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  • Les Algériens n’apprécient pas l’audace

    Tags : Algérie, France, Mémoire, crimes coloniaux, colonisation, crimes de guerre,

    Depuis des décennies, les Algériens scandent fièrement le slogan « Un, Deux, Trois – Viva l’Algérie ! face à l’adversité. Pourtant, même ce slogan, qui en est venu à représenter le patriotisme et la résilience algériens, rappelle les souvenirs de l’expérience brutale du pays en tant que colonie française. L’Algérie a obtenu son indépendance en 1962 après 132 ans de brutale colonisation française et le massacre de près de 1,5 million d’Algériens(1), mais l’impact du colonialisme français sur la culture, la société et la politique algériennes se fait encore sentir aujourd’hui. L’éducation française a démantelé la nation commune algérienne, l’identité culturelle et la société homogène (2) et le français est toujours parlé par un tiers de la population et enseigné dans les écoles élémentaires algériennes(3).

    Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, le pays a été confronté à des défis importants dans la construction d’un gouvernement et d’une économie stables. Le gouvernement post-colonial a eu du mal à établir des institutions efficaces et à faire face aux héritages du colonialisme, tels que la pauvreté, l’analphabétisme et le sous-développement. En l’absence d’institutions fortes et de l’État de droit, la corruption s’est généralisée et les élites ont utilisé leur pouvoir et leurs relations pour s’enrichir aux dépens de la population.

    Suite à la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika en 2019, l’instabilité sociale et politique a ravagé le pays, l’esprit révolutionnaire étant à son apogée alors que les Algériens continuent de protester contre leur gouvernement corrompu actuel. Pourtant, malgré les vaillants efforts de la nation pour recoller les morceaux de sa démocratie brisée, la France est simplement restée les bras croisés. Lorsqu’on lui a présenté l’occasion idéale de commencer à réparer les énormes dégâts qu’elle a causés à l’Algérie, la France n’a rien fait.

    Ce n’est qu’une fois que la France assumera l’entière responsabilité de leur odieuse colonisation et offrira amende honorable au peuple algérien ainsi qu’aux pays d’Afrique colonisés par la France, que le gouvernement algérien devrait être ouvert aux relations et commencer à guérir correctement en tant que nation avec l’aide du gouvernement français. En attendant, les Algériens vivent avec les souvenirs des martyrs, des montagnes de crânes et des vallées de sang versé sur le chemin de son indépendance alors que le président français exprime peu d’inquiétude.

    Les événements

    La conquête française de l’Algérie, qui a commencé en 1830, n’était pas simplement une entreprise coloniale, mais plutôt un effort pour étendre la souveraineté française sur un territoire qui a ensuite été considéré comme faisant partie intégrante de la France métropolitaine(4). L’annexion de l’Algérie au contrôle français ne s’est pas limitée à une simple influence politique ou économique, mais a également englobé l’intégration sociale et culturelle avec la nation française. Ce lien profondément enraciné est souligné par des mesures telles que la mise en œuvre de la loi et de la langue françaises, ainsi que la migration des colons français vers l’Algérie. Le résultat était une possession coloniale distincte des autres colonies françaises, car elle était considérée comme une extension naturelle du territoire français. Les Français, les Maltais, les Italiens et d’autres puissances coloniales se sont tous installés à travers l’Algérie, avec une affinité particulière pour la région ensoleillée de l’ouest d’Oran. C’était un mode de vie agréable et confortable pour bon nombre de ces colons européens. Cependant,(5) Les partis nationalistes algériens, tels que le Parti du Peuple Algérien (Parti du Peuple Algérien), existaient depuis des années avant la révolution. Ce n’est qu’avec le temps qu’ils sont devenus de plus en plus radicaux en réalisant qu’ils ne pourraient pas accomplir leur souveraineté par des moyens pacifiques.

    Le 31 octobre 1954, la guerre d’indépendance de l’Algérie commence. Le Front de libération nationale (FLN) l’a dirigé dans le but de restaurer la liberté de l’État algérien et de développer une fois pour toutes une social-démocratie. Ce qui a suivi a été un voyage épuisant vers l’autonomie, officiellement considéré comme la guerre d’Algérie. Les nationalistes algériens se sont battus principalement par le biais de la guérilla ou de l’assistance diplomatique à l’étranger. Après sept longues années de combats et de massacres, la France et les dirigeants du FLN signent un accord de paix (7) pour marquer la fin de la guerre. Le combat le plus important pour la justice et la restitution avait commencé. L’Algérie continue de combattre les fantômes de ses colonisateurs.

    La Ratonnade

    Il y avait eu des récits de multiples cas dans lesquels les Français exerçaient leur autorité de manière inhumaine, à la fois avant et tout au long de la guerre d’indépendance. Que ce soit tout au long de la guerre ou après sa conclusion, les Français ont trouvé d’innombrables moyens de narguer les Algériens et de leur rappeler les luttes de leur passé. Le 17 octobre 1961, alors que la guerre touchait à sa fin, près de 30 000 Algériens sont descendus dans les rues de France pour protester contre le couvre-feu préjudiciable imposé aux musulmans algériens. Les autorités étaient déterminées à faire taire les manifestants. Presque immédiatement après le début, les autorités policières ont commencé à utiliser la force brutale, tuant des manifestants et même jetant des corps vivants dans la Seine. Les historiens et les responsables ont convenu que le nombre de morts de cette nuit-là s’élevait à plus de 100. (8) Le gouvernement français n’a pas fait grand-chose pour s’excuser du massacre. À l’occasion de son 60e anniversaire, le président Emmanuel Macron a fait une tentative de reconnaissance décevante, affirmant que les crimes commis par la police française étaient « inexcusables ». (9) Plus troublant encore dans cette entreprise de « représailles » fut le retour de 24 crânes algériens du Musée de l’Homme en 2020. Ces crânes appartenaient aux combattants de la liberté d’Algérie et leur placement dans un musée français rappelle la domination coloniale brutale. En 2022, des documents ont révélé que seuls six de ces crânes appartenaient à des résistants, (10) les autres provenaient d’origines inconnues. Comme prévu, le bureau du président Macron a refusé de commenter l’échange. Il semble que les actions sadiques du gouvernement français se soient maintenant manifestées par des tentatives politiques confuses de rapatriement.

    Réparations paresseuses

    Pour témoigner du comportement prétendument sincère et vraiment tolérant du gouvernement français alors qu’il tente de rétablir les relations avec l’Algérie, on peut observer les déclarations les plus récentes du président Macron. Pas plus tard que le 12 janvier 2023, le président Macron a déclaré qu’il ne « demanderait pas pardon » à l’Algérie pour la colonisation française car « ce mot romprait tous nos liens ». (11) Les cicatrices douloureuses laissées par l’impérialisme français ont été ignorées dans la carrière de Macron. Les paroles de Macron n’ont d’impact que si des mesures sont prises à leurs côtés.

    Le gouvernement français est à une époque où il vise à remodeler ses relations avec les pays africains qu’il a colonisés. Au milieu de cela, ils ont pris des engagements paresseux et creux pour rapatrier les œuvres d’art et les vestiges de l’époque coloniale. Alors que l’actuel président algérien Abdelmadjij Tebboune a accordé à la France l’accès aux ressources de l’Algérie, la France a réduit le nombre de visas pour son pays. Selon le politicien islamiste algérien, le cheikh Ali Belhadj a qualifié les visites de Macron en 2022 de « une colonisation douce, un vol des ressources du peuple algérien ». L’Algérie continue de souffrir des effets de la colonisation aujourd’hui. L’absence d’excuses permet au gouvernement français de se glisser lentement dans les plis de la politique algérienne et de ses riches ressources.

