Étiquette : crise alimentaire

  • La crise alimentaire internationale et les propositions pour en sortir

    La crise alimentaire internationale et les propositions pour en sortir

    Banque Mondiale, FMI, crise alimentaire, Russie, Ukraine, agriculture,

    par Eric Toussaint, Omar Aziki

    Contrairement à une idée qui s’est largement répandue en 2022, la crise alimentaire mondiale a commencé avant l’invasion russe de l’Ukraine et l’augmentation du prix des céréales provoquées par la spéculation. A l’échelle planétaire, entre 2014 et 2021, le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire grave a augmenté de plus de 350 millions, passant de 565 millions à 924 millions. L’augmentation a été particulièrement forte entre 2019 et 2021, elle a concerné un peu plus de 200 millions de personnes. En 2021, quelque 2,3 milliards de personnes (29,3 pour cent de la population mondiale) étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave [1]. En 2022, tous les indicateurs sont au rouge et le Conseil de sécurité des Nations unies a même été réuni le 17 mai 2022 pour débattre de comment faire face à la crise alimentaire qui pourrait provoquer des révoltes populaires.

    Comment expliquer qu’on soit toujours confronté à la faim au 21e siècle ?

    C’est le résultat du modèle de l’agrobusiness qui cherche non pas à nourrir les populations mais à réaliser des surprofits. C’est beaucoup plus flagrant dans les pays du Sud global où les programmes d’ajustement structurel du FMI et la Banque mondiale ont encouragé une agriculture intensive d’exportation selon les critères de concurrence et de rentabilité sur le marché mondial et ont marginalisé le secteur de la production vivrière et l’agriculture paysanne qui fournit pourtant 70% de la production de nourriture au niveau mondial [2]. Les aliments sont transformés en marchandises soumises à la spéculation sur le marché mondial où une poignée de grandes multinationales fixent les prix.

    Ces grandes entreprises de l’agrobusiness bénéficient de subventions publiques, accaparent de plus en plus de terres pour l’extension de la production d’agrocarburants et les ressources en eau pour des cultures hyper consommatrices, détruisent les semences paysannes au profit des hybrides et des OGM, généralisent l’utilisation des engrais chimiques et des pesticides.

    Ce modèle de production augmente considérablement la vulnérabilité des cultures face aux chocs externes et contribue énormément au changement climatique et aux sécheresses qui affectent l’agriculture pluviale et tarissent les nappes phréatiques. Il est directement lié au système capitaliste mondial et à sa crise multiforme dont la crise alimentaire est une des manifestations.

    Quelle est l’ampleur de la crise sur le plan humanitaire ?

    En Afrique, environ 60% de la population sont touchés par l’insécurité alimentaire modérée et 20 % par l’insécurité alimentaire graveUn être humain sur 10 souffre en permanence de la faim. Selon un critère plus large qui est élaboré par la FAO et d’autres organismes onusiens, 30 % de la population mondiale souffrent de manière modérée de l’insécurité alimentaire. Si on se concentre sur le continent africain, toujours selon la FAO, environ 60% de la population est touchée par l’insécurité alimentaire modérée et 20 % par l’insécurité alimentaire grave, ces chiffres risquant d’augmenter fortement avec l’instabilité climatique.

    En 2020, « on estime que 45 millions d’enfants de moins de 5 ans souffraient d’émaciation, la forme la plus mortelle de malnutrition, qui peut multiplier par 12 le risque de décès chez les enfants. En outre, 149 millions d’enfants de moins de 5 ans présentaient un retard de croissance et de développement en raison d’un manque chronique de nutriments essentiels dans leur alimentation [3] ». 45% des décès d’enfants de moins de 5 ans sont dus à la malnutrition, cela représente 3,1 millions d’enfants.

    « En 2021, l’écart entre les femmes et les hommes en ce qui concerne l’insécurité alimentaire s’est encore accentué : 31,9 pour cent des femmes dans le monde étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave, contre 27,6 pour cent des hommes – un écart de plus de 4 points de pourcentage, contre 3 points de pourcentage en 2020 [4] ».

    Selon un communiqué de l’Unicef du 23 juin 2022 : « Dans 15 pays actuellement touchés par une crise, près de 8 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans risquent de décéder des suites d’une émaciation sévère s’ils ne reçoivent pas des aliments thérapeutiques et des soins immédiats (…). Depuis le début de l’année, la crise alimentaire mondiale n’a cessé de s’amplifier, l’émaciation sévère touchant 260 000 enfants supplémentaires (soit un toutes les 60 secondes) dans les 15 principaux pays concernés, notamment dans la Corne de l’Afrique et le centre du Sahel. » Unicef ajoute : « En parallèle, le prix des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi visant à traiter l’émaciation sévère a augmenté de 16 % ces dernières semaines en raison d’une envolée du coût des matières premières, privant jusqu’à 600 000 enfants supplémentaires de ce traitement d’importance vitale et mettant ainsi leur vie en danger. »

    Structurellement, une majorité des personnes victimes de la faim appartient paradoxalement à la population rurale. Ce sont en majorité des familles de producteurs agricoles qui ne possèdent pas de propriétés ou pas assez de terres, ni de moyens pour les mettre en valeur et qui doivent vendre sur le marché le plus de produits agricoles notamment pour rembourser leurs dettes en privant leur famille d’une nourriture suffisante. Il y a bien sûr également les populations urbaines les plus appauvries.

    Quelques définitions fournies par l’Organisation mondiale de la santé et l’Unicef :

    Insécurité alimentaire modérée : niveau de gravité de l’insécurité alimentaire se caractérisant par le fait que les personnes concernées ne sont pas certaines de pouvoir se procurer à manger et ont été contraintes, à un moment ou à un autre durant l’année, de réduire la qualité et/ou la quantité des aliments consommés, en raison d’un manque d’argent ou d’autres ressources. L’insécurité alimentaire modérée renvoie donc à un manque de régularité dans l’accès à la nourriture, qui diminue la qualité de l’alimentation et perturbe les habitudes alimentaires normales. Elle est déterminée à partir de l’échelle de l’insécurité alimentaire vécue.

    Insécurité alimentaire grave : niveau de gravité de l’insécurité alimentaire se caractérisant par le fait que, à un moment dans l’année, les personnes concernées ont épuisé leurs réserves alimentaires, ont connu la faim et, au degré le plus avancé, sont restées un ou plusieurs jours sans manger. Il est déterminé à partir de l’échelle de l’insécurité alimentaire vécue.

    Sous-alimentation : situation dans laquelle la consommation alimentaire habituelle d’un individu est insuffisante pour fournir l’apport énergétique alimentaire nécessaire à une vie normale, active et saine. La prévalence de la sous-alimentation est utilisée pour mesurer la faim.

    Émaciation : L’émaciation constitue une forme mortelle de malnutrition qui amaigrit et affaiblit les enfants et les expose à un risque accru de décès, ainsi que de problèmes de croissance, de développement et d’apprentissage. En 2022, plus de 45 millions d’enfants de moins de 5 ans en souffrent.

    Émaciation sévère : Caractérisée par une maigreur extrême de l’enfant par rapport à sa taille en raison d’un affaiblissement du système immunitaire, l’émaciation sévère est la forme de malnutrition la plus immédiate, la plus visible et la plus mortelle. En 2022, plus de 13 millions d’enfants de moins de 5 ans en sont victimes.

    Cité par le quotidien Le Monde, Émile Frison, membre du panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-food), déclare : « il ne faut pas qu’on se trompe en se disant que c’est uniquement à cause du Covid et de la guerre en Ukraine qu’on assiste à une crise alimentaire, et que, si ces problèmes sont surmontés, les choses vont s’arranger ». Mathilde Gérard, journaliste au Monde ajoute : « Ces deux événements internationaux majeurs ont en réalité exacerbé des difficultés structurelles qui les précèdent » (Source : Mathilde Gérard, « Sous-alimentation : près d’une personne sur dix souffre de la faim dans le monde, un chiffre en forte hausse depuis deux ans », Le Monde, 6 juillet 2022)

    La crise alimentaire mondiale n’est pas provoquée par une réduction de la production de céréales ou d’autres aliments

    La crise alimentaire mondiale n’est pas provoquée par une pénurie mondiale de production d’aliments. En effet, la production alimentaire mondiale augmente plus rapidement que la croissance démographique depuis plus d’un demi-siècle. En 2021, la récolte de céréales a dépassé un record historique.

    Mais il est important de souligner qu’une partie croissante des aliments produits ne sert pas à l’alimentation humaine. Les gouvernements du Nord encouragent la production d’agrocarburants, appelés à tort biocarburants afin de créer une réaction positive de l’opinion publique. Dans un article d’avril 2022, Jean-François Collin, haut fonctionnaire et ex-conseiller au ministère de l’agriculture met en évidence « l’augmentation considérable des usages industriels de la production céréalière mondiale (…), notamment la production d’éthanol : 30 % de l’augmentation de la production mondiale des cinquante dernières années ont été consacrés au développement des usages industriels des céréales. Cela concerne principalement le maïs mais également le blé. (…) Environ 200 millions de tonnes de maïs américains sont transformées chaque année en éthanol incorporé dans le carburant des véhicules automobiles. 10 % des céréales produites dans le monde servent aujourd’hui de carburant. On pourrait ajouter les surfaces consacrées à d’autres plantes qui ne sont pas des céréales, comme le colza, le soja ou l’huile de palme avec lesquels on produit du diester également utilisé comme carburant. Ce sont autant de surfaces qui ne sont pas consacrées à la production de blé ou de riz susceptible d’alimenter directement des humains. »

    Il est également important de souligner que plus d’un tiers de la production mondiale de céréales, 35% selon J-F Collin, est destiné à l’alimentation des animaux d’élevage.

