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  • Algérie: L’Etat récupère ses milliards mal acquis par Tahkout, Oulmi, Haddad et Kouninef

    La justice a définitivement statué sur les biens de Tahkout, Oulmi, Haddad et Kouninef

    L’Etat récupère ses milliards
    Entre Haddad et les Kouninef, l’argent qui sera recouvré, en Algérie, est conséquent. Cependant, si les comptes et les biens vont être saisis en Algérie, pour ce qu’ils possèdent à l’étranger, c’est beaucoup plus compliqué.

    Hasna YACOUB

    Est-il né sous la bonne étoile? Avant même sa création, le fonds devant accueillir l’argent et les biens détournés, est déjà alimenté. En confirmant les verdicts prononcés en appel dans les affaires des frères Kouninef et Ali Haddad, la Cour suprême, qui a rejeté, jeudi, tous les pourvois en cassation (à l’exception de celui de l’ex-ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi), a rendu les décisions de justice définitives et exécutables. Des décisions qui prévoyaient des peines de privation de liberté assorties d’une confiscation des biens et des comptes bancaires, produits des crimes retenus contre les mis en cause. Ces biens et cet argent seront placés dans ce fonds qui sera créé, sur instruction du président de la République, au titre du projet d’ordonnance portant loi de finances complémentaire pour 2021. Il devra donc être alimenté, dès sa mise en place, par l’argent qui sera récolté des ventes des biens confisqués d’Ali Haddad, condamné à 12 ans de prison ferme pour, entre autres, blanchiment, abus de fonction, corruption dans la conclusion de marchés publics et dilapidation de deniers publics.

    Aux côtés du patron du groupe Etrhb, les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ont été condamnés à une peine de 8 ans de prison ferme. Des peines de prison ont été prononcées, également, contre les anciens ministres Amar Ghoul, Amara Benyounès, Abdessalem Bouchouareb, Abdelghani Zaalane, et Boudjemaa Talai, outre les trois ex-walis, Abdelkader Kadi, Abdellah Benmansour et Mohamed Slimani. La cour d’Alger avait condamné chacun des prévenus au paiement d’une amende et d’une somme solidaire d’un montant de 100 milliards de dinars, pour le préjudice causé au Trésor public. Poursuivis, essentiellement pour blanchiment d’argent, corruption, obtention d’indus avantages…, les trois frères Kouninef, propriétaires du groupe KouGC, ont également été lourdement condamnés en appel par la cour d’Alger, à des peines allant de 12 à 16 ans de prison ferme. Réda, Noah et Karim Kouninef ont été condamnés aussi à payer la somme de 8 millions de dinars d’amende chacun. La cour avait décidé la saisie de tous leurs biens. Leur soeur Souad, condamnée par contumace à 20 ans de prison ferme, est sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Et entre Haddad et les Kouninef, l’argent qui sera récupéré, en Algérie, est déjà conséquent. Faut-il rappeler que les biens d’Ali Haddad sont énormes et que lors de son procès, le juge s’est fatigué à la lecture d’une dizaine ou peut-être une quinzaine de feuillets où étaient transcrits les biens immobiliers et les concessions d’Ali Haddad. Globalement, Ali Haddad possède dans la wilaya d’Alger, plusieurs logements et d’importants terrains à El Mouradia, Saïd Hamdine, El Biar, Oued Smar, Dar El Beïda, Bab Ezzouar….. Il possède autant si ce n’est plus dans les autres wilayas.

    Ali Haddad a bénéficié de 57 lots terrains, de 452 crédits dont 80 des banques publiques qui ont coûté au Trésor public la somme de 11 000 milliards de centimes ainsi que 275 projets octroyés de manière irrégulière et qui représentent un préjudice de 100.000 milliards de centimes. Si les comptes et les biens d’Ali Haddad seront récupérés en Algérie, pour ce qu’il possède à l’étranger, c’est beaucoup plus compliqué. Ce dernier a reconnu détenir un compte bancaire et un appartement en France. Il a admis également avoir acheté un hôtel en Espagne pour 54 millions d’euros. Pour les frères Kouninef, les biens confisqués sont tout aussi importants. Leur groupe, KouGC, dont les 45 sociétés ont été condamnées au paiement d’une amende de 32 millions de dinars, recèle plusieurs biens immobiliers. Selon des indiscrétions, KouGC pèse quelque 300 millions de dollars, tirés des nombreux marchés qui lui ont été octroyés, ces 20 dernières années, dans tous les secteurs, téléphonie mobile, BTP, génie civil, forage pétrolier, agroalimentaire, hydraulique….. La confiscation des biens des Kouninef va permettre, faut-il le rappeler, la récupération, notamment de l’usine d’huile à Jijel dont le président avait exigé sa remise en fonction dans les plus brefs délais. Avant Haddad et les Kouninef, la justice devra aussi mettre à exécution les décisions définitives prises à l’encontre de Mourad Oulmi, patron du groupe Sovac, et de Mahieddine Tahkout, propriétaire du groupe Cima-Motors, condamnés au paiement de fortes amendes et la confiscation de nombreux biens et fonds.

    Cette manne financière, que devrait récupérer l’Etat, sera, sans aucun doute, une bouffée d’air qui s’ajoutera à l’équivalent de près d’un milliard de dollars, saisis dernièrement par le ministère de la Justice dans le cadre de la lutte contre la corruption.

    L’Expression, 30 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, frères Kouninef, Ali Haddad, Mahieddine Tahkout, biens mal acquis, corruption, malversation, Mourad Oulmi,

  • Algérie/ Haddad bat le record de plus grand nombre d’affaires de corruption

    L’ex-homme d’affaires et ancien président du forum des chefs d’entreprises «FCE» Ali Haddad est poursuivi dans 8 affaires pénales au niveau du pôle financier et économique du tribunal de Sidi M’hamed, dont la majorité concerne sa célèbre société en travaux de construction « ETRH », est le curieux détenteur d’un record scandaleux avec pas moins de 124 accords publics obtenus illégalement et 452 prêts bancaires.

    En effet, Ali Haddad a battu le record du plus grand nombre d’affaires de corruption liées aux accords accordées a sa propre société de travaux publics «ETRHB», estimés a 124 accords projets. Ce dernier a également bénéficié de 452 prêts bancaires d’une valeur financière de plus de 2.100 milliards de dinars, qui avaient pour utilité de financer la construction d’infrastructures, telles qu’une autoroute, l’entrée de l’aéroport international, des projets ferroviaires et le tramway, ainsi que d’autres projets frauduleux.

    124 accords obtenus illégalement et 452 prêts bancaires

    Le dernier dossier ouvert par la troisième chambre du pôle financier et économique concernait l’ancien président du FCE concerné l’octroi du marché de réalisation d’un tronçon de l’autoroute est ouest. C’est cette même affaire qui a mené les anciens ministres des transports et des travaux publics Amar Ghoul et Boujma Talei en plus des anciens directeurs des travaux publics « K.H » et « P.M » et le directeur général de la société algérienne des travaux routiers, nommé « B.S », et en plus de 12 autres accusés, en prison.