    Il est évident que la France doit assumer l’entière responsabilité de sa colonisation odieuse et offrir amende honorable à l’Algérie et aux autres pays colonisés par la France en Afrique avant toute tentative de réconciliation. Les récentes déclarations du président Macron concernant la colonisation française ont été critiquées comme creuses, et l’Algérie continue de ressentir les effets durables de son passé.

    Les références

    [1] « La guerre d’indépendance de l’Algérie ». Encyclopædia Britannica. Encyclopædia Britannica, inc. Consulté le 10 février 2023. https://www.britannica.com/place/Algeria/The-Algerian-War-of-Independence.

    [2]Hamitouche, Youcef. « Politique éducative du colonialisme français en Algérie et son impact sur la culture et la société algériennes. » Maison. Consulté le 10 février 2023. https://nomadit.co.uk/conference/africaknows/paper/57571#:~:text=With%20the%20French%20colonization%2C%20Algeria,spreading%20French%20education%20in%20Algeria .

    [3]Caulcutt, Clea. « Le passage de l’Algérie à l’anglais signale l’érosion de l’emprise de la France. » POLITIQUE. POLITICO, 2 septembre 2022. https://www.politico.eu/article/algerias-move-to-english-signals-erosion-of-frances-global-influence/#:~:text=Arabic%20and%20Tamazight %20sont%20les,ipar%20un%20troisième%20des%20Algériens.

    [4] Noor Al-Deen, Hana. « L’évolution de la musique Rai – Hana Noor Al-Deen, 2005 – Sage Journals. » Consulté le 10 février 2023. https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0021934704273906.

    [5]« Règle coloniale ». Encyclopædia Britannica. Encyclopædia Britannica, inc. Consulté le 10 février 2023. https://www.britannica.com/place/Algeria/Colonial-rule.

    [6] Ibid., « La guerre d’indépendance algérienne ».

    [7] « Trêve franco-algérienne – Histoire ». Consulté le 10 février 2023. https://www.history.com/this-day-in-history/french-algerian-truce.

    [8]Chemam, Mélissa. « Massacre de Paris : 60 ans après, la France doit faire face à son passé colonial. » Histoire | Al Jazeera. Al Jazeera, 17 octobre 2021. https://www.aljazeera.com/opinions/2021/10/17/17-october-1961-60-years-on-france-must-face-its-colonial-past.

    [9]Rouaba, Ahmed. « Comment un massacre d’Algériens à Paris a été dissimulé. » Nouvelles de la BBC. BBC, 16 octobre 2021. https://www.bbc.com/news/world-africa-58927939.

    [10] Méheut, Constant. « La France a restitué 24 crânes à l’Algérie. Ils n’étaient pas ce qu’ils semblaient. Le New York Times. The New York Times, 17 octobre 2022. https://www.nytimes.com/2022/10/17/world/europe/france-algeria-restitution-skulls.html.

    [11] « Macron ne demandera pas le ‘pardon’ de l’Algérie pour le colonialisme. » Nouvelles politiques | Al Jazeera. Al Jazeera, 12 janvier 2023. https://www.aljazeera.com/news/2023/1/12/macron-will-not-ask-algeria-for-forgiveness-over-colonialism.

    [12] « Les islamistes, analystes et utilisateurs des médias sociaux algériens décrivent la visite de Macron en Algérie comme une » colonisation douce « , exigent des excuses et des réparations. » MEMRI. Middle East Media Research Institute, 2 septembre 2022. https://www.memri.org/reports/algerian-islamists-analysts-and-social-media-users-describe-macrons-visit-algeria-soft.

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    #Algérie #France #Colonisation #Crimes_coloniaux

  • Macron reconnaît que Djamila Boupacha a été «torturée»

    Tags : Algérie, Djamila Boupacha, France, Guerre d’Algérie, Mémoire, crimes coloniaux,

    Dans son hommage à Gisèle Halimi : Macron reconnaît que Djamila Boupacha a été «torturée»

    Le président français Emmanuel Macron a, dans son discours en hommage à l’avocate et militante féministe Gisèle Halimi, décédée en 2020, évoqué la militante du FLN, Djamila Boupacha, qu’elle défendait en 1960.

    Reconnaissant son combat pour la décolonisation, pour l’indépendance de l’Algérie et contre la guerre, le président Macron a parlé des affres subis par Djamila Boupacha qui a été, entre autres, torturée et humiliée.

    «L’humiliation, la torture, le viol, l’avaient accablée», a-t-il affirmé en référence à l’attitude de l’avocate lors de sa défense de la militante algérienne.

    «Gisèle Halimi a porté la cause de l’indépendance algérienne. La guerre d’Algérie doit maintenant prendre toute sa place dans notre mémoire, ici en France, et en Algérie», a-t-il souligné.

    Le président français reconnaît ici que Djamila Boupacha a été torturée et humiliée, pendant la révolution, franchissant un autre pas dans la reconnaissance des actes de torture et les assassinats dont ont été victimes des militants du FLN.

    M. Macron avait reconnu que l’avocat Ali Boumendjel avait été torturé et assassiné. Vint après le tour de Maurice Audin, également, tué par l’armée coloniale, en Algérie. M. Macron est allé plus loin en présentant des excuses officielles à sa veuve.

    Cependant, les gestes du président français se limitent à des actes symboliques qui ne participent nullement d’une démarche tendant à reconnaître, comme le réclame l’Algérie, les crimes coloniaux, les crimes de guerre commis par l’occupant dont l’armée a pratiqué le massacre à grande échelle, passant des exécutions ciblées aux fumigations et l’extermination de villages entiers.

    C’est la position d’un fort courant français qui ne veut pas reconnaître les crimes commis dans les colonies, particulièrement en Algérie, préférant mettre dans le même panier le FLN et l’armée française.

    Le président s’en est remis à une autre option consistant à réunir dans une même commission les spécialistes et les historiens des deux pays pour se pencher sur l’histoire de la colonisation et de la guerre de libération. Une démarche approuvée par les deux pays.

    Par ailleurs, dans son hommage à sa mère, Jean-Yves Halimi, un enfant de la guerre d’Algérie, a rappelé les menaces de mort qui pesaient sur sa mère et sa famille à l’époque, à cause de son combat pour la décolonisation et contre la guerre d’Algérie.

    Un engagement qui a poussé la famille à une vie sous la contrainte.

    Et s’adressant à elle, il dit : «Tu rejoins au Panthéon de notre récit national celles que j’appelais familièrement les deux Simone, De Beauvoir et Veil.» Et de conclure avec cette sentence post-mortem :

    «Ma mère aurait manifesté aux côtés des manifestants pour les droits des femmes dans toute la France ce mercredi.»

    L’autre fils de l’avocate, le journaliste, directeur du journal mensuel Le Monde Diplomatique, Serge Halimi, a refusé de participer à la cérémonie.

    Il a estimé que la cérémonie n’est pas opportune «alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste, notamment pour les femmes».

    Il a affirmé que sa mère l’aurait combattue. L’aîné des Halimi est politiquement plus offensif, notamment à travers ses écrits et ses éditoriaux dans Le Monde Diplomatique.

    Et comme sa mère, il combat les options et orientations socioéconomiques du président Macron.

    Co-fondatrice, avec Gisèle Halimi en 1971, et présidente de l’association «Choisir la cause des femmes», Violaine Lucas a participé au boycott de la cérémonie qui y a vu «une instrumentalisation politique».

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    #Algérie #Gisele_Halimi #Djamila_Boupacha #Macron #Colonisation #Mémoire

  • France : Participation algérienne aux cérémonies du 14 juillet

    Tags : France, Algérie, colonisation, mémoire, crimes coloniaux,

    J’ai l’honneur de porter à la connaissance de Monsieur le Ministre que, depuis l’annonce prématurée par les autorités françaises de la première participation de l’Algérie au traditionnel défilé militaire du 14 juillet à Paris, une véritable polémique a vu le jour aussi bien en France, provoquée par l’extrême droite qu’em Algérie alimentée par les propos du Secrétaire général de l’Organisation nationale des Moudjahidines qui rejette toute participation algérienne aux festivités officielles, sujette d’abord à la reconnaissanmce par la France de la criminalisation du colonialisme.