    Une poignée de sociétés transnationales contrôlent largement le marché des céréales, formant un oligopole, et augmentent en permanence leurs profits et leur fortune sur le dos des populations. Au niveau planétaire, quatre sociétés, dont trois sont étasuniennes et une est française, contrôlent 70% du marché international des céréales. Elles jouent un rôle fondamental dans la fixation des prix et de l’approvisionnement. Il s’agit de Archer Daniels Midland, De Bunge, Cargill et Louis Dreyfus, souvent désignés par le sigle ABCD.

    Prenons le cas de Cargill, voici ce qu’en dit Oxfam international dans un rapport récent : « Cargill est un géant mondial de l’agroalimentaire et l’une des plus grandes sociétés privées du monde. En 2017, elle a été répertoriée parmi les quatre entreprises qui contrôlent ensemble plus de 70 % du marché mondial des produits de base agricoles. Elle est détenue à 87 % par la onzième famille la plus riche du monde. La richesse cumulée des membres de cette famille figurant sur la liste des milliardaires de Forbes est de 42,9 milliards de dollars – et leur fortune s’est accrue de 14,4 milliards depuis 2020, augmentant de près de 20 millions de dollars par jour pendant la pandémie. Cette augmentation est due à la hausse des prix des denrées alimentaires, en particulier des céréales. Par ailleurs, quatre autres membres de la grande famille Cargill ont récemment rejoint la liste des 500 personnes les plus riches du monde. En 2021, la société a enregistré des recettes nettes de 5 milliards de dollars et réalisé les plus gros bénéfices de son histoire. L’année précédente, elle a versé des dividendes de 1,13 milliard de dollars, dont la plupart étaient destinés aux membres de la famille. La société devrait à nouveau obtenir des bénéfices record en 2022, venant grossir encore la fortune déjà colossale de la famille. »

    Oxfam ajoute : « Selon Bloomberg, Cargill n’est pas la seule entreprise à réaliser des bénéfices importants en tirant parti des pénuries alimentaires et de la volatilité des marchés. L’un des concurrents de l’entreprise, la société de commerce agricole Louis Dreyfus Co., a déclaré en mars avoir réalisé 82 % de plus de bénéfices l’année dernière, en grande partie grâce aux fluctuations du prix des céréales et aux fortes marges sur les graines oléagineuses » (Source : Oxfam, « Quand la souffrance rapporte gros. Face à l’explosion de la fortune des milliardaires et alors que le coût de la vie grimpe en flèche, il est urgent de taxer les plus riches », publié le 23 mai 2022)

    Ce contrôle sur le commerce des aliments a ainsi permis à ces entreprises de l’agroindustrie, mais aussi aux grandes chaines commerciales telles que Wallmart ou Carrefour, d’imposer des hausses de prix en 2021 de l’ordre de 30% [5].

    Autres causes fondamentales de la crise alimentaire, les politiques néolibérales d’ouverture des marchés que nous analysons plus loin. En effet, celles-ci ont rendu les pays du Sud global de plus en plus dépendants de leurs importations de céréales (voir plus loin la critique des différentes politiques appliquées par les pays du Sud sous pression des institutions comme la BM et le FMI mais aussi de leurs propres classes dominantes). En cas de choc extérieur entrainant une augmentation des prix sur le marché mondial et/ou une difficulté d’approvisionnement, les pays du Sud global, qui ne produisent pas de céréales en suffisance, sont directement touchés.

    Parmi les facteurs récents qui ont aggravé la crise alimentaire, il y a l’énorme spéculation qui a eu lieu sur les marchés des céréales dès le lendemain de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les prix du blé et du maïs ont augmenté de près de 50% en une quinzaine de jours alors qu’il n’y avait à ce moment-là aucune destruction de la production et aucun problème d’approvisionnement. Il s’agissait de spéculation pure de la part des grandes sociétés privées qui achètent des stocks de céréales (y compris des récoltes futures) dans les bourses de céréales dont la principale se trouve à Chicago. Le prix du riz a également augmenté, mais plus modérément.

    Immédiatement, les grandes sociétés de commercialisation, les grandes surfaces, ont augmenté le prix des aliments et cela sans justification.
    Au moment où ces lignes sont écrites à la fin août 2022, au cours des trois derniers mois, le prix du blé à la bourse de Chicago a baissé de 32% et le prix du maïs a baissé de 22%, mais cela ne s’est pas répercuté par une baisse des prix au détail.

    Les prix au détail pour les consommateurs/trices des classes populaires ont fortement augmenté et il est peu probable qu’ils baisseront, les gouvernants n’appliquant pas de politique de contrôle ou de fixation des prix. Les grandes entreprises privées sont en effet libres de les fixer selon leur bon vouloir.

    La crise alimentaire n’a pas débuté avec l’invasion de l’Ukraine

    A l’échelle planétaire, en réalité la situation se dégrade depuis 2014.
    Alors qu’on avait connu une crise alimentaire très grave en 2007-2008 (voir notre explication de la crise de 2007-2008) amenant à plus de 800 millions le nombre de personne souffrant de la faim, la situation s’était améliorée entre 2009 et 2013 pour se dégrader à nouveau à partir de 2014 (voir les tableaux 1 et 2).

    Tableau 1 : Évolution du nombre de personnes ayant vécu une situation d’insécurité alimentaire grave (en millions)

    A l’échelle planétaire, entre 2014 et 2021, le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire grave a augmenté de plus de 350 millions, passant de 565 millions à 924 millions

    Tableau 2 : Nombre de personnes ayant vécu une situation d’insécurité modérée en 2015, 2019 et 2020 (en millions)

    Est-il possible d’éradiquer la faim ?

    Éradiquer la faim, c’est tout à fait possible. Les solutions fondamentales pour atteindre cet objectif vital, passent par un projet de souveraineté alimentaire alternatif au modèle de l’agrobusiness intensif. La souveraineté alimentaire est le droit de chaque pays de maintenir et développer sa propre capacité à produire son alimentation de base. Elle suppose la protection des ressources naturelles, notamment la terre, les eaux et les semences. Elle place les producteurs/trices, distributeurs/trices et consommateurs/trices des aliments au cœur des systèmes et politiques alimentaires en lieu et place des exigences des marchés et des transnationales. Elle vise donc à nourrir la population à partir de l’effort des producteurs/trices au niveau local, tout en limitant les importations et les exportations.

    Pour avancer vers la souveraineté alimentaire, il faut mettre l’agroécologie au cœur des décisions politiques des gouvernements. L’agroécologie est une alternative au modèle néolibéral productiviste. Elle garantit les droits collectifs de la paysannerie, protège la biodiversité, renforce les systèmes alimentaires locaux, et valorise le travail des femmes qui est littéralement vital.

    Cela permettra de disposer d’une alimentation de qualité : sans OGM, sans pesticides, sans herbicides, sans engrais chimiques. Mais pour atteindre cet objectif-là, il faut que plus de 3 milliards de paysans puissent accéder à la terre en quantité suffisante et la travailler pour leur compte au lieu d’enrichir les grands propriétaires, les transnationales de l’agrobusiness, les commerçants et les prêteurs. Il faut aussi qu’ils disposent, grâce à l’aide publique, des moyens pour cultiver la terre (sans l’épuiser).

    Pour ce faire, il faut une réforme agraire, réforme qui manque toujours cruellement, que ce soit au Brésil, en Bolivie, au Paraguay, au Pérou, en Asie ou dans certains pays d’Afrique. Une telle réforme agraire doit organiser la redistribution des terres en interdisant les grandes propriétés terriennes privées et en fournissant un soutien public au travail des agriculteurs. Elle doit s’opposer aux politiques agraires mises en œuvre par la Banque mondiale, par des fondations comme la Fondation Bill Gates et des multinationales qui favorisent de grandes opérations d’accaparement de terres.

    Elle doit préserver les forêts existantes et encourager le reboisement, stopper la privatisation et la marchandisation des ressources hydriques, éviter la monoculture à l’origine de dégradations des sols…

    Il est important de souligner que le FMI et surtout la Banque mondiale ont d’énormes responsabilités dans la crise alimentaire car ce sont notamment ces institutions qui ont poussé les États à se connecter de plus en plus aux marchés internationaux en accroissant leur dépendance, à supprimer les aides aux petits producteurs et à offrir une place de choix aux transnationales de l’agrobusiness. Le FMI et la Bm ont recommandé aux gouvernements du Sud de supprimer les silos à grains qui servaient à alimenter le marché intérieur en cas d’insuffisance de l’offre et/ou d’explosion des prix. La Banque mondiale et le FMI ont poussé les gouvernements du Sud à supprimer les organismes de crédit public aux paysans et ont poussé ceux-ci dans les griffes des prêteurs privés (souvent de grands commerçants) ou des banques privées qui pratiquent des taux usuriers. Cela a provoqué l’endettement massif des petits paysans, que ce soit en Inde, au Mexique, en Égypte ou dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Selon les enquêtes officielles, le surendettement des paysans qui touche les paysans indiens est la cause principale du suicide de plus de 400 000 paysans en Inde au cours des 25 dernières années. C’est un pays où précisément la Banque mondiale s’est employée avec succès à convaincre les autorités de supprimer les agences publiques de crédit aux agriculteurs. Et ce n’est pas tout : au cours des 50 dernières années, la Banque mondiale et le FMI ont aussi poussé les pays tropicaux et autres pays du sud global à réduire leur production de blé, de riz ou de maïs pour les remplacer par des cultures d’exportation (cacao, café, thé, bananes, arachide, fleurs, coton…). Enfin, pour parachever leur travail en faveur des grandes sociétés de l’agrobusiness et des grands pays exportateurs de céréales (en commençant par les États-Unis, le Canada et l’Europe), ils ont poussé les gouvernements à ouvrir toutes grandes les frontières aux importations de nourriture qui bénéficient de subventions massives de la part des gouvernements du Nord, ce qui a provoqué la faillite de nombreux producteurs/trices du Sud et une très forte réduction de la production vivrière locale.

