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  • Tebboune opère un important mouvement diplomatique et consulaire

    Tebboune opère un important mouvement diplomatique et consulaire

    Tags : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, diplomatie, ambassades, consulats,

    Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a opéré un important mouvement diplomatique et consulaire, a indiqué jeudi un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.

    “Dans le cadre du redéploiement diplomatique, Monsieur le Président de la République a opéré un important mouvement diplomatique et consulaire”, précise le texte du ministère, relevant que “ce mouvement concerne 24 ambassadeurs, 15 consuls généraux et 09 consuls”.

    “Ces nouvelles nominations visent à redynamiser l’appareil diplomatique du pays pour le mettre au diapason des exigences de l’heure en vue d’une prise en charge efficace des préoccupations de la communauté nationale à l’étranger, ainsi que les intérêts de l’Algérie sur les plans bilatéral, régional et international”, conclut le communiqué.

    Le communiqué ne fournit pas les noms des diplomates concernés par ce mouvement et les pays dans lesquels ils ont été nommés.

    Récemment les consuls généraux de Paris (France) et de Tripoli (Libye) ont été rappelés de leurs postes.

    Source

    #Algérie #Diplomatie

  • Algérie: Présence en 2022 au sein des organisations internationales

    Tags : Algérie, organisations internationales, diplomatie, Conseil de Sécurité

    L’intense activité diplomatique que connait l’Algérie depuis l’accession au pouvoir du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, lui a permis de consolider sa présence en 2022 au sein des plus importantes organisations internationales et régionales et instances continentales, constituant ainsi une reconnaissance par la communauté internationale de son rôle éminent en tant que puissance agissante en faveur de l’instauration de la sécurité et la stabilité dans le monde, mais aussi le renforcement des droits de l’homme.

    Dans ce cadre, l’Algérie a été brillamment élue en tant que membre du Conseil des droits de l’Homme (CDH) des Nations unies pour la période 2023-2025, en reconnaissance à son rôle de pays pivot dans sa région, soucieux de promouvoir les principes et valeurs des droits de l’Homme dans le monde.

    L’accession de l’Algérie au CDH, à partir du 1er janvier 2023 pour la 3e fois depuis la création de cet organe en 2006, lui permettra non seulement d’œuvrer à la promotion et à la protection des droits de l’Homme à travers le monde, mais aussi de confirmer la place qui est sienne au concert des nations.

    Le candidat algérien, l’ambassadeur Larbi Djacta, a été, lui aussi, brillamment réélu à la présidence de la Commission de la fonction publique internationale (CFPI) de l’ONU contre le candidat du Maroc, El Hassane Zahid, en obtenant un score de 121point contre 64 pour le candidat marocain.

    Parmi les fruits du retour en force de la diplomatie algérienne, l’élection de l’Algérie, par acclamation, et pour un mandat de quatre ans à compter du 1er janvier 2023, au Comité chargé des Organisations Non Gouvernementales et à la Commission de la Science et de la Technique au Service du Développement de l’ECOSOC de l’ONU.

    L’Algérie, en la personne de sa représentante permanente auprès de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), Salima Abdelhak, a été élue en tant que vice-présidente de la 27e session de la Conférence des Etats parties à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC) qui s’est déroulée à La Haye du 28 novembre au 2 décembre 2022.

    L’Algérie a été élue, en 2022, membre du Conseil d’administration de l’Union internationale des télécommunications.

    Au niveau continental et régional, et sur proposition du président de la République, le candidat de l’Algérie Dr. Cherif Rahmani a été élu à l’unanimité en qualité de membre du Panel des éminentes personnalités du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP).

    L’élection de Dr. Rahmani assurera à l´Algérie une présence continue dans cet organe de l’UA chargé d’évaluer les réalisations des Etats membres du MAEP en matière de bonne gouvernance.

    Pour sa part, le membre du Conseil de la nation, Abdelmadjid Azzedine a été élu président du Groupe géopolitique de l’Afrique du Nord au Parlement panafricain (PAP), alors que le sénateur, Abdelkrim Koreichi a été plébiscité président de la Commission des affaires étrangères et politiques et de la sécurité nationale au Parlement arabe.

    Par ailleurs, l’Algérie a été élue à l’unanimité à la présidence du Comité de lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale (CLCPRO) pour les années 2023 et 2024.

    Cette élection est intervenue en reconnaissance aux efforts de l’Algérie dans lutte contre le criquet migrateur.

    Dans le même ordre d’idées, le secrétaire général de l’Assemblée populaire nationale (APN), Azzedine Khennouf a été élu membre du comité exécutif de l’Association des secrétaires généraux des parlements arabes.

    L’Algérie avance résolument sur la voie de l’adhésion au Conseil de sécurité et aux BRICS

    Après avoir réussi, grâce à sa diplomatie efficace, à être un élément actif au sein de la communauté internationale, l’Algérie avance aujourd’hui résolument et en toute confiance vers le renforcement de son influence et œuvre pour l’obtention de la qualité de membre non-permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, et à adhérer aux BRICS grâce à ses acquis politiques et économiques, obtenus depuis l’élection du président Tebboune à la tête du pays.

    En 2022, l’Algérie a présenté sa candidature à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2024-2025 lors des élections qui se tiendront dans le cadre de la 77ème session de l’Assemblée générale des Nations unies en juin 2023, et mène une campagne basée sur les directives de M. Tebboune relatives à la politique étrangère, ainsi qu’aux principales haltes de l’histoire de la diplomatie algérienne.

    Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a souligné, dans ce sens, que l’obtention d’un mandat au Conseil de sécurité « constituera une occasion renouvelée pour l’Algérie de réaffirmer ses principes et de partager sa vision concernant les questions figurant à l’ordre du jour de Conseil de sécurité en matière de paix et de sécurité internationales ».

    Ce sera également l’occasion pour faire entendre la voix africaine au sein de cette instance internationale et renforcer la coopération en vue de relever les défis auxquels fait face le continent, en sus de continuer à jouer son rôle de force active pour instaurer la paix et la stabilité dans la région, et d’apporter son plein appui à la mise en œuvre de solutions africaines aux problèmes africains.

    Dans le domaine économique, l’Algérie s’emploie à intensifier ses activités à travers une stratégie globale d’orientation de la coopération internationale, selon la logique de l’équilibre des intérêts, et ce, dans le souci de la concrétisation des objectifs du programme ambitieux de développement à travers lequel l’Algérie vise une place digne au rang des pays émergents.

