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  • Le « tourisme sexuel » israélien est le fruit de la normalisation avec les EAU

    Le « tourisme sexuel » israélien est le fruit de la normalisation avec les EAU

    Dr Adnan Abu Amer

    Il est difficile de croire les témoignages de touristes israéliens revenant des EAU, dans lesquels ils décrivent Dubaï comme le Las Vegas du Moyen-Orient. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne la propagation de la prostitution et du commerce du sexe qui ne sied pas à un pays arabo-musulman.

    Des rapports en provenance d’Israël suggèrent que 8 000 Israéliens se sont rendus à Dubaï pour célébrer le Nouvel An. Ils ont apparemment emporté du haschisch et de la marijuana dans les Émirats arabes unis, en dépit de la législation stricte de ce pays en matière de drogues, qui prévoit jusqu’à 20 ans d’emprisonnement et parfois l’exécution pour les trafiquants de drogues reconnus coupables.

    Un Israélien qui a admis avoir introduit clandestinement de la drogue à Dubaï a déclaré à la chaîne israélienne Channel 12 qu’il ne craignait pas d’être arrêté. « Tout ce que nous avons fait, c’est passer en contrebande du haschisch et de la marijuana pour fêter [le réveillon du Nouvel An] et se défoncer », a-t-il expliqué. « Ce n’est pas de la cocaïne, ce sont des drogues légères. Je ne pense pas que nous aurons des problèmes. Une condamnation à mort pour quelques centaines de grammes dans nos valises ? Nous ne fumons que dans notre chambre d’hôtel ».

    Selon un résident israélien à Dubaï, le nombre croissant de compatriotes israéliens qui visitent les EAU en général, et Dubaï en particulier, leur a fait croire qu’ils sont chez eux et peuvent faire ce qu’ils veulent. « La plupart des touristes israéliens à Dubaï ne portent pas de masques, ne gardent pas de distance sociale et risquent de recevoir des amendes très élevées. » Environ 50 000 Israéliens ont visité les EAU depuis la signature de l’accord de normalisation en septembre.

    Fait nouveau, les publicités et affiches touristiques sur Dubaï cachent une sombre réalité, représentée par des gangs d’hommes israéliens qui partent vers la nouvelle destination de vacances avec la prostitution en tête. Ils se remplissent les poches de milliers de dollars et passent leur temps aux Émirats sans état d’âme, passant d’une femme à l’autre.

    Il est devenu évident que n’importe quel touriste israélien à Dubaï peut se rendre dans une chambre d’hôtel pour assister à une fête, payer 1 000 dollars et sauter dans la piscine de l’iniquité. Tout cela se passe au grand jour, tandis que les autorités émiraties ferment les yeux sur les touristes qui passent une semaine à Dubaï à des fins sexuelles.

    Un autre individu impliqué dans ce commerce sordide à Dubaï a déclaré qu’il s’est rendu six fois à Bucarest, mais qu’il croit maintenant avec certitude que Dubaï est devenu le plus grand bordel du monde avec ses grands et luxueux hôtels de plage. Il a souligné qu’en début de soirée, des dizaines de femmes sont assises sur les chaises colorées à l’extérieur des restaurants et des bars des complexes.

    Les données disponibles auprès des touristes israéliens revenant des EAU indiquent qu’ils doivent payer entre 1800 et 2000 dirhams (600 dollars). Ils ont découvert un nouveau « marché de la viande » et opèrent sans entrave dans les Émirats, comme s’ils se promenaient à Bucarest, Burgas ou Bangkok.

    Un journaliste israélien qui a rencontré des jeunes hommes en partance pour Dubaï a révélé que ses conversations comprenaient des déclarations sexuelles honteuses, difficiles à avaler, mais qui reflètent ce qui se passe aujourd’hui dans les Émirats. Ils peuvent s’asseoir et manger à côté d’une piscine tout en regardant des scènes frénétiques d’activité sexuelle.

    « Cela implique un mélange d’alcool, de filles et de parties de jambes en l’air, et ils choisissent ce qu’ils veulent sur un iPad ou un téléphone portable », explique un Israélien. « Tout est ouvert, comme un menu avec des garnitures de pizza. Il existe également des cartes proposant des services de prostitution en voiture à Dubaï, notamment avec des filles d’origine est-européenne qui sont des travailleuses du sexe à Dubaï. Ces services coûtent 1 000 dirhams, soit environ 300 dollars. »

    Les Israéliens vont dans les boîtes de nuit de Dubaï, ajoute-t-il, et il y a des prostituées qui traînent avec tout le monde. « Elles ressemblent à des mannequins, à des filles d’Instagram en maillot de bain. Ils se retrouvent tous dans le hall d’un hôtel rempli de 100 à 150 filles qui travaillent sur le ‘marché de la viande’ à Dubaï, comme aux États-Unis. Chacune dépense 50 000 NIS, soit environ 15 000 $, pendant la semaine. C’est beaucoup d’argent. Chaque jour, j’emmène 5 filles avec moi dans le penthouse de l’hôtel ».

    Les touristes sexuels israéliens ont révélé que les hôtels de Dubaï accueillent des prostituées du monde entier, notamment du Brésil, de Russie, du Pérou et de Bolivie, et qu’elles coûtent plus de 700 dollars par nuit. « C’est un voyage coûteux et seuls les Israéliens qui ont de l’argent vont à Dubaï. Un voyage d’un week-end à Dubaï coûte 30 000 dollars. Tout est cher. L’entrée en club est de 1 000 NIS par personne, puis vous achetez les bouteilles, puis vous mangez, puis une fille vient à vous, et la nuit finit par coûter 5 000 à 6 000 dollars. »

    Il est difficile de croire que Dubaï est témoin des pires excès de l’industrie du sexe, mais c’est vrai. Les Israéliens vont à Dubaï comme ils iraient à Bucarest ou en Thaïlande, sauf qu’à Dubaï, le prix est beaucoup plus élevé et on trouve des prostituées partout. Selon un échantillon aléatoire de touristes sexuels israéliens, Dubaï est désormais une destination de choix pour eux, la ville numéro un pour le sexe, et il est plus facile pour eux de se rendre à Dubaï qu’en Roumanie, même si c’est plus cher.

