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  • Un complot contre l’Algérie en gestation depuis Tel Aviv ? Quelle blague !

    Etiquettes : Algérie, Maroc, France, Israël, DGSE, complot,

    Par DJERRAD Amar

    Ces derniers jours, la presse algérienne a fait écho d’informations selon lesquelles des éléments travaillants pour les services français, marocains et israéliens se sont réunis à Tel Aviv pour ériger des plans de déstabilisation de l’Algérie et de la Tunisie. Comme s’ils pouvaient rééditer un « hirak-bis » violent ou une autre « décennie noire » ou une combinaison espérant cette fois un franc succès !

    Et voilà que la presse du makhzen aidée par les « opposants algériens à l’étranger » surgissent pour réfuter à l’unisson, cette information et ce projet, le considérant comme propagande du « pouvoir des généraux » en Algérie. Avouons que ce sont les « opposants algériens » qui ont fait plus dans le chahut et l’excès de zèle !

    Rappelons : il y a 8 ans, dans un article intitulé « Votre majesté, occupez-vous de vos oignons au Maroc, l’Algérie est une ligne rouge pour vous tous », nous expliquions les raisons de cette profonde animosité du Makhzen. Ce ressentiment s’était manifesté plus tard en, presque, une agression du makhzen, de concert avec des félons et revanchards locaux et des officines françaises hostiles, espérant, provoquer un « Printemps » en s’employant à dévier le Hirak (2019). Un Hirak magnifiquement lancé et intelligemment géré quand des millions d’Algériens qui avaient manifesté pacifiquement des mois durant refusant le 5ème mandat en exigeant le départ des dignitaires du régime puis, un peu plus tard, la poursuites des responsables impliqués dans des malversations. Aucun n’avait subi de répression, arrestation ou dommages corporels contrairement au mouvement « Gilets jaunes » ! Le peuple ayant pressenti le danger avait décidé de son destin en suivant les conseils et les promesses de son armée qu’elle avait tenues. Échec retentissant des comploteurs qui visaient à réduire l’Algérie en une république bananière !

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    Le Hirak, aidé par l’Armée, avait bien éliminé le système nuisible de gouvernance ! Il avait aussi fait apparaître à la surface, tels des poissons à la vue d’un projecteur, une faune de fripouilles, de cupides, de félons et de prédateurs opportunistes à prétentions néocolonialistes.

    Il est bon de rappeler le foudroyant livre du Dr Bensaada qui était venu à point nommé, tel un missile à têtes chercheuses mettre à nu, par des preuves incontestables, une partie des acteurs ; détaillant nommément les financements étrangers qu’ils avaient perçus de la NED américaine et de CFI du Quai d’Orsay ! Haro aussi sur le Dr Bensaada et son intelligence !

    Depuis, aucun de leurs projets funestes ne se sont réalisés. Bien mieux, l’Algérie s’est remise sur la scène internationale, s’est développée en devenant une puissance régionale et africaine, surtout militairement ! Le Makhzen, au lieu de renforcer sa position en tissant des liens de confiance et de fraternité avec l’Algérie, dans un partenariat économique et géostratégique, persiste dans ses travers en croyant obtenir son hégémonie par la provocation et la manipulation en instrumentalisant des « opposants » et malfaisants de tout bord : islamo-terroristes, berbéro-makistes, pseudo-journalistes, démocrates-opportunistes, européistes-corrompus, sionistes-dissimulés… Un roi qui nous semble « chercher du miel du…derrière des frelons ».

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    Il n’est donc pas faux et surprenant qu’une réunion de ce genre ait eu lieu à Tel Aviv ou ailleurs. Elle n’est ni la première ni la dernière. Les services algériens le savent, y sont habitués en les mettant toujours en échec ! D’où les attaques récurrentes contre l’Algérie et son Armée, quand ils constatent leurs « agents » chargés de la subversion mis en échec. Qu’ils soient des personnes mises en examen ou condamnées pour atteinte à la sécurité intérieure ou des associations interdites d’exercice pour financement étrangers illégaux et activités incompatibles avec leur objet ou encore leur Radio M qui propage la subversion.

    Nos citoyens et surtout nos compatriotes à l’étranger en particulier de France, abreuvés par des médias tendancieux dits « mainstream », doivent être avisés pour ne pas se laisser berner par leur propagande et la manipulation en liaison avec des félons algériens éperdus. Le Makhzen doit aussi évaluer les risques s’il se laisse emporter vers des provocations soutenues, et certainement dommageables ! Il doit méditer cette citation du Dalaï Lama « Ne confondez jamais mon silence avec l’ignorance, mon calme avec l’acceptation ou ma gentillesse avec la faiblesse. La compassion et la tolérance ne sont pas un signe de faiblesse, mais un signe de force ».

    Les médias ‘makhzenistes’ continuent toujours d’attaquer l’Algérie, à tour de bras, dans leurs journaux et sites ainsi que dans les médias français et israéliens, usant même du logiciel espion israélien Pegasus. Des attaques injustes faites de mensonges, de dénigrements et de contre-vérités appelant pratiquement les Algériens à se révolter contre leurs dirigeants. Comme s’ils en avaient le monopole et la capacité !

    Toutes leurs narrations ne sont qu’un tissu de mensonges et de contre-vérité. Nous avons lu, par exemple des titres, du genre « L’Algérie ; un dragon régional en papier », « La schizophrénie des généraux algériens envers le Maroc », « Le Maroc en mouvement et l’Algérie dans l’inertie totale » etc.

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    Pour mettre le lecteur au clair, il doit savoir que ce qui divise le Maroc et l’Algérie, c’est surtout le Sahara occidental que le Maroc occupe illégalement depuis 1975 et l’ouverture des frontières.

    La fermeture des frontières par l’Algérie est générée par l’attentat terroriste, en 1994, commis à l’hôtel Atlas Asni à Marrakech que le roi Hassan II avait vite imputé aux « services algériens » imposant, alors, le visa d’entrée pour les Algériens tout en durcissant leurs conditions de séjours. En réponse, l’Algérie a fermé carrément la frontière pour mieux les rassurer.

    Avec cette fermeture, ce sont plus de 2 milliards de dollars/an de perdus par le Maroc. À ce jour, ce sont au moins 60 milliards de dollars de manque à gagner ! Voilà les vraies causes et les vrais motifs qui poussent encore le makhzen à de tels comportements contre l’Algérie et ses dirigeants. Si l’on rajoute le manque à gagner suite à la non-reconduction du contrat du gazoduc, passant par le Maroc, par lequel 97% du gaz consommé par les Marocains provient de l’Algérie, on comprend cette obsession maladive, ce sentiment de frustration et cette envie de régler un compte à l’Algérie. Certains ont poussé l’indécence jusqu’à nous reprocher d’avoir trop d’argent en incitant, alors, les Algériens à se révolter pour réclamer leur part !