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    #France #Algérie #14juillet #Mémoire #Colonisation

  • Colonialisme : Un musée de Paris détient 18.000 crânes

    Colonialisme : Un musée de Paris détient 18.000 crânes

    Tags : France, colonialisme, crimes coloniaux, crânes, génocide,

    Europe: Les restes humains «coloniaux» font scandale

    Une vaste enquête du New York Times évoque les 18.000 crânes et ossements en possession du Musée de l’Homme à Paris, tandis qu’une salle d’enchères belge a retiré de la vente trois crânes africains, le 30 novembre, après la parution d’un article dans Paris-Match Belgique.

    « Un musée de Paris détient 18.000 crânes. Il rechigne à dire à qui ils appartiennent ». C’est sous ce titre qu’est parue le 28 novembre une enquête fouillée du New York Times sur les collections coloniales du Musée de l’Homme, à Paris. L’article du quotidien américain dénonce une omerta française sur une quantité de crânes d’Africains, d’Australiens et d’Indiens d’Amérique qui reposent au sous-sol, place du Trocadéro.

    Il a été accueilli par un silence de cathédrale. Ce que Dorcy Rugamba, dramaturge rwandais vivant à Bruxelles, auteur d’une pièce intitulée « Les restes suprêmes » présentée en mai à Dakar, explique par « la persistance d’un véritable tabou : le lien entre colonialisme et nazisme, pourtant mis en évidence par Hannah Arendt et Aimé Césaire, qui met à mal le roman national français ».

    Trois crânes à vendre à Bruxelles

    Coïncidence : le jour même de la publication de l’enquête du New York Times, la salle de vente Drouot, via l’hôtel de ventes Vanderkindere, à Bruxelles, a mis sur le marché trois crânes, coloniaux eux aussi. Michel Bouffioux, un journaliste de Paris-Match Belgique qui enquête depuis 2018 sur les restes humains de l’ère coloniale, a publié le 29 novembre un article qui a eu un impact immédiat.

    Dès le lendemain, les trois têtes proposées à des prix allant de 750 à 1.000 euros ont été retirées. De même que le descriptif qui les présentait, en ces termes : « Lot de trois crânes humains : un crâne de Bangala anthropophage aux incisives taillées en pointe, un crâne du chef arabe Muine Mohara tué par le sergent Cassart à Augoï le 9 janvier 1893 et décoré d’un bijou frontal, un fragment de crâne collecté (…) dans la province de Mongala par le Docteur Louis Laurent le 5 mai 1894. (…) Provenance : ancienne collection du Docteur Louis Laurent à Namur. » En lieu et place, un mot d’excuse a été publié sur le site de la salle de ventes, qui a décidé de racheter les crânes pour les rendre à la République démocratique du Congo (RDC) – sans préciser ce qu’il adviendrait du « chef arabe ».

    Une vente « légale » selon le commissaire-priseur

    Ces regrets sont-ils sincères ? Face au collectif belge Mémoire coloniale, qui va porter plainte pour « recel de cadavres », le commissaire-priseur de Vanderkindere, Serge Hutry, interrogé par RFI, se défend de son bon droit. « En Belgique, il n’y a pas de législation, déclare-t-il. Nous ne sommes pas en tort sur cet aspect. Nous vendons 7 500 lots par an depuis trente ans, et n’avons jamais eu ce problème. À partir d’un moment, on n’a plus pu vendre d’ivoire, et nous sommes restés dans la légalité. Mon sentiment, c’est que des crânes, depuis des années, se vendent à Paris, Londres ou Bruxelles sous forme de vanités. Ce sont des crânes humains transformés avec des brillants, et l’on ne s’en souciait pas plus que ça. Ici, la réaction de la RDC est légale, correcte, qu’ils se débrouillent avec le ministère belge. Nous restituerons ces crânes ».

    Interrogé par la RTBF, Yves-Bernard Debie, avocat de la Chambre des antiquaires, rappelle que « tout l’art médiéval européen est fait de reliques, et ce n’est pas illégal. Il faut néanmoins que les restes humains s’inscrivent dans le cadre de biens culturels, ce qui est discutable ici ».

    Ossements et crânes en Belgique et aux Pays-Bas

    Le tollé suscité par la vente bruxelloise semble contredire sur un point l’enquête du New York Times, qui suggère que la situation est meilleure ailleurs en Europe qu’en France. En Belgique, au moins 300 têtes africaines se trouvent encore aux mains d’institutions publiques comme chez des privés. Le crâne du roi Lusinga, décapité par le général belge Emile Storms en 1884 au Congo belge, puis rapporté comme un trophée de chasse, repose toujours rue Vautier, au Muséum des sciences naturelles. Un groupe d’universitaires congolais demande – en vain – sa restitution pour lui offrir des funérailles. Le projet Human Remains Origins Multidisciplinary Evaluation (HOME) regroupant des scientifiques de sept musées et universités, dont l’AfricaMuseum de Tervuren, a été lancé fin 2019 sur financement fédéral, pour se pencher sur la question. Un rapport assorti de recommandations est attendu pour la mi-décembre.

    De leur côté, les Pays-Bas ont certes rendu en 2009 la tête coupée et conservée dans du formol d’un roi ghanéen, Badu Bonsu II, décapité en 1838 par des colons. Un écrivain, Arthur Japin, avait découvert par hasard la relique dans les collections d’anatomie de la faculté de médecine de Leyde, et ensuite alerté l’ambassade du Ghana.

    D’autres restes n’en demeurent pas moins sur le sol de cette ancienne puissance coloniale, parmi lesquels 40 000 ossements rapportés d’Indonésie à la fin du XIXe siècle par l’anatomiste et médecin néerlandais Eugène Dubois. La calotte crânienne d’un Javanais de l’ère préhistorique, témoin du « chaînon manquant » dans l’évolution du singe à l’homme, est d’ailleurs en train de devenir un sujet de polémique.

    Des restitutions en Grande-Bretagne et en Allemagne

    En Grande-Bretagne, un accord a été passé le 3 novembre, après huit ans de pourparlers, entre le Zimbabwe et le Musée d’histoire naturelle de Londres ainsi que l’université de Cambridge. Les deux institutions sont prêtes à coopérer pour restituer des restes humains, dont trois crânes, que le Zimbabwe suspecte d’appartenir à des meneurs de la première Chimurenga, une révolte des années 1890 contre les colons anglais.

    Le musée Pitt Rivers à Oxford a commencé en 2017 à restituer certains des 2 000 restes humains qu’il détient, dont sept têtes tatouées et momifiées de Maoris rendues à la Nouvelle-Zélande. Les comptes sont loin d’être soldés cependant, puisque le British Muséum garde 6 000 restes humains provenant du vaste empire colonial britannique, le Duckworth Laboratory en a 18 000 et le Natural History Muséum plus de 25 000.

    En Allemagne, des brèches semblent avoir été ouvertes plus facilement. Ont été restitués 20 crânes à la Namibie, en 2011, puis d’autres dépouilles en 2018, emportées d’Afrique australe par les colons après le massacre des Hereros et des Namas. Deux peuples dont Berlin a reconnu les génocides en 2004, et pour lesquels des excuses ont été formulées en 2021.

    Un millier d’autres crânes rapportés des anciennes colonies allemandes font depuis 2017 l’objet d’une étude internationale pour en déterminer l’origine précise. Le quotidien belge La Libre Belgique explique que « ces restes humains avaient été ramenés principalement du Rwanda, mais aussi de Tanzanie et du Burundi, dans l’ancien Empire allemand (1871-1918), par l’anthropologue Felix von Luschan à des fins ‘d’études scientifiques’ ». Les lignes bougent, manifestement, mais pas partout à la même vitesse.

