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  • La question du Sahara occidental et les positions internationales divergentes

    Etiquettes : Sahara occidental, front Polisario, Maroc, Algérie, ONU, décolonisation,

    SAKHRI Mohamed

    Le territoire contesté du Sahara occidental représente l’un des conflits géopolitiques non résolus les plus longs au monde, qui dure depuis plus de 40 ans depuis que l’Espagne a retiré son administration coloniale en 1975.[1] Les revendications contradictoires du Maroc et de la résistance autochtone du Front Polisario sahraoui compliquent les questions de souveraineté. L’impasse persiste malgré les efforts d’engagement des Nations Unies. Les positions internationales restent divergentes, les ambiguïtés juridiques permettant diverses interprétations. Cet article analysera le contexte historique, les principales parties, les échecs des règlements, les arguments juridiques, les implications étrangères et les perspectives de résolution du dilemme insoluble du Sahara occidental.

    Arrière-plan
    Le Sahara occidental occupe une région côtière désertique de l’Atlantique de 266 000 kilomètres carrés bordant le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie.[2] La population autochtone sahraouie pratiquait traditionnellement un mode de vie nomade. La colonisation espagnole a commencé en 1885 et a duré jusqu’au milieu des années 1970. Alors que l’Espagne se préparait à partir, le Maroc et le Front Polisario (Front populaire de libération de Saguia el-Hamra et du Río de Oro) en quête d’indépendance cherchaient à prendre le contrôle du pays.

    Le Maroc fonde ses revendications sur des liens historiques antérieurs à la domination espagnole. En 1975, la Cour internationale de Justice a confirmé certains liens tribaux sahraouis avec la monarchie marocaine, mais a estimé que leurs relations ne constituaient pas une souveraineté.[3] Cependant, le tribunal a également rejeté les revendications du Polisario en matière de nationalité. Face à l’ambiguïté juridique qui régnait, le Maroc a pris le contrôle de la majeure partie de la zone contestée. Cela a déclenché une insurrection du Polisario soutenu par l’Algérie et une fuite massive de réfugiés.

    La Mauritanie a brièvement rejoint le Maroc dans l’occupation du Sahara occidental, avant de se retirer en 1979. Le Maroc a ensuite annexé l’ensemble du territoire, construisant des fortifications militaires contre les rebelles du Polisario.[4] Un cessez-le-feu a été conclu en 1991, en attendant un référendum sur l’indépendance. Mais le vote a été bloqué à plusieurs reprises en raison de querelles sur les règles d’éligibilité des électeurs, biaisées en faveur des deux côtés. La mission de maintien de la paix de l’ONU, la MINURSO, reste déployée pour surveiller le cessez-le-feu et les camps de réfugiés. Mais dans l’ensemble, l’impasse persiste.

    LES PARTIES

    Le Maroc

    Le Maroc considère le Sahara occidental comme une province méridionale intégrale sous contrôle souverain depuis l’époque précoloniale. La dynastie alaouite au pouvoir épouse des revendications historiques pour consolider sa légitimité.[5] Le Maroc a offert l’autonomie sous son règne, mais s’oppose fermement à une indépendance pure et simple ou même à un référendum avec cette option. Au lieu de cela, Rabat continue de renforcer son contrôle économique et social sur la région, dans l’espoir de forcer l’acceptation de sa souveraineté comme un fait accompli.[6] Cela frustre le Polisario et ses partisans. Mais de nombreux observateurs considèrent une éventuelle absorption marocaine comme la seule solution réaliste.

    Le Front Polisario

    Le Front Polisario est apparu en 1973 comme un mouvement nationaliste réclamant l’indépendance sahraouie. Ses forces de guérilla ont combattu le Maroc et la Mauritanie, aidées par l’Algérie, où de nombreux réfugiés sahraouis restent campés. Le groupe rebelle se positionne comme le seul représentant légitime du peuple sahraoui. Cependant, sa fortune militaire déclinante l’a contraint à accepter le cessez-le-feu des années 1990 et à organiser un référendum.[7] Mais les manœuvres sur les listes électorales ont bloqué les votes, laissant le Polisario affaibli tout en restant opposé au contrôle marocain ou aux offres limitées d’autonomie. La plupart des membres réclament une République arabe sahraouie démocratique totalement indépendante. Certains analystes estiment que l’intransigeance du Polisario compromet les avancées réalistes.

    L’Algérie

    L’Algérie défend activement son allié Polisario comme moyen de contrebalancer son rival marocain. La lutte pour l’indépendance postcoloniale du Sahara occidental résonne avec la propre histoire de l’Algérie. L’Algérie soutient financièrement les camps de réfugiés sahraouis et reconnaît diplomatiquement la République arabe sahraouie démocratique. Cet alignement avec le Polisario étend également l’influence algérienne à toute l’Afrique du Nord et au Sahel. Mais certaines critiques suggèrent que l’Algérie utilise ce conflit insoluble pour affaiblir le Maroc tout en évitant de rendre des comptes pour l’absence de progrès.[8] La résolution du Sahara occidental supprimerait un pilier clé de la politique régionale algérienne.

    La Mauritanie

    La Mauritanie a initialement rejoint le Maroc lors de l’invasion du Sahara occidental en 1975, car elle revendiquait également des parties de la région. Mais la défaite militaire a conduit au retrait de la Mauritanie en 1979, après quoi elle a reconnu la République arabe sahraouie démocratique. Les liens avec le Maroc se sont détériorés. Cependant, la Mauritanie a depuis adopté une position plus neutre quant à la résolution du conflit territorial, cherchant à équilibrer les relations régionales. Il reste impliqué dans les négociations en cours à l’ONU, mais sans soutenir fermement aucune des parties. La Mauritanie donne la priorité à la stabilisation de la sécurité et du commerce en Afrique du Nord.

    Les Nations Unies

    L’ONU s’efforce depuis 1991 d’organiser un référendum sur l’indépendance du Sahara occidental et de maintenir le cessez-le-feu. Mais cela repose sur la coopération volontaire des parties en conflit qui conservent le pouvoir de décision. Le Maroc dispose d’un levier pour entraver le vote en contestant les listes électorales. Certains critiquent la passivité de l’ONU et son incapacité à faire respecter ses mandats. Mais les options sont limitées en l’absence de volonté politique de la part des principaux acteurs. L’approche de maintien de la paix de la MINURSO suscite également des critiques parce qu’elle gèle plutôt que résout la dynamique du conflit.[9] La crédibilité de l’ONU est affaiblie alors que le conflit de l’ère coloniale persiste et n’est pas résolu.

    Les États-Unis

    Historiquement, les États-Unis ont officiellement soutenu les efforts menés par l’ONU sur la question du Sahara occidental. Mais récemment, Washington a discrètement soutenu le plan d’autonomie du Maroc tout en renonçant à appeler à un État sahraoui indépendant.[10] Cela s’aligne sur la politique américaine plus large valorisant la sécurité régionale et la coopération antiterroriste avec le Maroc. Cependant, revenir sur l’approche adoptée de longue date par l’ONU nuit à la crédibilité des États-Unis. Les alliés européens et l’Union africaine conservent largement un soutien plus fort à l’autodétermination.

    L’Espagne

    En tant qu’ancienne puissance coloniale, l’Espagne revendique un rôle continu en soutenant le processus de paix de l’ONU. Mais certains reprochent à l’Espagne d’avoir brusquement abandonné le territoire en 1975, sans établir un processus de transition ordonné. Des considérations de politique intérieure ont conduit Madrid à se désengager précipitamment plutôt que d’arbitrer soigneusement entre les partis ou d’assurer un référendum crédible.[11] L’Espagne reste également obligée d’équilibrer ses relations avec le Maroc et l’Algérie sur des questions telles que la migration et l’énergie. Résoudre l’héritage colonial au Sahara occidental échappe aux solutions faciles pour Madrid.

    Propositions de règlement échouées

    Le Plan de paix de l’ONU

    Le Plan de règlement des Nations Unies de 1991 proposait une transition vers un référendum sur l’indépendance ou l’intégration avec le Maroc. Mais les retards dans le cessez-le-feu ont permis au Maroc de se retrancher tandis que le temps a érodé la capacité du Polisario à mobiliser la résistance. Les désaccords sur l’éligibilité des électeurs ont bloqué le vote, même si plus de 80 pays reconnaissent le droit des Sahraouis à l’autodétermination.[12]

    Le plan d’autonomie du Maroc

    En 2007, le Maroc a proposé un plan d’autonomie limitée au Sahara occidental tout en conservant sa souveraineté. Mais le Polisario insiste sur une indépendance totale. Ils soutiennent que l’autonomie n’offre pas un contrôle local suffisant sur les ressources, la sécurité et les relations extérieures. Les États voisins craignent également que l’autonomie ne déstabilise la politique ethnique régionale.[13]

    Accord-cadre soutenu par les États-Unis

    En 2020, l’administration Trump a soutenu une proposition marocaine fondée sur la souveraineté, impliquant une autonomie limitée et des positions de leadership sahraouis. Mais le Polisario et l’Algérie ont protesté contre l’abandon par l’ONU des principes d’autodétermination. L’accord reste au point mort malgré la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental pour inciter à l’acceptation.[14]

    Propositions de troisième voie

    Certains observateurs proposent des compromis comme une entité sahraouie en libre association avec le Maroc, le partage du pouvoir ou une autonomie transitionnelle menant à un éventuel vote pour l’indépendance. Mais les écarts restent importants entre les positions maximalistes des deux côtés. Les mécanismes d’application et les garanties doivent également être renforcés pour permettre des règlements futurs crédibles.[15]

    Ambiguïtés juridiques insolubles

    Interprétations textuelles

    Les partisans du référendum insistent sur le fait que le plan de règlement original de 1991 et les normes d’autodétermination postcoloniale imposent toujours légalement un vote avec l’indépendance comme option. Mais le Maroc fait valoir que les résolutions ultérieures du Conseil de sécurité se référant uniquement de manière générique à la résolution du différend remplacent ce mandat spécifique. Cela laisse de la place à des solutions alternatives basées sur la souveraineté marocaine.[16]

    Liens précoloniaux

    Le Maroc met en avant les conclusions de la CIJ validant certains liens précoloniaux entre les tribus sahraouies et le sultanat marocain. Mais le même avis rejetait ces liens comme établissant la pleine souveraineté. Le Polisario met plutôt l’accent sur les traditions d’autonomie sahraouie jusqu’à ce qu’elles soient perturbées par la colonisation espagnole. Les relations de pouvoir précoloniales ne parviennent pas à résoudre clairement le conflit territorial moderne.[17]

    Droits sur les ressources

    L’accès aux pêcheries et aux potentiels gisements pétroliers offshore accroît les enjeux économiques du conflit. Le Maroc profite de l’accès et des investissements existants en ignorant les revendications du Polisario sur les ressources. Mais les principes du droit international déconseillent le recours à la force pour priver les habitants de leurs droits aux ressources sans leur consentement. Cela ajoute à l’ambiguïté quant à la gestion des richesses naturelles du Sahara occidental.[18]

    Dimensions humanitaires

    Le conflit prolongé et la situation des réfugiés créent des souffrances considérables, souvent négligées par les parties focalisées sur les conflits de souveraineté. Les défenseurs des droits de l’homme exigent une plus grande priorité pour les besoins sociaux, économiques et humanitaires des civils et des réfugiés sahraouis pris dans l’impasse politique.[19] Mais le dialogue reste au point mort malgré les coûts pour les populations vulnérables.