    Ce makhzen a accusé même l’Algérie de pratiquer « une course effrénée à l’armement pour intimider son voisin marocain ». Pour quelle raison ? C’est en principe le singe qui taquine le gorille qui le regarde avec indifférence. Le Makhzen n’a ni la puissance économique et politique, ni la puissance militaire, que possède l’Algérie pour que cette dernière s’en inquiète comme lui s’est effrayé au point de s’accoquiner avec Israël pour tempérer sa détresse sans fondement. Israël est loin d’être une menace pour l’Algérie sauf à tenter de fomenter des complots avec le Maroc depuis son territoire. 

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    Une guerre entre le Maroc et l’Algérie est bien l’objectif des sionistes inscrit dans le plan Yinon visant à affaiblir tout le Maghreb en le divisant que le makhzen ne semble pas percevoir, aveuglé dans sa ploutocratie que guide un despote déficient ! Le peuple est son dernier souci ! Un peuple marocain, pourtant brave, qui se voit, sur sa propre terre, comme étranger, sujet maniable au service et à la merci d’une caste cupide dénuée de sentiment patriotique.

    Il appartient au peuple marocain, seul, de prendre en mains son destin en faisant le nécessaire pour instaurer le mode de gouvernance qui lui sied et ne pas espérer une aide extérieure, encore moins militaire, pour évincer le régime qui le tourmente ! Le peuple Algérien l’a bien fait pacifiquement lors du Hirak, pourquoi pas les Marocains !

    La doctrine et les principes de l’Algérie limitent l’action militaire à la défense exclusive de son territoire et de sa souveraineté tout en permettant le soutien politique, voire financier, des causes justes, légitimes et humaines !

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    Même soutenu par la France, la fraction corrompue de l’UE, quelques états apparentés ou par Israël, le Makhzen ne récoltera qu’échec et humiliation. Avec sa politique malveillante et ses ‘‘tactiques’’ mesquines et puériles, antinomiques avec la politique algérienne, les choses ne seront jamais prêtes d’évoluer vers l’issue souhaitée par les dirigeants actuels marocains.

    Djerrad Amar

    #Algérie #Maroc #Israël #France #DGSE

  • Guerre de renseignement entre le Maroc et la France?

    Tags : DGSE, DGED, Abdellatif El Hammouchi, Marocleaks, hacker Chris Coleman,

    Une guerre secrète du renseignement entre le Maroc et la France ?

    Bien que la France se soit récemment montrée prête à renforcer ses liens avec le Maroc, une guerre d’espionnage entre les pays se poursuit sans relâche.

    Qui était à l’origine de la publication de milliers de documents marocains confidentiels, dont beaucoup sont maintenant mis en lumière dans la presse internationale pour étayer les accusations de corruption portées contre des députés européens actuels et anciens au centre de Qatar Gate et de Morocco Gate ?

    C’est une affaire mystérieuse. En 2014, un « hacker » du nom de Chris Coleman a publié des milliers de documents sur Twitter et divers réseaux sociaux, dont beaucoup sont classés comme « confidentiels » ou « secrets », ainsi qu’une énorme masse de correspondances, de courriels et d’archives. de toutes sortes exposant de manière très détaillée le fonctionnement de la DGED (Direction générale des études et de la documentation, l’agence marocaine de renseignement extérieur) et du ministère marocain des Affaires étrangères.

    Il y avait de tout : des rapports sur tout et sur tout le monde, des études, des correspondances, des demandes d’instructions, et surtout les noms des collaborateurs réguliers de la DGED. Pas les mouchards habituels de la police, mais des personnalités éminentes de la société, Marocains et étrangers, journalistes, hommes politiques, experts, hauts fonctionnaires, membres de la société civile, etc. Des listes de cadeaux et de généreuses sommes d’argent versées à certains hommes politiques, clôturaient cet incroyable état des lieux.

    Par exemple, les noms de Pier Antonio Panzeri, l’ancien eurodéputé italien, et de son assistant Francesco Giorgi, tous deux actuellement emprisonnés à Bruxelles pour l’affaire Qatar Gate et Morocco Gate, sont apparus dans ces documents sans que personne ne s’en aperçoive.

    Un autre exemple était Fight Impunity, l’association créée par Panzeri à Bruxelles, et qui est maintenant au centre du scandale, qui a été révélé comme une idée originale de feu l’ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne, Menouar Alem, dans un rapport confidentiel envoyé à ministère marocain des Affaires étrangères en 2012.

    A l’époque, à savoir en 2014, quelques personnes ont rapidement accusé « Chris Coleman » d’être un faussaire et se sont moqués de ce « Marocleaks », avant de se rétracter. L’Etat marocain n’a à aucun moment mis en doute l’authenticité de cette immense documentation alors que certains médias ont accusé l’Algérie voisine d’être à l’origine de cette fuite géante.

    Mais qui est ce « Chris Coleman » ? Qui se cache derrière ce génie de l’informatique qui a réussi à pomper près de cinq gigaoctets, et sûrement plus, de données des serveurs de la DGED et de la diplomatie marocaine pour les disperser sur le web ? C’est une question qui a été posée mille fois. Certains ont affirmé qu’il s’agissait bien d’un « hacker », d’autres l’ont présenté comme un ex-chef de la DGED qui a rompu avec sa direction, et il y a même ceux qui ont vu la main d’un autre service secret marocain discréditer la DGED, dirigé depuis 2005 par Mohamed Yassine Mansouri, un ami du roi Mohamed VI. Bref, une guerre des services.

    Il y a toujours eu beaucoup d’imagination dans le monde des espions. Dans ce cas pourtant, la vérité est simple si l’on scrute attentivement les aléas des relations entre le Maroc et certains pays considérés comme « alliés ».

    La personne qui a choisi le nom de « Chris Coleman », du nom de l’ancien footballeur international gallois, est apparemment un fan de football, mais ce n’est pas un hacker caché quelque part dans un bureau miteux entouré d’écrans d’ordinateur. Et l’Algérie, qui est détestée par certains Marocains, n’est absolument pas impliquée dans cette affaire, comme certains ont tenté de l’accréditer.

    The structure – a state one – behind “Chris Coleman” and which has exposed Moroccan counterespionage and diplomacy is probably the French DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure).

    Ce qui suit est le résultat de plusieurs semaines d’enquêtes et de recoupements qui révèlent qu’une guerre souterraine et très inamicale dure depuis une décennie, voire plus, entre la DGSE française et la DGED marocaine.

