Étiquette : Coronavirus

  • Une étude italienne montre que les infections et les décès dus au COVID-19 chutent après les vaccinations.

    Les infections au COVID-19 chez les adultes de tous âges ont chuté de 80 % cinq semaines après l’administration d’une première dose de vaccin Pfizer (PFE.N), Moderna (MRNA.O) ou AstraZeneca (AZN.L), selon une étude italienne publiée samedi.

    La première étude de ce type menée par un pays de l’Union européenne sur l’impact réel de sa campagne de vaccination a été réalisée par l’Institut national italien de la santé (ISS) et le ministère de la santé sur 13,7 millions de personnes vaccinées dans tout le pays.

    Les scientifiques ont commencé à étudier les données à partir du jour où la campagne de vaccination de l’Italie a commencé, le 27 décembre 2020, jusqu’au 3 mai 2021.

    L’analyse a montré que le risque d’infection par le SRAS-CoV-2, d’hospitalisation et de décès diminuait progressivement après les deux premières semaines suivant la vaccination initiale.

    « Dès 35 jours après la première dose, on observe une réduction de 80 % des infections, de 90 % des hospitalisations et de 95 % des décès », indique l’ISS, ajoutant que le même schéma a été observé chez les hommes et les femmes, quel que soit leur âge.

    « Ces données confirment l’efficacité de la campagne de vaccination et la nécessité d’atteindre rapidement une couverture élevée dans toute la population pour mettre fin à l’urgence », a déclaré le président de l’ISS, Silvio Brusaferro, dans le communiqué.

    Parmi les quelque 14 millions de personnes incluses dans l’étude italienne, 95 % de celles qui avaient pris Pfizer et Moderna avaient terminé le cycle de vaccination, tandis qu’aucune de celles qui avaient pris AstraZeneca n’avait reçu de seconde dose.

    Jusqu’à présent, l’Italie a suivi les recommandations des fabricants, en administrant une deuxième dose de Pfizer trois semaines après la première, une deuxième dose de Moderna après un intervalle de quatre semaines et une deuxième dose d’AstraZeneca après un intervalle de 12 semaines.

    Samedi matin, quelque 8,3 millions d’Italiens, soit 14 % de la population, étaient complètement vaccinés, tandis qu’environ 10 millions de personnes avaient reçu un premier vaccin.

    Reuters, 15 mai 2021

    Etiquettes : Italie, coronavirus, covid 19, pandémie, vaccination, vaccin, contaminations, mortalité,

  • Keina Espiñeira : « Le Maroc a utilisé la pandémie pour exercer une pression accrue sur Ceuta et Melilla ».

    L’expert en migration analyse les réformes « silencieuses » du Maroc en pleine pandémie et leur impact sur les flux migratoires.

    Entre 2019 et 2020, le nombre de demandeurs d’asile au Maroc a augmenté de 25 %, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). À cela s’ajoute la crise provoquée par la pandémie, qui a plongé le pays dans la plus grave récession économique depuis 1948. Si le scénario actuel met en évidence une « explosion de la pauvreté », comme le souligne Le Monde Afrique, l’importance géopolitique du Maroc dans le détroit de Gibraltar ne cesse de croître. En fait, les événements récents laissent entrevoir une romance entre les États-Unis de Trump et la monarchie alaouite en échange d’une reconnaissance mutuelle d’Israël par le Maroc et du Sahara occidental par ce dernier. Depuis 2014, l’Union européenne (UE) a injecté 343 millions d’euros dans les programmes de gestion de la migration au Maroc, mais tout semble indiquer que la monarchie alaouite joue ses cartes avec deux poids, deux mesures : elle brandit un discours où les droits de l’homme (DH) semblent être une coalition dans ses politiques internes en même temps qu’elle exécute des raids pour contrôler les migrants et des expulsions de militants et de journalistes.

    Keina Espiñeira (La Corogne, 1983) est une chercheuse spécialisée dans la migration à la frontière entre l’Espagne et le Maroc, une productrice de films documentaires et une militante. Sa carrière est caractérisée par la présence de théories postcoloniales, de géographies politico-culturelles et d’expressions artistiques aux frontières de la Méditerranée. Dans cet entretien réalisé par vidéoconférence, Mme Espiñeira donne plusieurs clés pour comprendre l’histoire de la frontière sud de l’Espagne et les tendances qui définiront les frontières du futur.

    Question : Le titre de sa thèse est : « Paisajes migrantes en la frontera estirada. Pourquoi avez-vous choisi le Maroc comme l’un des points centraux de votre travail universitaire ?

    Réponse : À Madrid, je me suis beaucoup intéressé aux récits postcoloniaux, à l’orientalisme d’Edward Said et aux théories de la postcolonialité avec Walter Mignolo et Aníbal Quijano d’Amérique latine. J’évoluais dans le domaine des discours et j’avais besoin d’un contrôle de la réalité pour les traduire dans un présent immédiat. Je me suis engagé dans des mouvements de quartier dénonçant les descentes de police, comme le processus d’internement dans le CIE d’Aluche. J’avais un pied à l’université et un autre dans la rue. C’est là que j’ai commencé à comprendre la question post-coloniale des migrations à travers la frontière, car j’ai compris qu’elle fonctionnait comme une institution de classification et de différenciation socio-économique. C’est alors que j’ai décidé de me rendre au Maroc et que j’ai découvert les porosités de la frontière. Ce n’est pas quelque chose de monolithique ou de statique.

    Q : Compte tenu de l’évolution du Maroc dans le domaine des droits de l’homme, quelle a été la plus grande avancée en matière de droits des migrants ? et le plus grand échec ?

    R : Je prendrai le point de départ en ce qui concerne l’UE. L’un des moments clés est la création de l’espace Schengen. Qu’est-ce que cela implique ? L’Espagne a rejoint la Communauté économique européenne (CEE) en 1986 et a signé les accords de Schengen en 1991. Jusqu’alors, il n’y avait pas de visa entre les deux pays. Cela change complètement les relations de mobilité. Un exemple clair est la transformation des villes autonomes de Ceuta et Melilla, dont le périmètre terrestre est fermé avec la construction des clôtures frontalières en 1993, devenant ainsi la seule extension de Schengen en Afrique.

    La deuxième mesure, l’accord de réadmission, est intervenue en 1992. Il est entendu que l’Espagne peut expulser toute personne de nationalité marocaine qui se trouve sur le territoire en situation d’irrégularité administrative -sans visa ni permis de séjour-. Cet accord n’entre officiellement en vigueur qu’en 2012, soit 20 ans plus tard, ce qui montre la complexité des relations entre les deux pays. C’est à ce moment que le régime alaouite commence à se confronter aux mesures que l’Europe met en place à la frontière pour filtrer la mobilité, puisque dès 1990 le Maroc devient un pays de transit et de destination.

    Q : En 1992, cet accord de réadmission a été signé entre le Maroc et l’Espagne, mais à peine un an plus tard, en 1993, le Maroc a ratifié quatre conventions internationales concernant l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, les droits de l’enfant, les droits des travailleurs migrants et contre la torture et les traitements dégradants. Où peut-on tracer la ligne entre le Maroc en tant que bénéficiaire de fonds européens et en même temps un pays qui passe d’un régime autoritaire à un régime « hybride » ?

    R : Il est vrai que 1993 est une année clé pour le Maroc, qui doit ratifier une série de conventions internationales censées l’engager en faveur des droits de l’homme. Le pays est confronté à une tension : celle d’assumer un agenda progressiste présenté comme une référence au Maghreb et celle d’agir comme un pays charnière entre l’Afrique sub-saharienne et l’Europe. La responsabilité incombe donc au Maroc en matière de sécurité. Cette pression se traduit par des raids dans les forêts frontalières avec Ceuta et Melilla et aussi dans les principales villes du pays, comme Tanger. Il existe également des cas de déportations vers l’Algérie et la Mauritanie. Cette tension finit par produire de la violence, des morts. Cependant, nous observons un moment clé lorsque, suite au printemps arabe de 2011, le Maroc décide de procéder à une réforme constitutionnelle « douce » afin d’apaiser la tension sociale et de faire une série de concessions mineures. Le Maroc a ensuite élaboré une charte des droits de l’homme devant la communauté internationale. Peu après, en 2013, le pays a adopté la Stratégie nationale pour l’immigration et l’asile (SNIA), où une approche humaniste semble fixer l’agenda d’un Maroc renouvelé, malgré l’intervention constante de la police à la frontière.

    Q : Il existe un groupe dont on parle beaucoup aujourd’hui : les « MENAS », des enfants qui tentent de traverser la frontière seuls ou qui sont séparés à l’arrivée. En Espagne, ils ont été criminalisés. Nous avons vu des violences et de faux témoignages sur ces jeunes, mais il y a une certaine tendance à ne pas parler des filles migrantes. Pourquoi, selon vous, cela se produit-il ?

    R : Il est vrai que ce sont surtout les garçons et non les filles qui décident de passer en Europe. Je pense qu’il existe une hiérarchie importante au sein de la structure familiale, où les filles ont peu d’autonomie. L’option de quitter le pays n’est pas toujours plausible pour les filles, qui se retrouvent donc dans des situations très difficiles, parfois liées à des contextes de semi-esclavage, et pas seulement dans la sphère domestique. Nous avons récemment vu des industries délocalisées d’Europe, comme l’industrie textile, employer des mineurs. Il serait intéressant de savoir s’ils envisagent l’émigration dans leur imaginaire. Les enfants imaginent la traversée depuis le port de Tanger en voyant les bateaux entrer et sortir. Ils voient le détroit de Gibraltar de l’autre côté.

    Q : La pandémie offre-t-elle aux États l’occasion d’accroître la pression sur les migrants en déplacement ?

    R : Je vais vous parler de la partie nord du pays, qui est précisément celle qui vit par rapport à la frontière. En mars 2020, les passages frontaliers entre Ceuta, Melilla et le Maroc ont été fermés. A la date de cette interview, ils sont toujours fermés. Toute l’activité économique qui dépendait d’une relation plus ou moins poreuse disparaît : portage, travail domestique, construction, loisirs, tourisme, tout. La situation économique du nord est grave et le mécontentement social s’accroît, avec des manifestations qui ont été réprimées dans des villes dépendant de cette économie frontalière, comme Fnideq. En outre, le Maroc a utilisé la pandémie pour exercer une pression accrue sur Ceuta et Melilla, proposant en parallèle un discours transitoire sur une réforme du secteur économique dans tout le nord et la création d’emplois dans de nouveaux centres logistiques pour les personnes travaillant dans l’économie atypique. Ceci est lié à la délocalisation des entreprises européennes, car le Maroc redéfinit sa stratégie sociale et économique en relation avec le port de Tanger Med, – le plus grand port du détroit – ; créant deux pôles industriels avec des géants tels que Renault. Et la pandémie ? Le Maroc dit : « Eh bien, j’ai une justification pour entreprendre ces transformations et pour que la population n’ait pas la possibilité de manifester, avec un couvre-feu et des restrictions sur les réunions. »

    Q : L’expulsion du Maroc d’Helena Maleno, chercheuse et journaliste sur les migrations et les droits de l’homme, a fait couler beaucoup d’encre. Après avoir vécu pendant des décennies dans le pays voisin, pourquoi pensez-vous que cela se produit maintenant ?