    Principes de force et de consentement

    Des tensions fondamentales persistent entre le droit du Sahara occidental à l’autodétermination et la réalité du contrôle marocain. Les partisans de l’indépendance soutiennent que l’intégrité territoriale ne peut légalement être modifiée par la force. Mais le Maroc et les partisans de l’autonomie soutiennent qu’après des décennies, les exigences pratiques nécessitent à un moment donné de reconnaître un contrôle de facto, sinon les incitations au compromis s’affaiblissent.[20] Donner la priorité aux principes plutôt qu’à la stabilité ne laisse pas de réponses faciles.

    Politique de reconnaissance diplomatique

    La plupart des nations reconnaissent le droit du Sahara occidental à l’autodétermination, mais les positions pratiques varient.[21] Les membres de l’Union africaine soutiennent fermement l’indépendance, considérant la décolonisation comme incomplète. En revanche, la France et la Russie accordent une plus grande légitimité aux revendications du Maroc en faveur de liens stratégiques. La politique américaine a évolué plus favorablement vers un contrôle marocain. Ces divisions entravent l’uniformisation du message international nécessaire pour réaliser des progrès.

    Nouveaux risques de conflit

    La frustration résultant de quarante années de diplomatie au point mort risque de s’intensifier si les négociations restent gelées. Il semble peu probable que le Maroc abandonne son contrôle territorial. Mais un retour à un conflit ouvert pourrait générer une plus grande instabilité régionale. Les réfugiés sahraouis voient de plus en plus leurs espoirs d’indépendance s’évanouir. Les factions militantes pourraient décider que la lutte armée est la seule voie qui reste.[22] La violence sacrifierait des décennies de progrès fragiles. Toutes les parties doivent réévaluer leurs positions arrêtées pour parvenir à un compromis réaliste.

    Conclusion

    Le conflit du Sahara occidental a persisté au fil des générations, avec un compromis politique insaisissable malgré des tentatives répétées. Les défis consistent notamment à surmonter les ambiguïtés juridiques, à concilier les dynamiques de pouvoir régionales, à répondre aux besoins humanitaires et à fonder le dialogue sur les intérêts contemporains des sociétés plutôt que sur des revendications historiques rigides. Il n’y a pas de réponses faciles. Mais une diplomatie créative et un courage politique axés sur le bien-être des populations sahraouies offrent les meilleurs espoirs après tant d’années de dérive. Toutes les parties devraient réfléchir aux coûts de l’intransigeance et renouveler un engagement significatif en faveur d’un avenir commun.

    Les références:
    [1] Zoubir, YH et Pazzanita, AG (1995). L’échec des Nations Unies dans la résolution du conflit du Sahara occidental. Journal du Moyen-Orient, 614-628.

    [2] Shelley, T. (2004). Fin de partie au Sahara occidental : quel avenir pour la dernière colonie d’Afrique ? Livres Zed.


    [3] Cour internationale de Justice. (1975). Avis consultatif sur le Sahara occidental. Rapports de la CIJ.


    [4] Nouvelles de la BBC. (2020). Profil du Sahara occidental. https://www.bbc.com/news/world-africa-14115273

    [5] Slyomovics, S. (2005). Sahara occidental et Maroc : mises en scène d’histoires, stratégies de mémorisation. Journal numérique de culture et d’histoire, 4(2).

    [6] Théofilopoulou, A. (2019). Nations Unies – Sahara occidental : une affaire sans fin. Institut américain pour la paix.

    [7] Zunes, S. et Mundy, J. (2010). Sahara occidental : guerre, nationalisme et irrésolution des conflits. Presse universitaire de Syracuse.

    [8] Mehdi, T. (2002). Sahara occidental sous contrôle du Polisario. Revue de l’économie politique africaine, 29(91), 291-300.

    [9] Ramos-Horta, J. (2019). Le fonctionnement du Conseil de sécurité des Nations Unies dans le conflit du Sahara occidental. Académie Diplomatique du Pérou Javier Pérez de Cuellar.


    [10] Théofilopoulou, A. (2021). Les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental : implications. Institut américain pour la paix.

    [11] Barreñada, I. (2020). Le rôle de l’Espagne dans le conflit du Sahara occidental. E-Relations internationales.

    [12] Jensen, E. (2005). Sahara occidental : anatomie d’une impasse. Éditeurs Lynne Rienner.

    [13] Groupe de crise international. (2007). Sahara occidental : le coût du conflit. Rapport Moyen-Orient/Afrique du Nord 65.

    [14] Maison Blanche. (2020). Le soutien du président Donald J. Trump à la proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc. https://trumpwhitehouse.archives.gov/briefings-statements/president-donald-j-trumps-support-moroccos-serious-credible-realistic-autonomy-proposal/

    [15] Groupe de crise international. (2018). Sahara occidental : une nouvelle lumière dans une vieille boîte. Rapport Moyen-Orient/Afrique du Nord 236.

    [16] Riedel, U. (2011). À la recherche d’un État : la politique de souveraineté marocaine et le conflit du Sahara occidental. Le Journal des études nord-africaines, 16(4), 575-590.

    [17] San Martin, P. (2010). Nationalisme, identité et citoyenneté au Sahara occidental. Le Journal des études nord-africaines, 15(4), 565-592.

    [18] Hagen, R. (2016). Cartes contre l’autonomie : autodétermination pour le Sahara occidental. Journal de Leiden de droit international, 29(4), 1021-1039.

    [19] Fiddian-Qasmiyeh, E. (2011). Déplacement sahraoui prolongé : défis et opportunités au-delà du campement. Centre d’études sur les réfugiés.


    [20] Zoubir, Y., & Benabdallah-Gambier, K. (2005). Les États-Unis et l’imbroglio nord-africain: équilibrer les intérêts en Algérie, au Maroc et au Sahara occidental. Politique méditerranéenne, 10(2), 181-202.

    [21] Barreñada, I. (2016). La politique de l’indifférence : l’Union européenne et la reconnaissance symbolique du Sahara occidental. Le Journal des études nord-africaines, 21(4), 626-643.

    [22] Groupe de crise international. (2021). Guérir la fracture alors que le risque de guerre au Sahara occidental augmente. Rapport Moyen-Orient et Afrique du Nord 236.

    Source

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  • Au Sahara, les forces du fait accompli mènent le jeu

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    A la fin de la Seconde guerre mondiale et à la création de l’ONU, plus de 800 millions d’habitants étaient encore sous domination de puissances étrangères

    Par Nadir Bacha

    A la fin de la Seconde guerre mondiale et à la création de l’ONU, plus de 800 millions d’habitants étaient encore sous domination de puissances étrangères. Autrement dit, le tiers de la population mondiale vivait encore sous le joug de certains pays industrialisés, comme la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, le Portugal, les Etats-Unis et, à un degré moindre, la Belgique, pour le cas du Congo, avec la France.

    Selon les estimations des experts des Nations unies, un peu plus de 2 millions demeurent dans le cas de la colonisation classique, à travers moins d’une vingtaine de territoires dans le monde. Tel celui des îles Samoa et de Guam, par exemple, sous la tutelle des Etats-Unis. De la Nouvelle-Calédonie et de Gibraltar, sous celles de la France et du Royaume-Uni. Tandis que le Sahara occidental est déclaré (par l’ONU) sous aucune tutelle. Quand la Palestine, Ceuta et Melilla – enclaves espagnoles dans les territoires marocains- ne sont pas mentionnées.

    La Charte des Nations unies, dans le cadre de la gestion des territoires « litigieux», a établi un régime international de tutelle, stipulé dans les articles de 75 à 85 au chapitre XII, ainsi qu’un Conseil de tutelle (Chapitre XII, articles de 86 à 91) dans le but de surveiller certains territoires désignés par l’appellation «territoires sous tutelles» – aucune Assemblée générale des Nations unies, depuis la décision de l’Espagne de se retirer des territoires du Sahara occidental, n’a considéré ces territoires sous une quelconque tutelle étatique qui soit.

    Dans le souci d’activer le processus de décolonisation, l’Assemblée générale a adopté en 1960 une Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples colonisés -la guerre d’Algérie qui faisait rage alors et l’activité des politiques du FLN ailleurs ont pour ainsi dire influencé les divers points de vue concernant l’idéologie du colonialisme. Cette déclaration, donc, sur la décolonisation stipule que tous les peuples ont le droit à la libre détermination et proclame la nécessité de cesser au plus vite, inconditionnellement, le colonialisme.

    Deux années plus tard -à l’indépendance officielle de l’Algérie- l’Assemblée générale des Nations unies a mis sur place un Comité spécial pour suivre l’application de la déclaration et formulé des recommandations relatives à son application. Des pays comme le Vietnam, l’Angola, le Mozambique, le Cap Vert, alors, ont depuis acquis leur indépendance après avoir lutté contre l’occupant, pour le premier cité d’une manière endurante et acharnée contre le France, ensuite contre les Etats-Unis. Mais entre-temps, en 1967, Israël, durant la guerre des Six jours, occupe le Golan, le Sinaï et la Palestine, dans les territoires de Ghaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunit en urgence le 22 novembre 1967 et parvient, à la majorité absolue des quinze membres, à la Résolution 242, condamnant implicitement l’occupation des territoires et stipulant le retrait des troupes israéliennes. Mais elle y adjoint une littérature concernant un processus de paix régionale globale, qui ménage la susceptibilité des superpuissances, les USA partie prenante avec Israël et l’Urss, sympathisante avec les Arabes et le Palestiniens. Un processus de paix qui va durant longtemps, jusqu’à maintenant, noyer la véritable revendication palestinienne. Qui est le recouvrement souverain des territoires arrêtés selon les dispositions du plan de partage en 1947, consacré par la Résolution 181 de l’Assemblé générale de l’ONU. Mais Israël ne se réfère pas aux résolutions lorsqu’il manœuvre dans les territoires anciennement contrôlés par le Royaume-Uni et la France, récupérés à la chute définitive de l’empire ottoman, à travers les accords secrets de Sykes-Picot en pleine guerre mondiale, en 1916.