    Les accusations qui pèsent sur Haddad et ses collaborateurs vont de « l’abus de fonction et de pouvoir » a « l’octroi et l’obtention d’indus avantages dans la conclusion de marchés publics » en passant par « la participation au gaspillage de fonds publics », « d’incitation d’un fonctionnaire a l’abus de fonction « ainsi que « de la falsification de documents . Haddad est également poursuivi auprès du frère de l’ancien Président Saïd Bouteflika, dans la troisième salle du pôle financier et économique, sur la question du financement caché de la campagne électorale, de blanchiment d’argent et de corruption.

    Agences

    Echourouk online, 22 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Ali Haddad, corruption,

  • Algérie/ Les « bons mots »: « limogeage », « lynchage », « complot »…

    par Belkacem Ahcene Djaballah

    «Limogeage»: Voilà donc un terme jamais usité par l’Administration et qui se retrouve, au moindre changement, repris en boucle par la presse, donnant ainsi l’impression que la «purge» est devenue la seule médication pour une bonne gouvernance des hommes et des institutions. Le terme est médiatiquement repris et travaillé en surface et en profondeur, en largeur et en longueur, bien souvent avec une délectation presque sadique et perverse, comme si le journaliste ou le metteur en images ou en pages trouve enfin le moyen de se venger du «cadre» qui, peut-être, un certain moment, l’a ignoré, ou ne l’a pas aidé, ou n’a pas tenu compte de son existence, ou a trop bien réussi, ou…

    En général (Général ! voilà un autre mot qui, lui aussi, après un long règne de «Colonel», s’est retrouvé quasi-totalement banni du vocabulaire quotidien tant la connotation péjorative a pris le dessus dans l’esprit de bien de nos concitoyens), le limogeage est accompagné ou suivi d’un «lynchage», ne serait-ce que dans les analyses et les commentaires qui s’escriment à trouver des fautes et des erreurs ou de l’incompétence là où, parfois, elles n’existent pas. Démarche lourde de conséquences sur la vie et le moral de la victime. Mais, aussi, sur celui de l’entourage. Un «limogé-lynché» est, durant une certain temps, si ce n’est un bon bout de temps, «évité» comme la peste, tout particulièrement par ceux qui ont des liens (matériels ou non) avec le «limogeur» (supposé car, comme toujours dans ces cas-là, généralement on ne fait que supputer). Des drames sont même possibles.

    Durant un certain temps, si ce n’est un bon bout de temps, le «limogé-lynché» se retrouve rasant les murs – pour certains, ceux de leur cellule -, gérant presque seul son stress ou sa rancune, en en voulant bien plus à ceux qu’il a (bien ou beaucoup ) servis qu’à ceux qui le «descendent en flammes» pour le simple plaisir de remplir du papier ou du temps d’antenne ou une conversation autour d’un verre ou lors d’une «halqua».

    Il n’y a pas que le limogé qui soit lynché. Il y a, aussi, celui ou celle qui a réussi, celui ou celle qui n’a aucune fil à la patte, celui ou celle qui fait preuve d’autonomie et /ou d’indépendance matérielle ou intellectuelle, celui ou celle qui fait preuve d’initiative et présente des idées originales susceptibles de changer le cours insipide ou improductif des choses de la société (je ne parle pas, ici, des affairistes et autres «chhkaristes» et des «voleurs» déclarés qui, pour leur part, savent y faire).

    Des exemples à foison :

    – Par le passé, R. Boudjedra a été une cible favorite. Il y eut Kateb Yacine, Ouettar en leur temps et Zaoui. Toujours ou presque dans des moments de succès. On a même eu Assia Djebar et Mohamed Dib et Arkoun. On a eu Sansal et Khadra. On a même eu Khaled et Mami au tout début du raï et des succès rencontrés à l’étranger. On a, depuis peu, Daoud Kamel et Djabelkheir.

    – Durant les moments de réformes profondes pouvant toucher les intérêts égoïstes et immédiats d’individus ou de groupes, on a eu Lacheraf, avant-hier, Benghebrit hier

    – En économie, on a eu d’abord Zeggar accusé d’être un «parapluie», puis Rebrab, accusé de tous les maux capitalistes.

    – En politique, on a eu S. Sadi, le «laïc», puis les Boutef’ and Co, les «maîtres du moment», accusés de «monarchisme déguisé» et d’autres et d’autres. On a eu les communistes et les arabo-bâathistes, les arabistes, les berbéristes, les évangélistes. Que des «istes».

    A tort ou à raison, là n’est pas le propos. Le drame, c’est la forme et la virulence des attaques, c’est la fausse information et l’information détournée, c’est l’information frisant parfois l’insulte et la diffamation. Avec des accusations de toutes sortes, pour certaines aussi débiles ou injustes les unes que les autres, avec une politisation ou une idéologisation à outrance et, surtout, avec une tendance lourde à inscrire toute action originale ou novatrice dans de vastes «complots ourdis» quelque part. Par les «ennemis de l’intérieur» manipulés par le néocolonialisme et l’impérialisme. Par les «ennemis de l’extérieur» manipulés par… Ces derniers sont nombreux, allant du capitalisme prédateur au sionisme en passant par le francophilisme, l’islamophobisme, l’arabophobisme. Dernier argument-choc, «les phrases qui veulent tuer» : c’est l’«irrespect de la souveraineté nationale», des «constantes de la personnalité nationale» ou pire encore, la «traîtrise à la nation». Les dernières en date : l’«atteinte aux préceptes de l’Islam et au Prophète», «l’offense et le dénigrement du dogme».

    Le drame, c’est la «couverture» du discours politique sérieux et de l’information générale qui, sous couvert d’objectivité, fait (veut faire) «passer» toutes les pilules auprès d’opinions publiques pour la plupart frustrées et rancunières quelque part, en tout cas toujours s’estimant lésées dans leurs «droits». Il est vrai qu’elles ont été bien «éduquées» (déformées ? formatées ?) par les discours officiels populistes, égalitaristes, dialoguistes et (ré-) conciliateurs. Et, c’est se bercer d’illusions que de croire que «la société s’engage dès que l’on explique, avance dans la transparence et donne toutes les données nécessaires». D’abord, le processus de la communication politique n’est pas celui que l’on croit ni même celui que l’on a appris dans les livres. Il a grandement évolué et change sans cesse. Aussi vite que les Tic. Ensuite, il y a trop d’habitudes aux pratiques, trop de réflexes conservateurs et trop de «fragilité» politique des pouvoirs de décision, face aux pressions médiatiques et/ou publiques, même les plus farfelues !

