollera à nouveau, cette fois pour la République démocratique du Congo, dernière étape de sa tournée et théâtre dans l’est du pays d’une guerre entre la rébellion tutsies pro-rwandaise du M23 et l’armée congolaise qui pour Macron « ne doit pas être oubliée ».

    Présenté par la presse française comme une « opération séduction » et une visite « dans un champ de mines », le voyage en Afrique a été annoncé par Macron lui-même dans un discours d’ouverture prononcé lundi soir en présence de divers organes de presse. Beaucoup ont associé l’intervention à celle qui s’est tenue en 2017 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Si à cette occasion le président français avait admis que « ce n’est pas seulement un dialogue franco-africain qu’il faut reconstruire ensemble, mais un projet entre nos deux continents, une relation nouvelle », on reproche depuis cinq ans à Macron d’avoir laissé ces engagements lettre morte, menant une politique « entrepreneuriale » en Afrique peu soucieuse du territoire et un héritage post-colonialiste.

    Ainsi, pour tenter de préparer les pays hôtes à son arrivée, Macron a déclaré lundi que l’Afrique « n’est pas le terrain de la concurrence », qu’ »il faut passer d’une logique d’aide à celle d’investissement » et a appelé à la construction d’une relation « équilibrée » avec les pays partenaires africains. En ce qui concerne la présence militaire sur le continent, le président a expliqué que « la transformation commencera dans les prochains mois avec une réduction visible de nos effectifs et une augmentation des bases de nos partenaires africains », esquissant une nouvelle phase de collaboration où il appartiendra aux mêmes gouvernements africains de « demander s’ils le souhaitent » le soutien des forces françaises « et d’autres partenaires » et a appelé à la construction d’une relation « équilibrée » avec les pays partenaires africains.

    Le président a promis que cette évolution s’accompagnerait « d’un plus grand effort de la France en matière de formation et d’équipement », et s’est dit prêt à faire preuve d’une « profonde humilité face aux enjeux du continent africain », une situation qu’il a qualifiée de « sans précédent dans l’histoire » et avec « une quantité vertigineuse de défis ». De la sécurité à la croissance démographique, jusqu’à l’arrivée des jeunes en Europe « à qui nous devons offrir un avenir », Macron a invité les partenaires africains à construire « des États et des administrations consolidées », capables d’investir « massivement dans l’éducation, la santé, l’emploi, formation et transition énergétique ».

    Dans son allocution de lundi, Macron a également annoncé la présentation prochaine au parlement d’une loi pour le retour des oeuvres d’art aux pays africains qui en sont propriétaires, souhaitant que « cette démarche s’inscrive dans une dynamique plus large et aussi d’une dynamique européenne ». Dans le communiqué de presse présentant la tournée, l’Elysée a à son tour insisté sur la « position d’écoute et d’humilité » que le président Macron entend adopter vis-à-vis des pays qu’il visitera ces jours-ci, avec la volonté affichée de « construire ensemble de vrais partenariats ». Le gouvernement souligne que ce qui a commencé est le 18ème voyage de Macron en Afrique et que sur la tournée il sera accompagné de différentes délégations françaises et européennes, promouvant des partenariats visant à mettre en valeur les « humains, entrepreneuriaux, scientifiques, universitaires, militaires, artistiques et sportifs » des pays.

    La perte d’influence désormais consolidée en Afrique et au Sahel inquiète beaucoup Paris et de ce point de vue la visite de Macron en Afrique sera également importante pour donner un signal décisif de la présence des institutions dans les zones qui pourraient bientôt être affectées par les bouleversements des pays voisins. Des opérations ont été achevées en juin qui prévoient de réduire de moitié d’ici 2023 les forces françaises opérant au Mali dans les désormais anciennes missions Barkhane et Takuba, de plus de 5 à environ 2.500 hommes, et de les transférer vers une autre destination, principalement au Niger, pays dont elle dépend largement pour les approvisionnements en uranium qui alimentent les 58 réacteurs atomiques installés sur le territoire français.