    Ce qui se passe à Dubaï est une extension de l’industrie du sexe israélienne, avec des applications de prostitution qui annoncent des femmes opérant à Dubaï. Les Émirats arabes unis sont devenus la ville du péché du Golfe.

    Middle Esat Monitor, 5 jan 2021

    Tags : Israël, Maroc, Emirats Arabes Unis, EAU, Soudan, Jordan,

  • Au Maghreb, l’eau est à la source des conflits sociaux de demain

    Les conflits autour des ressources en eau se multiplient ces dernières années à travers le Maghreb. Un réchauffement climatique global conjugué à des politiques prédatrices pourrait accentuer les tensions politiques

    Parler des ressources hydriques au Maroc, c’est parler d’agriculture : le secteur avale environ 80 % des stocks en eau du pays (AFP)

    Dans les années 1980, le plus célèbre des opposants marocains à Hassan II, Abraham Serfaty, écrivait dans une langue marxiste typique : « La politique dite ‘‘des barrages‘‘ symbolise l’extension dans les zones les plus fertiles du pays de la grande propriété terrienne orientée vers la culture de produits d’exportation correspondants aux besoins du marché d’Europe occidentale en produits méditerranéens, dans la droite ligne de la politique agricole coloniale. »

    À l’époque, l’accès à l’eau ne semblait pas encore être un enjeu politique et social majeur au Maghreb.

    Des décennies plus tard, le révolutionnaire pétri par la lutte des classes se serait-il étonné de voir le partage et l’usage des ressources en eau dans la région effectivement décrit comme un révélateur majeur de fractures sociales par des analystes peu soupçonnables de sympathies révolutionnaires ?

    « L’eau représente un véritable indicateur d’inégalités à différents niveaux », écrivent des chercheurs de l’Institut français des relations internationales (IFRI) dans une publication soutenue par l’Office chérifien des phosphates (OCP), une des principales entreprises publiques marocaines. Inégalités entre les régions notamment, mais aussi entre les genres, les femmes étant les principales collectrices et porteuses d’eau dans la région.

    Ces dernières années, les conflits autour des ressources hydriques se multiplient : au Maroc, l’occupation d’une source d’eau par des habitants à Imider est devenue un symbole des nouveaux mouvements sociaux qui marquent le pays.

    Depuis des années, des habitants s’opposent à l’exploitation d’une mine d’argent et de mercure par la SMI, une filiale du groupe minier Managem, dont le principal actionnaire est la holding de la famille royale.

    « En 2011, tout a commencé par le blocage des vannes du réservoir d’eau de la mine avec des chaînes », rappelle à Middle East Eye Moha Ed-Daoudy, une figure du mouvement.

    Hotspot du réchauffement climatique dans le monde
    Le cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) l’a souligné en 2014 : le Maghreb est un « hotspot » mondial du réchauffement climatique.

    D’un côté, la montée du niveau de la mer entraîne une salinisation des nappes phréatiques côtières et, de l’autre, les terres s’assèchent.

    La Tunisie est un des pays les plus durement touchés du bassin méditerranéen et avec une disponibilité en eau estimée à 470 m3 par an et par habitant, elle est désormais bien en deçà du seuil de pénurie défini par l’ONU, fixé à 1 000 m3.

    Les gouvernements sont conscients des retombées possibles, notamment des déplacements forcés de population. Stratégie en matière d’énergies renouvelables en Algérie, plan national de l’eau au Maroc… les annonces se succèdent ces derniers mois devant la réalité du stress hydrique.

    La Tunisie, à qui la dégradation de l’environnement coûterait jusqu’à 2 % de son PIB selon la Banque mondiale, a aussi inscrit le droit à un environnement « sain et équilibré » dans sa Constitution.

    Mais les enveloppes débloquées pour des projets de dessalement d’eau de mer ou de traitement des eaux usées ne calment pas encore les colères. Tout au long du hirak, mouvement de protestation dans le Rif marocain, de 2016 à 2018, les difficultés d’accès à l’eau ont hanté les esprits dans les administrations.

    « En 2017, nous avons frôlé la coupure nette dans plusieurs points de l’Oriental, pas loin d’Al Hoceima, l’épicentre du hirak. Ça n’a finalement pas eu lieu, mais ça aurait signé l’extension et la radicalisation du mouvement… », confie à MEE un fonctionnaire sous couvert d’anonymat.

    Dans la société civile, en l’absence de partis écologiques, c’est dans différents univers qu’on trouve posée la question de l’usage de l’eau : les habitants d’oasis, des organisations altermondialistes, des intellectuels critiques, le mouvement amazigh au Maroc… Des organisations spécifiques comme l’Observatoire tunisien de l’eau gagnent aussi en visibilité dans le débat public.

    En 2019, cet observatoire a comptabilisé une centaine de manifestations liées à des difficultés d’accès à l’eau en Tunisie.

    La plupart ont lieu dans les foyers des mouvements sociaux de 2008 et de la révolution de 2011, les régions de Gafsa, Kasserine et de Sidi Bouzid. Depuis quelques années, des habitants creusent chaque été de nouveaux puits plus profonds pour récupérer des eaux boueuses et saumâtres.

    Du côté des institutions, les ajustements techniques prédominent souvent la création de stratégies publiques nouvelles lorsqu’il s’agit d’apporter des réponses au désarroi des populations.

    Ainsi, en Tunisie comme au Maroc, les autorités renvoient à la vétusté des conduites qui occasionne de grosses pertes en eau. Une tendance à dépolitiser le dossier : la sécheresse est structurelle, liée à des dynamiques sur lesquelles les autorités publiques n’auraient pas la main.

    Charafat Afilal, ancienne ministre marocaine déléguée à l’Eau, va jusqu’à reconnaître des défaillances en matière de gouvernance, pointées du doigt par les institutions internationales.

    Une fiscalité inégalitaire
    La complexité des organisations chargées des politiques hydriques et la bureaucratie ne facilitent pas la recherche de solutions.

