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  • Égypte-Algerie: Des relations privilégiées

    Le Président Tebboune reçoit l’ambassadeur d’Égypte : Des relations égypto-algériennes privilégiées

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, lundi au siège de la présidence de la République, l’ambassadeur de la République arabe d’Égypte, Aymen Mechrafa, qui lui a rendu une visite d’adieu au terme de sa mission en Algérie.

    L’ambassadeur égyptien a adressé ses sincères remerciements au président de la République et aux autorités algériennes pour les facilitations et la coopération au service des deux peuples frères et au mieux des intérêts communs.

    «J’ai été honoré aujourd’hui de rencontrer le président de la République, en dépit de son agenda très chargé», a déclaré M. Mechrafa, affirmant que cette audience, «fructueuse et enrichissante», lui a permis d’écouter les points de vue du Président Tebboune sur «les questions d’intérêt commun aux niveaux régional et international».

    Soutenant que cette rencontre traduit «les relations égypto-algériennes privilégiées que nous aspirons à promouvoir», le diplomate égyptien a indiqué avoir renouvelé son invitation au président de la République à visiter l’Égypte «dans un proche avenir».

    Il a en outre souhaité le bien-être au peuple algérien, qu’il a qualifié de «généreux et hospitalier».

    El Moudjahid, 20/10/2021

  • Maroc: Saad Lamjarred, personne non grata en Egypte

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    Maroc – Saad Lamjarred se retrouve au centre d’une polémique en Égypte suite à l’annulation de la diffusion de son interview avec l’émission égyptienne « Sahranin ». Voici les détails, dans cette édition du 10 octobre 2021.

    Une fois de plus, le chanteur issu du Maroc, Saad Lamjarred, déclenche une polémique. Cette fois-ci, c’est en Égypte que cela s’est passé. En effet, l’artiste en question avait reçu une invitation de la part de la célèbre émission égyptienne Sahranin. Animée par Amine Karara et diffusée sur la chaîne de télévision « ON TV ».

    Seulement, la diffusion qui était prévue pour ce mercredi, s’est vue finalement reportée à une date ultérieure. Ce qui a provoqué une vive polémique sur les réseaux sociaux. Cela coïncidait avec une forte campagne menée par des Égyptiens. Notamment, sur Twitter. Appelant à son expulsion, suite aux accusations de harcèlement portées à son égard.

    En fait, un hashtag, « nous ne voulons pas de Saad Lamjarred en Égypte » s’est lancé. Et s’est publié massivement à travers les réseaux sociaux. Coïncidant avec l’annonce de son intention d’assister à la fameuse émission égyptienne. Suite à quoi, les fans de l’auteur de la chanson « Lm3allem » lui ont exprimé leur soutien. Lançant un hashtag « Saad Lamjarred est une ligne rouge ».

    L’émission décalée à cause d’une fête nationale
    Par ailleurs, de son côté, la fameuse émission « ET BelArabi» avait publié via sa page Twitter que l’émission a, en fait, été décalée en raison de la célébration de l’anniversaire de la victoire de l’Égypte dans sa guerre contre Israël. Effectivement, il se trouve qu’elle coïncidait avec le jour de la diffusion de l’interview. Soit le 6 octobre.

    En outre, quant à Lamjarred, lui s’est contenté d’adresser ses vœux au peuple égyptien à travers son compte Instagram. Accompagné d’une illustration arborant le drapeau de l’Égypte. En légende, il a exprimé ses meilleurs vœux à ses fans égyptiens.

    Dzair Daily, 10/10/2021

  • Analyse: L’alliance Maroc-Israël et les pays d’Afrique du Nord

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    Ce n’est un secret pour personne que la plupart des pays d’Afrique du Nord n’aiment pas Israël. Lorsque l’État juif a été créé en 1948, aucun pays d’Afrique du Nord ne l’a reconnu. Par conséquent, les Juifs vivant en Afrique du Nord – Algérie, Égypte, Libye, Maroc et Tunisie – ont été contraints de fuir ou sont partis de leur plein gré car ils ne se sentaient plus en sécurité. Entre 1948 et le début des années 1970, on estime que quelque huit cent mille Juifs ont été expulsés ou ont quitté leur patrie arabe.

    L’année 2020 a marqué un tournant pour ce triste chapitre de l’histoire. Le 13 août 2020, les Émirats arabes unis (EAU) et Bahreïn ont signé les accords d’Abraham, reconnaissant officiellement l’État d’Israël. D’autres pays à majorité arabe et musulmane ont rapidement suivi le mouvement. Quelques mois plus tard, le 10 décembre 2020, le Maroc a signé un accord de normalisation avec Israël, devenant ainsi le deuxième pays d’Afrique du Nord – après l’Égypte en 1978 avec les accords de Camp David – à reconnaître l’État juif. Israël a également signé un accord avec le Soudan le 23 octobre 2020 dans le cadre de ces accords.

