Étiquette : corruption

  • Qatargate : Parlement européen, silence et mandat d’arrêt

    Tags : Maroc, corruption, Marocgate, Andrea Cozzolino, Marc Tarabella,

    Le 2 février, le Parlement européen a levé à la majorité (à main levée, donc sans divulguer de chiffres) l’immunité des eurodéputés Andrea Cozzolino et Marc Tarabella, comme l’avait demandé la justice belge, dans le cadre du soi-disant « Qatargate ». enquêtes. Les enquêteurs, d’après ce que l’on sait peu, pensent qu’un groupe de personnes, dont au moins trois députés européens, auraient pris de l’argent aux gouvernements du Qatar et du Maroc pour favoriser des positions plus douces du corps politique concernant la condition des travailleurs étrangers dans l’émirat , et le comportement du gouvernement de Rabat envers le peuple sahraoui indépendantiste.

    C’est clairement une mauvaise histoire, il y a eu des mouvements d’argent, même si somme toute en très petites quantités, toujours pour ce que l’on sait aujourd’hui, et c’est certainement un préjudice pour tout le monde lorsque des soupçons de ce type surgissent à l’encontre d’un Parlement. Si ce qui est dit était vrai, ce serait vraiment une histoire faite par des gens indignes.

    Cela dit, cependant, ce qui est perceptible, c’est un échec de la politique. En effet, un effondrement du politique, qui se montre une fois de plus, malgré des années de plaintes et de combats, perméable face à ceux qui font de la corruption leur stratégie d’influence (à condition que les soupçons deviennent réalité).

    En revanche, ce qui m’intéresse le plus, il me semble que l’incapacité du politique à jouer son rôle moteur prend la forme de la course effrénée pour ouvrir les portes du Parlement au judiciaire. « La justice peut maintenant suivre son cours. Dans l’histoire du Parlement, les immunités n’ont jamais été levées aussi rapidement », a déclaré Manon Aubry, la rapporteure des mesures de levée, après le vote. Je ne vois pas ce qu’il y a à se vanter d’avoir couru. Un magistrat demande et les députés se mettent au garde-à-vous, sans même un débat public, sans même considérer les positions des deux collègues pour qui la possibilité d’arrestation a été accordée, et aurait pu être évitée. Et ici en Belgique, apparemment, vu l’histoire du premier interpellé, la détention préventive (d’une personne qui pourrait aussi être innocente, et qui, d’ailleurs, l’est jusqu’à sa condamnation définitive) a une durée impressionnante. Des mois, qui peuvent détruire une vie.

    Pas un mot du Parlement sur le traitement des personnes sous enquête déjà en prison et pas un mot sur le fait que les deux, Cozzolino et Tarabella, ont déclaré qu’ils étaient prêts à parler à la justice dès que leurs noms ont commencé à circuler, des semaines et des semaines il y a. Mais les magistrats belges voulaient la liberté de les arrêter, les interroger ne leur suffisait évidemment pas. Et le Parlement n’a pas bronché. Non pas qu’il n’aurait pas dû librement décider d’accorder l’autorisation de procéder, mais il aurait dû, en parallèle, évoquer la question de l’état de la justice au sein d’un Etat membre de l’Union. Il ne l’a pas fait, chassant la fureur populaire,

    La question la plus délicate dans cette histoire est de savoir comment juger les positions politiques. Ici, peut-être, il ne s’agit pas d’élus ayant signé un permis de construire hors norme, fait tangible, évident, mais de soutenir et de condamner quelqu’un pour avoir, s’il l’a fait, exprimé des positions politiques. Sans, sans doute, même savoir quelles étaient les positions antérieures aux inculpés, sans savoir s’il y en avait. Autrement dit, peut-être que dans quelques mois s’ouvrira un procès qui jugera les idées de certains parlementaires.

    Soyons clairs, je ne prétends pas ici que les politiciens ne sont pas corruptibles, ni qu’il n’y en a pas de corrompus. Mais on parle ici de députés qui, en politique étrangère, n’exercent aucun pouvoir, dont les votes, en la matière, sont purement symboliques puisque le Parlement européen n’a aucune compétence en la matière. Aucun effet pratique ne découle jamais des votes sur les motions. Ils sont mis de côté et parfois ils peuvent être relancés pour soutenir une thèse ou une confrontation politique. Cependant, ils n’établissent pas de relations internationales.

    Bien sûr, dans d’autres secteurs, le Parlement prend des décisions qui ont un effet, car dans d’autres cas, il exerce un pouvoir législatif. Alors doit-on avoir le soupçon, à chaque fois qu’un député, un groupe parlementaire, un parti change de position politique, qu’il y a quelque chose de louche là-dessous ? Il n’en est évidemment pas ainsi. Il y a des partis qui étaient favorables à la peine de mort et qui ont ensuite changé de position, il y a ceux qui voulaient l’indépendance de certaines régions et puis ont renoncé, ceux qui voulaient simplement abolir un impôt puis l’ont laissé tranquille, ceux qui ont toujours voulu , il avait promis de prendre parti contre un impôt puis l’avait soutenu. Qui s’est allié avec quelqu’un, puis avec quelqu’un d’autre. Il y a des milliers de cas, et c’est normal que cela se produise. Les situations sont étudiées, comparées, changées et ainsi les positions des politiques changent.

    Ici, j’aurais aimé entendre un débat là-dessus, sur la façon dont les changements de position politique peuvent être jugés pénalement. Combien de députés en Italie ont changé de parti lors de la dernière législature ? J’ai vu des récits qui en énuméraient plus de 200. Mais il n’est jamais venu à l’esprit de personne qu’ils commettaient un crime.

    J’aurais aimé que le Parlement européen « fasse de la politique » avant de prendre une décision, voire entre-temps.

    En tant que citoyen, je me sens représenté par des politiciens, pas par des magistrats. De ceux-là j’attends que la loi soit défendue, de ceux-là je veux que la loi soit faite. C’est qui je choisis pour diriger les affaires publiques dont je veux établir les principes, pas qui gagne un concours.

    Après les premières fissures dans l’enquête, qui ont conduit à la libération « sans condition » de Niccolò Figà Talamanca après deux mois de prison préventive comme innocent, il sera intéressant, à moins d’une série d’aveux (totalement inattendus pour le moment, étant donné que les députés impliqués tous prétendent être innocents) pour voir comment le procès se déroulera devant la Cour, pour prouver « la culpabilité des idées ». J’aurais préféré qu’en autorisant les arrestations, la politique ait eu la force d’en discuter, de défendre son rôle et celui des citoyens qu’elle représente. Cela aussi aiderait à reconstruire et à renforcer notre démocratie qui, malheureusement, présente tant de fissures précisément parce que nous avons cessé de la cultiver et de la protéger.

    EUNES, 04/01/2023

    #Qatargate #Marocgate #Maroc #Corruption #Parlement_européen

  • Qatargate: le médiateur de l’UE demande au Parlement de renforcer le comité d’éthique « limité »

    Tags : Parlement Européen, Union Européenne, corruption,

    L’organe d’éthique de l’assemblée fonctionne en grande partie en secret.

    Une commission du Parlement européen chargée de surveiller le comportement des députés européens devrait être renforcée à la suite du scandale de corruption du Qatargate, a déclaré lundi la médiatrice européenne Emily O’Reilly à la présidente du Parlement, Roberta Metsola.

    Le médiateur a envoyé une lettre largement positive à Metsola, saluant sa « détermination » à nettoyer le Parlement et louant certaines de ses 14 propositions telles que la création d’un portail d’intégrité sur le site Web de l’institution et l’introduction d’une période de réflexion stricte interdisant les anciens députés. de faire pression sur le Parlement.

    O’Reilly a également zoomé sur le seul organe d’éthique du Parlement, un comité consultatif formé de cinq députés dont le rôle est de s’assurer que les députés respectent un code d’éthique qui énonce des règles d’intégrité dans des domaines tels que les conflits d’intérêts financiers, la déclaration de cadeaux ou de rémunération. pour les voyages à l’étranger. Les députés de la commission sont nommés par la présidente et la conseillent sur la manière de sanctionner les députés qui enfreignent les règles. La commission fonctionne en grande partie en secret, ne publiant qu’un seul rapport par an qui ne nomme pas les députés spécifiques qui ont été punis.

