Étiquette : crise politique

  • Grisaille tunisienne

    Tags : Tunisie, enfance, situation économique et sociale, crise politique, pandémie,

    par Abdou BENABBOU

    L’enfance tunisienne est, semble-t-il, en danger. Ce n’est pas une affirmation d’une ONG internationale, mais c’est la ministre de la Famille du pays qui jette dans le pavé les résultats d’une enquête en insistant sur une situation alarmante menaçant la Tunisie. En soi, derrière les mauvais chiffres étalés sur une population enfantine noircie, on entrevoit l’importante grisaille qui plane sur la tête d’une société tunisienne avec une relève générationnelle sérieusement handicapée. La situation prête à croire que l’on est loin de la fierté que prodiguaient l’éducation et la prise en charge de l’enfance en Tunisie dans le passé et le compte rendu de l’état actuel laisse présager un sombre avenir.

    Les causes à effets sont nombreuses. Les immenses difficultés que vivent les Tunisiens aujourd’hui ne sont cependant pas de leur seul apanage tant il est certain que les interminables tentacules de la malvie et de la misère ont, à l’heure actuelle, une dimension planétaire. Il n’est pas anodin que la situation économique et sociale de la Tunisie ait des ressemblances avec celle du Liban actuel, tous deux affublés hier encore d’un statut comparable à celui de la Suisse.

    Les graves échancrures, provoquées par les crises successives et les pandémies répétées au cœur de la société tunisienne et partout ailleurs, ne sont que les effets et le témoignage de l’incapacité des peuples à se prendre en charge. Les croisées de fer des politiques et des politiciens ne sont plus que de puériles et inefficaces acrobaties soumises à la pression du temporel. De fait, les résultats des dernières élections législatives tunisiennes ne peuvent provoquer que la stérilité du verbe. Démocrates ou extrémistes, colorés ou incolores, n’auront aucune perspective d’un sauvetage du pays d’un naufrage qu’annoncent des perspectives pénibles. Dans un monde totalement déglingué, il s’agit d’un miracle à créer pour se frayer un sentier. Pour l’instant, avec l’extinction assurée de ses ressources, le pari semble impossible à affronter.

    Le Quotidien d’Oran, 22/12/2022

    #Tunisie #Enfance

  • Maroc : La dissidence s’organise. Le Makhzen tremble

    Maroc, Makhzen, crise politique; crise sociale, dissidence, Aziz Akhannouch,

    La classe politique et la société civile marocaines organisent la dissidence : Une crise qui risque d’emporter le Makhzen

    C’est la première fois que la classe politique et la société civile marocaines s’entendent sur l’urgence d’asseoir une structure organisationnelle la plus large possible pour canaliser le potentiel populaire de la contestation et de la dissidence contre le despotisme du régime du Makhzen et sa politique économique suicidaire.

    La situation au Maroc reflète une crise structurelle annonciatrice d’un chaos qui risque d’emporter le régime du Makhzen. La grogne et la contestation montent d’une manière gravissime. Les manifestations ont pris un caractère de dissidence citoyenne qui laisse présager un chaos généralisé au royaume chérifien. C’est pour la première fois que le slogan « Akhannouch dégage » sort de la sphère virtuelle pour embraser la vie réelle.

    C’est à Agadir, lors d’un festival amazigh, que les marocains ont sommé le richissime chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, de dégager de la scène politique en l’accusant d’être responsable de la crise profonde qui frappe de plein fouet le Maroc et son peuple qui se débat dans le dénuement et la pauvreté extrêmes. Cet incident reflète la situation d’impasse dans laquelle se trouve le Makhzen marocain qui a plongé le peuple dans une spirale socio-économique des plus désastreuses. Les forces politiques et le mouvement social marocains ont décidé de passer à une autre étape, celle de mettre en place un front commun et uni pour faire pression sur le régime du Makhzen et sa politique qui mène le Maroc derechef vers la ruine et la faillite programmées.

    C’est la première fois que la classe politique et la société civile marocaine s’entendent sur l’urgence d’asseoir une structure organisationnelle la plus large possible pour canaliser le potentiel populaire de la contestation et de la dissidence contre le despotisme du régime du Makhzen et sa politique économique suicidaire. Activistes et experts des mouvements sociaux et des crises politiques marocains s’accordent à dire unanimement que « le problème majeur dont souffre le Maroc actuellement est le phénomène de la corruption. Celle-ci est désormais structurée et a des formations politiques qui la défendent à des niveaux supérieurs et dans divers domaines ». Un responsable politique note de son côté que « cette situation expose le pays à la crise économique mondiale et à ses fluctuations soudaines, en particulier dans le domaine des hydrocarbures ».

    Ce constat a incité des organisations qui militent dans le domaines des droits de l’Homme et des libertés d’organiser une conférence nationale où l’ensemble du spectre politique et associatif marocains a été sollicité pour adhérer à la nouvelle dynamique frontiste contre la politique répressive du Makhzen et sa trahison de la cause palestinienne en normalisant avec l’entité sioniste. C’est dans cette perspective que les forces politiques et le front social marocains ont décidé unanimement d’entamer une grande marche nationale qui va battre le paver sans relâche pour exiger des changements en urgence en remettant en cause les choix économiques et sociaux entamés par le Makhzen.

    A ce propos, le front marocain contre la répression et la corruption a appelé « l’ensemble des Marocains à poursuivre l’action unitaire et au resserrement des rangs en vue de briser le siège et contrer la répression et la diffamation systématiques imposées aux défenseurs des droits de l’Homme dans le Royaume », atteste-t-on.

    La crise a atteint son paroxysme à telle enseigne que le peuple marocain veut en découdre une fois pour toutes avec le régime despotique et archaïque du Makhzen.

    Dans ce sens, le nouveau cadre rassembleur de peuple marocain contre la politique désastreuse du Makhzen a souligné que « la corruption affecte le quotidien des citoyens particulièrement dans les hôpitaux, les tribunaux et les établissements administratifs ».