    Suite à sa participation à la session de dialogue de haut niveau du groupe « BRICS », tenue en juin dernier, le Président de la République a annoncé, dans ce sens, que l’Algérie cherche à relever le produit intérieur de manière à lui permettre de rejoindre ce groupe qui compte les pays dont la croissance économique est la plus rapide au monde (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

    Après avoir affirmé que « le groupe BRICS intéresse l’Algérie, étant donné qu’il s’agit d’une puissance économique et politique », le Président Tebboune a estimé que « l’adhésion à ce groupe protègera l’Algérie, pionnière du principe de non-alignement, des frictions entre les deux pôles », soulignant la capacité de l’Algérie à apporter une valeur ajoutée à ce bloc.

    Les efforts de l’Algérie pour rejoindre ce bloc économique ont été salués par la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud.

    APS, 31/12/2022

    #Algérie #Diplomatie #Organisations_internationales

  • Algérie : Les enjeux du redéploiement africain

    Algérie : Les enjeux du redéploiement africain

    Algérie, Afrique, Sahel, Mali, Libye, Maroc, Sahara Occidental, diplomatie,

    La diplomatie algérienne connaît un regain de dynamisme : Les enjeux du redéploiement africain

    La diplomatie algérienne connaît un regain de dynamisme aux niveaux africain et arabe. Après sa visite au Mali et qui s’est terminée par un succès probant, Ramtane Lamamra a reçu, hier, l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura. Cette visite s’inscrit dans le cadre des concertations et les échanges sur les modalités quant à la résolution de la question du Sahara occidental.

    A ce propos, l’échange s’est focalisé sur « les derniers développements de la question sahraouie et les perspectives de renforcement des efforts onusiens en vue d’une reprise des négociations directes entre les deux parties au conflit, le royaume du Maroc et le Front Polisario, dans l’objectif de parvenir à une solution politique juste, durable et acceptée par les deux parties garantissant au peuple sahraoui l’exercice de son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU et sa doctrine en matière de décolonisation », précise-t-on. Une réponse nette au vacarme répandu par la propagande makhzénienne sur le semblant d’exploit soi-disant glané par le Makhzen à propos de la question du Sahara occidental.

    Le retour de l’émissaire personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura sur les lieux du conflit, atteste d’une manière manifeste que la question sahraouie est bel et bien une affaire de décolonisation dont l’autodétermination est la seule issue pour l’ONU.

    Il est clair que la diplomatie algérienne est en train de retrouver son aura d’antan. Le retour de cette diplomatie a été remarqué lors de la participation du président Abdelmadjid Tebboune en février 2020, au 33 ème sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba. Depuis cette participation à un événement africain, l’Algérie n’a cessé d’intensifier ses efforts dans la perspective d’afficher sa présence dans tous les événements régionaux et internationaux pour faire entendre sa voix après une absence de deux décennies sur la scène africaine et internationale.

    Depuis, l’Algérie a relancé sa stratégie consistant à se redéployer en Afrique pour retrouver son rôle d’un Etat pivot dans la région. Un redéploiement qui permet aujourd’hui à l’Algérie de peser de tout son poids sur la résolution des conflits régionaux notamment au Sahel, notamment au Mali et en Libye. L’Algérie se tourne vers sa profondeur africaine, espace vital sur le plan stratégique et diplomatique.

    Cette doctrine remonte à la période du mouvement de libération et après l’indépendance où l’Algérie avait joué un rôle déterminant dans le mouvement panafricain qui visait à asseoir le processus de la décolonisation de tout le continent africain. Cette doctrine s’est ancrée dans la tradition diplomatique algérienne qui s’inspire des principes énumérés dans la charte onusienne qui soutient le processus de la décolonisation et de l’autodétermination en respectant la légalité internationale.

    Le changement dans la stratégie de défense nationale a permis à l’Algérie de développer et améliorer les capacités de la défense du pays en se dotant de technologies et de moyens à la hauteur des enjeux et des risques qui guettent la sécurité nationale du pays. C’est ce lien organique entre le recentrage stratégique en rapport avec la sécurité nationale et de redéploiement diplomatique que l’Algérie arrive aujourd’hui à faire entendre sa voix sur la scène régionale et internationale. Ce retour diplomatique affirme une chose, que l’Algérie a su saisir l’opportunité de la crise internationale et ses retombées sur le plan énergétique pour pouvoir rebattre les cartes au niveau régional et s’imposer comme un interlocuteur incontournable comme puissance régionale et une force de paix dans le monde.

    Rachid Nassouti

    La Sentinelle, 06/09/2022

    #Algérie #Afrique #Maroc #Sahara_Occidental #Sahel #Mali #Libye #Diplomatie

  • Le Maroc malade du Sahara occidental

    Le Maroc malade du Sahara occidental

    Maroc, Sahara Occidental, ONU, Mohammed VI, Hassan II, diplomatie, lobbying, MINURSO,

    Le Sahara occidental constitue une véritable obsession du pouvoir. Érigé en « cause nationale » selon la phraséologie officielle, il est au centre des préoccupations politiques du pays depuis près de quatre décennies. Mais à mesure que le conflit s’enlisait et que la « récupération des provinces du Sud » rencontrait de multiples obstacles, l’obsession du régime devenait plus importante encore. Le poète marocain Abdellatif Laâbi ne s’est pas trompé en considérant son pays « malade du Sahara ».

    Lorsqu’elle éclate, au milieu des années 1970, cette « affaire du Sahara » — ainsi que la nomment les Marocains — est assez banale dans le contexte de l’époque. Quelque peu décalée par rapport à l’ère des décolonisations, la revendication d’une ancienne colonie espagnole par le Maroc et par un groupe d’indépendantistes ne surprend pas. Elle est perçue comme une lutte entre des États-nations qui se construisent en affirmant leur souveraineté sur des territoires aux frontières incertaines et aux populations partagées et somme toute peu concernées.

    Compte tenu de la disproportion des forces entre le Maroc et la poignée de guérilleros du Front Polisario, le conflit ne devait être que de courte durée dans l’esprit de Hassan II. Le temps qu’un formidable consensus politique se fasse autour du trône alaouite dans ce Maroc miné par des tensions et des divisions politiques, et après deux coups d’État perpétrés par l’armée contre la personne du roi en 1971 et 1972.

    Hassan II, qui avait d’abord opté pour la stratégie du dossier clos était loin d’imaginer que ce conflit, qui s’est engouffré dans la brèche du contentieux entre son pays et le voisin algérien, serait long et coûteux. Le coût est d’abord politique, le Maroc ayant hypothéqué la vie du pays à la cause sacrée de la récupération de ce que les Marocains appellent les « provinces sahariennes ». C’est précisément ce lien entre le succès du régime et la propriété du Sahara reconnue par la communauté internationale qui est en cause. Hassan II, qui pensait que le temps jouerait forcément en faveur de son pays, aimait à dire que « tôt ou tard, il faut que notre titre de propriété du Sahara soit déposé à la conservation foncière des Nations unies » [1]. L’incapacité du pouvoir à obtenir ce titre de propriété explique sa nervosité, palpable dans les documents révélés par le hacker qui se fait appeler Chris Coleman, comme dans le discours sur le Sahara prononcé par Mohammed VI le 6 novembre 2014.