    « Le comité consultatif surveille le code de conduite mais dispose de pouvoirs limités. Pour y remédier, il faut renforcer l’indépendance du Comité, lui accorder des pouvoirs proactifs pour surveiller, enquêter et assurer le respect des règles d’éthique, et lui fournir des ressources suffisantes », a écrit O’Reilly dans sa lettre à Metsola. O’Reilly, dont les recommandations ne sont pas contraignantes, a ajouté qu’il devrait y avoir plus de transparence sur le fonctionnement de l’organisme d’éthique.

    Le plan de Metsola fait déjà face à la résistance des eurodéputés seniors, tandis que la gauche attaque les propositions en deçà de ce que les eurodéputés ont voté en décembre. L’un des 14 points de Metsola porte sur le « renforcement du comité du code de conduite » mais donne peu de détails sur la manière dont cela sera réalisé, selon une version des plans datée du 12 janvier.

    O’Reilly a également appelé Metsola à publier un calendrier des prochaines étapes des réformes internes. « J’attends avec impatience les propositions détaillées donnant effet à l’approche générale que vous avez esquissée, pour voir comment la réforme sera mise en œuvre dans la pratique », a écrit le médiateur.

    Sarah Wheaton a contribué au reportage.
    Source : Politico, 30/01/2023

    #Qatargate #Parlement_européen #Corruption #Comité_Ethique

  • Qatargate Les mots de la néopolitique

    Qatargate Les mots de la néopolitique

    Tags : Maroc, Parlement européen, corruption, Antonio Panzeri, Eva Kaili,

    par Michele A. Cortelazzo

    Qatargate est le nom que la presse, pas seulement italienne, a attribué au scandale survenu le 9 décembre 2022 à la suite d’une enquête de la justice belge, qui a accusé certains députés et lobbyistes travaillant au Parlement européen de corruption, y compris, dans un position de premier plan, certains Italiens. L’accusation est celle d’avoir reçu de l’argent ou des cadeaux généreux du Qatar pour influencer les décisions du Parlement européen en faveur de cet État.

    Tous les scandales depuis le Watergate

    L’élément de composition -gate a longtemps été utilisé pour produire des noms qui indiquent des scandales, généralement d’origine internationale. Le modèle vient du nom du scandale international le plus célèbre, celui qui fait référence aux événements de 1972, lors des élections présidentielles américaines, lorsque le personnel du candidat républicain (plus tard vainqueur) Richard Nixon a espionné les activités de l’opposition comité électoral qui était basé à Watergate Hotel. Au fil des ans, de nombreux scandales internationaux ont été nommés en utilisant cet élément de composition tiré du nom de l’hôtel : sexgate , datagate , dieselgate, tabloidgate , sofagate, Fifagate , Mitterandgate , Monicagate, Irangate, Italygate, Nigergate, (mais parfois aussi des scandales italiens, comme Irpiniagate , Laziogate , Legagate, Moggigate, Rubygate , ont été dénommés avec le confix -gate , même si pour les scandales italiens c’est plus commun l’élément de composition -poli , de Tangentopoli ). Vous n’aimez peut-être pas l’utiliser (par exemple, Dario Braga, un éminent chimiste de l’Université de Bologne, a commenté dans son profil personnel sur Facebook : « mais pourquoi « Qatargate » ? Qu’est-ce que la « porte » a à voir avec cela (porte, porte, passage… – tout vient du Watergate… mais c’était un hôtel… qu’est-ce qui ridiculise perpétuellement la presse italienne (et pas seulement…)?»), mais il n’en demeure pas moins que c’est un très répandu depuis des années, dans de nombreuses langues.

    Dans les débats institutionnels

    Qatargatece n’est que le dernier rejeton de cette progéniture et n’a pas été confiné à la prose journalistique. Il est également entré dans les débats institutionnels. Par exemple, lors de la séance du Sénat du 14 décembre 2022, Barbara Floridia du « Mouvement Cinqestelle » a déclaré : « Et dans cette phase du soi-disant Qatargate, arriver en Europe avec nos mesures pour balayer la corruption, avec notre question morale, aurait été un bon moyen d’y arriver de front. La veille, le sénateur Raffaele Speranzon (Frères d’Italie) avait posé une question qui contenait cette prémisse : « considérant que, pour autant que l’interrogateur comprenne : parmi les organisateurs de l’événement figurait initialement également l’organisation non gouvernementale » Fight Impunity  » , présidé par Antonio Panzeri, ancien député européen du Parti démocrate ainsi que membre de « Article One – Democratic and Progressive Movement », actuellement en état d’arrestation en Belgique à la suite de l’enquête sur la corruption connue officieusement sous le nom de « Qatargate » », tandis que le 21 décembre 2022, Massimiliano Romeo (Lega) insère ces mots en introduction d’une de ses questions : « ces dernières semaines, l’affaire dite du « Qatargate », l’enquête sur des allégations de corruption impliquant des membres du Parlement européen, a attiré l’attention générale ; tel que rapporté par « ces dernières semaines, l’affaire dite du « Qatargate », l’enquête sur des allégations de corruption impliquant des membres du Parlement européen, a attiré l’attention générale ; tel que rapporté par « ces dernières semaines, l’affaire dite du « Qatargate », l’enquête sur des allégations de corruption impliquant des membres du Parlement européen, a attiré l’attention générale ; tel que rapporté parMédia belge , le Qatar aurait agi dans le but d’influencer les décisions économiques et politiques du Parlement européen par le biais de sommes d’argent et de cadeaux à des tiers, qui avaient un rôle et une position considérés comme stratégiques au sein de l’institution européenne ».

    Au Parlement

    Au Parlement, le mot fait son entrée avec une série de « salutations verbales » (« le soi – disant Qatargate », « une enquête sur la corruption connue officieusement sous le nom de « Qatargate » », « l’affaire connue sous le nom de « Qatargate » »), mais il entre néanmoins. Il est à noter cependant que la Première ministre, qui même lors de la conférence de fin d’année a été incitée par une question à donner son avis sur l’affaire, n’a pas utilisé le Qatargate , contrairement à ce que pourraient laisser croire certains reportages journalistiques ( par exemple l’AGI a titré son lancement du 15 décembre 2022 : « Meloni : « Sur le Qatargate, nous devons aller jusqu’au bout et aucune remise ne doit être faite ». Cependant, il ne s’agit pas d’une citation littérale des propos de Giorgia Meloni).

    Le scandale de la Coupe du monde

    Mais le Qatargate n’est pas né en 2022 à l’occasion de ce scandale. Celui de 2022 est la renaissance d’un mot déjà présent dans la presse en 2013. Cette fois-là, le scandale concernait les championnats du monde de football (qui, ironie du sort, se déroulaient du 20 novembre au 18 décembre 2022, c’est-à-dire aussi des jours où le nouveau Le Qatargate a éclaté ). Le premier à utiliser le mot, le 29 janvier 2013, était le journal « France Football », qui, comme le rapporte « Le Monde » du même jour, avait dénoncé le Qatargate avec un titre en caractères blancs sur fond noir . Mais les nouvelles, et le mot, de « France Football » est aussi immédiatement repris par « République » qui, le 29 janvier encore, donne la première attestation du mot en italien : « France Football magazine, l’un des plus importants d’Europe, avec un dossier de 20 pages intitulé « Qatargate », dénonce les prétendues manœuvres illicites qui ont conduit, le 2 décembre 2010, à l’attribution de la Coupe du monde prévue dans 9 ans».

    Source

    #Qatargate #Marocgate #Parlement_européen #Corruption

  • Marocgate : à quoi joue le Maroc ? 

    Tags : Maroc, Qatargate, corruption, Parlement Européen,

    Le reportage qui épingle le Makhzen

    Arte remet en question certaines décisions prises par l’UE, comme dans l’affaire Pegasus, les accords de pêche avec le Maroc ou encore concernant le respect des droits humains dans le royaume.