    Pour tenter d’endiguer l’expansion d’une orbite pro-russe qui comprend désormais la République centrafricaine et le Mali, mais aussi le Soudan et en partie le Burkina Faso – théâtre d’un double coup d’État l’an dernier qui a amené la junte militaire de Ouagadougou à Moscou – la ligne française consiste désormais à se déplacer progressivement vers l’ouest, pour tenter de renforcer sa présence au Bénin, au Ghana et en Côte d’Ivoire, où la menace djihadiste est encore contenue mais connaît une expansion rapide et nécessite un soutien économique et militaire accru. Paris doit également faire face à la tendance régionale à reprendre la lutte contre le terrorisme avec le soutien de la communauté internationale, mais avec une barre résolument africaine. Ainsi, ces derniers mois, plusieurs organisations régionales ont prévu d’envoyer des missions militaires pour la résolution de conflits, comme c’est le cas de la Communauté des pays d’Afrique australe (SADC) au Mozambique, de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) en République démocratique du Congo et de la Communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a récemment annoncé la création d’une force régionale qui « interviendra en cas de besoin, que ce soit pour la sécurité, le terrorisme ou la restauration de l’ordre constitutionnel dans les États membres ».

    Source : Agenzia nova, 02/03/2023

    #France #Afrique #Françafrique #Macron #Gabon #Congo #Angola #Barkhane #Serval #Mali #Burkina_Faso #Russie #Chine #Wagner

  • Le discours de Macron sur l’Afrique : Des réactions mitigées

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Françafrique, Gabon, Mali, Burkina Faso, Congo,

    Il ne s’agit pas de changer la politique française mais de s’adapter à une nouvelle situation, selon les analystes

    Le président français Emmanuel Macron a exposé sa stratégie pour l’Afrique dans un discours avant d’entreprendre mercredi sa tournée africaine qui le mènera au Gabon, en Angola, en République du Congo et en République démocratique du Congo.

    Le discours de lundi à la présidence a suscité des réactions variées, certains affirmant que Macron avait simplement reconditionné les thèmes d’un discours sur la politique française en Afrique prononcé lors de sa précédente visite sur le continent en 2017.

    Lecture à partir du même script

    Macron a déclaré que la France devait faire preuve d’une « profonde humilité » envers l’Afrique.

    « Nous voyons Macron faire des remarques similaires à Ouagadougou (capitale du Burkina Faso) et dans plusieurs autres pays africains », a déclaré à Anadolu l’analyste politique africain Garba Moussa.

    « Mais cette fois, il y a un certain apaisement quand Macron a souligné que la France devait faire preuve d’humilité envers l’Afrique. On y voit un changement d’attitude après l’arrogance passée de la France envers l’Afrique.

    Macron a déclaré que la France cesserait d’héberger des bases militaires régulières en Afrique et créerait à la place des « académies » qui seraient cogérées par la France et les pays hôtes.

    Moussa, spécialiste de la politique africaine, pense que la France imite la politique américaine en Afrique d’être présente sur le continent mais avec une « réduction notable » de ses effectifs militaires.

    Le philosophe camerounais Hubert Mono Ndjana a salué le discours de Macron sur « l’humilité réclamée depuis longtemps par de nombreux » partis, notamment en Afrique.

    Ndjana a déclaré que le test consiste à suivre les babines et que toutes les parties attendent de voir si c’est « le début d’un véritable changement ».

    Rien d’étonnant

    Raissa Girondin, une analyste politique basée au Togo, s’est montrée critique.

    Elle a décrit le discours de Macron comme « seulement un plat bien préparé au gaz » mais « n’offrant fondamentalement rien de surprenant ».

    « En réalité, il n’y a rien. C’est simplement un discours flatteur avec un seul objectif : reconquérir les cœurs, alors que le cœur de nombreux pays africains est très loin, très loin de la France », a-t-elle déclaré.

    Louis Gitinywa, un analyste politique basé au Rwanda, a déclaré qu’il était assez tôt pour évaluer l’impact de son changement présumé de la politique étrangère de la France en Afrique.