    Tout a commencé le 24 mai 2014, avec un article paru sur le site marocain le360 . L’article intitulé « Convocation de l’ambassadeur de France : nouvelles révélations » a été rédigé par Mohamed Chakir Alaoui, ancien subalterne du bureau de l’Agence France-Presse (AFP) à Rabat.

    Alaoui n’était pas connu dans le monde journalistique marocain, n’ayant jamais révélé de cas sensible. Mais ce jour-là, il a lâché une information qui allait mettre le feu au monde. « Agnès Féline », écrit-il, la « deuxième secrétaire à l’ambassade de France » est la « chef d’antenne de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) au Maroc ».

    Cette révélation a surpris l’ambassade de France à Rabat et par extension la direction parisienne de la DGSE. Diplomates et espions français se demandaient comment un journaliste qui n’était pas expert dans le monde ténébreux du renseignement savait que Féline était bien le « chef de l’antenne DGSE à Rabat ». En même temps, révéler la véritable fonction de Féline revenait à la mettre en grave danger.

    Le centre de renseignement français est rapidement parvenu à la conclusion que l’information avait été dictée à Alaoui par le service de renseignement marocain, le seul à connaître le véritable statut de Féline.

    Mais pourquoi le site le360 a- t-il révélé la véritable fonction d’un espion français ? Les services de renseignement marocains cherchaient à se venger d’une terrible humiliation subie quelques mois plus tôt par le patron de la DST (Direction générale de la sécurité du territoire). En février 2014, la police française a cherché à arrêter le directeur général de la DST Abdellatif Hammouchi à la résidence de l’ambassadeur du Maroc en France à Neuilly-sur-Seine. Un juge a voulu entendre le chef des espions marocains après des plaintes pour torture au Maroc déposées par plusieurs citoyens français, dont l’ancien champion du monde de kickboxing Zakaria Moumni. Hammouchi a dû quitter la France précipitamment, sans passer par les aéroports parisiens. Ce fut une grande humiliation pour le chef des services secrets marocains.

    La révélation par le360 de l’identité du chef de la DGSE à Rabat était donc un acte de représailles. Féline a dû être exfiltrée du Maroc en 48 heures et la DGSE lui a depuis donné une nouvelle identité.

    Dans le monde du renseignement, on ne brûle pas un agent en livrant son nom à la presse. Surtout s’il s’agit d’un fonctionnaire d’un Etat ami et allié du Maroc.

    La vengeance est traditionnellement un plat qui se mange froid, mais ici, les espions français n’ont pas tardé à réagir.

    Cinq mois plus tard, en octobre 2014, le mystérieux pirate fait son apparition sur Twitter. Et le grand déballage a commencé. Les tweets étaient souvent écrits en français, mais aussi dans d’autres langues. Parfois même en arabe ou en portugais. Cela prouve que les espions français ont dû s’amuser, surtout quand « Chris Coleman » prenait un malin plaisir à se faire passer pour un défenseur du Front Polisario, le mouvement indépendantiste sahraoui en guerre contre le Maroc au Sahara Occidental.

    Les efforts pour suspendre le compte qui révélait des secrets d’État marocains ont peu d’effet. Il réapparaîtrait immédiatement ou quelques semaines plus tard sous un autre nom et sauterait d’un réseau social à l’autre avant de disparaître un beau jour, laissant son précieux trésor enfoui dans un recoin du vaste filet.

    Selon ce que nous avons appris depuis, la décision de « sanctionner » la DGED a été prise au plus haut niveau de l’Etat français. Le projet de représailles a été décidé par la direction de la DGSE, qui l’a soumis à son ministre de tutelle de l’époque, le chef du portefeuille de la défense, Jean-Yves Le Drian, qui l’a communiqué au Premier ministre Manuel Valls avant que ce dernier n’obtienne la décision finale. feu vert du président de la République François Hollande.

    Un fin connaisseur des relations franco-marocaines a obtenu il y a quelques années confirmation de cet incident auprès des plus hautes autorités de l’Etat français. Il faut dire que les services de renseignement marocains ont toujours su qui se cachait derrière « Chris Coleman ». Lorsqu’il y a quelques semaines Bernard Bajolet a été mis en examen en France pour « complicité de tentative d’extorsion » et « atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne en autorité » dans une sombre affaire d’escroquerie, la presse marocaine s’est étrangement emparée de cette affaire avec grand bruit, même s’il n’a aucun rapport avec le Maroc.

    Bajolet a été directeur général de la DGSE entre 2013 et 2017. En 2018, dans le livre intitulé  Le soleil ne se lève plus à l’est .  Mémoires d’Orient d’un ambassadeur  peu diplomate aux éditions Plon, il affirmait qu’Abdellatif Hammouchi, qui avait fui la France en 2014, ne méritait  pas la Légion d’honneur, la plus haute décoration française, lui a été décernée par Hollande.

    Ali Lmrabet

    Ali Lmrabet est un journaliste marocain et ancien diplomate. Il est le fondateur et directeur de plusieurs médias au Maroc, en arabe et en français, qui ont tous été interdits. Il est titulaire de plusieurs prix de la presse internationale et a été l’un des principaux reporters du quotidien espagnol El Mundo. Il est actuellement chercheur en histoire et continue de collaborer avec plusieurs médias internationaux.

    Source

    #Maroc #France #Marocleaks #Abdellatif_El_Hammouchi #DGSE #DGED #Hacker_chris_coleman

  • Maroc: L’ambassade de France dément l’article de Hespress

    Maroc: L’ambassade de France dément l’article de Hespress

    Maroc, France, Hespress, DGSE, Algérie,

    L’ambassade de France à Rabat a répliqué à un article en français paru dans le site marocain Hesspress sur deux « rapports » de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) sur le Maroc.

    « L’Ambassade de France au Maroc dément formellement les fausses informations rapportées par le média en ligne Hespress publiées le vendredi 2 septembre sur les relations entre la France et le Maroc », indique l’ambassade dans un twit.

    « L’Ambassade de France est au service de l’amitié franco-marocaine et renouvelle son appel à la prudence quant à certaines informations pouvant circuler dans les médias ou sur les réseaux sociaux », a-t-il ajouté.

    Grâce à Ali Lmrabet, nous avons pu obtenir une copie de l’article mentionné que nous reproduisons ici:

    #Maroc #France #Hespress #DGSE

  • France-Maroc: La rupture suivie de guerre des services secrets

    France-Maroc: La rupture suivie de guerre des services secrets

    France, Maroc, Marocleaks, hacker Chris Coleman, DGSE, DGED, coopération judiciaire, coopération antiterroriste, Ahmed Charaï, Nadia El Jalfi, Sahara Occidental,

    En 2014, le Maroc a décidé d’interrompre la ccopération judiciaire avec la France suite à l’affaire El Hammouchi. Les français n’ont pas avalé la pillule et ils ont versé sur la toile des milliers de documents confidentiels de la diplomatie et de la DGED marocaines. L’histoire est connue sous le nom de « Marocleaks ». Elle est résumé par Ignacio Cembrero dans un article parue sur El Confidencial le 30 mai 2021.

