Étiquette : corruption

  • Algérie: Boutef, une page se tourne…

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    par Maâmar Farah

    Il y a du bon, du moins bon et du franchement mauvais dans l’œuvre de Bouteflika qui vient de nous quitter. En fait, un bilan si fragilement humain mais on n’oubliera pas le fringuant ministre des AE de l’époque dorée des jeunes loups tiers-mondistes.

    On n’oubliera pas le président de l’Assemblée générale de l’ONU participant activement à la réhabilitation de la Chine populaire et à l’exclusion du régime d’apartheid sud-africain et offrant, contre le protocole onusien, le siège présidentiel à Yasser Arafat.

    Puis, ce fut une traversée du désert qui le marquera à jamais et le rapprochera des princes du Golfe, avant un règne présidentiel de vingt années qui usera et abusera des changements constitutionnels devant lui assurer une présidence à vie.

    Entre-temps, une oligarchie opportuniste et prédatrice s’était installée autour du frère de Bouteflika qui profita de la maladie de son frère pour usurper les fonctions présidentielles.

    Puis, ce fut le 22 février…

    La grande erreur du défunt fut de ne pas avoir pris sa retraite après deux mandats, pour un départ courageux et digne.

    M. F.

    Le Soir d’Algérie, 20/09/2021

  • Algérie: L’Etat est déterminé à récupérer l’argent pillé

    Algérie: L’Etat est déterminé à récupérer l’argent pillé

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    Le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a réaffirmé jeudi la volonté de l’Etat et sa détermination à récupérer l’argent pillé et détourné vers l’étranger et ce, à travers l’activation d’une série de mécanismes juridiques dans le cadre des conventions internationales.

    Répondant aux questions des député lors du débat du Plan d’Action du Gouvernement (PAG), le Premier ministre a fait état de « l’adoption d’une approche globale concernant ce dossier (argent pillé) à travers la mise en place de mécanismes de coordination de haut niveau, outre le lancement d’une série de procédures avec les pays vers lesquels les fonds pillés ont été détournés ».

    Il a expliqué que cette approche passera par « l’activation des outils juridiques disponibles dans le cadre des accords internationaux bilatéraux et multilatéraux, notamment la Convention des Nations Unies contre la corruption ».

    En outre, ajoute le Premier ministre, « des mécanismes et des initiatives de coopération ont été activés dans le cadre d’organisations internationales spécialisées afin de suivre la traçabilité de ces biens, les localiser et échanger des informations à leur sujet ».

    Concernant le mécanisme de règlement à l’amiable pour la récupération des fonds pillés détournés vers l’étranger, M. Benabderrahmane a indiqué que ce mécanisme « s’est avéré efficace dans de nombreux pays et considéré comme une pratique idéale et efficiente dans la lutte contre la corruption.

    Cependant, il ne concerne pas les personnes physiques mises en cause, ni les sanctions prononcées à leur encontre, mais concerne plutôt les personnes morales, à savoir les sociétés étrangères impliquées dans des opérations de corruption, qui ont également bénéficié de ces fonds détournés dans le cadre de transactions et de projets, objet de pratiques de corruption.

    Il par ailleurs réitéré « la volonté de l’Etat de lutter sans relâche contre la corruption et les corrupteurs et de récupérer l’argent du peuple pillé, et ce par la mobilisation de toutes les institutions de l’Etat, y compris son poids diplomatique, dans le strict respect de la loi et de l’indépendance de la justice ».

    « L’Etat ne cédera sur aucun dinar volé ou détourné, ni aucune parcelle de terrain pillé ou détourné de sa vocation. C’est là une ‘Amana’ que nous veillerons tous à préserver ».

    Horizons, 16/09/2021

  • Algérie: Qui va combattre les voleurs et les corrompus ?

    Algérie: Qui va combattre les voleurs et les corrompus ?

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    par Maâmar Farah

    Cette dernière Halte estivale de la saison reproduit une chronique datant de 2008. Elle a été écrite après les scandales Khelifa et Chakib Khelil mais avant l’époque dorée de la corruption qui touchera tous les secteurs quand, suite à la paralysie de Bouteflika, le pouvoir présidentiel sera monopolisé par une caste illégale et prédatrice. Ce cri du cœur n’aura servi à rien…

    Ce pays a un grave problème à régler avec la morale. Nous ne pouvons pas parler de développement durable, de mutations socioéconomiques patentes, de démocratie et de liberté tant que nous traînerons, comme de lourds boulets rattachés à notre conscience collective, ces graves affaires de corruption qui défrayent la chronique et découragent tout effort honnête.

    La corruption est devenue un acte normalisé et un secteur d’activité florissant, structuré et institutionnalisé. Le marketing a ses règles que la morale ne connaît pas. Les fameux 10% et les transferts vers des comptes bloqués en Suisse sont des affaires ordinaires. Que cet argent se retrouve au Panama ou à Tataouine-les-Bains n’est pas le problème ! Il serait peut-être temps que les nouveaux services secrets s’occupent de ces millionnaires en euros qui n’ont ni gagné au loto français, ni hérité une parente en Ecosse. On sait ce qu’il est advenu de certaines enquêtes menées par le DRS ancienne version. Le nouveau devrait nous montrer de quoi il est capable dans ce domaine, à moins qu’il n’ait plus aucun rôle à jouer dans la répression du crime économique ; ce qui serait une catastrophe !

    L’ancienne-nouvelle mode chez les corrompus et les voleurs est d’acheter des biens immobiliers dans les quartiers huppés des capitales européennes. Il serait temps de leur demander de s’expliquer sur l’origine de telles fortunes, car ces messieurs ont piqué tellement de dinars que cela «ne remplit plus leurs yeux», comme on dit en langage populaire. Passe encore sur les études de leur progéniture, payées sur les caisses de l’État et les soins à l’étranger, dans les cliniques réputées, pour de petits bobos qui peuvent être traités ici, par des médecins algériens qui n’ont rien à envier à leurs homologues étrangers. À ce propos, je reste toujours perplexe devant l’hypocrisie de beaucoup de nos hauts fonctionnaires qui expriment en public leur satisfaction à propos des «acquis du secteur de la santé algérien», mais qui préfèrent se confier à des toubibs étrangers ! Drôle de logique d’une partie de la direction du pays et même de l’opposition qui trahit la confiance placée en elle par le peuple.

    Cette digression m’amène à parler aussi de la dilapidation de l’argent public qui est utilisé pour se pavaner dans le luxe, car cette caste, souvent issue de milieux jadis écrasés par la misère et le dénuement, veut rattraper le temps perdu et se venger sur le sort ! Arrivistes à souhait, ces gens-là font tout pour effacer de leur mémoire les privations du passé. Un simple calcul sur la base de leur fiche de paie indique clairement qu’ils ne pourront jamais amasser le dixième de ces sommes faramineuses au cours de toute une vie de labeur. Enfin, labeur, voilà un terme inapproprié pour ces blagueurs en costume cravate qui nous racontent des histoires pour nous endormir.

    Boumediène vivait dans un trois-pièces et n’avait pas plus de 600 dinars en banque à sa mort. Son ultime voyage à Moscou, imposé par ses médecins, aura été de courte durée et il est revenu pour être traité à l’hôpital Mustapha-Pacha où il est mort d’ailleurs. Et même si des sommités mondiales sont venues à Alger pour étudier son cas, même si des équipements ont été commandés en dernière minute pour traiter sa maladie, l’homme a su donner à son ultime bataille, celle qu’il a menée courageusement contre la maladie, l’image d’un Algérien soigné en Algérie dans un établissement hospitalier populaire qui est aussi le symbole de ce que la santé publique algérienne avait de meilleur ! Sa mort à l’étranger aurait donné au peuple le sentiment qu’il y a une médecine à deux niveaux, l’une pour la caste au pouvoir et les riches et l’autre pour monsieur Tout-le-monde.

    Quelle confiance accorder à des gens qui n’ont pas… confiance dans les hôpitaux de leur pays ? Quel crédit donner à leur discours sur l’amélioration des conditions de vie, de l’école et de la sécurité quand ils préfèrent les produits occidentaux de luxe pour se nourrir et s’habiller, envoient leurs gosses étudier à l’étranger et prennent une armée de barbouzes pour se protéger dans leurs déplacements ?