    Mais l’ex-ministre met en avant les réalisations : « Le Plan Maroc Vert [plan agricole marocain] se recoupe avec le plan national pour l’eau. La prise en considération du facteur stress hydriques est bien là. »

    Elle ramène en outre les conflits à des soucis locaux : « Il est vrai qu’on constate des ratés dans la mise en application sur le terrain, comme des subventions accordées sans l’avis des agences de bassin. »

    Ces considérations techniques et bureaucratiques ne sont pas sans importance, souligne Mehdi Lahlou, président de la branche marocaine de l’Association pour un Contrat mondial de l’eau.

    Mais il souligne à MEE : « Il y a aussi un modèle économique libéral qui a été choisi dans la gestion de l’eau au Maroc, comme dans le reste du Maghreb. »

    Il pointe du doigt une fiscalité inégalitaire et une privatisation rampante du secteur de la distribution, qui permettent à de grands agriculteurs de payer moins cher le mètre cube d’eau productif que le particulier pour se désaltérer.

    Il accuse aussi des symboles lourds de conséquences : des sources confiées à des entreprises ou des consortiums comprenant des entreprises étrangères pour de la mise en bouteille, comme celle de Ben Smim, objet d’un litige et d’une mobilisation locale.

    En effet, lorsque des vents de contestation soufflent sur le pays, l’eau n’est jamais bien loin. En 2011, lors du Mouvement du 20 Février, des habitants de la ville de Tanger se sont regroupés devant les locaux d’Amendis, filiale du français Veolia qui gère le service de l’eau dans la ville.

    Lors du mouvement de boycott contre la vie chère en 2018, parmi les trois marques ciblées et durement touchées, on retrouvait la fameuse marque d’eau Sidi Ali, des Eaux minérales d’Oulmès, entreprise présidée par Miriem Bensalah Chaqroun, ancienne patronne du principal syndicat patronal marocain, la CGEM.

    Le Maghreb s’est aussi tourné vers un modèle agricole bien particulier. À Zagora au Maroc, comme à Sidi Bouzid en Tunisie, on cultive surtout des produits à l’export. Fraises, fleurs, agrumes, pastèques…

    « Des produits très gourmands en eau, produits dans des régions parfois très arides, au détriment de cultures qui demandent moins d’irrigation », souligne Alaa Marzougui, président de l’Observatoire tunisien de l’eau.

    Mehdi Lahlou relève : « Ce qui est certain, c’est que parler de ressources hydriques au Maroc, c’est parler d’agriculture. Le secteur avale 80 % des stocks en eau du pays environ. »

    La pastèque a été mise sur le banc des accusés au Maroc lorsqu’un « hirak de la soif » a éclaté en 2018 à Zagora, jetant des centaines de citoyens assoiffés dans les rues.

    Le plan agricole Maroc Vert a boosté la production dans la région de ce produit ultra gourmand en eau et destiné aux marchés étrangers. Aujourd’hui, presque 20 000 hectares de terres à travers le royaume sont consacrés à ce fruit qui en occupait à peine quelques centaines il y a une décennie.

    Le Maghreb s’en remet aux marchés étrangers

    À Sidi Bouzid, grenier de la Tunisie, et foyer de départ du soulèvement de 2011, la colère politique est liée à ce modèle agricole, à en croire la chercheuse tunisienne Alia Gana. Elle écrit dans l’ouvrage collectif Tunisie, une démocratisation au-delà de tout soupçon : « La réallocation des ressources au profit de l’agriculture intensive en irrigué, levier de l’insertion dans les marchés internationaux, a eu des effets discriminatoires sur l’agriculture familiale, accélérant la marginalisation, voire l’exclusion des petits agriculteurs. »

    Ce modèle de développement, poursuit la chercheuse, « basé sur une intensification technique inadaptée aux spécificités d’un milieu aride, contribue à une dégradation souvent irréversible des ressources en eau ».

    Les politiques d’intégration aux marchés européens ont favorisé une spécialisation en biens agricoles à haute teneur en eau, mais aussi une dépendance alimentaire à l’égard des marchés mondiaux.

    Le Maghreb s’en remet aux marchés étrangers pour s’approvisionner en produits agricoles de base et accuse une balance commerciale structurellement déficitaire.

    Selon un document de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 80 % des besoins tunisiens en blé sont couverts par l’importation, soit l’équivalent de quatre baguettes de pain sur cinq consommées.

    La Tunisie et l’Algérie sont depuis des années parmi les dix premiers pays importateurs de blé dans le monde. Une dépendance qui rendrait la région vulnérable aux fluctuations des prix et aux chocs mondiaux. Et qui a un coût pour la population : les deux pays sont aussi marqués par la part importante de budget consacrée par leurs citoyens à la nourriture : 43 % en Algérie et 35 % en Tunisie, le même chiffre qu’en Irak, selon le département américain de l’Agriculture.

    Dans Food Insecurity and Revolution in the Middle East and North Africa, les chercheurs Habib Ayeb et Ray Bush expliquent comment ces politiques commerciales influencées par les institutions financières internationales ont contribué à l’exaspération des populations et aux soulèvement en Tunisie et en Égypte en 2011.

    En janvier 2020, la volonté du président algérien Abdelmadjid Tebboune de relancer les projets de forages de gaz de schiste dans le sud a mobilisé les manifestants du hirak. Ces derniers accusaient par voie de slogans et de pancartes : l’exploitation du gaz de schiste par une technique dite de fracturation hydraulique exerce une pression énorme sur les précieuses eaux dans les nappes phréatiques.

    Les projets de forage avaient été suspendus en 2015 dans la foulée de mobilisations dans la région d’In Salah. Le sujet divise au sein même du gouvernement : « Le gaz de schiste est une calamité. On va hypothéquer l’avenir du Sud », déclarait à la radio publique Chems Eddine Chitour, actuel ministre de la Transition énergétique, alors à l’Enseignement supérieur, et expert des énergies.

    Muriel Ressiguier, une députée française, soulignait à l’Assemblée : « L’extraction des gaz s’effectue en Algérie par la fracturation hydraulique. Il ne saurait être acceptable que les pays de l’Union européenne ne l’autorisant pas chez eux à cause des multiples risques se tournent vers l’Algérie pour le produire, en laissant supporter à ce pays les aberrations écologiques liées à ce type d’extraction, notamment la pollution des nappes phréatiques… »

    Dans les rues algériennes, on accusait le gouvernement, mais aussi les grandes entreprises gazières et pétrolières étrangères intéressées par la prospection : « Notre Sahara n’est pas à vendre. » La gestion de l’eau se retrouvait ainsi intégrée aux exigences de souveraineté populaire sur les richesses et les institutions des manifestants du hirak.

