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  • Algérie/ Les modalités de l’ouverture des frontières attendues cette semaine

    Aussitôt annoncée, l’information sur l’ouverture partielle des frontières de l’Algérie a été largement partagée et commentée. La diaspora algérienne, qui a tout de suite exprimé son soulagement, s’interroge sur les modalités précises de cette réouverture, lesquelles n’ont pas encore été communiquées.

    Suis-je concerné ? Puis-je acheter un billet d’avion tout simplement et remplir les conditions pour pouvoir rentrer en Algérie ? Dois-je réserver mon billet chez Air Algérie ou peu importe la compagnie ? Telles sont, entre autres, les questions que se posent les Algériens installés dans plusieurs pays du monde.

    Si certains se montrent prudents et attendent plus de détails sur la gestion de cette réouverture des frontières, qui devraient être communiqués ces jours-ci, d’autres s’organisent déjà pour pouvoir rentrer en Algérie. «J’ai déposé mon congé qui m’a été accordé et j’ai réservé mon billet d’avion auprès d’une compagnie étrangère pour la mi-juin», a indiqué au Jeune Indépendant un ressortissant algérien établi en France qui n’a pas pu assister aux funérailles de son père, décédé l’été passé. «Mais je ne sais pas si cette compagnie va être autorisée à effectuer des vols vers l’Algérie où est-ce qu’il faudra exclusivement réserver auprès de la compagnie nationale ?», s’est-il interrogé.

    Concernant son choix pour cette compagnie, il a affirmé avoir voulu réserver chez Air Algérie mais l’agence était encore fermée au lendemain de l’annonce des autorités algériennes. D’autres, par contre, préfèrent patienter. «J’ai effectué une réservation mais je n’ai pas validé mon billet.

    Je crains que la compagnie pour laquelle j’ai opté ne soit pas autorisée à effectuer des vols vers l’Algérie», a confié au Jeune Indépendant une Algérienne qui n’arrive pas à démêler le vrai du faux quant au déroulement de cette reprise des vols, et ce en l’absence d’informations officielles. «Sur les réseaux sociaux, notamment sur des groupes créés depuis la fermeture des frontières et dédiés au partage d’avis et d’informations, on parle beaucoup sur ce sujet. Je suis vraiment dans le flou», a-t-elle révélé, préférant attendre les jours à venir pour être fixée.

    Elle n’a cependant pas caché son appréhension de voir à nouveau instaurer des autorisations d’entrée en Algérie. Un dossier qui a, rappelons-le, créé la polémique. D’autres interrogations sont également soulevées par les ressortissants algériens concernant les cinq vols prévus par jour, à partir du 1er juin, à destination et en provenance des trois villes : Alger, Constantine et Oran. Est-ce cinq vols pour toutes les destinations ou cinq pour chaque pays ? Les personnes vaccinées contre le coronavirus sont-elles concernées par le double dépistage ?

    Du côté des compagnies de transports des voyageurs, on attend aussi les détails sur le déroulement de cette reprise. La direction de la communication de la compagnie a tenu à démentir, hier, le programme des vols qui circule sur les réseaux sociaux, le qualifiant de Fake news, dégageant sa responsabilité dans cette diffusion.

    Les détails sur l’entrée via les frontières terrestres et maritimes ne sont pas encore connus. La seule chose qui est certaine, c’est l’accompagnement de cette reprise de la circulation des personnes par des conditions sanitaires très strictes, comme énoncées par le comité scientifique, dans le but de lutter contre la propagation du coronavirus mais surtout les nouveaux variants.

    Le Jeune Indépendant, 18 mai 2021

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  • Algérie/ La valse-hésitation – Espoirs et frustrations de la réouverture partielle des frontières

    La compagnie nationale Air Algérie a officiellement demandé à sept pays d’ouvrir leur espace aérien à ses avions et de programmer des vols vers leurs aéroports.

    Attendue depuis des mois, la réouverture des frontières a été grandement saluée par les Algériens. Certes, la réouverture se fera de manière progressive à partir du 1er juin avec «un plan de cinq vols quotidiens de et vers les aéroports d’Alger, de Constantine et d’Oran». Une décision lourde de conséquences aussi bien pour la compagnie nationale Air Algérie que pour l’économie en général. Selon le communiqué ayant sanctionné le Conseil des ministres, cette réouverture est conditionnée par «l’obligation de présenter un test PCR de moins de 36 heures pour chaque voyageur». Une réouverture à même de soulager des millions d’Algériens, notamment ceux bloqués à l’étranger depuis plus d’une année d’attente, suite à la décision de la fermeture des frontières prise en mars 2020.

    Toutefois, le rapatriement des Algériens à l’étranger et l’entrée des voyageurs sur le sol du pays seront encadrés par la présentation d’un test PCR négatif de moins de 36 heures. Un test antigénique sera également pratiqué à l’arrivée en Algérie. Les personnes testées positives seront soumises à une quarantaine de 10 jours dans un hôtel aux frais des voyageurs. ce sujet, le professeur Riad Mahyaoui, membre du Comité scientifique chargé de la lutte et du suivi de la pandémie de Covid-19 en Algérie, a assuré, hier, sur la chaîne privée, Ennahar TV, que la priorité sera donnée aux Algériens encore bloqués à l’étranger. «Il y a des cas prioritaires. Les premiers vols seront, en principe, destinés pour ceux qui sont bloqués depuis mars 2020», a-t-il soutenu. Concernant les personnes en provenance de pays connus pour leur forte propagation du virus «celles-ci seront soumises à des mesures plus strictes: après le confinement de 10 jours, elles devront subir des examens médicaux approfondis», a précisé le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid. Une aubaine pour la compagnie nationale Air Algérie contrainte de clouer ses avions au sol depuis la fermeture des frontières et la suspension des vols commerciaux, décidées le 17 mars 2020, et dont le manque à gagner avoisine les 450 millions de dollars, soit l’équivalent de 60 milliards de dinars durant toute la période de confinement.