    Ce degré de décomposition des institutions du royaume est un secret de polichinelle. C’est dire que le Maroc est devenu un Etat vassal servant les agendas des puissances impérialo-sionistes dans la région de l’Afrique du Nord. Cette réalité a exacerbé les tensions et le pourrissement au plan politique, économique et social.

    Rachid Nassouti

    La Sentinelle, 18/07/2022

    #Maroc #Aziz_Akhannouch #Crise_sociale

  • La France déchirée?

    France, extrême droite, dette publique, crise politique, crise sociale, gilets jaunes, Islam,

    Entre le plan Macronien pour sauver l’hexagone, et celui annoncé du trublion «judéo-berbère» Zemmour pour purifier la Gaule, la vieille France prend l’eau de toutes parts. Le tsunami covidien, l’islamisme conquérant, les gilets jaunes, les gilets verts, une dette publique abyssale, une économie en berne, les rebuffades de plus en plus évidentes de la France-Afrique, et aujourd’hui encore la connivence américano-australienne pour faire capoter le marché français de cinquante milliards de dollars conclu avec les australiens pour la livraison de sous-marins, et, qui n’est pas sans rappeler l’implication de France dans l’affaire El-paso pour empêcher notre pays de fournir la côte Est des Etats-Unis en gaz Algérien.

    Tous ces revers, sont-ils en train d’achever l’empire en déclin. Le salut, cette fois-ci, ne viendrait pas du général De Gaulle mais du patriarche Macron ou peut-être du judéo-algéro-pieds noir Eric Zemmour, pour sauver la république du naufrage.

    Le citoyen secoureur Macron a pensé le sauvetage de la nation en la mettant sur pilotis. Cinq piliers de la république qui garderont le pays à flots en attendant l’éclaircie. Seront-ils aussi solides que les cinq piliers de l’islam pour sauver la France laïque ?

    C’est, d’après le sauveteur, surtout la lame de fond islamiste qui menace d’envoyer le bateau France par le fond. L’heure est grave, le séparatisme , ce grand remplacement d’après la théorie zemmourienne aura raison de l’état nation, si rien n’est entrepris en urgence pour reconquérir les territoires perdus de l’empire. Séparatisme islamiste qui d’après le président français, comme d’après le «crédirentier» du décret Crémeux est un projet conscient, théorisé et qui se concrétise par la constitution d’une contre-société. Le problème serait l’idéologie qui affirme que ses lois sont supérieures à celle de la république, d’après le président français.

    Mais alors, en quoi consiste la stratégie du sauvetage?

    D’abord commencer par poser des actes, explique Emanuel Macron, une démarche qui rappelle le fameux «patriot act « d’outre Atlantique.

    Après onze minutes d’un cours magistral sur les raisons historiques qui ont fait le lit à l’islamisme en France, Macron conclut, lors d’un discours :»nous avons nous-mêmes construit notre propre séparatisme, avec une politique de peuplement infructueuse qui a conduit à la ghétorisation des quartiers». Un aveu polémique par excellence qui provoquera l’ire de l’extrême droite.

    Le président français reconnaît explicitement que le projet islamiste radical en France s’est construit sur la lâcheté des pouvoirs publics.

    Alors, là panacée d’après Emmanuel Macron consiste à mettre en œuvre sa stratégie en cinq actes. Le plus révélateur d’une fin de cycle républicain, est celui qui consiste en l’urgence à promulguer des textes de lois qui mettront fin aux carences républicaines. L’obligation de neutralité sera applicable aux agents publics, précisera t-il.

    Lorsque la loi de 1905 a été votée, l’islam n’était pas aussi présent dans notre société, rappelle le président. Il faudra donc, et c’est le quatrième acte, structurer l’islam. Fonder un organisation pour accompagner l’islam des lumières et le libérer des influence étrangères, Turquie, Maroc, Algérie, ce que Macron appelle l’islam consulaire, l’islam postcolonial en lien avec l’étranger.

    Revoir la loi de 1901 sur le financement des fondations, les «mosquées associatives doivent disparaître, comme il faudra contrôler les origines du financement des associations cultuelles qui baigne dans l’opacité. Il est temps d’après le président d’encadrer l’islam de France par un retour à la loi de 1905.

    Former une génération d’imams, car l’islam existe bel et bien en france, pour ceux qui ne veulent pas le voir ou en entendre parler. Et surtout favoriser l’émergence d’un clergé musulman.

    Travailler avec le cfcm, labelliser, certifier les imams. Un clergé «éclairé» qui reconnaîtrait le droit au blasphème, et ferait une place à la femme pour exercer la fonction d’imama. Reconnaitre l’islam comme civilisation, et pourquoi pas susciter l’émergence d’un nouveau chiisme au sein de la communauté musulmane française.

    Créer un Institut scientifique d’islamologie, Ibn KHALDOUN y sera enseigné. Enseigner également d’avantage la langue arabe, sortir de l’hypocrisie, macron franchit le rubicon, la campagne des prochaines présidentielles est déclarée ouverte.

    Le cinquième acte fera reconquérir la république et la fera aimer. Donnera un avenir à ses enfants qui ne l’aiment pas, à l’école par le dédoublement des classes, la multiplication des apprenants, des cités éducatives, bibliothèques, etc. Prendre des initiatives pour faire revenir la république, promouvoir la justice de proximité. Se battre contre les inégalités. Le programme «maison France» de Borlow, tant décrié, revient. Un véritable travail de proximité pour assurer la présence républicaine. Garantir des promesses d’émancipation.

    Zemmour, lui, ne l’entend pas de cette oreille, et, s’insurge contre toute forme l’islamo-gauchisme. Pour lui la solution doit être radicale, comme le fût celle qui a faillit avoir raison de sa propre souche. «Erik», choisit l’équation simple, 380 000 africains et Nord-africains entre ceux qui doivent quitter l’hexagone et ceux qu’on empêche d’y entrer sera la comptabilité annuelle du projet Zemmourien. Durant son quinquennat le faux viking veillerait à réformer la nomenclature des prénoms autorisés, plus de Mohamed ni de khadidja, les Kevin et giacomo seront tolérés s’ils sont les descendants de Puccini ou Belmondo. Zemmour choisit le Maurassisme, ce nationalisme intégral, dont l’auteur Charles Mauras avait pourtant dit que « l’on ne choisissait pas plus sa patrie, la terre de ses pères, que l’on ne choisit son père et sa mère.»