    A : (réfléchit pendant quelques secondes) Oui, Helena. La criminalisation de la solidarité et la persécution des personnes et des organisations qui offrent un soutien aux migrants… est une pratique répandue. L’important est de comprendre que cette criminalisation est marquée par l’UE. Dans la réforme de la loi sur les étrangers en 2009, il a été prévu de punir les personnes qui donnent refuge à des sans-papiers. Et il y a eu des campagnes dans les mouvements sociaux dénonçant cette inculpation, comme « Save hospitality ».

    Q : Bien que le virus ne comprenne pas les nationalités, le programme de vaccination européen ne prend en compte que la population locale, et non les territoires voisins : est-ce une démonstration de la faiblesse systémique de l’UE dans la gestion de ses propres frontières ou est-ce simplement révélateur de la maladresse d’un discours extrêmement politisé ?

    R : Oui, et pas seulement cela, il semble qu’il sera utilisé pour établir de nouveaux mécanismes de contrôle, comme le fameux « passeport de vaccination ». Connaissez-vous Statewatch ? C’est impressionnant, pour moi c’est l’un des meilleurs collectifs d’activistes et de chercheurs en Europe et au Royaume-Uni. Ils ont maintenant une ligne de recherche qui étudie précisément les changements de la réglementation européenne à cet égard, celle d’incorporer tout l’aspect sanitaire dans le contrôle des personnes, qui va être utilisé comme un nouveau filtre biopolitique.

    Q : La militarisation et l’utilisation de la pandémie comme frontière biologique vont créer davantage de tensions en Méditerranée. L’UE est-elle plus injuste qu’auparavant ?

    R : Il n’est ni plus uni ni plus injuste. Les principes de l’UE restent les mêmes… elle dispose simplement de nouveaux outils. Dans une Europe où les organes jouent un rôle plus important, le scénario qui se dessine est celui d’une concurrence accrue, de la menace et de la suspicion, mais nous voyons la même chose en Espagne. Soudainement, nous sommes tous des justiciers, n’est-ce pas ?

    Publico, 13 mai 2021

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  • Algérie/ 14 nouveaux cas du variant indien détectés

    Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, a annoncé ce jeudi la détection de 14 nouveaux cas du variant indien.

    M. Benbouzid a révélé que 13 cas du variant indien ont été détectés dans plusieurs wilayas du Sud du pays, et un cas a été détecté dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Benbouzid n’a pas précisé de quelles wilayas du Sud s’agit-il.

    Ces nouveaux cas du variant indien ont été détectés sur des ressortissants indiens et chinois travaillant dans des projets dans le Sud du pays.

    Au total ce sont donc 20 cas du variant indien qui ont été détectés en Algérie, avec les 6 premiers cas ayant été détectés par l’Institut pasteur dans la wilaya de Tipasa.

    Le Jeune Indépendant, 13 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, covid 19, coronavirus, pandémie, variant indien,

  • Covid-19 : la fin du ramadan et la peur d’une flambée épidémique en Tunisie, en Irak et en Indonésie

    Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd’hui direction Tunis, Bagdad et Jakarta pour voir quelles restrictions sanitaires ont été décidées lors de l’Aïd.

    Comme l’année dernière, la fin du ramadan, mercredi 12 mai, se déroule dans un contexte particulier. La pandémie de Covid-19 bouscule les habitudes des pays musulmans et les festivités sont soumises à restrictions. Nous partons en Tunisie, en Irak et en Indonésie pour voir quelles mesures ont été prises pour l’Aïd.

    Les Tunisiens fêtent l’Aïd confinés
    En Tunisie, c’est simple : la population passe toute cette dernière semaine du mois de ramadhan confinés. Impossible de se réunir en famille pour l’Aïd. Le pays est frappé par une troisième vague autrement plus meurtrière que les deux premières avec 90 morts par jour en moyenne.

    La Tunisie fait face à la plus grave crise sanitaire de son histoire dit le premier ministre qui, ces dernières semaines, alors que la courbe montait dangereusement, martelait que l’économie du pays ne survivrait pas à un nouveau confinement. Il a été contraint de changer d’avis.

    Zina, la quarantaine, couturière, résume bien l’ambiance générale. Elle est soulagée même si ce confinement tombe la dernière semaine du mois de ramadan. Soulagée mais fâchée contre ce gouvernement qui a bien trop tardé à promulguer le confinement : « Je le critique à mort, à mort. Fin mars, début avril, on aurait dû faire un confinement général. On meurt, on meurt tous les jours. Dans notre religion, c’est la santé avant tout ! C’est le bon Dieu qui nous ordonne de faire gaffe à notre santé ! »

    Le corps médical attendait lui aussi ce confinement à l’instar de Zakaria Bouquira. Ce médecin décrit l’état de son hôpital : « C’est vraiment terrible ce qui est en train d’arriver. Quand il y a des nouveaux patients ils sont sur la liste d’attente. On est arrivés au stade de la saturation. » Pour lui, il faudrait non pas une semaine de confinement, mais deux mois minimum afin d’aplanir la courbe. D’autant qu’à peine plus de 2% des Tunisiens ont être vaccinés pour le moment.

    En Irak, un couvre-feu peu respecté
    L’Irak, pays arabe le plus touché par l’épidémie de Covid-19, ne veut prendre aucun risque. L’Aïd se déroulera en petit comité seulement car un couvre-feu de dix jours commence dès aujourd’hui. Un couvre-feu total qui se prolongera jusqu’au 22 mai. Tout sera fermé pendant cette période normalement synonyme de vacances et de festivités.

    Des forces de sécurité quadrillent les villes pour contrôler tous les passages en voiture. Mais les Irakiens sont en quelque sorte inventifs et n’aiment pas beaucoup les règles. Il y a déjà, depuis plusieurs mois ici un couvre-feu, imposé les week-ends, et on voit de plus en plus de voitures dans les rues même pendant ces jours de restrictions. Ce sont des habitants qui ont réussi à se procurer des laissez-passer, normalement réservés aux militaires, médecins, journalistes, etc. Au même titre, d’ailleurs, qu’on voit de plus en plus d’Irakiens se rassembler sur les trottoirs, devant des cafés ambulants sans être trop inquiétés par les forces de l’ordre.

    Ce couvre-feu total risque donc de ne pas être totalement respecté. Ce qui fait craindre une hausse des contaminations peut-être dans les prochaines semaines. C’est en tout cas ce que redoute le personnel soignant. L’Irak a vécu une seconde vague très virulente, avec près de 10 000 nouvelles contaminations par jour, « officiellement ». Car tous les médecins disent ici que ces chiffres sont sous-évalués.

    Tous les services étaient en tout cas surchargés, et ca ne se calme que depuis quelques jours. Ce personnel soignant redoute donc que, malgré ce couvre-feu, de larges rassemblements, familiaux, religieux, soient organisés et aggravent une nouvelle fois la situation. Particulièrement à l’heure où plusieurs cas du variant dit indien ont été détectés en Irak. On sait que ce variant préoccupe beaucoup la communauté scientifique, et en Irak, le système de santé est quasi inexistant. Pour ces médecins ce n’est donc absolument pas le moment de lâcher du lest si l’on veut éviter un scénario catastrophe.

    L’Indonésie redoute un scénario à l’indienne
    En Indonésie, pays qui compte le plus de musulmans au monde, la fin du ramadan génère d’immenses mouvements de migrations intérieures : c’est le mudik. Des millions de travailleurs retournent dans leur région natale. Cette année, malgré la pandémie de Covid-19 et l’interdiction de voyager, le gouvernement s’attend à ce que 18 millions de personnes parviennent quand même à circuler. Les épidémiologistes redoutent le pire.

    C’est la même comparaison qui revient sans cesse, celle d’un scénario à l’indienne. L’Indonésie était déjà mal préparée à la pandémie, avec seulement trois lits de soin intensifs pour 100 000 habitants. Et aujourd’hui, avec les variants sud-africain, anglais et indien qui circulent, un scénario catastrophe est à craindre.

    Pour l’épidémiologiste Dicky Budiman ces migrations de fin de ramadan sont terribles car elles mettent à mal un des seuls atouts dont dispose l’Indonésie dans sa bataille contre le Covid-19 : « Comme nous sommes un archipel, nous avons des barrières naturelles, les îles sont de facto confinées, donc il faudrait utiliser cette géographie, mais là c’est trop tard on a perdu cette opportunité. »

    >>> L’indonésie mise sur un vaccin certifié halal

    Si les voyages sont interdits, comment ces migrations sont elles possibles ? Certains sont partis avant la date officielle d’interdiction, d’autres prennent des petites routes, se cachent dans des camions de marchandise. Pour Dicky Budiman, cette obstination à fêter l’Aïd normalement est aussi le symptôme du peu de crédit qu’ont les autorités sanitaires dans ce pays.

    En Indonésie, 80% des gens, lorsqu’ils tombent malades, se soignent par eux-mêmes. En attendant, le virus circule à un taux inquiétant : sur un échantillon de 6 000 voyageurs pris au hasard par le gouvernement, 61% étaient positifs au Covid-19.

    Franceinfo, 12 mai 2021

    Etiquettes : Tunisie, Irak, Indonésie, Aïd El Fitr, Ramadan, covid 19, pandémie, coronavirus, confinement,

  • Un groupe d’experts suggère que l’OMS ait plus de pouvoir pour arrêter les pandémies

    GENÈVE (AP) – Un groupe d’experts indépendants qui a examiné la réponse de l’Organisation mondiale de la santé à la pandémie de coronavirus a déclaré que l’agence de santé des Nations Unies devrait se voir accorder des « droits d’accès garantis » dans les pays pour enquêter sur les épidémies émergentes, une idée controversée qui lui donnerait plus de pouvoirs et exigerait que les États membres renoncent à certains des leurs.

    Dans un rapport publié mercredi, le groupe reproche aux pays du monde entier leur lenteur à réagir à l’épidémie de COVID-19, affirmant que la plupart ont attendu de voir comment le virus se propageait jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour le contenir, ce qui a entraîné des résultats catastrophiques. Le groupe a également critiqué le manque de leadership mondial et les lois sanitaires internationales restrictives qui ont « entravé » la réponse de l’OMS à la pandémie.