    Il a cependant noté que Macron avait pris la décision audacieuse de reconnaître les lacunes et les échecs de la politique étrangère de la France en Afrique subsaharienne dans un contexte de dynamique changeante.

    « Le continent africain n’est plus le territoire français. A long terme, le statu quo ante n’est plus valable alors que l’on assiste à une nette émancipation des Etats africains. Mais nous devons attendre de voir comment cela sera mis en œuvre sur le terrain », a déclaré Gitinywa.

    Au Bénin, Gille Gohy, politologue, a déclaré que le discours de Macron faisait preuve d’un grand réalisme.

    « Il n’y a plus d’arrogance. Les deux parties doivent avoir le même niveau de dialogue, le même niveau de coopération pour de futurs accords solides. La France et les pays africains sont conscients qu’ils ont chacun leur rôle à jouer pour des relations fructueuses », a déclaré Gohy.

    « C’est un discours positif. Je suis sûr que les pays africains le sentiront. Je vois que la France a vraiment envie de changer d’attitude vis-à-vis de ses partenaires africains.

    Gohy a souligné que la France « joue aussi pour sa survie » en raison de son influence décroissante sur le continent.

    Amir Nourdine Elbachir, un autre analyste politique et géopolitique, n’a pas été impressionné par le fait que Macron « parlait toujours de plans pour l’Afrique sans impliquer les Africains ».

    Dans un tweet, Elbachir a déclaré qu’il était clair que « les intérêts français sont menacés en Afrique », ce qui explique la soudaine réflexion de Macron sur la révision de la politique pour le continent.

    Pour l’homme politique Mamadou Dian Balde en Guinée Conakry, « depuis le discours de Macron dans un amphithéâtre de Ouagadougou en 2017, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts » et « sans que les fruits tiennent la promesse des fleurs car au lieu de resserrer les liens avec les anciennes colonies les relations se sont plutôt affaiblis.

    Balde a accusé la France de penser qu’elle pouvait combattre le terrorisme uniquement au Sahel.

    Macron a voulu remettre les pendules à l’heure en remodelant l’image de la France comme une seule sans aucune condescendance en adoptant une nouvelle approche de partenariats fondés sur l’égalité avec les pays africains, selon Balde.

    « Comme d’autres pays riches le font déjà, clairement, la France doit se débarrasser de son complexe de supériorité vis-à-vis de l’Afrique. Tel semble être le message creux véhiculé dans le discours de Macron. On se demande si l’ère de la Francafrique est révolue.

    En République démocratique du Congo, où Macron est attendu ce week-end, le journal Interkinois a plutôt pointé « l’incohérence entre le discours public pro-Congo et la pratique tacite pro-Rwanda ».

    Le professeur mauritanien Simon Paul Bangbo Ndobo l’a résumé en ces termes : « La France ne change pas, elle s’adapte à la nouvelle situation ».

    Contrer la Chine

    Gille Gohy, un politologue béninois, a quant à lui déclaré que la nouvelle coopération française doit être « égalitaire », et a exhorté les Africains à en profiter pour éviter « la réapparition des souvenirs douloureux du passé ».

    « Le président Macron adopte une approche stratégique parce qu’il se comporte comme un joueur », a-t-il déclaré.

    Gohy a également suggéré que le premier vol de Macron vers l’Afrique cette année est de contrer l’influence chinoise, notant que les pays africains avec lesquels la France entretenait des relations privilégiées ne font pas partie de sa tournée cette semaine.

    Les relations de la France avec ses anciennes colonies du Mali et du Burkina Faso où elle exerçait une grande influence se sont détériorées. Le mois dernier, la France a retiré ses troupes du Burkina Faso comme l’exigeait la junte militaire.

    Paris a également retiré ses forces du Mali l’année dernière après que la junte militaire a choisi de travailler avec un groupe paramilitaire russe Wegner.