    Dans ce contexte, la direction d’Air Algérie a demandé, officiellement, à sept pays d’ouvrir leur espace aérien aux avions algériens et de programmer des vols vers leurs aéroports. Selon des sources, ces pays sont la France, le Canada, l’Espagne, les Émirats arabes unis, la Belgique, la Turquie et l’Angleterre. Un choix dicté par le nombre d’Algériens y résidant, en plus d’être les destinations les plus recherchées. Outre les répercussions socio-économiques positives, cette réouverture accélérera la campagne de vaccination contre la pandémie de coronavirus. Avec la réouverture des frontières, à coup sûr que la demande surpassera l’offre en raison du flux de voyageurs aspirant à changer d’air. D’où l’impératif d’accélérer la vaccination.

    À ce sujet, Abderrahmane Benbouzid s’est voulu rassurant en affirmant que «nous allons accélérer la vaccination en mai. Nous espérerons aussi recevoir des doses en juin».

    Actuellement, seules quelques milliers de personnes ont été vaccinées depuis janvier, en attendant la production du Spoutnik V en Algérie. Sur un autre plan, cette réouverture aura certainement un impact sur la relance économique compromise dans son volet partenariat.

    Une réouverture à même de booster l’attraction des IDE et le transfert des technologies. Dans ce sillage, il y a lieu de signaler l’impact de cette réouverture sur le marché noir de la devise et ses conséquences sur le taux de change qui risque de s’enflammer davantage. En fait, la réouverture des frontières est une invite à la reprise de certaines activités de l’informel.

    L’Expression, 18 mai 2021

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  • Fin de calvaire ?

    Le Conseil des ministres réuni hier a entériné la décision de procéder, prochainement, à la réouverture des frontières aériennes et terrestres et maritimes pour permettre le retour en Algérie à des milliers de nos compatriotes bloqués depuis des mois voire une année pour certains, dans différents pays étrangers. Ces malheureuses personnes qui vivent un véritable calvaire vont sans doute pousser un ouf de soulagement de pouvoir rentrer enfin chez elles. Et comment ! Il y a des histoires personnelles à vous glacer le sang tellement elles sont insoutenables. Songez donc à ces Algériennes et Algériens qui n’ont même pas eu la chance de rendre un ultime hommage à leurs parents ou proches faute de pouvoir rentrer au pays…

    Pas facile en effet de supporter un tel chagrin vécu par des centaines de personnes qui ont dû prendre leur terrible mal en patience et se résoudre à accepter, la mort dans l’âme, cette douloureuse épreuve de perdre un proche sans même assister à son enterrement. C’est assurément une double peine pour ces compatriotes forcés à se débrouiller seuls et trouver des moyens de subsistance pour de longs mois. Il faut vivre ces péripéties pour comprendre l’insoutenable attente de nos concitoyens bloqués dans des ailleurs pas du tout meilleurs en ces temps de montée en flèche des courbes du Covid-19.

    L’Etat qui a fait un effort colossal au début de la pandémie en ouvrant quasiment un pont aérien vers des pays où réside une communauté algérienne a manqué à son devoir de « secourir » les contingents partis à l’étranger après la fameuse réouverture des frontières en juillet dernier dans le sillage de la décrue de la pandémie, au prétexte qu’il y avait menace sur la sécurité sanitaire du pays.

    L’Etat a certes raison de se soucier de notre santé mais il a aussi le devoir de ramener chez eux les Algériens bloqués et sans ressources à l’étranger. Il y va de la citoyenneté mais aussi de la réputation du pays. Il lui suffira de leur exiger des tests PCR avant d’être embarqués. Faut-il souligner que des ouvriers chinois et indiens arrivent presque chaque semaine à bord d’autres compagnies aériennes à l’instar de Qatar Airways et d’Emirats pour les besoins des chantiers des travaux publics et du logement ? Pourquoi donc ce qui est valable pour les étrangers ne le serait pas pour les Algériens ?

    L’apparition du variant indien du Covid-19 chez nous n’aurait d’ailleurs jamais eu lieu si ces travailleurs n’avaient pas été ramenés par groupes depuis leur pays infesté par le terrible virus. Souhaitons donc que le calvaire des algériens bloqués prenne fin le plus tôt possible.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 17 mai 2021

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  • Le Maroc investit dans les sites historiques pour sauver le tourisme

    La nouvelle stratégie des autorités marocaines tend à faire découvrir aux touristes nationaux et étrangers les magnifiques sites culturels et historiques situés dans plusieurs villes du Royaume. Pour beaucoup, le tourisme culturel pourrait servir de nouvelle locomotive au tourisme national.

    En ces temps difficiles marqués par une pandémie dévastatrice, le tourisme national est plongé depuis plus d’un an dans une profonde crise économique qui risque de réduire considérablement son rôle dans l’économie nationale.