    Dans son allocution, le monarque annonce une réorganisation de sa politique saharienne, désigne nommément l’Algérie comme responsable du blocage actuel et somme ses sujets de faire preuve de patriotisme en défendant la cause sacrée du Sahara considéré comme marocain. Quant aux États alliés, et en particulier les États-Unis, ils doivent nécessairement « sortir de l’ambiguïté ». Les documents dévoilés par celui que l’on appelle le « Wikileaks marocain » révèlent les méthodes et moyens qu’utilise Rabat pour mettre en œuvre cette politique.

    UNE RÉVISION RADICALE

    « Nous avons appelé à une révision radicale du mode de gouvernance de nos provinces du Sud » déclarait le roi Mohammed VI dans son discours prononcé à l’occasion du 39e anniversaire de la « marche verte » [2]. Si implicitement les propos insinuent l’échec des politiques précédentes, le roi égrène malgré tout les multiples actions conduites par le Maroc au Sahara : investissements massifs et années de sacrifices de la part des Marocains pour recouvrer « l’intégrité territoriale » de leur pays.

    Malgré cela, le monarque reconnaît des dysfonctionnements dans la gestion du Sahara — qu’il entend corriger. Mais il s’agit moins d’un changement de cap que de la mise en œuvre d’une nouvelle méthode, même si la « rupture » avec le mode de gouvernance précédent est clairement affirmée.

    En exprimant sa volonté de substituer un système fondé sur le « respect de l’égalité des chances et de la justice sociale » à une « économie de rente et de privilèges indus », Mohammed VI se réfère au schéma d’intégration des Sahraouis à la société marocaine qui avait été adopté par son père. Hassan II s’était en effet appuyé sur une élite sahraouie pour gouverner ce territoire que le Maroc administre depuis le milieu des années 1970, sans que l’ONU n’ait statué sur sa souveraineté. En contrepartie de leur allégeance et de leur fidélité, les Sahraouis qui lui sont venus en aide ont été associés aux activités les plus dynamiques de la région (pêche, bâtiment, commerce). Des postes de fonctionnaires ou de conseillers du roi leur ont également été attribués. Le souverain avait ainsi réussi à constituer une élite cooptée qui lui servait à la fois d’appui et de vitrine, dans la mesure où ces Sahraouis triés sur le volet symbolisaient à la fois la réussite possible et l’intégration des Sahraouis à l’intérieur du système politique marocain.

    Mohammed VI sait que ces liens clientélistes, qu’il n’a pas su entretenir, ne répondent plus aux attentes des jeunes générations sahraouies. Imprégnés par le changement politique amorcé dès la fin des années 1990 au Maroc, les jeunes Sahraouis se sont exprimés différemment pour revendiquer du travail, un accès au logement et davantage de justice quant à la redistribution des richesses du Sahara. C’est pour mieux répondre à ces demandes puisées dans un nouveau registre référentiel, celui des droits humains, des libertés individuelles et politiques et de la légalité internationale, que le souverain entend modifier son offre en proposant une régionalisation qualifiée d’avancée. Cette régionalisation correspondrait à « des zones et des régions solidaires, complémentaires, qui s’entraident et se soutiennent mutuellement ». Régulièrement annoncée, cette régionalisation, qui concerne d’abord le Sahara, n’est pas mise en œuvre. Le projet est pourtant censé favoriser la gestion des affaires sahariennes par les populations de cette région.

    DES DROITS FONDAMENTAUX DANS LE COLLIMATEUR

    L’annonce faite par le souverain en 2014 d’une réorganisation de la politique saharienne a pour objet de tirer un trait sur la mauvaise gestion de la région, essentiellement en matière des droits humains. Depuis près de dix ans, en effet, de nombreuses affaires attestent des mauvais rapports politiques entre Sahraouis et pouvoir marocain. Prenant en compte ces tensions récurrentes, les États-Unis ont, en avril 2013, demandé l’élargissement du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) aux droits humains, avant de se rétracter. Un document officiel publié par le hacker Chris Coleman révèle l’accord tenu secret entre Barack Obama et le roi Mohammed VI en novembre 2013. Les États-Unis auraient ainsi abandonné leur requête moyennant trois conditions : que les Sahraouis ne soient pas jugés par des tribunaux militaires [3] ; que Rabat facilite les visites au Sahara des fonctionnaires du Haut Commissariat aux droits de l’homme et qu’il accepte de légaliser les associations qui revendiquent l’indépendance du Sahara.

    Face à ces revendications, le monarque décide d’établir un cadre rigide. Dans son discours, il appelle à l’ouverture d’un dialogue sur les différentes façons dont il est possible de répondre aux « préoccupations des populations de la région ». L’offre royale porterait notamment sur des conditions de vie plus dignes, mais en retour l’ordre public doit être respecté et la souveraineté du Maroc sur le Sahara n’est en rien négociable. Le monarque est clair : « L’autonomie est le maximum que le Maroc puisse offrir dans le cadre de la négociation pour trouver une solution définitive à ce conflit régional. »

    PATRIOTES OU TRAÎTRES

    Plus qu’un cadre dessiné à l’adresse des Sahraouis, les propos du roi s’apparentent à une véritable sommation lorsqu’il qualifie de « traître » quiconque le dépasserait : « ou on est patriote ou on est traître, il n’y a pas de juste milieu », précise le souverain dans le même discours. Ce jeu d’inclusion et d’exclusion ne vaut pas uniquement pour les Sahraouis et les Marocains. Le roi désigne l’Algérie comme principal responsable du blocage. Il demande également aux États-Unis, aux Nations unies et aux puissances internationales de « sortir de leur ambiguïté ». Dans son esprit, les éloges formulés au sujet des avancées marocaines en matière d’ouverture politique ou du rôle joué par le Maroc dans la lutte internationale contre le terrorisme doivent nécessairement se traduire par un appui inconditionnel aux positions marocaines sur le Sahara.

    Cette posture est une constante dans la politique étrangère du Maroc, en particulier en ce qui concerne le Sahara. L’image du pays et son rôle joué dans la géopolitique régionale sont monnayés pour obtenir des alliances sur le Sahara. Comptabilisés avec minutie, les États qui ne reconnaissent pas la République arabe sahraouie démocratique (RASD) autoproclamée par le Front Polisario et reconnue par l’Union africaine doivent également condamner l’Algérie et soutenir le plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007. Quiconque contrevient à cette politique s’expose aux foudres du pouvoir en se voyant reprocher d’être à la solde d’Alger. L’accusation, qui vaut pour les chercheurs et les journalistes, s’applique aussi aux fonctionnaires des Nations unies qui osent transgresser les règles dictées par Rabat en matière d’intrusion dans le conflit saharien.