    Certains experts ont reproché au groupe d’experts de ne pas avoir tenu l’OMS et d’autres organismes responsables de leurs actions au cours du COVID-19, décrivant cela comme « une abdication de responsabilité ».

    Lawrence Gostin, de l’université de Georgetown, a déclaré que le groupe « ne désigne pas les mauvais acteurs comme la Chine, perpétuant ainsi la tradition dysfonctionnelle de l’OMS qui privilégie la diplomatie à la franchise, à la transparence et à la responsabilité ».

    Le groupe était dirigé par l’ancienne présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, et l’ancien Premier ministre néo-zélandais, Helen Clark, qui ont été chargés par l’OMS l’année dernière d’examiner la réponse de l’agence des Nations unies au COVID-19 après avoir accédé à une demande des pays membres.

    « La situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui aurait pu être évitée », a déclaré Mme Johnson Sirleaf.

    Outre l’appel à renforcer la capacité de l’OMS à enquêter sur les flambées épidémiques, le groupe a formulé toute une série de recommandations, notamment celle d’inviter l’agence sanitaire et l’Organisation mondiale du commerce à convoquer une réunion des pays producteurs de vaccins et des fabricants afin de conclure rapidement des accords sur l’octroi de licences volontaires et le transfert de technologie, dans le but d’accroître l’offre mondiale de vaccins contre le coronavirus.

    Le panel a également suggéré que le directeur général de l’OMS – actuellement Tedros Adhanom Ghebreyesus (Éthiopie) – soit limité à un seul mandat de sept ans. À l’heure actuelle, le directeur de l’OMS est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois.

    La suggestion de limiter le mandat du principal dirigeant de l’OMS semblait en partie destinée à atténuer la pression politique intense à laquelle les directeurs généraux de l’OMS peuvent être confrontés. L’année dernière, l’administration Trump a invectivé à plusieurs reprises la gestion de la pandémie par l’agence – s’en prenant à la collusion présumée de l’OMS avec la Chine.

    En juin, une enquête de l’Associated Press a révélé que l’OMS avait à plusieurs reprises félicité la Chine en public, alors que les responsables se plaignaient en privé que les autorités chinoises tardaient à leur communiquer des informations essentielles sur l’épidémie, notamment la séquence génétique du nouveau virus.

    M. Clark a déclaré que le système mondial de surveillance des maladies devait être revu et que le rôle de l’OMS devait être renforcé.

    « L’OMS devrait disposer des pouvoirs nécessaires pour enquêter sur les épidémies préoccupantes, avec des droits d’accès garantis rapidement et la possibilité de publier des informations sans attendre l’approbation des États membres », a-t-elle déclaré.

    Sophie Harman, professeur de politique internationale à l’université Queen Mary de Londres, a déclaré qu’il était peu probable que les recommandations du groupe d’experts soient entièrement accueillies par les pays membres de l’OMS, et donc peu susceptibles d’être mises en œuvre.

    « Quels sont les États qui autoriseraient l’OMS à enquêter sur une épidémie sans leur permission ? », a-t-elle demandé.

    De nombreux médecins fatigués après avoir traité des patients atteints du COVID-19 ont déclaré que toute réforme de l’OMS devrait inclure une évaluation de sa capacité à évaluer correctement la science d’une menace sanitaire émergente.

    David Tomlinson, un médecin britannique qui a fait campagne pour les travailleurs de la santé pendant la pandémie au Royaume-Uni, a déclaré que l’OMS avait « échoué sur l’aspect le plus fondamental » dans sa direction scientifique du COVID-19. Selon lui, le fait que l’OMS n’ait pas reconnu que la transmission du coronavirus se fait en grande partie dans l’air a « amplifié la pandémie ».

    L’OMS a déclaré que la propagation du coronavirus peut se produire dans des circonstances limitées dans l’air mais a recommandé de ne pas porter de masque pour le grand public jusqu’en juin dernier.

    Clare Wenham, professeur de politique de santé mondiale à la London School of Economics, a déclaré que le rapport était globalement bon, mais a remis en question son soutien au programme de vaccins contre le coronavirus soutenu par les Nations unies, appelé COVAX, qui repose sur un modèle de « don ». Sur les millions de vaccins COVID-19 administrés à ce jour, les pays en développement n’en ont reçu que 7 %, a indiqué l’OMS cette semaine.

    « (COVAX) ne répond pas à l’un des principaux problèmes, à savoir que nous devons accélérer rapidement la production des vaccins et leur distribution », a-t-elle déclaré. « Et il fonctionne toujours sur le modèle d’un nombre limité de vaccins qui ne peuvent être produits que par un certain nombre de sites de fabrication ».

    Dans l’ensemble, elle a suggéré que les politiciens devaient bouger davantage que les institutions techniques comme l’OMS.

    « Les problèmes ne sont pas techniques. Les problèmes sont politiques. Les problèmes sont du genre : Comment amener les gouvernements à se comporter et à penser aux choses au-delà de leurs propres frontières ? » a déclaré M. Wenham. « Je ne pense pas que cela ait été résolu ».

    Associated Press, 12 mai 2021

    Etiquettes : OMS, experts, coronavirus, covid 19, pandémie, Ellen Johnson Sirleaf, Helen Clark,

  • Les Allemands en quête de vaccins deviennent agressifs, selon les médecins

    Les Allemands qui cherchent désespérément à se faire vacciner contre le coronavirus deviennent de plus en plus agressifs, ont déclaré des médecins mercredi, alors que la frustration monte après six mois de blocage, même si les taux d’infection sont désormais en baisse.

    « La pression sur les centres de vaccination et les cabinets médicaux est de plus en plus forte. Les personnes qui font pression pour la vaccination deviennent plus exigeantes », a déclaré Anke Richter-Scheer, directrice adjointe de l’association allemande des médecins de famille, au groupe de médias Funke.

    Comme l’Allemagne étend la priorité des vaccins à un plus grand nombre de groupes, il devient de moins en moins compréhensible pour beaucoup de gens de devoir attendre derrière les autres, a déclaré Mme Richter-Scheer.

    Les gens se présentent chez les médecins et essaient de se faire vacciner même si ce n’est pas leur tour, l’humeur devenant de plus en plus agressive, a-t-elle ajouté.

    Certaines personnes réclament également leur deuxième injection plus tôt pour pouvoir partir en vacances ou profiter d’avantages tels que le shopping sans avoir besoin d’un test COVID-19.

    Les patients plus âgés qui ont été assignés à AstraZeneca réclament également un vaccin différent.

    Après des débuts timides, l’Allemagne a intensifié sa campagne de vaccination et a maintenant administré une première dose à un tiers de la population, dont environ 10 % sont complètement vaccinés.

    Elle a commencé par vacciner ses citoyens les plus âgés et a progressivement étendu les injections aux groupes plus jeunes et à d’autres professions prioritaires telles que les enseignants, les journalistes et les personnes travaillant dans des infrastructures critiques.

    Plusieurs États allemands, dont la capitale Berlin, ont annoncé mardi qu’ils prévoyaient d’assouplir les restrictions liées au coronavirus dans les jours à venir, le nombre de nouvelles infections continuant de baisser à l’échelle nationale. en savoir plus

    Mercredi, 14 909 nouveaux cas supplémentaires ont été signalés, portant le total à 3 548 285, tandis que le nombre de décès a augmenté de 268 pour atteindre 85 380. Toutefois, l’incidence sur sept jours pour 100 000 personnes est tombée à 108 contre 115 mardi.

    Le gouvernement devrait donner aux citoyens des directives claires pour savoir si et où ils peuvent partir en vacances d’ici la fin mai, a déclaré le ministre des finances Olaf Scholz au journal Rheinische Post.

    Les vacances devraient être possibles en Allemagne et dans certains autres pays en raison de la hausse des vaccinations et de la baisse des infections, a-t-il ajouté. L’État septentrional de Mecklembourg-Poméranie occidentale, très prisé des vacanciers, ouvrira son secteur touristique à partir du 14 juin.

    Toutefois, le comité allemand des vaccins, connu sous le nom de STIKO, a tempéré les espoirs d’une approbation rapide de la vaccination des enfants et des adolescents.

    Reuters, 12 mai 2021

    Etiquettes : Allemagne, coronavirus, covid 19, pandémie, vaccin, vaccination, vacances, tourisme,

  • La politique étrangère européenne à l’époque du Covid-19

    Haut représentant Borrell: Merci pour cette invitation à parler au Groupe d’études géopolitiques. Je salue vos recherches sur les questions géopolitiques et je suis un lecteur actif du Grand Continent. Ce débat me donne l’occasion de parler des leçons à tirer après un an et demi de pandémie. Mon livre, La politique étrangère européenne à l’époque de Covid-19, est en fait une collection de mes écrits de l’année dernière, dont certains que j’ai publiés sur mon blog, dans des éditions d’opinion, dans la presse, les journaux et des interviews. J’écris tellement parce que j’aime ça mais surtout parce que je crois en l’importance des récits. Pour moi, un politicien doit être un conteur parce que les batailles politiques sont gagnées ou perdues en fonction de la façon dont les problèmes sont définis. En politique internationale, le même processus s’applique. J’essaie donc toujours d’écrire du point de vue d’un protagoniste, d’un acteur jouant un rôle actif. À mon avis, il y a aujourd’hui un manque de compréhension commune du monde parmi les Européens, ce qui est regrettable car pour opérer un changement, il faut comprendre le monde. Comme Marx l’a dit un jour: «Les philosophes n’ont interprété le monde que de diverses manières. Il s’agit cependant de le changer ».

    Le livre couvre les développements importants et dramatiques de 2020 jusqu’au début de 2021 et analyse la manière dont l’UE y a répondu.

    La première partie porte sur la façon dont la pandémie change le monde. Pour donner une illustration, mon article de blog le plus lu est celui où j’ai parlé de la militarisation des fournitures médicales au début de la pandémie. J’ai évoqué de nouveaux concepts tels que la « politique de générosité », la « politique des masques et des vaccins» ainsi que la «bataille des récits».Cela a été très critiqué au début, mais maintenant tout le monde est d’accord. Le livre couvre également la naissance de «Team Europe» – cette combinaison de ressources de l’Union européenne, de ses États membres et d’institutions financières (comme la Banque européenne d’investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement) pour soutenir les pays partenaires dans la lutte contre la pandémie de coronavirus et ses conséquences. Il est important de rappeler que nous ne sommes pas seulement la Commission et d’autres institutions de l’UE, mais ces institutions ainsi que les États membres tous ensemble.