    La chaîne de télévision franco-allemande de service public, Arte, vient de diffuser un reportage sur le scandale de corruption au Parlement européen qui « jette le soupçon sur tous ceux qui travaillent avec le Maroc », enfonçant davantage le Makhzen. Suite au scandale de corruption qui éclabousse le Parlement européen depuis décembre dernier, le média franco-allemand a diffusé un reportage intitulé « Marocgate : à quoi joue le Maroc ? » dans lequel il remet en question certaines décisions prises par l’Union européenne (UE), comme dans l’affaire Pegasus, les accords de pêche avec le Maroc ou encore concernant le respect des droits humains dans le royaume.

    « Comment expliquer par exemple que l’affaire Pegasus ait été étouffée malgré le scandale ? », s’interroge Arte. « L’affaire Pegasus, c’est l’usage excessif par les autorités marocaines d’un logiciel d’espionnage vendu par (l’entité sioniste) a très peu d’Etats, le Maroc en a bénéficié et la justice a parlé de 100.000 personnalités qui ont été espionnées dont bien sûr des personnalités européennes, des parlementaires et des ministres », assure le directeur du Centre d’étude sur le monde arabe à Genève, Hasni Abidi.

    « Evidement, toutes les chancelleries occidentales ont tout fait pour étouffer cette affaire et certains parlementaires proches des autorités marocaines ont aussi tout fait pour que le Parlement européen ne condamne pas les pratiques marocaines en termes d’espionnage », a-t-il ajouté. Concernant les accords de pêche avec le Maroc que le réalisateur du reportage audiovisuel qualifie d’ « affaire embarrassante », Arte se demande pourquoi l’Europe les a signés « alors même qu’ils ne respectent pas la législation internationale et notamment l’autodétermination du Sahara occidental ? ».

    « Les discussions étaient assez dures, assez âpres, notamment parce que cet accord inclut le territoire du Sahara occidental, or l’Union européenne s’aligne en principe sur les points de vue internationaux notamment les Nations unies. On sait que dans le cadre de ces négociations, il y a eu un lobbying assez intense pour influencer les membres de ce Parlement », se rappelle Saskia Bricmont, députée européenne du groupe des Verts et membre de la délégation européenne pour les relations avec les pays du Maghreb.

    « Avec du recul, l’apparition de ce scandale (Marocgate) et du lien évident avec le Maroc, il est vrai que cette assemblée (le Parlement européen, ndlr) n’a pas adopté avec évidence des résolutions d’urgence qui soient critiques vis-à-vis du Maroc depuis de nombreuses années », a constaté l’eurodéputée. Pour ce qui est du respect des droits humains au Maroc, sujet « longtemps tabou » dans l’hémicycle européen, reconnaît le réalisateur du reportage, Arte affirme que « le temps de l’impunité (du Maroc) est révolu depuis la   mi-janvier, quand les parlementaires européens ont adopté avec une majorité écrasante une résolution condamnant les atteintes à la liberté d’expression au Maroc, en citant notamment le cas d’Omar Radi, un journaliste indépendant critique à l’égard du pourvoir et condamné à six ans de   prison ».            

    Cette condamnation « constitue un tournant dans la pratique du Parlement   européen à l’égard du Maroc. Jamais auparavant, le Parlement européen n’a osé franchir ce cap, condamner publiquement et presque avec unanimité le   Maroc », constate Hasni Abidi.   Très attristée par le scandale qui a nettement entaché la crédibilité de l’institution européenne, Nathalie Loiseau, députée du groupe Renew et membre de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb, déclare au début du reportage: « Vous avez une majorité de parlementaires qui font leur travail de manière extrêmement sérieuse et intègre et qui sont comme moi en colère », ajoutant qu e si les faits sont confirmés au terme de l’enquête actuellement en cours à Bruxelles, « cela portera préjudice à notre volonté de travailler avec le Maroc ».

    Pour résumer l’état d’esprit qui règne actuellement au sein de l’hémicycle européen, Arte qualifie l’affaire « Marocgate » d’ « embarrassante ». « L’affaire est embarrassante parce qu’elle éclabousse le Parlement européen et jette le soupçon sur tous ceux qui travaillent avec le Maroc ».

    #Qatargate #Marocgate #Corruption #Parlement_européen

  • Le PE décide d’annuler les missions au Maroc en 2023

    Tags : Qatargate, Marocgate, corruption, Parlement Européen, Maroc,

    Le régime marocain subit une série de déconvenues diplomatiques en Europe. Le scandale qui révèlé au grand jour les réseaux de corruption que le Makhzen alimente au sein du Parlement européen et qui a jeté l’opprobre sur les liens que le Maroc entretient avec les institutions et les politiques européens a obligé le PE a rompre avec l’indulgence avec laquelle il a l’habitude de traiter le Maroc.

    Face à l’ampleur du scandale, les eurodéputés ont décidé de sévir. Ainsi et après avoir adopté une résolution sur le non-respect des droits de l’Homme au Maroc, une première depuis des décennies, le Parlement européen a décidé de prendre ses distances, du moins pour le moment avec le régime marocain. Le PE a ainsi annulé ou reporté tous les voyages prévus au Maroc au cours des six premiers mois de cette année. Plusieurs médias citant des sources parlementaires ont indiqué jeudi que les voyages de différentes délégations et commissions parlementaires au Maroc ont été reconsidérés à la lumière des révélations selon lesquelles le pays est impliqué dans un scandale de corruption pour influencer les décisions du Parlement européen, précisent plusieurs médias.

    L’objectif de cette décision étant d’éviter de nouvelles ingérences, a-t-on précisé. Selon l’agence de presse EFE, la réunion de la direction de l’assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée à Rabat ainsi que celle de la commission de l’énergie devant se tenir ce mois de janvier n’ont pas eu lieu et une autre réunion de la commission parlementaire mixte Maroc-UE qui devrait se tenir en février, a également été annulée.

    Deux autres réunions de l’assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée sont prévues à Rabat en février et mars, ainsi qu’un sommet et une session plénière en mai. Bien qu’ils n’aient pas été encore officiellement annulés, la préparation de ces voyages n’a pas encore commencé.

    Un autre voyage prévu en juin par la commission des libertés civiles, qui prévoyait d’explorer la coopération UE-Maroc en matière de migration et de surveillance des frontières, en particulier pour la lutte contre la migration irrégulière, est également reporté.

    Les coordinateurs de la commission des libertés civiles ont voté mercredi le report de la mission. Toutes ces missions avaient été initialement autorisées par la direction du Parlement européen, mais la présidente de l’institution, Roberta Metsola, a exhorté les dirigeants des groupes à reconsidérer les déplacements dans cette région, sauf ceux aux forums internationaux ou engagements similaires.

    « Il y avait un consensus tacite au sein de la Conférence des présidents – qui réunit Metsola avec les dirigeants des groupes politiques – pour réévaluer tous les voyages dans ce pays », a déclaré un porte-parole de la présidente à EFE.

    #Qatargate #Marocgate #Corruption #Parlement_européen

  • « Le Parlement européen doit s’imposer un contrôle »

    Tags : Qatargate, Marogate, corruption,

    « Après avoir donné des leçons à la Terre entière, le Parlement européen doit s’imposer un contrôle »

    Ebranlé par un scandale de corruption impliquant le Qatar et le Maroc, le Parlement européen tente de redorer son image. L’affaire révèle un « très grand laxisme », commente le journaliste du Monde Jean-Pierre Stroobants, mardi, sur les ondes de la RTS.

    « Ces derniers jours, la mémoire leur est revenue. De nombreux élus du Parlement européen ont soudain notifié à l’administration des informations qu’ils sont tenus de donner mais qu’ils avaient ‘oublié’ de fournir à temps. Certains ont signalé un voyage effectué à l’invitation d’un Etat étranger, d’autres ont déclaré des cadeaux reçus. »

    Telles sont les premières phrases de l’enquête du quotidien Le Monde, publiée lundi, sur l’ »ère du soupçon », qui s’est ouverte après le scandale de corruption impliquant le Qatar, puis le Maroc. L’une des vice-présidentes de l’institution est désormais en prison.