    Echouroukonline, 05/12/2022

    #France #Crimes_coloniaux #crânes #Musée #Colonialisme #Génocide

  • Le colonialisme refuse de regarder son passé en face !

    Le colonialisme refuse de regarder son passé en face !

    Algérie, France, colonialisme, colonisation, crimes coloniaux, mémoire,

    Le Général de Gaulle avait dit le 22 juillet 1964 : « En Algérie, les Français n’étaient pas chez eux. […] on leur a fait croire que l’Algérie, c’était la France. Ils ont voulu se bercer de cette illusion. […] Jamais l’Algérie n’a été française. Elle l’était dans la tête de colonels braillards et de la masse des Européens d’Algérie qui avaient fini par s’en persuader. Elle l’était dans les slogans. Elle ne l’était pas dans les faits. C’était une colonie ».

    C’est en effet toujours affligeant de voir des déclarations comme ça, reprises pour événement par les élites de la colonisation, mais aujourd’hui les rapatriés d’Algérie, les plus nostalgiques à l’Algérie française, qui y ont le plus perdu. Sinon, à quoi serviraient la presse et les journalistes.

    Combien d’entre eux seraient encore favorables à l’Algérie française ?

    Combien d’entre eux estimaient que la France avait tort de ne pas exterminer toute la population indigène qui existe à l’époque.

    Combien d’entre eux soutiendraient qu’il fallait rester en Algérie en 1962, en s’imposant à la majorité locale du pays, la maintenir assujettie en mettant en place un régime d’apartheid comme en Afrique du Sud, ou bien un régime d’oppression comme en Israël.

    Combien d’entre eux étaient des colons de tous bord qui exploitaient ou spoliaient les indigènes, ou au mieux, vivaient dans leur propre monde avec l’entêtement à vouloir conserver l’Algérie Française, et ne cessent de vibrer au rappel incessant de l’époque coloniale; la rumination et le regret, jusqu’à la répugnance morbide, de la domination française révolue depuis plus de 60 ans, l’entretien malsain d’un ressentiment qui devrait normalement s’atténuer et disparaître avec le temps, sont pour ces Français nostalgiques, des modes pitoyables et méprisables et cela s’aggrave constamment, toujours au détriment du Peuple Algérien.

    Donc plus de plusieurs décennies il n’y a rien de nouveau sous le soleil français, sauf quelques remords masochistes ?…

    Quelques magouilles plus ou moins secrètes, quelques gestes d’illusions géostratégiques et surtout quelques menaces ?…

    Décidément, et ce, les relations Franco-algériennes défient toute logique apparente, elles restent illisibles, incompréhensibles, et toujours nuisibles à l’Algérie, sur fonds d’illusions et de masochisme. Comme si l’Algérie nourrisse elle-même ce cancer.

    Formellement la colonisation était un crime en soi. C’est difficile de le contester. Tout simplement parce que la colonisation avait créé deux classes de citoyens : les Français de plein droit et les indigènes; d’une part les Français ayant accès à l’administration, à l’éducation, au pouvoir économique, d’autres part la majorité indigène silencieuse, reléguée, sans droit social et politique. L’Algérie française, c’était le malheur des Algériens, c’est-à-dire la dépersonnalisation de l’individu colonisé, surtout que les populations originaires millénaires et beaucoup plus nombreuses ont été appauvries, déculturées et asservies pendant plus d’un siècle.

    Marrant de parler d’une violation des principes d’égalité et de liberté, des décideurs politiques français nostalgiques essaient de justifier, à postériori, l’expédition coloniale par les aspects positifs qu’elle aurait légués à l’Algérie, ainsi la colonisation du 19e siècle était considérée largement comme une œuvre humanitaire visant à apporter le progrès et les lumières aux peuples indigènes, mais en l’occurrence, c’était une oeuvre d’évangélisation, religieuse, assorti d’une spoliation et pillages des richesses.

    Personne ne sait ce que sont devenues les justifications des Lois et de la Réglementation coloniale du plus fort et de l’usage de la force appliquée sur le peuple colonisé considéré comme primitif et inférieur. Pour l’Algérie d’aujourd’hui, il ne s’agit nullement d’une rancune constante mais d’un désir de vérité. Ce n’est pas en maquillant l’histoire qu’elle devient l’Histoire. Il faut deux parties pour faire l’Histoire, ainsi que deux volontés honnêtes et véridiques. Les Français dans leur ensemble refusent toujours de reconnaître les excès et les crimes que cette colonisation avait engendrés, ainsi de l’ampleur des richesses spoliés. Sans faire du fondamentalisme exemplatif, j’estime à juste titre que l’Histoire ne s’écrit pas à sens unique et c’est juste un simple constat.

    A la célébration du centenaire de la colonisation en 1930, il a été recensé que « 34000 propriétaires européens possédaient 2,3 millions d’hectares – une moyenne de 70 hectares par propriétaire européen contre 5 hectares pour les musulmans ».

    C’est dire que la désorganisation de la base traditionnelle tribale avait poussé inexorablement les Algériens à la déchéance, la famine et les épidémies. C’est ce que révèlent des extraits de rapports officiels français qui stipulaient clairement : « Notre système de colonisation consiste à ruiner l’Arabe, à le dépouiller sans repos, à le poursuivre sans merci et à le faire crever de misère »

    Les stratèges de la colonisation projetaient de vider l’Algérie de sa population pour y installer une autre, venue d’Europe, donc l’idée de l’extermination de la population indigène avait eut cours pour les autorités coloniales, par exemple, le bilan démographique désastreux est édifiant à ce sujet. La population algérienne a diminué du tiers entre 1830 et 1870 sous le poids de la guerre, des spoliations, des famines et épidémies et les autorités coloniales ont annoncé, voire souhaité, sa disparition. C’est durant cette période que la population algérienne a inauguré sa régression forcée vers le dénuement, l’ignorance, la maladie et la surmortalité endémique. La première hécatombe qui s’apparente à un génocide intervient en 1868: 500,000 autochtones avaient succombé, ceux qui survivent étaient dans un état de dénuement le plus total. C’est donc bien une bénédiction que les Algériens n’aient pas été exterminée !

    Un constat sans ambiguïté sur l’impact négatif de la colonisation dans le premier rapport des travaux parlementaires d’Alexis de Tocqueville sur l’Algérie en 1847. Il écrit :

    « La société musulmane, en Afrique, n’était pas incivilisée ; elle avait seulement une civilisation arriérée et imparfaite. Il existait dans son sein un grand nombre de fondations pieuses, ayant pour objet de pourvoir aux besoins de la charité ou de l’instruction publique. Partout nous avons mis la main sur ces revenus en les détournant en partie de leurs anciens usages ; nous avons réduit les établissements charitables, laissé tomber les écoles, dispersé les séminaires. Autour de nous les lumières se sont éteintes, le recrutement des hommes de religion et des hommes de loi a cessé ; c’est-à-dire que nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu’elle n’était avant de nous connaître »

    Après plus d’un siècle, le constat de Frantz Fanon et Jean Paul Sartre confirme, on ne peut plus clairement, le résultat dévastateur d’une politique coloniale aveugle. Sartre, J.-P., qui avait refusé le prix Nobel en geste de solidarité avec la lutte des Algériens pour leur indépendance, écrivait : « La violence coloniale ne se donne pas seulement le but de tenir en respect ces hommes asservis, elle cherche à les déshumaniser. Rien ne sera ménagé pour liquider leurs traditions, pour substituer nos langues aux leurs, pour détruire leur culture sans leur donner la nôtre ; on les abrutira de fatigue ».