    Ceuta et Melilla et le rêve de Bruxelles

    Mais bref, sous la protection des Etats-Unis, Israël brave toutes les tentatives de règlements internationaux. Le gouvernement israélien décide, en 1980, d’élever Jérusalem -de l’ouest comme de l’est- en tant que capitale d’Israël, le monde entier est contre lui, y compris les USA, pour la première fois. Le Conseil de sécurité adopte le 20 juin 1980 la Résolution 476 demandant instamment à Israël, la puissance occupante, de se conformer à la présente résolution et d’interrompre les mesures affectant le caractère et le statut de la ville sainte de Jérusalem.

    La subtilité est remarquée ici, dès lors que les Etats-Unis n’opposent pas de véto, qui ne dit pas que Jérusalem-Est appartient aux Palestiniens, une partie constituante de la Palestine, mais une ville sainte représentant les trois obédiences abrahamiques.

    Les instances des Nations unies ne cessent de ressasser le discours de la décolonisation. Ses structures demeurent impuissantes pour y parvenir. L’Assemblée générale en 1990 a affirmé que les années 1990-2000 seraient la Décennie de l’élimination du colonialisme. Parce que l’empire soviétique s’est effiloché de lui-même, de même pour le regroupement de la Yougoslavie et la scission de la Tchécoslovaquie, où le redimensionnement des nouveaux Etats s’est produit sans intervention quelconque des Nations unies. D’une Assemblée générale à l’autre, jusqu’à celle de 2011, proclamant la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, il ne ressort absolument rien de concret sur le terrain des revendications. Israël agit en toute liberté dans le fait accompli. Il fait ce qu’il veut dans les territoires soi-disant libérés de Ghaza – se permettant même d’y pratiquer le génocide après l’avoir asphyxier sous l’embargo. D’orchestrer la judaïcité dans les territoires qu’il contrôle, de façon à démontrer au monde, en toute impunité, sa ségrégation anti arabe et anti chrétienne aussi. Pendant que les Etats-Unis confortent autour d’eux le noyau des puissances mondiales contre la reconnaissance de l’Etat de la Palestine. Malgré tout, ça et là, des sursauts «héroïques», symboliques et isolés, qui regardent dans la réalité de la Palestine. La Suède a été l’exemple le plus magistral donné aux autres Etats-membres de l’ONU, les Etats économiquement puissants, capables d’agir sur le plan de la sanction commerciale.

    Il reste le conflit du Sahara occidental. La dernière colonie d’Afrique, si l’on excepte celle de Ceuta et Melilla -puisque le royaume du Maroc lui-même ne semble pas en faire cas. Une colonisation que la totalité des Etats du continent condamne. Au point où le pays colonisateur veut intégrer l’Union européenne. Et rien ne dit -dans ce vaste processus mondial de l’abandon de l’Afrique, si ce n’est l’intérêt pour ses matières premières, aujourd’hui, risques de contamination obligent, même pas pour sa main-d’œuvre-, que Bruxelles n’intégrera pas Rabat en même temps qu’Ankara. Histoire de raconter que le Vieux continent n’est pas si vieux que certains le pensent. Comme les Etats-Unis et la Chine, par exemple. Tentant de consommer la planète par les deux bouts.

    #Sahara_Occidental #Maroc #Algérie #ONU #Décolonisation

  • Positions de certains pays des Amériques lors des travaux de la 4ème Commission

    Positions de certains pays des Amériques lors des travaux de la 4ème Commission

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Quatrième Commission, décolonisation, territoires non autonomes, Amérique Latine,

    Il y a lieu de souligner, de prime à bord, que la déclaration faite au nom de la Caricom par le représentant de la Jamaïque, M. Raymond Wolfe, ainsi que celle du Venezuela prêtent à confusion étant donné qu’elles comportent des prises de position contradictoires sinon différentes selon la version anglaise ou française publiées sur le site de l’ONU.

    En effet, selon la version anglaise, et qui a été reprise par une dépêche de la MAP, le représentant de la Caricom a exprimé, en ce qui concerne le Sahara marocain, « son soutien aux négociations informelles en cours entre les parties concernées ».

    Selon la même version, le représentant de la Jamaïque « a encouragé les parties à négocier dans un esprit de compromis et d’engagement sincère, et espère que les prochains pourparlers ouvriront la voie à des négociations plus substantielles entre toutes les parties avec l’objectif de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable à ce conflit prolongé. »

    Cependant, et selon la version française indique que le représentant de la Jamaïque a souligné que « la CARICOM maintient son soutien au peuple du Sahara occidental ainsi qu’à tous les autres peuples vivant dans les territoires non autonomes ».

    Le même constat est valable pour la déclaration publiée au nom du venezuela. Ainsi, selon la version française, le représentant du Venezuela, M. Jorge Valero, a « regretté qu’il y ait toujours des territoires dont les peuples vivent sous occupation étrangère, ce qui est contraire au droit international et aux droits de l’Homme ». 

    Le représentant vénézuelien a indiqué que son pays appuie les processus de décolonisation de ces territoires et a relevé le fait que « les disputes de souveraineté relatives au Sahara occidental restent toujours en suspens». A ce sujet, il a «réaffirmé le soutien de sa délégation au droit à l’autodétermination et à l’indépendance du Sahara occidental»,  en rappelant que son pays « reconnaît diplomatiquement la rasd depuis 2003 » et en insistant pour que « le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui puisse se tenir au plus tôt».

    La version anglaise se contente de citer que « le Sahara Occidental, Puerto Rico et la question des Malouines en tant que cas en suspens, ce qui contredit l’esprit et les objectifs de la charte des Nations Unies », et ne reproduit pas le deuxième paragraphe cité plus haut.

    Par ailleurs, le représentant de la Guyane, M. George Talbot, qui s’est exprimé au nom de l’Union des Nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) a cité l’existence des 16 territoires toujours non autonomes, inscrits sur la liste de décolonisation de l’ONU, en estimant que le processus de décolonisation était toujours incomplet.  L’UNASUR continue à appuyer les travaux du Comité des Vingt-quatre en vue de parvenir à la décolonisation de ces territoires.

    La représentante du Mexique, Mme Yanerit Sotomayor a noté que « le Sahara occidental continuait de susciter de nombreux débats » et a rappelé « la nécessité de trouver une solution juste et durable à ce conflit, ceci en conformité avec les résolutions pertinentes de l’Assemblée Générale et du Conseil de Sécurité». 

    Elle a souligné la nécessité pour « le peuple sahraoui de pouvoir exercer son droit à l’autodétermination», en ajoutant « qu’une paix durable passe nécessairement par la tenue d’un référendum sur l’avenir du peuple sahraoui qui doit inclure les trois options possibles, à savoir l’indépendance, l’autonomie ou l’intégration. » Par ailleurs, Mme Sotomayor a réitéré « l’appui de son pays à la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO); dont le rôle est essentiellement pour écouter le peuple sahraoui et l’aider à exercer son droit à l’autodétermination ».

    Le représentant de Cuba, M. Oscar Gonzalez, a souhaité que la décolonisation reste une question prioritaire à l’ordre du jour des Nations Unies. Il a rappelé que « les Nations Unies ont réaffirmé que le conflit touchant le Sahara occidental était une question liée à la décolonisation relevant de la résolution 1514 », en ajoutant que « le peuple sahraoui a le droit de déterminer son propre avenir. 

    Enfin les représentants du Guatemala et du Pérou, MM. Gert Rosenthal et Roberto Rodriguez, ont regretté que les Nations Unies n’aient toujours pas réussi à réaliser l’objectif de la décolonisation des 16 territoires non autonomes restants. 

    Cc : Madame et Monsieur les Secrétaires d’Etat ;
    Monsieur le Secrétaire Général ;
    Monsieur le Directeur Général ;
    Mesdames et Messieurs les Directeurs.

    #Maroc #Sahara_Occidental #ONU #AGNU #4èmeCommission

  • Des pétitionnaires payés par le Maroc pour plaider sa cause

    Des pétitionnaires payés par le Maroc pour plaider sa cause

    Maroc, Sahara Occidental, ONU, Quatrième Commission, décolonisation, pétitionnaires,

    La Quatrième Commission Chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation entame cette semaine ses travaux sur la situation dans les territoires non autonomes. Un total de 200 pétitionnaires qui s’exprimeront cette année en personne sur les questions relatives aux Samoa américaines, aux Îles Vierges britanniques, à la Polynésie française, à Guam, aux Îles Vierges américaines, à Sainte-Hélène, à Gibraltar, aux Îles Falkland (Malvinas), aux Îles Caïmanes, à la Nouvelle-Calédonie et au Sahara occidental.

    Pour plaider sa souveraineté sur le Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975, le Maroc a engagé des dizaines de pétitionnaires. Selon des documents confidentiels diffusés sur la toile par le hacker français connu sous le pseudonyme de Chris Coleman, ces pétitionnaires sont recrutés par les Ministères des Affaires Etrangères et de la coopération, de l’Intérieur et de la Direction Générale d’Etudes et de Documentation, DGST et l’Agence Marocaine de Coopération Internationale. Le package de la prise en charge des pétitionnaires comprenait un perdiem (indemnité journalière) de 2.200 dollars américain pour chaque pétitionnaire, un billet d’avion classe affaires et le payement de cinq nuitées d’hôtel du 7 au 12 octobre 2012 ainsi que les frais de déplacement de l’aéroport à l’hôtel.
    Voici le texte intégral de ces documents :

    Procès Verbal de la réunion de sélection des pétitionnaires de la 4ème commission de l’Assemblée Générale des Nations Unies

    Une réunion de coordination de sélection des pétitionnaires de la 4ème commission de la 68ème session l’Assemblée Générale des Nations Unies, s’est tenue le 1er août en présence des représentants des Ministères des Affaires Etrangères et de la coopération, de l’Intérieur et de la Direction Générale d’Etudes et de Documentation.