    Autrefois considéré comme la deuxième source de devises pour le Royaume, il est aujourd’hui relégué au rang de simple secteur économique qui doit se tourner vers les touristes nationaux pour compenser la perte des touristes étrangers. Or, les Marocains ont toujours été écartés des offres commerciales des opérateurs touristiques.

    Une situation foncièrement grotesque étant donné que le Royaume est non seulement doté d’atouts naturels considérables mais regorge également de monuments historiques et culturels fascinants à découvrir par nos concitoyens. La nouvelle stratégie des pouvoirs publics consiste à encourager les Marocains à voyager et à découvrir leur propre pays à travers les sites historiques.

    Si tout le monde peut connaître son potentiel balnéaire, généreusement alimenté par deux belles façades maritimes (Atlantique et Méditerranée), un soleil omniprésent tout au long de l’année et un climat continental agréable à vivre, beaucoup ignorent ses nombreux atouts culturels représentés par des sites historiques d’une beauté légendaire, légués dans plusieurs villes par les anciennes civilisations dynastiques qui ont marqué l’histoire riche et époustouflante du pays. Le dernier événement en date à Tanger, portant sur la réhabilitation des arènes, montre comment le tourisme culturel pourrait servir de nouvelle locomotive et même de formidable tremplin au tourisme national. Les arènes de Tanger, historiquement appelées Plaza Toro, sont en effet sur le point d’être entièrement réhabilitées à l’initiative des autorités de la ville, qui voient dans ce projet un pas vers la dynamisation du tourisme culturel.

    Le projet de réhabilitation de la Plaza Toro, qui s’appuie sur le capital patrimonial pluriel de la ville de Tanger pour en faire un levier de développement socio-économique et culturel, s’inscrit dans le cadre d’une convention de partenariat signée récemment entre l’Agence pour le développement du Nord, la Wilaya de la région, le Conseil régional et la Mairie de Tanger, avec un budget prévisionnel s’élevant à 50 millions de dirhams. La Plaza Toro est un monument emblématique qui reflète la pluralité du patrimoine de la ville.

    Compte tenu de cette importance, une consultation architecturale a été organisée pour impliquer le plus grand nombre d’architectes autour de la réflexion sur le patrimoine de la ville et pour encourager l’approche créative et innovante de l’intégration du patrimoine dans la dynamique économique de Tanger. Ce projet concerne le réaménagement de la Plaza Toro, afin de préserver l’aspect historique et architectural du bâtiment.

    L’espace dans sa nouvelle version pourra accueillir de grands événements, tels que des cirques, des pièces de théâtre, des concerts et des concours. La Plaza Toro sera transformée en un espace d’activités économiques, culturelles et artistiques, avec un programme diversifié comprenant une salle de spectacle de 7 000 places pour un large éventail d’arts de la scène, ainsi qu’un espace d’exposition, de restauration et de commerce.

    D’autres sites historiques sont certes connus mais malheureusement pas du tout exploités sur le plan touristique alors qu’ils sont parmi les plus anciens de l’histoire du Maroc. C’est le cas de la cité antique de Volubilis, dans la région de Meknès, qui est probablement considérée comme le plus important site archéologique du Maroc.

    Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle a été fondée au troisième siècle avant J.-C., puis occupée par les Romains en 44 de notre ère. Les bâtiments les mieux préservés sont le temple du Capitole, la basilique et l’arc de triomphe.

    Bien que méconnue, Volubilis est le rare témoin d’une période très importante de l’histoire du Maroc. Dans le même registre, Chellah, près de Rabat, vit le même abandon. Mais pas au même niveau que Volubilis, selon les experts. Contrairement à Volubilis, Chellah, également classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est un site très fréquenté par les visiteurs.

    Au sud, Marrakech, bien qu’étant une destination touristique majeure pour les nationaux et les étrangers, ne semble pas avoir bâti sa réputation sur ses sites archéologiques, qui se comptent par dizaines dans une cité impériale parmi les plus anciennes du Royaume. La ville n’est pas connue pour ses vestiges. En revanche, elle abrite quelques-uns des plus beaux monuments de l’époque saadienne.

    Au sud de la médina, près du quartier de la Kasbah, se trouvent le palais Badii et les tombeaux saadiens. Bien qu’il soit en ruines, le palais impressionne par son immensité. Quant aux tombes saadiennes, elles sont malheureusement dans un état lamentable, totalement abandonnées, victimes d’une politique de grande négligence et de l’absence d’une stratégie de rénovation audacieuse.

    Mais une source autorisée au sein de la mairie de Marrakech précise qu’un programme de réhabilitation des monuments de la ville est en cours d’élaboration. Il verra probablement le jour au début de l’année prochaine avec l’aide d’autres administrations, dont le ministère de la Culture.

    En attendant, il semble que le tourisme culturel n’ait pas encore réussi à constituer une force pour tirer le tourisme national vers le haut. Un espoir encore lointain qui nécessite une réelle volonté politique de développer ce type de tourisme dans le pays.

    Tourism review, 16 mai 2021

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  • Réouverture partielle des frontières début juin prochain

    ALGER- Fermées au grand public depuis le 17 mars 2020 pour lutter contre la propagation du coronavirus, les frontières nationales seront rouvertes, partiellement, dès début juin, au grand bonheur des membres de la communauté nationale établie à l’étranger pour qui le mal de l’Algérie se fait terriblement sentir.