    Le deuxième bloc couvre les crises dans notre quartier. Notre quartier est en flammes. De la Libye à la Méditerranée orientale, en passant par l’Ukraine, la Biélorussie et le Sahel. Ce dernier peut sembler lointain mais c’est notre quartier. Ce qui est sous-jacent, c’est le retour de la « mentalité d’empire » entre la Turquie, la Russie et la Chine. Tous les trois ont été de grands et puissants empires. De plus, notre quartier est également de plus en plus contesté.

    Le troisième bloc concerne la bataille mondiale entre les États-Unis et la Chine, qui aura des conséquences pour l’Europe parce que cette lutte de pouvoir est menée à travers des batailles sur le commerce, la technologie et les normes. Elle soulève des questions sur notre positionnement et le sens de l’autonomie stratégique . En fait, cette bataille mondiale sert à définir où et comment l’ Europe peut se positionner dans cette nouvelle polarité. Cependant, la concurrence américano-chinoise est aussi la toile de fond pour réfléchir à nos partenariats avec l’Afrique, l’Indo-Pacifique mais aussi l’Amérique latine. Ils veulent tous éviter les choix binaires et ils veulent tous plus de l’Europe. Ils ont besoin d’un troisième pôle et l’Europe devrait être ce troisième pôle.

    Comme vous l’avez peut-être remarqué, il y a un débat considérable sur le «comment» construire la politique étrangère de l’UE et sur «qui» la définit. Le plus important est de savoir comment éviter la paralysie, car dans la plupart des cas, les États membres sont très divisés. Cela nous amène inévitablement au débat sur la manière de prendre des décisions. Les décisions doivent-elles être prises à l’unanimité ou selon la règle de la majorité qualifiée?

    Les conséquences de ne pas avoir une culture stratégique partagée doivent également être prises en considération. Sans une compréhension commune du monde, il sera très difficile d’adopter une politique étrangère commune. En fin de compte, la politique étrangère européenne est la manière dont l’Europe se projette sur le reste du monde et donc la manière d’exercer son influence (par le biais de sanctions, de normes et de normes).

    Je ne ferai pas le tour du monde pour dire ce que nous faisons ou devrions faire dans telle ou telle région, ou un conflit ou un problème. J’ai déjà eu beaucoup de débats comme ça. Réfléchissons plus profondément à la manière dont nous pouvons améliorer notre impact. Après dix-huit mois dans ce poste, il est clair pour moi que les tendances générales ne nous sont pas favorables. Le vent ne souffle pas en notre faveur. Il y a moins d’influence européenne qu’il ne devrait y en avoir. Oui, il y a un réveil géopolitique dans toute l’UE, mais traduire ce réveil en action reste un travail en cours. Si le temps est relatif en physique, c’est aussi le cas en politique. Mon ami Javier Solana a dit un jour: «Si vous changez à une vitesse plus lente que le monde qui vous entoure, vous reculez en termes relatifs.» L’important pour l’UE est de comparer notre vitesse à celle du reste du monde. De ce point de vue, on recule sur plusieurs sujets en termes relatifs. Le défi pour l’Europe est de faire en sorte que, alors que l’histoire du monde s’accélère, notre réponse le fasse également, en termes de vitesse et d’échelle. Mais ce n’est pas le cas.

    La politique étrangère est une affaire extrêmement complexe, en particulier dans l’UE car ce n’est pas un État. Dans l’UE, il existe de nombreux acteurs et aussi de nombreux points de veto. C’est pourquoi le taux de réussite européen est souvent faible. Mais cela est également vrai pour la politique étrangère des superpuissances. Nous devons nous rappeler que la politique étrangère consiste à changer la politique intérieure d’autres pays. Qu’est-ce que la politique étrangère pour nous, c’est la politique intérieure pour les autres.

    Il convient de distinguer trois types de problèmes différents: premièrement, les problèmes de politique dysfonctionnelle, deuxièmement les problèmes de politique de pouvoir et enfin les problèmes de l’action collective.

    Dans de nombreux endroits du monde, le cœur de nombreux problèmes est la politique dysfonctionnelle: un désaccord sur la nature de l’État et de la société. Un manque de règlement politique et un manque de gouvernance. De l’Afghanistan à la Libye, au Sahel, au Liban ou au Venezuela, la liste est longue: l’État est faible et contesté . Nous appelons cela «  mauvaise gouvernance». L’idée clé ici est que le problème ne réside pas dans le manque de ressources comme le manque de ressources financières, naturelles ou militaires. Quand on regarde l’Afghanistan au cours des 20 dernières années, des centaines de milliers de soldats sont passés, des centaines de milliards de dollars ont été dépensés dans ce conflit, et pourtant, en Afghanistan comme ailleurs, ce qui s’est passé, c’est que les forces locales ne l’ont pas fait. est parvenu à un accord sur un règlement politique viable et légitime et nous, en tant qu’étrangers, ne pouvons le faire à leur place. Ils sont les seuls capables de le faire, même si nous savons que cet échec à produire une politique qui fonctionne aura inévitablement pour nous des dommages collatéraux, avec une insécurité accrue, des flux migratoires, etc. C’est là que commence notre sécurité. Pour progresser, il faut comprendre les forces locales en jeu, que ce soit le Venezuela ou le Tchad. Donc, une leçon que j’ai apprise est la nécessité d’investir pour vraiment comprendre les forces locales en jeu. Quelles sont les forces motrices du conflit? Comment les étrangers peuvent-ils travailler avec les protagonistes locaux pour construire une politique qui fonctionne?

    La deuxième catégorie de problèmes concerne la politique de puissance. Chaque jour, nous assistons à Poutine, Erdogan, Xi Jinping et leurs comportements: prêts à utiliser la force, la coercition économique et reliant ouvertement tout à tout. C’est presque un cliché de dire maintenant que l’Europe doit se réveiller et regarder le monde tel qu’il est, et non pas comme nous le voulons. Nous devons nous débarrasser d’une certaine naïveté et reconnaître que nous vivons dans un monde où nous avons de nombreux partenaires, mais aussi des adversaires puissants – des gens qui veulent nuire à nous et à notre type de système politique et de société. L’Europe doit pouvoir prendre soin d’elle-même. Nous ne pouvons pas nous fier uniquement aux États-Unis, aussi heureux que soit l’Europe de retrouver l’Amérique avec Biden, ou à l’approche qui suppose que l’ouverture des marchés et les règles mondiales résoudront tout.

    Les marchés ouverts et les règles mondiales ne résoudront pas tout, surtout après la pandémie. Sur la question des masques au début de la pandémie, et maintenant en ce qui concerne les vaccins par exemple, il est clair que l’accès dépend en partie de considérations politiques. Il en va de même pour les investissements stratégiques: 5G, IA, minéraux des terres rares, etc. Nous devons rester maîtres de notre propre avenir et ne pouvons pas externaliser la protection de nos intérêts. D’où ce concept d’autonomie stratégique , très débattu en 2020. En 2021, nous devons le mettre en œuvre. Cet éveil à un monde de politique de pouvoir exigera de nouvelles cartes mentales et un nouveau vocabulaire. Depuis plus de dix-huit mois maintenant, je me bats pour que les Européens apprennent «  la langue du pouvoir  ». Nous avons encore du travail à faire pour définir plus clairement nos priorités politiques, c’est-à-dire que pour établir des priorités, nous devons mieux prioriser les domaines dans lesquels nous pouvons faire la différence.

    The truth is that Europeans have more power or levers of influence than they realise. When we put together our normative power (rules setting called the ‘Brussels effect’) — our financial assistance, our trade and investment policies, our CSDP operations, our delegations: it adds up to a lot. But where the US is able to make ‘grand strategy’, where China does issue linkage under the Belt and Road Initiative, we, Europeans are masters of silo thinking and disjointed efforts. Each policy tends to develop according to its own logic and rhythm. The way to go is to use these instruments as part of one political strategy.

    In short, in Europe we have a problem of mentality (reluctance to think in terms of power, priorities, trade-offs) and of organisation (linking goals and means) remains. But step by step, Europe is becoming better at this even if it remains a work in progress. The framing of China as a partner, a competitor and a systemic rival is probably the most striking example. These concepts are now leading to concrete and comprehensive decisions on investment, foreign subsidies, procurement, due diligence, AI etc.

    The third category of problems falls under the heading of public goods and collective action like health (access to vaccines for instance) or action on climate change and biodiversity, but also the fight against extreme poverty and rising inequalities. The big issue here is that the multilateral system that has been created to handle these problems is being challenged like never before, precisely by power politics. Therefore, the WHO and WTO are struggling, the G20 and UNSC are often paralysed, and there is a growing number of problems without multilateral ‘regimes’, like cyber, AI, and other emerging technologies. The EU should do much more to revitalise multilateralism and make it fit for purpose. Europe must be ready to invest in multilateralism, building consensus among great powers if possible, and be more creative with the ‘emerging types of multilateralism, beyond the state-to-state’s framework. Experiment more with multilateralism and work more with regional organisations like AU, ASEAN, etc.

    While this might be a sobering analysis, the good news relies on the fact that making a change is mainly down to us, and to the collective choices of Europeans. Above all we must change our mentality. As Luuk van Middelaar wrote in Le Grand Continent: “Where Europe fights to minimise losses, others fight to win.” We ought to change this situation. And I, as the HR/VP, will do everything in my power to push this agenda.

    Monika Sie Dhian Ho: First of all, I would like to express my appreciation for a leader who writes and acknowledges the power of narratives in today’s world. Mr. Borrell wrote in the introduction of his book that political battles are won or lost depending on how we frame these issues. The way we describe and analyse our changing world will therefore impact Europeans collectively. Chinese dynasties on their hand have been mobilizing power of narratives for more than two thousand years. The Han dynasty and many subsequent dynasties appointed their own narrators to write the history of China and create a historiography. Under President Xi’s, this tradition is brought to a next level through the use of narratives in a geopolitical context. This is exactly what Mr. Borrell rightly called “a battle of narratives”.

    Sven Biscop and I have been asked to focus our introductions on the emergence of Europe as a geopolitical entity. I would therefore like to do so by stating that speaking of a geopolitical Europe has more radical consequences for our perspective than is often acknowledged in policy texts. Hence, as Mr. Borrell rightly stated, Europe needs to learn the “language of power.” However, I must highlight that by adding ‘geo’ to ‘politics’, we must focus on two other important dimensions: geography and collective identity.