    Manifestation contre Ban Ki-moon au Maroc

    TENSIONS AVEC L’ONU

    En avril 2004, Rabat avait rejeté le plan de paix proposé par l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, James Baker. L’ancien secrétaire d’État américain avait en effet proposé un plan qui maintenait le principe d’autodétermination avec élection d’une autorité locale à l’intérieur d’un Maroc souverain. Mais le statut final du Sahara devait être déterminé par un référendum au terme de 4 à 5 ans après son entrée en vigueur. Le Maroc, qui avait écarté tout projet d’autodétermination a alors évoqué une proximité entre Baker et le régime algérien.

    Le 17 mai 2012, le Maroc décidait unilatéralement de retirer sa confiance à l’émissaire de l’ONU pour le Sahara, Christopher Ross, l’accusant de conduire un travail partial et déséquilibré. Un mois plus tôt, le rapport du secrétaire général des Nations unies — fondé sur les rapports de Chris Ross — épinglait en effet sans ménagement les entraves au bon fonctionnement de la Minurso par le Maroc. Le rapport interrogeait très justement ce qui est légitime et ce qui est légal dans l’action au Sahara. Il interpellait également sur la crédibilité de la Minurso au Sahara. Malgré cela, le diplomate n’a pas été désavoué par sa hiérarchie. Bénéficiant ouvertement du soutien de Ban Ki-moon, il fut maintenu à son poste.

    Cet appui, devenu possible dans le contexte régional de l’après-2011 donnait un caractère inédit aux relations entre le Maroc et l’ONU. Les documents mis en ligne révèlent les stratégies déployées par la diplomatie parallèle marocaine pour marginaliser Ross. Dans un fax du 22 août 2014, Omar Hilale, le représentant du Maroc auprès des Nations unies à New York, évoque une stratégie pour « isoler Ross, l’affaiblir et le pousser dans ses derniers retranchements au sujet de son agenda caché sur le Sahara ».

    Sur l’ensemble des questions relatives au dossier très sensible du Sahara, les documents révélés ces derniers mois recoupent et rejoignent les propos du souverain sur la politique saharienne du Maroc. Bien plus qu’un protagoniste dans ce vieux conflit régional, le Maroc définit les acteurs, dicte la politique des puissances étrangères et exclut la négociation en vue du règlement de la question.

    Khadija Mohsen-Finan
    Politologue, enseignante (université de Paris 1) et chercheuse associée au laboratoire Sirice (Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe).

    Source : Europe solidaire sans frontières, 14/01/2015

    #Maroc #Sahara_Occidental #Algérie #Hacker #ONU #Lobbying

  • L’étrange « WikiLeaks » marocain

    L’étrange « WikiLeaks » marocain

    Maroc, marocleaks, DGED, diplomatie, lobbying, Sahara Occidental, hacker Chris Coleman,

    Charlotte Bozonnet

    Pas de tremblement de terre, mais de petites secousses régulières qui, semaine après semaine, finissent par ébranler l’édifice. Depuis deux mois, un hacker anonyme publie sur Twitter – sous le compte @chris_coleman24 – des révélations sur les dessous de la diplomatie du Maroc. Celles-ci auraient été obtenues par le piratage des messageries de hauts responsables marocains : des agents des services secrets, des diplomates, des journalistes, jusqu’à celles du ministre des affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, et de la ministre déléguée, Mbarka Bouaida. Depuis le 3 octobre 2014, des centaines de documents ont ainsi été mis en ligne (câbles diplomatiques, courriels privés, documents confidentiels) dans une sorte de WikiLeaks marocain qui, s’il n’a ni l’ampleur ni le sérieux de son aîné américain, malmène la politique d’influence menée par le royaume chérifien.

    La grande majorité des documents confirment avant tout l’obsession du Maroc pour le dossier du Sahara occidental, un territoire qu’il revendique et occupe à 80 % contre les visées indépendantistes du Front Polisario, soutenu par l’Algérie voisine. Cette « question nationale » semble être au cœur d’une foisonnante diplomatie parallèle, destinée à s’assurer le maximum de soutiens dans le monde sur le sujet et à contrer les plans de l’adversaire. Pour cela, Rabat déploierait toute une palette de jeux d’influence : auprès de journalistes et de centres de recherche afin qu’ils relaient les points de vue marocains ; de groupes de pression, dont le lobby israélien au Etats-Unis, de gouvernements étrangers ou dans les organisations internationales.

    Précieux relais à l’ONU

    Les documents mis en ligne dévoilent la relation tendue que le Maroc entretient avec le secrétariat général de l’ONU. Dans un fax du 22 août 2014, Omar Hilale, représentant du Maroc auprès des Nations unies à New York, préconise une nouvelle stratégie contre « la tentative de délégitimation de la marocanité du Sahara » menée par le secrétariat général, à l’origine d’un « véritable complot ». Christopher Ross, l’envoyé spécial de Ban Ki-moon pour le Sahara occidental, semble particulièrement détesté. Il faut, écrit M. Hilale, « isoler Ross, l’affaiblir et le pousser dans ses derniers retranchements au sujet de son agenda caché sur le Sahara ». M. Ross est décrit dans un autre document comme un « vieil alcoolique ».

    Le royaume déploie beaucoup d’énergie en direction de ses alliés traditionnels occidentaux, les Etats-Unis en premier lieu. Nombre de documents se réfèrent à l’épisode d’avril 2013, lorsque Washington avait présenté une résolution proposant d’élargir le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (la Minurso) aux droits de l’homme. Le projet avait échoué mais décidé le Maroc à redoubler d’initiatives alors que les pays du Maghreb « semblent être relégués à une position de moindre importance sur l’échiquier des intérêts stratégiques de la diplomatie américaine ». De « petits » pays a priori très éloignés du conflit au Sahara occidental sont eux aussi courtisés. Ainsi l’Argentine, le Chili, appelés à siéger au Conseil de sécurité. En octobre 2013, on espère obtenir du nouveau gouvernement du Paraguay le « retrait de la reconnaissance de la pseudo-RASD » (République arabe sahraouie démocratique). Rien ne semble laissé au hasard.

    Au sein du système onusien, le Maroc disposerait de précieux relais pour défendre les intérêts du royaume et être informé des faits et gestes de l’adversaire. Ainsi, la visite de Mohamed Abdelaziz, le président de la RASD, au Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme à Genève en mai 2013 fait l’objet d’une intense activité de lobbying. « Les démarches que j’ai effectuées, particulièrement auprès de mes interlocuteurs au sein des deux Hauts-Commissariats aux droits de l’homme et pour les réfugiés », ont permis de faire de cette visite « un échec à tous les égards », se félicite en juin 2013 Omar Hilale, alors ambassadeur auprès de l’ONU à Genève.