    Seuls rayons de soleil dans ce paysage communicationnel maussade, pessimiste et déprimant, le discours informatif volontairement polémique et franchement critique des chroniqueurs, des caricaturistes et des humoristes. Il a l’avantage d’annoncer, à l’avance, la couleur, et ses prouesses dans la dérision font rire (parfois bien jaune) les «victimes» elles-mêmes. Il est vrai qu’elles gagnent (les moins crapules encore que, chez nous, les «gangsters» sont souvent adulés bien plus que les honnêtes investisseurs et gestionnaires, il n’y a qu’à voir une récente publicité – au sein d’une campagne assez débile, pour débiles – d’un opérateur téléphonique faisant «poser» le «Boss» de la série «Takious et Makious») en notoriété. Hélas, le rire et l’humour politique ne sont pas acceptés par tous, surtout par ceux qui, lugubres impénitents, pensent bien plus à la mort qu’à la vie, au passé bien plus qu’à l’avenir, à eux-mêmes bien plus qu’à leur descendance, à leur «clan» bien plus qu’à leur pays, et surtout à la «chkara».

    Le Quotidien d’Oran, 08 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, limogeage, lynchage, complot, corruption, malversation, gabégie,

  • Opération Marquês. Le grand condamné est la justice portugaise, dit Boaventura de Sousa Santos.

    Le sociologue et juriste affirme que la justice portugaise est la grande condamnée de l’instruction de l’opération Marquis : « Voilà ce qui est vraiment condamné ».

    L’enquête sur l’opération Marquis a été « une grande condamnation de la justice portugaise », en particulier des procédures du ministère public dans les cas de crimes de grande complexité, a déclaré le sociologue et juriste Boaventura de Sousa Santos.

    « C’est une grande condamnation de la justice portugaise. C’est cela qui est vraiment condamné et très particulièrement les procédures du ministère public dans cette affaire », a-t-il déclaré à l’agence de presse Lusa, également professeur à l’université de Coimbra, soulignant qu’il y a « longtemps », il a dénoncé « l’erreur consistant à essayer de rassembler tous les crimes, toutes les indications de comportement criminel dans des méga-processus qui ne se terminent jamais parce qu’ils ont trop de cas et d’accusés ». Pour Boaventura de Sousa Santos, la décision d’ouvrir une enquête était « prévisible ».

    Le résumé le plus cruel est : La montagne a donné naissance à une souris. Parmi les crimes faisant l’objet d’une enquête, nous avons vu que ceux qui pourraient être politiquement plus dommageables et plus graves, à savoir les crimes de corruption, ne s’appliquent pas à José Sócrates. La vérité dans le processus judiciaire est toujours beaucoup plus forte que celle qui est simplement anecdotique, ou celle qui est rapportée dans les médias », a-t-il déclaré.

    Il a également déclaré que cette affaire montre les faiblesses de la justice dans les crimes très complexes, notamment la stratégie du ministère public.

    C’est une caricature cruelle de la justice portugaise dans cette situation. Heureusement, ce n’est pas un portrait de toute la justice portugaise et en fait, le juge Ivo Rosa a donné une image de la crédibilité de la justice portugaise en ce qu’il a strictement suivi les principes que nous tous, juristes, avons appris dans le processus pénal », a-t-il souligné.

    Selon le sociologue, il faut « des changements législatifs et procéduraux ». Boaventura de Sousa Santos a rappelé le cas de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, où « deux ans ont suffi pour être jugé ».

    « C’est la même culture juridique, c’est la même base des codes, mais il y a une stratégie pénale différente en France et au Portugal. En France, le procureur de la République se concentre sur les crimes pour lesquels il dispose de preuves solides », a-t-il souligné.

    Parmi les 28 accusés de l’opération Marquês (19 personnes et neuf sociétés), l’ancien Premier ministre José Sócrates et l’homme d’affaires Carlos Santos Silva, tous deux prononcés pour trois délits de blanchiment d’argent et trois délits de falsification de documents.

    Selon la décision lue par le juge Ivo Rosa, dans le Campus de Justice, à Lisbonne, ont été également prononcés l’ancien ministre et ancien directeur de Caixa Geral de Depósitos Armando Vara, pour un crime de blanchiment d’argent, et l’ancien président du Groupe Espirito Santo Ricardo Salgado, pour trois crimes d’abus de confiance.

    João Perna, ancien chauffeur de José Sócrates, sera jugé pour un délit de possession d’une arme prohibée. Dans le cadre de ce processus, 189 crimes économico-financiers étaient en cause. José Sócrates a été arrêté en novembre 2014. L’acte d’accusation de l’ancien Premier ministre et de 27 autres accusés était connu en octobre 2017.

    Observador, 9 avr 2021

    Etiquettes : Portugal, justice, détournement, corruption, malversation, Armando Vara, Ricardo Salgado, João Perna, Nicolas Sarkozy,

  • Tous Pourris Pourquoi la France est-elle si sceptique à l’égard des vaccins ?


    Natasha Livingstone

    Natasha Livingstone explore la prévalence des sentiments anti-vaxxers au sein de la population française et son lien potentiel avec les accusations de corruption très médiatisées dont font l’objet les personnalités politiques du pays.

    En novembre dernier, un documentaire est devenu « viral » sur les médias sociaux français. Mettant en scène des scientifiques, des chercheurs et un ancien ministre de la santé – qui a déclaré par la suite qu’il n’était pas au courant de la thèse du film et s’en est dissocié – Hold-Up affirmait que le coronavirus avait été créé pour que le « Nouvel ordre mondial » puisse asservir l’humanité. Le film remettait également en question l’utilité des masques de protection et l’utilité des vaccins.

    En ce qui concerne la désinformation sur la pandémie, le contenu de ce documentaire n’était pas particulièrement nouveau. Comme dans d’autres pays, le sentiment anti-vaxx en France a suscité des craintes que les vaccins ne soient pas sûrs ou qu’ils créent des citoyens de seconde zone et une dictature de la santé.

    Mais des millions de Français ont regardé ce documentaire – et l’on craint que son succès ne soit un symptôme du sentiment anti-vaxxiste de masse dans le pays.

    Une étude Ipsos-World Economic Forum publiée en décembre indiquait que seuls 40 % des Français avaient l’intention de se faire vacciner contre le COVID-19. Une étude publiée en février prévoyait que près de 30 % de la population française en âge de travailler refuserait catégoriquement le vaccin. Une telle hésitation n’est pas propre au coronavirus, une enquête du Wellcome Trust portant sur 140 pays classant la France comme le pays le plus sceptique au monde en matière de vaccins dès juin 2019.

    Mais pourquoi est-ce le cas ?

    Une crise politique
    Pour commencer, plusieurs ministres ont été accusés d’homicide involontaire après que les autorités sanitaires ont sciemment distribué des produits sanguins contaminés par le VIH à des hémophiles dans les années 1980.

    Lors de l’épidémie de grippe porcine de 2009, le gouvernement français a également été accusé de privilégier les grandes entreprises pharmaceutiques en dépensant 780 millions de livres sterling pour 94 millions de doses de vaccin, alors que seulement six millions de personnes ont été vaccinées. Le professeur Jocelyn Raude, de l’École des hautes études en santé publique, a déclaré au Guardian que cette débâcle avait contribué au scepticisme à l’égard des vaccins.

    Une autre façon d’expliquer cette disparité est de poser la question suivante : auriez-vous un avis différent sur une campagne de vaccination gérée par l’État si Theresa May ou David Cameron venaient d’être condamnés à une peine de prison pour corruption ?