    De même qu’en 1830, des politiquesfrançais et les médias colonialistes avaient justifié, à priori, l’expédition coloniale française en Algérie par des représailles pour laver l’affront du coup de l’éventail, vieux de quelques années si tant est qu’il advint, de même aujourd’hui, des politiques et médias français nostalgiques essaient de justifier, à postériori, cette même expédition par les bienfaits positifs qu’elle aurait concédés à l’Algérie.

    Pendant 132 ans, alors que l’Algérie était française, il n’y a pas eu un seul transfert technologique, aucun pole industriel n’avait été mis en place, bien que la France métropolitaine ait été, en tête des nations les plus industrialisées. Sans oublier que dans les autres domaines des études et du savoir, l’agronomie, l’architecture et la médecine, avaient été fermés aux Algériens

    Ce qui est certain c’est que la France dans son espace colonial n’arriver pas à liquider son histoire avec l’Algérie, C’est fatigant de lire sans arrêt ces assimilations qui fleurent la haine, le mépris C’est d’ailleurs cela qui rend probable que la colonisation qu’elle fût d’une manière ou d’une autre reste un crime contre l’humanité et un génocide. La France est désormais absolument infréquentable car parjure et indigne de confiance, comme si le fantôme de l’Algérie coloniale hantait toujours son imaginaire passé de gloire que fut la conquête.

    A quelques mois de leur départs en 1962, des milliers d’hectares de terres brûlé au napalm, 3 millions de bovins et d’ovins massacré à la mitrailleuse et à coup de canons, certains barrages ont été asséchés afin que les populations avoisinantes ne puissent pas avoir de l’Eau, dans les centres urbains les centrales électriques ont été sabotées, pour une coupure générale de l’électricité. Même les hôpitaux ont été privés de cette énergie pendant plusieurs jours. Les moyens de transmissions de la Radio et Télévision ont été détruits, les moyens de contrôle de l’Aviation au niveau des Aéroport d’Alger d’Oran et de Constantine ont été également détruits, aucun Avion et Paquebot n’a cédé par la France et enfin pour l’apothéose l’incendie criminel de l’université d’Alger et de la grande bibliothèque avec ses milliers de livres.

    Voici ce que le colonialisme civilisateur a fait en Algérie juste en quelques mois avant l’indépendance sans oublier la naissance d’une armée secrète: O.A.S. composé de criminels du désespoir, pour ainsi en justifier la violence car en fait la majorité des Français d’Algérie ne se sont jamais résolus à l’idée que c’est la guerre de Libération qui a été faite au colonialisme qui a fini par triompher du système immérité et vaincre les fondements de la domination coloniale. Dans leur aveuglement égocentrique et leur refus de tout dialogue avec les Algériens, depuis que leurs aïeux ont foulé la plage de Sidi Fredj, 132 années avant, ils se sont interdits de regarder en face le peuple réel de ce pays, qui cherche tout simplement à retrouver sa liberté. Quoi de plus Normal. !!!!!

    On signale que les hordes OAS et Harkis, avaient entrepris des opérations de nettoyage, l’uns brûlés tous sur leur passage et les autres déguisés en Moudjahidine du FLN, semaient la terreur afin de les imputés sur ce dernier. Massacrant sans distinction y compris des Européens, en Algérie et en France, semant la confusion dans les esprits, l’OAS a achevé de diviser irrémédiablement l’Algérie en communautés distinctes, séparation largement entamée par la violence de la guerre.

    2200 vies ont été arrachées, chiffre officiel communiqué par l’administration française encore en place entre le 19 mars et la veille de l’indépendance.

    2200 morts en moins de trois mois ! 25 morts par jour!

    Encore faut-il savoir si les chiffres qui ont été communiqués à l’époque étaient proches de traduire la réalité ?

    L’Algérie parle toujours de la colonisation et pas seulement de la Guerre de 1954-1962 pour évoquer les crimes et génocides, l‘exemple des écrits du général de Saint-Arnaud, qui a, pendant toute sa carrière militaire, de capitaine à général de division, rasé des villages, massacré et torturé les indigènes par milliers, Il ne cache rien et reste une preuve d’un cynisme total, et démontre l’aspect criminel de la colonisation et n’a pas été moins inhumaine. Ainsi les Officiers les plus représentatifs de l’Armée française sont trempé directement dans tous ces actes criminels où culminent les aspects dominants de la conquête de l’Algérie: la férocité, la Haine et la lâcheté.

    Des crimes et génocides ont-ils été commis? Très certainement.

    Les statuts des populations étaient-ils inégaux ? Sans aucun doute.

    La colonisation a-t elle été un pillage? Sûrement.

    Dans tous les cas, la France l’a démontré par une presse conventionnée en retournant la réalité pour se croire investi d’une mission salvatrice d’une nation effectivement presque en déclin reste la preuve d’une préservation coloniale. La fameuse parabole du mensonge répété mille fois qui devient une vérité.

    Aujourd’hui pour l’ensemble des Algériens il est arrive qu’ici et là soit évoquée le «crime pour l’humanité» pour en traiter, notamment la colonisation, il serait important que les descendants des victimes devraient exiger l’ouverture de dossiers de spoliation, réclamer par exemple des réparations, des indemnisations du type de celles que l’Allemagne a apportées après le nazisme.

    L’histoire la vraie retiendra que le Peuple Algérien soumis s’est révolté et a vaincu un Colonisateur soutenu par l’Alliance Atlantique, ces Algériens ont soufferts dans leur chair, dans leur mémoire et surtout dans leur culture. La tristesse et les remords devant les nombreux crimes perpétrés hier par l’armée française au nom des valeurs républicaines, des droits de l’homme ne concernent en rien les Algériens, la France officielle persiste à croire que massacrer les peuples colonisés fut un bienfait pour la civilisation. Oser mettre en symétrie le colonialisme et les bienfaits, c’est essayé de se faire une virginité.

    Le passé ne peut pas être changé, et les regrets peuvent être pris à l’excès, la France a été militairement battue en Algérie, Le colonisateur avec sa mission civilisatrice avait perdu moralement et avait été chassé physiquement. Au fond, c’est la seule chose qui importe de retenir ici.

    En final, ce que je retiendrai en tant qu’Algérien, c’est que mes grands-pères n’ont nullement cédés à la prétendue mission civilisatrice du colonisateur, qu’ils sont arrivés à créer en dépit de la colonisation, une nation de résistances, qu’ils sont arrivés en fin de compte à vaincre militairement l’Armée Française dont ces stratèges bien pensance n’ont jamais divulgués les pertes et les dégâts subies, que les Colons ont été humiliés moralement, puisque tout comme leurs précurseurs arrivés avec une simple valise et quelques effets vestimentaires, sont repartis dans la précipitation avec une simple valise et quelques effets vestimentaires, certains ont oublié leur pipe, leur béret et leur chapeau, leur femmes sont partis sans maquillage, donc la France a bel et bien été physiquement chassée de l’Algérie.

    La repentance détourne de l’essentiel la France refuse de grandir moralement, donc on peut très bien s’en passer et pourquoi pas, tant qu’on y est, demander aux Algériens colonisés par la France de remercier celle-ci pour leur avoir fait don des bienfaits d’une prétendue civilisation. Faut-il encore rappeler que l’Algérie n’a jamais été industrialisé, les colonisés n’ont jamais été modernes, la France a juste volé leurs richesses.

    La cicatrice est encore fraîche malheureusement, la guerre, c’était hier, alors un peu de respect pour les martyrs. Décidément, le peuple Algérien, c’est plus que l’Algérie, c’est aussi et d’abord l’Algérie. Le peuple Algérien n’est pas mort, il est bien libre, une liberté acquise chèrement et cela mérite d’être bravement salué.