    La réunion a traité les points suivants :

    • Etablissement d’une première mouture de la liste des pétitionnaires étrangers et nationaux (copie en annexe), tenant compte des critères déjà définis à savoir la diversité des profils, la répartition géographique et la stature des intervenants. Concernant les pétitionnaires nationaux, le Ministère de l’Intérieur procédera, en collaboration avec la DGST, à la finalisation de la liste des candidats ;

    • Une liste indicative des thématiques a été arrêtée, comportant plusieurs axes, notamment l’Initiative d’autonomie, les réformes démocratiques entreprises par le Maroc, le recensement des populations des camps, les droits de l’Homme dans les camps et la menace sécuritaire dans le Sahel etc ;

    • La nécessité d’assurer la traduction en anglais des interventions des pétitionnaires nationaux pour une meilleure diffusion des messages lors des réunions de la 4ème Commission ;

    • Le Ministère de l’Intérieur se chargera de contacter l’Agence sud et le CES pour préparer une documentation appropriée pour exploitation en marge des travaux de la 4ème Commission, qui sera remise au MAEC pour diffusion sur place avec les argumentaires et aides mémoire sur la question du Sahara marocain et les enjeux sécuritaires dans le Sahel ;

    • S’agissant des modalités de prise en charge des pétitionnaires, il a été convenu que chaque département, sous réserve de la validation de la hiérarchie, prenne en charge les pétitionnaires qu’il propose :

    1. Les modalités du transport et de l’hébergement concernant le Ministère de l’Intérieur et la DGED, seront confiées à une Agence de voyage à l’instar de l’année dernière ;

    2. Le perdiem octroyé aux pétitionnaires sera égal à celui de l’année dernière (2000 dollars US + 200 dollars Us pour le transport entre l’aéroport et l’Hôtel) ;

    • Il a été convenu de sursoir à la réunion de coordination avec les pétitionnaires à la Mission permanente du Maroc à New York, et de ne pas offrir de dîner pour maintenir la discrétion sur la présence de nos pétitionnaires et leur lien avec les officiels marocains sur place ;

    o La question d’organiser un événement parallèle aux travaux de la 4ème commission, notamment, la projection du film « Polisario…l’identité d’un front » de Hassan El Bouharrouti, a été discutée longuement. A ce sujet, les participants ont mis en exergue la nécessité de préparer minutieusement cette opération pour lui assurer toute les chances de succès, en tenant compte des conditions suivantes :

    1. La prise en charge financière de l’opération (doublage, hébergement et transport et per diem des réalisateurs, réservation de la salle,) ;

    2. Afin d’assurer une meilleure prestation pour ce genre d’événement, il a été suggéré de faire appel à une boîte com sur place ;

    o Afin de finaliser ses travaux, le Comité se réunira lundi 05 août 2013 au siège du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération, à 12h.

    ——————————-

    F.E.H
    Confidentiel
    A
    Monsieur le Directeur Général de l’Agence Marocaine de Coopération Internationale

    Objet : Question du Sahara marocain /Pétitionnaires de la 4ème Commission de la 67ème
    Assemblée générale des Nations Unies.

    Conformément aux instructions de Monsieur le Ministre, j’ai l’honneur de vous communiquer ci-après, les noms et prénoms des pétitionnaires qui témoigneront en faveur de notre cause nationale et qui seront pris en charge par ce Département.

    1. M. Alberto Abello Moreno : Colombie (No. de passeport : CC 17150869, valide jusqu’au 26 septembre 2017. Itinéraire : BogotaNew YorkBogota. Date de départ le 7/10/2012, date de retour le 12/10/2012) ;

    2. Eric Cameroun : Norvège (N° de passeport : 29281285 valide jusqu’au 13 juillet 2022. Itinéraire Oslo New YorkOslo. Date de départ le 7/10/2012, date de retour le 12/10/2012) ;

    3. M. Kounta Sidy El Moctar (Mali) ;

    4. M. Kostas Koliopoulos (Grèce) ;

    5. M. Fernando Rosas Moscoso (Pérou) ;

    6. M. Jean-Louis Roy (Canada).

    Les coordonnées des 4 derniers pétitionnaires vous parviendront incessamment.

    Il convient de signaler que les pétitionnaires bénéficieront, comme convenu avec les autres Départements ministériels :

    1. Un perdiem de 2200 dollars américains pour chacun des pétitionnaires comme frais de séjour et de transport de et vers l’aéroport ;

    2. Un billet d’avion classe Affaires (Date de départ le 7 octobre et date de retour le 12 octobre 2012 puisque les interventions des pétitionnaires sont prévues entre le 8 et le 11 octobre) ;

    3. Une Chambre d’hôtel à New York durant cinq nuits.

    Je vous saurais gré des dispositions que vous voudriez bien prendre, pour assurer la prise en charge des pétitionnaires qui seront pris en charge par notre Département. La Mission Permanente à New York coordonnera cette opération.

    M. Redouane HOUSSAINI, Chef de la Division des Nations Unies assurera le suivi de cette question avant son départ à New York, prévue le 6 octobre prochain.

    #Maroc #SaharaOccidental #Quatrieme_commission #Décolonisation #ONU #Pétitionnaires




  • Maroc: Les factures de Jeune Afrique payées par l’Intérieur

    Maroc: Les factures de Jeune Afrique payées par l’Intérieur

    Maroc, Jeune Afrique, François Soudan, Béchir Ben Yahmed, Françafrique, France, décolonisation,

    Dans ce courrier du directeur du cabinet de la DGED, Mourad El ghoul transmet « une facture envoyée par M. François Soudan, à remettre à Monsieur le Secrétaire d’Etat à l’Intérieur, suite communication téléphonique avec Monseur le Directeur Général » (en alussion au patron des services de renseignement extérieur du Maroc, Yassine Mansouri).

    Selon cette facture, pour un « contrat de communication » de Jeune Afrique pour l’année 2010-2011 le Maroc paie 700.000 euros « exonérés de TVA ».

    Selon l’auteur François Xavier Verschave, le magazine Jeune Afrique existe pour maintenir la Françafrique, ce système de « connivences franco-africaines » au détriment des peuples africains sournoisement conçu pour faire éche au mouvement de décolonisation imposé à la France, après la 2ème Guerre Mondiale, par les grandes puissances de l’époque : Les Etats-Unis et l’ex-URSS.

    Hasard ou nécessité, un curieux phénomène veut que la mise sur pied de cette politique de confiscation de l’indépendance des pays africains coïncide étrangement avec la naissance du journal « Jeune Afrique », fondé le 17 Octobre 1960 à Paris par le Tunisien Béchir Ben Yahmed.

    De prime abord, l’appellation « Jeune Afrique », sous-entend ce sinistre paternalisle dont le colon français n’arrivera jamais à se défaire, voulant toujours faire croire que l’Afrique — vieille de plusieurs millénaires et berceau de l’Humanité et de la civilisation — n’a existé qu’avec sa venue. Lui qui n’a qu’une histoire d’à peine quelques siècles. Lui qui n’a commencé à exister qu’avec son contact avec l’Afrique.

    La création de ce canard néocolonialiste relève de tout, sauf du hasard. C’est encore Verschave qui lève le voile sur ce point : « Vous savez que le JOURNAL FRANCO-AFRICAIN JEUNE AFRIQUE est devenu le LÉGATAIRE UNIVERSEL des œuvres de JACQUES FOCCART! Dans ses MÉMOIRES, celui-ci explique que, depuis 1983, il mangeait tous les mois avec BÉCHIR BEN YAHMED, le patron de Jeune Afrique. Ce  »MARIAGE » est le plus ancien et le plus connu… » (sic)

    Que peut-on rajouter à cette CONFESSION NON ÉQUIVOQUE? Sinon rappeler que ce « mariage » entre le FAUCON FOCCART et le VAUTOUR BEN YAHMED, cette UNION INCESTUEUSE entre le PRÉDATEUR et le CHAROGNARD – l’un abattant la victime pour se sustenter de sa chair fraîche, l’autre se repaissant des miettes de sa charogne – remonte bien plus longtemps que ce que le premier affirme dans ses mémoires, c’est à dire, à l’origine même de la ’’FRANÇAFRIQUE’’, de 1958 à 1960.

    #Maroc #Jeune_Afrique #Françafrique

  • Pourquoi la France n’arrive pas à faire son deuil de l’Algérie

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    Pourquoi la France ne peut pas contourner sa perte de l’Algérie. La décolonisation comme bourbier 60 ans plus tard

    Albert Camus, lauréat du prix Nobel de littérature, est né et a grandi dans l’Algérie coloniale. Il est largement considéré dans l’Algérie indépendante comme le porte-parole des colons blancs, peut-être même la fierté d’une classe sociale plus connue sous le nom de  » pieds noirs  » , descendants de colons blancs ou colons qui se sont installés après la conquête de l’Algérie en 1830. Ils ont acquis la terre fertile à une fraction du prix suite à la décimation des tribus arabes et aux politiques ruineuses qui ont conduit à la dépossession des habitants restants de leurs terres communales. Les premiers colons sont qualifiés de pionniers. Ils travaillaient la terre et la rendaient extrêmement productive.

    Au cours des années 1930, les colons disaient que si l’Amérique est fière de la Californie, la France est fière d’Orléansville, aujourd’hui la province de Chlef. Certes, ces colons étaient industrieux mais notoirement connus pour exploiter les Algériens dépossédés. Les condamnés russes, qui ont vécu sous le règne du dernier tsar et purgeaient des peines de prison à Bône, ont été choqués de constater que les colons traitaient les Algériens pire que des moutons . Avec la fin du régime militaire dans les années 1880, les colons étaient responsables – par des pratiques d’exclusion – d’avoir littéralement envoyé les Algériens derrière le soleil. Naturellement, au moment où la Révolution algérienne a éclaté en novembre 1954, tout ce que les colons ont combattu et défendu était en jeu. La plupart d’entre eux à ce moment-là pouvaient retracer leur lignée au moins 100 ans ou plus.

    Pour donner aux lecteurs non algériens et non français un avant-goût de la déchirure ou des malheurs de ces colons provoqués par l’indépendance de l’Algérie en 1962, considérons cette analogie. En Afrique du Sud, Nelson Mandella a reçu le prix Nobel de la paix simplement parce qu’il n’a pas répété le bourbier algérien. Mandella n’a pas lancé de politique ni propagé un processus menant à leur éventuelle expulsion ou dépossession. Les libéraux blancs et leurs médias adorent Mandella pour ne pas avoir fait ce que le FLN (Front de libération nationale) est censé avoir fait avec les colons blancs.

