Étiquette : Conseil de Sécurité

  • L’Algérie soutient plus que jamais la cause du peuple sahraoui

    L’Algérie soutient plus que jamais la cause du peuple sahraoui – Toute démarche qui ignore le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui sera contre-productive, injuste, dangereuse, et ne fera qu’ajouter un surcroît de tension et d’instabilité dans la région

    « Toute démarche qui ignore le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui sera contre-productive, injuste, dangereuse, et ne fera qu’ajouter un surcroît de tension et d’instabilité dans la région « . C’est en quelque sorte la conclusion du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger et ce, suite à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la Résolution 2O62- (2O21) portant le renouvellement du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental).

    « L’Algérie exprime son profond regret quant à l’approche fondamentalement dés- équilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil « , déplore un communiqué du ministère des Affaires étrangères.  » L’Algérie qui exprime sa pleine compré- hension des constats et conclusions de la partie sahraouie, ne soutiendra pas cette Résolution partiale qui a pour effet de conforter les prétentions exorbitantes de l’Etat occupant dont elle encourage l’intransigeance et les manœuvres visant à entraver et à pervertir le processus de décolonisation du Sahara occidental « , le communiqué ajoute :  » par principe et par solidarité avec le peuple frère du Sahara occidental, l’Algérie attend du nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général qu’il inscrive strictement son mandat dans la mise en œuvre de la Résolution 69O (1991) portant le Plan de règlement accepté par les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, et adopté unanimement par le Conseil de sécurité « .

    Par ailleurs  » l’Algérie escompte que la communauté internationale ne manégera aucun effort pour amener le Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD), en leur qualité d’Etats membres de l’Union africaine (UA), à mettre en œuvre la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA adoptée lors de sa réunion au niveau des Chefs d’Etat et de gouvernement le 8 mars 2021, qui demande aux deux pays d’engager des pourparlers directs et francs, sans aucune condition préalable et conformément à l’article 4 de l’Acte constitutif de l’UA).

    Pour rappel, en avril 1991, le Conseil de sécurité des Nations unies dans sa Résolution 69O(1991), s’appuyant sur un rapport de l’ONU sur la situation du Sahara occidental préconisant que la population de cette ancienne colonie espagnole revendiqu ée par le Maroc et par le Front Polisario  » puisse exercer son droit à l’autodétermination « .Il prévoyait pour cela qu’une Mission des Nations unies surveille l’application du cessez-le-feu et procède à l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Mais, trente ans plus tard, le conflit demeure, sans aucune solution n’ait été dégagée et il semble à peu près certain que ne seront pas appliquées les dispositions du Plan de règlement. C’est ce qui ressort de la Résolution 26O2 adoptée le 31 octobre 2O21 par le Conseil de sécurité des Nations unies sous l’influence de certains de ses membres.

    Une Résolution qui ne tient pas compte de la réalité du conflit du Sahara occidental, notamment les aspirations des Sahraouis à la liberté et à l’indépendance. Ce faisant la communauté internationale reste préoccupée par l’absence de progrès notables dans la recherche d’une solution politique juste et durable en ce qui concerne ce conflit entre le Maroc et la Front Polisario.

    Les efforts des Nations unies depuis 1965, et plus particulièrement de la Minurso pour l’organisation d’un réfé- rendum au Sahara occidental depuis 1991, ont atteint une phase de stagnation, voire de paralysie qualifiée par les observateurs d’absence d’une position forte, claire et ferme de la part du Secrétaire général de l’ONU et du Conseil de sécurité concernant le manque de respect dont fait preuve le Maroc vis-à-vis des décisions des Nations unies relatives au Sahara occidental.

    Une position de fait qui a encouragé le Makhzen en tant qu’occupant à poursuivre, en toute impunité, ces actions illégales qui menacent la paix, la sécurité et la stabilité de toute la région. L’inaction et le silence assourdissant de l’organisation onusienne face à l’occupation militaire illégale exercée par le Maroc au Sahara occidental a encouragé la monarchie marocaine à ignorer le droit international à savoir l’autodétermination du peuple sahraoui étant délibérément soutenue par certaines grandes puissances siégeant au Conseil de sécurité de l’ONU.

    Des parties qui ignorent que ce conflit est une source d’épreuves et de souffrances inacceptables pour des populations innocentes et dont le seul tort est de lutter pour leur liberté.

    Les observateurs citent des exemples au sujet de sérieux et graves dépassements commis par le Maroc dont l’ONUJ, le Conseil de sécurité et la Minurso ont choisi de détourner le regard : la répression contre les civils sahraouis et les militants des droits de l’homme, le changement de la composante démographique du territoire sahraoui à travers des politiques de repeuplement massif, le pillage des ressources, l’ouverture de pseudo-consulats de pays étrangers, la tenue d’élections, l’organisation de conférences régionales et internationales et événements sportifs et l’imposition des lois marocaines sur l’ensemble du territoire sahraoui, incluant les espaces maritimes.

    B. Chellali

    Lemaghreb.dz, 03/11/2021

  • Sahara occidental : La mise en garde d’Alger

    Sahara Occidental, Maroc, Algérie, ONU, Conseil de Sécurité, résolution 2602,

    La tournure que prennent les évènements relatifs au Sahara occidental n’agrée pas l’Algérie. Des signes avantcoureurs attestent effectivement que l’Algerie voit d’un mauvais oeil le forcing de certaines puissances étrangères à vouloir imposer une vision injuste et déséquilibrée s’agissant du règlement de la question de décolonisation .
    La toute récente résolution du Conseil de sécurité de l’Onu renouvelant d’une année le mandat de la Minurso entre incontestablement dans cette logique. Il était dès lors évident que l’Algérie n’allait pas se taire et c’est en effet ce qui vient de se produire puisque la position exprimée est on ne peut plus revelatrice de cette tendance. L’Algérie rejette ainsi cette résolution considérée, à juste titre d’ailleurs, comme « largement déséquilibrée et qui n’encourage pas la quête d’un règlement juste et équitable ». suite « à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la Résolution 2602 (2021) portant renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au sahara occidental (Minurso), l’Algérie exprime son profond regret quant à l’approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil », indique le porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale établie à l’étranger dans une déclaration rendue publique dimanche.
    « L’Algérie, qui exprime sa pleine compréhension des constats et conclusions de la partie sahraouie, ne soutiendra pas cette résolution parti le qui a pour effet de conforter les rétentions exorbitantes de l’État occupant dont elle encourage l’intransigeance et les manoeuvres visant à entraver et à pervertir le processus de décolonisation du sahara occidental », ajoute la déclaration qui dit attendre du nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’Onu pour le sahara occidental qu’il « inscrive strictement son mandat dans la mise en oeuvre de la Résolution 690 (1991) portant le Plan de règlement accepté par les deux parties au conflit, le royaume du Maroc et le Front Polisario, et adopté unanimement par le Conseil de sécurité ».
    Rappelons que cette résolution numéro 2602, présentée par les états-Unis, a été adoptée vendredi dernier par 13 voix pour et 2 abstentions : la Russie et la Tunisie. Le Front Polisario n’a pas, dans une réaction, fait montre de sa satisfaction, loin de là,puisqu’il a estimé que ce document est déséquilibré et a appelé l’Onu à prendre ses responsabilités. Le Polisario a, d’ailleurs, réitéré son maintien de la voie des armes pour que le peuple sahraoui recouvre sa liberté. « Toute démarche qui ignore le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui sera contreproductive, injuste, dangereuse, et ne fera qu’ajouter un surcroît de tension et d’instabilité dans la région », ajoute la déclaration du porteparole du ministère des Affaires étrangères sur un ton qui en dit long sur le grand dépit de l’Algerie face à cettemanoeuvre.
    Riccardo Fabiani, directeur de programme Afrique du Nord à ICG : 

    « Rétablir le cessez-le-feu est impossible dans les conditions actuelles, le Maroc étant présent militairement dans la zone, séparant le Maroc du Sahara occidental, qui est censée être contrôlée et vérifiée par l’ONU. La présence du Maroc dans cette zone tampon est une violation du cessez-le-feu. »

  • Le Conseil de sécurité "fait enliser davantage" le conflit au Sahara occidental dans "l’impasse"