    D’autre part, le clash identitaire Zemmour vole la vedette à l’héritière du souverainisme rassembleur, incarné par la blonde Marine, de quoi accentuer le strabisme de pas mal d’électeurs.

    La France aurait-elle peur d’une partie de ses enfants longtemps ostracisés pour enfin revenir à de meilleurs sentiments?

    Aux Zemmour, Sifaoui, Finkielkraut, Ménard et autres Houellebecq, Sansal et même quelques-uns de nos petits blancs: et si un jour la France décidait de choisir le chemin vers la diversité assumée?

    Abdelkader Benmazouz

    Le Quotidien d’Oran,

  • Tunisie : L’ancien chef de gouvernement arrêté

    Des sources recoupées et dignes de foi font état de l’arrestation du Chef du gouvernement, Hichem Mechichi. Plusieurs dirigeants du mouvement Ennahda avaient confirmé qu’ils n’étaient pas en mesure de contacter Mechichi et qu’il est probablement détenu au palais présidentiel. 

    Il convient de noter que le président de la République, Kais Saied a annoncé la veille au soir soir l’application de l’article n 80 de la Constitution en vertu duquel il a limogé Mechichi et a gelé les compétences de l’ARP. 
    Il a par ailleurs été décidé, sur ordres de la présidence, de frapper par une interdiction de quitter le territoire national aux personnes suivantes : les présidents des clubs sportifs les hommes d’affaires, les grands responsables, les ministres et les députés. 
    Nous apprenons pour finir que l’armée a récupéré, ce lundi, un important dossier du domicile de l’ex-ministre de la justice par intérim, Hasna Ben Slimane, qui l’aurait dissimulé chez elle. Ce dossier concernerait, selon des sources dignes de foi, le magistrat et ex procureur de la République du tribunal de Tunis, Bechir Akremi. 
    Les mêmes sources ajoutent que la décision de la fermeture des administrations, pendant deux jours, vise à empêcher la destruction ou la disparition de dossiers ou d’éléments d’archives compromettants.
    Ali Oussi
    La Patrie News, 27/07/2021
    Etiquettes : Tunisie, Hichem Mechichi, Kaïs Saïed, crise politique, Ennahdha,
  • Algérie : Inflation politique

    Par B. Chellali

    En dépit de certaines apparences, la dégradation du climat politique est un fait que personne ne parvient plus à dissimuler. Il faut voir là la principale conséquence d’une arène politique aux abois depuis des années et qui n’arrive pas à se calmer. Il s’agit d’un phénomène dramatique aujourd’hui mais sans doute tragique demain pour l’avenir de la démocratie.

    Cependant, une certaine politique démagogique et populiste pratiquée lors des récentes élections législatives a fait preuve de sa faillite : la cassure entre le politique-partisan et les citoyens a été plus profonde que jamais tant la société est agitée par des convulsions de plus en plus intenses et de plus en plus fréquentes. C’est que l’état d’esprit de l’Algérien face à l’aggravation de la pollution politique du moment touche les bornes du désespoir.

    En poursuivant une voie complètement politicienne, tant leurs rangs organiques que dans leur environnement, nombre de politiques n’ont pas seulement déçus ceux qui croyaient en leur « intelligence politique », mais ils ont raté, ou en train de rater, la seule occasion de se procurer un « sillon » pour s’ancrer dans la société alors que pour d’autres, les plus anciens, ils viennent de perdre la boussole. Une nouvelle bataille menace ces derniers. Peu importe quand elle éclatera. Ils doivent la craindre aujourd’hui. De craindre aussi cette conséquence connexe trop redoutable que la division elle-même : la tragédie qui vit certaines formations politiques et qui est en train de se banaliser. Si elle ne l’est pas. D’où le doute qui saisit sur la profession de foi des uns et des autres, d’autant plus qu’elle apparait sans fin.

    Le citoyen ne comprend pas le sens de ce drame pas plus que les véritables intérêts de ses auteurs-acteurs du moment. Il est réduit, au bout de compte, à ne plus dissimuler dans ses commentaires et prises de position publiques sa perplexité, voire son désarroi, devant de telles contradictions. La vérité, c’est que l’inflation politique actuelle est la conséquence de la politique absurde d’une certaine mouvance islamiste et ses complices dans le camp des faux démocrates, trainant ainsi derrière « personnalités nationales » et revanchards contre la stabilité du pays. Ce camp multiplie les actions à la recherche d’appuis… et ose s’infiltrer chaque jour dans la société et même les familles.

    Quelle malédiction frappe donc le politique algérien ? Et que faut-il faire pour l’exorciser ? Tandis qu’on devrait faire face à ce phénomène, il faut que tout le monde garde au premier point la cohésion sociale du peuple, d’une nation qui ne peut ni ne doit stagner, ni de se laisser saigner de ses valeurs ou de sa mobilisation pour garantir son futur par une certaine idéologie vénéneuse.

    Pour cela, il faut sauvegarder l’unité nationale, et Dieu sait le souci que le peuple algérien a pour sa préservation et sa défense. Aucun renoncement, nul sacrifice ne seront assez lourds pour qu’enfin les Algériens harassés puissent vivre, tout simplement en paix. C’est pourquoi, le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune dans le message adressé à la nation, à l’occasion du 59e anniversaire de l’indépendance et de la célébration de la fête de la Jeunesse a une fois de plus réitéré que « La voie de la loyauté aux Chouhada et à notre serment envers le valeureux peuple algérien demeure, elle, inébranlable, en dépit de ceux qui se sont laissés entrainer vers la propagande et la désinformation, notamment ceux dépourvus d’objectivité et de probité, et qui ne lésinent pas à porter atteinte à l’Etat et à ses institutions ».

    A présent, il s’agit de prendre la mesure des défis qui attendent les Algériens, aux plans politique, économique, social et sécuritaire afin d’arrêter les voies et moyens d’offrir un meilleure avenir qui concrétise la profonde aspiration du peuple algérien.