    Le 17 mars 2020, le président de la République décrétait, dans un discours à la nation, la fermeture de toutes les frontières terrestres avec les pays voisins avec l’éventualité d’autoriser des déplacements de personnes dans des cas exceptionnels, de commun accord avec les gouvernements des pays concernés.

    Le chef de l’Etat avait également annoncé la suspension immédiate de tous les vols de et vers l’Algérie, à l’exception des avions cargos ne transportant aucun voyageur.

    Il a décidé, en outre, la fermeture immédiate de la navigation maritime, à l’exception des navires de charge transportant des marchandises et des biens.

    La décision de fermeture des frontières a été prise au terme des consultations avec le Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du Coronavirus (Covid-19) et l’autorité sanitaire, et dans le cadre d’une série de mesures arrêtées au titre du dispositif de gestion de la crise sanitaire liée à la pandémie du Coronavirus.

    Critiquée par certains ressortissants algériens établis à l’étranger, la mesure de fermeture des frontières a été saluée, en revanche, par les spécialistes qui ont soutenu que le maintien de cette mesure « a permis à l’Algérie de freiner la propagation de la pandémie ».

    Le chef de service « Infectiologie » de l’hôpital de Boufarik, Dr Mohamed Yousfi, également président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), avait plaidé pour la « prudence » à l’arrivée des voyageurs de l’étranger, relevant que de nombreux pays était contraints de réinstaurer un confinement strict après un bond des cas et des décès suite à la levée des restrictions de voyage.

    Toutefois, des milliers d’Algériens bloqués à l’étrangers ont été rapatriés durant cette période et d’autres ont été autorisés à rentrer en Algérie pour « motifs impérieux ».

    Un premier vol de rapatriement a été organisé dès début février 2020 sur instruction du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour évacuer des étudiants algériens établis à Wuhan (Chine), premier foyer mondial de la pandémie.

    Ce vol a été suivi par de nombreux autres vols de rapatriement. En effet, un dispositif a été mis en place pour le rapatriement des ressortissants algériens bloqués à l’étranger.

    Jeudi dernier, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, avait indiqué que le Comité scientifique de suivi de la lutte contre le coronavirus a émis des recommandations pour permettre aux ressortissants algériens et aux étrangers d’entrer au pays, mais dans le respect de mesures très strictes pour protéger les citoyens contre la Covid-19 notamment les nouveaux variants.

    « Les personnes entrant en Algérie, ressortissants ou étrangers, devront présenter, à leur arrivée, un test PCR de moins de 36 heures, et se soumettre à des tests que nous estimons fiables », a-t-il souligné.

    Et de poursuivre que « les sujets négatifs seront autorisés à entrer et seront informés des recommandations et consignes à suivre. Les sujets positifs seront, quant à eux, soumis à un confinement de 10 jours », précisant que les frais du confinement et des examens subis à l’arrivée seront à la charge du concerné.

    Quant aux voyageurs en provenance de pays où les variants sont très répandus, ils « seront soumis à d’autres examens ».

    APS, 16 mai 2021

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  • L’Algérie dénonce le chantage de pfizer-Il a imposé des conditions « inacceptables »

    Pour la première fois depuis le début de la campagne de vaccination en Algérie, le ministre de la Santé est allé loin lorsqu’il a expliqué la lenteur de l’opération, en raison de l’insuffisance des quantités de vaccins reçus. « Il y a une tension dans le monde, il y a même eu des situations conflictuelles », a-t-il révélé. « L’acquisition du vaccin n’est plus du ressort du ministère de la Santé, qui demeure tout de même habilité a en identifier la nature, s’il est qualifié et enregistré ; mais aussi par rapport aux recommandations du comité scientifique et la corporation médicale, mais elle dépend beaucoup plus des efforts diplomatiques », a notamment indiqué Abderrahmane Benbouzid. Et si les commandes n’aboutissent pas comme c’est toujours le cas, l’Algérie est obligée d’actionner sa diplomatie.

    « Si la commande ne parvient pas, on fait intervenir la partie diplomatique, bien entendu, le ministère des Affaires étrangères, le Premier ministre et pourquoi pas le président de la République pour mettre le poids de la dimension politique vis-à-vis de certains pays avec lesquels nous avons d’ailleurs des relations stratégiques, j’entends par là, la Chine ou la Russie », a-t-il souligné. Abordant le cas de Pfizer, il a déclaré que le géant pharmaceutique, a imposé à l’Algérie des conditions préalables à la fourniture de vaccins ».

    Ces conditions ont été jugées inacceptables par l’Algérie. Selon l’hebdomadaire parisien, Jeune Afrique, la filiale française de Pfizer a indiqué qu’elle n’est pas concernée par les propos de Benbouzid. « En novembre 2020, nous avons convenu d’un accord avec Pfizer, mais il nous a mis dans une situation que nous ne pouvions pas accepter, dans la mesure où il nous a demandé d’acheter un certain nombre de vaccins, de payer d’avance et d’exonérer totalement Pfizer de toutes poursuites dans le cas où le vaccin aurait des travers. Nous ne l’avons pas accepté, nous ne l’accepterons toujours pas », a-t-il soutenu.

    Devant cette situation, l’Algérie va certainement compter sur les Chinois et les Russes, pour s’approvisionner en vaccins. Elle a déjà reçu plus de 600 000 doses (Sinopharm, AstraZeneca et Sputnik V), en attendant l’entrée en production de l’usine Saidal de Constantine. D’ici là, l’Algérie continue d’enregistrer de nouveaux cas confirmés de coronavirus. 377 nouvelles contaminations et 10 décès ont été enregistrés durant les dernières 48 heures, portant le nombre total des cas confirmés depuis l’apparition de l’épidémie dans le pays à 125 060 et celui des décès à 3 360.