    Sahara Occidental, Maroc, ONU, Conseil de Sécurité, MINURSO, résolution 2602,

    Le Conseil de sécurité des Nations unies fait « enliser davantage » le conflit au Sahara occidental dans « l’impasse et l’incertitude », après sa résolution 2602 votée vendredi, ont relevé samedi les membres du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) dans un communiqué. « Par une résolution (2602) dont le texte est caractérisé par un profond déséquilibre, et avec une formulation construite sur un écran de fumée qui fait jouxter dans l’amalgame des problèmes de fond avec des considérations superficielles, le Conseil de sécurité fait enliser davantage le conflit du Sahara occidental dans l’impasse et l’incertitude », rapporte le texte. 
    Pour le CNASPS, le Conseil de sécurité devait intervenir pour éviter une aggravation de la situation et adopter « une approche innovante dans la recherche de la solution » au conflit au Sahara occidental, « approche innovante qui mette fin au statu quo actuel ». Il devait notamment « régénérer le mandat de la MINURSO sur la base de constats vérifiés et documentés sur le terrain, et avoir un autre format de feuille de route pour le nouvel Envoyé personnel du SG/ONU, de Mistura, afin de ne pas tomber dans les abondons et démissions des précédents Envoyés personnels », selon la même source. 
    Le Conseil de sécurité « reproduit la même démarche depuis 15 ans, démarche qui a montré toutes ses limites, et qui, immanquablement, a mené à une impasse, car les efforts du Conseil de sécurité sont orientés à protéger l’occupation marocaine du Sahara occidental, et à offrir l’impunité à l’agresseur du peuple sahraoui », a-t-on déploré. 
    Le Conseil de sécurité a reconduit pour 12 mois la MINURSO dans un mandat « complètement surréaliste », puisque la MINURSO « n’est plus en mesure de remplir ses missions originelles, à savoir faire respecter le cessez-le feu, qui a été publiquement et outrageusement violé par le Maroc le 13 novembre 2020. Aujourd’hui, « il existe un état de guerre entre le Front Polisario et le royaume du Maroc au niveau du territoire occupé du Sahara occidental », souligne le CNASPS.
    De même que la MINURSO « ne peut concrètement et matériellement » organiser le référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui, « pourtant une consultation référendaire qui est un droit reconnu et inaliénable, et que recommande depuis des années le Conseil de sécurité, et que refuse obstinément le Maroc, devant la volonté duquel se plie le Conseil de sécurité ».
    Droits humains: violations « massives » par le Maroc
    Si l’on ajoute que le Conseil de sécurité « n’a pas jugé utile » d’élargir le mandat de la MINURSO à « protéger et à faire respecter les droits de l’Homme au Sahara occidental, droits de l’Homme quotidiennement et publiquement violés par le Maroc contre une population civile sahraouie pacifique et sans défense, on en déduit que la présence de la MINURSO aujourd’hui au Sahara occidental n’est d’aucune utilité, et ne contribue en rien à la résolution du conflit », souligne-t-on de même source. Et d’ajouter : « Le Conseil de sécurité, dans sa résolution 2602, a dressé un constat très partial en faveur du Maroc pour ce qui concerne le point de situation sur le dossier du conflit du Sahara occidental. 
    Dans les mêmes termes que pour les résolutions précédentes, le Conseil de sécurité aborde le conflit du Sahara occidental avec distance, généralisation et imprécision caractérisée, prolongeant ainsi de façon irresponsable les souffrances du peuple sahraoui, et délaissant le droit international que le Conseil de sécurité est censé promouvoir, et faire appliquer pour garantir la paix et la sécurité dans le monde ». « C’est ainsi qu’on relève dans la résolution 2602 une approche d’amalgame prémédité en ce qui concerne les droits de l’Homme puisqu’on parle des droits de l’Homme dans des camps de réfugiés sahraouis, où pourtant séjournent en permanence des représentants de 15 ONG européennes, et les représentants des agences de l’ONU (HCR et PAM), alors que le Maroc, force occupante, interdit toute entrée sur le territoire du Sahara occidental aux journalistes, aux juristes, aux ONG et aux parlementaires, afin de pouvoir violer en toute impunité les droits de l’Hommes à huis-clos », déplore le CNASPS. 
    « Le Conseil de sécurité ne parle pas de ces violations des droits de l’Homme au Sahara occidental par le Maroc, qui sont quotidiennes, massives, documentées, internationalement dénoncées. Le Conseil de sécurité les noie avec des préoccupations au sujet des droits de l’Homme dans les camps de réfugiés sahraouis ». « C’est ainsi qu’en matière de droits humains, le Conseil de sécurité met donc sur un même pied d’égalité le Front Polisario et le Maroc dans un parallèle complétement ubuesque », a-t-il pesté. Et de rappeler que « les Sahraouis ont de bonne foi fait entièrement confiance à l’ONU en septembre 1991 pour arrêter les combats. Aujourd’hui, le Front Polisario est en droit de douter de l’ONU et du Conseil de sécurité quant à honorer leurs engagements vis-à-vis du peuple sahraoui, et à faire appliquer effectivement le droit international qui leur accorde clairement le bénéfice d’un référendum d’autodétermination ». 
    « Ce n’est ni en cherchant à impliquer à tout prix les pays voisins en les responsabilisant peu ou prou dans l’échec de la recherche de solution, ni par des formulations alambiquées qui dédouanent le Maroc de son aventure colonialiste et de son agression contre le peuple sahraoui, que le Conseil de sécurité trouvera la solution juste et définitive au conflit du Sahara occidental. Alors que cette même solution est on ne peut plus claire en appliquant le droit international dont le Conseil de sécurité est garant de sa préservation et de son application », juge le CNASPS. 
    La résolution 2602 « perpétue le statu quo actuel, statu quo qui profite au Maroc, lequel impunément défie et provoque la communauté internationale et bafoue quotidiennement le droit international. Le Conseil de sécurité a le devoir impérieux et la charge officielle de CONTRAINDRE le Maroc à l’application du plan de règlement et au respect du droit international », a-t-on conclu.
  • Résolution du Conseil de Sécurité: Le ferme rejet d’Alger

    Résolution du Conseil de Sécurité: Le ferme rejet d’Alger – Sous l’effet de lobbys français et des monarchies du Golfe, le Conseil de sécurité de l’ONU vient, une nouvelle fois, de trahir le dossier sahraoui, ravivant dangereusement la tension dans la région.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Vendredi 29 octobre. Le Conseil de sécurité des Nations-Unies adopte, sur fond de désaccords flagrants, une nouvelle résolution portant prorogation du mandat de la Minurso pour une année. La Mission des Nations-Unies pour le référendum au Sahara Occidental vient ainsi d’être maintenue sur un terrain mouvant, théâtre d’une rupture du cessez-le-feu et de nouveaux combats entre les forces armées du Front Polisario et l’armée marocaine. Les Casques bleus onusiens ne sont plus les bienvenus chez les Sahraouis qui reprochent leur inertie, leur impartialité et leur indifférence éternelle et bien plus devant les événements en cours depuis plusieurs mois.

    L’adoption de cette résolution intervient avec 48 heures de report dû aux objections de certains États membres du Conseil de sécurité rejetant la première mouture présentée. La Russie regrette que ses objections n’aient pas été prises en compte et estime que le texte adopté «ne contribuera sans doute pas aux efforts de l’envoyé spécial en vue de négociations directes entre les deux parties pour trouver une solution mutuellement acceptable (…) car le problème principal reste depuis plusieurs années non réglé (…) ce qui prolonge l’ambiguïté et nuit aux perspectives d’un dialogue franc».

    Le Mexique dénonce, de son côté, «le manque d’ouverture pour incorporer des propositions importantes dans la résolution qui ont été soutenues par plusieurs délégations compte tenu de la détérioration significative de la situation, tant par rapport à la rupture du cessez-le-feu qu’à l’aggravation de la situation des droits humains». Dans une déclaration à l’APS, le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU fait savoir que la France a empêché l’inclusion des droits de l’Homme dans le texte de résolution » sur le prolongement du mandat de la Minurso jusqu’au 31 octobre 2022.

    La bataille s’est faite rude et l’adoption de cette résolution s’est faite avec treize voix et deux abstentions, celle de la Tunisie et de la Russie. La réaction sahraouie ne se fait pas attendre. «Le peuple sahraoui n’a pas d’autre choix aujourd’hui que de poursuivre et d’intensifier sa légitime lutte armée pour défendre la souveraineté de sa patrie et assurer l’exercice de son droit inaliénable et non négociable à l’autodétermination et à l’indépendance», avertit le Front Polisario. Alger soutient et se dit solidaire.

    Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères fait savoir que l’Algérie rejette cette résolution et «exprime son profond regret quant à l’approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil» et fait savoir qu’elle «ne soutiendra pas cette résolution partiale qui a pour effet de conforter les prétentions exorbitantes de l’État occupant, dont elle encourage l’intransigeance et les manœuvres visant à entraver et à pervertir le processus de décolonisation du Sahara Occidental». L’Algérie appelle aussi le nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental à inscrire « strictement son mandat dans la mise en œuvre de la Résolution 690 (1991) portant le Plan de règlement accepté par les deux parties au conflit, le royaume du Maroc et le Front Polisario, et adopté unanimement par le Conseil de sécurité». «Toute démarche qui ignore le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui sera contre-productive, injuste, dangereuse, et ne fera qu’ajouter un surcroît de tension et d’instabilité dans la région.»

    Les parties ayant agi pour dénuer la résolution onusienne de la réalité et prolonger la présence de la Minurso dans des territoires en guerre sont, elles, bien connues. Aux côtés de la France qui milite pour imposer la troisième voie de James Baker, les monarchies du Golfe usent de tout leur pouvoir pour freiner toute évolution du processus devant conduire à un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Moins d’une semaine avant la réunion du Conseil de sécurité, l’ambassadeur permanent d’Arabie Saoudite à New York a clairement déclaré son soutien au projet portant sur l’autonomie du peuple sahraoui et appelle à une reprise des fameuses tables rondes.

    En sa qualité de membre observateur, aux côtés de la Mauritanie, Alger a rejeté une nouvelle fois ce concept estimant qu’il n’était destiné qu’à tergiverser et retarder les véritables solutions. Amar Belani, représentant spécial pour le Sahara Occidental, a évoqué un «sérieux risque d’escalade».

    Abla Chérif

    Le Soir d’Algérie, 01/11/2021

  • Sahara Occidental : La Minurso prêchera dans le désert

    Sahara Occidental : La Minurso prêchera dans le désert – La France a pesé de tout son poids pour maintenir le statu quo profitable au Maroc.

    C’est avec une résolution sans grande conséquence que le Conseil de sécurité de l’ONU a finalement tranché, appelant les «parties au conflit» du Sahara occidental à reprendre les négociations, «sans pré-conditions et de bonne foi», et prolongeant la «mission» de la Minurso d’un an sans autre forme de procès. La demande insistante de nombreux pays et ONG, notamment américaines, à inclure la question des droits de l’homme dans le mandat de la Minurso pour 2022 a été purement et simplement «ignorée», faute d’un consensus dynamité, on s’en doute, par la position de la France qui, en temps que membre permanent de l’instance onusienne, aura pesé de tout son poids pour maintenir le statu quo profitable au Royaume marocain.

    Le texte rédigé par les Etats-Unis en tant que porte-plume du Conseil de sécurité sur la question du Sahara occidental a été approuvé après avoir été expurgé de tout ce qui pouvait conduire à la menace du veto, ce qui n’a pas empêché, il faut le noter, la Russie et la Tunisie de choisir l’abstention pour marquer leur insatisfaction à son égard. Ainsi, la résolution recommande une reprise des négociations, que devra conduire le nouvel émissaire de l’ONU, Staffan de Mistura, «en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable» dans la perspective d’une «auto-détermination du peuple du Sahara occidental».

    Cependant, en «réaffirmant la nécessité de respecter pleinement les accords militaires conclus avec la Minurso, liés au cessez-le-feu, et en «appelant les parties à s’abstenir de toute action qui pourrait saper» les efforts de l’ONU ou «déstabiliser davantage la situation au Sahara occidental», le document fait preuve d’une étrange abstraction de la réalité du terrain.