    Elle est belle l’Algérie. Hier, à l’heure du socialisme, ils nous menaient en bateau en faisant de belles phrases sur l’engagement révolutionnaire, la justice sociale et l’égalité des chances. Dès qu’ils achevaient leurs discours, ils montaient dans des limousines et s’en allaient vers leur vie de nababs. Nous étions les dindons de la farce. Nous les avons tellement crus que nous avons été nombreux à faire don de nos terres à la Révolution agraire. Mais, nous ne regrettons rien ! Nous avons mené avec courage, énergie et dévouement la grande bataille pour le socialisme et quand ils sont venus nous dire que ce système n’arrange plus les affaires de l’Algérie, nous les avons encore crus. En fait, ils avaient tellement amassé d’argent qu’il leur fallait l’investir dans des créneaux porteurs ici même. Ils décident le matin et investissent le soir. Prête-noms, filles et fils gâtés ramenés d’Amérique ou d’Europe : vite, vite, il faut faire le max d’affaires avant qu’un semblant de transparence ne vienne tout gâcher ! Le peuple n’a rien vu venir de cette «reconversion». Les apparatchiks, si ! Débrouillards invétérés, ils se retrouvent toujours aux meilleures loges ! Dans le socialisme ou le capitalisme ! Et même dans le trabendisme, système qu’ils ont créé sur mesure pour leurs vastes ambitions mercantiles. Ou encore dans leur dernière trouvaille : l’islamisme… Et puis, il y eut l’affaire Khalifa, la goutte qui a fait déborder le vase, l’énorme scandale qui a éclaboussé presque tout le monde. Depuis le procès sans relief qui a permis de régler leurs comptes aux sous-fifres, en épargnant les éternels «intouchables», nous savons que la justice ne pourra rien contre ces monstres tant qu’elle sera maintenue dans la dépendance du pouvoir politique et le jeu des clans.

    Car la clé de voûte de ce système de la corruption est le secteur de la justice. Quand on met fin aux fonctions du procureur courageux qui a poursuivi Chakib Khelil, on se demande si le mot justice a encore un sens dans ce pays ! Si l’on veut réellement combattre la corruption dans la justice, on peut le faire facilement ! Une manière efficace de lutter contre cette corruption est de rapprocher les justiciables de la justice en les poussant à dénoncer toutes les carences et les déviations (…)

    La corruption peut demain prospérer et atteindre des niveaux insoupçonnables si l’on n’y met pas un terme aujourd’hui. Les affaires qui secouent le monde politique sont si nombreuses qu’il n’est plus possible de les occulter ou d’en réduire l’impact. C’est une réalité connue de tous et les organisations mondiales non gouvernementales qui ont classé notre pays dans des positions peu honorables le savent mieux que d’autres. Allons-nous encourager les voleurs et les corrompus ou, au contraire, nous réveiller brutalement d’un long cauchemar pour que vérité et justice soient confortées dans un pays où l’une et l’autre ont subi les pires outrages ?

    Au moment où les masses populaires peinent sous le fardeau d’une vie devenue impossible, au moment où le pouvoir d’achat croule sous le coup des augmentations successives du coût de la vie, sans que les salaires y apportent les correctifs nécessaires, au moment où tout un pays se fige dans une position d’abandon total, les quelques actions de replâtrage social, bien en deçà des besoins réels des populations, ne semblent pas en mesure de redonner cet espoir dont nous avons tant besoin ! Au contraire, la corruption et les injustices qu’elle provoque finissent par décourager les plus braves. Les cadres qui bâtissent, par le travail et la probité, l’avenir du pays, tous les intègres, les profs des lycées et des universités qui connaissent des fins de mois difficiles, les magistrats propres et tous les directeurs qui ont su échapper au complot du dinar, tous ceux-là sont au bord de la ruine morale.

    Le mal continuera-t-il de malmener le bien dans ce pays qui attend, depuis des lustres, de retrouver le chemin de la Justice ? La vraie, pas celle qui se cache dans les Palais…
    M. F.

    Chronique publiée sous ce titre le 13 mars 2008.

    Le Soir d’Algérie, 16/09/2021

  • Afghanistan : Des millions de dollars et des lingots d’or retrouvés chez d’anciens hauts responsables

    Afghanistan : Des millions de dollars et des lingots d’or retrouvés chez d’anciens hauts responsables

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    Quelque 12,3 millions de dollars en liquide et des lingots d’or ont été retrouvés chez d’ex-dignitaires afghans, a annoncé, ce mercredi, la Banque centrale, un mois après la prise de pouvoir des talibans qui dénoncent la corruption de l’ancien régime et louent leur propre transparence.

    « L’argent retrouvé venait de hauts dirigeants du précédent gouvernement, Amrullah Saleh (l’ex-vice-président, NDLR), et de certaines agences sécuritaires qui gardaient du liquide et de l’or dans leurs bureaux », d’après le communiqué de la Banque centrale afghane. Le gouvernement afghan a transféré le tout « dans les caisses nationales » au nom de la « transparence », peut-on encore lire.

    La Banque centrale précise ne pas savoir « à ce stade dans quel but » cet argent liquide et ces lingots d’or avaient été conservés. Sous le gouvernement de l’ancien président Ashraf Ghani, la corruption était généralisée et endémique. Des dizaines de millions de dollars d’aide auraient ainsi été détournés des fonds publics.

    L’ancien chef de l’Etat est lui-même accusé d’avoir emporté des millions de dollars lors de sa fuite à Abu Dhabi, ce qu’il a démenti à plusieurs reprises depuis.

    L’annonce des 12 millions de dollars retrouvés survient alors que le pays, contrôlé depuis un mois par le mouvement taliban, fait face à une pénurie d’argent liquide.

    Pour éviter un effondrement du système bancaire, les Afghans ne sont autorisés à retirer que l’équivalent de 200 dollars par semaine et par personne.

    La Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont suspendu leurs aides et les Etats-Unis ont gelé les réserves de la Banque centrale afghane détenues à Washington.

  • Algérie: L’Etat veut sévir contre la corruption, blanchiment d’argent, crime organisé et cybercriminalité

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    Au courant de cette année, il sera procédé à la mise en place du conseil national de la justice. Aïmene Benderrahmane a, devant les élus de l’Assemblée, mis l’action sur la poursuite inconditionnelle de la lutte anti-corruption par le renforcement des mécanismes de contrôle entre autres la cour des comptes. Une lutte implacable sera accordée à la lutte contre le blanchiment d’argent, le crime organisé et la cybercriminalité.

    Le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a indiqué lundi à Alger que le Plan d’action du Gouvernement sera concrétisé par l’adoption de “feuilles de route” sectorielles élaborées par chaque département ministériel, ajoutant qu’un “mécanisme de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre” sera mis en place.

    Les parlementaires que nous avons rencontrés en marge de cette plénière, avaient affiché un désintérêt particulier à cette intervention du premier ministre, surtout concernant notre question sur les mécanismes à mettre en place concernant le contrôle et la réhabilitation du rôle de la Cour des comptes.

    Cette attitude, somme toute surprenante et choquante à la fois, nous a quelque peu surpris devant cet état de fait, que ces nouveaux députés nés de la dernière législative du 20 juin dernier, avaient affiché de l’indifférence à ce que venait de dire, Aïmene Benabderrahmane, devant les Présents de cette Assemblée, par se contenter de nous répondre, comme pour essuyer leurs échecs et leurs erreurs, que 05 projets de lois relatifs au secteur de la justice seront présentés, incessamment, devant cette Assemblée.

    Les nouveaux élus ont, par contre, excellé dans leur sujet favori que sont les relations bilatérales algéro-marocaines et leur rupture, qu’ils ne cessaient de fredonner à qui osent les interviewer ou les aborder dans l’hémicycle. Signalons que les transfuges ont commencé bel et bien leurs scénarii et déjà plusieurs militants du FLN ont rejoint le parti El Moustakbal, pendant que d’ex députés du RND, sont revenus pour la circonstance en tant qu’indépendants et comptent désormais jouer leur carte de l’opposition et se préparent à l’offensive.

    Tel qu’annoncé dans nos précédentes éditions, le premier ministre s’est présenté, hier, accompagné de son staff gouvernemental, devant les élus de la nouvelle institution, une des dernières législatives anticipées du mois de juin dernier qui a vu le triomphe du plus vieux parti, le FLN, et l’entrée en force des indépendants.