    When speaking the language of geopolitics, we delineate a territory and focus on the feeling of belonging of the people who live within those borders. The element of the ‘geo’ part has been pushed for a long time in the background of European politics. As a matter of fact, the European construction has been focused on markets, rules, and getting rid of borders, on individual consumers and producers, and their economic interests — along with their universal and human rights — rather than their identities, and preferred societal projects. But as we have found out, other civilizations do think about territory and foster collective identity. With enlargement, the EU has bumped into the territorial delineations of Russia. And in the context of irregular migration, European populations themselves have asked for delineating and guarding the external European borders. In sum, Europe cannot neglect the ‘geo’ part of geopolitics.

    The emergence of a geopolitical Europe has three dimensions: politics, territory, and collective identity. Nevertheless European leaders have not thought yet of these universal implications in a geopolitical perspective. What does it really imply, in concrete policy, when we acknowledge the existence of a systemic rival that will still be our partner?

    In his book, Mr. Borrell writes as a subtitle “the difficulty of fighting identity politics,” but why should we fight identities as long as they are inclusive, and not based on religion or race?

    Une étude d’opinion publique montre que huit personnes sur dix estiment qu’il existe un terrain d’entente pour construire une communauté européenne, mais en même temps, les gens estiment que leur culture nationale est spécifique et doit être préservée. En un mot, la majorité des citoyens européens ne ressentent pas d’ incompatibilité entre un sentiment d’appartenance européen et national.

    J’ai également été frappé par la contradiction entre les identités collectives comme quelque chose de purement émotionnel et la rationalitépolitiques européennes telles qu’elles sont comprises par les universitaires, les ingénieurs ou les politiques. Je crois vraiment que penser en termes d’identités politisées parle au cœur et à l’esprit des gens. Le socialiste français Jean Jaurès a incarné cette idée en disant que «la seule possession du travailleur est l’État». Il s’agit d’une référence à la fois émotionnelle et rationnelle au fait que l’identité collective est inévitablement liée à l’État. Partant de là, l’identité politique européenne pourrait être un soutien supranational aux États européens afin de protéger le «mode de vie européen» et de soutenir les projets de société dans ces États, ce qui constitue notre identité collective. L’approche de «Team Europe» utilisée par M. Borrell, a ce même équilibre entre émotionnel et rationnelfaire appel. C’est un moyen de mobiliser à la fois les identités nationales et collectives européennes, qui entretient une relation étroite entre les États membres et les institutions européennes dans le contexte de la pandémie COVID-19.

    Sven Biscop: Merci de me donner l’occasion de faire partie de ce panel avec ces collègues et la haute représentante. J’apprécie particulièrement l’idée que les politiciens soient des «conteurs», ce que je dis toujours à mes étudiants et à mon équipe. Il est extrêmement important avant de commencer un article de réfléchir à l’histoire que vous voulez raconter – et que si vous n’avez pas d’histoire, vous ne devriez peut-être pas l’écrire. En fait, nous parlons de culture stratégique au sein de la politique étrangère commune depuis le début des années 90 et avant la mise en œuvre de la PESC. À l’époque, nous étions tous optimistes et nous pensions que le monde entier se démocratiserait, respecterait les droits de l’homme et deviendrait une économie sociale de marché, tout comme l’Europe occidentale. Cela ne s’est pas produit mais je pense que la culture stratégique de l’Union européenne, dans la mesure où elle existe, est toujours façonné par cela. Il y a encore des gens à Bruxelles qui pensent d’une manière ou d’une autre que le but de la politique étrangère européenne est de démocratiser le monde et de faire respecter les droits de l’homme dans le monde entier. Je ne suis pas d’accord, le but de la politique étrangère est de défendre vos intérêts, de faire en sorte que les Européens puissent continuer à vivre de la manière qu’ils ont choisie. Le but de la politique étrangère n’est pas de changer le mode de vie des autres.

    D’une certaine manière, l’UE élabore actuellement une boussole stratégique, mais la question clé est: qu’en est-il de la boussole morale de l’Union? Au lieu de dire que l’Europe n’accorde pas suffisamment d’attention aux droits de l’homme, l’Europe devrait avoir une idée claire de ce qui est vital ou non et de ses leviers.

    Des États comme la Chine et la Russie sont des États autoritaires, ce qui signifie que l’Europe a des raisons infinies d’adopter des sanctions à leur encontre car il y aura des violations sans fin des droits de l’homme. Cependant, les sanctions changeront-elles quelque chose? Probablement pas, car pour ces États, la violation des droits de l’homme est l’un de leurs intérêts vitaux alors qu’elle n’est probablement pas vitale pour nous. Pour le dire franchement, l’intérêt vital de l’Europe n’est pas de savoir comment la Chine ou la Russie traitent leurs citoyens, mais comment ils nous traitent .. À cet égard, les sanctions pour violations des droits de l’homme ne font que marquer notre mécontentement, mais est-ce que ce signal est plus efficace par l’adoption de sanctions? Peut-être pouvons-nous faire passer le même signal en répétant constamment notre condamnation des violations des droits de l’homme. En fait, des sanctions devraient être utilisées lorsque la Chine et la Russie enfreignent nos véritables lignes rouges dans leur politique étrangère, et non dans leur politique intérieure. Il me semble que les décideurs politiques étrangers européens sont plus préoccupés par les violations des droits de l’homme en Chine et en Russie que par le comportement affirmatif – voire agressif – de la Russie et de la Chine en Europe ou des transgressions manifestes du droit international – par exemple l’ annexion de facto du Sud. Mer de Chine par la Chine.

    Je reconnais que mon point de vue est impopulaire et je serais beaucoup plus heureux si je pouvais affirmer qu’il est en effet en notre pouvoir de démocratiser le monde et de faire respecter les droits de l’homme partout. Cependant, je pense que la réflexion stratégique signifie accepter les réalités et les limites de votre pouvoir. L’Europe doit donc se soucier des droits de l’homme et prendre position sur les droits de l’homme mais dans l’esprit de Guillaume le Silencieux : «il ne faut pas espérer pour entreprendre, ni réussir pour persévérer» car il n’y aura pas de court terme développement et alors que nous devons toujours défendre les droits de l’homme, l’Europe devrait prévoir des sanctions efficaces ou, si nécessaire, des sanctions fortes pour les actions subversives et coercitives de la Chine et de la Russie contre l’UE.

    Nicoletta Pirozzi: Je commencerai par dire qu’il est tard pour l’UE de ne pas adopter une politique étrangère ambitieuse pour deux raisons. D’une part, comme l’a dit M. Borrell tout à l’heure, le voisinage de l’Europe est en flammes, ses partenaires ne veulent pas intervenir et les concurrents poursuivent leurs intérêts, qui diffèrent de ceux européens. D’autre part, l’UE a déjà discuté longuement son autonomie stratégique. Par conséquent, afin d’éviter que ces évolutions ne deviennent un «boomerang» pour l’UE, l’Europe doit tenir ses promesses.

    M. Borrell insiste dans son livre sur la nécessité pour les Européens d’éviter la démission. Premièrement, en construisant une culture commune, et deuxièmement en évitant la dispersion. Je suis d’accord sur les deux points. Tout d’abord, la création d’une culture stratégique commune – comme l’UE l’a fait avec sa boussole stratégique – devrait rester la première priorité et produira probablement ses premiers résultats l’année prochaine. Cependant, l’UE devrait-elle prendre des mesures à court terme telles que le vote à la majorité qualifiée pour aller de l’avant? Le livre de M. Borrell souligne l’efficacité du vote à la majorité qualifiée afin de remédier au manque d’autonomie stratégique commune dans l’UE et si cela pourrait être un objectif spécifique de son mandat. En ce qui concerne la dispersion, je conviens que pour être crédible et efficace, l’UE doit donner la priorité et surtout choisir ses batailles. Et encore,

    Mon dernier point concerne le multilatéralisme, qui est l’un des thèmes prééminents du livre de M. Borrell et un sujet important pour la projection internationale de l’UE. Étant donné que l’UE reste l’un des plus fervents partisans du multilatéralisme, il devrait être temps pour les Européens de façonner le multilatéralisme. D’un côté, cet objectif peut être réalisé conformément à ses valeurs fondamentales et, de l’autre, par le biais de secteurs dans lesquels l’UE peut apporter une valeur ajoutée significative. À cet égard, l’UE pourrait utiliser ses pouvoirs réglementaires dans des domaines tels que le climat, la fiscalité des grandes entreprises technologiques ou l’IA. L’UE a déjà montré sa capacité à agir à un niveau plus mondial et multilatéral.

    Adam Tooze: J’ai été chargé de parler de la question de l’économie. Je le fais un peu à contrecœur parce que je suis d’accord avec M. Borrell selon lequel la formation narrative est essentielle ici. Le problème avec les récits, c’est qu’ils ont des limites, ils ont des limites et c’est de là qu’ils tirent leur unité, leur but et leur force. Apporter un thème qui a fait relativement défaut à la conversation jusqu’à présent risque de briser ce qui – je pense – a été une conversation cohérente autour du récit que le Haut Représentant Josep Borrel a cousu. Au risque de faire cela, laissez-moi essayer de trouver un point de connexion.

    M. Borrell a déclaré que le monde recherchait des poteaux, des alternatives car il ne voulait pas choisir entre les États-Unis et la Chine. Il aimerait pouvoir jouer sur les deux tableaux et il existe une opportunité stratégique pour l’Europe de se positionner en tant que pôle. Si cela est vrai, alors il est fondamentalement basé sur l’importance de l’Europe en tant que marché, sur l’importance de l’Europe en tant qu’acteur économique. En fait, si vous prenez le taux de change du dollar au lieu de vous référer aux parités de pouvoir d’achat qui flattent les Chinois et les pays en développement, alors l’Europe est le deuxième acteur mondial. En effet, les États-Unis représentent 25% du PIB mondial, l’Europe est deuxième avec 20% et la Chine en détient 15%. Ainsi, l’Europe reste un bloc économique très critique. Je suggérerais en outre que l’économie joue pour l’Europe un rôle encore plus profond que cela. En ce sens, de nombreuses personnes ont tenté de formuler cette idée que l’Europe n’est pas une question de pouvoir mais d’État de droit. Je dirais que c’est vraiment aussi, dans un sens fondamental, une question d’économie.

    M. Borrell a prononcé un discours dans lequel il a déclaré: «Les souverainistes considèrent la société internationale comme un ensemble de boules de billard qui se heurtent, tandis que nous, Européens, voyons le monde comme une interaction dynamique de fluides interdépendants régis par des normes. «Cette vision du monde en tant qu’interaction dynamique de fluides interdépendants régulés par des normes est essentiellement une vision de l’économie. En fait, c’est une vision des flux monétaires, des flux de marchandises, d’informations et de personnes. On pourrait dire qu’il s’agit spécifiquement d’une conception ordo-libérale ou social-marchande de l’économie. En effet, il a une sensation typiquement allemande.