    Source : Kader Tahri, 15/06/2022

    #Algérie #France #Mémoire #Colonisation

  • Algérie. Maurice Audin : Grand jour d’Histoire

    Algérie. Maurice Audin : Grand jour d’Histoire

    Algérie, France, colonialisme, guerre de libération, FLN, torture, crimes coloniaux, Maurice Audin

    Grand jour historique et forte émotion, hier, à Alger à l’inauguration du buste du mathématicien partisan de l’indépendance du pays, enlevé et assassiné en juin 1957 par des parachutistes de l’armée française dans des conditions non encore totalement élucidées. La cérémonie s’est déroulée en présence de Pierre Audin, fils du martyr et figure centrale de l’association Josette et Maurice Audin qui milite sur le terrain mémoriel et travaille à intensifier la coopération scientifique, notamment dans le domaine des mathématiques, entre la France et l’Algérie.

    Moment de forte émotion, hier, au cœur d’Alger avec l’inauguration du buste de Maurice Audin, sur la place qui porte son nom, en mémoire de ce militant de la cause algérienne assassiné en juin 1957 par l’armée française.

    La cérémonie d’inauguration du buste intervient à l’occasion de la visite, qu’effectue en Algérie depuis le 28 mai, une délégation de l’Association Josette-et-Maurice-Audin qui s’est rendue également à Oran et à Constantine sous le signe de la mémoire et de la coopération scientifique.

    L’inauguration, qui intervient à la veille de la commémoration du 65e anniversaire de la tragique disparition du militant pour l’indépendance de l’Algérie et à l’approche de la célébration du 60e anniversaire de l’Indépendance, s’est déroulée en présence de Pierre Audin, fils cadet de Maurice Audin, et du président de l’Association Josette-et-Maurice-Audin, Pierre Mansat, le wali d’Alger, Ahmed Maabed, des autorités locales et militaires et des citoyens.

    Sur place et devant le buste érigé à la mémoire du militant, son fils a exprimé sa «fierté» de se retrouver sur cette place qui porte le nom de son père, «un partisan de l’Indépendance de l’Algérie», a-t-il souligné. Pour le wali d’Alger, il s’agit d’un jour «important» qui confirme la consécration de «la grandeur et la bravoure de Maurice Audin qui a sacrifié sa vie pour la cause algérienne».
    Créée en 2004 par le mathématicien Gérard Tronel et Pierre Mansat, l’Association Josette-et-Maurice- Audin affirme militer pour «la défense de la mémoire de Maurice Audin, jeune mathématicien, militant de l’indépendance algérienne, assassiné en 1957 par l’armée française, et de son épouse Josette».

    Elle milite également pour «la promotion d’actions d’échange et de solidarité comme le Prix de mathématiques Maurice-Audin remis tous les deux ans à des mathématiciens algériens et français, et combat pour la vérité sur les injustices et crimes commis par la puissance coloniale envers le peuple algérien et sur les milliers de disparus algériens et français».

    Au-delà de la forte symbolique de cette inauguration, c’est la question de la vérité quant aux circonstances tragiques de la disparition de Maurice Audin qui surgit dans ces moments de commémoration. Après son arrestation le 11 juin 1957 au cours de la bataille d’Alger, il disparaît et meurt assassiné à une date inconnue, selon des récits d’historiens alors que son corps n’a jamais été retrouvé. Pour ses proches ainsi que pour nombre de journalistes et d’historiens, notamment Pierre Vidal-Naquet, Maurice Audin a été tué pendant son interrogatoire par des parachutistes. Cette thèse a longtemps été rejetée par l’armée et l’Etat français, qui affirmaient qu’il s’était évadé, jusqu’à ce que le général Aussaresses affirme avoir donné l’ordre de le tuer au couteau pour faire croire à un meurtre par des Algériens. La première «reconnaissance officielle» par la France de la mort en détention de Maurice Audin est faite, en 2014, par le président François Hollande, sans toutefois rendre publics les documents le confirmant. En 2018, le président Emmanuel Macron reconnaît officiellement les responsabilités de l’Etat français et de l’armée française dans cet assassinat.

    L’autre combat pour la vérité

    Or, pour le fils Audin, qui s’est exprimé quelques jours après son retour à Alger, sa terre natale, «l’ouverture des archives, l’accès aux témoignages, l’accès aux archives privées, c’est fondamental, de façon à ce qu’on réussisse à tout savoir sur ce qui s’est passé». Pas d’excuses, pas de repentance, pas de pardon, pas de choses comme ça. Juste savoir la vérité. Quand j’étais petit, j’ai été bercé par un certain nombre de slogans que répétait ma mère. L’un d’eux disait : «Seule la vérité est révolutionnaire.» «Je pense que c’est un slogan que tout le monde devrait connaître, assimiler. La vérité, c’est ça qui fait avancer les choses».

    Sur son retour en Algérie, muni cette fois d’un passeport algérien, Pierre Audin déborde de joie et de satisfaction. «Quand je suis à Alger, la ville la plus belle du monde, je me sens bien, je me sens bien. Je me sens chez moi», lance-t-il, en soulignant avoir «assez longtemps attendu» pour avoir son passeport. «Je n’ai ressenti vraiment le besoin d’avoir cette preuve de ma nationalité qu’après la déclaration du président Macron», a-t-il avoué, faisant part de son espoir que sa nationalité algérienne «l’aidera dans la recherche des restes, jamais retrouvés, de son père».

    «Quelques jours avant le décès de ma mère, je lui ai promis de continuer à chercher les restes du corps (…) Le fait d’être Algérien est de m’adresser aux autorités de mon pays avec mon passeport vert c’est quelque chose d’important», a indiqué Pierre Audin. «Il y a un certain nombre de crimes, de méfaits qui ont été commis par la France contre l’Algérie et les Algériens. Ce qui est important, c’est de dire la vérité. Mais certainement pas de dire ‘je m’en lave les mains, j’ai demandé pardon’. Il n’y a pas de pardon à avoir, c’est inexcusable», a déclaré Pierre Audin dans un entretien à l’AFP à Alger.

    Il a ajouté à propos de sa quête de vérité, qu’à «partir du moment où il y a un doute je pense que ça vaut le coup d’aller faire des fouilles aux divers endroits indiqués par différents témoins. C’est un début. Il faut que les gouvernements mettent la main dans la main pour glaner des renseignements sur le sort des Algériens qui ont disparu durant la bataille d’Alger».

    A noter qu’avant l’inauguration du buste de Maurice Audin, le ministre des Moudjahidine a déclaré avoir donné des instructions «pour que soient entreprises les recherches sur les lieux où le corps du chahid pourrait avoir été enterré par ses bourreaux», ajoutant que l’association «fera des démarches pour que l’exécutif français fasse pression sur les anciens militaires afin qu’ils ouvrent leurs archives personnelles ainsi que celles qu’ils ont privatisées».

    PAR NAZIM BRAHIMI

    Reporters, 06/06/2022

    #Algérie #France #MauriceAudin #Guerre_de_libération #FLN

  • Se souvenir du massacre de 45 000 Algériens

    Se souvenir du massacre de 45 000 Algériens

    Se souvenir du massacre de 45 000 Algériens – 8 mai 1948, France, crimes coloniaux, Guelma, Sétif, Kherrata, colonisation, mémoire,

    Quoi : Massacre français d’Algériens
    Quand : 8 mai 1945
    Où : Sétif, Guelma et environs

    Qu’est-il arrivé?
    Alors que l’Europe célébrait le début de la fin de la Seconde Guerre mondiale avec la capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants algériens ont été mobilisés par les Français en Algérie pour marquer la victoire des forces alliées sur les nazis.

    Le sentiment anti-français et le mouvement anticolonial se sont développés à travers l’Algérie pendant des mois, entraînant des manifestations avant le 8 mai. Quelque 4 000 manifestants sont descendus dans les rues de Sétif, une ville du nord de l’Algérie, pour faire pression sur de nouvelles demandes d’indépendance au gouvernement colonial et sur des droits accrus.