    La sphère médiatique n’est pas épargnée par Chris Coleman. Mis en ligne le 29 décembre, des échanges de courriels fournis visent Samira Sitaïl, la directrice de l’information de la chaîne de télévision 2M, apparemment en cheville avec un interlocuteur qui pourrait être le chef de cabinet de Yassine Mansouri, le directeur de la DGED, les services secrets extérieurs.

    « Opération des services algériens »

    Trois mois après le début de l’affaire, l’authenticité des documents publiés continue à faire débat. Le journaliste Jean-Marc Manach, spécialiste des questions de cybersécurité, a publié deux enquêtes sur le sujet pour le site Arretsurimages. Après avoir dénoncé dans un premier temps une « intox », il a estimé à la mi-décembre, après consultation de 58 courriels dans leur format original, qu’une bonne partie étaient « techniquement impossibles [à] authentifier » mais qu’une vingtaine d’entre eux étaient authentiques. « Vu la masse de documents et leur niveau de précision, il est exclu que ce hacker ait pu tout inventer ex nihilo. En outre, s’ils étaient faux, le gouvernement aurait protesté. Celui qui se cache derrière Chris Coleman a bien piraté un certain nombre de boîtes mail, même s’il n’est pas exclu qu’il ait modifié certains messages », estime le journaliste marocain Ahmed Benchemsi.

    Les autorités marocaines ont longtemps gardé le silence sur l’affaire, sans toutefois nier, avant de pointer du doigt l’ennemi de toujours : l’Algérie. Le ministre marocain des affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, a dénoncé mi-décembre une « opération des services algériens » d’être derrière cette tentative de « déstabilisation ».

    Si l’identité du hacker reste inconnue, sa sympathie pour la cause indépendantiste du Sahara occidental est évidente. La plupart des observateurs jugent sa démarche très éloignée de celle d’un Edward Snowden ou d’un Julian Assange. Ces lanceurs d’alerte avaient agi à visage découvert et fait appel à plusieurs médias pour authentifier et trier les documents détournés, avec un objectif affiché de transparence. Chris Coleman publie lui en vrac courriels, câbles diplomatiques mais aussi photos d’ordre privé et commentaires parfois acerbes, apparemment sans logique véritable, mêlant le vrai et le faux, dans le but de « déstabiliser le Maroc », a-t-il expliqué. « Après ça, la diplomatie marocaine va devoir reconfigurer ses réseaux d’influence. Elle est certes fragilisée mais elle retombera vite sur ses pattes », estime Ahmed Benchemsi.

    Le Monde, 03/01/2015

    #Maroc #DGED #Sahara_Occidental #Diplomatie_marocaine #Lobbying

  • Maroc. Exclusif : Photo de Yassine Mansouri adolescent

    Maroc. Exclusif : Photo de Yassine Mansouri adolescent

    Maroc, DGED, Yassine Mansouri, services secrets, diplomatie,

    Yassine Mansouri, 60 ans, dirige depuis 2005 la Direction générale des études et de la documentation (DGED), le service de renseignement étranger de Yassine Mansouri. Il est le premier civil à diriger cette institution considérée comme stratégique. C’est le seul service de renseignement qui dépend formellement du palais royal du Maroc et qui est devenu quelque plus qu’un service secret. C’est un instrument de la diplomatie marocaine. La personnalité de son patron l’explique.

    Mansouri fait partie du cercle des proches collaborateurs du roi Mohamed VI, avec qui il a étudié au collège royal. Il est également le seul parmi les intimes du monarque à ne pas avoir été touché par un scandale économique ou politique. Les documents confidentiels dévoilés par le hacker Chris Coleman ont révélé que c’est lui le véritable patron de la diplomatie marocaine.

    Sa photo adolescent a été publié par le hacker Chris Coleman pour prouver qu’il a réussi à pirater le compte mail de la plus haute autorité de la DGED.

    Cependant sa carrière est parsemé d’échecs. Plusieurs de ses agents ont été pris en flagrant délit d’espionnage. Plus de détails dans cet article d’Ignacio Cembrero :

    A la recherche de l’espion marocain

    El País, 14/12/2012

    Bagdad A. est un marocain de 59 ans, qui évoluait avec aisance au sein de la communauté maghrébine en Allemagne. Il collectait des « informations sur les événements organisés par les groupes d’opposition », selon le parquet allemand. En 2007, il s’était proposé pour travailler pour les services secrets de son pays, affirmant posséder « un vaste réseau de contacts » au sein de l’immigration marocaine. Ils l’avaient donc recruté. Cinq ans plus tard, le 7 décembre, les procureurs de Karlsruhe l’ont inculpé pour ses « activités en faveur de services de renseignement étrangers ».

    Bagdad A. est le quatrième Marocain arrêté pour espionnage en Allemagne depuis 2011. Ils s’étaient tous consacrés à surveiller et établir des rapports sur les activités de leurs 230.000 compatriotes marocains résidents en Allemagne, à l’exception de Mohamed B., 56 ans, arrêté en février dernier à Berlin, et qui s’était fait une spécialité de la surveillance des membres du Front Polisario. Selon les procureurs, il avait touché 22.800 euros pour cela.

    De tous les agents marocains démasqués ces dernières années en Europe, celui qui avait fait le plus parler de lui en 2008 était Redouane Lemhaouli, 42 ans, policier d’origine marocaine qui avait eu accès aux dossiers du ministère de l’Intérieur des Pays-Bas. C’est là où il avait obtenu des informations sur les « actions contre le roi du Maroc », le « terrorisme » et le « trafic d’armes », pour les communiquer aux espions qui, sous couverture diplomatique, l’avaient recruté.

    Le cas de « Re » – le surnom que ses camarades avaient communiqué à la police – avait eu autant d’impact en raison du fait que cet agent avait côtoyé la princesse Maxima, l’épouse du prince d’Orange, ainsi qu’un membre du gouvernement néerlandais. La princesse avait pris place à ses côtés, au premier rang, lors d’une cérémonie au cours de laquelle 57 immigrés, la plupart d’origine marocaine, avaient reçu des diplômes leur permettant de travailler comme personnels au sol à l’aéroport de Rotterdam. « Re » les avaient formés.

    Quelques mois plus tard, il avait été radié des rangs de la police, et condamné à 240 heures de travail d’intérêt général. Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Maxime Verhagen, avait adressé une lettre aux députés dénonçant « les secteurs et les services exerçant une influence sur les citoyens d’origine marocaine ».