    LES SOUPÇONS SE PORTENT SUR LE DGSE
    Lorsque le Maroc a rompu avec la France, ses services secrets sont entrés en guerre.
    Rabat a mis fin à la coopération antiterroriste avec Paris et les services de renseignement français se sont vengés en révélant sur Twitter des centaines de documents confidentiels marocains.

    Tout à coup, à partir du 2 octobre 2014, à partir d’un profil Twitter anonyme (@chris_coleman24), tout, des câbles secrets d’Omar Hilale, l’ambassadeur marocain auprès de l’ONU pour le Sahara occidental, à une lettre de recommandation pour sa fille du ministre marocain des Affaires étrangères, Salahedin Mezzouar, a été déversé sur le réseau social. Avec des hauts et des bas, jusqu’aux premiers jours de 2015, des centaines de documents de la diplomatie marocaine et de son service secret des affaires étrangères, la Direction générale des études et de la documentation (DGED), ont été mis au jour, ainsi que quelques lettres ou photos privées, comme celles du mariage de la ministre Mbarka Bouida, toutes sans conséquence. Le tweeter anonyme a montré sa sympathie pour le Front Polisario et a affirmé en français vouloir « déstabiliser le Maroc ».

    Six ans plus tard, les soupçons sur l’identité des auteurs de ce profil, qui utilisait le nom de l’entraîneur de l’équipe nationale de football du Pays de Galles, ne pointent plus vers un jeune hacker sahraoui pro-indépendance ou vers les services secrets algériens, comme l’avaient dénoncé à l’époque plusieurs ministres et journalistes marocains. Ils pointent du doigt la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services secrets français. La colère de Rabat contre Paris a commencé le 20 février 2014 lorsque sept officiers de police judiciaire français ont frappé à la porte de la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris où se trouvait Abdellatif Hammouchi, le chef de la Direction générale de la surveillance du territoire, l’élite de la police marocaine qui assure également des tâches comme la brigade politico-sociale à l’époque de Franco.

    Hammouchi avait été accusé de torture par deux Marocains vivant en France et un Sahraoui emprisonné à Salé. Un juge voulait prendre sa déposition. Il a refusé et s’est rapidement enfui avant que le juge n’ordonne son arrestation. Le même jour, le roi Mohammed VI et son cercle restreint de collaborateurs ont pris la décision de couper la coopération judiciaire avec Paris, ce qu’ils ont annoncé dans un communiqué. Ils ont également suspendu la coopération antiterroriste, bien que Rabat n’ait pas rendu publique cette seconde décision. À l’époque, la France était frappée par le terrorisme et bon nombre des attentats étaient perpétrés par des Européens d’origine marocaine. Les autorités marocaines ont alors infligé à la France une sanction similaire à celle qu’elles viennent d’infliger à l’Allemagne et qu’elles envisagent d’appliquer à l’Espagne, pour la deuxième fois. La première a eu lieu en août 2014. Cherkaoui Habboud, directeur du Bureau central d’investigations judiciaires, a confirmé mercredi, dans une interview au journal en ligne  » Rue 20 « , l’interruption de la collaboration avec Berlin. Il a également averti que l’hospitalisation en Espagne de Brahim Ghali, chef du Front Polisario, « menace de conduire à la suspension de la coopération dans le domaine de la sécurité entre les deux pays ».

    Trois mois après que Rabat a coupé ses relations avec Paris, le 24 mai 2014,  » Le 360 « , un journal en ligne marocain, a révélé le nom du chef des services secrets français au Maroc, accrédité à Rabat en tant que deuxième secrétaire de l’ambassade de France. La femme, un lieutenant-colonel surnommé « lionne » par ses collègues, a dû quitter le pays en toute hâte. Le 360 est, selon Le Monde, un média « très proche de Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi Mohammed VI ».

    Un mois après cet épisode, le 25 juin 2014, Mustafa Adib, l’un des plus farouches opposants à la monarchie alaouite, est interviewé pour la première fois par la chaîne de télévision arabophone France 24, qui a une large audience au Maghreb et lui consacre beaucoup de temps d’antenne. Adib, un ancien capitaine de l’armée de l’air qui a dénoncé la corruption dans l’armée et s’est exilé à Paris, est depuis lors apparu fréquemment devant les caméras de cette chaîne publique française. Trois mois plus tard, le faux profil de Chris Coleman a commencé à inonder Twitter de documents et d’e-mails confidentiels marocains.

    Le joyau de ce Wikileaks version marocaine était peut-être la révélation de l’accord verbal conclu en novembre 2013 par le président Barack Obama avec Mohammed VI, qu’il a reçu à la Maison Blanche.


    Le joyau de ce Wikileaks dans sa version marocaine était peut-être la révélation de l’accord verbal passé par Barack Obama avec Mohammed VI : Obama a dit à son invité qu’il renonçait à son droit de demander, au Conseil de sécurité, une modification du mandat de la Minurso, le contingent de l’ONU déployé au Sahara occidental, afin qu’il soit compétent en matière de droits de l’homme. En contrepartie, le monarque s’est engagé à établir un programme de visites au Sahara du Haut Commissaire aux droits de l’homme, à mettre fin aux procès de civils par les tribunaux militaires et à légaliser les associations indépendantistes sahraouies. Il n’a que partiellement rempli ses promesses.

    Dans la masse de documents postés sur Twitter, plusieurs centaines concernent l’Espagne. Nadia Jalfi, épouse de Gustavo Arístegui, qui fut porte-parole du Groupe populaire au Congrès et ambassadeur en Inde, a échangé 150 courriels entre 2008 et 2011 avec Mourad el Ghoul, chef de cabinet du directeur de la DGED. Il a reçu des commissions de sa part et a également fait des propositions concernant la presse italienne et française et un cinéaste espagnol désireux de « saisir la souveraineté historique du Maroc sur le Sahara ». Par l’intermédiaire d’un de ses proches collaborateurs, Jalfi a expliqué à ce journaliste qu’elle travaillait à l’époque pour une agence de communication et ne connaissait pas El Ghoul.