    Selon le bilan fourni hier par le porte-parole du comité scientifique, concernant les dernières 24 heures, 23 patients sont actuellement en soins intensifs, alors que 19 wilayas n’ont recensé aucun cas durant les dernières heures, 21 autres ont enregistré de 1 à 9 cas, alors que 8 wilayas ont recensé plus de 10 cas. Le ministère de la Santé rappelle, par la même occasion, que la situation épidémiologique actuelle exige de tout citoyen vigilance et respect des règles d’hygiène et de distanciation physique, tout en insistant sur le respect du confinement et du port du masque.

    Mohamed Mebarki

    L’Est Républicain, 16 mai 2021

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  • Algérie/ Eclaircie à l’horizon

    par Abdelkrim Zerzouri

    On marche sur des œufs autour de cette éventuelle réouverture des frontières, fermées depuis 14 mois. Les dernières déclarations du ministre de la Santé laissent clairement entendre que l’Algérie va, enfin, autoriser l’entrée des Algériens et des étrangers sur le territoire national, dans le cadre de mesures très strictes, dont l’exigence d’un test PCR pour les passagers, au plus 36 heures avant le départ de leur vol et un autre antigénique à l’arrivée, ainsi que d’autres dispositions pour les cas positifs ou provenance de pays connus pour leur forte propagation du virus, mais point d’autres explications. Quand ? La question reste sans réponse précise.

    Le Comité scientifique a donné un avis pour permettre aux ressortissants algériens et aux étrangers d’entrer au pays dans le cadre de mesures très strictes pour protéger les citoyens contre la Covid19, notamment les nouveaux variants, mais la décision reste entre les mains des autorités politiques. Même le ministre de la Santé ne s’aventurera pas à avancer une quelconque date pour la réouverture des frontières, laissant vaguement entendre que cela se fera «prochainement». Idem pour la compagnie nationale, qui garde un mutisme total sur le programme de ses vols, en cas de réouverture des frontières. Quoique sur ce plan, des avis unanimes estiment que la vitesse de croisière ne serait pas atteinte de sitôt, et qu’il faudrait dans ce cadre prévoir qu’un redémarrage du trafic aérien se ferait progressivement, avec des vols forts limités dans les premières semaines. Certainement qu’il s’agit d’une décision de souveraineté nationale, entre les seules mains du président de la République, qui devrait trancher dans le vif de la question sur la base des conclusions des experts du Comité scientifique, des conclusions qui donnent le feu vert sous conditions. En fait, le suspense perdure encore.

    Cette annonce est-elle faite hâtivement, avant que la question ne soit traitée sous tous ses angles pour donner lieu à une vision claire, pour faire baisser la tension chez les membres de la communauté algérienne établie à l’étranger, qui ont exprimé leur colère face à cette interdiction d’entrée sur le territoire et ont multiplié dans ce sens, avec insistance, la demande de la réouverture des frontières du pays ?

    Effectivement, l’annonce du ministre de la Santé, concernant une prochaine réouverture des frontières, est accueillie comme une bonne nouvelle, aussi bien pour les Algériens et les étrangers, qui attendent depuis des mois pareille mesure, que pour les compagnies aériennes, nationale et étrangères. De toute évidence, l’Algérie ne peut pas garder ses frontières fermées dans un monde qui bouge et qui se dirige vers plus de souplesse sur le plan des voyages internationaux, mieux encore vers une ouverture, sans conditions, aux voyageurs vaccinés. Alors, serait-on fixé sur la date de la réouverture des frontières, ce dimanche, à l’issue de la tenue du Conseil des ministres ?

    Le Quotidien d’Oran, 16 mai 2021

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  • Peut-on faire autrement en Algérie?

    L’après Aïd El Fitr ouvre la voie à une période d’accalmie d’une courte durée, puisque la dépense de Aid El Adha pointe à l’horizon. Mais qu’à cela ne tienne. Cette fête apporte sa joie et les préparatifs de l’été qui frappe à la porte apaise les esprits, d’autant qu’il apporte lui aussi son lot de bonnes nouvelles. Et sur la petite liste d’évènements qui font plaisir aux Algériens il y a, bien entendu, le comportement tout à fait correct du pétrole sur les marchés internationaux.

    Même si la dépréciation de la monnaie nationale et l’envolée des prix des produits alimentaires locaux ont grevé le budget des ménages, les observateurs estiment que les effets de cette double «punition» s’estomperont dans les semaines à venir en raison, estiment-ils, des performances inattendues de l’or noir. En ces temps d’incertitudes financières internationales, l’Algérie rattrape un peu des pertes qu’elle a subi à cause des crises sanitaire et économique.

    Mais cette perspective intéressante appelle néanmoins une résurgence des mouvements sociaux. Le pays en a eu un avant-goût pendant le Ramadhan, avec la grève dans l’Éducation et le coup de colère des agents de la Protection civile. Les travailleurs d’autres secteurs ne manqueront pas de joindre leur voix à celles des protestataires, maintenant qu’il est théoriquement possible de satisfaire certaines revendications salariales dans la fonction publique. Il faut croire que face à un gouvernement, pas assez réactif, mais surtout sur le départ, la partie ne sera pas facile.