    Le Royaume marocain a fait voler en éclat l’accord de cessez-le-feu qu’il a lui-même conclu, pour sauver les meubles, en 1991 avec le Front Polisario. Il a déployé illégalement ses troupes dans la zone tampon d’El Guerguerat où elles ont agressé des militants sahraouis pacifiques, ce qui signifie clairement une rupture de l’accord conclu sous l’égide de la Minurso.

    C’est donc un cadeau empoisonné que le Conseil de sécurité vient de mettre entre les mains des nouveaux représentants onusiens, de Mistura et Ivanko qui vont clairement éprouver d’immenses difficultés pour mener à bien leur mission. Cela est surtout vrai pour la Minurso qui, faute de disposer d’un droit de regard sur les exactions marocaines contre le peuple sahraoui dans les territoires illégalement occupés, aura des «prérogatives» à peine platoniques puisqu’elle n’est jamais parvenue à progresser sur le principal objectif qui est l’organisation d’un référendum d’autodétermination attendu par le peuple sahraoui depuis de nombreuses décennies.

    En somme, la montagne a accouché d’une souris et le Front Polisario a raison d’exclure par avance tout nouveau cessez-le-feu, sachant que le Royaume marocain va persister dans sa politique du fait accompli et poursuivre le pillage des ressources du peuple sahraoui au profit des puissances qui le parrainent.

    Un échec lourd de conséquences- L’ONU impuissante au Sahara occidental

    La réaction du Front Polisario à l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution prorogeant le mandat de la Minurso jusqu’à fin octobre 2022 était, à la fois, prévisible et légitime. Prévisible car les voix ont surgi de toute part pour dire qu’il est temps d’agir concrètement en dotant la mission onusienne des prérogatives de surveillance des droits de l’homme dans les territoires sahraouis, comme c’est, d’ailleurs, le cas pour toutes les autres missions de par le monde, et de lui permettre d’exercer réellement sa tâche, à savoir organiser le référendum d’autodétermination. Légitime, dès lors que le résultat est contraire à toute attente et s’avère une «grave erreur» dont les retombées sur la région ne peuvent être que néfastes, spoliant le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination.

    A l’aune de ce constat, le Front Polisario est en droit de déclarer, haut et fort, qu’ «il n’y aura pas un nouveau cessez-le-feu tant que l’occupation marocaine poursuit, en toute impunité, ses tentatives d’imposer par la force son fait accompli colonial dans les territoires occupés de la République sahraouie et d’entraver l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Le fait est que ce choix de «l’inaction» et du «silence» par le Conseil de sécurité représente une menace directe sur la stabilité de la région tout entière et ne laisse d’autre option au peuple sahraoui que celle de poursuivre «la lutte armée légitime pour défendre sa souveraineté et garantir l’exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance» comme le proclame le communiqué du Front Polisario.

    En appelant à la réactivation du plan de règlement conforme à la résolution 690 du Conseil de sécurité adoptée en 1991, le Front Polisario énonce clairement qu’il n’y aura pas d’autre processus politique que celui que l’ONU avait consacré en collaboration avec l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et auquel les deux parties au conflit avaient pleinement souscrit.

    Objectivement, la résolution 2602 du Conseil de sécurité prétend proroger la mission de la Minurso en des termes à peine équivoques, compte tenu du contexte actuel dans lequel se trouve le territoire non autonome que le Royaume du Maroc s’obstine à vouloir annexer en toute illégalité et dont il exploite, cyniquement et avec une avidité extrême, les ressources malgré les décisions de la Cour de justice européenne. Depuis novembre 2020, date à laquelle les forces d’occupation marocaines ont agressé dans la zone-tampon d’El Guerguerat des manifestants sahraouis pacifiques, l’accord de cessez-le-feu tel qu’édicté par la résolution 690 a été bafoué.

    Dans de telles conditions, avec la reprise des combats, les observateurs militaires de la Minurso déployés au Sahara occidental auront une tâche très difficile, voire impossible, pour exercer leur mission qui a sans cesse rencontré, en outre, des obstacles et des entraves continuelles de la part de l’occupant marocain. De plus, le cessez-le-feu de 1991 est une conséquence directe du plan de règlement conjoint adopté par l’ONU et l’OUA dont le Royaume du Maroc s’est ensuite démarqué.

    Du fait même que la nouvelle résolution péche par manque de mesures pratiques, garantissant au nouvel Envoyé spécial et à la Minurso un exercice réel de leurs missions respectives, et compte tenu de l’absence sciemment observée d’une approche «équilibrée, transparente et neutre», la seule mesure responsable consiste pour le peuple sahraoui à poursuivre résolument son combat pour la dignité et la souveraineté.

    Chaabane BENSACI

    L’Expression

  • Conseil de Sécurité: Prévisions pour le mois de novembre 2021

    Conseil de Sécurité: Prévisions pour le mois de novembre 2021 – En novembre, le Mexique assurera la présidence du Conseil de sécurité.

    Le Mexique organisera trois événements de signature pendant sa présidence. Il organisera un débat ouvert de haut niveau sur le thème « Exclusion, inégalité et conflits » dans le cadre du point de l’ordre du jour « Maintien de la paix et de la sécurité internationales ». Le secrétaire général António Guterres et un représentant de la société civile devraient y faire un exposé. Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador devrait présider la réunion. Une déclaration présidentielle est envisageable.

    Le Mexique organisera également un autre débat ouvert de haut niveau sur le thème « La paix et la sécurité par la diplomatie préventive : Un programme commun à tous les organes principaux de l’ONU » sous le point de l’ordre du jour « Maintien de la paix et de la sécurité internationales ». Des exposés sont attendus de la part d’Abdulla Shahid, président de l’Assemblée générale, de Collen Vixen Kelapile, président du Conseil économique et social (ECOSOC), de Joan E. Donoghue, président de la Cour internationale de justice (CIJ), et du secrétaire général António Guterres. Une déclaration présidentielle est envisageable.

    Le troisième événement de signature que le Mexique prévoit d’organiser est un débat ouvert sur les armes légères. Le directeur de l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), Robin Geiss, et un représentant de la société civile sont les intervenants prévus.

    Le briefing annuel des commissaires de police des Nations unies aura également lieu en novembre. Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, le commissaire de police de la Force intérimaire des Nations unies pour la sécurité d’Abyei (UNISFA), Violet Lusala, et le commissaire de police de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies au Mali (MINUSMA), Patricia Boughani, sont attendus.

    Le débat semestriel sur la Bosnie-Herzégovine et la réautorisation de la force multinationale de stabilisation dirigée par l’UE (EUFOR ALTHEA) sont prévus ce mois-ci.

    Les questions africaines inscrites au programme de travail de novembre sont les suivantes :

    Libye, briefing et consultations sur la mission de soutien des Nations unies en Libye (UNSMIL) et le briefing semestriel du procureur de la CPI concernant les affaires en Libye ;
    Somalie, briefing et consultations sur les développements récents dans le pays et sur la Mission de l’UA en Somalie (AMISOM) et la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (UNSOM) ; et
    la force conjointe du groupe des cinq pour le Sahel (FC-G5S), briefing et consultations sur les activités de la force.
    En outre, le Conseil devrait renouveler les mandats de la :

    Force de sécurité intérimaire des Nations unies pour Abyei (UNISFA) ;
    Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) ; et
    751 régime de sanctions à l’égard de la Somalie et du groupe d’experts.
    Le Conseil tiendra ses réunions mensuelles sur la situation politique et humanitaire et sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. Les autres questions relatives au Moyen-Orient inscrites au programme de travail ce mois-ci sont les suivantes :

    Le Yémen, la réunion mensuelle sur les développements ;
    « La situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne », la réunion mensuelle ;
    Irak, un briefing et des consultations sur la Mission d’assistance des Nations unies en Irak (MANUI) ; et
    Liban, consultations sur la mise en œuvre de la résolution 1701.
    Deux questions asiatiques seront discutées en novembre :

    l’Afghanistan, un briefing et des consultations sur la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) ; et
    RPDC, consultations sur le rapport du comité 1718.
    Le briefing annuel du président de la Cour internationale de justice (CIJ), reporté d’octobre, devrait se tenir sous forme de réunion privée.

    L’atelier annuel finlandais « Hitting the Ground Running » devrait avoir lieu les 18 et 19 novembre.