    Aymen Bénabderrahman a été bref et catégorique, hier, lors de la présentation de sa feuille de route par axer, essentiellement, cette intervention sur les grands chantiers sur lesquels s’articulera, désormais, sa politique.

    D’emblée, il situera les priorités dans son plan d’action par la prise en charge du volet social et la dimension humaine. Ensuite, l’intervenant a surtout axé sa prestation, devant les présents, sur la conjoncture et la crise multidimensionnelle qui a bouleversé le pays et qui est la résultante de la crise sanitaire désastreuse pour notre économie, en particulier et pour le pays en général dans ses multiples dimensions.

    Dans le cadre de la poursuite de la lutte anticorruption, l’intervenant a mis en avant la reconsidération des mécanismes de contrôle par reconsidérer le rôle de la cour des comptes.

    Le premier ministre s’étalera dans un temps record sur la situation économico-sociale du pays par insister sur des secteurs clefs, telle la santé, surtout en cette crise sanitaire.

    Côté Economie, il a plaidé en faveur de l’indépendance des hydrocarbures, de la fiscalité et surtout de la fiscalité locale pour permettre à la collectivité locale le financement des projets. Il a notamment axé sa prestation sur le renforcement de la gestion de la collectivité locale, de l’investissement, de l’énergie, de la politique minière, entre autres.

    Le premier ministre a aussi évoqué le rôle des pouvoirs publics dans la moralisation de la vie publique. Les interventions se poursuivent aujourd’hui sur ce plan d’Action avant la réponse, jeudi prochain, du premier ministre sur leurs interrogations.

    Le Carrefour d’Algérie, 15/09/2021

  • Pourquoi l’Amérique continue de bâtir des États clients corrompus

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    L’échec de l’Afghanistan montre qu’il n’a pas tiré les leçons du Vietnam

    Une fois, l’Amérique a annoncé qu’elle ne sauverait pas son état client, les choses se sont rapidement dénouées. Au fur et à mesure que l’ennemi s’emparait de province en province, les soldats gouvernementaux se débarrassaient de leurs uniformes et s’enfuyaient. Sur le papier, l’armée comptait des centaines de milliers de combattants bien équipés. En réalité, ses quelques commandants fidèles devaient acheter des munitions à des officiers d’approvisionnement véreux et payer en espèces pour le soutien de l’artillerie. Les forces spéciales se sont bien battues, mais les troupes régulières étaient souvent commandées par des proches des politiciens incompétents. Les soldats n’ont pas été payés alors que les fonctionnaires pillaient les budgets militaires. Les citoyens sont restés fidèles à leurs familles et clans, pas à un gouvernement corrompu qui était autant susceptible de les secouer que de les aider. L’État était un village Potemkine construit pour plaire à ses sponsors américains. Quand ils sont partis, il est tombé.

    C’est donc allé au Sud-Vietnam en 1975, et à nouveau la semaine dernière en Afghanistan. Les similitudes entre les deux effondrements sont frappantes. Ils vont au-delà des échecs du renseignement, des discours mensongères et des alliés abandonnés. En fin de compte, les deux États sont tombés parce qu’ils avaient été vidés par la corruption, une ancienne maladie de gouvernance à laquelle les projets d’édification de la nation de l’Amérique sont sujets. (Pensez aussi à l’Irak, au Kosovo, à la Bosnie et à Haïti.) Les politologues considéraient autrefois la corruption comme un problème mineur, mais beaucoup la considèrent maintenant comme cruciale pour comprendre non seulement pourquoi les mandataires américains échouent, mais aussi comment les États fonctionnent en général.

    La corruption est généralement définie comme l’abus d’une fonction publique à des fins privées. Sa forme la plus simple est la corruption, qui est omniprésente en Afghanistan. « De votre acte de naissance à votre acte de décès et tout ce qui se trouve entre les deux, vous devez d’une manière ou d’une autre soudoyer », explique Ahmad Shah Katawazai, un ancien diplomate afghan. (Il a été expulsé du service après avoir rédigé un article d’opinion dénonçant la corruption du gouvernement.) Les agents des douanes, la police et les employés demandent régulièrement du bakchich (un « pourboire »). Alors que les talibans avançaient ces dernières semaines, le paiement nécessaire pour obtenir un passeport s’élevait à des milliers de dollars.

    Mais la petite corruption est le type de corruption le moins menaçant. Plus troublant encore, obtenir l’approbation du gouvernement pour de gros investissements nécessite de donner aux ministres ou aux chefs de guerre une part de l’action. Pire encore, un emploi au gouvernement avec accès à des pots-de-vin est en soi un bien précieux. Comme Sarah Chayes, experte en corruption, l’a découvert alors qu’elle dirigeait une ONG en Afghanistan de 2002 à 2009, les responsables locaux achètent souvent leurs postes. Ils doivent ensuite extorquer des pots-de-vin pour rembourser leur investissement, tout en envoyant une partie de la prise à leurs supérieurs. M. Katawazai dit qu’il peut coûter 100 000 $ pour devenir chef de la police de district.

    Une telle corruption crée des réseaux de clientélisme qui menacent l’intégrité de l’État. L’objectif principal des fonctionnaires n’est pas de remplir la mission de leur agence, mais d’extorquer des revenus à distribuer à leurs familles et copains. Même avant l’invasion américaine, l’Afghanistan était en partie dirigé par des réseaux de clientélisme dirigés par des chefs de guerre régionaux.

    Pourtant, au lieu de démanteler ces réseaux, l’Amérique les a renforcés en payant des chefs de guerre pour maintenir la paix, selon les rapports de l’inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR), une autorité de surveillance américaine. Les Afghans sont rapidement devenus furieux contre la corruption du gouvernement et plus accueillants envers les talibans. Une étude réalisée en 2015 par Transparency International a cité l’épiphanie d’un décideur politique : « Les gars en bas envoient de l’argent au sommet du système et les gars au sommet envoient une protection vers le bas, c’est ainsi qu’une mafia fonctionne.

    Ce n’est qu’en 2009 que l’Amérique a prêté une attention sérieuse à la corruption. Mme Chayes est devenue conseillère de Stanley McChrystal, un général réformiste qui a ensuite dirigé l’ISAF, la coalition des forces dirigées par l’OTAN dans le pays. Une unité d’enquête de la FIAS connue sous le nom de Shafafiyat (« transparence » en pachto) a été mise en place sous la direction de H.R. McMaster, qui a ensuite été conseiller à la sécurité nationale des États-Unis. Il a fait des progrès dans la lutte contre la fraude en matière de passation des marchés. (Les propres autorités anti-corruption du gouvernement afghan ont principalement poursuivi les ennemis politiques.)

    Mais sous les commandants suivants, le Shafafiyat a été réduit. Au moment de l’offensive finale des talibans, l’État était devenu si corrompu que la plupart de ses gouverneurs ont conclu des accords avec les djihadistes pour changer de camp. L’armée afghane était en mauvaise posture pour se battre : ses effectifs étaient gonflés par des « soldats fantômes », des absents inscrits sur la liste de paie afin que les commandants puissent voler leurs salaires.

    Les Américains d’un certain âge se souviennent peut-être du terme « soldats fantômes » du Vietnam, où les commandants corrompus utilisaient exactement le même système. Peut-être qu’un quart des noms figurant sur les listes de l’armée sud-vietnamienne (ARVN) dans le delta du Mékong en 1975 étaient fictifs. Certains officiers de l’ARVN étaient de brillants hommes d’affaires : un colonel sud-vietnamien avait l’habitude de commander des barrages d’artillerie sans but afin de colporter les douilles d’obus usagées comme ferraille. Comme en Afghanistan, la police et les forces militaires ont également profité du commerce de l’héroïne.

    En effet, les conclusions d’un rapport de 1978 sur la chute du Sud-Vietnam par RAND, un groupe de réflexion sur la sécurité, préfigurent celles du dernier rapport SIGAR sur l’Afghanistan, publié le 31 juillet. Les Sud-Vietnamiens pensaient que la corruption était « un mal fondamental qui était en grande partie responsable de l’effondrement final », a révélé le rapport RAND. Le problème avait déjà été diagnostiqué au Vietnam par des officiers avant-gardistes au début des années 1960. Alors pourquoi l’Amérique a-t-elle refusé de le traiter comme un problème grave lorsqu’elle a envahi l’Afghanistan des décennies plus tard ?