    Ici entre la rhétorique conciliante de Camus pendant la guerre d’indépendance d’Algérie. Camus est connu pour avoir adopté le point de vue de sa mère au détriment de la justice. Parce que je suis originaire des mêmes personnes envoyées derrière le soleil par les ancêtres de Camus, je trouve tout engagement avec cette discussion «justice contre mère» un cheval mort. Comment? Le terrorisme auquel Camus fait référence dans la citation n’était pas du terrorisme ; c’étaient des actions délibérées d’émancipation de certains, pour rentrer dans l’histoire. Ainsi, les festivités euphoriques rapportées dans des chansons populaires telles que « يا محمد مبروك عليك الجزائر رجعت ليك » Le lyrisme de Camus ne commence même pas à se rapprocher des nécessités historiques. Lire Camus peut rendre plus sensible à certaines complexités, mais en fin de compte, faire avancer cette position, j’en suis conscient, risque de porter une atteinte majeure aux sensibilités libérales puisque Camus a été le chouchou de cette classe. Mais Camus n’est pas issu de ces classes ; il avait été acculturé, non sans son approbation tacite cependant. Avec la classe comme matrice pour une analyse significative, la ligne méthodologique est tracée pour ce qui suit.

    De même, il convient de rappeler qu’avec la conclusion des accords d’Evian, les colons sont devenus des personas non grata , indésirables dans un pays qu’ils appelaient chez eux. Une grande partie d’entre eux ne connaissaient pas d’autre pays pour s’établir que l’Algérie. Les Algériens d’aujourd’hui comprennent parfaitement et même compatissent à leur malheur. Étrangement, les accords d’Evian garantissaient le droit de séjour des colons. Mais ce sont eux qui ont scellé leur sort en réclamant et en agissant pour que l’Algérie reste française.

    S’ils étaient restés, moi et les miens (pratiquement des fils de paysans pauvres) n’aurions jamais eu la chance d’aller au-delà de l’école primaire. Nous aurions été condamnés à des positions subalternes. Il n’est pas exagéré qu’en asservissant littéralement les Algériens, pas un petit nombre de colons aient vécu comme des rois. D’où le contexte de la nostalgie et la rumination d’une Algérie française dans la France contemporaine. Sachant qu’à l’origine ces colons étaient issus de milieux paysans et ouvriers, on comprend ce qu’ils ont gagné et perdu. Camus est une icône pour tout ce à quoi ils aspirent, le modèle entrepreneurial autodidacte.

    Maintenant, concernant la façon dont l’Algérie indépendante s’en est sortie sans colons, c’est moins important pour les colons et plus attrayant pour les capitalistes. Des volumes peuvent être écrits sur les dysfonctionnements ainsi que sur la corruption imaginaire ou réelle. Mais par souci d’équité, chaque Algérien a droit à l’éducation gratuite, à l’assurance maladie, à un logement digne, etc. Pourtant, la lutte des classes reste l’arbitrage parfait pour toute mesure de succès ou d’échec.

    Le discours nationaliste dominant après l’indépendance ne cherche qu’à asphyxier la lutte des classes. À travers plusieurs slogans, Le hirak (soulèvement pacifique) de février 2019 articulait cette dimension de classe. Mais le récit triomphal a tenté et réussi à le dépeindre comme une simple exaspération avec Bouteflika et ses acolytes. En effet, le hirak exprime une insurrection incendiaire contre toute la configuration de l’ordre postcolonial.

    Cela laisse les subalternes algériens sans haine contre la France ou du moins ils ne haïssent pas la France hors de l’espace et du temps. Les algériens ne résistent pas aux marques françaises. Pour la plupart des Algériens qui mènent pratiquement leur vie quotidienne, on ne peut pas rester assis à pleurer sur du lait renversé. Toujours, par souci d’exactitude historique : les colons ont maintenu les Algériens hors du temps. Ce n’est pas un nationaliste qui rumine sur les atrocités coloniales pour couvrir les lacunes postcoloniales !

    Qui s’est opposé à la politique progressiste de la France métropolitaine, qui depuis la fin du régime militaire dans les années 1880 a recherché le bien-être des Algériens ? Aucun mais les colons. En 1962, ces colons ont obtenu ce qu’ils méritaient historiquement en tant que classe. Exposer cela ne rend pas les Algériens aveugles au fait que plusieurs colons ont ouvertement soutenu la décolonisation. La violence pendant la révolution a réglé les comptes; cette violence comme Frantz Fanon (1925-1961) le dit avec brio dans Les Damnés de la Terre a eu des effets purificateurs en ce sens qu’elle permet l’émergence de l’être humain chez le colonisé. Rappelons que chez Fanon comme chez le savant franco-tunisien Albert Memmi (1920-2020), le colonisé est une étrange combinaison de difformités. Le colonisé devait tuer le colonisé en lui pour rejoindre le royaume de l’humain. La violence, telle qu’elle a eu lieu pendant la guerre révolutionnaire d’Algérie (1954-1962) a été, pour Fanon, une manœuvre malheureuse mais nécessaire pour permettre à l’homme du colonisé de naître.

    Quant aux relations franco-algériennes actuelles, elles aussi ne peuvent être décontextualisées. Toutes les critiques que l’on lit dans les médias français ne sont pas exactes ou innocentes. Quelques observateurs sont même prêts à admettre qu’il existe une corruption dans le signalement de la corruption en Algérie. Les premiers à attirer l’attention du public sur la surtarification de l’autoroute de 1200 km en 2006 sont les médias français. Pourquoi? Des entreprises françaises, comme américaines, japonaises et sud-coréennes ont fait leur offre. Mais le projet a été contracté par trois grands géants de la construction chinois appartenant à l’État. Comment? Simplement parce que les bureaucrates algériens ont confié le projet au moins disant.

    Comme partout dans le monde, le fonds initial destiné à couvrir la construction n’a pas suffi et les entreprises sous-traitantes ont demandé ce qui leur revenait légalement. L’autoroute n’est pas l’autoroute allemande mais son coût est raisonnable. Et l’infrastructure livrée n’est pas mauvaise comme on le rapporte souvent. De même, les médias français sont devenus furieux lorsque les autorités ont confié le contrat de construction du plus grand barrage du Maghreb, celui de Beni Haroun en 2001, aux Chinois. Le contrat donne l’eau à la bouche et bientôt les habituelles dénonciations médiatiques commencent. Le mandat de Bouteflika n’a pas été à court d’objections, mais il reste un devoir d’être juste.

    Les grands contrats de construction d’infrastructures clés comme celui décrit ci-dessus sont quelques exemples des raisons pour lesquelles les tensions ont toujours gouverné les relations entre l’Algérie indépendante et la France. L’explication culturelle telle que proposée par l’establishment algérien vise souvent à justifier, et rarement à expliquer. La tension a des racines profondes dans l’histoire matérielle et le sens de l’accumulation primitive. C’est la baisse tendancielle du taux de profit [telle que précisée par Karl Marx dans le volume trois du Capital] qui obligent les entreprises françaises à concurrencer des entreprises américaines plus dynamiques pour des parts sur les marchés algériens qui dictent la tension. La corruption dans les discussions porteuses de corruption cherche à couvrir le fait que la mauvaise gestion des actifs par les agents publics ne peut pas expliquer de manière significative les contradictions qui sous-tendent la mondialisation. Cette dernière ne précipite aucune préférence contractuelle pour un seul capital national – une situation qui reste pleine d’obstacles et génère des tensions entre les capitalismes concurrents qui marquent la mondialisation. A titre d’illustration, la décision de l’Algérie de nationaliser son secteur de l’énergie en février 1971 a donné un effet de levier aux entreprises américaines au détriment des entreprises françaises.

    Cela explique que si l’on vise à aborder les forces souterraines qui façonnent les relations franco-algériennes, alors il faut lire et considérer la thèse sous-jacente proposée par Gregory D. Cleva dans JFK Algeria Speech (2022). Ce n’est pas comme si nous voulions seulement lire le livre, mais nous devons le faire. L’essentiel du volume de Cleva précise qu’à la suite de ce discours, un modèle a été établi pour la relation non seulement entre les États-Unis et l’Algérie ou les États-Unis et la France, mais entre les établissements algériens et français. Sortir de l’éphémère (ce que les médias français jugent digne d’intérêt) et embrasser l’essentiel, le discours de JFK Algérie est la voie à suivre. Le réseau complexe de connexions est à peine mis en évidence, et encore moins suffisamment abordé, ni par les nationalistes algériens convaincus, ni par les journalistes et universitaires français largement nostalgiques.

    Pour une grande partie des Algériens ordinaires, le FLN a finalement gagné parce qu’il a forcé Charles de Gaulle à accepter des négociations. Sous le tapis, cependant, se cache le fait qu’au moment où JFK a prononcé son discours, la révolution algérienne a été militairement vaincu. Souvenez-vous, c’était dans le contexte peu après la bataille d’Alger en 1957 et lorsque les cerveaux révolutionnaires ont été décimés. La stratégie des généraux français pour vaincre l’insurrection a commencé à porter ses fruits. Et pourtant, la révolution, en dernière analyse, a obtenu ce qu’elle voulait ! Étrange, n’est-ce pas ? Certaines autres forces travaillaient contre les décideurs politiques français de l’époque et en faveur du FLN, pas nécessairement en faveur du peuple algérien ou des révolutionnaires. Nous lisons dans le récit de Cleva que les consuls généraux américains à Alger, en poste de 1942 à la fin des années 1950, ont joué un rôle clé en signalant les pièges de la politique coloniale française. En tant que membre de la commission de politique étrangère du Sénat et donc candidat probable à la présidence, JFK officialise ce que l’establishment américain, jusque-là, a toujours voulu.

    Les États-Unis ne sont pas sortis victorieux de la Seconde Guerre mondiale comme ça. Le monde se souvient encore de la réaction de l’ancien président Donald Trump en novembre 2018 face à l’allusion du président français Emmanuel Macron à la nécessité de créer une armée européenne indépendante, un cadre hors OTAN. Trump a répondu avec colère : « Sans l’aide des États-Unis dans les deux guerres mondiales, les Parisiens d’aujourd’hui parleraient allemand. » Le point ici est que si les généraux français ont massivement réussi à réprimer l’insurrection en Algérie, les politiciens français n’ont pas pu capitaliser sur ce succès parce que Washington voulait le contraire. Ce dernier s’est lancé dans une politique de décolonisation et même la Grande-Bretagne n’était pas à l’abri. L’Inde, joyau de l’empire, a conquis son indépendance !