    Début mars, Nicolas Sarkozy, président français de 2007 à 2012, a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour avoir tenté de corrompre un juge. Il fait également l’objet d’enquêtes liées à des allégations distinctes. Son prédécesseur, Jacques Chirac, a également été condamné à deux ans de prison avec sursis en 2011 pour avoir détourné des fonds publics lorsqu’il était maire de Paris.

    Parmi les condamnations plus récentes pour corruption figurent l’ancien ministre de la Défense François Léotard, François Fillon, ancien Premier ministre de Sarkozy et candidat à l’élection présidentielle de 2017, Jérôme Cahuzac, ancien ministre socialiste du Budget, Claude Guéant, ancien chef de cabinet de Sarkozy, et Patrick Balkany, ancien député du parti de Sarkozy et ancien maire de la banlieue parisienne.

    Selon Philippe Marlière, professeur de politique française et européenne à l’University College de Londres, les hommes politiques français ne sont pas soudainement devenus corrompus. Ils font désormais l’objet d’une surveillance accrue de la part d’une génération de juges plus jeunes et moins respectueux.

    Avant, dit-il, « on avait cette idée que, quoi que fassent les hommes politiques en France, ils étaient au-dessus des lois et que rien ne pouvait leur arriver. Le public était très sceptique et pensait qu’ils étaient corrompus, mais ne pensait pas que quelque chose pourrait leur arriver. »

    Le professeur Marlière a ajouté que le gouvernement du président Macron a été perçu par les critiques comme étant du mauvais côté des récents scandales. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dont le rôle est de lutter contre la corruption, a déclaré son « soutien amical » à Sarkozy quelques minutes après l’annonce de sa peine de prison et a lui-même été interrogé par des magistrats sur des allégations de viol.

    Il est peu probable que cette série d’affaires ait renforcé la confiance du public dans le gouvernement français qui, selon une enquête publiée en février par l’université française Sciences Po, n’a pas dépassé 35 % depuis plus de dix ans. Plus inquiétant encore, cette méfiance se manifeste de plus en plus par une hésitation à se faire vacciner.

    « Si je ne crois pas que la méfiance des Français à l’égard des vaccins puisse être directement attribuée à des affaires de corruption spécifiques, je pense en revanche qu’elle est directement liée à une ‘crise politique’ française latente », déclare Laurent-Henri Vignaud, un historien qui a récemment rédigé une histoire du mouvement anti-vaxxer en France.

    « Une atmosphère générale de tous pourris ne facilite pas la confiance dans le vaccin, qui est essentiellement un médicament d’État, recommandé et administré par l’État à l’échelle nationale. »

    Le professeur Marlière abonde dans le même sens : « N’oubliez pas que, lorsque la pandémie a commencé, elle a mis fin au mouvement des Gilets jaunes qui a duré deux ans et qui consistait en fait à contester le gouvernement pour son manque de transparence. Être anti-vaccination est une façon de dire ‘quoi que le gouvernement dise ou fasse, je ne lui fais pas confiance pour nous dire la vérité’. C’est plus courant en France qu’en Grande-Bretagne et donc probablement plus dangereux. Globalement, le mouvement anti-vax reflète un manque de confiance dans les paroles et les décisions du gouvernement. »

    Dans ce contexte, une série de volte-face embarrassantes sur le vaccin AstraZeneca peut rapidement alimenter les craintes de corruption et d’incompétence de l’État. Un certain nombre de messages sur les médias sociaux ont spécifiquement visé AstraZeneca, certains affirmant que le Premier ministre français Jean Castex était « pourri » et « corrompu » pour avoir promu le vaccin de la société. En effet, un récent sondage a révélé que seulement 20 % du public français lui faisait confiance, contre 80 % des Britanniques.

    Pour M. Vignaud, la capacité des anti-vaxxers à porter atteinte au programme français de vaccination COVID-19 est toutefois mineure comparée à « un retard de livraison, un mot de travers d’un ministre, un usage frivole du principe de précaution [pierre angulaire de la réglementation européenne qui met l’accent sur la prudence], un désaccord entre États ou une erreur de fabrication par un laboratoire particulier ».

    À ce jour, environ sept millions de personnes ont reçu une première dose en France, contre plus de 30 millions au Royaume-Uni. La bonne nouvelle est que, malgré les prévisions pessimistes concernant la volonté de se faire vacciner, 91 % des résidents des maisons de retraite françaises ont été vaccinés, ce qui soutient la comparaison avec le chiffre équivalent en Angleterre, qui est d’environ 93 %.

    Mais certains observateurs ne sont pas optimistes quant à la suite des événements. Michaël Schwarzinger, chercheur au CHU de Bordeaux et auteur principal d’une étude récente sur l’hésitation à se faire vacciner en France, a récemment déclaré à The Atlantic : « Nous n’arriverons pas à l’immunité de groupe avec la vaccination. Il n’y a qu’une seule alternative – et si ce n’est pas avec un vaccin, c’est par l’infection. »

    Peut-être que la phrase de Sarkozy représente une nouvelle culture politique qui examinera plus efficacement, et donc préviendra, la corruption et pourrait à long terme conduire à une plus grande confiance, y compris dans les campagnes de santé publique.

    Quoi qu’il en soit, les dommages causés par les allégations de corruption politique généralisée en France devraient servir d’avertissement à ceux du Royaume-Uni, où des allégations d’irrégularités dans l’attribution de contrats gouvernementaux ont amené certains à se demander si les ministres n’ont que les meilleurs souhaits de leurs citoyens à cœur.

    Byline Times, 7 avril 2021

    Etiquettes : France, «Tous Pourris», coronavirus, covid 19, pandémie, vaccin, vaccination, Emmanuel Macron,

  • Israël : Les faveurs de M. Netanyahou étaient « monnaie d’échange », déclare le procureur à l’ouverture du procès pour corruption.


    JERUSALEM (Reuters) – Les procureurs israéliens ont accusé lundi le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’avoir traité ses faveurs comme de la « monnaie d’échange » à l’ouverture d’un procès pour corruption qui, parallèlement à une élection non concluante, a assombri ses chances de rester au pouvoir.

    M. Netanyahou, qui a plaidé non coupable des accusations de corruption, d’abus de confiance et de fraude, s’est présenté au tribunal de district de Jérusalem dans un costume sombre et un masque de protection noir, s’entretenant tranquillement avec ses avocats alors que ses partisans et ses détracteurs organisaient des manifestations bruyantes à l’extérieur.

    « La relation entre M. Netanyahou et les accusés est devenue une monnaie, quelque chose qui pouvait être échangé », a déclaré la procureure Liat Ben-Ari en présentant l’affaire 4000, concernant les liens présumés du premier ministre avec les propriétaires d’un site d’information israélien.

    « Cette monnaie pouvait fausser le jugement d’un fonctionnaire ».