    « On a baptisé l’affaire le ‘Qatargate’, mais je pense qu’il faut rectifier: c’est plutôt le ‘Marocgate’, voire le ‘Marocgate’ et le ‘Qatargate’. Parce que l’enquête commence par des renseignements provenant du Maroc transmis à la Belgique par un service étranger, très vraisemblablement français. »

    Cadeaux déclarés en urgence

    Le journaliste Jean-Pierre Stroobants, coauteur de l’enquête avec sa collègue Virginie Malingre, s’est rendu compte que les langues se déliaient et qu’il y avait encore des fils à tirer. Invité mardi dans l’émission de la RTS Tout un monde, Jean-Pierre Stroobants observe une « réaction panique » dans les couloirs de l’hémicycle.

    « Sur l’année précédente, il n’y avait que neuf députés (sur 705, n.d.l.r.) qui avaient jugé utile de mentionner les cadeaux qu’ils avaient reçus. Soudain, on s’aperçoit que de nombreux députés, y compris la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, avait oublié de déclarer pas mal de choses. »

    Un « très grand laxisme »

    Pour lui, l’affaire révèle un « très grand laxisme » dans la gestion de l’institution. « Le Parlement européen a vécu dans une certaine indolence et insouciance sur le comportement de certains de ses anciens et actuels membres. » Les règles existent, mais elles sont minimales, dit Jean-Pierre Stroobants.

    « Elles ne sont pas appliquées, pas contrôlées. Parce que le Parlement européen veut être une instance auto-régulée avec des parlementaires qui contrôlent d’autres parlementaires. En général, avec un tel système – dans le secteur privé ou public – les règles ont tendance à s’estomper assez rapidement et l’institution a tendance à dysfonctionner. »

    Et d’ajouter: « Ce qui se déroule aujourd’hui au Parlement européen est très grave pour l’institution, la démocratie, surtout à un an d’élections législatives européennes qui risquent d’être fortement affectées par cette affaire. »

    On a quand même l’impression que le Parlement européen est une chambre qui aime donner des leçons à la Terre entière. Il est temps qu’il s’impose un contrôle de son propre fonctionnementJean-Pierre Stroobants, journaliste au quotidien Le Monde

    Même si la présidente, Roberta Metsola, assure que les contrôles seront plus stricts, cela donne l’impression d’une « grande improvisation, d’un grand désordre et d’un fonctionnement assez inquiétant ».

    « Je pense que du côté de la Commission européenne, et surtout des Etats membres, on se frotte un peu les mains de voir ce qui arrive au Parlement européen. Car on a quand même l’impression que le Parlement européen est une chambre qui aime donner des leçons à la Terre entière. Il est temps qu’il s’impose un contrôle sur son propre fonctionnement. »

    Faible influence

    Ce qui est « étrange », c’est que certains Etats se soient focalisés sur le Parlement européen « qui ne dispose pas en matière de politique étrangère d’un rôle prépondérant ». L’effet des 1,5 million d’euros du Qatar et du Maroc, identifiés jusqu’à présent, a été « relativement faible ». Cela n’a pas empêché ces dernières semaines des votes sur le respect des droits de l’Homme au Maroc et au Qatar.

    « On peut donc se demander si, à d’autres niveaux de la décision européenne, il y a des mécanismes semblables. »

    RTS Info, 24/01/2022

    #Qatargate #Marocgate #Parlement_européen #corruption

  • Marocgate : des eurodéputés dénoncent la complicité de Borrell

    Marocgate : des eurodéputés dénoncent la complicité de Borrell

    Tags : Maroc, Qatargate, Josep Borrell, corruption,

    Par Houneida Acil – Des eurodéputés ont estimé, dans une lettre adressée à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, que l’action du Parlement vis-à-vis du «scandale du Morocgate» est insuffisante.

    «En décembre dernier, le Parlement européen a adopté une résolution sur le Qatar, dans laquelle il déclarait que tous les travaux liés au Qatar devaient être suspendus, avec interdiction d’accès au Parlement pour les représentants qataris, la création d’une commission d’enquête pour enquêter sur les cas de corruption par des pays tiers et d’une commission spéciale sur la transparence ainsi qu’un appel à l’interdiction au niveau de l’UE des dons de pays tiers aux députés et aux partis politiques», écrivent les signataires de cette lettre qui rappellent que ladite résolution «a été adoptée, à juste titre, à la quasi-unanimité».

    «Cependant, ce scandale ne se limite pas au Qatar», précisent-ils. «Il y a des signes que le Maroc aurait agi de la même manière, s’ingérant dans le processus démocratique du Parlement européen», ont noté ces eurodéputés, lesquels s’appuient sur les investigations de la police belge qui a découvert que «l’ambassadeur du Maroc en Pologne a versé des sommes importantes et fait des cadeaux éloquents à Antonio Panzeri et sa famille».

    Les investigations de la police ont montré, selon ces députés, que «le Maroc est impliqué dans un réseau organisé depuis des années pour influencer les décisions européennes avec des pots-de-vin».

    Miguel Urban Crespo, Ana Miranda, Rivasi Michèle, Pineda Manu, Alfonso François, signataire de la lettre, ne comprennent pas l’attitude laxiste de Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, qui s’est rendu au Maroc, juste après ce scandale. «Josep Borrell a assuré avoir discuté de la question avec son homologue marocain, Nasser Bourita. Cependant, malheureusement, la ligne dominante qui ressort de cette visite est que l’Union européenne considère le Maroc comme un ami fiable et un partenaire stratégique, malgré son implication présumée dans les scandales», dénoncent-ils.

    «A la lumière de cela, nous, en tant que membres du Parlement européen, vous demandons d’utiliser vos pouvoirs afin que le Parlement européen prenne les mêmes mesures avec le Maroc, comme il l’a fait pour le Qatar», exigent les signataires.

    #Qatargate #Maroc #Parlement_européen #Josep_Borrell #Corruption #Marocgate

  • Qatargate : Pas d’extradition pour la fille et l’épouse de Panzeri

    Tags : Parlement européen, Maroc, Antonio Panzeri, Maria Dolores Colleoni, Silvia Panzeri, corruption, Qatargate,

    Les détectives belges qui enquêtent sur la corruption présumée sont attendus ce matin au parquet de Milan

    Cela pourrait être le tournant de l’enquête sur le Qatargate, une concession faite à Antonio Panzeri en échange de sa collaboration. Le fait est que le parquet fédéral belge entend renoncer à la livraison de Silvia Panzeri et Maria Dolores Colleoni, respectivement fille et épouse de l’ancien député européen Antonio Panzeri, incarcéré à Bruxelles, qui ont signé un accord qui prévoit sa collaboration avec la justice belge , un an d’emprisonnement, une amende et la confiscation de tous les biens acquis jusqu’à présent pour environ un million d’euros.

    La renonciation à la livraison, telle que rapportée par l’avocat Angelo De Riso, qui avec son collègue Nicola Colli défend les deux femmes actuellement assignées à résidence en Italie, ressort d’un document qui a été signifié dans ces heures. Aujourd’hui, les deux défenseurs prendront contact avec les autorités compétentes, notamment avec la cour d’appel de Brescia qui a donné son feu vert à la remise des deux femmes, visées par un mandat d’arrêt européen émis le 9 décembre dernier pour complicité d’association de malfaiteurs. , la corruption et le blanchiment d’argent.

    « Il s’agit de comprendre – a expliqué l’avocat De Riso – si cet acte entraîne la libération de mes clients ». En ce moment, pour Maria Dolores Colleoni l’audience en cassation contre l’accouchement est fixée au 31 janvier, alors qu’un pourvoi vient d’être présenté pour la fille, toujours en cassation.

    La renonciation à la livraison par le procureur fédéral pourrait être liée à la collaboration de Panzeri et à l’accord avec la justice belge. En outre, lorsque la communication parviendra aux juges de Brescia, la mesure d’assignation à résidence pour les deux suspects sera révoquée.