    Une réponse est que cela nécessiterait un changement de perspective. Au cours des deux dernières décennies, de nombreux chercheurs en sont venus à considérer la corruption comme une forme de gouvernance en soi. Cela ressemble aux États pré-modernes que Francis Fukuyama, un politologue, appelle les gouvernements « personnalistes », où le pouvoir est basé sur des liens familiaux ou amicaux plutôt que sur des institutions impersonnelles. Ces États sont principalement soucieux d’apaiser les commandants armés en leur donnant une part du butin économique.

    Cette description s’applique tout aussi bien aux mafias, aux systèmes féodaux tels que ceux de l’Europe médiévale et aux régimes de seigneurs de guerre du Sud-Vietnam et d’Afghanistan. Des États comme ceux-ci peuvent être raisonnablement stables. Mais ils n’ont pas la loyauté et la cohésion nécessaires pour vaincre une insurrection idéologique disciplinée comme les communistes vietnamiens ou les talibans.

    Un autre problème est que les interventions américaines ont été menées par les forces armées, qui privilégient les reportages optimistes et la pensée à court terme. Les officiers militaires « se concentrent énormément sur l’action active pendant la durée de leur rotation de neuf mois, ce qui n’est pas bien adapté pour résoudre la corruption », déclare Mark Pyman de CurbingCorruption, un organisme de surveillance. M. Pyman, qui a dirigé l’étude de Transparency International, a déclaré que les officiers au début de l’occupation se vantaient d’avoir pacifié leurs districts en payant les seigneurs de la guerre. Les agences d’aide, quant à elles, ont une habitude douteuse de juger le succès en fonction de la somme d’argent qu’elles collectent et si elles ont tout dépensé.

    Cela conduit à un problème connexe : dépenser trop d’argent dans les pays pauvres provoque la corruption. Au Sud-Vietnam comme en Afghanistan, un afflux massif de dollars américains a provoqué une flambée de l’inflation, anéantissant les salaires du secteur public. (L’Afghanistan, avec un PIB d’environ 20 milliards de dollars en 2020, a reçu 145 milliards de dollars d’aide américaine entre 2001 et 2021. L’inflation était en moyenne de 17,5% en 2003-08.) Aucun des deux gouvernements n’avait la capacité de collecter suffisamment d’impôts pour les salaires des soldats et civils. serviteurs pour suivre le rythme. Même des fonctionnaires honnêtes ont été obligés d’exiger des pots-de-vin pour subvenir à leurs besoins.

    Par conséquent, une recommandation des experts anti-corruption est que dans des pays comme l’Afghanistan, l’aide doit être frugale et se concentrer sur les réalisations plutôt que sur le montant des subventions. C’est plus facile à dire qu’à faire. L’Amérique est à la fois parmi les nations les plus riches et les plus idéalistes du monde, et à un moment donné, elle décidera probablement de sauver un autre pays souffrant. S’il n’apprend pas que l’argent ne peut pas construire un vrai gouvernement, il peut finir par en créer un autre faux.

    The Economist, 22/08/2021

  • Algérie : Le procès de Houda Feraoun reporté au 20 septembre

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    Le procès de Houda Feraoun a été reporté au 20 septembre 2021. L’ancienne ministre des Télécommunications est la première femme à comparaître pour corruption en qualité d’ex-ministre devant le tribunal de Sidi-M’hamed.

    Elle figure également parmi les anciennes personnalités dont l’arrestation, le 8 décembre 2020, a fait beaucoup de bruit. Sa mise sous mandat de dépôt lui a été signifiée de nuit par un juge d’instruction qui venait de l’écouter sur les dossiers Huawei et ZTE.

    Houda Feraoun sera jugée pour infraction à la législation, octroi d’avantages non justifiés à autrui lors de passassion de marchés, dilapidation de deniers publics et mauvaise utilisation de la fonction. Elle est poursuivie avec six autres personnes, d’anciens hauts cadres des télécommunications et les deux sociétés chinoises, ZTE Algérie Eurl et Huawei Télécom Algérie. De lourdes charges pèsent également sur ces entreprises. Elles seront jugées pour obtention d’avantages délivrés par une autorité, exercices d’influence sur des fonctionnaires publics en vue d’obtenir des avantages dont la révision des délais de finition de projets et participation à la dilapidation des deniers publics.

    En 2016, Huawei et ZTE ont bénéficié d’importants marchés par lesquels l’Algérie visait à obtenir l’amélioration du débit internet et de la couverture du net à travers le pays. L’ambitieux projet vise à connecter 85% des foyers algériens. 250 000 utilisateurs doivent être raccordés à la fibre optique internet à haut débit et la mise en exploitation de près de deux millions de lignes FTTH-FTTX à travers cinq wilayas Alger, Oran, Constantine, Tizi-Ouzou, Ouargla et prolonger le raccord avec 66 zones industrielles. Ce projet n’a cependant été réalisé qu’à 19% (199 000 lignes) avec le partenaire Huawei et 11% (110.238 lignes) avec la société chinoise ZTE. Un budget de 73 millions de dollars avait été alloué uniquement pour l’installation d’un million de lignes.

    Les résultats de l’enquête menée autour du dossier concluent à l’existence de nombreux dépassements et évoquent l’existence de « preuves et documents irréfutables » mettant en cause l’ancienne ministre des Télécommunications. L’affaire commence en 2016. Houda Feraoun, alors âgée de 36 ans, figure parmi les ministres les plus en vue, elle symbolise la réussite, clame ses aspirations, celles de moderniser le domaine des TIC. Très vite, elle se distingue du reste des membres du gouvernement et obtient une place privilégiée auprès des hommes forts du moment qui lui accordent leur confiance. Son intelligence et sa force de caractère sont deux critères qui lui valent l’ascension, dit-on autour d’elle. Le 8 décembre 2020, elle comparaît cependant défaite devant le juge d’instruction.

    Houda Feraoun se trouve au tribunal de Sidi-M’hamed où elle sera placée sous mandat de dépôt au terme d’un long interrogatoire durant lequel elle nie en bloc tous les faits qui lui sont reprochés. Elle affirme notamment ne s’être jamais réunie avec les représentants de Huawei et de ZTE au siège du ministère.

    Les témoignages recueillis durant les investigations menées attestent toutefois le contraire. Kebbal Tayeb, ex-DG d’Algérie Télécom, déclare aux enquêteurs avoir été présent avec un certain nombre d’autres personnes durant cette rencontre. Parmi les présents, dit-il, se trouvait la ministre elle-même, l’ex-DG de Mobilis, ainsi qu’une délégation de Huawei. La réunion porte sur les projets de modernisation et d’extension de la couverture du net à travers le pays. Kebbal Tayeb affirme également avoir reçu instruction (de Houda Feraoun) d’entamer des négociations avec Huawei pour la réalisation du million de lignes FTTH-FTTX. Lors de ses déclarations, il affirme avoir reçu un appel téléphonique de la ministre (trois jours plus tard) qui désirait savoir si les négociations avaient été entamées. La réponse négative de l’ancien DG d’Algérie Télécom la fâche. Une confrontation entre Kebbal Tayeb et Houda Feraoun est organisée chez le juge d’instruction, l’ancienne ministre revient à ce moment sur ses propos et déclare cette fois qu’elle ne se souvient pas de cet événement et atteste qu’elle n’avait pas pour habitude de recevoir des représentants de ce genre de sociétés étrangères ni privées du reste.

    D’autres témoignages viennent cependant la contredire. Ils sont contenus dans une correspondance du SG du ministère des P et T et dans les propos de l’ancien DG de Mobilis qui confirme toutes les déclarations de l’ancien DG par intérim d’Algérie Télécom. Les enquêteurs se penchent également sur le registre des visiteurs et découvrent les noms des personnes qui composaient la délégation Huawei en visite au ministère à la date où s’est tenue la fameuse réunion. Dans leurs conclusions, les enquêteurs font également état de grosses irrégularités constatées dans la passation de ces marchés puisqu’ils ont été passés sans appel d’offres national ou international, sans établissement de cahier des charges, en recourant à la pratique du gré à gré, absence d’études préalables avant l’octroi des marchés, et sans l’évaluation ni proposition concurrente.