    Au total, depuis 2008, on a recensé 10 arrestations et/ou poursuites d’agents, ou encore des expulsions de diplomates marocains en Europe – la Mauritanie ayant également expulsé un onzième agent l’année dernière… un chiffre que seule la Russie a dépassé, avec ses 31 agents expulsés du Vieux Continent.

    Les 11 agents marocains travaillaient pour la Direction générale des Etudes et de la Documentation (DGED), le service de renseignements extérieurs dirigé par Yassine Mansouri, 50 ans, le premier civil à occuper cette fonction. C’est le seul service d’espionnage qui dépend formellement du palais royal marocain et qui a même dépassé son rôle pour aller au-delà des activités classiques d’espionnage et de renseignement. La DGED est également un instrument de la diplomatie marocaine, et la personnalité de son patron le montre assez clairement et l’explique encore mieux.

    Mansouri fait partie du premier cercle des proches collaborateurs du roi Mohammed VI, en compagnie duquel il avait fait ses classes au Collège Royal. Il est également le seul parmi les intimes du monarque qui n’ait jamais été impliqué dans un scandale politique ou économique.

    Sa loyauté à l’égard du futur monarque avait même été la cause de son limogeage en 1997 du poste qu’il occupait au sein du ministère de l’Intérieur dirigé alors par l’ancien ministre aujourd’hui défunt, M. Driss Basri. Ce dernier le soupçonnait de le surveiller pour le compte du prince héritier, que lui-même surveillait au nom de son père Hassan II. Mansouri était néanmoins le seul des amis d’enfance du prince que Basri jugeait compétent. Il a loué à Hassan II sa force et sa capacité de travail et le roi l’avait envoyé aux États-Unis en 1992 pour y être formé par le FBI.

    Né à Bejaâd, dans le centre du pays, fils d’un alem (érudit musulman), Mansouri avait reçu une éducation religieuse, ce qui était plutôt problématique pour les amitiés gauchistes de son frère, jusqu’à ce qu’on lui offre une place au sein du Collège royal. Aujourd’hui encore, il reste un homme pieux qui fait ses prières, ne boit pas d’alcool, ne fume pas, et ne fait pas dans l’ostentation.

    Sa traversée du désert a pris fin après l’intronisation du Roi Mohammed VI qui, en 1999 l’avait nommé directeur général de la MAP, l’agence de presse officielle du pays, qu’il avait quittée en 2003, pour revenir au ministère de l’intérieur, y entrant cette fois-ci par la grande porte. Pendant deux ans, il avait dirigé la plus importante direction du ministère, d’ou Basri l’avait limogé, la Direction des Affaires générales. De là, il avait fait ses premiers pas dans le monde de l’espionnage et dans la diplomatie parallèle.

    Mansouri était ainsi membre, par exemple, de la délégation marocaine qui s’était rendue à New York en 2007 pour soumettre au Secrétaire général de l’ONU la proposition d’autonomie pour le Sahara ; il avait aussi rencontré à plusieurs reprises le Polisario pour négocier et avait secrètement noué des contacts, à Paris en 2007, avec la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni. En 2008, il avait reçu à Rabat le Secrétaire d’Etat-adjoint américain, David Welsh, qui s’était déclaré préoccupé par la fragilité du régime tunisien et la « cupidité » du dictateur Ben Ali, ce qui avait été révélé par la suite dans les messages diplomatiques divulgués par Wikileaks. Trois ans plus tard, Ben Ali a été renversé, et Mansouri figurait donc parmi les rares personnes qui avaient établi un bon diagnostic pour la Tunisie.

    A sa création en 1973, la DGED s’était spécialisée dans la surveillance des ennemis en exil de la monarchie alaouite, puis des gauchistes historiques et, aujourd’hui, des islamistes et autres indépendantiste sahraouis. Mais, comme l’émigration marocaine a connu une forte croissance, la DGED s’efforce également de la surveiller pour éviter que l’extrémisme ne se développe au sein de cette communauté, et pour s’assurer qu’elle reste fidèle au trône.

    Selon un rapport du Centre national d’intelligence (CNI) envoyé en mai 2011 par son directeur, le général Felix Sanz, à trois ministres, le Maroc a mis au point en Espagne une « stratégie à grande échelle ». « L’objectif est d’étendre son influence et d’accroître le contrôle sur la communauté marocaine sous couvert de religion », précise le rapport. Ce contrôle est exercé par Rabat, selon le CNI, « à travers son ambassade et ses consulats (…), ainsi que le personnel associé », soit des agents de la DGED bénéficiant de l’immunité diplomatique et des informateurs recrutés sur le terrain. La Fondation Hassan II y collabore aussi ; présidée par la Princesse Lalla Meryem, la sœur aînée de Mohammed VI, le budget de cette Fondation n’est pas soumis au contrôle parlementaire.

    La preuve de l’intérêt de la DGED pour la religion a été apportée par l’intervention de Mansouri, en novembre 2008, devant un parterre d’imams venant d’Espagne et d’Italie et invités à Marrakech par le ministère des Affaires islamiques. Un an auparavant, Mansouri s’était rendu à Majorque pour rencontrer son homologue espagnol de l’époque, Alberto Saiz, et le mettre en garde contre ce que le Marocain estimait être « jouer avec le feu », à savoir le soutien espagnol offert aux « tablighistes » de Ceuta, un courant islamique d’origine indienne, au détriment de l’islam malékite qui domine au Maroc.

    C’est peut-être parce qu’ils souhaitent éviter les tensions avec Rabat ou au nom de la coopération dans la lutte contre le terrorisme – la DGED avait aidé le CNI à dénouer l’enlèvement de trois bénévoles catalans par Al-Qaïda au Mali – que les pays du sud de l’Europe comme l’Espagne, la France et l’Italie, les pays qui accueillent le plus d’émigrés marocains, n’expulsent ni n’arrêtent les agents marocains. « Cela s’est en effet produit, mais sans plus », nuance cependant un ancien collaborateur du CNI qui avait servi au Maghreb.

    En 2010, Rabat avait expulsé trois agents espagnols travaillant au Maroc sous couverture diplomatique ; mais durant le dernier quart de siècle, il n’y avait eu qu’une seule affaire d’espionnage marocaine en Espagne qui ait été divulguée: l’infiltration d’une taupe au sein du ministère des Affaires Etrangères, en 1990, qui avait obtenu un rapport sur la conversation du ministre de l’époque, Francisco Fernandez Ordonez, avec un responsable du Front Polisario.