    Security Council Report, 30/10/2021

  • Sahara occidental : Prudence du Conseil de sécurité, atouts perdus du Maroc

    Sahara Occidental, Maroc, ONU, Conseil de Sécurité, MINURSO, Front Polisario, 

    Vendredi 30 octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté une résolution par laquelle il a décidé de proroger jusqu’au 31 octobre 2O22 le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Le texte que les Etats-Unis ont rédigé en tant que «pays porte-plume» arrondit beaucoup les angles du dossier selon une logique de prudence sans doute compréhensible après l’attitude qu’a eue Washington sur le conflit au temps de l’administration Trump. Il souligne néanmoins «qu’il convient de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable» dans la perspective d’une auto-détermination du peuple du Sahara occidental». Une formulation qui sonne comme un camouflet pour Rabat.
    Par Anis Remane
    Vendredi 29 octobre, le Conseil de sécurité a décidé de la prorogation jusqu’au 31 octobre 2022 du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). La résolution 2602, par laquelle ce mandat d’une année a été renouvelé, a été adoptée par 13 voix contre zéro, avec deux abstentions exprimées par la Fédération de Russie et la Tunisie. L’année dernière, au côté de la Russie, c’était l’Afrique du Sud qui s’est abstenue de voter le texte de rallonge du mandat de la Minurso. Ce mandat, a précisé vendredi un communiqué des Nations unies, «n’a pas fait l’objet d’un renouvellement consensuel depuis 2017».
    Ce désaccord s’est d’ailleurs manifesté à nouveau lors du report de la consultation des membres du Conseil de sécurité. Prévue le mercredi 27 octobre, elle a été ajournée pour vendredi 29 octobre en raison de la «non satisfaction» de la Fédération de Russie par des «paragraphes relatifs au processus politique», avait indiqué à l’AFP un diplomate sous le couvert de l’anonymat. Mais, plus tard, on a appris que le refus russe était motivé par la reprise dans le texte de la résolution rédigé par les Etats-Unis de propositions datant du temps de l’ancien envoyé spécial pour le Sahara occidental, l’Allemand Horst Köhler, dont celle de la reconduction, pour le processus de négociation entre le Maroc et le Polisario, des «tables rondes».
    Un format que l’Algérie juge «inefficace» et «contre-productif» et à la place duquel sa diplomatie plaide pour des «négociations directes» entre les parties belligérantes. Cette position que notre pays a exprimée par la voix de sa représentation permanente aux Nations unies à New York n’a pas été prise en compte. Le format « tables rondes » comme celles qui avaient été organisées en Suisse jusqu’au printemps 2019 sous l’égide de l’ancien envoyé spécial Martin Köhler est à nouveau mentionné dans la nouvelle résolution. Il fait craindre aux indépendantistes du Polisario, qui n’avaient pas encore réagi officiellement hier à la résolution, la poursuite du statu quo au Sahara occidental, alors que le cessez-le-feu avec le Maroc est rompu après la reprise des armes au niveau de la zone tampon de Guerguerat. Cette crainte, qui n’est pas clairement dite par les Sahraouis pour des raisons tactiques et de diplomatie avec Washington en particulier contrairement aux critiques qu’elle adresse fréquemment à Paris, est motivée par le fait que, pour les Etats-Unis comme pour la France, qui a demandé le respect du cessez-le-feu, le plan d’autonomie présenté en 2007 par le Maroc constitue une base sérieuse et crédible de discussion en vue de la reprise du dialogue.
    Pour autant, les lignes bougent et le Maroc perd beaucoup des atouts qu’il avait ! Les Etats-Unis, bien qu’ils continuent de faire pression sur les pays dont l’Algérie qui plaident pour des «négociations directes», ne sont plus dans la position unilatérale et en faveur de Rabat qui était la leur durant le mandat de l’administration Trump, ouvertement hostile à la légalité internationale. Ils parlent davantage du «processus politique». La Fédération de Russie, qui s’est abstenue cette année encore, adopte un ton plus offensif. Elle regrette avec davantage d’affirmation que ses contributions n’aient pas été prises en compte. Selon sa représentation diplomatique à New York, la résolution adoptée par le Conseil de sécurité ne reflète pas le tableau objectif du règlement de la question du Sahara occidental «et ne contribuera sans doute pas» aux efforts de l’Envoyé spécial en vue de négociations directes entre les deux parties pour trouver une solution mutuellement acceptable. Son représentant a dénoncé les termes utilisés de «démarches réalistes» et de «compromis», estimant qu’ils «prolongent l’ambiguïté» et sapent les travaux du Conseil de sécurité en nuisant aux perspectives d’un dialogue direct. D’après lui, «le problème principal reste depuis plusieurs années non réglé».
    Texte pas équilibré
    Le Viet Nam, le Mexique et la Chine, qui ont voté la résolution, ont cependant exprimé des préoccupations proches de l’avis russe, regrettant que le texte n’ait pas été «plus équilibré» et ne reflète pas mieux la situation sur le terrain. Le Viet Nam a rappelé sa position de principe d’un appui au règlement des conflits par des pourparlers de paix entre les parties concernées. La Chine a en outre demandé pour l’avenir «davantage de consultations» sur la prorogation du mandat. Le Mexique a lui aussi dénoncé «le manque d’ouverture au cours de la négociation pour incorporer des propositions importantes dans la résolution qui ont été soutenues par plusieurs délégations». Il a notamment cité les demandes visant à obtenir des informations plus fréquentes, «compte tenu de la détérioration significative de la situation, tant par rapport à la rupture du cessez-le-feu qu’à l’aggravation de la situation des droits humains».
    Ce discours nouveau est encore plus manifeste en Afrique avec l’abstention de la Tunisie – un geste qui sera sans doute mal apprécié par Rabat – et par la position du Kenya davantage proche de la position algérienne et aux yeux de qui la «ligne rouge est la question de l’autodétermination», a affirmé mercredi son ambassadeur à l’ONU, Martin Kimani, président en exercice du Conseil de sécurité. «Nous voulons que l’autodétermination soit clairement indiquée dans la résolution», a-t-il précisé en soulignant que, pour son pays, «s’il n’y a pas de reconnaissance du droit à l’autodétermination, alors nous aurons beaucoup de mal avec la résolution». Le Kenya plaide également pour une meilleure prise en compte des positions de l’Union africaine, mettant en avant l’appel lancé le 9 mars par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Si le succès de l’Envoyé spécial dépendra du soutien que lui accordera le Conseil de sécurité, M. de Mistura devra aussi œuvrer avec l’Union africaine, a déclaré l’ambassadeur Kimani, qui s’est prononcé pour un libellé mettant davantage l’accent sur le droit à l’autodétermination et sur le respect des droits de l’homme, en revenant au libellé initial des résolutions relatives au Sahara occidental mentionnant ce droit à l’autodétermination et l’organisation d’un référendum. «Pays qui a acquis son indépendance après avoir été colonisé», le Kenya apporte son appui à l’autodétermination des peuples, une «juste cause», a-t-il clamé. La résolution votée vendredi «souligne qu’il convient de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable» à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations unies à cette fin. Le texte adopté ajoute «mutuellement acceptable», une précision qui n’était pas dans la mouture qui devait être proposée mercredi au vote. Ses votants se félicitent de la nomination, il y quelques semaines, de Staffan de Mistura comme envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental. Lors de leurs explications de vote, ils se sont eux aussi félicités de cette nomination, les États-Unis, pays «porte-plume», rappelant qu’elle n’était que «trop attendue». À l’image du Kenya, ils ont promis au nouvel Envoyé spécial leur plein appui, «pour revitaliser un processus de paix qui s’est enlisé».
    Mohamed Ould Salek : «Le Conseil de sécurité a compris qu’il n’y a plus de cessez-le-feu»
    Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a réaffirmé samedi que l’option de la paix, comme alternative à la guerre, n’est possible que sur la base du respect de la légalité internationale qui ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. «Nous espérons que le nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU, Staffan de Mistura, saura convaincre l’autre partie (le Maroc, ndlr) et ceux qui sont derrière elle, sur le fait que trois décennies de déni de la réalité nationale sahraouie et les tentatives visant à enterrer l’accord de cessez-le-feu conclu entre les deux parties, doivent suffire à les convaincre que l’option de la paix n’est possible que sur la base du respect de la légalité internationale qui ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental», a-t-il déclaré à l’APS . Pour M. Ould Salek, le Conseil de sécurité, par son approbation vendredi de la résolution 2602, «a compris qu’il n’y a plus de cessez-le-feu». «Il est arrivé au même constat de l’Union africaine avant lui, en concluant que la guerre entre les deux parties a repris après l’agression du 13 novembre 2020 (à Guerguerat). C’est ce que le secrétaire général Antonio Guterres a confirmé dans son rapport au Conseil» sur la situation au Sahara occidental, a-t-il précisé.
    Devant ce blocage, M. Ould Salek cite deux options pour parvenir au règlement de ce conflit, vieux de quatre décennies : «Les deux pays membres de l’Union africaine (UA), la République sahraouie et le Maroc doivent accepter la solution pacifique sur la base des décisions du sommet extraordinaire de l’UA sur la stratégie visant à faire taire les armes et du sommet du Conseil de paix et de sécurité (CPS)». Ou bien «le Conseil de sécurité fixe une date pour l’organisation du référendum d’autodétermination, qui est la seule mission de la Minurso». «L’accord sur l’une des deux options est devenu désormais la seule voie pour parvenir à un nouveau cessez-le-feu», affirme M. Ould Salek.
  • CS-ONU: Au Mali, la sécurité se détériore et la crise s’approfondit

    CS-ONU: Au Mali, la sécurité se détériore et la crise s’approfondit, prévient le Représentant spécial du Secrétaire général

    « La réalité, c’est que la situation sécuritaire s’est détériorée et la crise s’approfondit » au Mali, a déclaré aujourd’hui devant le Conseil de sécurité le Représentant spécial du Secrétaire général dans ce pays, M. Al-Ghassim Wane, qui a invité le Conseil à réfléchir sur les modalités d’un travail commun et à mieux détailler les rôles et responsabilités respectifs des différents acteurs dans le pays, y compris en termes d’exigence et d’établissement des responsabilités.

    Le Conseil examinait la situation au Mali à la lumière du rapport trimestriel du Secrétaire général, mais aussi à la suite de la mission qu’il venait d’effectuer dans ce pays ainsi qu’au Niger, et qui venait de faire l’objet, quelques minutes plus tôt, d’une séance de compte-rendu.

    Daté du 1er octobre, le rapport du Secrétaire général prend notamment note de l’annonce de la décision du Gouvernement français tendant à restructurer la présence de la force de l’opération Barkhane au Sahel, avec en particulier la fermeture de trois avant-postes dans le nord du Mali, d’ici à janvier 2022; et du retrait partiel des troupes tchadiennes déployées dans le cadre de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel dans la zone du Liptako Gourma. Le Secrétaire général ajoute que, « face à la nouvelle vague de violences provoquée par les éléments extrémistes qui s’abat depuis plusieurs mois sur la population civile au Burkina Faso, au Mali et au Niger, il est nécessaire de maintenir une présence internationale forte ». Il demande donc « à toutes les parties prenantes de continuer à coordonner étroitement ces processus de restructuration et de réduction des effectifs en vue d’éviter que se forme un vide sécuritaire dont les groupes armés et les terroristes risqueraient de tirer parti ».

    M. Wane, qui a accompagné le Conseil de sécurité lors de sa visite au Mali, a jugé très sérieux les défis que pose la situation sur le terrain. Il a présenté un contexte marqué par une insécurité croissante dans le nord, le centre et le sud du pays, ainsi que par une situation humanitaire inquiétante, avec 4,7 millions de personnes nécessitant une assistance humanitaire et environ 400 000 autres déplacées, dont la moitié dans la région centrale.

    Sur le plan politique, le Représentant spécial constate que l’incertitude perdure au moment même où le Mali est aux prises avec l’achèvement de la transition. M. Wane a relevé que le Gouvernement malien issu du coup d’état du 24 mai avait saisi l’occasion de la visite du Conseil pour exprimer « haut et clair » ses préoccupations et priorités, la principale menace étant, selon ses interlocuteurs, la détérioration de la situation sécuritaire pour le Malien moyen, et la nécessité d’assurer les services de base.