    Les enveloppes budgétaires dépensées sont pourtant très lourdes et avoisinent les 36 milliards de DA. Les contrats passés entre Algérie Télécom et ZTE ont été établis sur la base d’instructions données par Houda Feraoun, notent encore les enquêteurs, leur financement s’élève à 73704897.88 dollars 24,483 863 360 07 DA. Le coût du contrat passé entre Algérie Télécom et ZTE n’est pas des moindres non plus, il s’élève à 30 776 587 240 DA. Il y a plus grave encore puisque l’enquête a fait ressortir le fait qu’après deux années, les factures présentées par Huawei représentaient uniquement 21,05% de la somme débloquée. Les conclusions auxquelles sont parvenus les enquêteurs de l’Office de répression de la corruption ont aussi leur importance. On apprend ainsi que les marchés ont été octroyés en contradiction avec les instructions du Premier ministère (Sellal était en poste à cette époque) qui avait adressé des correspondances sommant le ministère des Télécommunications au respect de toutes les règles établies en matière de passation de contrat.

    De nombreux autres détails seront révélés durant le procès qui pourrait toutefois être reporté à une autre date. Traditionnellement, lors de la première comparution, les demandes de report des avocats sont systématiquement acceptées par le président du tribunal, afin d’accorder au collectif de défense un délai supplémentaire pour l’étude des documents.

    Avec Le Soir d’Algérie, 30/08/2021

  • Algérie: Sur les traces de 90 millions de dollars

    Algérie: Sur les traces de 90 millions de dollars

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    Représentations juridiques de l’Algérie auprès de l’Espagne et de la Turquie, sur les traves de 90 millions de dollars

    – Le Ministère Public du Conseil Judiciaire d’Oran a initié des procédures de représentation judiciaire dans 3 affaires, pour demander aux tribunaux espagnols et turcs d’obtenir l’assistance judiciaire concernant des informations officielles et précises sur des sociétés étrangères exportant des équipements qui sont entrés en Algérie sous le nom de sociétés fictives, plus précisément par le port d’Oran (ouest de l’Algérie), comme couverture pour la contrebande de devises vers l’étranger, plus précisément dans les pays où ces institutions étrangères sont situées.

    – Une source informée a confié à « Echorouk » que les mesures de représentation judiciaire ont été officiellement notifiées aux tribunaux des deux pays mentionnés, dans l’intention de bénéficier de preuves suffisantes dans les affaires de corruption sur lesquelles l’Office central pour la répression de la corruption et le Conseil judiciaire d’Oran ont travaillé depuis septembre 2018 jusqu’à présent.

    La source a souligné que les affaires dont sont saisies les instances du Conseil judiciaire, notamment le Pôle pénal spécialisé, ont toutes été transférées par la Cellule de traitement de l’information financière à travers son antenne d’Oran, il y a deux ans, concernant trois dossiers liés à des soupçons de blanchiment d’argent, après que des soupçons aient été divulgués à des banques publiques et privées, à la Direction des douanes, et à la Banque d’Algérie. Il s’agit de trois dossiers relatifs à des règlements suspects avec des banques publiques et étrangères opérant en Algérie, et il a été confirmé que des cas ont été transmis à la justice, et que des demandes officielles ont été déposées auprès de tribunaux étrangers pour obtenir des informations précises sur les règlements, dont la plupart concernent des importations d’équipements qui ont eu lieu par l’intermédiaire d’agences bancaires.

    – Les données pertinentes en possession d’ »Echorouk » confirment que la plupart des personnes soupçonnées d’être impliquées dans des affaires de corruption sont installées hors du pays, et très probablement sur les terres espagnoles et turques, où au moins 14 personnes, dont des importateurs algériens et étrangers, sont poursuivies en justice dans le même dossier. Il s’agit d’anciens fournisseurs et agents de transit, avant qu’ils ne soient dépouillés de la même qualité, ainsi que d’agents et d’employés d’institutions publiques, et il a été constaté que les délégations judiciaires envoyées par les autorités judiciaires dans les deux pays mentionnés s’inscrivent dans le cadre d’une vaste opération de l’État visant à récupérer l’argent et les biens de la contrebande sous le nom de « commerce extérieur ».

    – La source a également souligné que les dossiers sur lesquels la justice enquête sont considérés comme « doute certain », et qu’ils viennent en continuité d’une liste de pas moins de 10 dossiers précédents, remis en 2017 à la justice d’Oran concernant la contrebande de fonds à l’étranger, et qui ont été traités par les tribunaux correctionnels du Pôle, et leur ont infligé des peines presque lourdes dont 5 ans de prison ferme à l’encontre de plus de 85 prévenus, dont des importateurs de « Taïwan », des douaniers, des agents de transit, des responsables de banques publiques et privées, certains cadres de l’agence « Andi », des trafiquants de drogue de la catégorie des « barons », et des hommes de sécurité à la retraite qui étaient impliqués dans la contrebande d’argent.

    – Les chiffres obtenus par Echorouk confirment que les rapports confidentiels complétés par la Direction régionale des douanes d’Oran, joints aux rapports de la Direction générale des impôts et de la Banque d’Algérie, révèlent que l’argent passé en contrebande à l’étranger et vers les banques étrangères durant la période entre 2016/2019 dépasse environ 90 millions de dollars.

    L’obtention de cette somme d’argent qui a pris le chemin de l’étranger de manière tordue, est due à des protocoles d’accord et à l’échange d’informations par les autorités algériennes avec des pays étrangers tels que l’Espagne, la Turquie, Dubaï et certains pays du Moyen-Orient et d’Asie.

    – Des sources proches de l’enquête sur les affaires en possession de la justice d’Oran ont indiqué que la plupart des charges qui pèsent sur des dizaines d’accusés, dont la plupart sont des propriétaires de faux établissements d’importation, des agents de transit et des cadres dans diverses institutions publiques, se limitent à la non-déclaration de soupçon de transfert de fonds à l’étranger, à l’instar des banques publiques.

    – Les informations dont nous disposons montrent que les mesures de représentation judiciaire dans ces affaires, dont les bureaux d’enquête du Conseil judiciaire d’Oran continuent d’approfondir les recherches, nous permettront d’obtenir des données suffisantes sur les entreprises espagnoles, turques et même émiraties qui exportent des équipements de qualité inférieure et gonflés avec des factures très imaginaires qui ne reflètent pas la réalité des opérations commerciales.

    – Plusieurs institutions bancaires à l’étranger ayant des soldes suspects de clients recherchés par la justice algérienne ont été mentionnées dans des rapports officiels faisant l’objet d’une enquête, notamment le pôle pénal spécialisé d’Oran, dont « Seville Asturias » et « La Caisca Bank » à Barcelone, qui pratique une activité financière indirecte, selon des documents divulgués à la justice algérienne, en plus du groupe espagnol « Santander », qui comprend un réseau d’institutions financières marocaines et algériennes et divers pays d’Afrique du Nord, et la banque française « Crédit Agricole », ainsi que des banques en Turquie, qui ont reçu auparavant près de 5 démarches judiciaires de la part de la justice algérienne pour lui fournir des informations sur les entreprises étrangères qui ont une présence en Algérie, en coopération avec des concessionnaires algériens recherchés au niveau du pouvoir judiciaire.

    Echourouk online, 22/08/2021

  • Analyse: La politique marocaine de cooptation des élites (II)

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    Répression et « mépris de l’État

    La stratégie de rotation des élites et de partage des rentes mise en place par le roi a eu des conséquences importantes sur la configuration sécuritaire du pays. Étant donné la réticence de la plupart des élites politiques locales à défier le roi et à obtenir des concessions politiques bénéficiant à la majorité, le palais peut se permettre d’ignorer les griefs sociétaux pressants, similaires à ceux qui ont conduit aux révolutions tunisienne et égyptienne au début de 2011, malgré des signes inquiétants de mécontentement populaire.

    En raison de l’augmentation des niveaux de corruption, de la flambée des inégalités économiques (désormais les plus élevées d’Afrique du Nord) et du mépris administratif et politique croissant envers les victimes des politiques néolibérales du pays, parmi lesquelles les jeunes bien éduqués, le Maroc connaît des épisodes de protestation politique de plus en plus agressifs (jusqu’à 50 par jour en 2014 selon un observateur). En outre, le retrait de l’État dans ce qu’un journaliste appelle le « Maroc utile » – où la plupart des ressources de l’État ont été redéployées sous la forme de partenariats public-privé au profit du roi et de ses alliés – explique pourquoi certaines des protestations les plus persistantes du pays se sont produites dans des zones rurales ou semi-rurales largement négligées, comme la région du Rif (2017 et 2018), la ville minière de Jerada (2018), et de petites villes périphériques comme Sidi-Ifni, Zagora, Tinghir ou Larache.