    Des migrations intérieures massives

    En Tunisie, c’est aussi un secteur clé de l’économie qui suscite des débats. Dans la région du bassin minier, certains imputent à l’extraction de phosphate la raréfaction de l’eau. Une hypothèse contestée, mais la pollution de certaines sources est bien avérée.

    Le désarroi social place les citoyens devant des dilemmes, comme le souligne le biologiste Mohsen Kalboussi dans une opinion publiée sur le site Nawaat : « Différents mouvements sociaux revendiquent le droit à l’emploi plutôt que de contester la pollution générée par les activités minières dans la région. »

    La société civile se déchire parfois et des syndicalistes et des agriculteurs s’opposent ainsi lors de chauds débats locaux ou au cours de mobilisations à propos des retombées économiques et écologiques de l’activité phosphatière.

    Moha Ed-Daoudy, depuis Imider, suit avec intérêt ces mobilisations dans la région. Il est conscient de la difficulté de trancher entre développement économique et protection des ressources hydriques. Mais il insiste : « Ces mouvements montrent que les populations veulent avoir leur mot à dire sur l’utilisation des ressources naturelles. »

    Des chercheurs établissent maintenant le rôle sous-jacent du réchauffement climatique dans l’instabilité politique au Moyen-Orient. Ceux du Center for Climate and Security aux États-Unis, par exemple, ont observé que le soulèvement syrien avait débuté dans des régions tournées vers un usage intensif de l’eau pour la culture du coton notamment, et frappées par des sécheresses entraînant des migrations intérieures massives et une urbanisation chaotique.

    En 2015, l’ancien président américain Barack Obama et la figure de gauche Bernie Sanders ont publiquement fait leur cette analyse.

    Cette dernière a pourtant suscité des oppositions. Pour beaucoup, expliquer le soulèvement syrien par le changement climatique minimise ses raisons politiques. Dans le futur, il semble possible que dans la région, l’usage des ressources en eau devienne une cause explicite de mobilisations politiques.

    Middle East Eye, 22 mars 2021

    Tags : Maghreb, Maroc, Algérie, Tunisie, eau, sécheresse,

  • La décision du Maroc de publier des cartes de sécheresse pourrait profiter à l’ensemble de la région MENA

    Par Rachael McDonnell, directrice de programme stratégique – Eau, changement climatique et résilience, à l’Institut international de gestion des eaux.

    La gestion de la sécheresse est devenue un défi crucial pour de nombreux pays, en particulier ceux de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), où la pénurie d’eau est un problème permanent. Parmi les mesures prises pour lutter contre la sécheresse, le ministère marocain de l’agriculture, de la pêche, du développement rural, des eaux et des forêts (MAFRWF) a publié en ligne, pour la première fois, des cartes de sécheresse par satellite à l’échelle du pays.

    Les cartes présentent visuellement les données satellitaires sur les précipitations, la température à la surface du sol, l’humidité du sol et la santé de la végétation, qui ont été compilées dans un indice composite de sécheresse amélioré (eCDI) facile à interpréter. En analysant les cartes à code couleur et en observant l’évolution de la valeur sous-jacente de l’indice eCDI à partir du début de la saison de croissance, les utilisateurs peuvent détecter rapidement l’apparition d’une sécheresse, avant même que ses effets ne soient visibles sur le terrain.

    Les sécheresses sont de plus en plus fréquentes et sévères au Maroc, et le changement climatique devrait poursuivre cette tendance à l’avenir. La moitié de la population vit dans des zones rurales, et deux ruraux sur trois travaillent dans l’agriculture. Par conséquent, lorsqu’une grave sécheresse frappe, elle peut avoir un impact majeur sur la sécurité alimentaire et hydrique, ainsi que sur les moyens de subsistance et la santé. La mise à disposition des cartes de sécheresse aux agences gouvernementales, aux universités et aux instituts de recherche est un premier pas vers le développement d’un système d’alerte précoce de la sécheresse, où des alertes automatiques peuvent déclencher des actions de la part des agences gouvernementales pour atténuer les impacts les plus graves.

    Les cartes de sécheresse ont été développées dans le cadre du volet marocain du projet MENAdrought financé par l’USAID, mené par l’International Water Management Institute et ses partenaires. Nous avons développé l’eCDI en collaboration avec le National Drought Mitigation Center de l’Université de Nebraska-Lincoln, le NASA Hydrological Sciences Laboratory, et le Daugherty Water for Food Global Institute, USA, en collaboration avec le département de la stratégie et des statistiques du MAFRWF. Les données sur les précipitations, la température de la surface terrestre, l’humidité du sol et la santé de la végétation, compilées à partir de diverses missions satellitaires, sont incorporées dans l’eCDI, avec une pondération de 40% pour les précipitations et de 20% pour les trois autres paramètres.

    La saison des pluies au Maroc s’étend généralement de septembre à juin, le début de la saison de croissance coïncidant avec les fortes pluies d’automne. L’examen des données des cartes de sécheresse par satellite permet aux utilisateurs d’identifier le début et la progression de la sécheresse. Tout d’abord, si les précipitations de septembre-novembre sont inférieures à la norme (calculées à partir des données satellitaires antérieures), cela se manifestera par un signal de précipitations inférieures à la normale dans l’ICDÉ. Ensuite, si cette « sécheresse météorologique » progresse en hiver, le signal d’humidité du sol sera également inférieur à la moyenne.

    Un niveau adéquat d’humidité du sol aux étapes clés de la saison de croissance est essentiel pour la santé et le développement des cultures. Si le déficit d’humidité du sol est tel qu’il commence à affecter la végétation et les cultures, provoquant une « sécheresse agricole », cela sera visible à travers l’indice de santé de la végétation dans l’eCDI en hiver et au printemps. Appelé indice de végétation par différence normalisée, il fonctionne en calculant la lumière réfléchie par les plantes. Une biomasse saine reflète davantage de lumière proche de l’infrarouge, tandis qu’une végétation stressée ou clairsemée reflète davantage de lumière visible. Si la sécheresse se prolonge au-delà d’une saison, elle devient une sécheresse « hydrologique », avec des répercussions sur le bilan hydrique global des bassins et du pays.