    En résumé, il est nécessaire de mettre en œuvre la souveraineté alimentaire, promouvoir l’agroécologie et appliquer la réforme agraire. Il faut abandonner la production des agro-carburants industriels et bannir les subventions publiques à ceux qui les produisent. Il faut également recréer au Sud des stocks publics de réserves d’aliments (en particulier de grains : riz, blé, maïs…), (re)créer des organismes publics de crédit aux agriculteurs/trices et rétablir une régulation des prix des aliments. Il faut garantir que les populations à bas revenu puissent bénéficier de bas prix pour des aliments de qualité. Il faut supprimer la TVA sur les aliments de base. L’État doit garantir aux petits producteurs/trices agricoles des prix de vente suffisamment élevés afin de leur permettre d’améliorer nettement leurs conditions de vie. L’État doit également développer les services publics dans les milieux ruraux (santé, éducation, communications, culture, « banques » de semences…). Les pouvoirs publics sont parfaitement à même de garantir à la fois des prix subventionnés aux consommateurs d’aliments et des prix de vente suffisamment élevés pour les petits producteurs agricoles afin qu’ils disposent de revenus suffisants.

    Ce combat contre la faim n’est-il pas partie prenante d’un combat bien plus vaste ?

    On ne peut prétendre sérieusement lutter contre la faim sans s’attaquer aux causes fondamentales de la situation actuelle. La dette est l’une d’entre elles, et les effets d’annonce sur ce thème, fréquents ces dernières années comme lors des sommets du G7 ou du G20, masquent mal que ce problème demeure entier. La crise globale qui touche le monde aujourd’hui aggrave la situation des pays en développement face au coût de l’endettement et de nouvelles crises de la dette au Sud sont en préparation. Ce qui se passe en 2022 au Sri Lanka ou en Argentine en sont des exemples criants. Or cette dette a conduit les peuples du Sud, souvent pourvus en richesses humaines et naturelles considérables, à un appauvrissement massif. Le système dette est un pillage organisé auquel il est urgent de mettre fin.

    En effet, le mécanisme infernal de la dette publique illégitime est un obstacle essentiel à la satisfaction des besoins humains fondamentaux, parmi lesquels l’accès à une alimentation décente. Sans aucun doute, la satisfaction des besoins humains fondamentaux doit primer sur toute autre considération, géopolitique ou financière. Sur un plan moral, les droits des créanciers, rentiers ou spéculateurs ne font pas le poids par rapport aux droits fondamentaux de huit milliards de citoyens, piétinés par ce mécanisme implacable que représente la dette.
    Il est immoral de demander aux peuples des pays appauvris par une crise globale dont ils ne sont nullement responsables de consacrer une grande partie de leurs ressources au remboursement de créanciers aisés (qu’ils soient du Nord ou du Sud) plutôt qu’à la satisfaction de leurs besoins fondamentaux. L’immoralité de la dette découle également du fait qu’elle a très souvent été contractée par des régimes non démocratiques qui n’ont pas utilisé les sommes reçues dans l’intérêt de leurs populations et ont souvent organisé des détournements massifs d’argent, avec l’accord tacite ou actif des États du Nord, des créanciers privés du Nord, de la Banque mondiale et du FMI. Les créanciers des pays les plus industrialisés ont prêté en connaissance de cause à des régimes souvent corrompus. Ils ne sont pas en droit d’exiger des peuples qu’ils remboursent ces dettes immorales et illégitimes.

    En somme, la dette est un des principaux mécanismes par lesquels une nouvelle forme de colonisation s’opère au détriment des peuples. Elle vient s’ajouter à des atteintes historiques portées également par les pays riches : esclavage, extermination de populations indigènes, joug colonial, pillage des matières premières, de la biodiversité, du savoir-faire des paysans (par le brevetage au profit des transnationales de l’agrobusiness du Nord des produits agricoles du Sud comme le riz basmati indien) et des biens culturels, fuite des cerveaux, etc. Il est plus que temps de remplacer la logique de domination par une logique de redistribution de richesses dans un souci de justice.

    Le G7, le FMI, la Banque mondiale et le Club de Paris imposent leur propre vérité, leur propre justice, dont ils sont à la fois juge et partie. Depuis la crise de 2007-2009, le G20 a pris le relais du G7 et a contribué à remettre le FMI discrédité et délégitimé au centre du jeu politique et économique en particulier à l’égard du Sud Global. Il faut mettre fin à cette injustice qui profite aux oppresseurs, qu’ils soient du Nord ou du Sud.

    Le CADTM soutient avec enthousiasme les propositions et les revendications avancées par le mouvement paysan international La Via Campesina pour faire face à la crise alimentaire actuelle et aller vers la souveraineté alimentaire. Nous les reproduisons intégralement.

    « Face à ce contexte dramatique, La Via Campesina exprime des exigences et des propositions fortes pour faire face à la crise, tant à court qu’à long terme.

    Nous exigeons une action immédiate pour :

    La fin de la spéculation sur les denrées alimentaires et la suspension de la cotation des denrées alimentaires en bourse. Les contrats à terme sur les matières premières agricoles devraient être interdits immédiatement. Le prix des denrées alimentaires faisant l’objet d’un commerce international doit être lié aux coûts de production et respecter les principes du commerce équitable, tant pour les producteurs, productrices que pour les consommateurs, consommatrices ;
    La fin de l’OMC dans le contrôle du commerce alimentaire, ainsi que les accords de libre-échange. En particulier, les règles de l’OMC qui empêchent les pays de développer des réserves alimentaires publiques et la régulation des prix et des marchés doivent être immédiatement suspendues, afin que les pays puissent développer les politiques publiques nécessaires pour soutenir les petits producteurs et les petites productrices dans ce contexte difficile ;
    Une réunion d’urgence du Comité de la sécurité alimentaire et la création d’un nouvel organisme international chargé de mener des négociations transparentes sur les accords de produits de base entre les pays exportateurs et importateurs, afin que les pays devenus dépendants des importations de denrées alimentaires puissent avoir accès à des aliments à des prix abordables ;
    L’interdiction d’utiliser des produits agricoles pour produire des agrocarburants ou de l’énergie. La nourriture doit être une priorité absolue par rapport au carburant.
    Un moratoire mondial sur le remboursement de la dette publique par les pays les plus vulnérables. Dans le contexte actuel, faire pression sur certains pays très vulnérables pour qu’ils remboursent leur dette est tout à fait irresponsable et conduit à une crise alimentaire. Nous demandons la fin des pressions exercées par le FMI pour démanteler les politiques publiques nationales et les services publics. Nous demandons l’annulation de la dette publique extérieure illégitime dans les pays en développement.
    Nous demandons des changements radicaux dans les politiques internationales, régionales et nationales afin de reconstruire la souveraineté alimentaire à travers :