    Avec son retour au pouvoir en 1958, de Gaulle a fait de son mieux pour sécuriser l’Algérie en tant que Française, mais finalement, il savait que ses manœuvres équivaudraient à un peu de mise en scène. Les intérêts géostratégiques américains voulaient la fin de la colonisation, de peur que les bouleversements et les insurrections dans les colonies ne brisent le nouvel ordre fragile. La décolonisation en tant que politique était censée contenir les colonisés, peu importe comment, en surface, elle leur offrait de meilleures conditions (pas les meilleures) pour négocier leurs futures émancipations. Pour les Indiens comme pour les Algériens ou les Kényans, les mouvements d’indépendance se sont largement décidés ailleurs, bien qu’il soit irrespectueux de présumer que les champs de bataille n’avaient pas d’importance.

    Naturellement, cela nous laisse une image précise de la façon dont l’establishment français perçoit l’Algérie aujourd’hui. Peut-être moins quand il s’agit de la façon dont la Grande-Bretagne perçoit l’Inde, la France voit l’Algérie comme un partenaire volage qui a simplement décidé d’échanger des partenaires et de coucher avec Washington. Toutes les autres approximations de ces relations sont destinées à justifier, jamais à expliquer ce que l’establishment français ne peut à ce jour surmonter ce qu’il considère comme la perte impossible ! Mais c’est précisément ici que les Algériens préfèrent ignorer le rôle américain et attribuer la victoire exclusivement aux sacrifices de leurs ancêtres.

    International Policy digest, 24/07/2022

    #Algérie #France #Guerre_de_libération #JFK #Etats_Unis #Colonisation #Décolonisation

  • Suisses en Algérie: décolonisation dans un pays sans colonies

    Algérie, France, Suisse, décolonisation,

    Il y a soixante ans, l’Algérie a obtenu son indépendance de la France. Pour les résidents suisses de ce pays d’Afrique du Nord, c’était la fin d’une époque. Leur histoire s’inscrit dans le rapport ambigu de la Suisse au colonialisme.

    Andréa Tognina

    « En regardant la plaine fertile du Sahel, j’ai été stupéfait de voir soudain, dans les vastes vignes qui couvrent des hectares et des hectares de terre, un panneau qui disait : Zurich, 10km », écrit début 1942 un reporter pour le quotidien Gazette de Lausanne .

    A l’époque, environ 2000 Suisses vivaient en Algérie. C’était l’une des plus grandes colonies suisses d’outre-mer, mais pas aussi grande que celle du Maroc. Ses liens sentimentaux avec la Suisse étaient encore forts, bien qu’elle soit bien implantée sur le territoire français.

    La première vague d’émigration suisse vers l’Algérie remonte au milieu du XIXe siècle, peu de temps après la prise de pouvoir par la France. La France a encouragé l’immigration en provenance de Suisse et d’Allemagne, pour contrebalancer l’afflux spontané de personnes en provenance d’Italie, d’Espagne et de Malte.

    «On pourrait dire qu’il y a eu deux types d’émigration suisse vers l’Algérie», explique l’historienne Marisa Fois, auteur d’une étude sur la population suisse du pays ». Un groupe était constitué de personnes qui ont quitté leur pays d’origine pour échapper à la pauvreté. Ce fut le cas de nombreux émigrants des cantons du Valais et du Tessin. D’autre part, il y avait des entrepreneurs suisses qui investissaient des capitaux privés en Algérie. Le cas le plus connu en fut la colonie de Sétif. Ici, 20000 hectares de terres avaient été concédés par Napoléon III à une société genevoise. L’un des fondateurs de cette société n’était autre que Henry Dunant, le père de la Croix-Rouge.

    Colons sans empire

    Le gouvernement suisse n’avait aucune ambition coloniale. Pourtant, le cas de l’Algérie montre à quel point la Suisse a pu s’intégrer aux régimes coloniaux mis en place par d’autres pays (en l’occurrence la France) soit par des initiatives commerciales, soit par la présence effective d’émigrés suisses. Fois appelle cela une « approche para-coloniale ».

    Une partie de cette approche était l’importance croissante, au début du 20e siècle, des communautés suisses à l’étranger – leur rôle d’ambassadrices des valeurs suisses et de tremplins pour l’expansion commerciale suisse.

    Ces communautés ont su maintenir leur cohésion interne avec le sentiment d’appartenir à un réseau international de Suisses de l’étranger, connu sous le nom de « Cinquième Suisse ». Ce terme est entré en usage en 1938, suite à la reconnaissance du romanche comme quatrième langue nationale. Le sentiment d’identité a aidé les Suisses de l’étranger à traverser la période difficile de la Seconde Guerre mondiale.

    « Etroitement liés au consulat de Suisse à Alger, les Suisses qui vivent dans les trois grands départements français d’Afrique du Nord montrent leur esprit patriotique », rapporte l’article de la Gazette de Lausanne .

    Des colons aux « bons offices »
    La fin de la Seconde Guerre mondiale a été suivie d’une résurgence du mouvement d’indépendance nationale algérien. La communauté suisse est d’abord restée à l’écart. « Au départ, on pensait que c’était une phase passagère qui n’affecterait pas sérieusement la vie de la colonie », explique Fois.

    Cependant, à mesure que le conflit prenait de l’ampleur, la tension et la peur augmentaient. Il y a eu une augmentation des demandes de récupération de la nationalité suisse et les autorités suisses ont été confrontées à la question du rapatriement des personnes.

    Entre-temps, Berne s’était impliquée dans le conflit en Algérie par d’autres moyens. La diplomatie suisse joue un rôle de premier plan dans les négociations de cessation des hostilités qui aboutissent à la signature des accords d’Evian entre la France et le gouvernement provisoire algérien en mars 1962. C’est une étape sur la voie de l’indépendance algérienne, proclamée quelques mois plus tard, le 3 juillet.

    La Suisse est également devenue un refuge pour les réfugiés algériens. De plus, il semble que la décision de prendre les armes contre la puissance coloniale française ait été prise par les dirigeants du Front de libération nationale (FLN) algérien en 1954 à Berne alors que la capitale suisse accueillait la Coupe du monde de football. Pendant que se déroulaient les négociations pour un cessez-le-feu, la délégation algérienne vivait en Suisse.

    Espoirs déçus
    L’asile accordé aux réfugiés algériens et les efforts du gouvernement suisse pour établir de bonnes relations avec le gouvernement provisoire algérien visaient à protéger les intérêts des Suisses en Algérie.

    Cependant, les Suisses en Algérie étaient sceptiques quant à la position neutre de Berne dans le conflit. Ils ont constaté que le rôle des diplomates suisses dans les négociations exposait la communauté suisse aux menaces de l’Organisation armée secrète (OAS), la force paramilitaire clandestine qui s’opposait à l’indépendance.

    La communauté suisse a en effet été durement touchée par la guerre d’indépendance. Rien qu’en 1961, elle a subi 14 morts et dix enlèvements.

    «La politique de bons offices a permis d’établir des relations avec le nouvel État indépendant, mais elle n’a pas répondu aux attentes de la communauté suisse en Algérie», explique Fois.

    Exode suisse d’Algérie
    À partir de 1956, les départs d’Algérie dépassent les arrivées et la question du rapatriement des citoyens suisses devient une priorité. En 1958, un fonds de solidarité pour les Suisses de l’étranger est créé avec le soutien de la Confédération.

    La signature des accords d’Evian, les désordres civils généralisés après la proclamation de l’indépendance et la nationalisation des biens appartenant aux citoyens étrangers en 1963 ont tous conduit à l’exode définitif des Européens du pays.

    De son côté, la Suisse a proposé le rapatriement assisté. Pourtant, toute personne quittant l’Algérie devait s’attendre à perdre ses biens. Berne a essayé d’organiser le rapatriement des biens personnels, mais en ce qui concerne l’indemnisation des biens qui étaient nationalisés, les efforts diplomatiques suisses ont eu peu de succès.

    Les tentatives de résoudre ce problème dans le cadre d’un accord commercial avec l’Algérie n’ont abouti à rien. En fait, la question semblait susceptible d’empoisonner les relations entre les deux pays.

    En conséquence, Berne a adopté une approche pragmatique. Avec l’Algérie, il fallait « être patient, tolérant et généreux, comme avec un enfant égaré », écrit l’ambassadeur Olivier Long, qui avait été le principal négociateur suisse des accords d’Evian, dans un mémorandum en 1968.

    Des étrangers dans leur propre pays
    Pour les Suisses de retour d’Algérie, la situation était tout sauf réjouissante. La réintégration dans la société suisse a été plus difficile qu’ils ne le pensaient et beaucoup ont le sentiment d’être des étrangers dans leur propre pays. L’image idéalisée du retour des Suisses de l’étranger s’est brisée sur les rochers de la réalité.

    En 1967, un groupe d’entre eux fonda une « Association des Suisses dépossédés en Algérie et dans d’autres pays d’outre-mer », dans le but d’obtenir des réparations pour ce qu’ils avaient perdu. Conscient que les négociations avec l’Algérie avaient peu de chance d’aboutir, ce groupe de pression a demandé au gouvernement suisse de prendre la responsabilité de l’indemnisation. Berne a refusé, car elle craignait d’affaiblir sa position de négociation et de créer un précédent qui encouragerait d’autres groupes.

    Cette controverse a duré des décennies. Le sort des Suisses d’Algérie a été reconnu par l’Organisation des Suisses de l’étranger et la question a été soulevée à plusieurs reprises lors de leurs réunions annuelles. Le groupe de pression s’est allié à des associations similaires de personnes chassées des anciennes colonies européennes. Cela a rendu la position de Berne d’autant plus délicate.

    Les tentatives répétées de la Suisse pour obtenir une indemnisation de l’Algérie ou de la France n’ont abouti à rien. En 1989, le gouvernement a finalement renoncé à toute demande envers l’Algérie. En 2000, l’Organisation des Suisses de l’étranger a tourné la page de la question algérienne.

    Cette histoire est typique des troubles vécus par les anciens résidents coloniaux face au processus de décolonisation. En cela, les Suisses d’Algérie n’étaient pas différents des autres Européens rapatriés de leurs anciennes colonies. La différence, selon Fois, est que la Suisse a connu une « décolonisation sans colonies ».