    Détective belge au parquet de Milan

    Les détectives belges qui enquêtent sur le Qatargate, l’enquête sur le système présumé de corruption qui a impliqué des eurodéputés ou anciens eurodéputés et qui a conduit à la prison l’ancien eurodéputé Antonio Panzeri, l’ancien son collaborateur Francesco Giorgi, et l’ancien vice-président de l’UE Eva Kaili et qui, en Italie, a emmené la femme et la fille de Panzeri et la comptable de la famille, Monica Rossana Bellini, en résidence surveillée, destinataires d’un mandat d’arrêt européen.

    D’après ce que l’on sait, les enquêteurs bruxellois arriveront au quatrième étage du palais de justice milanais en milieu de matinée. En plus de certaines activités techniques, telles que les copies médico-légales d’appareils informatiques, tels que des ordinateurs et des téléphones, saisies par la Fiamme Gialle à partir du 9 décembre, avec les arrestations de Silvia Panzeri et Maria Doloresi Colleoni, et poursuivies avec l’arrestation la semaine dernière du comptable, rencontrera les magistrats, en premier lieu le procureur Marcello Viola, et le Gdf pour faire le point sur la situation et coordonner l’activité en vue de nouvelles ordonnances d’enquête européennes. La présence du juge d’instruction Michel Claise n’est pas exclue. Par ailleurs, à Milan, l’ouverture éventuelle d’un dossier anti-blanchiment indépendant est en cours d’évaluation.

    RAINEWS

    #Qatargate #Marocgate #Parlement_européen #Maroc #Corruption #Antonio_Panzeri

  • Qatargate : Le Parlement Européen humilié dans son cœur d’activité

    Tags : Qatargate, Marocgate, Parlement Européen, corruption, Maroc, Sahara Occidental,

    Le Qatargate devient progressivement le Maroccogate au fur et à mesure des révélations que l’enquête judiciaire belge suscite parmi des inculpés visiblement décidés à saisir les dispositions prévoyant une peine allégée en cas de collaboration avec le juge dans la manifestation de la vérité. L’opprobre est jeté qui affecte ce que les députés européens ont le plus à cœur : la défense des droits de l’Homme à travers le monde.

    Ce que l’enquête révèle après la découverte de centaines de milliers d’euros en petites coupures au domicile de plusieurs euro-parlementaires ou de leurs assistants, c’est que le Qatar n’est pas le déclencheur de la vaste entreprise de corruption désormais mise à jour au Parlement Européen. Au cœur de l’affaire, le Maroc joue un rôle qui, par son ancienneté et son importance, apparaît principal.

    En fait l’émirat du Qatar s’est branché sur ce réseau pour un besoin ponctuel, celui de restaurer son image gravement impactée par les statistiques révélant le sort des ouvriers affectés aux chantiers qui ont permis que se tienne la coupe du monde de football fin 2022. Ainsi les députés approchés ont pu se rendre au Qatar tous frais payés, puis revenir au Parlement pour y tenir, contre de plantureuses rémunérations, des propos sur commande devant la Commission des Droits de l’Homme où ils étaient très influents, puis en session plénière.

    Tout un chapelet « d’éléments de langage », l’enquête l’a révélé, a été soigneusement préparé dans la suite d’un palace bruxellois avec le parrain italien du réseau, Pier Antonio Panzeri, ancien député socialiste italien qui avait présidé la fameuse Commission des Droits de l’Homme lors des précédentes mandatures, remplacé depuis 2019 par une députée dont il est proche.

    Les faits sont hallucinants, tout comme les valises de billets en petites coupures retrouvées aux domiciles de ceux qui ont participé au blanchiment de la réputation du Qatar au moment où la grande opération de promotion du pays engagée lors de cette coupe du monde de football entrait dans sa phase finale et décisive. Force est de constater que sans l’irruption des juges et enquêteurs belges, l’opération aurait parfaitement réussi.

    Mais il ne s’agit pour le Qatar que d’une opération ponctuelle. Les révélations de l’enquête démontrent que ce système de corruption est beaucoup plus ancien, et qu’il a été mis principalement au service du Maroc depuis de longues années. Et là l’affaire devient encore plus grave car elle dépasse largement celle d’un soutien à un blanchiment d’image d’un émirat en quête de reconnaissance mondiale. En effet, chaque année, des sommes considérables sont attribuées par l’Union Européenne au Maroc au détriment du droit international, à travers les accords de pêche, et ce réseau d’influence a été déterminant dans ce dossier.

    Car, chaque année, l’Europe négocie des droits de pêche au profit des plus gros armateurs européens, espagnols et français le plus souvent, qui envoient des chalutiers prélever les ressources halieutiques des eaux territoriales marocaines, ou, plus exactement, revendiquées par le Maroc. Car ces accords incluent indûment la part de ces eaux territoriales qui reviennent au Sahara Occidental actuellement colonisé par le Maroc en dépit des résolutions de l’ONU. Cette attribution (55 millions d’euros tous les ans) est manifestement illégale, ce que la Cour de Justice de l’Union Européenne a encore confirmé récemment sur plainte du Front Polisario, le mouvement de libération sahraoui qui combat l’occupation marocaine. Elle est pourtant votée, et renouvelée chaque année, sous pression d’un lobbying marocain dont on sait désormais qu’il arrose structurellement, depuis des années, un réseau de députés, et aussi d’assistants parlementaires, sans compter la suspicion envers les fonctionnaires européens qui exécutent chaque année, sans sourciller, une dépense aussi importante en sachant pertinemment qu’elle est entachée d’irrégularité.

    Pour le Parlement Européen ces révélations sont un coup terrible. La force de cette institution, qui attribue chaque année le prix Sakharov, tient pour beaucoup à la place qu’il occupe dans le monde pour la défense des opprimés. Dès qu’un opposant veut se dresser quelque part dans le monde contre la tyrannie de son pays, il se tourne vers le Parlement Européen, et il reçoit en retour une tribune ouverte sur l’Europe et l’engagement de députés qui apportent leur solidarité. Ainsi des « groupes d’amitiés » informels sont constitués pour soutenir des combattants de la liberté au Kurdistan, en Amérique latine, en Arménie, en Birmanie, en Chine, etc…. J’anime deux d’entre eux, pour le Kurdistan et pour les arméniens du Nagorno-Karabakh.

    Cette action désintéressée est profitable à l’Europe dont l’image de démocratie de référence est ainsi largement confortée, sans compter que l’opposant d’aujourd’hui peut devenir le dirigeant de demain, et payer en retour le continent européen du soutien qu’il a reçu.

    Mais, aux antipodes de ces démarches désintéressées, des « groupes d’amitié » ont aussi vu le jour avec la Russie, l’Azerbaïdjan et d’autres dictatures. Ceux qui y participent profitent de déplacements tous frais payés qui alimentent sur place une propagande sur un pseudo-soutien européen à ces dictatures, et ils agissent ensuite au Parlement comme l’ont fait Panzeri et ses acolytes. Tous n’ont pas commis des faits aussi graves, mais le projet est sur la table d’interdire tous les groupes d’amitiés, quels qu’ils soient, mesure dont les principales victimes seraient encore et toujours les opprimés à travers le monde.

    Avec ce scandale, le Parlement Européen est déstabilisé dans le cœur même de son rayonnement politique, étant donné la place qu’il occupe dans le monde comme espace démocratique de référence et dans la lutte contre la corruption. Les effets de ce désastre seront malheureusement durables et profonds.

    François ALFONSI, 25/01/2022

    #Qatargate #Marocgate #Maroc #corruption #Parlement _européen

  • Qatargate : Une réunion secrète dans la suite 412

    Tags : Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

    DER SPIEGEL a obtenu des centaines de documents issus de l’enquête sur le scandale de corruption qui éclabousse le Parlement européen. Ils offrent un aperçu approfondi du trafic d’influence généralisé d’une poignée d’eurodéputés et montrent qu’il pourrait y avoir beaucoup plus à venir.
    Lorsque Eva Kaili a appris, le matin du 9 décembre 2022, que son compagnon avait été arrêté et sa voiture saisie, elle a dit qu’elle n’a pas immédiatement réalisé que sa vie telle qu’elle la connaissait prenait fin. « Je pensais qu’il avait eu un accident de voiture », a déclaré plus tard la Grecque lors d’un interrogatoire.