    M. Wane, qui est également le Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a précisé que la Mission s’était adaptée à un climat très complexe pour protéger les civils. Il a toutefois fait observer que la Mission, dont le mandat a été reconduit pour un an, le 29 juin, avec un effectif maximal inchangé de 13 289 militaires et 1 920 policiers, devait faire avec les ressources dont elle dispose. C’est pourquoi le Secrétaire général a, de nouveau, demandé aux pays fournisseurs de contingents d’allouer à la Mission des hélicoptères de combat, tout en demandant, « par-dessus tout », aux autorités maliennes de continuer à coopérer avec la MINUSMA.

    La MINUSMA ne peut résoudre, à elle seule, les problèmes du Mali, en l’absence d’un environnement politique approprié, a estimé le Royaume-Uni lors du débat. C’est pourquoi le Royaume-Uni salue les efforts de médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et approuve son exigence de maintenir l’élection présidentielle prévue pour le 27 février 2022, et la publication, sans délai, d’un calendrier électoral. La solution au problème sécuritaire n’est pas le renforcement du mandat de la MINUSMA, mais le soutien aux forces nationales et régionales pour qu’elles puissent faire face au défi, a ajouté l’Inde.

    À cet égard, les membres du « A3+1 », par la voix du Niger, ont déclaré qu’on ne pouvait pas reprocher à la Force conjointe du G5 Sahel de ne pas avoir la capacité de relever ces défis sans lui en donner les moyens. Ils ont donc demandé au Conseil de sécurité de montrer plus de souplesse et d’appuyer leur proposition de création d’un bureau de conseil auprès du Bureau exécutif de la Force conjointe, ce qu’a aussi demandé le Mali. Dans une perspective plus large, le « A3+1 » a mis l’accent sur le rendez-vous que constitue la prochaine réunion ministérielle sur le maintien de la paix de l’ONU, prévue à Séoul les 7 et 8 décembre, pour réfléchir sur la manière de donner aux opérations de paix les moyens de s’acquitter de leur mandat.

    Le représentant du Mali, qui s’est fait l’écho de l’exaspération des citoyens maliens face à la détérioration « désastreuse » de la situation sécuritaire, a décrit une myriade d’activités entreprises par le Gouvernement avant d’assurer le Conseil de la détermination des autorités de transition de jeter les bases de « quelques réformes, pas toutes, notamment celles qui puissent garantir des élections inclusives, transparentes et crédibles ».

    Mais les efforts internationaux n’aboutiront que si les autorités maliennes s’engagent pleinement à instaurer la paix et la stabilité dans le pays, a mis en garde l’Estonie, pour qui « cela comprend l’adoption et la mise en œuvre d’une approche stratégique globale sur le rétablissement et le maintien d’une présence effective de l’État sur l’ensemble du territoire ».

    Enfin, la Fédération de Russie a appelé à tenir compte de la réalité sur le terrain et à mettre l’accent sur la stabilité intérieure du Mali, qui, sans cela, « irait vers l’impasse ». Dès lors, il serait irresponsable d’abandonner le pays à son sort et de réduire l’appui militaire, estime la Fédération de Russie. Il convient au contraire de prendre des mesures d’adaptation de la MINUSMA, s’agissant en particulier de ses effectifs, en prenant l’avis de Bamako, car ce sont les autorités nationales à qui revient le rôle décisionnel.

    LA SITUATION AU MALI – S/2021/844

    M. AL-GASSIM WANE, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, a exprimé sa gratitude pour la visite du Conseil alors que le pays se trouve à la croisée des chemins, saluant en outre l’hommage de la délégation du Conseil aux 243 Casques bleus tombés dans l’exercice de leur fonction depuis huit ans au Mali. Sur le terrain, la situation pose des défis très sérieux, avec un contexte marqué par une insécurité croissante dans le nord, le centre et le sud du pays, ainsi qu’une situation humanitaire inquiétante, avec 4,7 millions de personnes nécessitant une assistance humanitaire et environ 400 mille autres déplacées, dont la moitié dans la région centrale. Les attaques, qui prennent pour cibles à la fois les forces internationales et maliennes, y compris la Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA), ne sont pas estompées. Hier encore, le camp d’Aguelhok a été soumis à une attaque indirecte au mortier et à la roquette. Six projectiles ont été tirés sur le camp par des assaillants non identifiés. M. Wane a signalé toutefois qu’il n’y a eu ni victimes ni dégâts. Du côté politique, l’incertitude perdure au moment même où le Mali est aux prises avec l’achèvement de la transition.

    Le Représentant spécial a ensuite indiqué que le Gouvernement malien a saisi l’occasion de la visite du Conseil de sécurité pour exprimer « clairement et à haute voix » ses préoccupations et priorités. Plusieurs de ses interlocuteurs ont en effet pointé la détérioration de la situation sécuritaire comme la principale menace pour le Malien moyen, et la nécessité de fournir des services de base. M. Wane a souligné que ces doléances lui ont été faites lors de ses interactions locales à Gao, Ménaka, Mopti, Douentza, Bandiagara, Aguelhok et Tessalit, et plus récemment, Tombouctou où il se trouvait lundi. Ses interlocuteurs locaux ont également insisté sur la nécessité de mener de profondes réformes politiques et de gouvernance aux fins de la tenue réussie d’élections crédibles et d’une stabilité durable.

    Soulignant que la présence de la MINUSMA demeure cruciale, le haut fonctionnaire a indiqué que celle-ci se sert de tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat, en coordination avec les autorités maliennes et les partenaires internationaux. La Mission s’est également adaptée à un climat très complexe pour protéger les civils, y compris dans le centre du pays. M. Wane a expliqué que ses opérations sont menées en fonction des ressources disponibles et qu’en conséquence, le Secrétaire général a recommandé une hausse de l’allocation budgétaire afin, notamment, d’obtenir des hélicoptères et autres véhicules utilitaires, et qu’il revient au Conseil de se prononcer sur la voie à suivre, en prenant en considération les préoccupations des autorités maliennes. Le Représentant spécial a également évoqué d’autres lacunes en matière d’équipements, avant de lancer un appel aux pays en mesure de le faire de mobiliser les ressources requises.

    Le Représentant spécial a cependant souligné que la solution ne saurait être entièrement militaire et que l’insécurité exige aussi une réponse politique. À cet égard, la stratégie de la MINUSMA est axée sur la lutte contre les groupes extrémistes et accordera la priorité à la réconciliation, comme ce fut le cas à Ogassagou ainsi qu’au retour des autorités étatiques, à la prestation de services de base au renforcement de la résilience et à la participation des femmes et des jeunes. S’agissant de l’Accord de paix de 2015, il a exprimé sa frustration devant la lenteur de la mise en œuvre des dispositions sur le programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), les réformes institutionnelles et le développement dans le Nord, bien qu’au cours des dernières semaines, une évolution encourageante ait été constatée. Il a plus particulièrement salué l’annonce par le Gouvernement de l’intégration prochaine de 13 000 combattants des mouvements signataires d’ici à la fin de l’année, ce qu’il a estimé être des jalons les plus importants en six ans.

    Le Représentant spécial a ensuite indiqué que la transition avait atteint une étape déterminante mais qu’à quatre mois de l’échéance électorale, les espoirs sont faibles, compte tenu du fait que les autorités nationales estiment qu’il faut d’abord garantir la sécurité, lancer des réformes fondamentales, notamment en rendant opérationnel l’organe chargé de la gestion électorale pour garantir des élections crédibles. Il a évoqué, entre autres, la Révision annuelle des listes électorales, lancée le 1er octobre, au sujet des termes de référence et de la nomination des membres qui seront chargés de la surveillance et de la formation des comités d’organisation. M. Wane a mis l’accent sur la nécessité d’axer les efforts sur un consensus minimum à cet égard, la MINUSMA appuyant aussi la gestion des organes électoraux. Il a également évoqué sa mission de bons offices, en collaboration avec la CEDEAO et l’Union africaine, en vue d’un « dialogue franc » entre les parties prenantes nationales, afin d’aboutir à un consensus politique sur la voie à suivre, tout en assurant une synergie accrue entre le Mali et ses partenaires vers l’objectif commun du retour à l’ordre constitutionnel et la promesse d’une stabilité à long terme.

    En conclusion, le Représentant spécial a déploré que « la réalité, c’est que la situation sécuritaire s’est détériorée et la crise s’approfondit ». Mais tout n’est pas perdu, a-t-il assuré, en invitant à une réflexion pour réexaminer la façon dont on travaille ensemble, mieux détailler les rôles et responsabilités respectifs, y compris en termes d’exigence et d’établissement

    M. MOUSSA MAMAN SANI (Niger), qui s’exprimait au nom des « A3+1 » (Niger, Kenya, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), a déclaré que la récente visite des membres du Conseil de sécurité au Mali avait été l’occasion de découvrir l’environnement dans lequel les Casques bleus opèrent avec les contraintes qui leur sont imposées par les États Membres de l’ONU. Il a insisté sur le rendez-vous de la prochaine réunion ministérielle sur le maintien de la paix de l’ONU, qui se tiendra à Séoul pour réfléchir sur la manière de donner les moyens nécessaires aux missions pour s’acquitter de leurs mandats. Il a salué les mesures prises par les autorités de transition pour faire face à la détérioration de la situation dans le pays et les a encouragées à poursuivre sur cette voie. Toutefois, la stabilisation tant attendue au Mali passe par des élections libres, crédibles, transparentes dans les délais impartis, a fait valoir le représentant, en appelant les dirigeants maliens à s’engager à respecter la feuille de route de la CEDEAO notamment.

    Le Mali, comme le Sahel, est en prise avec des défis sécuritaires, aux changements climatiques et à la pandémie de COVID-19, a également fait observer le représentant, qui a estimé que l’on ne pouvait pas reprocher à la Force conjointe G5 Sahel de ne pas avoir la capacité de relever ces défis sans lui en donner les moyens. Dès lors, les A3+1 appellent le Conseil de sécurité à faire montre de plus de flexibilité et appuient la proposition de création d’un bureau de conseil auprès du Bureau exécutif de la Force conjointe G5-Sahel.

    Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a appuyé le rôle de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Mali, avant de juger préoccupante l’expulsion par les autorités maliennes de M. Hamidou Boly, représentant de cette organisation. Jugeant impératif l’achèvement de la transition politique au Mali, ainsi qu’un retour à l’ordre constitutionnel, Mme Byrne Nason a jugé décevant que les mesures préparatoires aux élections n’aient pas été prises, avant d’appeler à travailler étroitement avec l’Union africaine et la CEDEAO pour favoriser le retour à l’ordre constitutionnel. « L’engagement renouvelé à l’Accord de Paix est essentiel », a-t-elle insisté, avant d’exhorter tous les acteurs à respecter leurs responsabilités et leurs obligations.

    Par ailleurs, la représentante a dit espérer la désignation de 15 femmes aux mécanismes de suivi de l’Accord, en rappelant que la participation des femmes crée, renforce, et rend durable la paix. Elle a estimé que l’Observatoire Indépendant des Femmes serait un outil important pour s’assurer qu’elles soient complètement engagées dans les processus politiques et de paix. Face à la détérioration de la situation humanitaire, elle a exhorté les autorités maliennes à développer leur coopération avec la MINUSMA pour permettre à la mission de mettre en œuvre pleinement ses missions d’assistance à la population.

    En outre, Mme Byrne Nason a exhorté les autorités maliennes à mettre fin à l’impunité, y voyant une condition de la rupture du cycle des conflits et du renforcement du contrat social entre le peuple malien et l’État. Nous nous félicitons du travail accompli par la MINUSMA pour établir un mécanisme de suivi de la mise en œuvre des principales recommandations de la commission d’enquête, a ajouté la représentante, qui a renouvelé le soutien de l’Irlande au régime de sanctions créé par la résolution 2374 (2017), tout en regrettant les retards dans la nomination d’experts, qui freinent un processus essentiel. Enfin, elle s’est inquiétée que le processus de transition politique, dont beaucoup dépend, soit en péril, avant d’avertir que tout retard dans cette transition ne ferait qu’alimenter l’instabilité politique et sociale, permettrait aux groupes extrémistes d’étendre leur contrôle et exacerberait les souffrances du peuple malien.

    M. RICHARD MILLS (États-Unis) a jugé « impératif » que la protection des civils reste une « priorité absolue » de la MINUSMA et du Gouvernement de transition. Ce dernier doit continuer de prendre des mesures crédibles pour lutter contre l’impunité et s’assurer que ses citoyens disposent d’un canal politique pour exprimer leurs préoccupations. Il a demandé au Gouvernement de transition malien de respecter strictement le calendrier de transition vers un gouvernement démocratiquement élu et la tenue de l’élection présidentielle le 27 février 2022. Par ailleurs, bien que nous convenions que les problèmes de gouvernance et de corruption sont au cœur de l’insécurité au Mali, les réformes initiées par le Gouvernement de transition devraient, soit être achevées dans les délais convenus, soit confiées à un gouvernement élu pour qu’elles se poursuivent, a-t-il ajouté.

    M. Mills a également affirmé soutenir les paramètres définis par la CEDEAO et reflétés dans la Charte de transition du Mali qui interdisent au Président de transition et au Premier Ministre d’être candidats à la prochaine élection présidentielle. Il est en outre essentiel que les élections soient libres, équitables et administrées de manière transparente. À ce titre, les États-Unis exhortent le Gouvernement de transition à garantir la participation pleine, égale et significative des femmes en tant qu’électrices ou candidates. La délégation américaine a également souligné l’importance des groupes d’observateurs électoraux nationaux en tant qu’outil essentiel pour faciliter des élections libres et équitables.

    Les États-Unis ont en outre estimé que le Gouvernement de transition doit créer les conditions de stabilité et répondre aux doléances sociales. Cela nécessite la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix. Pour cette raison, la délégation se félicite de la nomination par l’Algérie de M. Boudjemaa Delmi à la présidence du Comité de suivi dudit accord. Si elle a salué les efforts déployés pour soutenir le G5 Sahel, elle a toutefois exprimé ses doutes quant au fait que l’ONU puisse être un « véhicule » approprié ou efficace pour un soutien logistique à la Force conjointe du G5 Sahel. Elle reste cependant « impatiente » d’identifier d’autres options bilatérales et multilatérales non onusiennes.

    M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a demandé que les préparatifs d’élections crédibles, inclusives et transparentes se poursuivent, en rappelant que la période de transition ne doit servir qu’à un retour vers un régime civil et un ordre constitutionnel conformément à la feuille de route convenue. Il a regretté que la représentation des femmes dans le Gouvernement de transition reste à 21,4%, ce qui est inférieur aux 30% requis par la loi. S’inquiétant de la lenteur des progrès du processus de paix au Mali issu de l’Accord de paix d’Alger, le représentant de l’Estonie a exhorté toutes les parties maliennes à recentrer leur attention et à poursuivre leurs efforts pour prendre des mesures concrètes dans le processus de mise en œuvre.

    Après avoir salué l’appui de la MINUSMA aux processus DDR et SSR au Mali, le représentant a prévenu que les efforts internationaux ne pourront aboutir que si les autorités maliennes s’engagent pleinement à instaurer la paix et la stabilité dans le pays. « Cela comprend l’adoption et la mise en œuvre d’une approche stratégique globale sur le rétablissement et le maintien d’une présence effective de l’État sur l’ensemble du territoire », a-t-il insisté, avant de rappeler que tous ceux qui entravent le processus de paix au Mali doivent être tenus pour responsables. Le représentant a espéré que le Groupe d’experts sur le Mali sera bientôt pleinement opérationnel pour poursuivre son précieux travail d’assistance au Conseil de sécurité dans la mise en œuvre des mesures de sanctions adoptées à la demande du Gouvernement malien. En outre, il a aussi souligné que la lutte contre les abus de droits de l’homme passait par la lutte contre l’impunité et le rétablissement de l’autorité de l’État sur tout le territoire.

    Le représentant de l’Estonie a salué l’engagement de l’Union africaine et de la CEDEAO à soutenir la transition politique au Mali. Il a assuré que l’Estonie continuera de soutenir les efforts de paix au Mali et dans l’ensemble de la région du Sahel, notamment par le biais de missions de formation multilatérales et d’efforts antiterroristes, ainsi que par le biais d’initiatives de consolidation de la paix et de prévention des conflits.

    M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a dit partager les mêmes inquiétudes quant au manque de progrès accomplis par les autorités de transition maliennes dans la préparation des élections. Le Royaume-Uni soutient les efforts de médiation de la CEDEAO et approuve son appel visant à la publication, sans délai, d’un calendrier électoral. Si sa délégation reconnaît la nécessité de réformes axées sur les questions de gouvernance, de sécurité et de justice, elle estime aussi que les autorités devraient se concentrer sur celles qui sont nécessaires pour une transition politique. Les réformes plus larges sont l’affaire d’un gouvernement démocratiquement élu, a déclaré le représentant.

    Le représentant a également déclaré que son pays reste déterminé à faire tout son possible pour aider à relever ces défis que rencontre le Mali. Dans le cadre de la MINUSMA, les troupes britanniques démontrent comment une coordination militaire civile renforcée et un maintien de la paix plus proactif peuvent offrir une meilleure protection aux communautés dans les zones difficiles d’accès. Cependant, la MINUSMA ne peut résoudre à elle seule les problèmes du Mali, en l’absence d’un environnement politique approprié.

    Pour cette raison, la délégation est d’avis qu’il faut continuer de suivre de près l’évolution de la situation au Mali, dans l’espoir que les autorités de transition continueront à s’engager étroitement avec la CEDEAO et assureront un retour rapide à l’état constitutionnel. Si les autorités ne le font pas, il doit y avoir des conséquences, a prévenu le représentant, ajoutant que dans le contexte actuel, le Comité des sanctions du Mali et le Groupe d’experts doivent continuer d’opérer sans entrave, rendre compte des développements sur le terrain et éclairer le Conseil de sécurité dans la prise de décisions.

    M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a dit que les événements des derniers mois au Mali indiquent que la transition pourrait aller au-delà de février 2022. Mais les autorités de transition doivent s’organiser conformément à l’engagement convenu avec la CEDEAO, a exhorté le représentant, pour qui la mise en œuvre de l’Accord de paix est cruciale. Le délégué a réitéré que la situation sécuritaire s’était dégradée dans ces régions du pays où les groupes armés ont multiplié les attaques, et tirent parti du vide administratif et sécuritaire. Pour lui, la solution à ce problème n’est pas le renforcement du mandat de la MINUSMA, mais le soutien aux forces nationales et régionales pour qu’elles puissent faire face au défi. M. Raguttahalli a toutefois appelé à continuer d’appuyer la Mission pour stabiliser la sécurité au Mali, la hausse des attaques contre les Casques bleus informant de la nécessité de renforcer les camps de la Mission. La population malienne a besoin de solutions aux défis du pays, a indiqué le représentant, avant de prier le Conseil de sécurité d’appuyer les solutions régionales et politiques au Mali.

    Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a déclaré que tout dépend de la stabilité intérieure de la situation politique au Mali, faute de quoi, le pays « irait vers l’impasse ». Elle a salué la visite du Conseil au Niger et au Mali, et mis l’accent sur la nécessité de continuer de favoriser un large dialogue avec un large spectre de participation, notamment pour la mise en œuvre de l’Accord et les réformes qui s’imposent. Il faut faire cela en tenant compte de la réalité sur le terrain et des conditions locales qui exigent des mesures sélectives. Sans rétablissement du contrôle de l’État sur l’ensemble du pays, a-t-elle affirmé, les résultats des élections ne pourront être considérés fiables.