    Comment pouvons-nous envisager la relation entre l’économie dans le cadre plus large de la puissance européenne et de la politique étrangère, si notre compréhension de l’économie évolue également? C’est quelque chose qui a été décrit de diverses manières et qui est maintenant régulièrement qualifié de nouveau consensus de Washington. Qu’advient-il du rôle de l’économie en tant que point d’ancrage de la puissance européenne dans un monde où nous ne pensons plus à la politique économique comme fondamentalement l’élaboration de bonnes normes pour réguler les flux interdépendants de fluides, mais comme quelque chose de plus actif? Et quels défis cela pose-t-il pour l’Europe?

    Avec cela, nous pensons immédiatement au capitalisme d’État et nous avons Kishore Mahbubani sur le panneau comme l’un des grands représentants du modèle singapourien et de son importance pour le monde et notre réflexion sur l’économie, mais j’aurais pensé que le défi le plus fondamental pour L’Europe est posée par les développements aux États-Unis eux-mêmes. Là où nous avons vu depuis la crise de 2008 les développements d’une banque centrale massivement plus interventionniste et maintenant un mouvement vers une vision plutôt agressive de la politique industrielle exploitée à l’auto-positionnement de l’Amérique contre la Chine.

    Je serais ravi de vous entendre parler davantage de la manière dont, si le monde s’éloigne de cette vision relativement ordonnée de l’économie, il oblige l’Europe à reconfigurer sa puissance dans d’autres dimensions pour ne pas être si lourdement, si ontologiquement dépendant d’une conception particulière de l’économie? Ou est-ce du côté de la politique économique que vous, en tant que Haut Représentant dans le domaine de la politique étrangère, souhaiteriez voir l’Europe se moderniser? On pourrait faire valoir que la BCE est désormais devenue une banque centrale mondiale compétente, tout comme un partenaire de la FED. Mais ne voyons-nous donc pas, du point de vue de la politique étrangère, l’impératif de progresser également vers une compétence accrue en matière de politique budgétaire par exemple; le développement d’un actif sûr pour l’Europe?

    Kishore Mahbubani: C’est un grand honneur et un plaisir de faire partie de ce panel très distingué. Et M. Borrell félicitations pour avoir terminé votre livre. Pour en avoir également publié un, « La Chine a-t-elle gagné? », Je connais les difficultés de publier un livre. Le thème de mes remarques est très simple. Le mot chinois pour crise est une combinaison de deux caractéristiques: danger et opportunité. Et concernant le plus grand concours géopolitique entre les États-Unis et la Chine, l’Union européenne est confrontée à la fois à un danger et à une opportunité. L’opportunité pour l’UE est que le monde recherche un troisième pôle, et si l’Europe peut fournir ce troisième pôle: il serait bien accueilli par les 6 milliards de personnes qui vivent en dehors des États-Unis et de la Chine. Mais pour ce faire, l’UE doit comprendre aussi clairement que possible en quoi consiste la lutte entre les États-Unis et la Chine?

    Étonnamment, même si nous savons tous qu’un grand concours géopolitique a éclaté, il est difficile à comprendre parce que, si vous regardez, par exemple, l’attitude des États-Unis à l’égard de ce concours, il existe un consensus solide sur le fait que c’est le plus grand défi des États-Unis. Que les États-Unis doivent tenir tête à la Chine. Et vous remarquez qu’à cet égard, rien n’a réellement changé de Trump à Biden. Pourquoi est-ce si? Le problème auquel de nombreuses personnes dans le reste du monde sont confrontées est d’essayer de comprendre ce que les États-Unis essaient d’accomplir exactement avec la Chine. Si vous voulez une stratégie pour traiter avec la Chine, vous devez spécifier quel devrait être l’objectif. L’objectif des États-Unis est-il de faire en sorte que l’économie chinoise ne devienne pas numéro un? Cela échouera car si l’économie chinoise continue de fonctionner, elle deviendra sans aucun doute numéro un. L’objectif des États-Unis est-il d’organiser l’effondrement du parti communiste en Chine? Le parti communiste chinois, même selon une étude de la Harvard Kennedy School, bénéficie désormais d’un soutien bien plus grand parmi les Chinois parce qu’ils ont eu les quarante meilleures années sur quatre mille. Leur objectif est-il de contenir la Chine comme ils ont réussi à contenir l’Union soviétique? Cela aussi échouera parce que la Chine fait plus de commerce avec le reste du monde que les États-Unis. Vous ne pouvez pas contenir la Chine, ce n’est pas possible. Par conséquent, qu’est-ce que les États-Unis essaient d’accomplir exactement avec la Chine? Il n’y a pas d’énoncé clair des objectifs ou, comme je l’ai expliqué dans mon livre, il n’y a pas d’énoncé clair de stratégie. L’homme qui m’a dit que les États-Unis manquaient de stratégie vis-à-vis de la Chine était Henry Kissinger. même selon une étude de la Harvard Kennedy School, elle bénéficie désormais d’un bien plus grand soutien parmi les Chinois, car ils ont eu les quarante meilleures années sur quatre mille. Leur objectif est-il de contenir la Chine comme ils ont réussi à contenir l’Union soviétique? Cela aussi échouera parce que la Chine fait plus de commerce avec le reste du monde que les États-Unis. Vous ne pouvez pas contenir la Chine, ce n’est pas possible. Par conséquent, qu’est-ce que les États-Unis essaient d’accomplir exactement avec la Chine? Il n’y a pas d’énoncé clair des objectifs ou, comme je l’ai expliqué dans mon livre, il n’y a pas d’énoncé clair de stratégie. L’homme qui m’a dit que les États-Unis manquaient de stratégie vis-à-vis de la Chine était Henry Kissinger. même selon une étude de la Harvard Kennedy School, elle bénéficie désormais d’un bien plus grand soutien parmi les Chinois, car ils ont eu les quarante meilleures années sur quatre mille. Leur objectif est-il de contenir la Chine comme ils ont réussi à contenir l’Union soviétique? Cela aussi échouera parce que la Chine fait plus de commerce avec le reste du monde que les États-Unis. Vous ne pouvez pas contenir la Chine, ce n’est pas possible. Par conséquent, qu’est-ce que les États-Unis essaient d’accomplir exactement avec la Chine? Il n’y a pas d’énoncé clair des objectifs ou, comme je l’ai expliqué dans mon livre, il n’y a pas d’énoncé clair de stratégie. L’homme qui m’a dit que les États-Unis manquaient de stratégie vis-à-vis de la Chine était Henry Kissinger. Leur objectif est-il de contenir la Chine comme ils ont réussi à contenir l’Union soviétique? Cela aussi échouera parce que la Chine fait plus de commerce avec le reste du monde que les États-Unis. Vous ne pouvez pas contenir la Chine, ce n’est pas possible. Par conséquent, qu’est-ce que les États-Unis essaient d’accomplir exactement avec la Chine? Il n’y a pas d’énoncé clair des objectifs ou, comme je l’ai expliqué dans mon livre, il n’y a pas d’énoncé clair de stratégie. L’homme qui m’a dit que les États-Unis manquaient de stratégie vis-à-vis de la Chine était Henry Kissinger. Leur objectif est-il de contenir la Chine comme ils ont réussi à contenir l’Union soviétique? Cela aussi échouera parce que la Chine fait plus de commerce avec le reste du monde que les États-Unis. Vous ne pouvez pas contenir la Chine, ce n’est pas possible. Par conséquent, qu’est-ce que les États-Unis essaient d’accomplir exactement avec la Chine? Il n’y a pas d’énoncé clair des objectifs ou, comme je l’ai expliqué dans mon livre, il n’y a pas d’énoncé clair de stratégie. L’homme qui m’a dit que les États-Unis manquaient de stratégie vis-à-vis de la Chine était Henry Kissinger.

    Ce qui est clair néanmoins, c’est que l’émergence de la Chine remet en cause la primauté des États-Unis sur le monde. C’est très clair. Il sera douloureux de passer d’un monde où il est peut-être numéro un à éventuellement numéro deux. Ironiquement, les États-Unis ne comprennent pas que la nature de la lutte avec la Chine ne relève en fait pas de la sphère militaire. Par conséquent, lorsque les États-Unis dépensent 750 milliards de dollars en dépenses de défense, c’est un cadeau géopolitique à la Chine. Cet argent est gaspillé. Il n’y aura pas de guerre entre les États-Unis et la Chine. Le vrai concours, paradoxalement, est le concours économique. Et franchement, ce que fait Joe Biden en termes d’investissement dans l’économie est la bonne approche. C’est ce que l’UE peut encourager les États-Unis à faire.

    Cela m’amène à parler du troisième pôle et de la manière dont l’UE peut jouer un rôle précieux. Ce concours prendra de l’ampleur et, à un moment donné, Washington devra savoir de quel côté Bruxelles et les autres capitales européennes se trouvent. Je pense que ce moment de décision viendra et que l’UE devra faire un choix. Il sera déchiré entre sa tête et son cœur. Son cœur est clairement avec les États-Unis. Ils partagent la même culture, la même civilisation et en quelque sorte la même histoire. Mais si l’on se fie aux calculs rationnels, la Chine peut aussi être un partenaire précieux de l’Europe car, dans le cas de l’Europe, le défi numéro un n’est plus la menace de l’arrivée de chars russes en Europe. Le plus grand défi sera l’explosion démographique en Afrique. Alors que l’Afrique comptait la moitié de la population de l’Europe en 1915, elle compte désormais le double de la population européenne, et d’ici 2100, l’Afrique comptera dix fois la population de l’Europe. M. Borrell a parlé du Sahel, pouvez-vous imaginer un Sahel multiplié par cinq? Quel monde cela créerait-il pour l’Europe? Il est clair que la priorité numéro un de l’Europe est de prendre soin de son voisinage immédiat et de promouvoir le développement en Afrique. Et le nouvel investisseur numéro un en Afrique est la Chine. C’est là que le défi se démarque clairement. L’Europe essaiera-t-elle de bloquer les investissements chinois en Afrique parce que les États-Unis disent que c’est mauvais pour le monde? Ou l’Europe l’encouragera-t-elle parce qu’elle crée une digue contre plus d’Africains venant en Europe? C’est le genre de choix difficiles que l’Europe doit faire, et je pense qu’un point clé sur lequel vous avez insisté est que souvent dans le dialogue européen, il y a une réticence à affronter carrément des vérités géopolitiques dures. Le point clé de la géopolitique est que nous devons toujours nous rappeler qu’il s’agit d’une combinaison de deux mots: politique et géographie. La géographie est importante. La géographie des États-Unis est différente de la géographie de l’Europe. L’Europe doit répondre à sa géographie, et si elle veut répondre à sa géographie, elle peut effectivement travailler avec la Chine de cette manière. C’est le défi que je vois pour l’Europe à venir.