    « Les pays que va visiter Macron ont une valeur dont la France peut tirer parti comme le pétrole gabonais ou congolais. Ces pays ont été courtisés dans un passé très récent par la Chine, qui est déjà solidement implantée », a-t-il déclaré. « La France veut aussi en profiter et ne pas tout laisser à la Chine. »

    Source

    #France_Afrique #Macron #Gabon #Congo #Mali #Burkina_faso #Russie #Wagner

  • Une « faille » permet d’excuser les fonctionnaires de l’OMS accusés de viol au Congo

    Tags : OMS, Congo, Ebola, viols, mauvaise conduite,

    Un rapport confidentiel de l’ONU sur les faux pas présumés de hauts fonctionnaires de l’Organisation mondiale de la santé dans la manière dont ils ont traité un cas d’inconduite sexuelle lors d’une épidémie d’ Ebola au Congo a révélé que leur réponse n’enfreignait pas les politiques de l’agence en raison de ce que certains responsables ont décrit comme une « lacune » dans la façon dont l’OMS définit les victimes d’un tel comportement.

    Le rapport, qui a été soumis au directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le mois dernier et qui n’a pas été rendu public, a été obtenu par l’Associated Press. L’OMS n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

    L’enquête de l’ONU fait suite à un examen effectué en 2021 par un groupe nommé par M. Tedros, qui a constaté que trois responsables de l’OMS avaient négligé une affaire d’inconduite sexuelle rapportée pour la première fois par l’AP au début de l’année, dans laquelle un médecin de l’agence de santé de l’ONU avait signé un contrat pour acheter un terrain pour une jeune femme qu’il aurait mise enceinte.

    La semaine dernière , Tedros a déclaré que les enquêteurs de l’ONU avaient conclu que les accusations de « faute managériale » n’étaient pas fondées et que les trois membres du personnel étaient retournés au travail après avoir été en congé administratif. Le chef de l’OMS a déclaré que l’agence demanderait conseil à des experts sur la manière de gérer les incohérences entre les deux rapports.

    Les enquêteurs ont déclaré que Tedros avait été informé des allégations d’inconduite sexuelle en 2019 et avait été averti de lacunes inquiétantes dans les politiques d’inconduite de l’OMS l’année précédente.

    « Si ces problèmes ont été portés à l’attention de Tedros et qu’aucune mesure n’a été prise, les États membres (de l’OMS) doivent exiger des comptes », a déclaré le Dr Irwin Redlener, expert en santé mondiale à l’Université de Columbia.

    Tedros a précédemment déclaré qu’il n’avait pris connaissance de plaintes pour inconduite sexuelle au Congo qu’après des reportages dans les médias en septembre 2020 et avait appris le cas spécifique rapporté par l’AP lors de sa publication. Il a déclaré que toute personne liée à une inconduite sexuelle encourait des conséquences, notamment le licenciement. À ce jour, aucun haut responsable de l’OMS lié aux abus et à l’exploitation n’a été licencié.

    En mai 2021, une enquête de l’AP a révélé que la haute direction de l’OMS avait été informée d’exploitation sexuelle lors des efforts de l’agence pour arrêter Ebola dans l’est du Congo de 2018 à 2020, mais n’a pas fait grand-chose pour l’arrêter.

    Parmi les cas dont la direction de l’OMS a été avertie, il y avait l’allégation selon laquelle le Dr Jean-Paul Ngandu, un spécialiste du contrôle des infections envoyé à Beni, avait mis enceinte une jeune femme. Ngandu a rencontré la femme dans un restaurant un soir peu après son arrivée – et après une formation obligatoire de l’OMS sur la prévention des inconduites sexuelles.

    Selon le rapport de l’ONU, les deux ont eu des relations sexuelles plus tard dans la soirée et Ngandu lui a donné de l’argent le lendemain matin. La relation s’est détériorée et la femme et sa tante se sont ensuite rendues au bureau de l’OMS à Beni pour se plaindre que Ngandu l’avait mise enceinte. AP a obtenu un accord notarié entre Ngandu et la femme, dans lequel il acceptait de couvrir ses frais de santé et d’acheter son terrain.

    L’accord, également signé par deux membres du personnel de l’OMS, visait à protéger la réputation de l’OMS, a déclaré Ngandu.