    Swissinfo, 16/07/2022

    #Algérie #France #Suisse #Décolonisation

  • ONU: Recommandations du Séminaire sur la décolonisation

    ONU: Recommandations du Séminaire sur la décolonisation

    ONU: Recommandations du Séminaire sur la décolonisation – Séminaire régional du Pacifique 2022 sur la décolonisation, territoires non autonomes, Comité spécial, Sahara Occidental,

    CASTRIES, Sainte-Lucie, 13 mai – Le Séminaire régional du Pacifique 2022 sur la décolonisation s’est achevé aujourd’hui, les délégations étant parvenues à un accord sur un ensemble de recommandations et de conclusions.

    Thilmeeza Hussain (Maldives) a prononcé une déclaration au nom du Président de l’Assemblée générale, Abdullah Shahid, soulignant la participation record au Séminaire comme un motif d’optimisme. Tout en notant que la décolonisation doit être guidée par le droit international, y compris les buts et principes de la Charte des Nations Unies, elle a souligné que beaucoup de travail reste inachevé, malgré les progrès accomplis. Les 17 territoires non autonomes, qui abritent 2 millions de personnes, doivent encore être décolonisés, a-t-elle souligné.

    Le Comité spécial a reçu un mandat clair de l’Assemblée générale pour continuer à examiner la situation politique, économique et sociale dans les territoires non autonomes, a-t-elle poursuivi. « Assurons-nous que cette quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, telle que mandatée par l’Assemblée générale en 2020, honore enfin le fait que tous les peuples ont le droit à l’autodétermination conformément à la résolution 1514 (XV). »

    Earl Huntley, conseiller principal du ministre des affaires étrangères de Sainte-Lucie et ancien président du comité spécial, a rappelé que lorsqu’il a présidé pour la première fois le séminaire régional en 2002, il y avait de l’espoir dans l’air au début de la deuxième Décennie internationale de l’élimination des Colonialisme. Il se souvient avoir dit à l’époque : « Nous ne devons pas nous permettre la déclaration d’une troisième ou quatrième décennie pour achever notre tâche. »

    Cependant, « une quatrième décennie nous a trouvés toujours à la tâche », a-t-il dit, ajoutant : « Le nombre de délégués à ce séminaire a augmenté de façon spectaculaire, mais le nombre de territoires non autonomes n’a pas diminué ». Le Comité spécial doit tout mettre en œuvre pour remplir son mandat et être le catalyseur qui pousse le processus de décolonisation dans la voie décrétée par les Nations Unies, a-t-il souligné.

    Keisha Aniya McGuire (Grenade), présidente du Comité spécial, a déclaré que les séminaires régionaux offrent une excellente occasion d’aider le Comité spécial à faire une évaluation réaliste de la situation dans chaque territoire et à concevoir les moyens de promouvoir le programme de décolonisation au cas par cas. – au cas par cas. Le travail qui reste à faire doit être ancré dans des actions concrètes, a-t-elle souligné.

    Au cours de la session finale, les participants ont adopté le rapport de procédure du séminaire (document PRS/2022/CRP.29), tel que révisé oralement, et un projet de résolution exprimant sa « profonde gratitude » au gouvernement et au peuple hôtes de Sainte-Lucie. Le rapporteur du Séminaire a présenté les deux documents.

    Le Comité spécial a également approuvé les conclusions et recommandations du Séminaire, telles que modifiées oralement, pour prendre note de l’offre de l’Indonésie d’accueillir le Séminaire régional de 2023. Le Comité spécial devrait officiellement adopter les conclusions et recommandations du Séminaire lors de sa session de fond de 2022 en juin.

    Organisé sous les auspices du Comité spécial sur la situation en ce qui concerne la mise en œuvre de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux sur la décolonisation, le thème du Séminaire 2022 est « L’avancement des territoires non autonomes grâce au coronavirus pandémie de COVID‑19 et au-delà ». (Pour une couverture complète du séminaire, voir les communiqués de presse GA/COL/3355 du 11 mai et GA/COL/3356 du 12 mai).

    Nations Unies, 13 mai 2022

  • La rage algérienne contre l’Espagne, une rébellion historique

    La rage algérienne contre l’Espagne, une rébellion historique

    La rage algérienne contre l’Espagne, une rébellion historique – Sahara Occidental, Maroc, Iles Canaries, MPAIAC, décolonisation, Ceuta, Melilla, migration, Pedro Sanchez,

    Qu’on le veuille ou non, le plan d’autonomie du Sahara est la seule alternative viable. Cependant, force est de constater que Sánchez a cédé au chantage de Mohamed VI en échange du contrôle de la pression migratoire sur Ceuta et Melilla.
    Le soutien de Pedro Sánchez au plan marocain d’autonomie du Sahara Occidental a plusieurs dérives, dont l’énorme colère de l’Algérie face à l’annonce d’une double peine : une hausse prochaine du prix du gaz, qui n’affecterait que l’Espagne et un accord spécial avec l’Italie, qui devenir le point d’entrée de cet hydrocarbure crucial pour l’ensemble de l’UE au détriment de notre pays. Que le gouvernement espagnol ait abandonné la neutralité sur l’avenir de son ancienne colonie pour s’aligner sur la solution proposée par le Maroc, un plan d’autonomie également soutenu par les États-Unis, l’Allemagne et la France, a été qualifié de « trahison » par l’Algérie, la plus forte et allié le plus déterminé du Front Polisario depuis 1973. Le conflit du Sahara est non seulement enraciné depuis près d’un demi-siècle, mais le royaume alaouite a réussi à coloniser le territoire entre-temps, alors qu’à l’international il n’a jamais subi de réelle pression de la part du Conseil de sécurité de l’ONU pour organiser un référendum sur l’autodétermination.

    Qu’on le veuille ou non, l’Espagne ne peut pas grand-chose, et le plan d’autonomie est la seule alternative viable, sans oublier qu’il améliorera nécessairement les conditions de vie du peuple sahraoui puni. Pourtant, force est de constater que Sánchez a cédé au chantage de Mohamed VI en échange, entre autres, de la maîtrise de la pression migratoire sur Ceuta et Melilla. Mais l’énorme colère d’Alger envers l’Espagne ne se comprend pas bien sans la rivalité régionale qui l’oppose au Maroc, initialement à cause de la délimitation des frontières entre les deux États, et qui s’est amplifiée au point qu’ils sont aujourd’hui déclarés ennemis. La colère de l’Algérie n’est pas non plus bien comprise sans analyser pourquoi l’Espagne a préféré quitter le Sahara occidental en 1976 au profit du royaume alaouite, à une époque où l’espagnolité des îles Canaries était également mise en doute. L’Algérie est une république d’origine socialiste qui depuis son indépendance en 1962 s’oriente vers un nationalisme panislamiste basé sur une caste militaire. Après avoir remporté la guerre en France, il est devenu un phare des mouvements de décolonisation et, parmi de nombreuses autres causes, il a aidé l’indépendance de la minorité canarienne et le nationalisme sahraoui.

    Alger est la base opérationnelle depuis 1964 du Mouvement pour l’autodétermination et l’indépendance des îles Canaries (MPAIAC), dirigé par Antonio Cubillo, qui a obtenu la reconnaissance de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et élargi sa thèse en faveur de la « décolonisation » des îles Canaries. Cubillo étant partisan d’un double processus de lutte armée – canarienne et sahraouie – contre l’Espagne, l’Algérie est également venue soutenir l’indépendance du Sahara occidental dans le cadre d’une stratégie qui ouvrirait la voie à l’Occident, en rivalité avec le Maroc. Comme l’écrit l’historien Xavier Casals, le soutien de l’Algérie au Front Polisario « a marqué le destin » de la colonie espagnole au profit du Maroc. Le gouvernement d’Arias Navarro de Franco craignait qu’une république sahraouie sous tutelle algérienne ne renforce le MPAIAC et ne conduise à remettre en cause l’espagnolité des îles Canaries dans les instances internationales. Le Maroc, en revanche, n’avait aucune prétention sur l’archipel et reconnaissait ouvertement son appartenance laïque à l’Espagne.

    Après l’abandon du Sahara, la remise en cause de l’espagnolité des îles Canaries sous l’égide de l’Algérie a eu un impact sur le délicat processus de transition démocratique. En 1978, l’OUA a demandé à l’ONU de considérer l’archipel comme un territoire à décoloniser, forçant une action forte du gouvernement d’Adolfo Suárez tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Espagne. En avril de cette année-là, tous les groupes du Congrès, y compris les nationalistes catalans et basques, ont rejeté l’autodétermination des îles Canaries. Dans les instances internationales, la question est réglée en 1981, lorsque l’OUA écarte le caractère colonial de l’archipel, qui deviendra une communauté autonome l’année suivante. Bref, la colère algérienne actuelle n’est pas seulement due aux erreurs commises par le gouvernement Sánchez dans l’annonce de son changement sur le Sahara, mais surtout à une attitude de reproche pour le succès final de son ennemi marocain.

    Elperiodic.cat, 15/04/2022

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  • 60 ans après, l’Algérie toujours au cœur des affaires internationales

    60 ans après, l’Algérie toujours au cœur des affaires internationales – Maroc, France, Afrique, Sahara Occidental, décolonisation,

    En mars 1962, après huit ans de luttes armées, diplomatiques et de masse, le Front de libération nationale (FLN) contraint les dirigeants coloniaux à Paris à s’engager à céder son contrôle à un gouvernement provisoire algérien (GPRA), renversant 132 ans de domination impérialiste française. .

    Le FLN et ses alliés ont réussi à vaincre le régime colonial en France, donnant l’exemple aux autres États du continent africain qui menaient alors une guérilla révolutionnaire contre les régimes européens soutenus par les colons et l’impérialisme.

    Cette victoire contre l’impérialisme français était un projet panafricain faisant entrer des gouvernements nouvellement indépendants comme la Tunisie, le Maroc, le Ghana et le Mali. Le Dr Frantz Fanon, médecin psychiatre de formation française, né en Martinique, s’est rendu en Algérie pour travailler au nom du régime colonial lorsqu’il a changé d’allégeance au FLN en devenant ambassadeur et rédacteur en chef d’un journal de premier plan (El Moudjahid) allié au mouvement de libération nationale.