    Josep Borrell: Merci pour ces remarques perspicaces et ces échanges de vues. Avant de devenir géopolitique, l’Europe doit devenir politique. Comme l’a mentionné Kishore Mahbubani: la géopolitique est la géographie plus la politique. Si vous voulez être un acteur géopolitique, vous devez d’abord être un acteur politique. Et cela signifie avoir une certaine sorte d’unité politique. Pour l’instant, le problème est que l’Union européenne n’est pas assez politique. L’Europe n’est pas une union politique et, en fait, il semble que certains États membres ne souhaitent pas faire partie d’une union politique. Les Britanniques, par exemple, sont partis à cause de cela, mais il se peut qu’il y ait des membres au sein de l’UE qui partagent certaines des mêmes perspectives. Lorsque la présidente de la Commission a déclaré qu’elle souhaitait que la Commission soit une commission géopolitiquenous devons tenir compte du fait que la Commission seule ne peut pas être géopolitique. Il devrait s’agir de l’UE dans son ensemble, car la Commission ne dispose que d’une partie des compétences nécessaires dont vous avez besoin en matière de politique étrangère et de défense. Il est extrêmement complexe d’être géopolitique quand on manque de ces deux jambes. L’UE dans son ensemble doit être géopolitique, mais d’abord, elle doit être politique.

    Nous disons que nous voulons parler d’une seule voix. Mais nous n’avons pas besoin d’une seule voix, nous avons besoin d’un seul message. Cela ne me dérange pas si nous avons plusieurs voix qui répètent le même message. Le problème, ce sont des voix différentes avec des positions différentes. Par exemple, l’accord stratégique sur l’investissement avec la Chine, qui est allé rapidement au cours des dernières semaines de l’année dernière avant la fin de la présidence allemande, répond clairement à certaines priorités qui touchent plus certains pays que d’autres. Pour certains pays, c’est essentiel, pour d’autres, c’est moins pertinent. Nous devons comprendre que nous n’avons pas atteint le niveau d’intégration politique qui peut nous permettre d’être géopolitiques comme le sont les États-Unis ou la Chine.

    C’est la raison pour laquelle le concept d’autonomie stratégique fait l’objet d’un débat si intense. Ce sera le premier pas vers un troisième pôle. J’ai passé toute l’année à en discuter et j’ai le sentiment que l’Europe joue à des jeux de mots. Ce débat s’est intensifié et encore une fois, on se rend compte que certains États membres ne partagent pas la même vision de l’autonomie. D’un point de vue militaire, ils aiment être dépendants de l’aide fournie par les États-Unis car ils ne croient pas à l’idée que si les choses tournent mal, l’Europe aurait une capacité suffisante pour participer à des situations difficiles. C’est très clair à la frontière orientale car ils ont la mémoire et l’histoire de ce qui s’est passé en 39 et de ce qui peut arriver à l’avenir. Je suis d’accord avec Kishore Mahbubani sur le fait que nous n’allons pas voir des chars russes affluer dans les plaines d’Europe centrale. Poutine, quoi qu’on en pense, n’est pas Staline. Cependant, lorsque vous parlez aux Ukrainiens et que vous leur dites de ne pas s’inquiéter d’une invasion, ils vous répondront que la Russie a déjà la Crimée. Tout dépend de la perspective.

    Les menaces et les défis auxquels nous sommes confrontés ne sont pas perçus de la même manière de Riga à Madrid. De Riga, le Sahel n’est pas un problème, et à Madrid, la Russie semble très loin. C’est pourquoi nous devons travailler sur un processus culturel afin de partager une compréhension du monde. Je suis assez vieux pour savoir que cette compréhension du monde dépend de l’histoire et de la culture. Quelqu’un de Pologne et quelqu’un d’Espagne ne peuvent pas partager la même approche à l’égard des États-Unis, car les Espagnols ont combattu les États-Unis et ont eu l’une des guerres les plus terribles contre eux, alors que la Pologne doit sa liberté aux États-Unis. Il faut donc bâtir une culture commune, ce qui va prendre beaucoup de temps.

    Il y a aussi la question de l’identité. Nous avons très bien réussi à surmonter la lutte entre les identités à l’intérieur de l’Europe. Les Allemands et les Français ne se disputent plus les identités comme ils le faisaient autrefois. Ils ont surmonté l’antagonisme des identités, ce qui est un succès extraordinaire, mais nous n’avons pas encore construit une identité commune. Oui, nous sommes Européens et nous partageons beaucoup de points communs, mais le sentiment d’appartenance et d’appartenance à une union politique reste fragile. On se rend compte de la faiblesse de ce sentiment d’appartenance lorsque l’on discute du cadre financier, qui est le niveau de solidarité des citoyens européens dans le cadre européen. Bien qu’il ne représente que 1% du PIB, c’est sur cette infime partie que les batailles les plus féroces se produisent alors que les dirigeants veulent exprimer leurs opinions nationales. Surtout, les dirigeants veulent plus que ce qu’ils donnent, ce qui n’est pas un signe clair d’une identité partagée. C’est quelque chose qui demandera du temps et de la volonté.

    Concernant les sanctions, je passe mon temps à essayer de comprendre le monde et de voyager, car les sanctions ne sont pas une politique en soi. En fait, les sanctions que l’Europe peut mettre en œuvre ne sont pas seulement des sanctions économiques – comme les sanctions américaines – mais des sanctions personnelles contre des individus et des entités. Je suis tout à fait conscient que le recours uniquement aux sanctions affecte notre capacité à construire et à mettre en œuvre notre politique étrangère. Les traités nous obligent à fonder notre politique étrangère sur nos intérêts et nos valeurs, mais aussi à les défendre. Où est l’équilibre entre les intérêts et les valeurs? Pouvons-nous sanctionner tout le monde partout au nom des valeurs? Non. En fait, les sanctions dépendent du «qui» et du «où» et sont intrinsèquement asymétriques. Il est clair que nous ne sanctionnons pas les mêmes choses partout, il faut donc chercher un meilleur équilibre. Cependant, nous ne pouvons pas renoncer aux violations des droits de l’homme qui se produisent à l’intérieur des frontières de la Russie et de la Chine. Cela signifierait que les deux pays pourraient faire ce qu’ils veulent à l’intérieur de leurs frontières? Notre opinion publique n’acceptera pas cela. Dans l’intervalle, les États membres de l’UE demandent toujours plus de sanctions, même si leurs effets sont peut-être limités et les conséquences de plus en plus coûteuses. L’Union européenne doit y réfléchir et mieux se coordonner avec les États-Unis, mais les États-Unis utilisent également des sanctions que l’UE n’utilise pas en raison des conséquences inacceptables d’un point de vue moral. Il n’est donc pas facile de trouver le juste équilibre entre la défense des valeurs et la défense des intérêts. L’Union européenne doit y réfléchir et mieux se coordonner avec les États-Unis, mais les États-Unis utilisent également des sanctions que l’UE n’utilise pas en raison des conséquences inacceptables d’un point de vue moral. Il n’est donc pas facile de trouver le juste équilibre entre la défense des valeurs et la défense des intérêts. L’Union européenne doit y réfléchir et mieux se coordonner avec les États-Unis, mais les États-Unis utilisent également des sanctions que l’UE n’utilise pas en raison des conséquences inacceptables d’un point de vue moral. Il n’est donc pas facile de trouver le juste équilibre entre la défense des valeurs et la défense des intérêts.

    Une compréhension commune de la culture signifie une compréhension commune des menaces. Je suis sûr qu’aux États-Unis, les habitants de l’Alaska et ceux de Miami comprennent tous que la Chine est une menace car ils partagent la même culture politique. Pour nous, c’est une situation complètement différente. L’UE doit construire cette culture en sachant que nous ne jouerons pas le rôle d’une puissance militaire de premier plan dans le monde. L’UE doit examiner ses atouts économiques: sur les investissements, les subventions étrangères, la coercition économique, le rôle international de l’euro et notre politique industrielle. Sur nombre de ces politiques, nous avons été extrêmement naïfs. Lorsque la Chine a rejoint l’OMC, l’UE espérait que le « doux commerce»Créerait une classe moyenne chinoise aspirant aux libertés politiques et à un système multipartite. Et à l’époque, l’UE pensait que l’accueil de la Chine à l’OMC pourrait contribuer à atteindre ces objectifs. Maintenant, nous savons que ce n’est pas le cas, bien au contraire. Comme vous l’avez dit, le Parti communiste chinois bénéficie d’un solide soutien depuis les quarante dernières années qui ont été – de loin – les meilleures années de la Chine depuis la découverte de la machine à vapeur. Le système politique a continué de progresser et tant que ce sera le cas, ils ne changeront pas leur système politique, et nous ne le ferons pas non plus. Une fois de plus, il montre les équilibres compliqués qui sont cruciaux pour définir une politique étrangère européenne.

    Sur le plan économique, je suis entièrement d’accord avec Adam Tooze. J’ai été très critique vis-à-vis de notre réponse à la crise de l’euro pendant mon séjour en tant que chercheur à l’Institut universitaire européen où j’ai eu le temps de réfléchir, d’écouter et d’écrire. En effet, la réponse européenne à la crise de l’euro était une erreur. C’est ce genre d’échec qu’il faut éviter. Quand j’entends les gens dire que nous devons agir rapidement pour réduire la dette et les déficits, je pense: «Mon Dieu, ne refaisons pas la même erreur. Regardez ce qui se passe aujourd’hui dans le monde: il y a de nouvelles questions et préoccupations. Il est clair que les États-Unis font le contraire de ce que l’UE prêche en matière de politique économique depuis des années. La poussée fiscale aux États-Unis est bien plus importante que la nôtre. Certes, nous avons commencé à parler d’un plan de reprise au printemps dernier, mais un outil économique dont la conception et la mise en œuvre prend un an et demi n’est pas exactement la bonne réponse à une crise économique qui nous oblige à agir rapidement. Un an et demi, c’est trop long à livrer. L’Europe a décidé de partager une monnaie, mais nous avons toujours des politiques économiques différentes, alors quand nous avons décidé de travailler ensemble, nous avons passé un an à discuter et une autre à mettre en œuvre. Mais grâce à la BCE – comme ce fut également le cas lors de la crise de l’euro – on survit plus ou moins. Pour finir je trouve que cette idée de trois pôles est intéressante et illustre la quête de nous avons passé un an à discuter et une autre à mettre en œuvre. Mais grâce à la BCE – comme ce fut également le cas lors de la crise de l’euro – on survit plus ou moins. Pour finir je pense que cette idée de trois pôles est intéressante et illustre la quête nous avons passé un an à discuter et une autre à mettre en œuvre. Mais grâce à la BCE – comme ce fut également le cas lors de la crise de l’euro – on survit plus ou moins. Pour finir je trouve que cette idée de trois pôles est intéressante et illustre la quête del’hégémonie . En fait, pourquoi les États-Unis s’inquiètent-ils pour la Chine? Est-ce parce qu’ils craignent que les Chinois débarquent en Californie? Non. Il s’agit de savoir qui commande le monde. C’est aussi pourquoi les Européens doivent se considérer comme plus que l’ épigon et avoir leur propre capacité à agir dans le monde.