    Netanyahou est parti avant que le premier témoin de l’accusation ne témoigne dans le premier procès de ce type d’un Premier ministre israélien en exercice. Il s’est décrit comme la victime d’une chasse aux sorcières à motivation politique.

    Pendant ce temps, le président israélien Reuven Rivlin a commencé à consulter les chefs de parti pour savoir qui pourrait former le prochain gouvernement de coalition – un choix difficile après les élections du 23 mars, les quatrièmes en deux ans, qui n’ont donné ni à Netanyahou ni à ses rivaux un mandat clair.

    Rivlin a déclaré aux délégués du parti conservateur Likoud de Netanyahou que des considérations éthiques pourraient peser dans sa décision, faisant apparemment allusion au procès de Netanyahou.

    « Je ne vois pas comment un gouvernement peut être établi », a déclaré Rivlin aux représentants du parti centriste Yesh Atid, le plus grand parti d’opposition, qui espère déloger Netanyahou.

    « Le peuple d’Israël devrait être très préoccupé par le fait que nous pourrions être entraînés dans une cinquième élection ».

    Au tribunal de district de Jérusalem, les procureurs ont cherché à établir que M. Netanyahou a accordé des faveurs réglementaires à la principale entreprise de télécommunications d’Israël, Bezeq Telecom Israel BEZQ.TA, en échange d’une couverture plus positive de lui-même et de sa femme Sara sur un site Web d’information de l’entreprise connu sous le nom de Walla.

    L’ancien PDG de Walla, Ilan Yeshua, a témoigné qu’il avait été « assailli » de demandes par e-mail et par SMS, émanant à la fois des propriétaires de Walla et de personnes de confiance de Netanyahou, pour améliorer les reportages sur le Premier ministre tout en minimisant ou en attaquant ses rivaux politiques.

    « Jusqu’à quel point pouvez-vous mentir ? » Iris Elovitch, épouse du propriétaire de Walla à l’époque et co-accusée dans l’affaire 4000, a crié à Yeshua.

    (Cette histoire a été reclassée avec le nom complet du témoin)

    Reuters, 5 avr 2021

    Etiquettes : Israël, Benjamin Netanyahou, corruption, procèes, justice, faveurs, monnaie d’échange, abus de confiance, fraude, Liat Ben-Ari, Reuven Rivlin, élections présidentielles,

  • Les raisons de la faillite des sociétés arabes

    Dans un livre aussi dérangeant que stimulant, un journaliste britannique dissèque les profondes contradictions et faiblesses qui traversent les sociétés arabes, freinant d’autant leur évolution.

    Le journaliste britannique Brian Whitaker a écrit un livre provocateur et dérangeant sur le Moyen-Orient*. Cet ouvrage n’est pas tendre avec les sociétés arabes, dont il souligne les profondes contradictions et faiblesses. Il n’en est pas moins urgent de le traduire en arabe afin qu’il soit lu par les élites concernées, de l’Atlantique au Golfe. Le but de cet essai, affirme son auteur, est de stimuler le débat. Si le monde arabe veut combler son retard avec le monde développé, il ferait bien de méditer les conclusions de Whitaker et de tenir compte de ses recommandations.

    Le journaliste, qui a dirigé le service Moyen-Orient du Guardian pendant sept ans (2000-2007), a beaucoup voyagé dans le monde arabe. Il a donc une connaissance intime de la région. Son mérite est de ne pas se cantonner, à la différence de la plupart de ses confrères, à rapporter les points de vue des dirigeants politiques et des milieux officiels. Il a préféré s’extraire de la sphère purement politique pour interroger un grand nombre de penseurs, universitaires, étudiants, faiseurs d’opinion, blogueurs et citoyens lambda dans de nombreux pays de la région. Au-delà des régimes, c’est la société dans son ensemble qu’il a tenté d’embrasser du regard. Là réside l’originalité de son livre.

    « Atmosphère abrutissante »

    En un mot, qu’est-ce qui ne va pas au Moyen-Orient ? Au fil des chapitres, «atmosphère abrutissante, où le changement, l’innovation, la créativité, la pensée critique, le questionnement, la résolution des problèmes… sont tous découragés ». Et ce n’est pas tout. À ce constat s’ajoutent « le déni systématique des droits de millions de personnes, les discriminations fondées sur l’ethnie, la religion, le genre, l’orientation sexuelle ou les antécédents familiaux, l’inégalité des chances, l’opacité de la bureaucratie, l’application arbitraire de la loi et le manque de transparence au sein de l’exécutif ».

    Le premier chapitre traite de la faillite de l’éducation – qui est, selon l’auteur, au cœur des problèmes que connaît la région. Il n’est pas de changement significatif, déclare Whitaker, qui ne commence dans les esprits. Citant le rapport 2004 sur le développement humain dans le monde arabe, l’auteur pointe des méthodes d’enseignement – notamment l’apprentissage par cœur – « qui ne favorisent pas le dialogue libre, l’éveil de la conscience, la démarche exploratoire, et qui, par conséquent, ferment la porte à la liberté de penser et à la critique ». Au contraire, « les programmes enseignés dans les pays arabes semblent encourager la soumission, l’obéissance, la subordination et la complaisance ». Résultat : un déficit de connaissance qui empêche l’émergence d’une population éduquée et qualifiée. « Les pays arabes, recommande Whitaker, doivent réformer leurs systèmes éducatifs et se préparer pour l’avenir. » Mais, ajoute-t-il, avec une note pessimiste, « la grande valeur dont jouit le conformisme au sein des sociétés arabes étouffe dans l’œuf tout changement ». Sa conclusion controversée est que « les pays arabes ne peuvent pas développer une société fondée sur le savoir sans des changements politiques et sociaux radicaux ».

    Autre cible de Whitaker : la ‘asabiyya – la solidarité entre les membres d’une famille, d’un clan ou d’une tribu. Une telle solidarité peut assurer la sécurité et la protection des individus, mais le revers de la médaille est qu’elle « enracine dans les comportements, selon les termes mêmes du rapport sur le développement humain, la soumission, l’existence parasitaire et la complaisance ». Whitaker fait valoir que l’obsession de la parenté sape les principes de la méritocratie et l’égalité des chances. Non seulement le népotisme entrave le développement économique, mais il désavantage les pays arabes dans leurs relations avec les régions du monde où de telles pratiques sont moins répandues. L’auteur conclut que « les Arabes ne pourront faire émerger une nouvelle ère de liberté, de citoyenneté et de bonne gouvernance tant que leurs sociétés continueront d’obéir à des contraintes liées à la parenté, que ce soit au niveau familial ou tribal ». Tel est, affirme-t-il, le défi majeur auquel les Arabes sont confrontés.

    Autoritarisme et autocratie

    Un chapitre tout aussi provocateur aborde les relations entre les citoyens et leurs gouvernements. Le régime arabe typique, écrit Whitaker, est à la foi autoritaire et autocrate – autoritaire parce qu’il exige l’obéissance, autocrate parce qu’il centralise et concentre les pouvoirs au sommet de l’État. L’auteur reconnaît qu’il est beaucoup question de réformes et de modernisation dans les pays arabes pour suivre le rythme des mutations accélérées que connaît le monde, mais il note avec regret que « les réformes effectives sont très limitées. Ce qui passe pour des réformes n’est en réalité qu’un habillage destiné à s’acheter une respectabilité internationale ».