    Mais ensuite, selon une transcription de ses interrogatoires, la femme de 44 ans a lu les premiers rapports sur les raids et les arrestations à Bruxelles. Ils portaient sur la corruption au Parlement européen, dont Kaili était vice-présidente. Et elle tombe sur un nom : Pier Antonio Panzeri, ancien député européen et ex-patron de son compagnon, Francesco Giorgi. Si elle ne l’avait pas encore compris, c’est à ce moment-là qu’elle a dû se rendre compte que l’affaire avait probablement à voir avec les montagnes d’argent liquide que Giorgi, collaborateur d’un membre italien du Parlement européen, avait à nouveau entreposées dans l’appartement qu’ils partageaient.

    Kaili a essayé frénétiquement de joindre Panzeri et d’autres membres de son réseau. Puis elle a appelé son père, qui se trouvait à Bruxelles pour une visite et se promenait avec la fille de Kaili, âgée de 22 mois. Kaili s’est emparée d’une valise pleine d’argent liquide et a caché l’argent sous des biberons et des couches. « Prends ça et pars ! » a-t-elle dit à son père.

    Mais il n’est pas allé bien loin. Les enquêteurs ont saisi le père de Kaili ainsi que la valise pleine d’argent au Sofitel de la place Jourdan, un hôtel de luxe très prisé des hommes politiques de premier plan. Kaili a elle aussi été arrêtée et démise de sa vice-présidence du Parlement européen quatre jours plus tard. Elle est actuellement en détention provisoire, tout comme Panzeri et Giorgi. Il y a d’autres suspects, et la police a fouillé plus d’une douzaine d’appartements et de bureaux. Les enquêteurs se concentrent actuellement sur les allégations d’appartenance à une organisation criminelle, de blanchiment d’argent et de corruption.

    C’est ainsi qu’a commencé le plus grand scandale de l’histoire du Parlement européen, point culminant préliminaire de l’opération « Mezzo », une enquête en cours depuis plusieurs mois et qui impliquerait les services secrets de cinq pays européens. Plus de 1300 documents internes, que DER SPIEGEL a consultés, permettent de reconstituer en détail l’enquête. Les documents suggèrent fortement que des hauts fonctionnaires du Qatar et du Maroc sont impliqués dans le scandale – et que les informations rendues publiques jusqu’à présent ne sont que la partie émergée de l’iceberg.

    La profondeur de cet iceberg pourrait bientôt devenir plus claire. Mardi, le ministère public belge a annoncé que M. Panzeri était devenu un témoin public, ce qui signifie qu’il est apparemment prêt à témoigner – sur la façon dont son organisation fonctionnait, sur les transactions avec les pays concernés, sur les structures financières – en échange d’une peine plus légère. Selon les fonctionnaires belges, Panzeri est également prêt à citer les noms d’autres personnes impliquées, y compris celles qu’il prétend avoir soudoyées. Bruxelles pourrait connaître des jours passionnants.

    D’après les résultats de l’enquête menée jusqu’à présent, le groupe de Panzeri faisait preuve d’un amateurisme choquant : Ils ont apparemment reçu des paiements en espèces, qu’ils ont ensuite cachés dans des appartements privés ; ils ont tenu une réunion conspiratoire dans un hôtel équipé de caméras de surveillance ; et ils ont passé des centaines d’appels téléphoniques en utilisant des connexions non cryptées.

    Néanmoins, le groupe a apparemment pu opérer sans être détecté pendant plusieurs années, collectant des pots-de-vin non seulement au Qatar et au Maroc, mais aussi en Mauritanie et peut-être même en Arabie saoudite.

    Nombreux sont ceux qui ont du mal à croire que le réseau de Panzeri est le seul de ce type à Bruxelles. « Il y a un certain nombre de pays qui ont systématiquement acheté de l’influence sur une longue période », déclare l’eurodéputée du Parti des Verts Viola von Cramon. En plus du Qatar et du Maroc, dit-elle, le groupe comprend le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan et la Russie. « Il faut mener une enquête exhaustive », dit-elle. « Il n’y a rien de moins en jeu que la crédibilité de la démocratie européenne ».

    1. Les débuts : Du Maroc au Qatar

    Le Qatar est au centre du scandale depuis le premier jour, ce qui est principalement dû au fait que les Qataris ont apparemment été pris sur le fait. Mais c’est au Maroc que les autorités ont d’abord jeté leur dévolu.

    L’enquête a apparemment été lancée à la suite d’une dénonciation : Les services secrets d’un pays allié ont averti les Belges qu’une organisation criminelle de Bruxelles tentait de faire valoir les intérêts marocains avec l’aide de parlementaires européens.

    En avril 2022, le service de sécurité de l’État belge (VSSE) était convaincu que l’affaire représentait une « menace sérieuse pour la sécurité intérieure du pays et pour la continuité de l’ordre démocratique et constitutionnel ». Dans de tels cas, les agents de sécurité sont autorisés à déployer des « mesures exceptionnelles », y compris les « mesures prévues à l’article 18/12 » – la surveillance secrète des suspects à leur domicile.

    Des agents des services secrets ont perquisitionné le domicile d’Antonio Panzeri, avenue Eugène Plasky, dans le quartier de Schaerbeek à Bruxelles. Ils ont trouvé une valise sous le lit contenant des liasses de billets – un total de 380 050 euros en billets de 50 euros. Dans le coffre-fort, ils ont découvert 320 000 euros supplémentaires en coupures de 50, 100 et 200 euros.

    Avant de partir, les enquêteurs ont pris soin de tout remettre exactement comme avant leur arrivée, et Panzeri n’a rien appris de la perquisition. Dans un premier temps, aucune charge n’a été retenue. Les enquêteurs ont averti le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw, dans une lettre datée du 26 avril 2022, qu’ »une enquête criminelle pourrait potentiellement nuire aux enquêtes en cours des services de renseignement. »

    Panzeri a continué comme avant – désormais sous la surveillance étroite de la VSSE. Les enquêteurs ont recueilli encore plus de preuves indiquant que son réseau travaillait apparemment en secret pour influencer les institutions de l’UE, en particulier le Parlement européen, au profit du Maroc.

    Andrea Cozzolino, parlementaire européen

    Dès le début de l’enquête, le service de renseignement extérieur marocain DGED est apparu sur le radar. En effet, le chef de la DGED, Yassine Mansouri, aurait lui-même été directement impliqué dans la tentative d’influencer les parlementaires européens. Selon les preuves recueillies par les enquêteurs, Mansouri a rencontré l’eurodéputé Andrea Cozzolino , qui ferait également partie du réseau de Panzeri, et peut-être Panzeri lui-même.

    L’implication potentielle de la DGED est un détail politiquement sensible. Si elle était avérée, elle signifierait que les tentacules du scandale s’étendent jusqu’aux plus hauts niveaux de l’État marocain.

    Mansouri était l’un des enfants triés sur le volet choisis pour fréquenter le Collège Royal en compagnie de l’actuel roi du Maroc Mohammed VI. Le Collège Royal est une école du palais royal qui n’ouvre une nouvelle classe que lorsque l’enfant d’un roi atteint l’âge scolaire. Plus tard, le prince et Mansouri ont étudié le droit. Lorsque Mohammed est monté sur le trône, il a nommé Mansouri à la tête du service de renseignement extérieur du pays.

    Dans une sorte d’organigramme de la filière marocaine que l’on retrouve dans les dossiers des enquêteurs belges, Mansouri est tout en haut. Juste en dessous de lui se trouve Abderrahim Atmoun, l’ambassadeur du Maroc en Pologne, qui a d’excellentes relations à Bruxelles et à Paris. Les enquêteurs pensent qu’il a piloté les activités du groupe Panzeri sur le terrain. En 2014, il a publié sur Facebook une photo le montrant en compagnie de son « cher ami » Panzeri.