    Mais la pression fiscale, les enjeux électoraux, régionaux et internationaux, le besoin vital d’une paix civile, censée favoriser l’installation d’une démocratie effective fera faire à ce gouvernement et au prochain, issu des prochaines élections législatives, des dépenses supplémentaires pour maintenir un équilibre précaire. C’est dire donc que la bonne nouvelle n’en n’est pas réellement une, puisqu’elle servira plus à clamer le front social qu’à relancer l’économie. On aura donc compris que globalement les Algériens savent, grâce aux rubriques économiques des chaînes toutes info, la courbe des cours du pétrole et n’en démordent pas. Ils savent d’où vient l’argent et veulent leur part. Ils ont raison et tort à la fois en maintenant une pression permanente sur un exécutif qui se voit obligé de toujours nourrir la vache à lait des subventions. Mais peut-on faire autrement en Algérie ?
    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 16 mai 2021

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  • L’Algérie desserre l’étau-Elle rouvre partiellement ses frontières

    Walid AÏT SAÏD

    Les Algériens et les étrangers seront autorisés à rentrer dans le pays. Néanmoins, cela se fera désormais sous des conditions très strictes afin d’éviter l’importation de nouveaux cas de variants du coronavirus.

    Bonne nouvelle pour les Algériens encore bloqués à l’étranger. Ils pourront bientôt regagner le pays. En effet, l’Algérie a décidé de rouvrir partiellement ses frontières, en autorisant, notamment les vols de rapatriement. C’est ce qu’a annoncé, jeudi dernier, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid.

    En visite à l’hôpital de Boufarik, pour le premier jour de l’Aïd El Fitr, il a fait savoir que le Comité scientifique avait proposé l’allégement des restrictions aux frontières. «Nous avons mené une étude et donné des instructions, selon les orientations du Comité scientifique, en vue d’autoriser prochainement l’entrée des Algériens sur le territoire national», a soutenu le ministre en marge de sa visite au ser-vice des maladies infectieuses à l’Etablissement hospitalier de Boufarik. Les Algériens ne sont pas les seuls qui pourront rentrer au pays. Benbouzid fait savoir que les étrangers ayant des obligations professionnelles dans le pays seront aussi autorisés à franchir les frontières du pays. Un retour donc à la même situation qui prévalait avant mars 2021, et la re-fermeture presque totale des frontières. Ce qui va, néanmoins, changer est le fait que des conditions plus strictes seront imposées à ces voyageurs. «Les personnes entrant en Algérie, ressortissants ou étrangers, devront présenter, à leur arrivée, un test PCR de moins de 36 heures, et se soumettre à des tests que nous estimons fiables», a souligné le ministre. «Les sujets négatifs seront autorisés à entrer et seront informés des recommandations et consignes à suivre. Les sujets positifs seront, quant à eux, soumis à un confinement de 10 jours», a-t-il soutenu. Cependant, les frais de ce confinement ne seront plus à la charge de l’État.

    «Les frais du confinement et des examens subis à l’arrivée seront à la charge du concerné», a-t-il averti insistant sur le fait que cela avait pour but d’éviter l’importation de nouveaux variants. Mais ces mesures sont-elles suffisantes, particulièrement pour les voyageurs venant des pays à risque? Surtout que le premier responsable de la santé annonce que 15 nouveaux cas du très virulent variant indien ont été détectés dans le pays. «13 cas du variant indien du coronavirus ont été enregistrés dans le Sud du pays et un autre cas à Tizi Ouzou», a-t-il révélé. Ce qui porte le total à 20 cas. Il faut ajouter à cela plus de 200 cas des variants britanniques et nigérians. Ce qui a failli mener le pays vers une troisième vague des plus incontrôlables.

    Afin d’éviter le «remake» de ce triste épisode, le Comité scientifique veut que les voyageurs des pays à risques soient soumis à des mesures encore plus «dures». «Les voyageurs en provenance de pays où les variants sont très répandus, seront soumis à d’au-tres examens, sachant que les symptômes n’apparaissent pas systématiquement dès le début de la contamination», a rassuré le ministre de la Santé. Les services sanitaires aux frontières ainsi que la PAF devront donc redoubler de vigilance pour tracer l’itinéraire de ces voyageurs. Surtout que la majorité de ceux qui viennent des pays classés rouges arrive à travers des escales de pays où la situation sanitaire est plus stable. De l’aveu même du ministre, les différents variants sont «rentrés au pays» avec des travailleurs indiens et chinois qui travaillent dans des bases de vie au Sahara et dans d’autres régions du pays. Ces derniers ont fait escale dans des pays du Moyen-Orient, dont les compagnies aériennes continuent d’opérer des vols vers l’Algérie.

    Enfin, Abderrahmane Benbouzid a freiné les «ardeurs» de ceux qui pourraient croire que ces allégements sont les prémices d’un retour normal des entrées et sorties du territoire. «La réouverture des frontières relève des prérogatives du président de la République, Abdelmadjid Tebboune», a-t-il conclu avec ce qui semble être un message clair et net…

    L’Expression, 15 mai 2021

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  • Keina Espiñeira : « Le Maroc a utilisé la pandémie pour exercer une pression accrue sur Ceuta et Melilla ».

    L’expert en migration analyse les réformes « silencieuses » du Maroc en pleine pandémie et leur impact sur les flux migratoires.