    Groupe d’études géopolitiques, 05 mai 2021

    Etiquettes : Union Européenne, Josep borrell, politique étrangère européenne, covid 19, coronavirus, pandémie, UE, diplomatie,

  • L’UE ouvre un nouveau front dans la lutte juridique contre AstraZeneca, qui pourrait déboucher sur des amendes

    L’Union européenne a engagé mardi une nouvelle action en justice contre AstraZeneca, qui pourrait déboucher sur des sanctions financières à l’encontre de la société, accusée d’avoir violé un contrat de fourniture de vaccins COVID-19.

    Il s’agit de la deuxième action en justice de l’Union européenne contre AstraZeneca, après que l’Union a pris des mesures à la fin du mois d’avril en raison de retards de livraison de vaccins. en savoir plus

    AstraZeneca a déclaré que la première action en justice de l’UE était sans fondement, affirmant qu’elle avait respecté le contrat. L’avocat de la société a déclaré mardi que la nouvelle action en justice n’était pas nécessaire étant donné qu’une autre était déjà en cours.

    L’avocat de l’UE, Rafael Jafferali, qui s’exprimait devant un tribunal belge lors de l’audience de mardi, a demandé qu’AstraZeneca livre un total de 120 millions de doses de vaccin d’ici à la fin du mois de juin, première demande formelle de Bruxelles sur le volume exact qu’elle souhaite recevoir d’ici au milieu de l’année.

    Le fabricant anglo-suédois de médicaments s’était initialement engagé à livrer 300 millions de doses de vaccin entre décembre et fin juin, mais il a retardé ses livraisons, n’en ayant livré que 50 millions, qui, selon le contrat, devaient être livrées en janvier.

    À titre de compensation partielle et immédiate pour les retards, l’avocat de l’UE a déclaré au tribunal que la société devrait livrer 120 millions de doses d’ici la fin juin – 90 millions au cours du deuxième trimestre, en plus des 30 millions de doses expédiées à la fin mars.

    L’objectif d’AstraZeneca est de livrer 100 millions de doses d’ici le milieu de l’année, ce que l’avocat de la société, Hakim Boularbah, a confirmé lors de l’audience de mardi.

    M. Boularbah a déclaré qu’AstraZeneca n’était pas tenue de livrer le volume total de doses fixé dans le contrat, car elle s’est seulement engagée à faire ses « meilleurs efforts raisonnables » pour y parvenir.

    Interrogé par Reuters, il n’a pas souhaité faire de commentaire sur la possibilité pour la société d’accepter la demande de l’UE de livrer 120 millions de doses d’ici à la fin du mois de juin. La société a invoqué des problèmes de production et des restrictions à l’exportation pour expliquer le retard de ses livraisons à l’UE.

    L’avocat de l’UE a déclaré au tribunal que l’UE espérait que le reste des 300 millions de doses contractuelles pourrait être livré par AstraZeneca d’ici septembre, bien qu’il n’ait pas soumis de demande officielle à ce sujet.

    AstraZeneca n’était pas immédiatement disponible pour un commentaire.

    AMENDE EN BAISSE ?

    Selon des fonctionnaires connaissant bien le dossier, la deuxième action en justice est essentiellement procédurale et porte sur le fond de la question, mais elle permettrait également d’imposer des sanctions financières à la société.

    Une demande de compensation provisoire d’un euro a été présentée par l’UE pendant que les dommages étaient évalués. Une demande de compensation réelle pour ce que l’UE considère comme une rupture de contrat de la part d’AstraZeneca sera décidée à un stade ultérieur.

    Un fonctionnaire a déclaré que l’amende pourrait être « significative », mais a refusé de quantifier la demande financière, qui devra être approuvée par le juge.

    Un porte-parole de la Commission européenne a déclaré lors d’une conférence de presse tenue plus tard dans la journée de mardi que l’objectif ultime des poursuites était d’obtenir des doses et non de punir AstraZeneca ou de réclamer une amende. Mais il a également déclaré que des sanctions financières pourraient être imposées à la société.

    L’avocat de l’UE a également demandé à AstraZeneca de partager des documents confidentiels, une demande à laquelle AstraZeneca s’oppose.

    L’UE avait déjà demandé à AstraZeneca de présenter des preuves de la manière dont elle a dépensé les 224 millions d’euros (272 millions de dollars) versés par l’UE en septembre pour acheter des ingrédients de vaccins. en savoir plus

    L’avocat d’AstraZeneca s’est plaint, lors de l’audience, que l’exécutif de l’UE avait lancé une deuxième procédure alors qu’une autre avait déjà été ouverte.

    Le juge a décidé d’autoriser la poursuite de la deuxième procédure et a fixé la date de la prochaine audience au 24 septembre.

    Une autre audience a été fixée au 26 mai pour la première affaire juridique dans laquelle l’UE demande une accélération immédiate des livraisons.

    Un verdict sur la première affaire est attendu avant la fin du mois de juin, tandis que la deuxième affaire sur le fond durera au moins jusqu’à l’année prochaine.

    Reuters, 11 mai 2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, vaccin, Astrazeneca, coronavirus, covid 19, pandémie,

  • Épuisées par la lutte contre le COVID, certaines infirmières de soins intensifs françaises font grève pour obtenir de meilleurs salaires

    Le personnel médical des soins intensifs, épuisé par la lutte contre le COVID-19, s’est mis en grève dans certains hôpitaux français mardi pour réclamer de meilleurs salaires et conditions de travail.

    Le syndicat CGT (gauche dure) a déclaré que la crise du coronavirus avait mis en évidence la nécessité d’augmenter le nombre d’infirmiers et de lits de soins intensifs dans les hôpitaux publics, ainsi que d’améliorer les conditions salariales.

    À l’hôpital Robert Ballanger d’Aulnay-sous-Bois, en banlieue parisienne, où les 16 lits de soins intensifs disponibles sont tous occupés – presque tous par des patients atteints du COVID-19 – les infirmières ont travaillé tout au long de leur grève pour garantir le maintien des soins vitaux.

    Nous nous battons depuis des années pour obtenir cette augmentation de salaire », a déclaré l’infirmière Aurélie Lesueur, les mots « En grève – Burnout » griffonnés au dos de sa blouse médicale.

    Lesueur et ses collègues ont déclaré que les compétences spécifiques d’une infirmière de soins intensifs devraient être reconnues, comme elles le sont pour d’autres rôles tels que la pédiatrie et l’anesthésie, et reflétées dans les paquets de salaire.

    Selon Mme Lesueur, une année passée en première ligne de la lutte contre le COVID-19 a été éprouvante sur le plan mental et physique. Certains collègues ont démissionné et d’autres sont en congé de maladie. Le manque de personnel a entraîné la fermeture de deux lits dans son service, ajoute l’infirmière.

    Alors que la France met lentement fin à un troisième confinement national, la pression reste forte sur les hôpitaux. Le nombre de patients COVID-19 en soins intensifs est repassé cette semaine sous la barre des 5 000, seuil de saturation.

    Une manifestation devant le ministère de la Santé est prévue plus tard dans la journée de mardi.

    « Nous sommes épuisés », a déclaré l’infirmière Celia Leger. « Nous voulons une reconnaissance pour les soins particuliers que nous prodiguons ».

    Reuters, 11 mai 2021

    Etiquettes : France, coronavirus, covid19, pandémie, infirmières, salaires,

  • La pandémie de la COVID-19 et la dévaluation du dinar provoquent de nouvelles dépenses de 2,6 milliards de dollars en Algérie

    En 2021, l’Etat algérien sera obligé d’augmenter encore son budget de fonctionnement d’au moins 2,6 milliards de dollars en raison principalement des dépenses nécessaires à la lutte contre la pandémie de la COVID-19 et l’ajustement financier indispensable face à la dévaluation du dinar algérien, voire la chute brutale de sa valeur face au Dollar et à l’Euro.

    Le Rapport de présentation de l’Avant-Projet de la Loi de Finances Complémentaire (APLFC) pour 2021 dont Algérie Part a obtenu une copie au cours de ses investigations, indique à ce propos qu’une rallonge budgétaire de 350,0 Milliards de DA, soit l’équivalent de 2,6 milliards de dollars, est nécessaire pour que l’Etat algérien puisse faire face en 2021 à des dépenses stratégiques comme, par exemple, la prise en charge des indemnités exceptionnelles au profit des personnels de la santé (03 derniers mois) et de l’intérieur (06 mois) qui devra coûter à l’Etat algérien pas moins de 35 Mrds DA, soit l’équivalent de 260 millions de dollars.

    D’autre part, la couverture des opérations d’acquisition des vaccins anti-COVID-19 nécessitera de nouvelles dépenses de l’Etat algérien estimées à 8,25 Mrds DA, soit l’équivalent de 62 millions de dollars. L’Etat algérien devra aussi dépenser en 2021 l’équivalent de 21 Mrds DA, soit l’équivalent de 160 millions de dollars, pour soutenir financièrement les opérateurs publics de l’eau (ADE, ONID, ONA et ANBT) qui doivent multiplier les investissements pour mobiliser des nouvelles ressources en eau afin de répondre à la demande nationale de plus en plus croissante.

    Enfin, la dévaluation du dinar algérien, ou la chute de sa valeur, oblige l’Etat algérien à sortir de ses caisses 60 milliards de Da, soit l’équivalent de 450 millions de dollars, pour rembourser les créances justifiées de l’Office Algérienne Interprofessionnel des Céréales (OAIC) au titre du dispositif de soutien des prix des céréales fortement perturbés par la chute de la valeur monnaie algérienne face au dollar et à l’Euro.

    L’Etat algérien doit dépenser aussi 8 milliards de Da, soit l’équivalent de 60 millions de dollars, pour financer une contribution supplémentaire au profit de l’ONIL pour la couverture de l’incidence financière induite par les effets conjugués de l’augmentation des cours mondiaux de la poudre de lait et de la chute de la valeur dinar algérien.

    Algérie Part, 11 mai 2021

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