    Un changement radical de l’ordre commercial international. L’OMC doit être démantelée. Un nouveau cadre international pour le commerce et l’agriculture, basé sur la souveraineté alimentaire, doit ouvrir la voie au renforcement des agricultures paysannes locales et nationales et garantir une base stable pour la production alimentaire relocalisée et le soutien des marchés locaux et nationaux dirigés par les paysans et paysannes. Le système commercial international doit être équitable et basé sur la coopération et la solidarité plutôt que sur la concurrence et la spéculation ;
    La mise en œuvre d’une réforme agraire populaire et globale, pour mettre fin à l’accaparement de l’eau, des semences et des terres par les sociétés transnationales, et pour garantir aux petits producteurs et petites productrices des droits équitables sur les ressources productives. Nous protestons contre la privatisation et l’accaparement des écosystèmes et des ressources naturelles par des intérêts privés sous le prétexte de protéger la nature, par le biais des marchés du carbone ou d’autres programmes de compensation de la biodiversité, sans considération pour les personnes qui vivent dans les territoires et prennent soin des ressources depuis des générations ;
    Un changement radical vers l’agroécologie, afin de produire une alimentation saine en quantité et en qualité pour l’ensemble de la population. Nous devons garder à l’esprit que la crise climatique et environnementale est notre grand défi dans le contexte actuel et que nous devons relever le défi de produire suffisamment de nourriture de qualité tout en ravivant la biodiversité et en réduisant drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.
    Une régulation efficace du marché des intrants (crédit, engrais, pesticides, semences, carburant…) pour soutenir la capacité des paysans et paysannes à produire des aliments, mais aussi pour assurer une transition équitable et bien planifiée vers des pratiques agricoles plus agroécologiques ;
    Une gouvernance alimentaire basée sur les intérêts des peuples et non sur des entreprises transnationales. Aux niveaux mondial, régional, national et local, il faut mettre un terme à la mainmise des multinationales sur la gouvernance alimentaire et placer les intérêts des populations au centre. Les petits producteurs et les petites productrices doivent être reconnus comme ayant un rôle clé à jouer dans tous les organes de gouvernance alimentaire ;
    La transformation de la déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et paysannes en un instrument juridiquement contraignant pour la défense des populations rurales.
    Le développement des capacités de stockage public dans chaque pays. La stratégie de constitution de réserves alimentaires doit être mise en œuvre à la fois au niveau national et par la création et le soutien public de réserves alimentaires au niveau communautaire avec des aliments produits localement à partir de pratiques agricoles agro-écologiques ;
    Un moratoire mondial sur les technologies dangereuses qui menacent l’humanité, comme la géo-ingénierie, les OGM ou la viande cellulaire. La promotion de techniques peu coûteuses qui augmentent l’autonomie des paysans et paysannes et les semences paysannes.
    Le développement de politiques publiques pour assurer de nouvelles relations entre ceux et celles qui produisent les aliments et ceux et celles qui les consomment, ceux et celles qui vivent dans les zones rurales et ceux et celles qui vivent dans les zones urbaines, en garantissant des prix équitables définis sur la base du coût de production, permettant un revenu décent pour tous ceux et celles qui produisent dans les campagnes et un accès équitable à une alimentation saine pour les consommateurs et consommatrices ;
    La promotion de nouvelles relations de genre basées sur l’égalité et le respect, tant pour les personnes vivant à la campagne que pour la classe ouvrière urbaine. La violence à l’égard des femmes doit cesser maintenant.
    Les auteurs remercient Pablo Laixhay et Brigitte Ponet pour leur relecture.

    Nous vous recommandons la lecture de ce communiqué de presse du CADTM -> 2022 : Mettons fin à la crise alimentaire

    —————–

    Notes
    [1] FAO : L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde. Édition 2022. https://www.fao.org/documents/card/en/c/cc0639en

    [2] La FAO déclare elle-même que les « agriculteurs familiaux (…) produisent plus de 70% de la nourriture dans le monde et plus de 80% en valeur dans les pays en développement » Voir la fin de la déclaration suivante https://www.fao.org/news/story/fr/item/1175255/icode/

    [3] Communiqué de presse de l’Organisation mondiale de la Santé, 6 juillet 2022, https://www.who.int/fr/news/item/06-07-2022-un-report–global-hunger-numbers-rose-to-as-many-as-828-million-in-2021

    [4] Communiqué de presse de l’Organisation mondiale de la Santé, 6 juillet 2022.

    [5] Oxfam, « QUAND LA SOUFFRANCE RAPPORTE GROS, Face à l’explosion de la fortune des milliardaires et alors que le coût de la vie grimpe en flèche, il est urgent de taxer les plus riches », publié le 23 mai 2022 https://www.oxfamfrance.org/wp-content/uploads/2022/05/Final-Davos-Media-Brief-12.5.22_FR-final.pdf , p. 6.

    CADTM, 5 septembre 2022

    #FM #BM

  • Un monde désordonné jette son ombre sur la TICAD 8

    Un monde désordonné jette son ombre sur la TICAD 8

    TICAD 8, Union Africaine, Japon, Russie, Chine, Ukraine, crise alimentaire,

    En Tunisie, le Japon a tenté de se présenter comme un partenaire ayant une approche différente de celle de la Chine, qui accorde beaucoup de prêts, mais dans le contexte de la dislocation de l’économie mondiale, cette remise à zéro pourrait avoir un impact limité.

    Angus Chapman

    Ce fut un étrange week-end à Tunis.

    Lors de la cérémonie d’ouverture de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8), pierre angulaire de l’influence économique, politique et de développement du Japon dans la région, étroitement liée à l’héritage de Shinzo Abe, disparu tragiquement, le Premier ministre japonais Fumio Kishida n’a pas mâché ses mots.

    L’ordre international fondé sur des règles est essentiel », a-t-il déclaré aux délégués, accusant à la fois la Chine et la Russie de saper cet ordre, dans une déclaration forte de son intention de regagner du terrain pour ce qui a été appelé à plusieurs reprises une approche distinctement « japonaise » du développement, enracinée dans la paix, la démocratie et l’épanouissement humain, avec un accent sur les droits sociaux, politiques et humains. L’Ukraine, en particulier, a occupé une place importante, presque toutes les interventions – du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Fakih Mahamat, à Amina Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations unies, en passant par la multitude de déclarations des 48 pays africains représentés à la conférence – commençant par évoquer les coûts terribles que l’invasion russe a imposés au continent africain. La déclaration de Tunis, adoptée lors de la clôture de la TICAD dimanche, est allée encore plus loin, s’ouvrant sur un engagement à « maintenir la paix et la stabilité internationales » avant de se faufiler dans un défi direct à la Chine, prenant « bonne note de l’initiative d’un Indo-Pacifique libre et ouvert ».

    Des crises aggravées

    Mais comme l’ont souligné plusieurs intervenants, l’environnement économique mondial n’est pas nécessairement propice à une réinitialisation ambitieuse des relations nippo-africaines.

    « Les choses se sont compliquées », a déclaré Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’un des coorganisateurs de la TICAD. Il a énuméré une série de vents contraires auxquels l’organisation est confrontée dans sa lutte pour mettre fin aux perspectives de développement de l’Afrique.

    « La pandémie a fait dévier de nombreux pays de leur trajectoire ; des dizaines de millions de personnes se sont appauvries et, pour couronner le tout, l’attaque de la Russie contre l’Ukraine a provoqué d’énormes perturbations. Nous essayions d’investir dans le développement, nous essayions d’investir dans l’économie numérique en Afrique, au lieu de cela nous devons [maintenant] nous concentrer sur la manière dont les gens ont accès à la nourriture et aux engrais. Sans parler de la récession économique mondiale, où le coût du capital explose et frappe les économies africaines à un point d’endettement maximal. »

    M. Steiner ajoute qu’au-delà de l’économie, « nous sommes confrontés à un moment où les questions d’inégalité et de polarisation politique, le manque de confiance dans le gouvernement sont en train de déchirer les coutures de la cohésion sociale et la fonctionnalité du gouvernement. »

    C’est dans ce contexte que le Japon tente de se réaffirmer et de se distinguer de la Chine, alors que l’approche de son rival régional en matière de développement africain, fondée sur les prêts, lui vaut d’être accusé de « diplomatie du piège de la dette » sur tout le continent.

    Alors que l’on a l’impression que la TICAD a perdu de son lustre – le nombre de hauts fonctionnaires des pays africains présents a diminué de plus de la moitié, pour atteindre 20 personnes seulement, par rapport à la TICAD 7 à Yokohama il y a trois ans – la promesse élevée du Japon de consacrer 30 milliards de dollars supplémentaires au cours des trois prochaines années pour contribuer au développement de l’Afrique a été bien accueillie. Bien que l’intention soit de mobiliser conjointement des fonds provenant de sources publiques et privées, conformément à la réorientation en cours vers un développement dirigé par le secteur privé, établie lors de la TICAD 7, la répartition jusqu’à présent penche fortement en faveur du gouvernement et des autres institutions officielles de développement. Outre un fonds de 10 milliards de yens (70 millions de dollars) créé par les milieux d’affaires japonais dans le but de soutenir les jeunes entreprises africaines, 4 milliards de dollars sont consacrés à une nouvelle « initiative de croissance verte avec l’Afrique », 5 milliards de dollars seront fournis sous forme de cofinancement avec la Banque africaine de développement (BAD) pour s’attaquer aux problèmes d’électricité, de connectivité, de santé, d’agriculture et de nutrition, ainsi qu’aux problèmes de santé publique, 5 milliards de dollars seront fournis en cofinancement avec la Banque africaine de développement (BAD) pour s’attaquer aux problèmes d’électricité, de connectivité, de santé, d’agriculture et de nutrition, ainsi que de transparence et de viabilité de la dette, avec 300 millions de dollars supplémentaires pour la facilité de production alimentaire d’urgence de la BAD, 1 milliard de dollars ira à un fonds mondial pour la prévention des maladies infectieuses et, enfin, 300 000 professionnels africains supplémentaires seront formés au Japon.

    Aussi bien intentionné et précieux que soit le soutien du Japon, il n’est cependant pas certain que la TICAD 8 ait constitué une grande réinitialisation de la coopération nippo-africaine. Encore moins s’il s’agissait d’un rempart bilatéral défiant les forces globales et multidimensionnelles qui exercent une pression sur le continent. Malgré toutes les références du Japon à la qualité, et non à la quantité, de la coopération et de la croissance, et malgré l’accent mis sur l’importance de l’agence, de la consolidation de la paix, de la justice, de la durabilité et du capital humain, la réalité désagréable est que le changement radical des investissements japonais en Afrique – le principal levier prévu pour obtenir des résultats positifs en matière de développement – ne s’est pas encore concrétisé. Les États-Unis ont investi 44 milliards de dollars d’IDE en 2021, le Royaume-Uni et la France environ 60 milliards de dollars chacun et la Chine 43 milliards de dollars, les 5 milliards de dollars du Japon restant loin derrière, alors même que ses dirigeants politiques et économiques vantaient la jeunesse, le dynamisme et le potentiel économique inexploité du continent. Bien qu’on ne puisse attendre du Japon qu’il fasse tout à lui seul, il reste la troisième plus grande économie du monde en termes de PIB et peut se targuer d’un héritage riche et partageable en matière d’industrialisation de haute technologie, d’administration publique efficace, d’infrastructures transformatrices et de contributions de soutien aux affaires mondiales. Elle peut certainement faire plus. Dans le même temps, le recours fréquent aux changements du système mondial, comme l’insistance de M. Kishida pour que l’Afrique dispose d’un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies – ce qui correspond aux ambitions du Japon dans cette arène – a été un rappel constant de l’ampleur des oscillations de la politique, de l’économie, de la finance et de la diplomatie internationales.