    L’un des chapitres les plus controversés du livre est intitulé « La politique de Dieu ». Whitaker y traite de la vague de ferveur religieuse qui déferle sur le Moyen-Orient depuis trente ou quarante ans. La religion, soutient-il, est l’une des réponses à ce qu’il est convenu d’appeler le « malaise arabe ». Aux millions de croyants, la religion offre des certitudes et de l’espoir dans un monde de doute et de désespoir. L’auteur laisse entendre que cette inclination vers la religion a commencé après la déroute des armées arabes face à Israël lors de la guerre de 1967. Et qu’elle s’est accentuée après que les moudjahidine afghans eurent réussi à chasser les Soviétiques et que le Hezbollah fut parvenu à bouter les Israéliens hors du Liban en 2002 après vingt-deux ans d’occupation. L’idée fait son chemin que les succès militaires sont possibles dès lors que l’on est inspiré par la religion. Cette dernière, note Whitaker, procure un sentiment d’identité, d’appartenance et de solidarité face à des menaces extérieures. Mais, prévient-il, la religion conçue comme un symbole identitaire peut conduire à ne plus en retenir que la manifestation extérieure et matérielle au détriment de la dimension spirituelle et éthique.

    Pire, plus la vague de religiosité balayait le Moyen-Orient, plus les versions extrémistes de l’islam gagnaient du terrain, favorisant la montée de l’intolérance, voire de la violence, comme en 1994, lorsque l’homme de lettres égyptien Naguib Mahfouz, alors âgé de 82 ans, a été poignardé au cou en face de son domicile. Il survécut, mais son bras resta partiellement paralysé. Il ne peut y avoir d’égalité des droits, affirme Whitaker, sans liberté religieuse. C’est là le principal obstacle à tout changement positif dans le monde arabe. Selon l’auteur, la liberté religieuse requiert la neutralité de l’État en la matière. La séparation de la religion et de l’État est la condition sine qua non de tout agenda sérieux de réformes.

    Corruption

    Le livre de Whitaker aborde également la question de la corruption et des commissions illégales dans les sociétés arabes, ainsi que le phénomène de la wasta, c’est-à-dire le recours aux relations, les trafics d’influence et le favoritisme. Il y a aussi un long passage sur les médias arabes qui est beaucoup trop riche pour être résumé en quelques lignes.

    Whitaker souhaite que les Arabes se libèrent d’une culture de la dépendance et de l’impuissance. Et que les Occidentaux, en retour, en finissent avec leurs réflexes coloniaux et interventionnistes. Ainsi les deux parties pourro nt-elles fonder leurs relations sur la base positive d’une interdépendance. Son livre en irritera certains et en ravira d’autres. Mais il restera comme l’une des tentatives les plus ambitieuses, de la part d’un auteur occidental ces dernières années, d’analyser et de mettre au jour les raisons de la faillite du monde arabe.

    Islamiqua

    Etiquettes : Monde arabe, arabe, Islam, corruption, Autoritarisme, autocratie,

  • Le soulèvement des jeunes dans le monde entier : Du Myanmar à la Tunisie

    Nahid Riyasad

    De nombreux commentateurs politiques du monde entier ont déclaré que l’urgence sanitaire a aidé les gouvernements non démocratiques à resserrer leur emprise. Face à un gouvernement répressif, les jeunes du Myanmar, de Tunisie, de Bangkok et de l’Inde voisine sont descendus dans la rue. Nahid Riyasad nous parle du soulèvement de la jeunesse dans le monde.

    La pandémie de COVID-19 a apporté une perturbation indésirable dans le parcours scolaire de plus d’un milliard d’étudiants dans le monde. Cela ne signifie pas pour autant que la jeune génération passe son temps devant l’écran de manière improductive.

    Aux quatre coins du monde, les jeunes descendent inlassablement dans la rue pour protester contre la répression systémique, s’opposer au régime militaire, exiger le rétablissement de la démocratie et combattre les politiques pro-entreprises des gouvernements.

    Bon nombre de ces protestations étaient déjà en cours avant l’apparition du COVID-19 et ce que nous observons aujourd’hui est le résultat des mauvaises décisions politiques et des intentions répressives des États pour faire face à la crise créée par la pandémie.

    MYANMAR

    Après que les militaires du Myanmar ont pris le pouvoir le 1er février 2021, au moins 138 personnes, dont des enfants, ont été tuées lors de manifestations. Plus de 2 100 personnes, dont des journalistes, des militants et des étudiants, ont été arrêtées, selon le groupe de défense Assistance Association for Political Prisoners. Toutefois, des rapports non officiels indiquent que les chiffres sont beaucoup plus élevés.

    L’armée a justifié sa prise de pouvoir en alléguant une fraude électorale généralisée lors des élections générales de novembre 2020, qui ont donné une victoire écrasante au parti de Suu Kyi. Ce n’était que le deuxième vote démocratique depuis que la précédente junte a entamé une série de réformes en 2011.

    Les jeunes générations ont donc vécu dans une atmosphère comparativement plus démocratique que les générations précédentes, ce qui explique la participation massive des jeunes aux manifestations depuis février. En outre, sous forme de désobéissance civile, des milliers de cols bleus et blancs sont dans les rues et perturbent efficacement les services bancaires, les services de santé et l’administration.

    Parmi les manifestants, les groupes de défense des droits des minorités ethniques sont également actifs ; ils se battent depuis longtemps pour une plus grande autonomie de leurs terres et exigent également l’abolition de la constitution de 2008 écrite par les militaires et l’instauration d’une démocratie fédérale.

    La participation massive des jeunes montre qu’ils n’ont pas l’intention de laisser tomber la décennie de réformes politiques, de libéralisation économique et d’avancée vers une démocratie hybride.

    TUNISIE

    C’est le pays qui a lancé le Printemps arabe en 2011 et les jeunes de ce pays d’Afrique du Nord descendent à nouveau dans la rue. Plus d’un tiers de ses jeunes sont au chômage et plus d’un cinquième de sa population vit sous le seuil de pauvreté, selon les registres de l’Institut national des statistiques. Ces facteurs alimentent les protestations des jeunes.

    Les autorités répondent avec force aux protestations afin d’entraver toute chance que 2011 – qui a mis fin au règne de 23 ans de Zine El Abidine Ben Ali – se reproduise. L’armée est déployée dans au moins quatre endroits stratégiques du pays pour étouffer les protestations.

    Les raisons spécifiques de ces protestations généralisées ne sont toujours pas précisées, mais le mécontentement économique des jeunes est au centre de l’affrontement.

    Lors des manifestations qui ont débuté à la fin du mois de janvier, les manifestants ont été vus portant des pancartes avec des mots tels que « L’emploi est un droit, pas une faveur ». Selon les médias locaux, les manifestants sont en colère contre les promesses non tenues du président démocratiquement élu Kaïs Saied et de son gouvernement.