    Le Maghreb, 07/07/2021

    Etiquettes : Algérie, crise politique, partis politiques, citoyen, stabilité, paix,

  • Algérie: Fausse lecture

    Sans doute que la majorité des observateurs politiques a été surprise par la nomination d’Aïmene Benabderrahmane comme Premier ministre. Non pas qu’il n’ait pas les qualifications pour ce poste mais pour un profil qui ne cadre pas vraiment avec la mission délicate qu’il est appelée à mener. En l’occurrence, la crise algérienne est certes économique, financière et sociale, mais elle est d’abord et avant tout éminemment politique. Et pour cause !

    Le pays vient de sortir d’une élection législative avec un taux de participation historiquement bas (23%). Il y a là une preuve irréfutable que les Algériens ont tourné le dos au spectacle électoral bien malgré la propagande des médias qui voulaient en faire une « fête ». Comment festoyer avec un tel taux de participation qui plus est dans un contexte extrêmement délicat ?

    De fait, l’on s’attendait à ce que le président Tebboune nomme un Premier ministre « politique » qui sera chargé de remettre les passerelles entre le pouvoir et les différents courants politiques pour les amener à s’inscrire sur une feuille de route devant déboucher sur une solution consensuelle de sortie de crise. Or, il semble à travers la nomination de l’ex- ministre des Finances – un technocrate par excellence- que la crise politique soit occultée.

    Il y a juste un contexte économique stressant dont il conviendrait de juguler les implications sociales. Il y a donc forcément une mauvaise lecture des résultats des législatives du 12 juin qui confine à un déni des réalités. Aïmene Benabderrahmane est peut- être un excellent technicien de la finance, mais pas forcément un stratège politique dont le pays a grandement besoin en ces temps d’incertitudes.

    Et comme pour ne rien arranger, la deuxième force politique issue du dernier scrutin a décidé de ne pas participer à l’exécutif du nouveau Premier ministre. Le MSP d’Abderrazak Makri a en effet refusé de donner son onction à la feuille de route du pouvoir bien qu’il ait cautionné le processus électoral.

    Tout compte fait, les législatives qui auraient dû enclencher une dynamique politique positive n’ont fait que donner du mouvement au statu quo.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 03/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Aymen Benabderrahmane, gouvernement, technocrate, finance, crise politique, économie,

  • Le Liban mérite mieux

    22/06/2021 – HR/VP Blog – Le Liban s’enfonce toujours plus dans une crise très grave. Il est urgent que le pays se dote d’un gouvernement qui enraye la spirale de l’effondrement et engage les réformes indispensables. Je me suis rendu au Liban le 19 et 20 Juin pour en discuter avec les leaders du pays et des personnalités de la société libanaise.

    Ces dernières semaines nous avons dû faire face à plusieurs crises ouvertes : les inquiétantes manœuvres russes aux frontières de l’Ukraine, les violents affrontements entre Israël et le Hamas ou encore le détournement scandaleux d’un avion européen en Biélorussie… Nous devons bien entendu réagir en permanence à ce type d’urgence.

    « Il est essentiel de se préoccuper des crises qui ne font pas la une de l’actualité en Europe mais qui, si on les laisse s’envenimer, risquent de se muer à leur tour en crises ouvertes. »

    Il est essentiel cependant de se préoccuper aussi des crises qui ne font pas la une de l’actualité en Europe mais qui, si on les laisse s’envenimer, risquent de se muer à leur tour en crises ouvertes. C’est le cas en particulier de la profonde crise que traverse le Liban depuis plus d’un an. Elle crée d’ores et déjà une situation dramatique pour les populations directement concernées tout en menaçant de déstabiliser la région et de toucher l’UE. Je me suis rendu dans ce pays les 19 et 20 juin pour essayer de contribuer à la désamorcer. Nous en avons ensuite discuté lundi dernier lors du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE.

    Le 4 aout dernier, la catastrophe de Beyrouth

    Chacun s’en souvient : le 4 aout dernier la ville de Beyrouth avait été en bonne partie détruite par une énorme explosion qui s’était produite sur son port. Cette catastrophe intervenait déjà dans un contexte de crise économique, sociale et politique prolongée du fait de graves dysfonctionnements de l’Etat libanais. Ces difficultés anciennes ont été accrues par les conséquences de la crise syrienne : les quelques 1,5 millions de réfugiés venus depuis 2011 du pays voisin forment aujourd’hui quasiment un quart de la population du Liban (et au total 40% des habitants du pays ne sont pas citoyens libanais). En 2020 l’épidémie de COVID-19 a encore envenimé la situation.

    Depuis dix ans, l’UE a cependant beaucoup soutenu le Liban. Entre 2011 et 2020, nous avons mobilisé dans ce but plus de 2,4 milliards d’euros, dont 340 millions d’euros en réponse à l’épidémie de COVID-19 auxquels sont venus s’ajouter 170 millions d’euros suite à l’explosion du Port de Beyrouth. Suite à cette explosion, nous avons construit avec l’ONU et la Banque mondiale, un cadre de travail, le Lebanon Reform, Recovery and Reconstruction Framework (3RF), qui nous permet d’aider directement le peuple libanais.

    Le Liban a poursuivi sur la voie de l’effondrement économique et financier

    Pourtant le Liban a poursuivi sur la voie de l’effondrement économique et financier. Malgré les appels incessants de l’UE et de la communauté internationale, les négociations engagées depuis plusieurs mois maintenant pour la formation d’un gouvernement sont dans l’impasse. Le système confessionnel qui est à la base de la répartition des pouvoirs au Liban a manifestement atteint ses limites, mais il reste très difficile à remplacer.