    Entre 2019 et 2020, le nombre de demandeurs d’asile au Maroc a augmenté de 25 %, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). À cela s’ajoute la crise provoquée par la pandémie, qui a plongé le pays dans la plus grave récession économique depuis 1948. Si le scénario actuel met en évidence une « explosion de la pauvreté », comme le souligne Le Monde Afrique, l’importance géopolitique du Maroc dans le détroit de Gibraltar ne cesse de croître. En fait, les événements récents laissent entrevoir une romance entre les États-Unis de Trump et la monarchie alaouite en échange d’une reconnaissance mutuelle d’Israël par le Maroc et du Sahara occidental par ce dernier. Depuis 2014, l’Union européenne (UE) a injecté 343 millions d’euros dans les programmes de gestion de la migration au Maroc, mais tout semble indiquer que la monarchie alaouite joue ses cartes avec deux poids, deux mesures : elle brandit un discours où les droits de l’homme (DH) semblent être une coalition dans ses politiques internes en même temps qu’elle exécute des raids pour contrôler les migrants et des expulsions de militants et de journalistes.

    Keina Espiñeira (La Corogne, 1983) est une chercheuse spécialisée dans la migration à la frontière entre l’Espagne et le Maroc, une productrice de films documentaires et une militante. Sa carrière est caractérisée par la présence de théories postcoloniales, de géographies politico-culturelles et d’expressions artistiques aux frontières de la Méditerranée. Dans cet entretien réalisé par vidéoconférence, Mme Espiñeira donne plusieurs clés pour comprendre l’histoire de la frontière sud de l’Espagne et les tendances qui définiront les frontières du futur.

    Question : Le titre de sa thèse est : « Paisajes migrantes en la frontera estirada. Pourquoi avez-vous choisi le Maroc comme l’un des points centraux de votre travail universitaire ?

    Réponse : À Madrid, je me suis beaucoup intéressé aux récits postcoloniaux, à l’orientalisme d’Edward Said et aux théories de la postcolonialité avec Walter Mignolo et Aníbal Quijano d’Amérique latine. J’évoluais dans le domaine des discours et j’avais besoin d’un contrôle de la réalité pour les traduire dans un présent immédiat. Je me suis engagé dans des mouvements de quartier dénonçant les descentes de police, comme le processus d’internement dans le CIE d’Aluche. J’avais un pied à l’université et un autre dans la rue. C’est là que j’ai commencé à comprendre la question post-coloniale des migrations à travers la frontière, car j’ai compris qu’elle fonctionnait comme une institution de classification et de différenciation socio-économique. C’est alors que j’ai décidé de me rendre au Maroc et que j’ai découvert les porosités de la frontière. Ce n’est pas quelque chose de monolithique ou de statique.

    Q : Compte tenu de l’évolution du Maroc dans le domaine des droits de l’homme, quelle a été la plus grande avancée en matière de droits des migrants ? et le plus grand échec ?

    R : Je prendrai le point de départ en ce qui concerne l’UE. L’un des moments clés est la création de l’espace Schengen. Qu’est-ce que cela implique ? L’Espagne a rejoint la Communauté économique européenne (CEE) en 1986 et a signé les accords de Schengen en 1991. Jusqu’alors, il n’y avait pas de visa entre les deux pays. Cela change complètement les relations de mobilité. Un exemple clair est la transformation des villes autonomes de Ceuta et Melilla, dont le périmètre terrestre est fermé avec la construction des clôtures frontalières en 1993, devenant ainsi la seule extension de Schengen en Afrique.

    La deuxième mesure, l’accord de réadmission, est intervenue en 1992. Il est entendu que l’Espagne peut expulser toute personne de nationalité marocaine qui se trouve sur le territoire en situation d’irrégularité administrative -sans visa ni permis de séjour-. Cet accord n’entre officiellement en vigueur qu’en 2012, soit 20 ans plus tard, ce qui montre la complexité des relations entre les deux pays. C’est à ce moment que le régime alaouite commence à se confronter aux mesures que l’Europe met en place à la frontière pour filtrer la mobilité, puisque dès 1990 le Maroc devient un pays de transit et de destination.

    Q : En 1992, cet accord de réadmission a été signé entre le Maroc et l’Espagne, mais à peine un an plus tard, en 1993, le Maroc a ratifié quatre conventions internationales concernant l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, les droits de l’enfant, les droits des travailleurs migrants et contre la torture et les traitements dégradants. Où peut-on tracer la ligne entre le Maroc en tant que bénéficiaire de fonds européens et en même temps un pays qui passe d’un régime autoritaire à un régime « hybride » ?

    R : Il est vrai que 1993 est une année clé pour le Maroc, qui doit ratifier une série de conventions internationales censées l’engager en faveur des droits de l’homme. Le pays est confronté à une tension : celle d’assumer un agenda progressiste présenté comme une référence au Maghreb et celle d’agir comme un pays charnière entre l’Afrique sub-saharienne et l’Europe. La responsabilité incombe donc au Maroc en matière de sécurité. Cette pression se traduit par des raids dans les forêts frontalières avec Ceuta et Melilla et aussi dans les principales villes du pays, comme Tanger. Il existe également des cas de déportations vers l’Algérie et la Mauritanie. Cette tension finit par produire de la violence, des morts. Cependant, nous observons un moment clé lorsque, suite au printemps arabe de 2011, le Maroc décide de procéder à une réforme constitutionnelle « douce » afin d’apaiser la tension sociale et de faire une série de concessions mineures. Le Maroc a ensuite élaboré une charte des droits de l’homme devant la communauté internationale. Peu après, en 2013, le pays a adopté la Stratégie nationale pour l’immigration et l’asile (SNIA), où une approche humaniste semble fixer l’agenda d’un Maroc renouvelé, malgré l’intervention constante de la police à la frontière.