    « Après que les allégations ont été portées à l’OMS (siège), une décision a été prise de ne pas enquêter sur la plainte au motif qu’elle ne violait pas le cadre politique de l’OMS (exploitation et abus sexuels) », indique le rapport de l’ONU.

    L’examen a expliqué que la décision avait été prise par des responsables des départements juridiques, éthiques et autres de l’agence de santé des Nations Unies et était due au fait que la femme n’était pas une « bénéficiaire » de l’assistance de l’OMS, ce qui signifie qu’elle n’a reçu aucune aide d’urgence ou l’aide humanitaire de l’agence, et donc, n’était pas considérée comme une victime selon la politique de l’OMS.

    Les membres du personnel de l’OMS interrogés par les enquêteurs de l’ONU ont déclaré que cela pourrait être considéré comme une « échappatoire susceptible de faire passer les plaintes entre les mailles du filet ».

    « La conduite de Ngandu n’a violé aucune norme de conduite de l’OMS (exploitation et abus sexuels) », indique le rapport, décrivant son accord pour payer la femme comme un « règlement financier privé ».

    Les enquêteurs de l’ONU ont noté qu’il y avait des problèmes dans les politiques de l’OMS sur l’inconduite sexuelle, les décrivant comme « une responsabilité collective ». En février 2018, plusieurs membres du personnel ont envoyé un mémorandum à Tedros avertissant des lacunes des politiques.

    Les experts ont critiqué la défense de l’OMS, affirmant que l’agence devrait respecter les normes les plus élevées en matière de gestion de l’exploitation sexuelle, car elle coordonne les réponses mondiales aux crises aiguës comme le COVID-19 et la variole du singe.

    « Échapper à la responsabilité basée sur des mots fous et un langage technique, comme ne pas être un » bénéficiaire « de l’aide de l’OMS est inacceptable », a déclaré Larry Gostin, directeur du Centre collaborateur de l’OMS sur le droit de la santé publique et les droits de l’homme à l’Université de Georgetown. « Le fait que le Bureau des services de contrôle interne des Nations Unies ait excusé ce comportement sur la base de cette technicité juridique montre que l’ONU et l’OMS ne prennent pas les abus sexuels au sérieux. »

    Après que les rapports d’inconduite sexuelle au Congo ont été signalés, l’OMS a créé un nouveau bureau pour prévenir de tels comportements, dirigé par le Dr Gaya Gamhewage . Dans son entretien avec les enquêteurs de l’ONU, Gamhewage a déclaré qu’avant de commencer son nouveau travail, elle n’avait aucune connaissance des politiques de l’OMS sur l’inconduite sexuelle et ne les avait même pas lues.

    « L’exploitation et les abus sexuels ne lui étaient pas familiers », indique le rapport.

    L’enquête de l’ONU intervient des semaines après que l’AP a publié une autre histoire détaillant l’inconduite sexuelle à l’OMS, impliquant un médecin fidjien ayant des antécédents d’allégations d’agression sexuelle au sein de l’agence, qui se préparait à se présenter à une élection pour le directeur général de l’OMS dans le Pacifique occidental.

    « Ces cas répétés d’agression sexuelle, et sans doute pire, sa dissimulation, sont tout à fait intolérables », a déclaré Redlener de l’Université de Columbia. « Il est possible que ce cas Ngandu n’ait pas techniquement enfreint la politique de l’OMS, mais il y a la politique et puis il y a la moralité et l’éthique », a-t-il déclaré. « Il y a quelque chose de profondément inconfortable dans ce qui s’est passé ici. »

    Pendant l’épidémie d’Ebola, Tedros s’est rendu au Congo 14 fois pour superviser personnellement la réponse de l’OMS.

    « Au minimum, Tedros devrait promettre et fournir une refonte majeure des politiques et de la responsabilité », a déclaré Redlener. « On pourrait même s’attendre à ce qu’il manque à ses responsabilités et qu’il doive donc démissionner. »

    AP

    #Viol #Congo #Ebola