    De nombreuses organisations se sont jointes à la manifestation en brandissant des pancartes dont « Fin de l’occupation » et « Nous voulons l’égalité ». Lorsqu’un membre des scouts musulmans de 14 ans, Saal Bouzid, tenait un drapeau algérien, les Français, sur ordre du général Duval, ont ouvert le feu sur les manifestants non armés, tuant Bouzid et des milliers d’autres.

    La panique s’ensuit et les affrontements entre Algériens et Français conduisent rapidement à la violence, les Français utilisant toutes les tentatives pour contrôler la population. Les forces coloniales lancent une offensive aérienne et terrestre contre plusieurs villes de l’Est, notamment à Sétif et Guelma.

    Le chef du gouvernement provisoire de la France à l’époque, le général De Gaulle, a ordonné que les agriculteurs et les villageois des environs soient tués dans ce qui est rapidement devenu des opérations de lynchage et des exécutions sommaires.

    Des milliers de corps se sont accumulés si rapidement qu’il était impossible de les enterrer, ils ont donc souvent été jetés dans des puits ou des ravins environnants.

    La violence se poursuivra jusqu’au 22 mai, date à laquelle les tribus se rendront. À ce moment-là, 45 000 hommes, femmes et enfants algériens dans et autour de la région de Sétif, Guelma et Kherrata avaient été tués ainsi que 102 blessés français.

    Que s’est-il passé ensuite ?
    Le massacre par les Français a provoqué le mouvement anticolonial et neuf ans plus tard, l’Algérie a commencé sa guerre d’indépendance en novembre 1954 – un combat qui coûtera la vie à 1,5 million d’Algériens jusqu’à ce que l’indépendance soit déclarée en 1962.

    Le 8 mai est un jour de deuil officiel en Algérie qui contraste fortement avec la célébration anniversaire à travers l’Europe. En février 2005, Hubert Colin de Verdière, ambassadeur de France en Algérie, a officiellement présenté ses excuses pour le massacre, le qualifiant de « tragédie inexcusable ». Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a qualifié le massacre de Sétif de début d’un « génocide » perpétré pendant la guerre d’Algérie par les forces d’occupation françaises. La France a dénoncé cette description.

    Yasmina Allouche

    MEMO, 8 mai 2022

    #Algérie #France #Mémoire #Colonisation #8mai1945 #Massacres #Sétif #Kherrata #Guelma

  • Les crimes du 8 mai 1945 « ne peuvent pas être oubliés »: Tebboune

    Les crimes du 8 mai 1945 « ne peuvent pas être oubliés »: Tebboune

    Les crimes du 8 mai 1945 « ne peuvent pas être oubliés »: Tebboune – Algérie, France, mémoire, colonisation,

    L’Algérie dit que 45 000 Algériens ont été tués par l’armée coloniale française le 8 mai 1945

    Alger, Algérie

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a déclaré que les « massacres odieux » commis pendant l’ère coloniale française en Algérie « ne peuvent pas être oubliés ».

    Dans un message à l’occasion du 77e anniversaire du massacre du 8 mai 1945 commis par l’armée coloniale française contre des manifestants algériens, Tebboune a déclaré que l’effusion de sang était un tournant dans l’histoire de l’Algérie.

    Le massacre du 8 mai 1945 a été le carnage le plus important et le plus horrible commis par la France en une seule journée où les chiffres officiels algériens estiment qu’environ 45 000 Algériens ont été tués pour avoir demandé l’indépendance de leur pays.

    L’Algérie représente l’exemple le plus récent et le plus sanglant de l’histoire coloniale de la France sur le continent africain.

    Environ 1,5 million d’Algériens ont été tués et des millions d’autres déplacés au cours d’une lutte de huit ans pour l’indépendance qui a commencé en 1954.

    Pendant des années, l’Algérie a demandé à la France de reconnaître et de réparer ses crimes commis contre le peuple algérien pendant la période coloniale française entre 1830 et 1962.

    Paris n’a jamais officiellement présenté ses excuses à l’Algérie en tant qu’État pour sa politique coloniale.

    *Écrit par Ahmed Asmar

    Anadolou

    #Algérie #France #8mai1945 #Crimes_coloniaux #Mémoire

  • Stora admet la difficulté de la réconciliation et la mémoire

    Stora admet la difficulté de la réconciliation et la mémoire

    Stora admet la difficulté de la réconciliation et la mémoire – Algérie, France, colonisation, crimes coloniaux, 8 mai 1945,

    L’historien français Benjamin Stora, auteur du rapport sur la mémoire du colonialisme français en Algérie, a fait allusion à la difficulté de parvenir à un consensus entre l’Algérie et Paris concernant le dossier de la mémoire, mais, en revanche, il a exprimé son espoir que ce dossier ne serait pas laissé pour entraver d’autres intérêts en suspens entre les deux pays.

    « Il y a beaucoup de contestations entre l’Algérie et la France, mais il faut qu’il y ait un consensus sur d’autres sujets, pas forcément sur le dossier de la mémoire. Les défis et les enjeux au niveau mondial sont nombreux et, dans tous les cas, la coopération entre l’Algérie et Paris se poursuivra, dans le pétrole et le gaz, sur les questions de migration et de sécurité, notamment en Afrique. La coopération entre les deux pays est inévitable, mais le dossier de la mémoire ne doit pas être un obstacle à cette coopération », a déclaré Stora.

    Le fils de Constantin, de naissance, évoquait les massacres du 8 mai 1945, dans une interview à France 24, et l’impact du dossier mémoire sur les relations algéro-françaises, qui, on le sait, a provoqué l’échec pour parvenir au rapprochement que le président français Emmanuel Macron recherchait en raison des démarches limitées de ce dernier dans le dossier de la mémoire.

    L’historien spécialiste de l’histoire du colonialisme français en Algérie reconnaît l’existence d’un décalage dans le traitement du dossier mémoriel entre l’Algérie et Paris : « Il y a des points de vue différents de part et d’autre sur la mémoire. Il n’y a même pas de petits pas des deux côtés qui ouvrent la voie à la réconciliation de la mémoire, car il y a des obstacles qui l’en empêchent ».

    Stora a évoqué les efforts déployés par Macron lors de son premier mandat présidentiel pour briser le nœud du passé colonial de son pays en Algérie ; « sous le règne de Macron, des progrès ont été réalisés, pas ce qui s’est passé il y a soixante ans, la reconnaissance de la responsabilité dans la liquidation du combattant Maurice Audin (partisans de la révolution algérienne), Ali Boumendjel (combattant et avocat du Front de libération nationale) et la condamnation des crimes contre les Algériens dans les manifestations du 17 octobre 1961, et l’ouverture des archives… Cette voie que Macron a lancée ne doit pas s’arrêter ».

    « Le retard à cet égard doit être comblé en coordination avec l’Algérie, d’autant plus que certaines recommandations figurent dans le rapport que j’ai rédigé à la demande du président français, comme la création d’un musée d’histoire algérienne et française dans la ville. de Montpellier, en plus du dossier lié aux essais nucléaires, qui reste un dossier lourd ».

    Concernant le traitement des politiciens et intellectuels français à propos des événements du 8 mai 1945, Stora a déclaré que peu d’entre eux sympathisaient avec les Algériens, dirigés par l’écrivain Albert Camus, qui critiquait la situation des Algériens dans la France coloniale en tant que citoyens de seconde zone. par rapport aux Français, et peut-être que Camus, dit l’orateur, est le seul intellectuel français qui a critiqué le colonialisme français à cause de ces événements tragiques, qui ont conduit à la complexité de la situation d’occupation par la suite.