    La déconnexion entre les « gagnants » et les « perdants » de ce redéploiement économique et administratif et l’incapacité de ce dernier à générer des coûts réels pour les autorités permettent au monarque et à ses associés de continuer à écarter les demandes sociétales pressantes. Le régime peut ainsi se permettre de punir les journalistes critiques (dont la plupart sont aujourd’hui en exil), d’imposer davantage de restrictions à la liberté d’association, d’emprisonner les militants des droits de l’homme, de licencier les fonctionnaires jugés déloyaux envers la monarchie, de détourner le processus électoral en nommant des copains à la tête de partis politiques clients et de s’engager dans des poursuites politiques contre les fonctionnaires qui dénoncent des cas de corruption impliquant des associés du roi (entretiens avec K. Ryadi, Rabat, 19 mai 2017 et F. Abdelmoumni, Rabat, 22 mai 2017). Le roi, dont la fortune personnelle s’élèverait à plus de 2,5 milliards USD, peut même se permettre d’augmenter son budget personnel à 46 millions EUR (Elayoubi 2013), bien que le Maroc ait un produit intérieur brut (PIB) par habitant d’à peine 2 892 USD en 2016 (selon la Banque mondiale).

    Implications politiques pour l’Europe

    Les sections ci-dessus montrent que la privatisation des institutions, des terres et de la culture appartenant à l’État – qui a été camouflée en « modernisation » ou en « réforme économique » – constitue le mécanisme central facilitant la consolidation du pacte politico-économique entre la monarchie et l’élite aux dépens de larges pans de la population au Maroc. Cependant, ce mécanisme, qui a permis à la monarchie de traverser les premiers mois turbulents des soulèvements arabes de 2011, contient un certain nombre de contradictions qui pourraient non seulement affecter l’avenir du pays, mais aussi avoir des conséquences importantes pour l’Europe voisine.

    Bien que le tournant néolibéral se soit produit plus tard au Maroc par rapport à d’autres pays arabes, la transformation a été beaucoup plus étendue et coûteuse au niveau social (Catusse 2009). Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a classé le Maroc au 123e rang (sur 188) en 2015, derrière l’Irak (121), la Palestine (114), l’Égypte (111) et la Tunisie (97).

    Au cours de la dernière décennie, le Maroc a également été régionalement moins performant dans les domaines du taux d’alphabétisation des femmes, du développement rural et de la santé. Selon un ancien militant pro-démocratie, « Tout est difficile dans la capitale, mais les choses sont catastrophiques en dehors de Rabat » (entretien avec Y. Rguig, Rabat, 22 mai 2017). La dette extérieure est passée à 81 % du PIB du pays en 2014, contre une moyenne de 50,4 % pendant les cinq années (2007-2012) précédant les soulèvements arabes. Cela équivaut à ce que chaque Marocain paie environ 500 USD par an pour le service de la dette nationale (Aziki 2015), qui sert en partie à financer les mécanismes de distribution de la rente (ibid). Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les deux premiers pays touchés par les soulèvements arabes de 2011 – à savoir la Tunisie et l’Égypte – aient également été les plus diligents dans la mise en œuvre des politiques néolibérales dans les années 1990 et la première décennie du XXIe siècle. Dans le cas du Maroc, l’alliance entre les élites locales et la monarchie signifie qu’une révolution sociale reste peu probable. Cependant, l’augmentation des inégalités et une culture établie de mépris envers les « perdants » des politiques de libéralisation et de privatisation introduites au cours des deux dernières décennies signifient que les personnes mécontentes du régime auront de plus en plus recours à un ou plusieurs des trois mécanismes d’adaptation suivants : l’économie informelle, le populisme ou la contestation horizontale violente.

    L’économie informelle représente plus de 14 % du PIB du Maroc (CFCIM 2014) et permet à des millions de Marocains de se tailler un espace de production économique partiellement libéré de la prédation étatique. Cependant, de larges segments de la population sont de plus en plus impliqués dans des activités illégales, allant du travail sexuel au trafic de drogue en passant par le blanchiment d’argent. Le Maroc était traditionnellement un exportateur de cannabis, mais il est en train de devenir rapidement une importante plaque tournante pour le transit de cocaïne, d’héroïne et de drogues synthétiques en provenance d’Amérique latine et destinées au marché européen. Depuis 2013, par exemple, les saisies de drogues ont augmenté dans toutes les catégories (Médias24 2017), avec plus de 2,8 tonnes de cocaïne saisies en un an dans la seule ville de Casablanca. Les trafiquants de drogue utilisent les routes d’exportation établies provenant de régions longtemps négligées par l’État, comme le nord du Rif et la zone frontalière orientale de l’Oriental, pour diversifier leurs activités de contrebande, qu’il s’agisse de nouvelles drogues ou d’armes ou de migrants illégaux (Sidiguitebe 2014).

    L’insatisfaction populaire croissante à l’égard des institutions représentatives du pays, combinée au mépris susmentionné envers les perdants de la réforme économique, accroît la polarisation entre les nantis et les démunis et conduit à un environnement politique qui menace les investissements étrangers. Un exemple concret est une campagne de boycott commercial lancée en ligne en mai 2018 par un certain nombre d’activistes numériques qui ont pointé du doigt trois entreprises accusées de fixer des prix hors de portée de la majorité de la population. Au lieu de considérer la campagne de boycott comme un signal d’alarme de la part de citoyens mécontents de l’inégalité économique croissante dans le pays, les représentants des entreprises privées visées par le boycott et les membres du gouvernement ont plutôt choisi de snober les boycotteurs, un représentant de Centrale Danone, l’une des entreprises visées par les boycotteurs, traitant ces derniers de « traîtres » et un ministre du gouvernement les qualifiant dédaigneusement de « pantins ». La distance entre le régime et une grande partie de la population se reflète également dans le ton irrationnel de certaines théories du complot locales, selon lesquelles la stratégie relativement accueillante des autorités vis-à-vis des migrants subsahariens serait un « stratagème destiné à recruter des non-Marocains pour mieux réprimer la mobilisation populaire à venir » (anonyme, entretien personnel, janvier 2018).

    Au cours des dix dernières années, le régime a également fait un usage intensif des portails d’information en ligne populaires pour délégitimer et diffamer tous ceux qui prônent des réformes significatives et menacent la suprématie du palais. La popularité de figures locales complètement éloignées des institutions formelles, comme Nasser Zefzafi, un ancien videur de boîte de nuit sous-éduqué qui a été le leader des manifestations du Rif en 2017, illustre le succès des autorités à délégitimer les alternatives institutionnelles. Si le pays devait connaître des soulèvements similaires à ceux qui ont eu lieu dans les pays voisins, la Tunisie ou l’Égypte, une transition pacifique serait difficile étant donné l’absence de figures représentatives légitimes capables de canaliser et de répondre aux demandes populaires.

    D’un point de vue européen, il est donc essentiel de reconnaître que l’échec du modèle de réforme marocain comporte des risques importants qui concernent directement la sécurité européenne. Au lieu de louer les réformes cosmétiques du régime marocain, l’UE devrait faire pression sur la monarchie pour qu’elle adopte des réformes qui renforcent véritablement l’État de droit et les droits de l’homme et facilitent une croissance économique inclusive.

    Références

    Aziki, Omar (2015), CADTM – La Dette Publique Marocaine Est Insoutenable, CADTM – Comité Pour l’abolition Des Dettes Illégitimes, www.cadtm.org/La-dette-publique-marocaine-est (15 mars 2018).

    Benchenna, Abdelfettah, Driss Ksikes, et Dominique Marchetti (2017), Les médias au Maroc : Une économie hautement politique, le cas de la presse papier et en ligne depuis le début des années 1990, in : La Revue des études nord-africaines, 22, 3, 386-410.

    Boukhars, Anouar (2011), La politique au Maroc : Monarchie exécutive et autoritarisme éclairé, Routledge Studies in Middle Eastern Politics, 23, Londres : Routledge.