    Actuellement, les utilisateurs peuvent télécharger les fichiers de données des cartes satellites et entreprendre leurs propres analyses pour vérifier la présence et la progression de la sécheresse. Cependant, dans l’équipe MENAdrought, nous travaillons à développer des seuils qui peuvent déclencher automatiquement des actions de réponse et d’atténuation. Nous nous sommes d’abord concentrés sur les céréales pluviales dans tout le pays, ainsi que sur la région aride et pauvre en eau de Souss-Massa, dans le sud-ouest du Maroc.

    Abritant plus de 2,5 millions de personnes, le Souss-Massa est délimité à l’ouest par l’océan Atlantique Nord et à l’est par le désert du Sahara. Nous utilisons les preuves des impacts connus des sécheresses passées sur la région pour développer les seuils de déclenchement. Ceux-ci sous-tendront un cadre de risque de sécheresse englobant la planification institutionnelle et le travail d’un groupe de travail sur la gestion de la sécheresse. Une fois la technologie et le cadre éprouvés pour le Souss-Massa, la prochaine étape consistera à les étendre à l’ensemble du pays.

    Nous travaillons également à calibrer et valider les cartes de sécheresse à usage pastoral pour l’ensemble du Maroc. Cela permettra de soutenir l’application des lois sur la gestion des pâturages et de la transhumance. Le pastoralisme est traditionnellement très répandu au Maroc, mais la dégradation des terres de parcours, par la sécheresse et la surexploitation, incite certains éleveurs nomades à chercher de nouveaux pâturages, ce qui entraîne des tensions. Une fois validées, en utilisant des données de terrain pour vérifier les données satellitaires, les cartes de sécheresse permettront aux autorités marocaines de prévoir où la sécheresse affectera les pâturages et d’autoriser les éleveurs à emmener leur bétail dans des zones où la végétation est saine.

    Les cartes de sécheresse de l’eCDI sont codées par couleur, les nuances de rouge représentant une sécheresse extrême, grave et modérée, et les nuances de vert indiquant des conditions allant de normales à très, très et extrêmement humides. Même un œil non averti peut facilement faire le lien entre le changement spectaculaire du rouge généralisé en septembre 2020, et la prédominance du vert en octobre, et l’arrivée des pluies saisonnières. Entre les mains de météorologues, de planificateurs agricoles et de statisticiens qualifiés, capables de détecter les tendances dans les données sous-jacentes, les cartes ont le potentiel de protéger de nombreux Marocains des effets de périodes de sécheresse prolongées.

    La décision du Maroc de publier les cartes satellite a également des implications pour la gestion de la sécheresse dans l’ensemble de la région MENA. Si le Maroc parvient à utiliser les cartes pour orienter les actions visant à atténuer les effets de la sécheresse, d’autres pays pourraient être tentés de faire de même. Mais ils doivent d’abord avoir la certitude que les cartes satellites peuvent générer des données fiables. À long terme, l’espoir est que la technologie soit couramment utilisée dans toute la région MENA pour la gestion de la sécheresse, contribuant ainsi à renforcer la résilience au changement climatique, à promouvoir la responsabilité et la transparence, et à informer la gestion de la rareté dans les bassins versants arides. Cela contribuera à soutenir les agriculteurs et les éleveurs, et à faire en sorte que chacun ait suffisamment de nourriture à manger.

     International Water Management Institute, 19 mars 2021

    Tags : Maroc, eau, sécheresse,

  • L’eau dans le secteur agricole en Algérie, au Maroc et en Tunisie

    Situation des ressources en eau et de l’utilisation de l’eau et possibilités pour le secteur agricole

    Acacia Water et The Salt Doctors ont réalisé, pour le compte des conseils agricoles des ambassades de Rabat et d’Alger, une étude sur la situation des ressources en eau et l’utilisation de l’eau dans le secteur agricole au Maroc, en Algérie et en Tunisie, ainsi que sur les possibilités offertes aux entreprises néerlandaises dans ces pays.

    Pénurie d’eau

    Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie font partie des pays qui connaissent la plus grande pénurie d’eau et, dans le même temps, l’agriculture joue un rôle économique de plus en plus important. La superficie utilisée pour l’agriculture est en augmentation. La production à grande échelle dans les secteurs de l’horticulture, des produits laitiers, de la volaille et de la pomme de terre est encouragée pour des raisons de sécurité alimentaire, mais aussi pour l’exportation.

    Les effets du changement climatique renforcent le problème de la pénurie d’eau : les précipitations sont irrégulières et depuis plusieurs années, il y a de longues périodes de sécheresse. Dans les zones arides du sud, les populations sont totalement dépendantes des réserves d’eau fossiles souterraines, qui ne sont pas très renouvelables. La production à grande échelle de légumes, de dattes et de pommes de terre a lieu ici. Il existe également des effets tels que la salinisation du sol et de l’eau et la dégradation des sols. Les gouvernements sont conscients de l’importance de l’utilisation durable de l’eau. Par exemple, dans les trois pays, il existe des subventions pour l’utilisation de l’irrigation au goutte-à-goutte. La connaissance et l’utilisation de la technologie moderne visant à l’efficacité de l’eau et à une meilleure productivité de l’eau sont encore limitées.

    Rapport

    Le rapport examine la situation actuelle et les évolutions attendues : dépendance à l’égard des ressources en eau fossiles souterraines et surexploitation de celles-ci, augmentation de la demande en eau en raison de la croissance démographique et de l’utilisation de l’eau à des fins agricoles pour le marché local et pour l’exportation, mauvaise utilisation de l’eau et des engrais, et effets supplémentaires tels que la salinisation des sols et de l’eau. Le rôle de la politique gouvernementale est également discuté.

    Le rapport fait ensuite le lien avec la technologie et les connaissances néerlandaises et les possibilités de coopération qu’elles offrent au Maghreb : pour chaque pays, le rapport présente un certain nombre de cas d’affaires sur lesquels les entreprises et institutions intéressées peuvent travailler. Elles vont de l’agriculture saline à la récolte de l’eau et à l’hydroponie.