    Le changement climatique, la détérioration de l’économie, l’inégalité, le recul de la démocratie et l’agression nucléaire sont de véritables défis mondiaux, dont l’Afrique ressent l’extrémité plus que tout autre continent. Alors que j’écoutais le discours d’ouverture du Premier ministre Kishida, j’étais assis en face du chef de bureau d’une grande agence de presse internationale. Lors d’un appel Skype avec des collègues de la Libye voisine, il m’a dit, par-dessus le bruit des tirs, que des militants avaient commencé à tirer des coups de feu près de leur bureau.

    Dans un contexte d’élections nationales difficiles, de privations économiques croissantes, de sécheresse et de luttes pour le contrôle de l’industrie pétrolière nationale en raison de la flambée des prix induite par la guerre, il semblait inévitable que la violence qui sévit dans le pays depuis plus de dix ans et qui implique d’innombrables acteurs régionaux, internationaux et multinationaux, reprenne.

    Le Japon fait peut-être – ou peut-être pas – de son mieux, mais malgré les discours enthousiastes, les plénières, les promesses et la bonne volonté authentique et abondante de la TICAD 8, ses nobles ambitions pour l’Afrique restent frustrantes et hors de portée.

    African business, 30(08/2022

    #TICAD #Union_Africaine #Japon


  • Le roi du Maroc, a-t-il été dupé par Trump?

    Le roi du Maroc, a-t-il été dupé par Trump?

    Maroc, Etats-Unis, Donald Trump, Algérie, Sahara Occidental, African Lion, crise sociale, crise alimentaire, normalisation,

    Tout ce que le roi du Maroc a récolté de la normalisation avec Israël est le discrédit aux yeux de la population marocaine, de la communauté arabe et des Palestiniens. Pour preuve, les menaces à peine voilées exprimées par le souverain marocain dans son dernier discours à l’occasion de la commémoration de la dénommée « Révolution du roi et du peuple ».

    Les Accords Abraham sur lesquels il comptait pour augmenter son emprise sur le Sahara Occidental n’ont rien donné. Un revers qui s’ajoute à la dernière décision du gouvernement américain de déménager ses exercices militaires connus sous le nom d’African Lion.

    La mobilisation de la société civile marocaine contre les relations avec l’entité sioniste va en crescendo. A cela s’ajoute une situation sociale qui s’aggrave au jour le jour en raison de la crise alimentaire engendrée par le guerre ukrainienne et les sequelle de deux ans de pandémie. Il ne se passe pratiquement plus une journée sans que ne soient signalées sur les réseaux sociaux des grèves et des marches de protestations pour dénoncer les conditions de vie indignes dans lesquelles vivent les marocains et la répression féroce qui s’abat sur les journalistes, les militants politiques et les journalistes.

    Pour faire taire les voix discordantes, le Makhzen fait tourner à plein régime la machine répressive. Il emprisonne à tour de bras. Vivant dans la hantise d’une révolte généralisée, Mohammed VI a appelé même en renfort les Israéliens pour former sa police politique aux techniques de répression des foules.

    Malgré les importantes opérations de marketing, lancées à coups de millions de dollars, pour vendre à l’étranger l’image d’un Maroc où tout va bien, le Makhzen est bien au bord de la crise de nerfs. Et ce ne sont certainement pas les nombreux documentaires diffusés en boucle par la chaîne pro-israélienne i24 news sur la beauté des paysages marocains ou le raffinement de la gastronomie de Rabat qui y changera quelque chose à cet état de fait.

    Depuis plusieurs mois, Mohammed VI et sa cour font face à une importante fronde sociale qui risque à tout moment d’emporter le Makhzen. Étouffée durant ces deux dernières années à cause de la pandémie de Covid-19, la protestation sociale a refait son apparition et gagne chaque jour en intensité. Les Marocains sont à bout et n’ont plus peur de le faire savoir.

    Comme lors des événements du Rif en octobre 2016 qui a vu la population de cette région se lever comme un seul homme pour dénoncer sa marginalisation, la gabegie du Makhzen et la corruption endémique qui gangrène l’administration marocaine, la colère qui couve actuellement dans les villes et le Maroc profond est une lame de fond.

    Traditionnellement complaisants à l’égard de cette monarchie moyenâgeuse, les médias occidentaux n’en parlent évidemment pas. Il ne se passe pratiquement plus une journée sans que ne soient signalées sur les réseaux sociaux des grèves et des marches de protestations pour dénoncer les conditions de vie indignes dans lesquelles vivent les marocains et la répression féroce qui s’abat sur les journalistes, les militants politiques et les journalistes. Pour faire taire les voix discordantes, le Makhzen fait tourner à plein régime la machine répressive. Il emprisonne à tour de bras.

    Vivant dans la hantise d’une révolte généralisée, Mohammed VI a appelé même en renfort les Israéliens pour former sa police politique aux techniques de répression des foules.

    Tous ces éléments ont eu pour effet de plonger dans un profond doute les décideurs marocains aujourd’hui à la solde des sionistes à commencer par Nacer Bourita. Ce doute et cette crainte d’un avenir incertain transparait clairement dans le message de samedi de Mohammed VI, dont la santé est chancelante. Dans ce message à la fois curieux et insolite, il appelle les partenaires du Maroc à « clarifier » leur position sur la question du Sahara occidental et à le soutenir « sans aucune équivoque ». « Je voudrais adresser un message clair à tout le monde: le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international », a-t-il déclaré. « C’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit », a-t-il souligné.

    Mohammed VI est-il naïf vraiment au point de penser que quelqu’un va voler à son secours dans un contexte mondial devenu une jungle et dont le devise est plus que jamais « chacun pour soi… » ? Quoiqu’il en soit, il s’agit là d’un signe de panique évident. Il est évident qu’aucun pays ne va accepter de sacrifier ses intérêts nationaux pour faire plaisir à un roi dont la cause est perdue depuis longtemps.

    #Maroc #Israël #Normalisation #Palestine #AlQods #Algérie

  • La révolution du numérique et le nouveau pouvoir mondial

    La révolution du numérique et le nouveau pouvoir mondial

    Révolution numérique, crise énergétique, crise alimentaire, pandémie, covid 19, réchauffement climatique, BRICS, Chine, Russie, Ukraine,

    Abderrahmane Mebtoul Professeur des Universités, docteur d’Etat 1974 – Expert international – Expert-comptable de l’Institut supérieur de gestion de Lille France

    1.-Rappelons le scandale récent où le programme phare de NSO nommé Pegasus, u surnommé «Cheval de Troie», a permis, de fouiller dans les données (calendriers, photos, contacts, messageries, appels enregistrés, coordonnées GPS…) des Smartphones, iPhone comme Android, infectés, mais aussi de contrôler à distance la caméra et les micros intégrés à l’appareil. La maitrise de cette technologie donne la possibilité d’écouter des conversations dans une pièce alors que le téléphone apparaît inactif. Ce logiciel en est à sa troisième version. Dans les premières moutures, la victime devait cliquer sur un lien pour charger le virus. Mais, depuis au moins deux ans, Pegasus est devenu une technologie dite «zéro clic» où la victime reçoit ce qui ressemble à un appel vidéo qui suffit à infecter le téléphone dès la première sonnerie, même si elle ne répond pas.

    Selon Forbidden Stories, la réception d’un «iMessage», la messagerie d’Apple, ou d’un SMS infecté servirait de viatique pour prendre le contrôle de l’appareil. C’est un puissant logiciel qui au départ devait contrecarrer les actions terroristes mais qui a été utilisé pour espionner le compte d’une dizaine d’Etats, et une liste de plus de 50.000 numéros de téléphone de personnalités diverses de par le monde . Cependant les nouvelles technologies ne concernent pas seulement les écoutes. Les drones sans pilotes commencent à remplacer l’aviation militaire classique pouvant cibler avec précision tout adversaire à partir de centres informatiques sophistiqués à des milliers de kilomètres. Les satellites remplissant l’atmosphère, permettent d’espionner tout pays, de détecter le mouvement des troupes et la diffusion d’images de toute la planète.

    C’est dans ce cadre que se développe l’Intelligence économique dont sa gestion stratégique est devenue pour une Nation et l’entreprise l’un des moteurs essentiels de sa performance globale et de sa sécurité. Mais si les experts militaires s’accordent sur le fait que l’espionnage a toujours existé dans les relations internationales depuis que le monde est monde, mais aujourd’hui plus sophistiqué, il appartient à chaque nation d’utiliser des moyens plus sophistiqués pour se protéger où les cybers attaques sont facteurs de déstabilisation. Une Nation sans un service de contre espionnage incluant le militaire et l’économique, le social dont l’anthropologie pour saisir les mutations sociales, et le culturel afin de prévoir les comportements psychologiques, est comme un aveugle qui tâtonne sans stratégie.