    Catusse, Myriam (2009), Maroc : Un État Social Fragile Dans La Réforme Néolibérale, in : Alternatives Sud, 16, 59-83.

    CFCIM (2014), L’informel : Un poids inquiétant pour le Maroc, Le site d’information de la CFCIM, www.cfcim.org/magazine/21595 (23 mars 2018).

    Elayoubi, Salah (2013), Maroc. Mohamed VI, Le  » Roi Des Pauvres « , Dépense sans Compter, in : Courrier International, www.courrierinternational.com/article/2013/11/19/mohamed-vi-le-roi-des-pauvres-depense-sans-compter (10 mars 2018).

    Guazzone, Laura, et Daniela Pioppi (eds.) (2009), The Arab State and Neo-Liberal Globalization : La restructuration du pouvoir étatique au Moyen-Orient, Reading : Ithaca Press.

    Maggi, Eva-Maria (2016), La volonté de changement : Politique européenne de voisinage, acteurs nationaux et changement institutionnel au Maroc, in : Politik und Gesellschaft des Nahen Ostens, Wiesbaden : VS Verlag für Sozialwissenschaften.

    Oubenal, Mohamed, et Abdellatif Zeroual (2017), Les Transformations de La Structure Financière Du Capitalisme Marocain, in : Revue Marocaine Des Sciences Politiques et Sociales, XIV, avril, 137-160.

    Sidiguitiebe, Christophe (2014), Prolifération d’armes à La Frontière Entre Le Maroc et l’Algérie, in : Telquel.Ma, http://telquel.ma/2014/11/06/proliferation-armes-a-la-frontiere-entre-maroc-algerie_1421839 (15 mars 2018).

    Source : German Institute for Global and Area Studies

  • Wikileaks : Câble sur la source opaque de la richesse au Maroc

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    Le 23 mai 2008, le Consul américain à Casablanca, Douglas Green fait état de la mainmise du roi sur les affaires dans le pays.

    SUJET : SOURCES DE RICHESSE A CASABLANCA – INTERNES, EXTERNES, ILLICITES

    Classé par : L’agent principal Douglas Greene pour les raisons 1.4 (B)
    ET (D)

    1. (SBU) Résumé : À Casablanca, la plus grande ville et capitale économique du Maroc, la prospérité est de plus en plus visible, ce qui soulève la question de son origine. L’argent des familles, les secteurs bancaire et immobilier, ainsi qu’un marché boursier performant, sont à l’origine d’une partie de la richesse. Les envois de fonds des Marocains résidant à l’étranger, le tourisme et les investissements étrangers, notamment en provenance des pays du Golfe, constituent les principales sources extérieures d’argent. Les sources de revenus illicites, notamment le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et la corruption endémique, jouent également un rôle dans l’économie croissante. L’augmentation de la consommation a été un atout pour l’économie, mais la richesse de Casablanca doit être partagée plus largement pour bénéficier à tous les segments de la société. Résumé final.

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    LES SOURCES INTERNES DE RICHESSE
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    2. (SBU) Le phénomène facilement observable de la richesse à Casablanca soulève la question de l’origine de l’argent. De nombreux Casablancais citent l’argent de la famille comme l’un des principaux facteurs de richesse de la ville.

    Selon Samir Benmakhlouf, président de Century 21 Maroc, l’industrie textile, basée à Fès, était traditionnellement le moteur de l’économie marocaine. Dans les années 70 et 80, les producteurs de textile se sont déplacés vers Casablanca pour trouver des débouchés commerciaux, créant ainsi des opportunités économiques. Casablanca pour y trouver des opportunités de vente au détail, créant ainsi un élan économique et apportant de l’argent à la ville. Un article du Middle East Report sur la bourgeoisie marocaine soutient cette vision historique, mais date le changement à la fin de la Seconde Guerre mondiale : « Le centre de gravité économique s’est déplacé vers les villes côtières, en particulier Casablanca. Des hommes d’affaires entreprenants ont quitté Fès pour Casablanca, où ils ont continué à être connus sous le nom de Fassis. » Aujourd’hui encore, les natifs de Fès conservent leur réputation de membres d’une élite douée pour les affaires. L’un des hommes les plus riches du Maroc, Othman Benjelloun, est originaire de Fès et est président-directeur général de la BMCE, la troisième plus grande banque du Maroc. Selon les employés de la BMCE, une « mafia de Fez » domine la banque. mafia » domine la culture de la banque. Benjelloun et d’autres personnes comme lui appartiennent à une élite fortunée de longue date qui contribue à la prospérité de Casablanca.

    3. (U) Le secteur bancaire, basé à Casablanca, génère également de la richesse. Parmi les 15 banques du Maroc, on compte cinq banques privées appartenant à des Marocains et cinq banques étrangères. Grâce à l’expansion des réseaux géographiques et à l’augmentation des produits et services bancaires, notamment la banque en ligne, les prêts hypothécaires et le crédit à la consommation, le secteur a connu une croissance impressionnante. Dans l’ensemble, les revenus des banques ont augmenté de 10,5 % en 2006 pour atteindre 2,56 milliards d’USD. La même année, les banques marocaines ont enregistré des bénéfices nets de 825 millions d’USD, soit une augmentation de 68 % par rapport à l’année précédente. Ces bons résultats ont entraîné une augmentation des recrutements, notamment de jeunes Marocains instruits. Elle a également conduit plusieurs des six banques cotées à la Bourse de Casablanca à proposer des options d’achat d’actions aux employés, leur permettant ainsi de participer à la rentabilité de leur banque. Le rapport annuel 2007 de la BMCE Bank indique que les employés ont réalisé des gains moyens de 380 % lors de la deuxième offre publique de la banque, « ce qui équivaut à environ 15 fois le salaire mensuel net ». Une telle performance a un effet d’entraînement sur l’économie de Casablanca.

    4. (SBU) Tout comme le secteur bancaire, le marché de l’immobilier contribue à la richesse de Casablanca, en raison d’une convergence de facteurs. La rareté des terrains dans la ville dense de Casablanca rend l’immobilier plus cher. Selon l’Oxford Business Group, la ville s’étend sur une superficie de 69,5 miles carrés, mais il lui faudrait plus de 100 miles carrés pour accueillir une population actuelle de plus de trois millions d’habitants. Comme les Marocains ont quitté les zones rurales pour s’installer à Casablanca, les prix des terrains ont augmenté. L’afflux d’investissements directs étrangers (IDE) aggrave cet effet. Sur les sept milliards de dollars d’IDE que le Maroc a reçus en 2007, l’immobilier représentait 26 %, juste derrière le tourisme (29 %). Étant donné que 63 % des investisseurs considèrent Casablanca comme le lieu le plus attractif pour investir au Maroc, les IDE ont eu un impact significatif sur la valeur des biens immobiliers dans la ville – et sur le développement d’un marché pour les biens et services haut de gamme.

    5. (SBU) Dans un tel environnement, la spéculation se produit, poussant les prix à la hausse et permettant aux propriétaires fonciers de réaliser des profits faramineux. Dès l’annonce d’un nouveau Schéma Directeur d’Aménagement Urbain (SDAU), des spéculateurs achètent des biens dans des zones ciblées dans le seul but de les revendre. Selon Benmakhlouf de Century 21, « vous pouvez acheter un bien pour un million de dirhams et il vaudra 1,5 million dans six mois ».

    6. (SBU) Les formidables performances de la Bourse de Casablanca sont aussi un facteur de création de richesse. Selon Jawad Kerdoudi, économiste et président de l’Institut marocain des relations internationales, de nombreuses entreprises attirent les investisseurs en cotant leurs actions à des prix faibles lors de l’introduction en bourse. Après quelques semaines, les prix montent en flèche, permettant aux actionnaires de vendre avec un bénéfice considérable. En tant que plus grande ville et centre économique du Maroc, Casablanca voit une grande partie de l’argent que les Marocains gagnent à la bourse.

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    SOURCES EXTERNES DE RICHESSE
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    7. (U) Comme indiqué ci-dessus, Casablanca a bénéficié d’un afflux d’argent provenant de l’extérieur du pays. Tout d’abord, les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont augmenté depuis l’accession au trône de Mohammed VI en 1999, pour atteindre environ 7,8 milliards de dollars en 2007. Deuxièmement, le tourisme apporte des capitaux importants. Le secteur a augmenté de 12 à 14 % par an depuis 2001, lorsque le roi a lancé la politique stratégique de développement du tourisme « Vision 2010 ». Selon un rapport publié en 2007 Selon un rapport publié en 2007 par le Centre régional d’investissement de Casablanca, le tourisme a représenté plus d’investissements à Casablanca que tout autre secteur.