    Vous pouvez télécharger le rapport ici

    Pour plus d’informations, veuillez contacter notre collègue Victor Langenberg.

    Acacia Water, 16 mars 2021

    Tags : Algérie, Maroc, Tunisie, eau, agriculture, sécheresse,

  • EAU : Etihad Airways lance la promotion des billets pour le Maroc

    Etihad Airways, le transporteur national des Émirats arabes unis, encourage les résidents à bénéficier de voyages sans quarantaine à leur retour à Abu Dhabi avec le lancement de sa vente à Casablanca.

    Valable pendant seulement 24 heures sur etihad.com, voyagez d’Abu Dhabi à Casablanca en classe économique pour seulement 999 AED (272 $) aller-retour. Ce tarif est limité à 500 sièges sur la base du premier arrivé, premier servi. La vente commence à 11h le 15 mars et se termine à 11h le 16 mars, heure des EAU.

    Les clients qui réservent entre le 16 et le 28 mars 2021 bénéficieront de tarifs aller-retour à partir de 1 995 AED en classe économique et de tarifs affaires à partir de 9 995 AED. Les voyageurs peuvent décoller à tout moment entre le 24 mars et le 30 juin 2021.

    Le service fonctionnera avec un vol initial deux fois par semaine en utilisant un Boeing 787-9 Dreamliner à trois classes.

    Alors qu’Etihad continue de reprendre progressivement ses services vers plus de destinations sur son réseau mondial, les services supplémentaires suivants reprendront sous réserve de restrictions internationales et de la réouverture de marchés individuels:

    Moscou
    Recommence le 25 mars 2021, service deux fois par semaine sur un Airbus A321.

    Seychelles
    recommandent le 26 mars 2021, service deux fois par semaine sur un Boeing 787-9 Dreamliner et un Airbus A320.

    Tel Aviv
    Lancement inaugural reporté au 6 avril 2021, service deux fois par semaine sur un Boeing 787-9 Dreamliner.

    Les vols vers, depuis et via Abu Dhabi sont pris en charge par le programme d’assainissement et de sécurité entièrement repensé de la compagnie aérienne, Etihad Wellness, qui garantit le respect des normes d’hygiène les plus élevées à chaque étape du parcours client.

    Cela comprend des ambassadeurs du bien-être spécialement formés, une première dans l’industrie, qui ont été introduits par la compagnie aérienne pour fournir des informations et des soins de santé essentiels sur les voyages au sol et sur chaque vol, afin que les clients puissent voyager plus facilement et en toute confiance. Tous les passagers voyageant avec Etihad bénéficient d’une assurance COVID-19 gratuite, qui a été récemment prolongée jusqu’au 30 septembre 2021.

    Pour donner aux clients la tranquillité d’esprit et offrir un niveau supplémentaire de sécurité pour voyager, Etihad est la seule compagnie aérienne au monde à exiger 100% de ses passagers doivent présenter un test PCR négatif avant le départ et à leur arrivée à Abu Dhabi. –

    Trade Arabia, 15 mars 2021

    Tags : Maroc, Emirats Arabes Unis, EAU, Abu Dhabi, Etihar Airways, vols, promotions,

  • Algérie : Tebboune refuse une aide proposée par les EAU

    Positions de l’Algérie : le ‘non’ catégorique de Tebboune

    Selon des informations rapportées par le site Araby Post, Abou Dhabi aurait proposé à l’Algérie, au mois de février écoulé, de lui fournir un lot de vaccin anti-covid19, au titre d’une aide que le royaume aurait décidée pour aider l’Algérie à surmonter ‘la crise économique qu’elle traverse’.

    Toujours selon le même site, le président Tebboune aurait opposé un ‘non’ catégorique à cette aide venant d’un pays qui a normalisé ses relations avec l’entité sioniste et qui a ouvert un consulat à El Ayoune au Sahara Occidental, en porte-à-faux avec toutes les décisions onusiennes sur cette question.

    Au cas où cette proposition d’aide a été réellement faite comme le rapporte Araby Post, la réponse du président Abdelmadjid Tebboune était prévisible car il faut dire que l’Algérie n’est pas en crise financière, comme l’a d’ailleurs rappelé dernièrement le président de la république et n’a donc pas besoin d’aides. Surtout de pays qui ont trahi la cause palestinienne et foulé aux pieds les décisions des Nations Unies concernant l’autodétermination du Sahara Occidental et le droit aux peuple – à tous les peuples- à disposer d’eux-mêmes.

    L’Algérie, faut-il le rappeler, a toujours bâti ses relations internationales sur le respect mutuel et sur la base des lois internationales et ne saurait renier ses principes fondamentaux, pris déjà à l’aube de sa révolution armée pour recouvrer sa liberté et son indépendance.

    Les relations de l’Algérie, qu’elles soient avec ses voisins, et ou avec « les traditionnels » alliés ont été en effet, bâties sur une « coopération pacifique entre tous les pays dans un esprit dépouillé de tout préjugé et sur la base du respect mutuel entre les peuples ».

    En outre, parmi les principes constants de l’Algérie, le soutien aux mouvements révolutionnaires des peuples n’a jamais failli, de telle sorte qu’Alger était qualifiée de ‘Mecque des mouvements révolutionnaires ».

    Le président Abdelmadjid Tebboune et l’Etat algérien soutiennent encore les causes justes pour la libération des peuples des jougs coloniaux, ce qui ne saurait cohabiter avec une politique qui ne respecte pas ces principes.

    Cette position inchangée de l’Algérie n’est pas du goût de certains « leaders », chefs d’Etats et autre monarques et faire une proposition de ce genre à l’Algérie – si l’information est juste bien sur- ne peut jamais être fait de manière innocente et l’Algérie n’a jamais mangé de ce pain-là.

    N’oublions n’a pas également les efforts déployés par Abou Dhabi, l’Égypte, le Maroc et le Qatar pour contrecarrer la candidature de Ramtane Lamamra, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, pour le poste d’envoyé spécial de l’ONU en Libye, car cela aurait contrecarré les volontés hégémonistes de nombre de ces pays.