    « On n’a enregistré aucun progrès tangible ni sur les mesures d’urgence nécessaires pour obtenir une aide du FMI, indispensable pour stopper la spirale de l’effondrement, ni sur les réformes plus structurelles afin de lutter contre la corruption. »

    Depuis dix mois, le pays est donc dirigé par un gouvernement intérimaire. Ce gouvernement se préoccupe sérieusement des difficultés du pays et a proposé des solutions. Mais il n’a pas le soutien du Parlement ni de mandat pour entreprendre des réformes. De ce fait, on n’a enregistré aucun progrès tangible ni sur les mesures d’urgence nécessaires pour obtenir une aide du Fonds Monétaire International (FMI), indispensable pour stopper la spirale de l’effondrement, ni sur les réformes plus structurelles afin de lutter contre la corruption, accroître l’indépendance de la justice, clarifier les règles de passation des marchés publics, encadrer le fonctionnement de la Banque centrale ou encore réguler des secteurs clés comme l’électricité. Suite à ses échanges avec les dirigeants du pays, le président français Emmanuel Macron avait proposé en septembre dernier un programme de réformes assorti de délais courts de mise en œuvre. Celui-ci reste d’actualité et devrait constituer la feuille de route de tout nouveau gouvernement.

    La population libanaise subit le contrecoup de cet échec

    La population libanaise subit durement le contrecoup de cette échec : 55% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Selon le FMI, le Liban devrait être la seule économie de la région à se contracter encore cette année alors qu’il estimait déjà le taux de chômage à 39% fin 2020. Au cours des derniers mois, la livre libanaise s’est dépréciée de 90% vis à vis du dollar américain. De nombreux Libanais instruits quittent le pays et la pauvreté se répand. Dans ce contexte, les tensions sociales s’accentuent. Des manifestations contre la dévaluation de la livre libanaise et la détérioration des conditions de vie éclatent régulièrement à travers le pays.

    « L’aggravation de la situation socio-économique pourrait avoir de graves répercussions sur la stabilité et la sécurité du pays. »

    L’aggravation de la situation socio-économique pourrait avoir de graves répercussions sur la stabilité et la sécurité dans un pays qui a été le théâtre d’une guerre civile prolongée entre 1975 et 1990 et reste régulièrement frappé par la violence. Le 4 février dernier, l’éminent intellectuel et critique du Hezbollah libanais, Lokman Slim, a été retrouvé mort, faisant craindre un retour à la période des assassinats politiques au Liban. Et en mars dernier, le commandant en chef des Forces Armées Libanaises avait averti que l’armée ne devait pas se laisser entraîner dans l’impasse politique. Le risque de conflits internes est pour lui une plus grande préoccupation pour la sécurité du Liban que celui d’un conflit avec Israël ou la Syrie.

    Je me suis donc rendu au Liban samedi et dimanche derniers et j’ai rencontré le Président Aoun, le Président du Parlement Berri, le Premier Ministre par intérim Diab, le Premier Ministre désigné Hariri, le Premier Ministre adjoint, Ministre de la Défense et Ministre des Affaires Étrangères par intérim Akar, le chef de la Sûreté Générale Ibrahim, le commandant en chef de l’Armée Aoun ainsi que des personnalités et des experts indépendants.

    « J’ai rappelé aux dirigeants libanais l’important soutien que nous apportons déjà au pays et je leur ai indiqué que nous étions prêts à intensifier ce soutien, si le Liban se dote d’un gouvernement qui passe un accord avec le FMI et réforme le pays. »

    Je leur ai fait part de notre inquiétude. Face à la crise actuelle, il n’y aura pas cette fois de sauvetage financier par les pays du Golfe ou la diaspora libanaise. J’ai rappelé aux dirigeants libanais l’important soutien que nous apportons déjà au pays et je leur ai indiqué que nous étions prêts à intensifier ce soutien, mais que pour cela, le Liban avait besoin d’un gouvernement qui passe un accord avec le FMI et réforme le pays.

    « Il n’y a pas d’autre moyen qu’un accord avec le FMI pour éviter l’effondrement du pays. Nous devons donc insister sur ce point, mais aussi être prêts à aider davantage le Liban une fois que cet accord aura été conclu. »

    Tous ceux avec lesquels je m’en suis entretenu m’ont dit être favorable à un tel accord ainsi qu’à une enquête judiciaire sur le fonctionnement de la Banque centrale. Aussi urgent soit-il cet accord avec le FMI reste cependant difficile à finaliser, car les réformes demandées vont nécessairement remettre en cause la répartition des pouvoirs et des avantages économiques au Liban. Il n’y a cependant pas d’autre moyen d’éviter l’effondrement du pays. Nous devons donc insister sur ce point, mais aussi être prêts à aider davantage le Liban une fois qu’un accord aura été conclu avec le FMI.

    La question des éventuelles sanctions ciblées

    J’ai également indiqué à mes interlocuteurs que si les dirigeants libanais ne prennent pas leurs responsabilités, nous devrons envisager d’autres mesures. Certains Etats membres ont proposé que nous adoptions éventuellement des sanctions ciblées. Aucun des dirigeants avec lesquels j’ai échangé ne s’est opposé à cette idée. Certains ont même déclaré qu’ils y étaient favorables, à condition bien sûr qu’elles soient imposées aux véritables « coupables ». Les personnalités de la société civile avec lesquelles je me suis entretenues m’ont toutes dit que le recours éventuel à de telles sanctions était essentiel pour pouvoir faire pression sur les dirigeants politiques.

    Nous avons fait le point sur ma visite lors du Conseil des ministres des affaires étrangères du 21 juin et nous allons poursuivre le travail sur les critères qui pourraient nous amener à déclencher d’éventuelles sanctions ciblées. La menace de sanctions ne sera toutefois pas suffisante si nous voulons éviter l’effondrement du pays et aider à un réel changement au Liban.

    « J’ai insisté pour que les élections locales, parlementaires et présidentielles prévues l’an prochain aient bien lieu aux échéances prévues. Elles offrent en effet une véritable opportunité de changement, mais il faut que le jeu soit équitable. »

    Nous devons aussi suivre de plus près les flux financiers illicites sortant du pays, et mettre en œuvre les instruments dont nous disposons pour lutter plus efficacement contre le blanchiment d’argent en provenance du Liban. Nous devons également commencer à aider les Libanais à préparer les élections locales, parlementaires et présidentielles de l’an prochain. J’ai insisté pour qu’elles aient bien lieu en 2022, aux échéances prévues. Elles offrent en effet une véritable opportunité de changement, mais il faut que le jeu soit équitable. Nous devons envisager en particulier la possibilité d’envoyer des observateurs de l’UE.