    Ahmed Charai, un homme d’affaires de la presse marocaine, a également été en contact permanent avec El Ghoul pendant des années, selon les e-mails publiés par le faux profil. Les commandes qu’il a reçues étaient plus importantes que celles de Jalfi et comprenaient des paiements à plusieurs journalistes français connus et à un Américain. Il a été arrêté en 2011 à l’aéroport de Dulles (Washington) pour avoir introduit aux États-Unis plus d’argent liquide que ce qui était autorisé.

    La même année, Charai a été condamné par l’Audience provinciale de Madrid à verser 90 000 euros pour « préjudice moral » à l’ancien président José María Aznar et à publier la sentence dans trois journaux espagnols et trois journaux marocains, ce qu’il n’a pas fait. « Rachida Dati enceinte d’Aznar », tel était le titre de la première page de « L’Observateur du Maroc », l’hebdomadaire dont il était propriétaire, qui a incité l’ancien président espagnol à le poursuivre en justice. Charai a affirmé qu’Aznar était le père de la fille que la ministre française de la Justice attendait à l’époque. Parallèlement à cette fausse information de l’hebdomadaire marocain, le magazine espagnol « Interviú » a reçu un lot de photos d’Aznar avec Dati à Paris, prises devant un restaurant. « Les photos les plus embarrassantes d’Aznar », tel était le titre de la première page d’ »Interviú », qui a tenté de donner du crédit à ce que Charai avait publié. Des années plus tard, on a appris que le père de la petite fille est l’homme d’affaires français Dominique Desseigne. Des sources du renseignement espagnol estiment que cet épisode est une tentative de la DGED de ternir l’image d’Aznar, le chef du gouvernement espagnol qui a eu les pires relations avec Mohammed VI. Interrogé sur l’authenticité de ces emails portant sa signature, Charai n’a jamais répondu à ce journaliste. Un troisième épisode révélé par le tweeteur laisse la diplomatie espagnole sous un très mauvais jour. Le 27 octobre 2013, deux jeunes de Melilla ont été abattus par la marine royale marocaine. Le gouvernement marocain a promis en décembre de transmettre au gouvernement espagnol les résultats de ses enquêtes, mais aucune information n’est jamais parvenue à Madrid.

    Le 28 mai 2014, Gonzalo de Benito, secrétaire d’État adjoint au ministère des Affaires étrangères, a rencontré Badreddine Abdelmoummi, le « numéro deux » de l’ambassade du Maroc à Madrid, dans les couloirs d’une conférence sur l’Afrique. « Il m’a indiqué que son gouvernement [espagnol] serait satisfait de toute explication que le Maroc pourrait fournir pour régler cette affaire », a écrit Abdelmoummi à ses patrons à Rabat. Le Maroc est resté silencieux. Le faux profil, fermé à plusieurs reprises par Twitter sur ordre des autorités marocaines, mais réapparaissant sous un autre nom, a disparu début janvier 2015. A la fin du même mois, Mohamed VI entame un séjour à Paris qu’il n’avait pas visité depuis plus d’un an. Bien que son séjour soit privé, il a été reçu par le président de l’époque, François Hollande. Les deux hommes ont souligné leur détermination « à lutter ensemble contre le terrorisme et à coopérer pleinement dans le domaine de la sécurité ». La France a encore des devoirs à faire pour se réconcilier avec le Maroc. En juillet 2015, l’Assemblée nationale française a approuvé un amendement au protocole sur la coopération judiciaire en matière pénale entre les deux pays. Les juges français étaient menottés si les faits reprochés – la pratique de la torture – étaient commis au Maroc. Plusieurs ONG de défense des droits de l’homme ont mis en doute la constitutionnalité du nouveau protocole.

    La DGSE, les services secrets français, n’a pas reconnu avoir inspiré les tweets qui ont tant nui aux espions et diplomates marocains. De nombreux indices suggèrent cependant que ce sont eux qui les ont mis en circulation. Mustafa Adib, l’ancien capitaine, si populaire à la télévision à l’époque, s’est confessé sur sa page Facebook en février 2019. « Mes apparitions sur France 24 faisaient partie d’une transaction avec les services secrets français au plus haut niveau (…) », a-t-il révélé. Adib s’est prêté au jeu de la vengeance de la DGSE française contre la DGED marocaine. L’autre, plus puissante, a très probablement été le « piratage » des courriels et des ordinateurs des services de renseignement et de la diplomatie marocains, puis la diffusion d’une petite partie de ce qui a été volé sur Internet.

    El Confidencial, 30 mai 2021

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  • Quand la France corrigeait le Maroc avec un hacker

    Quand la France corrigeait le Maroc avec un hacker – Maroc, Algérie, hacker Chris Coleman, DGED, DST, Abdellatif El Hammouchi, Salaheddine Mezouar, Ignacio Cembrero, Agnès féline, DGSE, Mohamed Anbar, Sahara Occidental,

    Il a beau accuser l’Algérie d’être derrière le hacker Chris Coleman qui a balancé, au mois d’octobre 2014, sur la toile des centaines de documents confidentiels de la diplomatie marocaine et des services d’espionnage marocains, la DGED. Dans son édition du 10/12/2014, le quotidien arabophone marocain Akhbar Alyoum, le ministre marocain des AE, Salaheddine Mezouar, a estimé, en évoquant l’affaire de la fuite de centaines de documents que c’est une « opération des services algériens ». Le Maroc « n’aura de cesse de présenter les preuves attestant que le voisin de l’Est (l’Algérie, ndlr) nourrit le conflit autour du Sahara », a ajouté Mezouar.En accusant le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) d’être derrière la fuite de « documents confidentiels » mettant à nu les pratiques honteuses de la diplomatie marocaine envers l’Algérie et le dossier du Sahara Occidental le régime marocain use de ses habituels faux-fuyants consistant à accuser l’Algérie de tous ses maux. Mezouar accuse, sans apporter bien évidemment la moindre preuve, les services de renseingement algériens d’avoir révélé ces documents, et ne reproche pas à son gouvernement d’avoir opté pour la corruption pour nuire à l’Algérie.

    En accusant l’Algérie, le Makhzen voulait surtout épargner ses maîtres de l’Elysée. Selon le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, grand connaisseur du Maroc et du Maghreb, les français ont activé le hacker Chris Coleman après que le Maroc a décidé, en février 2014, de suspendre la coopération judiciaire avec l’Hexagone pour exprimer son mécontentement suite à l’incident relatif au patron de la DST marocain, Abdellatif El Hammouchi. Les conséquences de cette suspension se sont fait sentir en France, puisque, selon l’ancien ministre français de l’Intérieur Charles Pasqua, «le Maroc était l’une de (ses) principales sources d’information ».