    Les jeunes manifestants utilisent beaucoup les plateformes de médias sociaux pour organiser les protestations. Une tendance similaire chez les jeunes a été observée dans le cas de l’Algérie voisine, où un mouvement de protestation mené par des jeunes a forcé son dirigeant de longue date à quitter le pouvoir en 2019.

    THAILANDE

    Les jeunes THAILANDAIS sont descendus dans la rue pendant la majeure partie de l’année 2020 et ont entamé l’année 2021 avec plus d’intensité. L’aspect le plus unique des récentes manifestations en Thaïlande, auxquelles participent principalement des jeunes et des étudiants, est leur critique publique de la monarchie.

    Les protestations ont été déclenchées par la dissolution du Parti de l’avenir par la Cour constitutionnelle fin février 2020. Ce parti critiquait sérieusement le premier ministre Prayut Chan-o-cha.

    Cette première vague de protestations s’est déroulée exclusivement sur les campus universitaires et a été interrompue par la pandémie de COVID-19. Les protestations ont repris le 18 juillet avec une grande manifestation organisée par l’organisation Free Youth umbrella à Bangkok.

    Les manifestants demandent des réformes de la monarchie, qui est protégée par une série de lois strictes, et dont la violation d’un article peut conduire quelqu’un en prison pour une très longue période. Les jeunes veulent un contrôle du pouvoir et des dépenses financières du roi.

    La demande de mettre fin aux coups d’État militaires – le pays en a connu au moins 20 au cours des dernières décennies – est une préoccupation majeure des manifestants.

    TURQUIE

    Les étudiants de l’université Boğaziçi, l’un des établissements d’enseignement supérieur les plus acclamés de Turquie, ont commencé à protester contre la nomination de leur recteur. Le recteur nommé par l’État, Melih Bulu, est une figure du monde des affaires qui s’est présenté comme candidat parlementaire du parti de la justice et du développement au pouvoir en 2015.

    Cette nomination sert de catalyseur à l’escalade des protestations étudiantes et les jeunes désabusés et sous-employés expriment leurs frustrations à l’égard du gouvernement du président Recep Tayyip Erdoğan.

    La décision de nommer Bulu a été dénoncée comme antidémocratique par les membres de l’université, et largement interprétée comme une tentative du gouvernement d’infiltrer l’une des dernières institutions de gauche du pays. Bulu est le premier recteur choisi en dehors de la communauté universitaire depuis le coup d’État militaire de 1980 en Turquie.

    Des milliers d’étudiants et de jeunes sont descendus dans les rues des grandes villes de Turquie au début du mois de février 2021 pour protester contre cette décision. Les autorités ont arrêté au moins 250 personnes à Istanbul et 69 autres à Ankara, dont la plupart étaient des étudiants, selon les médias locaux.

    Le gouvernement Erdoğan reçoit le soutien des citoyens les plus âgés pour le développement de ses infrastructures, mais les jeunes ont des mentalités différentes. Sans compter qu’après les manifestations, le président a qualifié les manifestants de « terroristes » et de « jeunes LGBT », ce qui n’a fait qu’attiser la colère des manifestants.

    La génération Z de Turquie n’a connu que le gouvernement actuel qui, ces dernières années, a été marqué par l’instabilité politique et les troubles économiques.

    LE MOT DE LA FIN

    Notre pays voisin, l’Inde, a connu l’une des plus grandes manifestations de ces derniers temps – les protestations des agriculteurs. Des millions d’agriculteurs indiens ont commencé à marcher vers la capitale en septembre 2020 contre trois projets de loi récemment adoptés, que les manifestants qualifient de « lois anti-agriculteurs ». Les étudiants et les jeunes militants des droits de l’homme ont soutenu la cause des agricu lteurs et se sont parfois tenus à leurs côtés.

    De vives protestations d’étudiants ont éclaté en février 2021 à Delhi, lorsque les autorités ont arrêté Disha Ravi, une jeune écologiste de Bengaluru, accusée de sédition pour un document en ligne soutenant les protestations des agriculteurs.

    Le gouvernement du Bangladesh observe un programme de 10 jours pour marquer le 50e jour de l’indépendance et le 101e anniversaire du premier président du Bangladesh. Au moins cinq chefs d’État participent à ce programme, dont le premier ministre indien Narendra Modi.

    Les organisations étudiantes de gauche du Bangladesh sont déjà dans les rues pour protester contre les politiques d’extrême droite politique et religieuse de Modi. Sur les médias sociaux, les internautes font valoir que la présence de Modi lors du jubilé d’or de notre indépendance va directement à l’encontre de l’esprit qui nous a poussés à obtenir notre indépendance en 1971.

    En examinant la résistance des jeunes, de l’Afrique à l’Asie du Sud-Est, nous pouvons arriver à un seul point : ils sont contre la répression sanctionnée par l’État. Les jeunes valorisent la liberté par-dessus tout et ne laissent pas le système ou leur État s’emparer d’une partie de leur liberté.

    C’est le seul espoir que les jeunes ont compris la valeur de la liberté et de leur vie et ils sont prêts à tout sacrifier pour protéger leurs droits.

    Nahid Riyasad est membre de l’équipe New Age Youth.

    New Age Youth, 21 mars 2021

    Etiquettes : Jeunesse, démocratie, manifestation, révolution, révolte, dictature, corruption, répression, Tunisie, Algérie, Myanmar,


  • «La CAF est maintenant un département de la FIFA. C’est le moment le plus triste de l’histoire de la CAF.

    Cette fois, l’ambiance est très différente car la manipulation de Zurich est trop évidente.

    Alors que Patrice Motsepe tenait sa conférence de presse, où il a évité toute question difficile, un président d’une association membre qui ne souhaite pas être nommé par peur d’être sanctionné, nous a envoyé ce SMS:

    «La CAF est maintenant un département de la FIFA. C’est le moment le plus triste de l’histoire de la CAF. [Gianni Infantino] a créé un système méchant et très dangereux. Il peut suspendre n’importe qui avec son jouet le Comité d’éthique. Et personne n’ose protester, parce que s’il le fait, il sera suspendu et banni sur la base d’accusations forgées de toutes pièces ou ils installent un comité de normalisation pour vous écarter.»

    Chouounfr.info, 15 mars 2021

    Tags : Gianni Infantino, Patrice Motsepe, FIFA, CAF, corruption,

  • Justice: Quelques leçons de la condamnation de Nicolas Sarkozy

    Le 24 juillet 2020 paraissait le premier tome de “Le temps des tempêtes”. Nicolas Sarkozy ignorait, ce jour-là, s’il ferait face, début mars 2021, à une tempête judiciaire qui le condamnerait à 3 ans d’emprisonnement dont un an ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes.

    Certains, comme le président du parti ‘Les Républicains’, ont jugé la peine “sévère et disproportionnée”. Pour comprendre pourquoi la droite, contre tout bon sens, soutient Sarkozy, il suffit de lire la réaction de ‘Süddeutsche Zeitung’. Pour le quotidien allemand basé à Munich, “l’affaire Sarkozy-Azibert est la preuve que les élites françaises ont pris l’habitude de vivre hors la loi, coupées du monde.”