    Le véritable changement prendra du temps

    Au Liban, le véritable changement prendra du temps. Notre engagement et notre aide doivent l’encourager. Dans l’immédiat, nous devons en priorité maintenir la pression pour que les dirigeants libanais prennent leurs responsabilités. L’UE a été et reste pleinement solidaire du peuple libanais en ces temps difficiles mais pour maintenir cette pression, nous ne devrons apporter de l’aide au gouvernement qu’une fois les réformes engagées. Au cours des prochains mois, le Liban va demeurer une des principales priorités de la politique extérieure de l’Union.

    European External Action Service, 22 juin 2021

    Etiquettes : Liban, crise politique, crise économique,

  • Liban: La crise menace l’un de ses rares rassembleurs, l’armée

    BEYROUTH (AP) – Depuis la guerre civile, à travers les guerres avec Israël, les bombardements militants et les troubles intérieurs, les Libanais ont considéré leur armée comme un point d’ancrage pour la stabilité, l’une des seules institutions au-dessus des divisions du pays.

    Mais l’armée est désormais menacée par l’effondrement financier dévastateur du Liban, qui, selon la Banque mondiale, est susceptible de figurer parmi les pires que le monde ait connus au cours des 150 dernières années.

    L’effondrement économique exerce une pression sans précédent sur les capacités opérationnelles de l’armée soutenue par les États-Unis, anéantissant les salaires des soldats et détruisant le moral. La détérioration met en danger l’une des rares forces à unifier le Liban à un moment où les tensions sectaires et la criminalité sont en hausse dans un contexte de pauvreté croissante de la population.

    « Un tel déclin pourrait être le signe avant-coureur d’une instabilité jamais vue depuis la dernière fois que les élites politiques libanaises ont vidé ou mis à la dérive les forces armées libanaises, à savoir au cours des cinq années qui ont précédé la guerre civile de 1975-1990 », a déclaré Aram Nerguizian, conseiller principal du programme sur les affaires civilo-militaires dans les États arabes au Carnegie Middle East Center.

    L’ armée elle-même a tiré la sonnette d’alarme , ce qui est inhabituel pour une force qui est peut-être unique au Moyen-Orient en ce qu’elle reste largement en dehors de la politique.

    Le chef de l’armée, le général Joseph Aoun, a averti dans un discours aux officiers en mars que les soldats « souffraient et avaient faim comme le reste du peuple ».

    Il a également critiqué ouvertement la direction politique, qui a été paralysée par des luttes intestines et n’a presque rien fait pour faire face à la crise. « Qu’est-ce que tu attends? Qu’est-ce que vous envisagez de faire? Nous avons mis en garde plus d’une fois contre les dangers de la situation », a-t-il déclaré – un commentaire surprenant puisque les officiers de l’armée ne sont pas autorisés à faire des déclarations politiques.

    Un haut responsable de l’armée a confirmé à l’Associated Press que la situation économique avait considérablement affecté le moral. « Il ne fait aucun doute qu’il existe un grand ressentiment dans les rangs de l’armée », a déclaré le responsable.

    Le responsable a noté que « de nombreuses tâches sont exigées de l’armée », notamment le maintien de la stabilité interne. « Les dirigeants sont inquiets de l’évolution de la situation sécuritaire sur le terrain et de la capacité de traiter ce problème », a déclaré l’officier, s’exprimant sous couvert d’anonymat conformément à la réglementation. Soutenir l’armée est crucial pour éviter que le Liban ne sombre dans le chaos, a-t-il ajouté.

    La France convoque jeudi une conférence virtuelle de collecte de fonds pour demander une aide d’urgence, après que le chef de l’armée Aoun s’est rendu à Paris le mois dernier pour demander de l’aide. La France a averti que l’armée libanaise « pourrait ne plus être en mesure de mettre pleinement en œuvre ses missions essentielles à la stabilité du pays ». Les États-Unis, le plus grand bailleur de fonds de l’armée, se sont engagés à augmenter leur aide en 2021.

    L’armée contrebalance en partie le Hezbollah, la faction chiite soutenue par l’Iran qui revendique une force armée puissante ainsi qu’une domination politique. Nerguizian a averti que la dégradation de l’armée permettrait au Hezbollah de se profiler encore plus – un résultat que peu de personnes en dehors du Liban, en particulier à Washington, souhaitent voir se concrétiser.

    Cela pourrait également ouvrir la porte à des pays comme la Russie, la Chine, l’Iran ou la Syrie pour coopter la force et trouver des moyens de l’influencer.

    Le général Frank McKenzie, commandant du commandement central américain, a déclaré plus tôt ce mois-ci que les États-Unis s’étaient engagés à soutenir l’armée libanaise.

    « Ils sont l’un des éléments du gouvernement libanais qui fonctionne très bien, et nous pensons qu’ils devraient continuer à être la seule expression de la puissance militaire de l’État au Liban », a-t-il déclaré.

    Après des décennies de corruption et de mauvaise gestion par l’élite politique, l’économie libanaise a commencé à se désintégrer en octobre 2019. Le secteur bancaire autrefois florissant s’est effondré et la monnaie a perdu environ 90 % de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir. Plus de la moitié de la nation est plongée dans la pauvreté .

    Les 80 000 militaires sont également touchés. Avant la crise, un soldat enrôlé gagnait l’équivalent d’environ 800 $ par mois, mais ce montant est maintenant tombé à moins de 100 $ par mois. Les salaires des officiers sont plus élevés mais ont également baissé en valeur, maintenant environ 400 $ par mois.

    L’armée a resserré ses dépenses. Il y a un an, il a annoncé qu’il cesserait d’offrir de la viande dans les repas donnés aux soldats en service. Il offre toujours un traitement médical gratuit, mais les membres de la force affirment que la qualité et l’efficacité se sont fortement détériorées.