    Le 23 mai 2014, Mezouar convoque l’ambassadeur de la France à Rabat, Charles Fries pour lui signifier sa désapprobation suite à une réunion, tenue le 6 mai, entre des membres de l’ambassade, du juge de liaison français à Rabat et l’ancien magistrat marocain Mohamed Anbar. Le lendemain de cette réunion. Le360, un site proche du palais royal, rapporte les détails de cette réunion tout en dévoilant le nom d’une personne présente à la réunion : Agnès Féline, « deuxième secrétaire à l’ambassade de France et chef d’antenne de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) au Maroc ». Suite à la publication de son nom et fonction, cette dernière, « a été contrainte de quitter rapidement le pays », précise le journaliste espagnol. « Qui a prévenu la presse que derrière cette femme accréditée comme diplomate se cachait un agent secret ? », s’est-il interrogé. «  Probablement les mêmes personnes qui l’ont accréditée. Ainsi, dans la capitale marocaine, certains sentent que @chris_coleman24 est la revanche française contre ces coups bas », affirme-t-il.

    Source : Marocleaks, 03/01/2022

    #Maroc #Algérie #SaharaOccidental #Marocleaks #HackerChrisColeman #France #AbdellatifEl Hammouchi #AgnèsFéline #DGSE

  • Opération Sirli: La source s’exprime pour la première fois

    Opération Sirli: La source s’exprime pour la première fois

    France, Egypte, Al Sissi, DRM, DGSE, Disclose – Opération Sirli: La source s’exprime pour la première fois

    « Le silence n’est plus une option »

    La source à l’origine des révélations de Disclose sur l’opération militaire Sirli, en Egypte, s’exprime longuement sur les raisons qui l’ont amenée à briser le secret de la défense nationale.

    « Les mémos de la terreur » démontrent la responsabilité de la France dans des exécutions arbitraires perpétrées par la dictature du maréchal Abdel Fattah al Sissi, en Egypte. De possibles crimes contre l’humanité dissimulés depuis 2016 derrière le « secret-défense » et « la lutte contre le terrorisme ».

    Témoin de ce scandale d’Etat, la source de Disclose ne pouvait rester silencieuse.  « Tout cela décrédibilise l’action française et la République, soutient la logique mortifère et le mal qu’on prétend combattre. Les patriotes aveugles voudront bien nous excuser, mais nous ne pouvons pas TOUJOURS nous taire », a-t-elle écrit en préambule d’une série de questions que nous lui avons adressées au début de notre enquête.

    Avec son accord, nous publions l’intégralité du texte qu’elle nous a fait parvenir pour motiver son acte, suivi de ses réponses à nos questions.


    « Ni moi, ni ceux et celles que je connais qui ont pu contribuer à cette diffusion d’information, ne sont opposants politiques, militants anti républicains ou anti France, ou au service d’une puissance étrangère. C’est même tout le contraire. Ce qui fait rompre le silence, ce sont les dérives de l’action politico-militaire française qui entaillent profondément ce pour quoi des hommes et des femmes sont au service de la France.

    Il n’y a pas de naïveté non plus. Évidemment, où qu’ils soient, les pouvoirs publics justifient certains agissements par « les intérêts supérieurs de l’Etat », qualifiés de tels sans en référer à leur peuple, sans explication, sans débat. C’est pourquoi le contrôle de l’action de l’exécutif est si précieux et qu’il est inexistant dans les régimes autocratiques. Chez nous, dans le domaine de la défense et de l’armement, il est quasi absent et surtout les maigres tentatives n’ont aucun effet réel. Si le Parlement pouvait véritablement jouer son rôle, nous n’en serions pas là. En somme, ce sont les dysfonctionnements de notre système qui conduisent des groupes d’individus comme nous à transgresser les règles établies pour le maintenir, parce que précisément, il ne devrait pas l’être.

    Il n’y a pas non plus de pacifisme béat, « hors sol » comme on dit. A titre personnel, et je crois que c’est partagé par tous ceux que je connais, j’estime que la France a besoin d’une armée forte. S’armer ou exporter de l’armement n’est pas une « honte française » en soi. Cela le devient en revanche lorsque nos dirigeants utilisent nos armées sans tirer les leçons de l’histoire ; cela le devient lorsqu’ils violent les traités internationaux, les engagements de la France et son Histoire ; cela le devient lorsqu’ils se moquent des conséquences de leurs actes ; cela le devient lorsqu’ils détournent les prérogatives que leur octroie la constitution pour décider seuls, sans consultation ni contrôle ; cela le devient lorsque l’intérêt des Français, l’intérêt général, vient après celui de prétendus objectifs stratégiques ou sécuritaires. Certaines décisions politiques dévoient « le combat pour la France » ; elles mènent nos soldats, engagés pour la France, à mourir pour parfaire le dévoiement, et elles détruisent des populations, des enfants, tués par les armes que nous avons vendues.

    Dire à celles et ceux qui sont au service de la France que ces questions les dépassent ou qu’ils doivent faire confiance aux dirigeants n’opère plus, et de plus en plus de fonctionnaires et militaires ressentent ce malaise. Ceux qui parlent, qui agissent, ne le font pas dans un élan de supériorité, d’idéologie ou de détention de la vérité, mais au nom d’une conscience personnelle qui refuse la complicité et au nom d’une responsabilité collective puisque si nous ne le faisons pas, personne ne peut le faire. Quand les notes internes d’analyses diplomatiques et militaires sont ignorées, quand les dirigeants politiques sont sourds aux appels bienveillants, le silence n’est plus une option.

    Alors évidemment la France a besoin de partenaires stratégiques. Mais voilà, l’Egypte n’en est pas un, il ne l’a jamais été et, en l’état actuel, ne le sera jamais. Les militaires le disent, l’écrivent, mais cela n’empêche pas nos dirigeants de dire le contraire à tue-tête. Ce n’est pas parce que nos navires de guerre ont besoin de traverser le canal de Suez, que nos avions de chasse survolent le Sinaï, que des entreprises françaises font du business en Egypte, que cela fait du Caire un allié stratégique. Pendant des années, l’Egypte était un partenaire mineur : peu d’échange, peu de visite de haut rang, pas de partenariat économique ni de défense sérieux – toujours pas d’ailleurs.

    Mais voilà, Sissi a pris le pouvoir et a acheté des Rafale à Le Drian. A partir de là, on a promu l’Egypte au rang de pays stratégique. Cela n’avait pas été le cas au début des années 1980 lorsque l’Egypte avait acheté massivement d’autres matériels de guerre. Sauf qu’aujourd’hui, il faut un « narratif » comme on dit, il faut faire passer ce genre de décision. Les prétextes de la guerre contre le terrorisme ou de la stabilité régionale fournissent le parfait scénario pour justifier notre action mercantile et « souveraine ». Qui peut croire que le régime autoritaire actuel de Sissi stabilise la région ? Qui peut croire que nos Rafale et frégates participent à la lutte contre le terrorisme ? Mais peu importe, il faut vendre pour maintenir notre industrie, tenir notre « format d’armée », sans que les Français ou leurs représentants aient leur mot à dire sur ce format et ses ambitions, et cela, « quoi qu’il en coûte ». La formule s’applique à l’armement bien avant la crise sanitaire.