    Q : Il existe un groupe dont on parle beaucoup aujourd’hui : les « MENAS », des enfants qui tentent de traverser la frontière seuls ou qui sont séparés à l’arrivée. En Espagne, ils ont été criminalisés. Nous avons vu des violences et de faux témoignages sur ces jeunes, mais il y a une certaine tendance à ne pas parler des filles migrantes. Pourquoi, selon vous, cela se produit-il ?

    R : Il est vrai que ce sont surtout les garçons et non les filles qui décident de passer en Europe. Je pense qu’il existe une hiérarchie importante au sein de la structure familiale, où les filles ont peu d’autonomie. L’option de quitter le pays n’est pas toujours plausible pour les filles, qui se retrouvent donc dans des situations très difficiles, parfois liées à des contextes de semi-esclavage, et pas seulement dans la sphère domestique. Nous avons récemment vu des industries délocalisées d’Europe, comme l’industrie textile, employer des mineurs. Il serait intéressant de savoir s’ils envisagent l’émigration dans leur imaginaire. Les enfants imaginent la traversée depuis le port de Tanger en voyant les bateaux entrer et sortir. Ils voient le détroit de Gibraltar de l’autre côté.

    Q : La pandémie offre-t-elle aux États l’occasion d’accroître la pression sur les migrants en déplacement ?

    R : Je vais vous parler de la partie nord du pays, qui est précisément celle qui vit par rapport à la frontière. En mars 2020, les passages frontaliers entre Ceuta, Melilla et le Maroc ont été fermés. A la date de cette interview, ils sont toujours fermés. Toute l’activité économique qui dépendait d’une relation plus ou moins poreuse disparaît : portage, travail domestique, construction, loisirs, tourisme, tout. La situation économique du nord est grave et le mécontentement social s’accroît, avec des manifestations qui ont été réprimées dans des villes dépendant de cette économie frontalière, comme Fnideq. En outre, le Maroc a utilisé la pandémie pour exercer une pression accrue sur Ceuta et Melilla, proposant en parallèle un discours transitoire sur une réforme du secteur économique dans tout le nord et la création d’emplois dans de nouveaux centres logistiques pour les personnes travaillant dans l’économie atypique. Ceci est lié à la délocalisation des entreprises européennes, car le Maroc redéfinit sa stratégie sociale et économique en relation avec le port de Tanger Med, – le plus grand port du détroit – ; créant deux pôles industriels avec des géants tels que Renault. Et la pandémie ? Le Maroc dit : « Eh bien, j’ai une justification pour entreprendre ces transformations et pour que la population n’ait pas la possibilité de manifester, avec un couvre-feu et des restrictions sur les réunions. »

    Q : L’expulsion du Maroc d’Helena Maleno, chercheuse et journaliste sur les migrations et les droits de l’homme, a fait couler beaucoup d’encre. Après avoir vécu pendant des décennies dans le pays voisin, pourquoi pensez-vous que cela se produit maintenant ?

    A : (réfléchit pendant quelques secondes) Oui, Helena. La criminalisation de la solidarité et la persécution des personnes et des organisations qui offrent un soutien aux migrants… est une pratique répandue. L’important est de comprendre que cette criminalisation est marquée par l’UE. Dans la réforme de la loi sur les étrangers en 2009, il a été prévu de punir les personnes qui donnent refuge à des sans-papiers. Et il y a eu des campagnes dans les mouvements sociaux dénonçant cette inculpation, comme « Save hospitality ».

    Q : Bien que le virus ne comprenne pas les nationalités, le programme de vaccination européen ne prend en compte que la population locale, et non les territoires voisins : est-ce une démonstration de la faiblesse systémique de l’UE dans la gestion de ses propres frontières ou est-ce simplement révélateur de la maladresse d’un discours extrêmement politisé ?

    R : Oui, et pas seulement cela, il semble qu’il sera utilisé pour établir de nouveaux mécanismes de contrôle, comme le fameux « passeport de vaccination ». Connaissez-vous Statewatch ? C’est impressionnant, pour moi c’est l’un des meilleurs collectifs d’activistes et de chercheurs en Europe et au Royaume-Uni. Ils ont maintenant une ligne de recherche qui étudie précisément les changements de la réglementation européenne à cet égard, celle d’incorporer tout l’aspect sanitaire dans le contrôle des personnes, qui va être utilisé comme un nouveau filtre biopolitique.

    Q : La militarisation et l’utilisation de la pandémie comme frontière biologique vont créer davantage de tensions en Méditerranée. L’UE est-elle plus injuste qu’auparavant ?

    R : Il n’est ni plus uni ni plus injuste. Les principes de l’UE restent les mêmes… elle dispose simplement de nouveaux outils. Dans une Europe où les organes jouent un rôle plus important, le scénario qui se dessine est celui d’une concurrence accrue, de la menace et de la suspicion, mais nous voyons la même chose en Espagne. Soudainement, nous sommes tous des justiciers, n’est-ce pas ?

    Publico, 13 mai 2021

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