    « Le moral est sous terre », a déclaré un soldat de 24 ans qui a quitté la force en mars après cinq ans de service.

    Il a déclaré qu’au moment de son départ, le salaire de 1,2 million de livres libanaises qu’il avait reçu était à peine suffisant pour la nourriture, les cigarettes et le transport. Il a parlé sous couvert d’anonymat, craignant des représailles.

    Mohammad Olayan, qui a pris sa retraite il y a deux ans après plus de 27 ans dans l’armée, a déclaré à l’Associated Press que son indemnité de fin de service avait été anéantie par l’accident. Au lieu d’une retraite décente, il doit maintenant accepter des petits boulots pour subvenir aux besoins de ses jumelles de 12 ans.

    « Quelle est la motivation pour les jeunes soldats ? » Il a demandé. « J’ai tellement sacrifié pour mon pays et regardez comment j’ai fini à cause de cette mafia », a-t-il déclaré, faisant référence aux politiciens.

    Nerguizian a déclaré que si dans l’ensemble les cas de désertion restent relativement faibles, la force a connu une augmentation des cas de manquement au devoir, des taux d’AWOL élevés et plus de travail au noir par le personnel pour augmenter les salaires.

    Les trois dernières années ont également vu certains des taux d’attrition les plus élevés, le personnel choisissant de quitter l’armée, a-t-il déclaré. « Plus inquiétant encore, la force perd des officiers et des sous-officiers de qualité – la matière grise et les capacités que la force a passé plus d’une décennie et demie à développer », a ajouté Nerguizian.

    Après le déclenchement de la guerre civile de 15 ans au Liban en 1975, l’armée s’est divisée selon des lignes sectaires. Il s’est réuni au début des années 1990 sous le commandement du général Emile Lahoud, qui en est devenu plus tard le président.

    Depuis lors, elle est devenue l’une des armées les plus professionnelles du Moyen-Orient. Les États-Unis lui ont donné plus de 2 milliards de dollars depuis 2007, dans l’espoir de construire un rempart contre le pouvoir du Hezbollah – bien que l’aide soit bien inférieure aux quelque 3 milliards de dollars par an qu’ils donnent à l’armée israélienne.

    L’armée est également l’une des rares institutions de l’État qui jouit du respect de la population libanaise, contrairement à ses politiciens, tellement embourbés dans des querelles internes qu’ils n’ont pas pu former de gouvernement depuis octobre.

    Lors des manifestations antigouvernementales qui ont balayé le pays fin 2019, des vidéos de soldats submergés par l’émotion face aux manifestants ont été largement partagées sur les réseaux sociaux.

    Elias Farhat, un général de l’armée libanaise à la retraite qui est actuellement chercheur en affaires militaires, a déclaré qu’il ne croyait pas que le scénario de l’effondrement soit désormais possible.

    « Ce n’est pas la crise d’une armée mais la crise d’un pays. Dans le passé, il y avait des problèmes de sécurité majeurs qui ont affecté l’armée et ont conduit à sa désintégration », a-t-il déclaré, faisant référence à la guerre civile.

    Associated Press, 16 juin 2021

    Etiquettes : Liban, armée, crise politique, crise économique, salaires, moral, criminalité, conflits sectaires,

  • Pour contrer la Russie, Biden doit agir en Algérie (Think tank)

    Le président Joe Biden a été clair sur une chose dans son approche de la politique étrangère : cela commence par la Russie. Depuis son entrée en fonction, M. Biden a adopté une ligne dure contre Moscou, dénonçant le régime en public et en privé lors de son entretien téléphonique de janvier avec le président russe Vladimir Poutine. Au cours de son premier mois bien rempli, l’Amérique a rejoint des accords internationaux, affirmé des partenariats stratégiques et repoussé les influences de toutes sortes liées au Kremlin.

    Et l’Algérie ?

    Enterré dans ce fracas, Biden a oublié une autre crise qui couve : l’Algérie. En proie à des soulèvements populaires, à la chute des prix du pétrole, à une absence de leadership et à un effondrement économique, le plus grand pays d’Afrique est aujourd’hui menacé d’effondrement total. Son président, Abdelmadjid Tebboune, a dissous le parlement le 18 février dernier, reconnaissant apparemment ce fait. La situation est synonyme de chaos à de multiples niveaux, et il n’existe aucune voie claire permettant à Alger de corriger sa trajectoire.

    À moins que les États-Unis ne lui viennent en aide. Les difficultés de l’Algérie offrent à Biden une occasion audacieuse de remettre à zéro le pivot africain malheureux de l’administration Trump et de lui prêter main forte. Néanmoins, Washington semble indifférent. Biden a effectivement mis la politique nord-africaine en veilleuse, se concentrant plutôt sur la lutte contre le Kremlin.

    Il y a juste un problème : battre le Kremlin et aider l’Algérie sont la même chose. En fait, l’un ne peut guère se faire sans l’autre. En ignorant l’Algérie, Biden tombe dans un piège mortel, qui pourrait mettre en péril la région et amener les troupes russes directement aux portes de l’OTAN. Si les États-Unis n’agissent pas, Moscou consolidera son influence et déclenchera une course aux armements périlleuse en Afrique du Nord.

    La stratégie de la Russie

    Cette course est déjà en cours, et la Russie a pris de l’avance. L’Algérie achète 85 % de son matériel à des entrepreneurs russes, ce qui en fait le plus gros acheteur d’armes de Moscou en Afrique. Depuis le 30 janvier, les Algériens ont commencé à recevoir le vaccin Sputnik-V de fabrication russe dans le cadre de leur campagne contre le COVID-19.

    Malgré cela, la Russie s’est montrée remarquablement inerte dans le contexte des problèmes intérieurs de l’Algérie. Elle n’a pas aidé l’industrie algérienne des hydrocarbures en pleine implosion, qui représente plus de 96 % de ses exportations totales. Elle n’a pas engagé le Hirak, un mouvement de protestation national qui s’oppose à l’élite politique algérienne. Enfin, elle n’a pas contribué à soutenir l’infrastructure de santé publique algérienne, extrêmement vulnérable et frappée par une pandémie.