    Tout cela décrédibilise l’action française et la République, soutient la logique mortifère et le mal qu’on prétend combattre. Les patriotes aveugles voudront bien nous excuser, mais nous ne pouvons pas TOUJOURS nous taire.

    De Gaulle a dit « La défense, c’est la première raison d’être de l’État. Il n’y peut manquer sans se détruire lui-même ». Il faudrait ajouter qu’à justifier toutes ses actions par la défense et la sécurité, il peut aussi détruire son identité démocratique. »


    Pourquoi voulez rendre publique l’existence de l’opération Sirli ?

    Si cette coopération avait un sens, si elle répondait à des objectifs précis, si elle apportait quelque chose à la France, personne ne la remettrait en question. Or ce n’est pas le cas. Plusieurs échelons de l’armée l’ont remise en cause d’abord parce que nos forces sont extrêmement sollicitées et n’ont pas le temps d’en perdre. Elles n’en retirent rien, aucune information sur la lutte antiterrorisme, c’est écrit noir sur blanc dans plusieurs rapports. Ensuite, alors qu’elles sont censées aider à lutter contre le terrorisme et à surveiller le chaos de la frontière libyenne, elles se retrouvent complices dans une chasse aux trafiquants civils du désert et à des bombardements non discriminés, au service d’un régime brutal.

    Avez-vous pris la mesure des risques encourus par la diffusion de documents classifiés ?

    J’aurais préféré qu’ils ne le soient pas évidemment. Tout comme je préférerais que les représentants du peuple aient accès à des informations qui engagent la France et donc les Français et les Françaises. Mais le système actuel est construit de telle manière qu’il se protège d’abord lui-même. Il n’y a pas d’autre option que d’enfreindre les règles qu’il établit si l’on souhaite espérer qu’il évolue.

    En France, la loi ne protège pas les lanceurs d’alerte contre la « compromission de la défense nationale », en êtes-vous conscient.e ?

    J’ai évidemment conscience des risques juridiques si mon identité était découverte. Mais j’ai aussi ma conscience personnelle et ma responsabilité qui m’obligent. J’espère simplement que le fond sera pris en compte, plus que la forme.

    Parce qu’il faut tout de même remettre les choses dans le bon ordre : il est plus grave de participer au meurtre d’hommes, même des trafiquants, que de dévoiler une note estampillée « confidentiel-défense ».

    Un élément en particulier a-t-il motivé votre décision ?

    Ma décision a été prise après avoir acquis la certitude qu’il n’y avait pas d’autres alternatives pour que soit remise en question notre action avec l’Egypte. Cette opération est symptomatique d’un système sans contre-pouvoir, capable de devenir complice d’assassinats dans le plus grand secret, pendant des années. Il est temps que cela cesse.

    La diffusion de ces informations fait-elle courir un risque, selon vous, aux militaires français déployés en Egypte ? 

    Les militaires français assistent l’armée égyptienne depuis 2016 et n’ont jamais subi la moindre menace par ailleurs. C’est la seule raison qui aurait pu m’empêcher de parler et empêcher ceux qui m’ont transmis certains documents à ne pas le faire. J’ai exigé qu’aucun nom de militaires déployés ne soit rendu public.

    L’opération Sirli, n’a pas d’existence officielle, comment l’expliquez-vous ?

    Les opérations de la direction du renseignement militaire (DRM) ne sont pas publiques. Mais avec celle-ci, il y a une double gêne : elle est critiquée en interne parce qu’elle ne sert pas les intérêts de la France et parce qu’elle participe à du ciblage qui ne contribue pas à la lutte antiterroriste. Il est difficile de s’en vanter. Et puis, il faut souligner qu’aucun ministre n’aime annoncer une mauvaise nouvelle comme l’arrêt d’une mission de coopération, lesdits ministres peuvent ainsi continuer à mettre ce geste français dans la balance lors de leurs discussions bilatérales.

    A votre connaissance, l’opération Sirli a-t-elle contribué au meurtre de civils par l’armée égyptienne ?

    Il n’y a que des civils qui sont tués. Vous voulez dire des civils qui ne sont pas de terroristes ? La réponse est oui, puisque comme l’attestent les comptes rendus de la DRM, les terroristes ne couraient pas cette partie de désert.

    Existe-t-il un accord écrit encadrant la mission ?

    La DRM a tenté au début de l’opération de faire signer un accord encadrant cette coopération, et donc cette opération, à la partie égyptienne. Mais elle n’a jamais accepté de signer et in fine la France a abandonné l’idée. Cet accord aurait obligé les deux parties à décrire noir sur blanc le cadre de la coopération, le type de mission et surtout ses limites.

    Ce qui est le plus dérangeant, c’est l’utilisation par les autorités françaises d’une coopération qu’ils savent meurtrière pour tenter d’obtenir des informations qu’ils n’obtiennent pas. Par ailleurs, ce type de complicité empêche tout discours français véritablement critique et crédible sur la répression ou les droits humains.

    Comment expliquez-vous qu’une fois élu Emmanuel Macron a poursuivi cette opération débutée un an plus tôt par son prédécesseur ?

    En 2017, au moment de son élection, la France a encore beaucoup d’espoir de vendre davantage d’armement à l’Egypte : des Rafale supplémentaires, un satellite supplémentaire, des ravitailleurs. Donc évidemment, dans ces conditions, la relation bilatérale ne pouvait pas changer. Tant que le coût politique de vendre des armes reste maîtrisables, il n’y a aucune raison de croire au changement de cap.

    Source : Disclose, 26/11/2021

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  • Lafarge au coeur d’une enquête sur le financement du terrorisme

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    Une cimenterie syrienne au centre d’une enquête sur le financement du terrorisme « utilisée par des espions occidentaux »
    Un officier du renseignement jordanien a déclaré au Guardian que l’usine Lafarge avait été utilisée par les agences de renseignement pour recueillir des informations sur les otages de l’EI

    Une cimenterie en Syrie au centre d’une enquête sur le financement du terrorisme en France a été utilisée par les agences de renseignement occidentales pour recueillir des informations sur les otages détenus par l’Etat islamique , ont indiqué des sources liées à l’opération.