    La situation sécuritaire reste très compliquée, les extrémistes continuant leurs attaques contre les civils et les forces de la MINUSMA. Il serait irresponsable d’abandonner le pays à son sort et de réduire l’appui militaire, car il en va de la stabilité de la région, a insisté la représentante. Il est impératif que la coopération étroite entre les autorités maliennes et la MINUSMA se poursuive. Elle a recommandé de prendre des mesures d’adaptation de la Mission, s’agissant en particulier de ses effectifs, en prenant l’avis de Bamako, car ce sont les autorités nationales à qui revient le rôle décisionnel. Enfin, Mme Evstigneeva a mis l’accent sur le principe de non-ingérence dans les affaires maliennes. Mais le pays étant clef dans la région, elle a estimé que l’idée de la Commission africaine d’un déploiement de forces africaines mérite d’être approfondie.

    M. ZHANG JUN (Chine) a estimé que la visite des membres du Conseil de sécurité au Mali et au Niger leur avait permis de comprendre la situation sur le terrain ainsi que les difficultés rencontrées. Concrètement, cette visite devrait permettre de fournir une aide plus ciblée, a estimé le représentant. La priorité au Mali est de préserver la stabilité politique, et la Chine soutient les autorités de transition maliennes qui cherchent à renforcer l’unité par le dialogue et à améliorer l’inclusivité. Elle soutient, en outre, les efforts de médiation de la CEDEAO et de l’Union africaine, a assuré le représentant, tout en appelant à tenir compte de la réalité dans le pays.

    Préoccupée par la détérioration des conditions sécuritaires au Mali, la Chine appelle à l’application stricte de l’Accord de paix. Les efforts doivent débuter par les aspects politiques, économiques et judiciaires, a estimé le représentant, pour qui cela permettrait de s’attaquer aux causes profondes du conflit, alors que la communauté internationale devrait continuer de soutenir le Mali dans sa lutte contre le terrorisme. Pour la Chine, il faut éviter un vide sécuritaire qui pourrait avoir des conséquences néfastes. Le représentant a salué les efforts du Chef de la MINUSMA et a appelé à prendre des mesures ciblées pour améliorer la compréhension de la situation sur le terrain, en particulier la protection des camps. Pour sa part, la Chine est disposée à travailler avec le Secrétariat sur cette question de la sécurité des Casques bleus.

    Pour Mme MONA JUUL (Norvège), la visite du Conseil au Mali a mis en exergue le besoin de réformes politiques et institutionnelles, au-delà desquelles il sera nécessaire de maintenir le processus de transition sur la bonne voie pour garantir la paix. Après deux coups d’état, les autorités de transition ont désormais une énorme responsabilité envers le peuple malien, a-t-elle souligné. Leurs décisions politiques auront également des conséquences sur la situation sécuritaire de l’ensemble de la région. Pour ce qui est de la transition démocratique, la Norvège a estimé que le seul moyen d’assurer la légitimité des réformes politiques clefs est de céder le pouvoir à un gouvernement dirigé par des civils. Elle a conseillé vivement aux autorités de transition du Mali de ne jamais perdre de vue ce fait. Cela signifie proposer un plan crédible pour savoir comment et quand les élections auront lieu. La CEDEAO, l’UA, ce Conseil –et la propre Charte de transition du Mali– ont tous été clairs sur cette question, leur a-t-elle rappelé. En outre, l’Accord d’Alger, signé par toutes les parties, doit être respecté et mis en œuvre dans l’ensemble du pays. La Norvège a également insisté sur l’inclusivité, notamment des femmes.

    La délégation s’est dite alarmée par l’augmentation des attaques contre les civils et par les violations et abus des droits de l’homme. Le nombre de déplacés internes au Mali a également quadruplé en deux ans. Grâce notamment au leadership du Niger, le Conseil de sécurité a adopté ce matin une résolution sur la protection de l’éducation en période de conflit, ce qui a amené la Norvège à rappeler que, rien qu’au Mali, près d’un demi-million d’enfants sont touchés par près de 1 600 écoles qui restent fermées. Or, sans écoles, les enfants sont plus vulnérables aux abus, au recrutement et à l’utilisation par des groupes armés. La Norvège s’est enfin félicitée que toutes les parties signataires aient désormais rejoint le « Plan d’action contre le recrutement et l’utilisation d’enfants dans les conflits armés », et de la signature par le Mali de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles – une déclaration qui a fait l’objet d’une conférence internationale à Abuja cette semaine.

    Notant que « la répétition a valeur de pédagogie », M. ISSA KONFOUROU (Mali) a réitéré les observations du Gouvernement malien, en s’inquiétant d’abord de la dégradation quotidienne de la situation sécuritaire au Mali malgré les efforts sur le plan national et en dépit d’une forte présence militaire internationale depuis 2013. Il a cité que l’exaspération des citoyens maliens face à la dégradation de la situation sécuritaire s’adresse aussi aux partenaires du Mali, y compris la MINUSMA, l’opération Barkhane et autres. « Il ne s’agit pas de sentiments antiforces internationales », a insisté le représentant, avant de préciser que les Maliens sont très reconnaissants des sacrifices humains, matériels et financiers importants consentis par la communauté internationale pour la paix dans leur pays. « Cependant, ils exigent que nous travaillions davantage ensemble pour permettre à l’État de rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire national, condition essentielle pour qu’ils vivent en sécurité et en dignité dans les villes et les campagnes », a précisé M. Konfourou.

    Illustrant les conséquences désastreuses de la dégradation de la situation sécuritaire au Mali, M. Konfourou a cité des centaines de milliers de Maliens obligés de fuir; la destruction ou l’occupation des infrastructures scolaires, qui a conduit à la fermeture de 1 300 écoles dans le nord et le centre du Mali et à la déscolarisation de plusieurs milliers d’enfants; le chômage de plus de 9 000 enseignants; des services sociaux de base qui ne fonctionnent plus là où l’administration publique a dû se replier pour des raisons sécuritaires. Soulignant les conséquences humanitaires de cette situation, le représentant a noté que les populations sont empêchées de mener leurs activités agricoles, d’élevage, de pêche et de commerce par divers groupes criminels. Il a rappelé que les dirigeants de la CEDEAO ont, dès octobre 2018, recommandé, à l’issue de leur mission d’information relative à la crise postélectorale de mener les réformes politiques et institutionnelles qui puissent garantir une stabilité institutionnelle durable du pays. Il a dit la détermination des autorités de transition à jeter les bases de « quelques réformes, pas toutes, notamment celles qui puissent garantir des élections inclusives, transparentes et crédibles ».

    À cet égard, il a précisé qu’un calendrier électoral sera présenté à la CEDEAO à l’issue des assises nationales de la refondation, qui se tiendront de novembre à décembre 2021. Illustrant la détermination du Gouvernement, le représentant a cité la mise en place, dès novembre, d’un organe unique de gestion des élections; la révision des listes électorales entre le 1er octobre et le 31 décembre 2021; les opérations d’inscription électorale; et l’adoption de la loi électorale par le Conseil national de Transition en novembre.

    Pour ce qui est de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, M. Konfourou a précisé que la quarante-cinquième session du Comité de suivi de l’Accord (CSA), organisée à Bamako le 5 octobre dernier, a offert aux parties l’occasion de renouveler leurs engagements en faveur du parachèvement du DDR accéléré. Il a précisé que sur 3 000 ex-combattants à réintégrer au titre des mouvements signataires, 1 840 l’ont déjà été à l’armée nationale reconstituée et que les 1 160 restants le seront dès réception de la liste correspondante de la Coordination des mouvements de l’Azawad. Il a ajouté que le Gouvernement reste disposé à intégrer prochainement d’autres anciens combattants des mouvements signataires au sein des Forces armées et de sécurité, de la fonction publique de l’État et d’autres corps paramilitaires du pays, « dès lors que les quotas seront compatibles avec les capacités du budget national ».

    Notant que le Mali est devenu un pays surmilitarisé et paradoxalement très vulnérable face au terrorisme et aux autres formes de crime organisé, il a jugé pertinent de mener des consultations approfondies pour mieux apprécier la pertinence de la hausse des effectifs militaires de la MINUSMA, sa valeur ajoutée, son efficacité, son articulation avec les forces maliennes sur le terrain. « Nous voulons plus d’actions ou d’opérations communes sur le terrain », a insisté le représentant avant de juger nécessaire d’adapter le mandat de la MINUSMA aux besoins sécuritaires réels du Mali. À cet égard, il a notamment demandé le déploiement de brigades d’intervention rapide, capables de mener des opérations de protection des populations contre les menaces extrémistes.

    Par ailleurs, le représentant a assuré de la détermination du Gouvernement, malgré les nombreux défis, à ne ménager aucun effort pour lutter contre l’impunité et pour la protection des droits humains, tout en reconnaissant que les conditions sécuritaires sur le terrain, l’absence des services publics compétents dans certaines localités et le déficit d’expertise dans certains domaines ne favorisent pas l’aboutissement rapide des procédures ouvertes. C’est pourquoi le représentant malien a plaidé pour un renforcement de la coopération internationale en faveur du Mali en vue de l’aider à relever les défis sur ce plan, en termes de formation, d’équipements, d’expertise et de financements adéquats.

    Après avoir remercié les pays voisins qui accueillent des centaines de milliers de Maliens déplacés, il a prévenu d’une possible détérioration de la situation humanitaire en raison d’une mauvaise saison de pluie et de l’insécurité grandissante dans les régions du centre du pays, zones de production par excellence. Il a précisé que le Gouvernement travaille, avec l’appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux, à créer les conditions idoines d’un retour dans la sécurité et la dignité des populations, y compris en vue de leur participation aux prochaines élections générales au Mali. Enfin, il a précisé que le G5 Sahel, avec ses deux piliers sécurité et développement, constitue une réponse globale, adéquate et durable aux multiples défis de l’espace commun régional. C’est pourquoi, pour la pleine opérationnalisation de la Force conjointe, le représentant du Mali a réitéré son appel au Conseil de sécurité en faveur d’un mandat robuste, c’est à dire placé sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, et d’un financement prévisible et pérenne de la Force conjointe, y compris à travers les Nations Unies. Enfin, il a appuyé la proposition de création d’un Bureau d’appui des Nations Unies à la Force conjointe du G5 Sahel.

    UN Press, 29/10/2021

  • Le Mali au Conseil de sécurité

    Le Mali au Conseil de sécurité au Sahel. L’approche du Conseil vis-à-vis de la transition a été de soutenir les efforts et les positions de la CEDEAO. La résolution 2584 qui a renouvelé le mandat de la MINUSMA en juin a réaffirmé la nécessité de respecter le calendrier de la transition et la date des élections du 27 février 2022.