    En d’autres termes, la Russie a bradé l’Algérie. Alors que les dirigeants algériens tentent désespérément de récupérer les acquis d’avant la pandémie et de stabiliser les institutions nationales, Moscou laisse l’Algérie se diriger vers un abîme politique dévastateur. Selon Al Monitor, « il reste à l’Algérie environ un an avant qu’elle ne frappe le mur ».

    Ce n’est pas un hasard. Au contraire, l’effondrement de l’Algérie produirait précisément le résultat souhaité par Poutine : l’amener dans l’orbite militaire de la Russie. Moscou a déjà montré sa volonté d’interférer à l’étranger dans la poursuite de ses objectifs. Grâce à des incursions militaires impitoyables en Libye, le Kremlin a englouti les réserves pétrolières locales et a poursuivi son lent empiètement sur l’Europe occidentale depuis l’autre côté de la Méditerranée. Si l’Algérie tombe, cet encerclement se poursuivra. Poutine pourrait à nouveau saisir l’occasion de déployer des soldats, de sécuriser les puits de pétrole et de s’emparer de l’énorme cache d’armes, projetant ainsi sa puissance au cœur des opérations de l’OTAN.

    Perspectives d’avenir

    Les enjeux sont clairs : sans action préventive, la nouvelle route de Moscou vers l’Europe occidentale pourrait passer par Alger. Pour empêcher cela, les États-Unis doivent trouver un moyen d’aider l’Algérie tout en exploitant l’influence stratégique de leurs alliés. En d’autres termes, ils doivent travailler aux côtés de l’Italie et de l’Espagne, deux des plus grands importateurs de pétrole de l’Algérie. L’Italie et l’Espagne peuvent exercer une pression commerciale et forcer Tebboune à revenir à la table des négociations.

    Là, Biden doit mettre un frein à l’ingérence de l’Algérie dans les affaires russes. Il doit surmonter la réticence de l’Algérie à négocier avec Washington. Enfin, il doit exiger la participation permanente de l’Algérie à la communauté mondiale par le biais d’organismes soutenus par les États-Unis, comme l’Organisation mondiale du commerce.

    Les Algériens risquent de rechigner devant les mesures d’austérité draconiennes qui pourraient être imposées comme condition d’adhésion. Cependant, elles ne sont pas à la hauteur de l’aide solide que l’Amérique pourrait fournir en échange de la coopération de Tebboune. Avec le choix récent de Biden d’élever l’Agence américaine pour le développement international au rang de Conseil national de sécurité, l’Amérique est prête à faire précisément cet investissement, comme elle le doit.

    Les États-Unis ont besoin d’une politique ferme, coordonnée et efficace pour stabiliser l’Algérie et freiner l’avancée furieuse de la Russie en Afrique du Nord. Sans cela, l’objectif de Biden de contenir Poutine ressemble aux profits pétroliers de l’Algérie : les deux sont irrémédiablement perdus.

    Global Risks Insights, 25 mai 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Algérie, Russie, proie à des soulèvements populaires, chute des prix du pétrole, vide de leadership, effondrement économique, crise économique, crise politique, pandémie, Hirak, manifestations, grogne sociale,

  • Algérie/ Le dialogue pour avancer (Edito de Ouest Tribune)

    Il n’est un secret pour personne que le front social est sous une grande pression, qui s’est accentuée ces dernières semaines avec plusieurs secteurs touchés par des grèves et des protestations qui reviennent de manière cyclique et menacent sérieusement l’avenir immédiat, non seulement, de l’éducation, du commerce, de la poste ou autres, mais menacent aussi et surtout la stabilité même du pays.

    Mais au fond des choses, et clairement il y a un malaise social qui s’est accentué ces derniers temps avec une cherté de la vie et l’érosion certaine du pouvoir d’achat d’une grande partie de la classe ouvrière. Mais cette réalité incontestable a été mise à profit par certaines parties, tapies dans l’ombre, dont l’objectif n’a rien à voir avec la défense des travailleurs, mais de frapper la cohésion et la stabilité du pays. Sinon comment expliquer que l’on assiste de plus en plus à des mouvements de protestation sauvages où les syndicats sont débordés de tous les côtés par des énergumènes qui ne cherchent que l’affrontement. Pourtant on sait que les syndicats de l’éducation ou des autres secteurs n’ont rien d’enfants de chœur et ils ont prouvé leur obstination et leur volonté à mener et porter leurs revendications jusqu’au bout.

    D’ailleurs, le gouvernement conscient de la particularité du moment, mais aussi de la légitimité des aspirations des travailleurs a renouvelé son entière disposition au dialogue et à l’écoute des représentants légaux des travailleurs. Un fait confirmé encore une fois par le Premier ministère qui a annoncé dans un long communiqué rendu public ce jeudi que :»les travailleurs, qui ont de tout temps été la force vive de la Nation, doivent faire la distinction entre l’exercice des droits syndicaux consacrés et l’expression de leurs revendications professionnelles qui doivent être examinées à travers un dialogue ouvert comme l’a exprimé le président de la République à maintes reprises notamment dans sa déclaration lors du Conseil des ministre tenu dimanche 2 mai 2021, et entre les appels de certains mouvements subversifs qui ne cherchent qu’à compliquer la situation et exploiter leurs situations socioprofessionnelles pour des fins douteuses».

    Il est ainsi clair que l’urgence du moment est l’engagement d’un dialogue apaisé et sincère pour répondre, autant que faire se peut, aux revendications des travailleurs et de leurs représentants légitimes, et surtout de fermer la porte aux ennemis de l’Algérie qui n’ont pas fini de vouloir jeter le pays dans la spirale de la violence et de la déstabilisation. Et le gouvernement est clair sur ce sujet comme l’indique le même communiqué du Premier ministère : «Le Gouvernement reste déterminé à poursuivre le dialogue avec les partenaires sociaux afin de consolider la paix sociale et à faire face avec fermeté à toute velléité de porter atteinte à l’ordre public».

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 08 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, crise sociale, crise politique, grogne, grèves, sit-in, manifestations, protestations,