    Notre univers est devenu une grande maison de verre, l’infrastructure de l’Internet se répandant aujourd’hui autour du monde pour créer un large réseau mondial et ce grâce à l’informatique qui permet aujourd’hui de numériser les informations et de gérer de nouveaux systèmes. L’utilisation de Facebook et Twitter par la diffusion d’informations parfois non fondées où faute de transparence, la rumeur dévastatrice supplante l’information officielle déficiente.

    2.-L’interaction de l’électronique et de l’informatique explique que les applications des NTIC puissent répondre aux besoins aussi bien des entreprises et de l’Etat que des ménages et des individus. La globalisation des entreprises, des marchés et des circuits de la finance n’a pas seulement impliqué un remodelage des structures économiques et des flux d’échange, elle a aussi conduit à la professionnalisation de la communication et de l’information, ainsi qu’à une intégration de plus en plus poussée des phases de la conception, de la création et de la consommation des produits, parallèlement à la fusion de sphères d’activités jadis séparées, voire opposées. D’où l’appui aux entreprises pour l’accès aux volumes importants d’informations sur le commerce international détenu par les départements et agences ministériels, les services de renseignement et de contre-espionnage, mettant en place un service d’information économique au profit des entreprises engagées dans le commerce extérieur.

    Depuis l’apparition des intranets et des extranets, l’information se diffuse plus rapidement et plus largement hors des frontières, acquérant ainsi une telle valeur stratégique que l’enjeu est désormais de se l’approprier. Des écoutes téléphoniques, nous assistons aux interceptions des messages électroniques. Lorsqu’un mail est envoyé de façon habituelle, il n’est pas crypté et peut transiter par une dizaine de proxys qui jalonnent le parcours vers sa destination. Les informations contenues dans le corps du message et dans les fichiers joints peuvent être lues par autant de responsables de proxies que nécessite le trajet. Les vols de documents ne se produisent pas seulement en accédant, à distance ou non, à un ordinateur ou un serveur, mais également par les photocopieuses qui stockent les informations avant de les imprimer, des experts en informatique pouvant donc ensuite très facilement récupérer ces informations.

    Autres exemples : le fonctionnement des bourses interconnectées déterminant le prix de produits stratégiques dont la méconnaissance peut se traduire en pertes financières, prix qui fluctuent de minutes en minutes, d’heures en heures et dont la méconnaissance peut mettre en faillite des firmes ou un pays, l’utilisation de mécanismes sophistiqués à l’aide de bureaux conseils juridiques et financiers pour les transferts illicites de capitaux à travers les surfacturations rendant presque impossible le traçage et donc la récupération par les Etats lésés. Face aux grands bouleversements géostratégiques qui s’annoncent, les impacts de l’épidémie du coronavirus et le dérèglement climatique modifieront le nouveau pouvoir mondial avec des incidences politiques, sociales, culturelles et militaire.

    3.- C’est qu’avec la crise ukrainienne, récemment en Asie avec les tensions Chine/USA concernant l’avenir de Taiwan, ( voir notre interview à la télévision ALG24 du 04 aout 2022), la crise énergétique et alimentaire, l’impact de l’épidémie du coronavirus et du réchauffement climatique, posent la problématique d’une nouvelle architecture des relations internationales et sur le plan politique et sur le plan économique de la nécessaire transition numérique et énergétique qui devrait modifier considérablement tant les politiques sécuritaires, économiques, et et sociales des Nations. Nous assistons à un profond bouleversement de l’ordre économique et géopolitique mondial où le commerce de l’énergie se modifie, l’inflation est de retour, la crise alimentaire guette bon nombre de pays, les chaînes d’approvisionnement se reconfigurent, les réseaux de paiement se fragmentent et certains pays émergents comme la Chine repensent leurs réserves de devises estimées au 31/12/2021 à environ 3200 milliards de dollars.

    C’est ainsi que le monde devrait connaître un grand bouleversement travers le BRICS, composé de cinq pays – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, l’acronyme BRICSAM (en anglais , également utilisé pour y adjoindre le Mexique, sans qu’il soit membre de ce groupe, rejoints en tant qu’ observateurs par la Thaïlande, l’Egypte, la Guinée et, le Tadjikistan. Ensemble, les BRICS pèsent 45 % de la population de la planète, près du quart de sa richesse et les deux tiers de sa croissance et les estimations, les BRICS seraient à l’origine de plus de 50 % de la croissance économique mondiale au cours des dix dernières années, ce bloc selon le quotidien allemand « Die Welt » pouvant être l’amorce : d’une alliance anti-occidentale. Cela marque la fin d’un monde né un demi-siècle plus tôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite des décennies durant par les divisions, les déchirements et les guerres.

    Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Face à cette situation ayant des impacts géostratégiques, économiques et sécuritaires, où les relations diplomatiques de chefs d’Etat à Etat, de ministres à ministres ont de plus en plus peu d’impacts, étant supplantés par des réseaux décentralisés, l’Etat major de l’ANP à travers les dernières éditions El-Djeich tire la sonnet d’alarme afin que la majorité des responsables des institutions stratégiques en Algérie en déphasage par rapport aux nouvelles réalités tant internes que mondiales, s’adaptent en urgence, nécessitant un important investissement dans le savoir. (Voir l’American Herald Tribune du 11 août 2018 (USA) «Dr Abderrahmane Mebtoul : «Algeria Still Faces Significant Challenges et IMPED ministère de la Défense nationale octobre 2019 conférence du Pr A. Mebtoul où les axes de la maîtrise du numérique ont été développés». C’est que la nouvelle révolution mondiale du numérique a un impact sur le comportement des citoyens, sur la gestion des institutions et des entreprises et d’une manière générale sur la gouvernance et sur notre nouveau mode de vie. Politiques, militaires, entrepreneurs, citoyens, nous vivons tous aujourd’hui dans une société de la communication électronique, plurielle et immédiate qui nous contraint à prendre des décisions en temps réel.

    En conclusion, les défis collectifs nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Existant un lien dialectique entre sécurité et développement, cela rend urgent un front social interne solide et de profondes réformes structurelles loin des replâtrages conjoncturels, toute Nation qui n’avance pas recule forcément et toute Nation n’est forte que si son économie est forte, l’Algérie étant dépendante des hydrocarbures (97/98% des recettes en devises avec les dérivés). Toute action diplomatique dans l’avenir des relations internationales n’aura de réelles efficiences que si l’économie est forte et si le pays maîtrise les nouvelles technologies.

    Face à ces nouvelles mutations technologiques s’impose une coordination internationale et un code de bonne conduite, avec de nouveaux mécanismes juridiques de protection qui touchent tant la vie privée que la sécurité des Nations. Le monde étant à l’aube d’une quatrième révolution économique, l’Algérie n’a pas d’autres choix que de réussir les réformes structurelles impliquant des stratégies d’adaptation et une autre politique socio-économique, loin des utopies du passé, dont celle de la transition énergétique et numérique. Le temps ne se rattrapant jamais en économie, toute Nation qui n’avance pas recule forcément, impliquant des actions concrètes loin des promesses utopiques du passé.

    #Révolution_numérique #Pegasus #Technologie #crise énergétique et alimentaire, l’impact de l’épidémie du coronavirus et du réchauffement climatique,

  • Maroc: le Makhzen impuissant face à la crise alimentaire

    Maroc: le Makhzen impuissant face à la crise alimentaire

    Maroc, crise alimentaire, céréales, récolte céréalière,

    Effondrement de la récolte céréalière de 2022, le Makhzen impuissant face à la crise alimentaire

    Le Maroc sera confronté à une grave crise alimentaire dans les prochains mois, en raison d’une récolte céréalière jugée catastrophique et des difficultés d’approvisionnement sur le marché international, ont alerté mercredi des médias locaux, alors que la FAO assure que les besoins d’importations du Royaume devront encore augmenter pour 2022-2023.

    S’appuyant sur les chiffres communiqués la veille par le ministère marocain de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts sur la récolte céréalière de cette année, plusieurs titres de la presse locale n’ont pas pu dissimuler leur « profonde inquiétude » face à cette situation, en évoquant en parallèle la baisse conséquente des stocks (moins de 4 mois) et des conditions d’approvisionnement « encore très aléatoires » de ces denrées alimentaires sur le marché international.

    Le Maroc n’a pu produire que 34 millions de quintaux de céréales en 2022, soit une baisse de l’ordre de 67% par rapport à l’année précédente qui avait vu une production de 103,2 quintaux, ontils mentionné.

    Ces données corroborent avec celles communiquées par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), prévoyant dans un rapport récent que la production céréalière du Maroc en 2022 devrait s’établir à 3,3 millions de tonnes en moyenne, en baisse de 68,4 % par rapport à 2021. La production céréalière globale du Maroc a chuté en dessous de la moyenne quinquennale de 7,9%, selon la FAO.

    Cette chute conséquente de la production locale survient au moment où le pays exprime des besoins importants en matière de céréales, et ce, pour faire face à la crise alimentaire qui frappe gravement le Royaume.

    Le Maroc importe annuellement 3 à 4 millions de tonnes de blé tendre en moyenne, et plus de 900 000 tonnes de blé dur.