    L’amitié était apparemment profitable. Lorsqu’il se rendait à Paris via Bruxelles, Atmoun apportait fréquemment de l’argent, a déclaré Giorgi lors de l’interrogatoire du 10 décembre, selon le procès-verbal de l’interrogatoire. « De plus petites sommes, mais tout de même quelques dizaines de milliers d’euros ». Les personnes impliquées semblent avoir été pleinement conscientes que leurs actions étaient illégales, ce qui explique leur utilisation de mots codés. « Quand vous ramassiez de l’argent, vous parliez de ramasser des costumes ou des cravates », a déclaré Giorgi aux enquêteurs. Le gouvernement marocain et Atmoun ont refusé de répondre aux nombreuses demandes de commentaires.

    Le fait que le gouvernement de Rabat soit apparemment prêt à déployer des manœuvres sournoises pour défendre ses intérêts à Bruxelles n’est pas sans raison. Les deux tiers du commerce extérieur du Maroc se font avec l’Union européenne, comme l’a récemment souligné Josep Borrell, Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, lors d’un voyage dans la capitale marocaine. Il a également noté que plus de la moitié de tous les investissements étrangers au Maroc proviennent de l’UE, ce qui est, a-t-il dit, « difficile à dépasser. » En outre, a indiqué M. Borrell, le Maroc est le plus grand bénéficiaire des fonds de coopération de l’UE dans la région – avec un total attendu de 1,6 milliard d’euros de 2021 à 2027. La Commission européenne est chargée de décider de l’utilisation de cet argent.

    Le Maroc est également désireux d’obtenir le soutien politique de l’UE dans le conflit en cours sur le Sahara occidental. Rabat a occupé de larges pans de la région pendant des décennies et continue de résister aux demandes d’indépendance du peuple sahraoui. De son côté, l’UE compte sur le gouvernement marocain pour empêcher les migrants africains d’atteindre l’Europe.

    II. Les imitateurs : Le Qatar et la Mauritanie
    Par rapport au Maroc, les intérêts poursuivis par le Qatar semblent beaucoup plus banals. Selon les enquêteurs, le pays souhaitait avant tout redorer son image, ternie par des informations faisant état des conditions souvent proches de l’esclavage dans lesquelles se trouvaient de nombreux travailleurs migrants au cours des années précédant la Coupe du monde de football, organisée par le pays en novembre et décembre. Là aussi, le vaste réseau de connexions de Panzeri s’est avéré avantageux.

    « Tout a commencé en 2018 », a déclaré son protégé Giorgi aux enquêteurs. Selon le récit de Giorgi, Panzeri a rencontré Ali bin Samikh Al Marri, qui était à l’époque à la tête du comité national des droits de l’homme du Qatar. Marri est ensuite devenu ministre du travail en octobre 2021, ce qui le rend directement responsable des conditions de travail sur les sites de construction liés à la Coupe du monde.

    Heureusement pour Marri, sa relation avec Panzeri signifiait qu’il avait un accès direct à un réseau établi pour exercer une influence sur le Parlement européen. En d’autres termes, le Qatar a pu bénéficier des structures que le Maroc a mis plusieurs années à mettre en place.

    En 2019, Panzeri et le Qatar sont parvenus à un accord – à l’automne, affirme-t-il, quelques mois après la fin de son mandat au Parlement européen. Giorgi, qui faisait alors partie du personnel de l’eurodéputé Cozzolino, affirme avoir personnellement lancé un « projet de lobbying » pour le Qatar. Un fichier Excel enregistré dans le cloud Google de Giorgi décrit une « approche en trois volets » : « Stopper les attaques des autres pays, souligner les aspects positifs, attaquer les autres pays ». Giorgi a déclaré qu’un accord a également été conclu concernant le paiement, bien qu’il ait dit aux enquêteurs qu’il ne se souvient plus des montants impliqués.

    Giorgi a déclaré que le ministre du travail Marri jouait « à peu près le même rôle » que le Marocain Atmoun. Cela signifierait que le ministre du travail était directement responsable de l’orientation du groupe Panzeri et des paiements. La question de savoir si cela est vrai reste ouverte. Marri n’a pas répondu à plusieurs tentatives pour le contacter.

    Les personnes impliquées étaient apparemment conscientes, dès le début, que leurs activités allaient bien au-delà du travail normal de lobbying. Cela semble évident au vu des méthodes de paiement clandestines utilisées. Giorgi a déclaré à ses interrogateurs que le système impliquait qu’il contacte une personne en Turquie qui avait apparemment un passé palestinien. La personne de contact lui fournissait ensuite un numéro de téléphone belge à composer pour accéder à l’argent. « La personne de contact était différente à chaque fois », a déclaré Giorgi, ajoutant qu’il supprimait ensuite tous les numéros de téléphone après chaque transaction « afin de ne laisser aucune trace. » Le processus se répétait au maximum deux ou trois fois par an, a-t-il précisé. « C’était stressant », s’est plaint Giorgi pendant son interrogatoire.

    Puis, a-t-il dit aux enquêteurs, une idée a émergé de faire appel à une organisation non gouvernementale pour traiter l’argent. Cette suggestion a apparemment donné naissance à une ONG appelée Fight Impunity, qui prétend lutter pour que les violations des droits de l’homme ne restent pas impunies. Le site Internet de l’organisation mentionne toujours Panzeri comme président.

    Presque en aparté, Giorgi a admis lors de son interrogatoire que l’équipe de Panzeri avait également travaillé pour le compte de la Mauritanie et peut-être même pour l’Arabie saoudite. Une semaine seulement avant son arrestation, il a affirmé que lui et Panzeri avaient rencontré l’ambassadeur saoudien à la mission mauritanienne auprès de l’Union européenne. Le diplomate « voulait des informations sur ce qui se disait sur son pays au Parlement européen », a déclaré Giorgi aux enquêteurs. La représentation diplomatique de l’Arabie saoudite n’a pas répondu à une demande de commentaire.

    La Mauritanie elle-même a également « un problème d’image », a déclaré M. Giorgi, et c’est un problème que le pays voulait apparemment éliminer. « Ils ont engagé M. Panzeri pour obtenir des conseils sur ce qui pouvait être fait ». Le résultat, a-t-il dit, a été une coopération similaire à celle avec le Maroc et le Qatar – « mais n’impliquant pas les mêmes sommes d’argent. »

    Il a déclaré aux enquêteurs qu’il avait feint la location d’un appartement à l’ambassadeur de Mauritanie, recevant 1 500 euros de loyer et 300 euros de frais annexes – une « compensation » qui est arrivée mois après mois, à partir de janvier 2021 au plus tard, selon les données du compte. Le montant pour la période couverte par ces chiffres s’élevait à près de 40 000 euros. Panzeri, selon Giorgi, a reçu 25 000 euros supplémentaires en espèces. L’avocat de Panzeri, Laurent Kennes, n’a pas répondu aux questions concernant cette allégation et d’autres.

    III. Une réunion de comité scénarisée
    Les services fournis par Panzeri et ses alliés peuvent être reconstitués à l’aide d’une réunion de la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen le 14 novembre 2022. Le Marri qatari a été invité à la réunion en tant qu’invité, mais les préparatifs avaient commencé plusieurs semaines auparavant.

    Le 3 octobre, les enquêteurs ont écouté une conversation téléphonique entre Panzeri et Giorgi dans laquelle ils planifiaient une réunion avec « nos gars » – une référence aux représentants du Qatar – dans l’hôtel de luxe bruxellois Steigenberger Wiltcher’s.

    Le 9 octobre à 14 h 48, trois berlines noires se sont présentées à l’hôtel cinq étoiles, une Mercedes S 380 de la représentation diplomatique qatarie et deux Mercedes S 350 de location. Les images des caméras de surveillance montrent que Marri était l’un des trois premiers hommes à sortir des voitures. Cinq autres ont suivi avec des bagages et ont disparu dans la suite 412.

    Le lendemain, à 17 h 50, Panzeri et Giorgi sont arrivés. Giorgi poussait un landau dans le hall moderne contenant sa fille et celle de Kaili. Huit minutes plus tard, un homme que Giorgi semble connaître les rejoint, suivi par un autre homme alors qu’ils attendent l’ascenseur. Ensemble, ils sont montés dans la suite 412. Comme les témoignages ultérieurs l’établiront, Panzeri, Giorgi et Marri ont profité de la réunion pour se préparer à la réunion du comité qui approchait.