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    #Maroc #DGED #Services_secrets #Yassine_Mansouri

  • Maroc : La stratégique de Bourita mise à nu par la réalité

    Maroc : La stratégique de Bourita mise à nu par la réalité

    Maroc, Tunisie, TICAD 8, Israël, stratégie de la tension, diplomatie,

    Complètement dans la tourmente, la diplomatie velléitaire de Bourita a été un cuisant échec sur tous les plans. En quelques semaines, Rabat a subi, tour à tour, des gifles de la part de l’Union européenne puis de Berlin sur la question sahraouie ainsi qu’un un rappel à l’ordre de la part de la Tunisie. Les illusions vendues au peuple marocain se sont heurtées à la dure réalité.

    Le Maroc a boycotté le sommet de la TICAD 8 en Tunisie après avoir échoué à entraîner dans son sillage d’autres pays africains. Pourtant il a tout tenté dans ce sens en mobilisant à outrance ses médias, ses relais et ses lobbies pour faire pression sur certains pays africains alliés. Le départ précoce de ce sommet d’un dirigeant africain a été présenté par les marocains comme un signe de soutien à sa position. Il n’en fut rien puisque d’autres raisons étaient à l’origine de ce départ précipité de ce dirigeant. Un échec diplomatique, un autre, qui atteste indubitablement de la perte de vitesse de la diplomatie du Makhzen.

    Ensuite, les déclarations de Josep Borrell Fontelle, le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, qui a affirmé à la télévision espagnole qu’il est nécessaire de consulter le peuple sahraoui pour décider de son futur. Le coup de grâce est venu à la fin de la ministre allemande des Affaires étrangères, qui, elle, a rappelé, dans la capitale marocaine même, lors d’une visite officielle, la position de son pays sur la question du Sahara occidental, qui ne saurait, selon ses dires, déroger au droit international, emboîtant ainsi le pas à l’Espagnol Josep Borrell.

    En raison de sa politique belliqueuse, malveillante et agressive, le Makhzen a rompu toutes les amarres, non seulement avec l’Algérie mais aussi avec son plus proche voisinage. En brandissant des chantages honteux à la communauté internationale, il s’isole de plus en plus, en comptant uniquement sur ses nouveaux alliés de l’entité sioniste et les soutiens fragiles de la part de certains Etats européens à son plan de colonisation du Sahara occidental.

    Une diplomatie aux abois

    En fait, ces contradictions sont le signe d’un comportement erratique d’une diplomatie marocaine qui a perdu toute crédibilité, indique la même source, qui aboutit à la conclusion que le dénigrement, dont font l’objet le peuple tunisien et les instituions du pays, est motivé par des considérations d’ordre interne liées aux échecs successifs essuyés dernièrement par la diplomatie marocaine dans son entreprise visant à imposer sa vision expansionniste, y compris par le recours aux mensonges et à l’intimidation.

    Même en s’appuyant sur des alliés étrangers à la région, et en dépit de l’acceptation par le royaume chérifien, de transformer le Maroc en une succursale des puissances néocoloniales, Rabat ne semble pas pouvoir mesurer les méandres de sa politique étrangère.

    #Maroc #Tunisie #TICAD8

  • Maroc : La triste fin d’un monarque

    Maroc : La triste fin d’un monarque

    Maroc, Union Européenne, France, Occident, Mohammed VI, diplomatie, Israël, normalisation,

    Au bord de la rupture diplomatique avec la Tunisie, en froid avec l’Union européenne et très énervé contre la France et l’Italie, le Royaume marocain ne sait plus où donner de la tête. Cet isolement diplomatique aggrave une situation interne au bord de l’explosion, aux plans social, politique et économique.

    L’actualité de ces derniers jours démasque un régime aux abois et sans aucune ressource pour rebondir. Avec un roi malade qui ne gouverne plus, une armée trop muette face au déferlement humiliant d’Israël et une répression systématique de toute expression démocratique, le Makhzen court à sa perte et risque de perdre le seul lien avec le peuple marocain, autour de la prétendue marocanité du Sahara occidental.

    Les derniers événements démontrent en réalité que Rabat a été dénudé par la communauté internationale. Son activisme, jusqu’à il y a quelques semaines « débordants » sur la scène régionale depuis la normalisation des relations avec l’entité sioniste pour faire oublier le régime de l’Apartheid dans les territoire occupés du Sahara occidental, est tombé au niveau zéro. Le Makhzen en arrive à annuler une rencontre avec le responsable des Affaires étrangères à l’Union européenne et lâché ses relais, dans une tentative de noircir l’image de la France, dont le président a conclu une visite réussie en Algérie. Autant dire que les gesticulations du Palais royal, dans une tentative désespérée de maintenir le couvercle démocratique, auront eu un effet contraire.

    La stratégie du chantage et du mensonge éhonté adopté par le Maroc en guise d’actions diplomatiques a été un énorme ratage. Mohamed VI apprend à ses dépends que les relations internationales ne se règlent pas par des méthodes mafieuses. La diplomatie est un métier noble, dont le chef de la diplomatie marocaine en ignore les règles et les us. L’erreur du Makhzen a consisté à vouloir vendre aux grandes puissances quelques illusions passagères, sachant que les grands de ce monde n’ont rien à faire des histoires de droits de l’homme tant que leurs intérêts sont saufs dans une région du monde. Mais le roi a oublié que ces intérêts-là peuvent évoluer et prendre en considération des aspects plus stratégiques que de simples calculs immédiats.

    Il semble donc que l’erreur du Maroc a été de compter exclusivement sur la normalisation avec Israël comme l’axe central de son action, au point d’être totalement isolé au plan africain et méditerranéen. Mohamed VI, comme son père Hassan II, s’est cru plus proche des occidentaux que des «indigènes» d’Afrique et d’ailleurs. Son comportement, depuis son accession au pouvoir, donnait la nette impression d’une volonté de se dissocier de ses racines pour s’offrir à l’Occident. Pour se faire, il n’a pas hésité à faire concession sur concession, jusqu’à en perdre son identité. Il a oublié que les occidentaux n’ont que faire des largesses royales. Ils ont des desseins eux. Et force est de constater que le moment de voir ailleurs est arrivé pour eux. Mohamed VI, c’est déjà du passé.

    Par Nabil G.

    Source

    #Maroc #Mohammed_VI #Occident #Diplomatie

  • Plan pour renforcer la diplomatie du Maroc en Afrique

    Plan pour renforcer la diplomatie du Maroc en Afrique

    Maroc, diplomatie, Afrique, Sahara Occidental

    Rabat, le 3 juin 2013

    Note
    à l’attention de Monsieur le Ministre
    Au sujet du renforcement des capacités diplomatique du Maroc en Afrique

    L’Afrique concentre l’attention du monde entier, qui a pu observer le rythme soutenu de la croissance économique de ce continent au cours de ces dernières années. L’Afrique est aujourd’hui, plus que par le passé, devenue la nouvelle frontière de l’économie mondiale.