    8. (U) L’investissement étranger est une troisième source importante de richesse à Casablanca. Profitant largement de la hausse des prix du pétrole, les pays exportateurs de pétrole du Golfe recherchent d’importantes opportunités d’investissement au Moyen-Orient, y compris à Casablanca. Moyen-Orient, y compris à Casablanca. Dubai Holding, par exemple, a lancé un projet de 500 millions d’USD pour construire une marina polyvalente à côté du port de Casablanca. Un groupe koweïtien et marocain a des plans pour un développement résidentiel dans la ville. Les investisseurs hors du Golfe recherchent également des opportunités financières à Casablanca. Au fur et à mesure que l’argent des MRE, du tourisme et des investisseurs étrangers est canalisé vers les banques, l’immobilier, le marché boursier et d’autres investissements, l’économie de Casablanca se développe.

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    LES SOURCES ILLICITES DE RICHESSE
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    9. (C) La plupart des Casablancais reconnaissent qu’une partie au moins de la richesse de Casablanca provient d’activités illicites telles que le trafic de drogue et le blanchiment d’argent. Selon Khalid Belyazid, PDG du groupe d’édition Eco-Medias, « Nous avons de l’argent sale. Le problème est que nous ne savons pas combien ». Il n’existe pas de statistiques permettant de quantifier la part de la richesse de Casablanca qui peut être attribuée à des activités illicites. Toutefois, une indication peut être trouvée dans le rapport 2007 du gouvernement américain sur la stratégie internationale de contrôle des stupéfiants : « Le Maroc est le plus grand producteur mondial de résine de cannabis (haschisch) et est constamment classé parmi les plus grands producteurs de cannabis au monde ». Le rapport estime que le commerce de la drogue au Maroc (principalement vers l’Europe) rapporte environ 13 milliards de dollars par an, soit plus du double du montant apporté par le tourisme en 2007. Une partie de cet argent arrive à Casablanca, où il est soit dépensé en bijoux, voitures, maisons et autres articles, soit blanchi. Faisant référence à l’utilisation des cafés comme façades pour des activités commerciales illégitimes, un professionnel de la finance a plaisanté en disant que « le blanchiment d’argent crée une belle culture des cafés à Casablanca ».

    9. (C) La plupart des Casablancais reconnaissent qu’une partie au moins de la richesse de Casablanca provient d’activités illicites telles que le trafic de drogue et le blanchiment d’argent. Selon Khalid Belyazid, PDG du groupe d’édition Eco-Medias, « Nous avons de l’argent sale. Le problème est que nous ne savons pas combien ». Il n’existe pas de statistiques permettant de quantifier la part de la richesse de Casablanca qui peut être attribuée à des activités illicites. Toutefois, une indication peut être trouvée dans le rapport 2007 du gouvernement américain sur la stratégie internationale de contrôle des stupéfiants : « Le Maroc est le plus grand producteur mondial de résine de cannabis (haschisch) et est constamment classé parmi les plus grands producteurs de cannabis au monde ». Le rapport estime que le commerce de la drogue au Maroc (principalement vers l’Europe) rapporte environ 13 milliards de dollars par an, soit plus du double du montant apporté par le tourisme en 2007. Une partie de cet argent arrive à Casablanca, où il est soit dépensé en bijoux, voitures, maisons et autres articles, soit blanchi. Faisant référence à l’utilisation des cafés comme façades pour des activités commerciales illégitimes, un professionnel de la finance a plaisanté en disant que « le blanchiment d’argent crée une belle culture des cafés à Casablanca. »

    10. (C) La corruption représente également une certaine part de la richesse de Casablanca. « Vous ne pouvez pas imaginer à quel point l’impact est important », a déclaré un résident de longue date après avoir expliqué le phénomène des fonctionnaires qui exploitent des informations privilégiées et/ou leur pouvoir pour en tirer un avantage financier. Dans un cas notoire, un officier de police a créé une entreprise d’importation de motos BMW après avoir appris que la police prévoyait d’équiper une brigade de motards. M. Benmakhlouf, de Century 21, a noté que les permis de construire pour des terrains mis en réserve par la ville sont parfois accessibles aux promoteurs qui versent des pots-de-vin. Cette corruption permet à ceux qui en bénéficient d’amasser des richesses importantes, même si elles ne sont pas déclarées.

    11. (SBU) L’économie informelle est un autre vecteur par lequel les individus amassent des richesses. Si le terme évoque des images de petits détaillants ou de travailleurs sans papiers, il peut s’agir d’entreprises à part entière qui fonctionnent en dehors du cadre légal et de ses exigences. Dans l’industrie textile marocaine, par exemple, des usines entières ont mis fin à leurs activités officielles, pour rouvrir en dehors des limites de la ville sous la forme d’entreprises entièrement financées en espèces qui fonctionnent sous le radar des autorités marocaines (ou avec leur complicité). L’usine de matelas de Casablanca qui a brûlé fin avril 2008, tuant 58 travailleurs (REF A), offre un excellent exemple d’une situation dans laquelle un propriétaire d’entreprise a bafoué les codes du travail, de la sécurité et de la construction au nom du profit.

    12. (C) La propre expérience du Consulat, qui a essayé d’acheter un terrain pour une nouvelle installation, illustre à quel point les arrangements informels, sous la table, sont enracinés dans l’économie marocaine. Quatre-vingt-dix pour cent des transactions immobilières à Casablanca sont effectuées de manière informelle. Sur plus de 30 sites identifiés, plus de 20 ont été immédiatement retirés de la liste parce que les courtiers ne voulaient pas vendre dans le cadre d’une transaction officielle. D’autres ont refusé de vendre parce qu’ils attendent que les prix s’apprécient. Parmi ceux qui ont accepté de vendre, beaucoup voulaient de l’argent sous la table en plus du prix demandé. Qu’il s’agisse de la vente d’un bien immobilier, de la gestion d’une société ou de la création d’une entreprise, le volume élevé d’activités menées en dehors des circuits officiels fait partie intégrante des affaires et permet souvent aux individus de contourner les réglementations et d’accroître leurs gains financiers.

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    CONSOMMATION
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    13. (SBU) Expliquer les sources de la richesse de Casablanca n’explique cependant pas nécessairement la consommation. Pour Khalid Rouggani, de la division des études du BMCE, les Marocains sont « cultivés pour être ouverts » et veulent savoir ce qui existe en dehors de leur pays. Par conséquent, ils connaissent les marques et les produits étrangers, et les achètent volontiers, notamment dans la ville cosmopolite de Casablanca. En revanche, M. Rouggani a cité l’Algérie, un pays disposant de 120 milliards de dollars de réserves, moins ouvert à la culture étrangère et moins enclin à consommer des produits étrangers. Les vendeurs de Dior et de Roberto Cavalli ont semblé confirmer l’idée que la culture joue un rôle dans la stimulation de la consommation, notant que « les Marocains aiment avoir du style » et constituent la majorité de leur clientèle.

    14. (SBU) Les contrôles stricts des changes peuvent également contribuer à la consommation à Casablanca. Si le Maroc a assoupli les restrictions sur la quantité de devises que les Marocains peuvent sortir du pays, les contrôles externes sont toujours en place. Incapables de placer des économies importantes à l’étranger, de nombreux Marocains investissent et dépensent localement.

    15. (C) Commentaire : La richesse qui est évidente à Casablanca indique de nombreux développements positifs, y compris des booms boursiers et immobiliers, alimentés par les transferts de fonds et de forts investissements étrangers. Elle suggère également des éléments négatifs difficiles à suivre, mais significatifs, tels que le trafic de drogue et une corruption profondément enracinée. Quelles que soient les sources de richesse, cependant, les contrastes entre riches et pauvres à Casablanca sont susceptibles de persister, car il y a peu de signes de retombées. Si les Casablancais n’ont pas la possibilité de partager la richesse qui les entoure, le risque de tensions sociales plus larges est susceptible d’augmenter. Commentaire final.

    GREENE

    Source : Marocleaks, 19/08/2021