    D’autres, les plus nombreux, se sont réjouis du verdict car, pour eux, la loi est une pour tous et il est bien loin l’époque où les Parlements de l’Ancien Régime rendaient la justice au nom du roi.

    Que le jugement prononcé le 1er mars 2021 déplaise ou non, une chose est certaine : l’ex président français, qui affirmait, le 26 juillet 2007 à Dakar, que l’homme africain n’était pas assez entré dans l’Histoire (une mauvaise compréhension par Henri Guaino de la phrase d’Aimé Césaire :“Laissez entrer les peuples noirs sur la grande scène de l’Histoire”) dans un discours ne reposant que sur des clichés erronés et éculés, vient d’y entrer de la pire manière qui soit car il est le premier président de la Ve République à qui une telle peine est infligée.

    Un pays sérieux et vraiment démocratique aurait depuis longtemps enfermé Sarkozy, n’aurait jamais accepté qu’il se rende à Abidjan pour assister à l’investiture de quelqu’un qui a violé la Constitution ivoirienne en briguant un 3e mandat.

    Mais, comme le révélait l’historien Emmanuel Todd le 20 janvier 2017, “la France n’est plus une démocratie, on fait tous semblant, on est dans un monde d’illusions, on est dans une comédie, on fait du théâtre, on met en cause la démocratie américaine qui renaît et on fait comme si, nous, on était des démocrates, on est vraiment de gros rigolos quand on met Trump en question.”

    Je doute fort que Sarkozy puisse être mis sous les verrous. Pourquoi ? D’abord, parce que la France a profité et continue de profiter de ce qu’il fit en Côte d’Ivoire, le 11 avril 2011 : faire tuer des milliers d’Ivoiriens par la force française Licorne pour remplacer l’insoumis Laurent Gbagbo par une personne qui offrirait facilement les richesses du pays à l’ancienne puissance colonisatrice.

    Ensuite, parce que le tribunal a plaidé pour une détention à domicile sous surveillance électronique. Ce tribunal devrait pourtant se souvenir qu’en novembre 2015 le même Sarkozy s’était insurgé contre les mesures d’aménagement de peine, qu’en mars 2012 il avait assimilé la non-exécution des peines à une impunité et qu’en novembre 2014 il avait soutenu qu’une personne “qui revient pour la 17e fois devant le tribunal devait être punie pour l’ensemble de son œuvre”.

    Bref, le successeur de Jacques Chirac sera traité moins sévèrement que les Gilets jaunes coupables d’avoir manifesté pacifiquement pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, ce qui prouve une fois de plus que, “selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir” (Jean de La Fontaine).

    Un individu honnête et conséquent avec lui-même aurait exigé que sa peine ne soit pas réduite. Hélas, la cohérence et l’honnêteté n’ont jamais été le fort de Sarkozy. À défaut de le voir derrière les barreaux, on devrait savoir gré aux juges d’avoir humilié ce “délinquant chevronné”, tout comme le destin humilia, il y a quelques années, les Goodluck Jonathan, Blaise Compaoré, Toumani Touré, Abdoulaye Wade, Raïla Odinga, François Fillon, Alain Juppé, François Hollande, Manuel Valls et d’autres aventuriers en mettant subitement fin à leur carrière politique.

    Mais la plus grande humiliation, pour Sarkozy, restera son assignation à résidence avec un bracelet électronique au moment où Laurent Gbagbo se prépare à retrouver la terre de ses ancêtres. Une humiliation que n’a pas réussi à effacer son passage sur TF1, le mercredi 3 mars 2021.

    Sur la chaîne de télévision majoritairement détenue par le groupe industriel Bouygues, Sarkozy se victimisa, accusa la justice de harcèlement avant d’assurer qu’il ne baisserait pas la tête, qu’il se battrait jusqu’au bout pour le triomphe de la vérité et qu’il était blanc comme neige.

    Il avait fait de même le 22 mars 2018 avec la même hargne mais son plaidoyer n’avait convaincu personne. Jérôme Cahuzac s’était défendu, lui aussi, d’avoir trahi la confiance des Français jusqu’à ce que le site ‘Mediapart’ le confonde avec des preuves et que l’ancien ministre du Budget de F. Hollande reconnaisse qu’il avait un compte caché en Suisse.

    Que Sarkozy mente avec le même aplomb que l’imposteur qu’il installa à la tête de notre pays, qu’il ait de puissants amis comme Bouygues qui complaisamment le laisse fanfaronner sur un plateau de télévision, qu’il milite ouvertement pour une réduction de la population africaine. Qu’il gesticule ou qu’il profère des menaces contre les juges qui l’ont condamné à un an ferme d’emprisonnement, le 1er mars 2021, tout cela n’a aucun intérêt pour les Africains qu’il insulta et méprisa proprement dans la capitale sénégalaise dans un discours où l’ignorance le disputait à l’arrogance.

    La seule chose qui devrait nous intéresser, c’est la signification de la décision prise par la 32e chambre du Tribunal correctionnel de Paris. À mon avis, cette décision signifie, premièrement, que Sarkozy n’a pas dit la vérité aux Français en accusant les juges d’acharnement contre sa personne.

    Elle veut dire, en second lieu, qu’il pourrait ne pas participer à la présidentielle de 2022 s’il en avait l’intention. Elle prouve enfin qu’un ancien président peut être jugé et condamné. Ici, je voudrais faire deux remarques.

    La première, c’est de dire aux Ivoiriens qu’ils devraient emboîter le pas à la justice française en portant plainte, là où cela est possible, contre Sarkozy pour destruction de biens et de vies humaines en avril 2011. La seconde remarque concerne les peuples africains.

    La condamnation de Sarkozy est une perche que leur tend l’Histoire. Saisir cette perche, c’est demander des comptes aux anciens chefs d’État coupables d’enrichissement illicite et de crimes contre l’humanité. Qu’ils vivent dans leur pays ou qu’ils se cachent en Occident, les dictateurs et criminels doivent faire face à la justice.

    Sarkozy, qui traîne de nombreuses casseroles, semble n’en avoir pas fini avec celle de son pays puisqu’il doit comparaître, le 17 mars 2021, dans le procès de l’affaire “Bygmalion” portant sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012.

    Celui qui se prenait pour un demi-dieu, qui affichait morgue et mépris, qui faisait montre de condescendance et de suffisance, qui était fier d’avoir fait assassiner le colonel Kadhafi et enlevé Laurent Gbagbo du pouvoir pour y installer son ami Ouattara, n’avait pas compris cette vérité simple mais éternelle : on ne peut être fort éternellement car, pour tout mortel, arrive tôt ou tard le temps des tempêtes.

    Une contribution de Jean-Claude DJEREKE

    Ivoirebusiness.net, 17 mars 2021

    Tags : Nicolas Sarkozy, corruption, Bygmalion,