    Demain (29 octobre), le Conseil de sécurité tiendra son briefing trimestriel, suivi de consultations, sur le Mali. Le Représentant spécial et chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), El-Ghassim Wane, devrait faire un exposé. En outre, la France, le Kenya et le Niger – les co-responsables de la mission de visite du Conseil au Mali et au Niger, qui s’est déroulée du 23 au 25 octobre – devraient faire un exposé sur cette visite. Cet après-midi (28 octobre), les co-responsables ont fait circuler un projet de communiqué de presse sur la mission de visite, qui pourrait être publié après la réunion de demain.

    La transition politique au Mali est un sujet de discussion attendu lors de la réunion de demain. Lors de leur visite à Bamako, les membres du Conseil se sont concentrés sur l’évaluation de l’état de la transition politique du pays et sur les préparatifs des élections qui doivent avoir lieu le 27 février 2022. Depuis le coup d’État du 24 mai qui a évincé les principaux dirigeants civils de la transition et fait du colonel Assimi Goïta un président de transition, il semble de plus en plus improbable que le Mali organise ces élections comme prévu. Le dernier rapport de 90 jours du Secrétaire général sur le Mali, daté du 1er octobre, exprime une « grande préoccupation » concernant les retards dans « les préparatifs pour la tenue d’élections générales et l’achèvement de la transition politique ». Lors de son briefing, M. Wane pourrait évoquer les difficultés à respecter le calendrier électoral, le temps étant compté pour mettre en œuvre les réformes électorales et les mesures juridiques nécessaires.

    Le rôle de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la transition politique du Mali est un autre sujet probable de discussion lors de la réunion de demain. La CEDEAO a négocié la transition politique du Mali l’année dernière et a continué à insister pour que les autorités de transition respectent le calendrier de 18 mois de la transition et la date de février pour les élections. Lors d’une session spéciale en septembre, la CEDEAO a décidé d’imposer des sanctions à ceux qui ont un impact négatif sur l’achèvement de la transition. Une délégation de la CEDEAO s’est rendue au Mali au début du mois, conduite par le président ghanéen Nana Akufo-Addo, président en exercice de la CEDEAO, qui était accompagné du médiateur de la CEDEAO au Mali, Goodluck Jonathan, et du président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou. Au cours de leur visite, les représentants de la CEDEAO auraient réitéré la position du bloc régional selon laquelle les élections devraient se tenir selon le calendrier actuel.

    M. Wane devrait mentionner la décision prise par les autorités de transition le 25 octobre d’expulser Hamidou Boly, le représentant spécial de la CEDEAO au Mali, qui a été déclaré « persona non grata » et a reçu 72 heures pour quitter le pays. Un communiqué du gouvernement a déclaré que l’expulsion de Boly était le résultat « d’actions incompatibles avec son statut » – une décision qui reflète les tensions entre le gouvernement malien et le bloc régional. Les autorités maliennes ont ensuite arrêté Issa Kaou N’Djim, un vice-président du parlement de transition du Mali, après qu’il ait critiqué la décision d’expulser le représentant de la CEDEAO. Une déclaration de la Commission de la CEDEAO hier (27 octobre) a décrit l’expulsion comme une « mesure extrême » et a noté que le bloc régional restait engagé à soutenir la transition du Mali.

    M. Wane pourrait également observer l’absence de progrès dans la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation de 2015 au Mali, qui est au point mort en raison de l’accent mis sur la transition politique. Il pourrait noter, comme le décrit le dernier rapport du Secrétaire général, que la situation sécuritaire dans certaines parties du centre du Mali s’est considérablement détériorée, notamment dans le Cercle de Niono, dans la région de Ségou, où des groupes extrémistes violents continuent d’assiéger des villages. M. Wane devrait répéter la recommandation du Secrétaire général, formulée dans un rapport du 16 juillet, d’augmenter le niveau de la force de la MINUSMA, dans le but de renforcer sa capacité à protéger les civils dans le centre. Il est également susceptible de souligner la nécessité pour les autorités maliennes de faire face à la crise sécuritaire dans le centre en développant une stratégie politique pour protéger les civils, réduire la violence intercommunautaire, renforcer la présence de l’État et fournir des services de base.

    La France, le Kenya et le Niger devraient présenter un résumé de la mission de visite du Conseil au Mali et au Niger lors de la session de demain. À leur arrivée à Bamako, les membres du Conseil ont publié des éléments de presse notant le soutien continu du Conseil au Mali depuis 2012 et indiquant qu’ils étaient là « pour écouter les autorités de la transition et déterminer la meilleure façon de les soutenir dans leurs efforts pour réaliser pleinement cette transition ». Ils ont également exprimé leur intention de délivrer « des messages clairs sur la nécessité d’organiser les élections, de mettre en œuvre l’accord de paix et de stabiliser le centre du Mali ». Ces points ont été apparemment transmis par les membres du Conseil tout au long de leur visite.

    Au Mali, les membres du Conseil ont tenu des réunions avec Goïta et avec le Premier ministre de transition Choguel Maïga, qui était accompagné de 11 ministres. Il semble que les autorités maliennes aient indiqué leur intention de prolonger la transition, notant la nécessité de poursuivre les réformes et d’améliorer la sécurité. Elles auraient informé les membres du Conseil qu’elles organiseraient une conférence de dialogue national en décembre afin de déterminer la voie à suivre pour l’organisation d’élections.

    L’approche du Conseil vis-à-vis de la transition a été de soutenir les efforts et les positions de la CEDEAO. La résolution 2584 qui a renouvelé le mandat de la MINUSMA en juin a réaffirmé la nécessité de respecter le calendrier de la transition et la date des élections du 27 février 2022. Il semble que la plupart des membres du Conseil continuent à adopter cette position. Lors de la réunion de demain, les membres pourraient insister sur la nécessité pour les autorités de transition d’élaborer et de présenter un calendrier avec des plans et des étapes pour la tenue des élections – un point qu’ils ont apparemment soulevé à Bamako.

    Au cours de la mission de visite, les membres ont également discuté de la proposition du Secrétaire général de renforcer la MINUSMA avec 2 069 personnels en uniforme supplémentaires. Le mois dernier, le Mali s’est opposé à l’envoi de nouvelles troupes alors que les membres du Conseil commençaient à examiner la recommandation, affirmant que les soldats de la paix supplémentaires ne feraient pas la différence sans un mandat plus robuste. Au cours de la visite, les autorités de transition ont apparemment remis en question la valeur de la MINUSMA puisqu’elle n’est pas en mesure de combattre les groupes terroristes.

    D’autres réunions au Mali ont eu lieu avec les parties signataires de l’accord de paix, la société civile, la direction de la MINUSMA et l’équipe de pays des Nations unies, ainsi que des représentants de la médiation internationale de l’accord de paix et du comité de suivi de la transition politique.

    Au cours de leur visite au Niger, les membres du Conseil ont rencontré le président nigérien Mohamed Bazoum, d’autres hauts responsables du gouvernement, l’équipe de pays des Nations unies et des représentants du Groupe des cinq pour la force conjointe du Sahel (FC-G5S) – qui comprend les forces du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger – y compris le commandant de la force FC-G5S, le général de division Oumar Bikimo. Les réunions ont notamment porté sur la nécessité d’accroître le soutien à la FC-G5S. À cet égard, les participants ont mentionné la proposition du Secrétaire général de créer un bureau des Nations Unies dédié au soutien logistique des opérations de la FC-G5S, dont la France et le Niger sont de fervents partisans. L’idée reste toutefois controversée, et le Royaume-Uni et les États-Unis ont apparemment exprimé leurs objections à la création de ce bureau au cours des réunions.

    Security Council report, 28/10/2021

  • Niger : Le Conseil de sécurité rencontre les autorités

    Niger : Le Conseil de sécurité rencontre les autorités. Ils discutent sur les défis sécuritaires et humanitaires

    Lors d’une visite au Niger qui s’est achevée lundi soir, une délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies a discuté avec les autorités des défis sécuritaires et humanitaires auxquels la région du Sahel, et notamment le Niger, sont confrontés.

    Après une visite de deux jours au Mali ce weekend, l’objectif de cette visite au Niger était de voir comment le Conseil de sécurité peut mieux soutenir la région du Sahel sur des questions telles que le terrorisme et le changement climatique.

    A Niamey, la capitale du Niger, la délégation a rencontré lundi en fin d’après-midi le Président Mohamed Bazoum, après des rencontres avec d’autres hauts responsables gouvernementaux, dont le Premier ministre. La délégation a aussi rencontré des représentants de la force conjointe du G5-Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad).

    Lors d’un point de presse, le Président du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre, l’Ambassadeur du Kenya, Martin Kimani, a indiqué que tous les membres du Conseil ont salué les avancés enregistrées par le Niger.

    « Nous sommes venus au Niger pour y comprendre la situation, savoir ce qu’il se passe au Sahel, comprendre l’expérience du Niger », a dit M. Kimani. « Le Président Bazoum a partagé avec nous l’expérience du Niger, a évoqué sa soif de démocratie, a mentionné tous les succès rencontrés dans le domaine de la démocratie ».

    « Nous avons discuté des défis humanitaires, du développement, liés au changement climatique », a-t-il ajouté. « Tous les membres du Conseil de sécurité ont été très positifs, ont salué les avancées enregistrées par le Niger ».

    Lutte contre le terrorisme
    Selon l’Ambassadeur du Kenya, l’ensemble des membres du Conseil « souhaitent et doivent soutenir le Niger, le G5-Sahel, dans la lutte contre le terrorisme sur la base de la solidarité, car ce n’est qu’ainsi, en luttant ensemble, que nous pourrons venir à bout de ces défis pour l’Afrique et l’ensemble de la communauté internationale ».

    L’Ambassadeur de France, Nicolas de Rivière, a noté pour sa part que « le Conseil de sécurité s’occupe très étroitement, très activement de la situation dans la région ». « Le Conseil de sécurité est en appui à la paix et à la stabilité dans la région. On va continuer à le faire, à essayer de vous aider, d’aider aussi le Mali dans toute la mesure du possible ».