    Si les accords d’Abraham ont rapproché certains pays arabes de l’Occident et d’Israël, ils ont sans aucun doute créé des gouffres avec d’autres. L’accord entre Israël et le Maroc a déclenché une série d’événements en chaîne dans les pays voisins d’Afrique du Nord, qui auront probablement des conséquences durables sur les relations économiques, sécuritaires et sociopolitiques dans la région.

    Israël et le Maroc : plus qu’une relation cordiale

    Les relations entre le Maroc et Israël ont toujours été plus que cordiales. Bien que le Maroc n’ait pas reconnu officiellement Israël avant les accords d’Abraham, il a maintenu des liens informels avec l’État juif et, contrairement à de nombreux autres pays arabes, a autorisé les Israéliens à visiter le pays. Rien qu’en 2020, environ soixante-dix mille Israéliens ont visité le Maroc.

    Le Maroc est l’un des quatre pays de la Ligue arabe à avoir normalisé ses relations avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham. Rabat l’aurait fait en partant du principe que les États-Unis reconnaîtraient les revendications du pays sur le Sahara occidental, un territoire contesté que le Maroc et le Front Polisario soutenu par l’Algérie prétendent leur appartenir depuis 1975, date à laquelle l’Espagne s’est retirée du territoire.

    La relation entre le Maroc et Israël a de fortes racines historiques. Le Maroc a abrité la plus grande communauté juive du monde arabe, dont la plupart sont venus d’Espagne après l’expulsion de 1491 par la monarchie catholique espagnole. Après la création de l’État d’Israël en 1948, de nombreux Juifs marocains ont été contraints d’émigrer vers le pays en raison de la montée de l’antisémitisme dans les villes locales du Maroc. Aujourd’hui, Israël abrite environ un million de Juifs marocains et entretient des liens étroits avec le Royaume.

    Comme mentionné précédemment, Israël et le Maroc ont officialisé leur amitié de longue date – bien que cachée – en décembre 2020, lorsqu’ils ont signé un accord de normalisation garantissant « des relations diplomatiques, pacifiques et amicales complètes » sous le patronage des États-Unis. Alors que le Maroc a tenté de minimiser les accords dans son pays, en affirmant qu’une normalisation complète avec Israël n’était pas envisageable, la communauté internationale a perçu la signature des accords autrement. Il était clair dès le départ que les deux pays avaient opéré un rapprochement diplomatique, renforçant les liens bilatéraux et la coopération dans les domaines du commerce, du tourisme et de la défense. Des vols officiels directs entre Tel Aviv et Marrakech ont même débuté. En juillet, les deux pays ont signé un accord officiel sur la cybersécurité afin de partager les informations, la recherche et le développement en matière de cyberguerre. Le 11 août, le ministre israélien des affaires étrangères, Yair Lapid, s’est rendu au Maroc, signalant que son gouvernement place ses relations avec le Maroc en tête de ses priorités.

    Les liens maroco-israéliens et ce qu’ils signifient pour l’Afrique du Nord

    Les réactions à la normalisation du Maroc avec Israël ont été mitigées parmi les autres pays d’Afrique du Nord. L’Algérie n’a pas perdu de temps pour instrumentaliser les accords d’Abraham en utilisant une rhétorique agressive et anti-israélienne pour justifier ses différends avec le Maroc. En décembre 2020, le Premier ministre algérien Abdelaziz Djera a décrié l’accord comme une démarche visant à rapprocher « l’entité sioniste » de la frontière algérienne. Alger a également utilisé l’accord comme bouc émissaire pour expliquer les récents incendies de forêt qui ont dévasté le pays, insistant sur le fait qu’Israël en est à l’origine. Le 25 août, l’Algérie a annoncé sa décision de couper tous les liens diplomatiques avec le Maroc dans le but d’ »éradiquer totalement » le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, qui est un mouvement terroriste qui « reçoit le soutien et l’aide de parties étrangères… le Maroc et l’entité sioniste », selon Alger.

    En conséquence, l’Algérie a également renforcé son alignement sur la Chine et la Russie. L’Algérie partage des relations bilatérales étroites avec la Russie, notamment en matière de coopération dans le domaine de la défense, et les deux pays se rencontrent régulièrement dans le cadre d’une commission économique conjointe pour discuter des options de partenariat. L’Algérie et la Chine partagent également des liens étroits, comme en témoignent les plans de développement nationaux qu’elle a signés avec la Chine dans le cadre de l’initiative « Belt and Road » pour stimuler l’industrialisation du pays, entre autres. Il n’est pas surprenant qu’ils aient été signés six mois seulement après que le Maroc a officialisé les accords avec Israël. Dans les années à venir, l’Algérie cherchera probablement à resserrer ses liens bilatéraux avec Pékin et Moscou pour contrer ce qu’elle perçoit comme un complot pro-marocain dirigé par l’Occident sur le Sahara occidental via les accords d’Abraham.