    Un officier du renseignement jordanien qui était au cœur de l’effort d’espionnage a confirmé au Guardian que l’usine Lafarge, qui a continué à fonctionner après que le groupe terroriste a envahi l’est de la Syrie, dans l’un des épisodes les plus controversés de la guerre, était le centre régional d’un échec. pour sauver jusqu’à 30 otages. Parmi les détenus de l’EI figuraient le journaliste américain James Foley, le photographe britannique John Cantlie et le pilote jordanien Moaz al-Kasasbeh, dont deux ont par la suite été confirmés avoir été tués.

    La plus haute juridiction française a décidé cette semaine que Lafarge pouvait encore faire l’objet d’une enquête sur des allégations de complicité de crimes contre l’humanité dans ses relations avec la Syrie, affirmant qu’une décision précédente de radiation de l’accusation était viciée. La société fait l’objet d’une enquête officielle en France sur les efforts déployés pour maintenir les opérations au plus fort du déchaînement du groupe terroriste en 2013-14.

    Lafarge a été accusé d’avoir payé jusqu’à 13 millions d’euros (11,15 millions de livres sterling) de taxes et de frais à l’EI pour maintenir en fonctionnement l’usine, située au cœur du territoire de l’EI. La société n’a pas contesté le chiffre et a reconnu avoir payé des frais aux intermédiaires, mais a déclaré qu’elle ne connaissait pas la destination finale de l’argent.

    La décision tant attendue est considérée comme un précédent judiciaire et a de larges implications pour les entreprises qui opèrent dans des zones de guerre, mais le rôle de l’officier de renseignement jordanien pourrait également soulever des questions sur l’influence des services de renseignement sur des décisions commerciales sensibles, apparemment prises par de grandes entreprises, et dans tout rôle non déclaré du gouvernement français dans le maintien de l’usine en marche.

    « C’était une décision plus importante que Lafarge », a déclaré une source principale du renseignement. « L’affaire judiciaire ne raconte pas toute l’histoire. »

    L’ancien directeur général Bruno Lafont, ainsi que l’ancien directeur de la sécurité Jean-Claude Veillard, et un ex-directeur de la filiale syrienne de l’entreprise, Frédéric Jolibois, ont nié les accusations de financement d’une organisation terroriste et de mise en danger de la vie d’autrui et pourraient faire face à jusqu’à 10 ans de prison et des amendes en cas de condamnation.

    Cependant, de hauts responsables français n’ont pas fait l’objet d’un examen public et n’ont pas été identifiés dans un rapport commandé plus tard par une entité fusionnée, LafargeHolcim, et préparé par le cabinet d’avocats Baker McKenzie.

    Le Guardian a appris que tout au long du pic de l’emprise de l’EI sur la région, l’espion jordanien Ahmad al-Jaloudi s’est rendu régulièrement entre l’usine et Amman pour informer les chefs du renseignement régional et mondial de la prétendue localisation des otages, à un moment donné les traquant pour une usine pétrolière près de la ville de Raqqa, dans l’est de la Syrie.

    Jaloudi, dont la description de poste était responsable des risques pour Lafarge, s’est également rendu à Raqqa pour s’occuper d’un haut responsable de l’EI pour tenter d’obtenir la libération du pilote jordanien dont l’avion de chasse F-16 s’est écrasé près de Raqqa. Le pilote a ensuite été brûlé vif par l’EI, sa mort a été filmée et diffusée à titre de propagande, marquant l’un des moments les plus horribles de l’insurrection de cinq ans.

    Contacté par le Guardian ce mois-ci, Jaloudi, un officier vétéran de la Direction générale du renseignement jordanien (GID) a confirmé son rôle. « J’étais très fier du travail que j’ai accompli pour essayer d’obtenir la libération des otages, le pilote jordanien, et pour protéger les travailleurs de l’usine. J’ai donné des renseignements précis et exploitables en temps réel qui auraient pu conduire au sauvetage des personnes détenues. »

    Pendant trois ans, Jaloudi a fait des voyages répétés depuis l’usine Lafarge, entre Raqqa et Alep, à travers le cœur du soi-disant califat jusqu’en Turquie, puis à Amman pour informer les autorités tous les mois environ. Son rôle était connu des espions en France, en Turquie, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Jordanie, qui ont tous contribué à faciliter son accès à et depuis l’un des coins les plus dangereux du monde, en passant par les points de contrôle de l’EI et en survivant à la surveillance incessante. de ses équipes de contre-espionnage.

    Des sources du renseignement ont confirmé que Jaloubi n’avait joué aucun rôle dans les opérations commerciales de l’entreprise. Son entrée et sa sortie de Syrie ont été facilitées par la frontière turque, par le service national de renseignement turc, le MIT, et son contact était alors le chef du GID, le général Faisal al-Shobaki. Des sources ont confirmé que Jaloudi était l’un des agents les plus importants dirigés par tout service de renseignement à l’intérieur du territoire de l’EI, fournissant des informations régulières sur les mouvements du groupe, sa direction – et en particulier la localisation des otages qu’il gardait.

    Début 2014, Jaloudi a aidé à confirmer que les otages, dont des journalistes et des travailleurs humanitaires, étaient détenus dans la station pétrolière d’al-Akirashi à la périphérie de Raqqa.

    L’information a été confirmée par les chauffeurs-livreurs et les coursiers de l’usine. Une deuxième source à l’intérieur de l’EI avait également déclaré au Guardian que l’usine pétrolière servait de centre de détention. Une mission de sauvetage a été lancée en avril de la même année, mais les otages n’avaient été déplacés que quelques jours plus tôt.

    Lafarge, leader mondial des matériaux de construction, compte plus de 2 500 usines dans le monde. Son investissement en Syrie en 2007 s’élevait à environ 600 millions d’euros à l’époque et était considérée comme une marque d’entreprise française influente au Moyen-Orient.

    La société a précédemment admis, à la suite de sa propre enquête interne, que sa filiale syrienne avait payé des groupes armés pour aider à protéger le personnel de l’usine. Mais il a rejeté plusieurs charges retenues contre lui dans le cadre de l’enquête judiciaire française, dont celui de complicité de crimes contre l’humanité en raison de ses relations avec des groupes militants de la région, dont l’EI.

    L’enquête, dans le cadre de laquelle Lafarge est également interrogée pour le financement présumé d’une organisation terroriste, pourrait déboucher sur un procès bien qu’aucune date n’ait été fixée.

    L’usine, près de Jalabiya, a finalement été saisie par l’EI fin 2014. L’EI a été évincé lors d’une campagne aérienne de la coalition et l’usine a ensuite été occupée par des équipes des forces spéciales américaines et françaises alors que la bataille pour vaincre le groupe s’intensifiait.

    The Guardian, 09/09/2021