    Non, l’Algérie n’est pas en crise, elle ne tend pas la main et ne peut être achetée pour se départir de ses principes. L’Algérie est, depuis le 1er novembre 1954, un exemple de courage, d’abnégation, de don de soi et ne saurait, pour quelque raison que ce soit, se soumettre ou abdiquer.

    La Patrie News, 10 mars 2021

    Tags : Algérie, EAU, Sahara Occidental, Palestine,

  • La Tunisie fait face à des appels pour enquêter sur le vaccin gratuit des autorités émiriennes

    Les députés tunisiens ont appelé à une enquête sur les allégations selon les hauts responsables de l’État reçus 1000 doses gratuites du vaccin contre le coronavirus des Émirats arabes unis au début du mois de février. Ceci, insistent les députés, est un acte de « haute trahison ».

    La présidence de Tunis a confirmé avoir reçu les doses, mais a souligné que le président Kais Saied avait refusé de prendre le vaccin, préférant transmettre aux agents de santé, qui sont le groupe le plus touché par la pandémie. Sa famille et la Cour présidentielle sont également couvertes par ce refus.

    « Si la nouvelle selon certains hommes politiques ont reçu exclusivement le vaccin contre le coronavirus est correcte, alors il s’agit d’un échec éthique sans précédent qui équivaut à une haute trahison », a déclaré le chef de la commission parlementaire anti- corruption tunisienne, Badr Al-Din Al-Gamoudi. Il avait déclaré dans un précédent post sur Facebook: «Les vaccins contre le coronavirus sont arrivés il y a quelque temps d’un pays du Golfe. Les informations sont presque certaines, et les vaccins ont été donnés à de hauts fonctionnaires, des politiciens et des responsables de la sécurité. Le peuple a Allah pour protéger leur. « 

    Radio Med a cité des sources diplomatiques confirmant que la classe politique tunisienne avait reçu le vaccin contre le coronavirus d’un pays du golfe arabe sans nom, signale que les doses étaient autorisées dans le pays en coordination avec les autorités douanières. La station de radio a cité le député de Mabrouk Korchid, qui a confirmé la nouvelle.

    « L’ambassadeur des Émirats arabes unis en Tunisie a informé les diplomates tunisiens que son pays avait offert 1 000 doses de vaccin Covid-19 en cadeau à la présidence de la République », a déclaré le député Yassin Ayari sur Facebook. « Je l’ai appris il y a quelques jours. Je ne vois pas que l’affaire soit un scandale ou un problème en soi. Le président de la République, le Premier ministre, les ministres, les membres du Conseil suprême des armées, ne sont pas des citoyens ordinaires, non pas en leur personne physique mais pour leur capacité liée à la sécurité nationale tunisienne. « 

    Le député a ajouté qu’un cadeau d’un pays étranger n’était pas nouveau. « La Tunisie et d’autres pays reçoivent des dons chaque jour. Ce qui est vraiment regrettable, c’est le manque de transparence. Nous entendons parler de la question par des fuites, d’une station de radio ou du chef de la commission anti-corruption du Parlement, ou par ce que l’ambassadeur des Émirats La Tunisie dit aux diplomates. Qui a pris les vaccins et sur quelle base? Pourquoi la présidence de la République at-elle dissimulé la question? « 

    Un autre député, Khaled Gassuma, a appelé à une enquête sur les dirigeants politiques et les députés qui ont obtenu le vaccin. « De toute évidence, certains fonctionnaires, dirigeants politiques et députés ont peut-être été vaccinés contre le Covid-19, et même pas un fonctionnaire du gouvernement n’a réagi pour démystifier les allégations, ce qui signifie que les rumeurs entourant certains responsables gouvernementaux et dirigeants politiques qui ont reçu les vaccins sont plus proches de la vérité. « 

    Le responsable de la communication avec la présidence, Reem Kassem, a confirmé à la radio Shems FM que 1000 doses du vaccin contre le coronavirus avaient été reçues des EAU début février, mais a nié que le président Saied, sa famille et ses conseillers ont été vaccins. .

    Pendant ce temps, le ministre des Affaires étrangères Othman Jarandi à Tunis a confirmé que l’Algérie avait accepté de partager son envoi du vaccin contre le coronavirus avec la Tunisie.

    Middle East Monitor, 2 mars 2021

    Tags : Tunisie, covid 19, vaccin, EAU,

  • Etats-Unis: Biden suspend des ventes d’armes à Ryad et de chasseurs F-35 aux Emirats

    La mesure est spectaculaire car elle concerne notamment des munitions de précision promises à l’Arabie saoudite, et des F-35 vendus aux Emirats arabes unis en échange de la reconnaissance par ce pays du Golfe de l’Etat d’Israël, sous l’égide de Donald Trump.

    Le nouveau gouvernement américain de Joe Biden a suspendu des ventes d’armes à l’Arabie saoudite et de chasseurs F-35 aux Emirats arabes unis afin de « réexaminer » la décision prise sous la présidence de Donald Trump, a-t-on appris mercredi du département d’Etat américain.
    Washington « suspend temporairement la mise en œuvre de certains transferts et ventes en cours de matériel de défense américain », « pour permettre aux nouveaux dirigeants de les réexaminer », a assuré un responsable interrogé par l’AFP. Il s’agit de « faire en sorte que les ventes d’armes par les Etats-Unis répondent à nos objectifs stratégiques », a-t-il ajouté, évoquant « une mesure de routine administrative typique de la plupart des transitions ».
    La mesure est toutefois spectaculaire car elle concerne notamment des munitions de précision promises à l’Arabie saoudite, et des F-35 vendus aux Emirats arabes unis en échange de la reconnaissance par ce pays du Golfe de l’Etat d’Israël, sous l’égide de Donald Trump.
    Ryad, très proche allié des Etats-Unis notamment sous l’administration Trump, dirige une coalition militaire en soutien du gouvernement du Yémen dans le conflit qui l’oppose aux rebelles Houtis, appuyés par l’Iran. Les Emirats en font aussi partie. Or les démocrates et certains républicains dénoncent depuis longtemps le soutien américain à cette coalition, accusée de nombreuses bavures contre les civils.
    Le Soir.be, 27 jan 2021
    Tags : Etats-Unis, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, EAU, UAS, Joe Biden, armes, F-35,
  • Les accords d’Abraham ont sapé la paix indispensable avec les Palestiniens


    Par Ghassan Michel Rubeiz

    Depuis de nombreuses décennies, je préconise la paix entre Israël et les Palestiniens. ( Justice et Intifada: les Palestiniens et les Israéliens parlent de la paix, Friendship Press, 1991; Unified in Hope: les Arabes et les Juifs parlent de la paix , publications du COE, 1987). Malheureusement, j’ai vu le «processus de paix» être exploité, maintes et maintes fois, avec des tactiques évolutives pour adoucir les attitudes envers l’injustice.