    La FAO a estimé que les importations céréalières du Maroc devront augmenter à 10,4 millions de tonnes pour 2022- 2023, soit 35% de plus qu’en 2021- 2022, précisant que le blé constituera environ 60% des importations de céréales.

    Cet effondrement de la production céréalière marocaine vient accentuer la pression sur le Makhzen, dont le gouvernement se trouve dans l’incapacité de répondre aux besoins alimentaires de la population et trouver des solutions idoines aux problèmes soulevés par les organisations syndicales et la société civile du pays.

    La presse locale est d’ailleurs montée au créneau pour relever la complexité de la situation à laquelle devra faire face le Makhzen dans les prochains mois

    « Avec une chute aussi inquiétante de la récolte (- 69% par rapport à 2021), il est certain de le Maroc n’aura d’autre choix que d’aller compenser les pertes sur le marché international », alors que le marché est perturbé par les conséquences de la crise en Ukraine, un pays qui livrait au Royaume 26% de ses besoins avant la crise, lit-on sur le site électronique d’un média marocain

    « Dans cette année de disette, accentuée par le conflit ukrainien, nous sommes en position légitime de nous interroger sur la sécurité alimentaire du pays, compte tenu d’une denrée précieuse pour le Marocain qu’est le blé (dans toutes ses formes) », a écrit de son côté un autre média spécialisé, tout en relevant que les cours de cette matière première, ne cessent d’augmenter et qu’ils ne sont pas à la portée du Royaume, appelé aussi à débourser des sommes importantes pour combler, entre autres, ses besoins énergétiques.

    Sur ce plan, l’équation est difficile à résoudre avec l’encours de la dette extérieure qui continue à augmenter, se situant à 388,1 milliards de dirhams selon les chiffres du Trésor marocain (environ 38 milliards de dollars).

    Le Rédacteur, 14/08/2022

    #Maroc #Crise_alimentaire #Céréales #Crise_socioéconomique

  • L’Afrique durement touchée!

    Afrique, famine, crise alimentaire, Yémen, Nigeria, Somalie, Ethiopie, Kenya,

    «Entre 702 et 828 millions de personnes ont été touchées par la faim en 2021», soit environ 9,8 % de la population mondiale, indiquent dans un rapport conjoint la FAO, le Fonds international pour le développement de l’agriculture, l’Unicef, le Programme alimentaire mondial et l’Organisation mondiale de la santé. C’est 46 millions de plus qu’en 2020 et 150 millions de plus qu’en 2019, deux années marquées par l’épidémie de Covid-19 qui a durablement affaibli les systèmes alimentaires. Et, d’ici la fin de la décennie, ce sont environ 670 millions d’humains qui devraient toujours en souffrir. La pandémie, l’inflation du Dollar, la guerre en Ukraine ont engendré la hausse des prix des produits dans le Monde.

    En Afrique, le continent le plus touché et la famine est un danger imminent pour plusieurs pays africains comme au Yémen. Le Nigeria faisait partie d’une poignée de pays classés au niveau d’alerte le plus élevé dans le dernier rapport des Nations Unies sur les «points chauds de la faim ». Cette année, le nombre de personnes au Nigeria incluses dans la catégorie «urgence» du système international de classification de l’insécurité alimentaire, devrait atteindre près de 1,2 million entre juin et août. «L’Afrique n’a aucun contrôle sur les chaînes de production ou de logistique et est totalement à la merci de la situation”, a déclaré le président sénégalais Macky Sall, président de l’Union africaine, avant un voyage en Russie, ce mois-ci pour chercher une solution à la crise.

    Sall a ensuite averti, dans une interview à France 24, que la famine pourrait déstabiliser le continent. La Somalie et l’Éthiopie font face à une intersection mortelle de changement climatique, de conflit et de hausse des prix des denrées alimentaires. Avec le Kenya, les pays sont au milieu de leur pire sécheresse depuis quatre décennies. Plus de 18,4 millions de personnes en Somalie, en Éthiopie et au Kenya, sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, selon les Nations Unies.

    En raison des «conditions climatiques très sévères», les pays de la Corne de l’Afrique ont dû importer plus de nourriture que d’habitude cette année, a déclaré David Laborde, chercheur principal à l’IFPRI. Mais la Somalie dépend de la Russie et de l’Ukraine pour plus de 90% de ses importations de blé.

    La Somalie et l’Éthiopie relèvent également de la catégorie d’alerte la plus élevée des Nations Unies – la phase 5 de la classification de la phase intégrée – où certaines populations sont « identifiées ou projetées de connaître la famine ou la mort».

    49 millions de personnes sont confrontées à la famine alors que la guerre en Ukraine fait rage. «La crise est pire maintenant qu’à n’importe quel moment de ma vie, en travaillant en Somalie depuis 20 ans et c’est à cause de l’effet aggravé de la guerre en Ukraine», a déclaré Mohamud Mohamed Hassan, directeur national de l’organisation caritative « Save the Children » pour la Somalie. «Le plus choquant dans cette situation est que la principale cause (de la famine) n’est pas tant un déficit global de production qu’un système alimentaire mondial profondément inégal et déséquilibré», a réagi dans un communiqué l’ONG Oxfam France. L’Afrique souffre au moment où le Monde lui tourne le dos.

    Le Carrefour d’Algérie, 27/07/2022

    #Afrique #Famine

  • Ukraine: Comment la guerre a déclenché une crise alimentaire

    Ukraine: Comment la guerre a déclenché une crise alimentaire

    Ukraine, Russie, crise alimentaire, blé, céréales, huile de tournesol, engrais,

    LONDRES (AP) – Les hostilités russes en Ukraine empêchent les céréales de quitter le « grenier du monde » et rendent la nourriture plus chère à travers le monde, menaçant d’aggraver les pénuries, la faim et l’instabilité politique dans les pays en développement.

    Ensemble, la Russie et l’Ukraine exportent près d’un tiers du blé et de l’orge du monde, plus de 70 % de son huile de tournesol et sont de grands fournisseurs de maïs. La Russie est le premier producteur mondial d’engrais .

    Les prix alimentaires mondiaux montaient déjà et la guerre a aggravé la situation, empêchant quelque 20 millions de tonnes de céréales ukrainiennes d’atteindre le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et certaines parties de l’Asie.

    Des semaines de négociations sur des couloirs sûrs pour faire sortir le grain des ports ukrainiens de la mer Noire ont fait peu de progrès, l’urgence augmentant à mesure que la saison des récoltes d’été arrive.

    « Cela doit se produire dans les deux prochains mois (ou) ça va être horrible », a déclaré Anna Nagurney, qui étudie la gestion de crise à l’Université du Massachusetts à Amherst et siège au conseil d’administration de la Kyiv School of Economics.

    Elle dit que 400 millions de personnes dans le monde dépendent de l’approvisionnement alimentaire ukrainien. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture prévoit que jusqu’à 181 millions de personnes dans 41 pays pourraient faire face à une crise alimentaire ou à des niveaux de faim plus graves cette année.

    Voici un aperçu de la crise alimentaire mondiale :

    QUELLE EST LA SITUATION ?

    En règle générale, 90% du blé et d’autres céréales provenant des champs ukrainiens sont expédiés vers les marchés mondiaux par voie maritime, mais ont été bloqués par les blocus russes de la côte de la mer Noire.

    Une partie du grain est réacheminée à travers l’Europe par le rail, la route et le fleuve , mais la quantité est une goutte d’eau dans l’océan par rapport aux routes maritimes. Les expéditions sont également sauvegardées parce que les gabarits ferroviaires de l’Ukraine ne correspondent pas à ceux de ses voisins à l’ouest.

    Le vice-ministre ukrainien de l’Agriculture, Markian Dmytrasevych, a demandé aux législateurs de l’Union européenne de l’ aider à exporter davantage de céréales , notamment en élargissant l’utilisation d’un port roumain sur la mer Noire, en construisant davantage de terminaux de fret sur le Danube et en réduisant les formalités administratives pour le passage du fret à la frontière polonaise. .

    Mais cela signifie que la nourriture est encore plus éloignée de ceux qui en ont besoin.

    « Maintenant, il faut faire le tour de l’Europe pour revenir en Méditerranée. Cela a vraiment ajouté un coût incroyable au grain ukrainien », a déclaré Joseph Glauber, chercheur principal à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires à Washington.

    L’Ukraine n’a pu exporter que 1,5 à 2 millions de tonnes de céréales par mois depuis la guerre, contre plus de 6 millions de tonnes, a déclaré Glauber, ancien économiste en chef au département américain de l’Agriculture.

    Le grain russe ne sort pas non plus. Moscou affirme que les sanctions occidentales contre ses secteurs bancaire et maritime empêchent la Russie d’exporter de la nourriture et des engrais et effraient les compagnies maritimes étrangères de les transporter. Les responsables russes insistent pour que les sanctions soient levées afin d’ acheminer les céréales vers les marchés mondiaux.

    La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et d’autres dirigeants occidentaux affirment cependant que les sanctions ne touchent pas à la nourriture.

    QUE DISENT LES PARTIES?

    L’Ukraine a accusé la Russie de bombarder des infrastructures agricoles, de brûler des champs, de voler des céréales et d’essayer de les vendre à la Syrie après que le Liban et l’Égypte ont refusé de les acheter. Des images satellites prises fin mai par Maxar Technologies montrent des navires battant pavillon russe dans un port de Crimée chargés de céréales, puis quelques jours plus tard amarrés en Syrie avec leurs écoutilles ouvertes.

    Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a déclaré que la Russie avait provoqué une crise alimentaire mondiale. L’Occident est d’accord, avec des responsables comme le président du Conseil européen Charles Michel et le secrétaire d’État américain Antony Blinken affirmant que la Russie militarise la nourriture .

    La Russie affirme que les exportations pourront reprendre une fois que l’Ukraine aura retiré les mines de la mer Noire et que les navires à l’arrivée pourront être contrôlés à la recherche d’armes.

    Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a promis que Moscou « n’abuserait pas » de son avantage naval et « prendrait toutes les mesures nécessaires pour que les navires puissent partir librement ».

    Les responsables ukrainiens et occidentaux doutent de la promesse. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré cette semaine qu’il pourrait être possible de créer des couloirs sécurisés sans qu’il soit nécessaire de déminer la mer, car l’emplacement des engins explosifs est connu.

    Mais d’autres questions resteraient en suspens, comme celle de savoir si les assureurs fourniraient une couverture pour les navires.

    Dmytrasevych a déclaré aux ministres de l’agriculture de l’UE cette semaine que la seule solution était de vaincre la Russie et de débloquer les ports : « Aucune autre mesure temporaire, telle que des couloirs humanitaires, ne résoudra le problème ».

    COMMENT ON EST VENU ICI?

    Les prix des denrées alimentaires augmentaient avant l’invasion, en raison de facteurs tels que le mauvais temps et les mauvaises récoltes qui ont réduit les approvisionnements, tandis que la demande mondiale a fortement rebondi après la pandémie de COVID-19.

    Glauber a cité de mauvaises récoltes de blé l’an dernier aux États-Unis et au Canada et une sécheresse qui a nui aux rendements de soja au Brésil. Également exacerbée par le changement climatique , la Corne de l’Afrique fait face à l’une de ses pires sécheresses depuis quatre décennies, tandis qu’une vague de chaleur record en Inde en mars a réduit les rendements de blé .

    Cela, combiné à la flambée des prix du carburant et des engrais, a empêché d’autres grands pays producteurs de céréales de combler les lacunes .

    QUI EST LE PLUS TOUCHÉ ?

    L’Ukraine et la Russie exportent principalement des produits de base vers les pays en développement qui sont les plus vulnérables aux hausses de coûts et aux pénuries.

    Des pays comme la Somalie, la Libye, le Liban, l’Égypte et le Soudan dépendent fortement du blé, du maïs et de l’huile de tournesol des deux pays en guerre.

    « Le fardeau est porté par les très pauvres », a déclaré Glauber. « C’est une crise humanitaire, sans aucun doute. »

    Outre la menace de la faim, la flambée des prix des denrées alimentaires risque d’entraîner une instabilité politique dans ces pays. Ils ont été l’une des causes du printemps arabe, et on craint qu’il ne se reproduise.

    Les gouvernements des pays en développement doivent soit laisser les prix alimentaires augmenter, soit subventionner les coûts, a déclaré Glauber. Un pays modérément prospère comme l’Égypte, premier importateur mondial de blé, peut se permettre d’absorber des coûts alimentaires plus élevés, a-t-il déclaré.

    « Pour les pays pauvres comme le Yémen ou les pays de la Corne de l’Afrique, ils vont vraiment avoir besoin d’aide humanitaire », a-t-il déclaré.

    La famine et la famine sévissent dans cette partie de l’Afrique . Dans certains cas, les prix des denrées de base comme le blé et l’huile de cuisson ont plus que doublé, tandis que des millions de têtes de bétail que les familles utilisent pour le lait et la viande sont mortes. Au Soudan et au Yémen, le conflit russo-ukrainien s’est ajouté à des années de crises intérieures.

    L’UNICEF a mis en garde contre une « explosion des décès d’enfants » si le monde se concentre uniquement sur la guerre en Ukraine et n’agit pas. Les agences de l’ONU ont estimé que plus de 200 000 personnes en Somalie sont confrontées à « une faim et une famine catastrophiques », environ 18 millions de Soudanais pourraient connaître une famine aiguë d’ici septembre et 19 millions de Yéménites confrontés à l’insécurité alimentaire cette année.

    Les prix du blé ont augmenté dans certains de ces pays jusqu’à 750 %.

    «Généralement, tout est devenu cher. Qu’il s’agisse d’eau ou de nourriture, cela devient presque impossible », a déclaré Justus Liku, un conseiller en sécurité alimentaire du groupe d’aide humanitaire CARE, après avoir récemment visité la Somalie.

    Liku a déclaré qu’un vendeur vendant des plats cuisinés n’avait «pas de légumes ni de produits d’origine animale. Pas de lait, pas de viande. La commerçante nous disait qu’elle n’était là que pour le plaisir d’être là.

    Au Liban, les boulangeries qui avaient autrefois de nombreux types de pains plats ne vendent plus que du pain pita blanc de base pour conserver la farine.

    QUE FAIT-ON ?

    Depuis des semaines, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, tente d’obtenir un accord pour débloquer les exportations russes de céréales et d’engrais et permettre à l’Ukraine d’expédier des marchandises depuis le port clé d’Odessa. Mais les progrès ont été lents.

    Entre-temps, une grande quantité de céréales est bloquée dans des silos ukrainiens ou dans des fermes. Et il y a plus à venir – la récolte de blé d’hiver en Ukraine commence bientôt, mettant davantage de pression sur les installations de stockage, même si certains champs risquent de ne pas être récoltés et à cause des combats.

    Serhiy Hrebtsov ne peut pas vendre la montagne de céréales de sa ferme dans la région du Donbass car les liaisons de transport ont été coupées. La rareté des acheteurs signifie que les prix sont si bas que l’agriculture n’est pas durable.

    « Il y a des options à vendre, mais c’est comme simplement le jeter », a-t-il déclaré.

    Le président américain Joe Biden a déclaré qu’il travaillait avec des partenaires européens sur un plan de construction de silos temporaires aux frontières de l’Ukraine , y compris avec la Pologne, une solution qui résoudrait également les différents écartements ferroviaires entre l’Ukraine et l’Europe.

    L’idée est que le grain peut être transféré dans les silos, puis « dans des voitures en Europe et l’acheminer vers l’océan et le faire traverser le monde. Mais cela prend du temps », a-t-il déclaré dans un discours mardi.

    Dmytrasevych a déclaré que la capacité de stockage de céréales de l’Ukraine avait été réduite de 15 à 60 millions de tonnes après que les troupes russes ont détruit des silos ou occupé des sites dans le sud et l’est.

    QU’EST-CE QUI COÛTE PLUS?

    La production mondiale de blé, de riz et d’autres céréales devrait atteindre 2,78 milliards de tonnes en 2022, en baisse de 16 millions de tonnes par rapport à l’année précédente – la première baisse en quatre ans, a déclaré l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

    Les prix du blé ont augmenté de 45 % au cours des trois premiers mois de l’année par rapport à l’année précédente, selon l’indice des prix du blé de la FAO. L’huile végétale a bondi de 41 %, tandis que les prix du sucre, de la viande, du lait et du poisson ont également augmenté à deux chiffres.

    Les augmentations alimentent une inflation plus rapide dans le monde, rendant les produits d’épicerie plus chers et augmentant les coûts pour les restaurateurs, qui ont été contraints d’augmenter les prix.

    Certains pays réagissent en essayant de protéger les approvisionnements nationaux. L’Inde a restreint les exportations de sucre et de blé, tandis que la Malaisie a stoppé les exportations de poulets vivants, alarmant Singapour, qui obtient un tiers de sa volaille de son voisin.

    L’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires affirme que si les pénuries alimentaires s’aggravent à mesure que la guerre se prolonge, cela pourrait entraîner davantage de restrictions à l’exportation qui feront encore grimper les prix.

    Une autre menace est la rareté et le coût des engrais, ce qui signifie que les champs pourraient être moins productifs à mesure que les agriculteurs lésinent, a déclaré Steve Mathews de Gro Intelligence, une société de données et d’analyses agricoles.

    Il y a surtout de grandes pénuries de deux des principaux produits chimiques contenus dans les engrais, dont la Russie est un gros fournisseur.

    « Si nous continuons à avoir la pénurie de potassium et de phosphate que nous avons en ce moment, nous verrons une baisse des rendements », a déclaré Mathews. « Pas question à ce sujet dans les années à venir. »

    Associated Press, 18 juin 2022

    #Russie #Ukraine #crise_alimentaire

  • Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire

    Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire

    Sahel : regards croisés sur la crise alimentaire – Niger, Nigeria, Mali, Burkina Faso, Tchad,

    En Afrique, quelque 346 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire qui va s’aggraver encore dans les mois à venir. C’est une catastrophe qui passe largement inaperçue. Regards croisés de trois chefs de délégations du CICR au Sahel.

    François Moreillon, Yann Bonzon et James Reynolds sont chefs de délégation du CICR respectivement au Niger, au Nigéria et au Mali.

    Dans cette édition du podcast « Humanitaires », ils abordent la difficile question de cette crise et de son impact au Sahel, ainsi que des réponses que met en place le CICR.

    Avec Halimatou Amadou, ils partagent leur regard sur le quotidien des communautés dans ces pays.

    CICR, 26/04/2022

    #Sahel #Mali #Niger #Nigeria #BurkinaFaso #Tchad #Famine #crise_alimentaire