    La réunion dans la suite 412 s’est terminée à 19 h 21. Le sac de Panzeri semblait plus gros qu’avant la réunion, comme les enquêteurs l’ont noté dans leurs dossiers.

    Trois jours avant la réunion du comité, le 14 novembre, Panzeri et Giorgi se sont de nouveau rencontrés, cette fois dans l’appartement de Panzeri. Et cette fois, les enquêteurs écoutaient. Panzeri a lu à haute voix le discours qu’il avait préparé pour le ministre qatari du travail Marri, Giorgi le traduisant de l’italien à l’anglais. Ce discours portait sur les progrès réalisés par le Qatar en matière de réforme du droit du travail et sur l’hypocrisie présumée des Européens qui critiquent le Qatar.

    Panzeri avait également préparé des réponses aux questions que les députés européens pourraient poser. Que peut dire le ministre sur le traitement des membres de la communauté LGBTQ ? Qu’en est-il de l’empreinte écologique des stades ?

    Le 14 novembre, la réunion de la commission a été très suivie. Il ne restait que six jours avant le début de la Coupe du monde et beaucoup voulaient entendre ce que le ministre qatari du travail avait à dire. La séance, dirigée par la présidente de la commission, Maria Arena, a été diffusée en direct sur Internet. Citoyenne belge aux racines italiennes, Arena est une proche confidente de Panzeri. Selon les dossiers d’enquête, tous deux se sont entretenus au téléphone 389 fois entre la mi-décembre 2021 et la mi-septembre 2022. Et Arena n’était pas la seule personne du comité sur laquelle Marri pouvait compter. Panzeri s’en était assuré.

    Dans son discours d’introduction, Marri s’est félicité et a félicité son pays pour ses réformes sans précédent et a accusé les opposants du Qatar de faire deux poids deux mesures. Tout comme Panzeri l’avait écrit.

    Panzeri, cependant, ne voulait rien laisser au hasard. À 16 h 55, il a appelé Giorgi, qui était assis au dernier rang. Selon les procès-verbaux de surveillance, Panzeri a demandé si la « nana » était arrivée, un mot qui peut également être traduit par « poussin ».

    Il s’agissait de la députée européenne italienne Alessandra Moretti.

    Elle est arrivée, chuchote Giorgi dans son téléphone, et demande s’il doit aussi demander à Marc Tarabella de parler. Les enquêteurs pensent que le parlementaire belge est également membre du réseau de Panzeri.

    Oui, a répondu Panzeri, Tarabella devrait s’exprimer : « Je n’ai pas remarqué un tel intérêt lorsque la Coupe du monde s’est déroulée en Russie il y a quatre ans » – et qu’il espère qu’un intérêt similaire sera manifesté pour les droits de l’homme avant la prochaine Coupe du monde aux États-Unis et au Mexique.

    Mais d’abord, Moretti a pris la parole. Elle a déclaré que des militants des droits de l’homme étaient également emprisonnés en Égypte. Et que des accidents de travail mortels, par centaines, se produisent également en Italie.

    À 17 h 03, Arena a demandé à Tarabella de poser la dernière question de la session. Et il a répondu. Avant la Coupe du monde de 2018 et les Jeux olympiques d’hiver en Russie et à Pékin, a-t-il dit, il n’y a pas eu de critiques du type de celles qui sont actuellement adressées au Qatar. Certains, a-t-il poursuivi, semblent peindre une image du Qatar tel qu’il était il y a dix ans. Mais le pays a fait avancer les réformes, a-t-il poursuivi, et cela doit être respecté.

    Il est « possible » que Panzeri ait suggéré à son ami Tarabella de « dire quelque chose de précis », admettra plus tard Maxim Töller, l’avocat de Tabella. Mais son client, insiste Töller, ne savait pas que Panzeri « avait monnayé leur amitié. »

    Puis, l’interrogatoire de Marri est terminé. La commission a abordé un autre sujet avant qu’Arena ne mette fin à la séance à 18 h 41. Elle a appelé Panzeri 40 minutes plus tard – et a reçu les éloges qu’elle méritait. Marri, lui a dit Panzeri, était satisfaite.

    IV. Contrôle des dégâts

    La présidente du Parlement, Roberta Metsola, espère maintenant prendre des mesures immédiates pour empêcher de telles activités à l’avenir, ou du moins pour les rendre plus difficiles. Cette semaine, la politicienne conservatrice de Malte a présenté un plan en 14 points. Il comprend des mesures telles que l’interdiction pour les législateurs européens de poursuivre des activités de lobbying après avoir quitté le Parlement, tant qu’ils bénéficient d’une allocation transitoire. Le site Internet du Parlement fournira également à l’avenir des informations transparentes sur les cadeaux reçus par les députés européens, ainsi que sur leurs voyages et réunions.

    Les « groupes d’amitié » controversés entretenus par certains parlementaires seront interdits afin de garantir que les pays non membres de l’UE ne puissent utiliser que les canaux officiels pour approcher le Parlement.

    Les législateurs européens ont toujours été tenus d’enregistrer les cadeaux qu’ils ont reçus auprès du président. Mme Metsola a elle-même publié 142 de ces cadeaux la semaine dernière. Elle en a reçu 125 entre le début du mois de février et la fin du mois de novembre 2022, enfreignant ainsi 125 fois les règles parlementaires. Ces règles stipulent que les législateurs doivent enregistrer la réception d’un cadeau avant la fin du mois suivant.

    Dans le cas de Metsola, en tout cas, les cadeaux étaient plutôt petits, comme des écharpes, des vases et des livres. D’autres députés européens, en revanche, ont semblé se souvenir soudainement de voyages entiers qu’ils avaient effectués lorsque le scandale de corruption a été dévoilé.

    Le démocrate-chrétien roumain Cristian-Silviu Bușoi, par exemple, a pris un vol en classe affaires en février 2020 pour se rendre à une conférence au Qatar et a passé quatre nuits dans l’hôtel exclusif Ritz Carlton – l’addition étant payée par quelqu’un d’autre. Il n’a déclaré ce voyage que le 19 décembre 2022. Interrogé à ce sujet, il a déclaré qu’il n’avait pas soumis les formulaires requis en temps voulu parce qu’un membre du personnel avait supposé à tort que la participation de Bușoi à la conférence n’était pas couverte par la règle.

    Le Qatar a également payé un voyage effectué par Marc Tarabella en février 2022 – qu’il a omis de déclarer. Maria Arena n’a pas non plus déclaré un voyage en mai 2022 payé par le Qatar, ce qui l’a conduite à renoncer la semaine dernière à son poste de présidente de la sous-commission des droits de l’homme. Dans une déclaration, elle a rejeté la faute sur le personnel de son bureau. Elle a déclaré à DER SPIEGEL qu’elle n’avait jamais reçu d’argent ou d’autres gratifications de la part de représentants du Qatar ou du Maroc.

    Les violations du code de conduite peuvent être sanctionnées de différentes manières, y compris par la confiscation de l’ »indemnité journalière », mais cela n’arrive que rarement. Et ces violations ne constituent pas une preuve valable de corruption.

    Jusqu’à présent, toutes les allégations de corruption ont été dirigées contre les sociaux-démocrates. La détention provisoire de Kaili a été une nouvelle fois prolongée jeudi. Panzeri est également toujours en détention, et les procureurs belges ont déclaré qu’il serait probablement condamné à une peine de prison et à une amende. En outre, le million d’euros qu’il a gagné grâce à ses activités illégales sera confisqué.

    Le groupe Socialistes & Démocrates au Parlement européen a mis Tarabella et Cozzolino devant un choix cette semaine : Soit ils quittent le groupe de leur propre chef, soit ils seront mis à la porte. Cozzolino est parti, Tarabella a été mis à la porte. À la demande des autorités belges, le Parlement européen doit se prononcer à la mi-février sur la suspension de leur immunité, avec une majorité considérée comme certaine.

    Der Spiegel, 20/01/2023

    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks #Mohamed_Belahrach #Moroccogate #DGED #Yassine_Mansouri