    Une orientation idéologique issue des mouvements d’indépendance en Afrique a émergé au cours du 20ème siècle avec une influence mondiale. La France ainsi que d’autres États impérialistes européens tels que l’Espagne, le Portugal, la Grande-Bretagne, l’Italie, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis s’étaient réunis à Berlin en 1884-1885 où ils ont divisé le continent africain en sphères d’intérêts en fonction de leurs atouts économiques et économiques. militairement.

    Ces accords finiraient bien sûr par se rompre avant les première et seconde guerres mondiales. Les résultats de la Seconde Guerre mondiale ont créé une atmosphère propice à la domination impérialiste américaine. Cependant, l’affaiblissement de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Espagne et du Portugal pendant la Seconde Guerre mondiale a enhardi les masses colonisées opprimées de travailleurs et d’agriculteurs, ce qui a conduit à l’avènement des révolutions de libération nationale dans toute l’Afrique et l’Asie des années 1940 aux dernières décennies du 20 e siècle.

    La France s’est battue âprement pour maintenir le contrôle de l’Algérie en faisant valoir qu’il s’agissait d’un territoire d’outre-mer de Paris. Commençant par un blocus en 1827, les forces militaires françaises ont attaqué Alger en 1830 sans aucune intention de quitter le pays.

    Un récit historique de la croissance de la domination coloniale française et de la résistance à l’impérialisme en Algérie dit : « La domination des colons sur l’Algérie n’a cependant été assurée qu’à la chute de Napoléon III en 1870 et à la montée de la Troisième République en France. Jusque-là, l’Algérie restait largement sous administration militaire et le gouverneur général de l’Algérie était presque invariablement un officier militaire jusqu’aux années 1880. La plupart des Algériens – à l’exception des colons (population de colons connue sous le nom de pieds noirs – étaient soumis au pouvoir d’officiers militaires organisés en bureaux arabes, dont les membres étaient des officiers ayant une connaissance intime des affaires locales et de la langue du peuple mais sans intérêt financier direct. dans la colonie. » (https://www.britannica.com/place/Algeria/Independent-Algeria)

    Avant cette période des années 1880, entre 1830 et 1847, la résistance au contrôle français a commencé en Algérie. À la suite de la défaite d’une autre série de rébellions survenues dans les années 1860 et 1870, a marqué la consolidation française de leur contrôle sur le pays. Les colons français ont pu sécuriser les terres les plus arables, forçant le peuple algérien à une existence marginalisée. Malgré les troubles politiques en France au cours des années 1830 et 1840, les forces militaires soutenues par la classe dirigeante ont poursuivi leur projet colonial en Algérie.

    La montée du fascisme en Europe au cours des années 1920 et 1930 a donné une impulsion à l’Italie et à l’Allemagne pour s’emparer de plus grandes étendues de territoire en Europe et en Afrique du Nord. La prise de la France par l’armée allemande en 1940 a entraîné l’installation d’un gouvernement redevable à Hitler et à son régime. Cependant, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont défié les efforts allemands et italiens en Afrique du Nord à travers une série de batailles en Égypte, en Libye et en Algérie entre 1940 et 1943.

    En Algérie, une occupation militaire américaine a commencé à la fin de 1942 sous la bannière de «l’opération Torch» et s’est poursuivie tout au long de la guerre. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Algériens se sont lancés dans une campagne de masse pour gagner l’indépendance de la France.

    Un massacre de milliers d’Algériens a eu lieu à partir du 8 mai 1945, le même jour que la défaite des nazis en Allemagne. Connus sous le nom de massacres de Sétif et de Guelma, ces attentats ont entraîné la mort de 30 000 Algériens après la mort de plus de 100 colons français. Des rébellions ont éclaté dans toutes les régions du pays en réponse à la répression. Néanmoins, les Français ont réussi à contenir la rébellion par des actions militaires brutales, fermant les voies de la lutte non violente dans l’État nord-africain.

    La lutte armée algérienne crée un précédent pour les luttes anticoloniales

    Malgré l’écrasement français de la rébellion de mai 1945, neuf ans plus tard, le mouvement reconsolide et lance une lutte révolutionnaire armée pour l’indépendance nationale à partir de 1954. La bataille d’Alger et l’intense activité de guérilla dans les zones rurales ont affaibli la volonté française de rester comme une puissance coloniale.

    La défaite des Français au Nord-Vietnam au cours de la même année à la bataille de Dien Bien Phu laissait présager beaucoup pour l’avenir des actions militaires visant à préserver le colonialisme. La lutte armée se poursuivit jusqu’en mars 1962, date à laquelle les forces de sécurité gouvernementales françaises et les colons eurent épuisé toutes les options visant à rester au pouvoir à Alger.

    Après l’indépendance de l’Algérie, le pays sous le FLN a servi de base aux luttes de libération nationale sur tout le continent africain. Nelson Mandela, co-fondateur et commandant initial de la branche militaire du Congrès national africain (ANC), Umkhonto We Sizwe, a reçu une formation dans un camp du FLN au Maroc.

    Fanon, qui a été déployé en tant que diplomate pour le FLN au Ghana sous le gouvernement du Dr Kwame Nkrumah, a servi à apporter une plus grande prise de conscience de l’importance politique du mouvement de libération en Algérie. Bien que Fanon soit décédé d’une leucémie en décembre 1961 alors qu’il recevait des soins médicaux aux États-Unis, ses écrits compilés sous le titre « Les damnés de la Terre » ont été largement lus en Afrique et dans le monde.

    Aux États-Unis, des organisations révolutionnaires dirigées par des jeunes telles que le Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) et le Black Panther Party (BPP) ont étudié de manière approfondie les écrits de Fanon en les utilisant comme guide de la révolution noire qui a balayé le monde dans les années 1960 et 1970. . James Forman, l’ancien secrétaire exécutif et directeur des affaires internationales du SNCC, a déclaré dans un discours prononcé lors d’une conférence régionale de la jeunesse noire à Los Angeles le 23 novembre 1967 que : « Le racisme et l’impérialisme américain, inextricablement liés, sont agressés par des combattants de la libération dans le monde entier. Dans cette lutte mondiale entre révolution et contre-révolution, il ne peut y avoir de « spectateurs innocents ». Comme Frantz Fanon l’a écrit dans Les Misérables de la Terre, « Oui ; tout le monde devra être compromis dans la lutte pour le bien commun. Personne n’a les mains propres; il n’y a pas d’innocents et pas de spectateurs. Nous avons tous les mains sales… Chaque spectateur est soit un lâche, soit un traître. La lutte contre le racisme n’est pas la lutte des Noirs, c’est la nôtre. Et la bataille est engagée. (https://www.marxists.org/history/erol/ncm-1/forman-1.htm)

    En août 1969, l’Algérie était l’hôte du premier festival culturel panafricain qui rassemblait des personnes d’ascendance africaine de tout le continent et du monde. Le Black Panther Party a été invité en tant que délégation représentant le peuple afro-américain. Plus tard, le BPP a reçu une ambassade officielle à Alger qui a servi de section internationale du BPP de 1969 à 1972.

    L’Algérie à l’époque moderne

    L’ancienne colonie française est devenue un grand producteur et exportateur de pétrole et de gaz naturel, plaçant la nation indépendante comme un acteur important dans les relations internationales. Outre le Festival culturel panafricain de 1969 et l’hébergement du BPP, alors objet d’une répression extrême par le gouvernement américain, le pays a capturé le contre-révolutionnaire sécessionniste Moise Tshombe de l’ex-Congo belge, désormais connu sous le nom de Parti démocratique République du Congo (RDC).

    Tshombe, qui avait été un agent des anciennes autorités coloniales belges dans le sud de la RDC et était impliqué dans l’assassinat du premier Premier ministre congolais Patrice Lumumba en janvier 1961, est mort en détention algérienne en 1969. Le Conseil de sécurité nationale américain et la Central Intelligence Agency (CIA) voulait que Lumumba soit tué, sur ordre du président Dwight D. Eisenhower en 1960-1961.

    Les désaccords sur une élection nationale en 1992, lorsque le Front islamique du salut (FIS) s’est vu refuser la possibilité de créer un gouvernement en Algérie, ont conduit à une guerre civile qui a duré les dernières années des années 1990. La guerre civile a entraîné la mort de nombreux Algériens des deux côtés du conflit. Après la prédominance du gouvernement au début du XXIe siècle, le pays a continué à servir de bastion de soutien au Front Polisario, le mouvement de libération luttant pour la libération de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) du Sahara occidental, qui reste sous la domination du Royaume du Maroc.

    Ces dernières années, le mouvement d’opposition Hirak a organisé de grandes manifestations réclamant des réformes en Algérie. L’action de protestation a créé une atmosphère propice à la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika en 2019.

    Début 2020, un nouveau chef, le président Abdelmadjid Tebboune, a été élu. L’administration actuelle s’est opposée à l’octroi secret du statut d’observateur israélien au sein de l’Union africaine en 2021-2022. En collaboration avec les gouvernements de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la décision du président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a été annulée lors d’un sommet à Addis-Abeba, en Éthiopie, début février 2022. (https://www .middleeastmonitor.com/20220217-after-the-african-union-revoked-israelis-observer-status-it-is-time-for-more-work/)

    En outre, le gouvernement algérien a rappelé son ambassadeur d’Espagne après que le gouvernement de Madrid a reconnu le contrôle du Royaume du Maroc sur le Sahara occidental. La RASD a obtenu le statut de membre au sein de l’UA et maintient une mission auprès des Nations Unies.

    Les relations avec la France ont également été tendues au cours des derniers mois précédant le 60 e anniversaire de l’indépendance. Le président français Emmanuel Macron a fait des commentaires indiquant que la lutte pour l’indépendance de l’Algérie était en quelque sorte illégitime. Ces affirmations ridicules de Paris se déroulent dans un contexte de montée des sentiments anti-français à travers le continent, en particulier dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest où Macron a maintenu des troupes sous couvert d’antiterrorisme. Le fait est que la situation sécuritaire en Afrique du Nord et de l’Ouest s’est détériorée en raison de la présence de troupes françaises et américaines connues sous le nom d’Africa Command (AFRICOM) et de l’opération Barkhane.

    Ces luttes militaires et diplomatiques qui se déroulent en Afrique du Nord et de l’Ouest détermineront le statut de la France et des États-Unis dans ces régions du continent. Le rôle du militarisme impérialiste en Afrique continuera d’être une source de conflit jusqu’à ce que l’intervention étrangère soit terminée et que l’unité soit réalisée.

    Borkena, 11/04/2022

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