    Il est difficile d’imaginer que quelque chose de bon puisse sortir d’un projet politique dirigé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, gardien du statu quo, le président américain le plus unilatéraliste Donald Trump et certains dirigeants imprudents du Golfe arabe. Pourtant, le dernier produit de «paix» au Moyen-Orient récemment sorti de Tel-Aviv, de Washington et du Golfe a reçu une réaction plutôt favorable dans les médias occidentaux.

    Je parle des soi-disant accords d’Abraham, une récente vague d’accords de «normalisation» entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Ces accords ont été intelligemment conçus pour influencer l’opinion publique. Ils sont présentés comme des initiatives de paix, de réconciliation (entre les communautés religieuses) et de mesures de défense justifiables contre un adversaire «belligérant» commun, à savoir l’Iran.

    Tout en critiquant surtout le président Trump, les médias occidentaux ont été indulgents envers le président américain en ce qui concerne sa politique sur Israël. Et pour les accords d’Abraham, les commentateurs américains ont donné un soutien inhabituel; le message de «paix» a été efficace. Pour illustrer, dans le numéro du 1er janvier du Washington Post, Marc A. Thiessen met en évidence les 10 meilleures choses que Trump a faites en 2020. Le chroniqueur affirme que Trump a «transformé le Moyen-Orient» avec les accords d’Abraham: le président américain a «négocié» quatre Les accords de paix israéliens. Une telle réalisation «digne d’un prix Nobel» a démontré qu’il pouvait y avoir «une paix séparée sans les Palestiniens». Le parti pris de Thiessen devient clair quand on regarde le reste ses 10 «meilleures choses»; la réalisation la plus étonnante répertoriée est «l’amélioration de la vie d’une majorité d’Américains ».Comme le reste des analystes qui trouvent des signes d ‘«espoir» dans ces accords, Thiessen n’explique pas comment Israël fait progresser la paix dans la région. En ignorant le fait qui donne à réfléchir que la population palestinienne sous la sphère de contrôle d’Israël – c’est-à-dire ceux qui vivent entre le Jourdain et la mer Méditerranée – a déjà dépassé la population juive israélienne? L’apartheid doit-il être ignoré à jamais? Comment parvenir à la paix en élargissant constamment les colonies, en élargissant les annexions, en promulguant deux poids deux mesures et en violant les accords internationaux établis sur la guerre et la gouvernance? Cliquez ici .

    On se demande comment Abraham-ic (œcuménique) sont ces accords. Le nom biblique Abraham est généralement utilisé pour mettre en évidence les points communs entre les trois religions monothéistes enracinées au Moyen-Orient: le judaïsme, le christianisme et l’islam. Les accords qui lient Israël fort à quatre pays arabes sunnites peu sûrs, censés affronter la République islamique (chiite) d’Iran, ne sont pas en harmonie avec l’esprit du patriarche de l’Ancien Testament. Abraham des temps modernes parle d’œcuménisme, pas d’accords politiques.
     
    Et dans quelle mesure ces actes de normalisation sont-ils «normaux»? Les accords d’Abraham ne constituent pas un véritable mouvement de réconciliation entre Arabes et Juifs, comme ses auteurs le prétendent. Il n’y a absolument aucun remède contre les tensions régionales, ce que font ces accords. Depuis que ces accords ont émergé, les observateurs internationaux ont regardé si Trump et / ou Netanyahu lanceraient une attaque aérienne sur les sites nucléaires iraniens. Washington et Tel Aviv poussent de plus en plus Téhéran à riposter, peut-être pour préparer le terrain à une contre-attaque collective contre la République islamique. Regardez les nouvelles quotidiennes au cours des prochaines semaines alors que Trump et Netanyahu cherchent des moyens de maintenir la légitimité, le pouvoir et l’influence.  Cliquez ici .

    Chacun des cinq États impliqués dans les accords d’Abraham a ses propres raisons de normalisation. Israël parvient à détourner l’attention du monde de son occupation en concluant des «accords» de paix avec des «Arabes modérés», c’est-à-dire des sunnites non palestiniens. Bahreïn cherche à s’abriter de l’Iran et de la montée des troubles intérieurs; à Manama, la royauté sunnite règne sur une population majoritairement chiite. Le Maroc se normalise avec Israël, en partie, afin de recevoir la reconnaissance par le président Trump de sa prétendue souveraineté sur le territoire du Sahara occidental. Washington récompense le Soudan pour sa normalisation en le retirant de la liste des États terroristes. Et Washington récompense la conformité des Émirats arabes unis en vendant à Abu Dhabi des armes lourdes et meurtrières que les émirats fragiles ont utilisé imprudemment dans la guerre désastreuse au Yémen. Cliquez ici .

    En résumé, les accords de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc sont en fait des actes de normalisation de l’injustice.

    Le printemps arabe sert de toile de fond aux accords d’Abraham. Les accords ressemblent à des mesures désespérées de la part de régimes arabes du Golfe très peu sûrs qui cherchent la protection d’un État colonial puissant. Et Israël, ironiquement l’agence de l’abri et du confort, légitime son occupation tout en se mobilisant avec les nations arabes sunnites contre l’Iran chiite.

    Marc A. Thiessen rêve-t-il d’un prix Nobel pour les accords d’Abraham?

    The Arab Daily News, 3 jan 2021

    Tags : Proche Orient, Palestine, Israël, normalisation, Maroc, Soudan, Emirats Arabes Unis, EAU, UAE, Sahara Occidental, Iran, sunnistes, chiites,