    Cette situation se reflète, en effet, dans le rush de toutes les puissances vers le continent africain. Le renforcement de la présence diplomatique et la multiplication des partenariats avec ce Continent (Chine-Afrique, Japon-Afrique, Brésil-Afrique, Turquie-Afrique, Union Européenne-Afrique..), en sont la preuve.

    « Qui dominera l’Afrique, dominera le monde ». Cette citation prend aujourd’hui dans un monde en panne de croissance, toute sa dimension.

    Pour notre pays, l’Afrique n’est pas seulement un débouché pour le commerce et l’investissement. Mais c’est en Afrique que le Maroc trouve la profondeur de son rayonnement stratégique et le lieu de son expression politique.

    Les difficultés rencontrées par notre pays dans l’affaire du sahara trouvent leur origine, en grande partie, dans la position hostile prise dans les années 70 et 80 par nombreux pays africains. Cette tendance a certes été atténuée, mais il n’en demeure pas moins que 18 pays, soit le tiers des pays africains, continuent à reconnaître la soi-disant « rasd » et à la défendre farouchement.

    Depuis son intronisation, Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste, a hissé l’Afrique comme priorité stratégique de la politique extérieure du Maroc. Cette Haute Orientation et malgré les efforts engagés, n’arrive pas à trouver sa pleine traduction au niveau diplomatique, qui nécessite un renouveau conceptuel et un renouvellement des instruments d’accompagnement.

    Les Ambassades du Maroc en Afrique continuent à être les moins bien dotées en ressources comparativement aux Ambassades, notamment, en Europe.

    Le Sénégal, la Cote d’Ivoire, le Gabon, le Cameroun et le Burkina Faso sont pour notre pays d’une importance capitale.

    Les postes en Afrique sont perçus encore comme une affectation de seconde zone, les indemnités et les dotations budgétaires ne sont pas motivants. Le budget « action diplomatique » est dans sa quasi-totalité affecté aux postes diplomatiques en Europe et en Amérique.

    Les Ambassadeurs sont une pièce maîtresse de toute action diplomatique. Leur rôle est primordial et conditionne l’échec ou la réussite de toute entreprise d’envergure. Il convient donc que ceux affectés en Afrique soient en mesure de traduire dans les faits les ambitions diplomatiques de notre pays.

    De plus, le Maroc ne peut indéfiniment continuer à tourner le dos à l’Afrique Australe et Orientale. Six Ambassades seulement pour vingt quatre pays, c’est un ratio très bas pour prétendre renverser le rapport de force actuellement très favorables au camp adverse.

    L’inversion de cette situation et une condition sine qua non pour la réussite de toute stratégie vers l’Afrique. Il faudrait procéder à la nomination d’Ambassadeurs chevronnés et de personnel expérimenté partout où cela est nécessaire à Dakar, Libreville, Abidjan, Ouagadougou, Yaoundé et Addis-Abeba.

    La Mission du Maroc à Addis-Abeba est réduire à sa plus simple expression alors qu’elle devrait être au diapason des représentations diplomatiques à Genève, Bruxelles ou New York.

    De même qu’il faudrait doter ces Missions de moyens conséquents leur permettant de jouer pleinement leurs rôles.

    Il faudrait également procéder à l’ouverture d’Ambassades, même embryonnaires dans un premier temps, en Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Rwanda, Namibie et Mozambique (le budget moyen d’une Ambassade ne dépasse pas trois millions de dirhams et n’est pas au dessus des moyens de notre pays).

    #Maroc #Afrique #Diplomatie

  • Lettre de Helsinki

    Lettre de Helsinki

    Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, diplomatie, Pays Scandinaves,

    Dans une lettre envoyée à Mohamed Yatim, responsable au PJD et ancien ministre, Brahim Oubamouh, un marocain résident à Helsinki, regrete l’absence de la diplomatie marocaine dans les pays scnadinaves. Voici le son texte:

    Salutations, je vous envoie d’Helsinki, la capitale de la Finlande, où Dieu m’a réuni avec vous lors d’une réunion passagère au Parlement finlandais au début de cette année. Par chance, vous m’avez donné des moments pour connaître de près votre personne, j’ai ressenti pour la première fois ce fort sentiment patriotique, et vous m’avez exhorté à être vigilant sur ce qui se passe ici concernant notre cause nationale.

    Les six mois que j’ai passés au département Afrique du Nord et Moyen-Orient du ministère des Affaires étrangères de la République de Finlande m’ont suffi pour répondre à une question qui me déconcerte depuis plus d’une décennie. Pourquoi et comment le Polisario a-t-il conquis le cœur et l’esprit des Scandinaves ? Comment il a réussi à commercialiser sa thèse avec brio et professionnalisme ? Et comment a-t-il vaincu le Maroc ici ?

    Vous connaissez peut-être la réponse, mais j’en ai personnellement honte en tant que marocain jaloux de son pays et de sa cause. Le Polisario n’a pas gagné la bataille ici, c’est plutôt le Maroc qui s’est retiré et a laissé le champ libre à l’adversaire.

    Une terrible absence d’activité diplomatique marocaine en échange d’une forte présence des ennemis : ils sont vraiment dans une mobilisation permanente, ils ne l’oublient pas. Ils saisissent toutes les occasions de faire entendre leur voix. Activité intense et vigilance sans pareille de la part des associations de la société civile et des organisations de défense des droits de l’homme sympathisantes des séparatistes. Tout cela s’accompagne d’un silence complet et d’une absence totale de toute voix défendant la position du Maroc.

    Les événements récents dans nos provinces du sud ont réveillé un sentiment inné de patriotisme, et en même temps, un sentiment de ressentiment et de tristesse tant que nous ne nous soucions pas de nos affaires et sous-estimons les capacités des ennemis, que les énergies soient ou non mobilisées pour remédier à la pénurie et combler l’immense vide dans l’arène ici.

    Je ne reviendrai pas ici sur cet appel pour abréger votre temps précieux, et je n’entrerai pas dans des matières qu’il n’est pas souhaitable de mentionner dans une lettre dont je ne suis pas sûr du sort. Mais je remets mes données entre vos mains, car j’ai peut-être ce qui peut profiter à notre cas et je voudrais vous consulter dans mon affaire. J’essaierai, si Dieu le veut, de vous contacter par téléphone lors de ma venue au Maroc dans moins d’un mois, et j’espère disposer de quelques minutes de votre temps précieux dans lesquelles vous m’épargnerez vos avis et conseils.

    Lire aussi : Un sommet israélo-arabe au Sahara Occidental ?

    Lire aussi : Sahara Occidental : les piliers du conflit

    #Maroc #Pays_scandinaves #Front_Polisario #diplomatie #Sahara_Occidental