    Sur le plan officiel, Stora s’est référé à la déclaration faite par l’ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, de Sétif en 2005, à propos de ces événements, qu’il a qualifiés de « massacres », et que des déclarations ont été faites sous les directives du Président français, Jacques Chirac à l’époque, à cela s’ajoute le discours de l’ambassadeur français Bernard Bajolet en 2008 sous la houlette de Nicolas Sarkozy, qui « a avoué qu’il y a eu des massacres à Guelma et qu’ils ont été terribles, puis s’est tourné vers là où Les Algériens ont été jetés par l’armée française dans les cavernes ».

    L’historien français décrit les événements du 8 mai 1945 comme « la grande transformation idéologique de la lutte du mouvement national algérien pour l’indépendance, qui le conduisit deux ans plus tard à un affrontement militaire avec l’armée d’occupation, autour de la constitution d’un bras armé de le Parti populaire algérien, dans ce qu’on appelait l’« Organisation spéciale », qui fut le noyau qui fit exploser la révolution de libération en novembre 1954.

    Mohamed Moslem

    Echouroukonline, 07 mai 2022

    #Algérie #France #Macron #Tebboune #Benjamin_Stora #8mai1945

  • La nausée

    La nausée – Algérie, France, colonisation, crimes coloniaux, mémoire, massacres, génocide,

    Par Mohamed Koursi

    25avril 1945, le Duce est fusillé et pendu par les pieds au carrefour du Piazzale Loreto, à Milan. Hitler se suicide à Berlin six jours plus tard, et Little Boy et Fat Man mettent fin à la Seconde Guerre mondiale.

    8 mai 1945, après cinq ans et huit mois du plus meurtrier des conflits qu’aient connus l’humanité, les carillons retentissent. L’Europe danse sur toutes les places publiques. À Bełżec, Sobibór, Treblinka, Auschwitz–Birkenau… le monde découvre l’horreur et se promet que plus jamais «une guerre de civilisation» au nom d’une race ne soit menée. Les Alliés promettent d’éliminer l’odeur de la Seconde Guerre mondiale, au moment où Sartre devient une star parisienne. L’existentialisme dont il se revendique rassure quelque part les Français qui veulent oublier Vichy. Il apporte la caution de celui qui n’a pas été collaborationniste sans être résistant. Avec Simone de Beauvoir, il fonde «Les Temps modernes» et se dirige mentalement vers une rupture avec les socialistes et les communistes qui venaient d’applaudir à la sanguinaire pacification dans l’Est algérien et qui voteront, une dizaine d’années plus tard, les pouvoirs spéciaux pour Massu.

    Oui, quittons le continent européen. 8 mai 1945, les cloches des églises sonnent également dans les colonies. En Algérie, 150.000 indigènes ont pris les armes aux côtés des Alliés. La joie, la liesse, l’amour… Dans un discours radiodiffusé, De Gaulle pouvait affirmer, ce 8 mai : «Tandis que les rayons de la Gloire font une fois de plus resplendir nos drapeaux, la patrie porte sa pensée et son amour, d’abord, vers ceux qui sont morts pour elle, ensuite vers ceux qui ont, pour son service, tant combattu et tant souffert ! … Dans la joie et la fierté nationale, le peuple français adresse son fraternel salut à ses vaillants alliés… ». Le temps est-il venu pour des appels pacifiques à la liberté ? À Setif, Guelma, Kherrata et d’autres hameaux, la France, qui avait applaudi son général pour son sens de l’expression sur l’outrage fait à «Paris brisé, martyrisé, mais libéré», va, hélas, assassiner, exécuter, bombarder, brûler et faire disparaître des milliers de corps dans des fosses communes, pour faire taire cet appel.

    Armée, police, milices, coupables d’assassinats de masse, enfants, femmes, personnes âgées désarmées abattues à bout portant. Dans les villages et les villes, les forces coloniales ont regroupé des Algériens, transportés dans des camions et jetés dans des ravins, alors que d’autres sont emmenés en dehors des villes pour être exécutés. Leurs corps brûlés sont ensuite ensevelis dans des fosses communes. Des fours à chaux ont été utilisés par l’armée française pour se débarrasser des cadavres. «Du soir au matin, on empilait dans le four à chaux (le «four crématoire des minoteries Lavie», à Héliopolis, près de Guelma) les corps des fusillés… Pendant dix jours, on brûla sans discontinuer. L’odeur à la ronde était insupportable. Il suffit d’interroger les habitants de l’endroit…». Il fallait faire disparaître les preuves. «Avec la venue de l’été, la chaleur monte… et l’odeur de la mort. Vers Guelma, faute de les avoir tous enterrés assez profond ou brûlés, trop de cadavres ont été jetés dans un fossé, à peine recouverts d’une pelletée de terre.

    Les débris humains sont transportés par camion. Le transport est effectué avec l’aide de la gendarmerie de Guelma pendant la nuit. C’est ainsi que les restes des 500 musulmans ont été amenés au lieu-dit «fontaine chaude» et brûlés dans un four à chaux avec des branches d’oliviers.»

    Il ne s’agit pas d’une folie meurtrière localisée dans une région, mais d’un programme d’extermination validé au plus haut sommet de l’État. La France humiliée, disloquée en trois semaines par la Wehrmacht, marquée du sceau de l’infamie par Vichy, pensait laver son affront en Algérie sur des «indigènes» désarmés, femmes et enfants qui défilèrent en brandissant, croyaient-il légitimement, le drapeau algérien. Après tout, on fêtait la Libération, et nous, Algériens, avons participé à cette victoire. De Gaulle, dès le 10 mai, envoie un télégramme au gouverneur de l’Algérie : «…Veuillez affirmer publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française sur l’Algérie. Veuillez prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer tout agissement anti-français d’une minorité d’agitateurs… ». La commission Tubert (du nom du général qui l’a présidée), chargée d’enquêter sur ces massacres, reçut l’ordre de rentrer sur Alger. Son rapport jamais terminé est resté frappé du sceau de secret-défense des décennies. Peut-être qu’à Paris, on n’aimait pas l’odeur de la campagne algérienne… Dix ans plus tard, cette même France va gazer des Algériens. Ce même De Gaulle va donner le feu vert par la création de «sections spéciales» qui vont opérer dans le plus grand secret (même les autres corps d’armées ne sont pas au courant), pour «nettoyer» les grottes. Armés de gaz, masqués, habillés de combinaisons, ils vont traquer, pourchasser, bloquer dans des grottes, les combattants de l’ALN, mais aussi des femmes, des enfants et personnes âgées qui ont cru échapper aux zones interdites, aux centres de regroupements et au napalm.

    ET L’ODEUR?

    «Elle était âcre. Comme certains produits qu’on emploie pour nettoyer, exactement la même odeur [… ]. On appelait ça les “chandelles à gaz”, qui équivalaient à des centaines de grenades. Celui gazé par ça, s’il restait un quart d’heure, il était mort, asphyxié. Ça attaquait les poumons.» un siècle auparavant, En 1845, dans des grottes du massif du Dahra, à Nekmaria (Mostaganem), le lieutenant-colonel Aimable Pélissier piégea les Ouleds riahs, y entassa des fagots de bois, alluma le feu et les enfuma, devenant ainsi, avec presque un siècle d’avance, l’un des pères des chambres à gaz. «Pendant des heures, on entend, venant des grottes, des hurlements de bêtes et d’êtres humains mêlés aux craquements sourds de la roche qui éclate par endroits sous l’effet de la chaleur. Deux jours plus tard, quand les premiers soldats s’avancent en reconnaissance, il règne sur les lieux un silence de sépulcre. Le sol est jonché de plusieurs centaines de cadavres de moutons, d’ânes, de bœufs, de femmes, de vieillards, d’hommes et d’enfants.»

    Politis, mai 2022

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