    L’Égypte a, sans surprise, répondu positivement à la normalisation des liens entre le Maroc et Israël, ayant déjà une relation tiède avec l’État juif. Cependant, il est difficile de prévoir vers qui le Caire se tournera ensuite. L’Égypte et l’Algérie entretiennent traditionnellement de bonnes relations qui remontent au soutien de l’Égypte au Front de libération nationale algérien pendant sa guerre d’indépendance contre la France entre 1954 et 1962. L’Égypte s’intéresse de près aux événements qui se déroulent dans le pays voisin, la Libye, car elle espère voir l’Armée nationale libyenne du général Khalifa Haftar l’emporter dans le conflit. Elle a récemment trouvé un terrain d’entente avec l’Algérie sur la crise libyenne afin de parvenir à une plus grande « stabilité et sécurité » dans le pays. L’accord du Caire avec Alger au sujet de la Libye pourrait inciter l’Égypte à s’opposer au Maroc dans le but de montrer son soutien à l’Algérie, renforçant ainsi leur alliance, étant donné que l’Égypte a déjà soutenu le Front Polisario au sujet du Sahara occidental contesté. L’empressement du Caire à s’intéresser à l’avenir de la Libye pourrait amener l’Égypte à prendre ses distances par rapport à la reconnaissance par les États-Unis des revendications marocaines sur le Sahara occidental.

    La Tunisie, comme la Libye, est trop occupée à gérer ses problèmes intérieurs pour porter son attention sur les Accords d’Abraham. La Tunisie est confrontée à une crise constitutionnelle potentielle après que le président Kais Saied a annoncé le gel indéfini du parlement fin août et tente de centraliser les pouvoirs entre ses mains. En août, le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi a soutenu les actions de Saied, signalant un alignement entre les deux nations d’Afrique du Nord. Il convient de noter que la Tunisie n’a jamais caché sa désapprobation des accords. Par conséquent, un front anti-Maroc composé de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Égypte n’est pas à exclure.

    Les liens Maroc-Israël : Quelle sera la suite ?

    Le renforcement actuel des liens entre Israël et le Maroc met en lumière, une fois de plus, à quel point l’équilibre en Afrique du Nord est vraiment tendu. Si la reconnaissance d’Israël s’inscrit dans une stratégie plus large menée par les États-Unis, susceptible d’unir plusieurs pays arabes sous un front commun, la réalité est bien plus complexe. Le Maroc est prêt à renforcer ses liens avec Israël, comme en témoigne l’annonce faite en août de l’ouverture d’une ambassade en Israël, mais il devra également faire face à la tâche ardue d’expliquer aux Palestiniens que le Maroc soutient toujours leur cause. Quoi qu’il en soit, il est clair que le Maroc a l’intention d’accroître son importance stratégique sur la scène mondiale, en particulier en Afrique du Nord, et les accords d’Abraham sont le point de départ idéal.
    Par Karim Mezran et Alissa Pavia

    Karim Mezran est directeur de l’Initiative pour l’Afrique du Nord et membre senior résident du Centre Rafik Hariri et des programmes pour le Moyen-Orient au Conseil de l’Atlantique.

    Alissa Pavia est directrice adjointe de l’Initiative pour l’Afrique du Nord au sein du Centre Rafik Hariri et des Programmes pour le Moyen-Orient du Conseil Atlantique.

    Atlantic Council, 07/10/2021

  • Il y a 48 ans, la guerre d’Octobre …

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    – 6 octobre 1973, l’Egypte et la Syrie attaquèrent par surprise Israël, déclenchant la quatrième guerre israélo-arabe. Huit ans plus tard, El Sadate, le héros de la guerre et de la paix sera assassiné lors d’une parade militaire commémorant la guerre

    AA/ Mohamed Badine El Yattioui*

    Dès le début de sa présidence en 1970, Anouar El Sadate se rend compte de l’urgence de faire évoluer la situation stratégique régionale, catastrophique pour les pays arabes après l’humiliation de 1967. L’Égypte considère alors qu’une nouvelle guerre avec Israël pourrait redistribuer les cartes. Pour cela, il s’allie au Président syrien Hafez al Assad. Leurs armées ont été rééquipées en matériel par l’URSS. En ce qui concerne l’attaque surprise de 1973, selon Claude Franc, spécialiste d’histoire militaire, « trois phases peuvent être identifiées : l’offensive égypto-syrienne du 6 au 13 octobre, la réaction offensive israélienne du 13 au 16 octobre, l’exploitation israélienne du 16 au 25 octobre. » Le 17 octobre, l’impact devient international lorsque les membres arabes de l’OPEP annoncent une baisse de production et un embargo contre les pays occidentaux qui soutiennent Israël.

    Notons que ce conflit, dans un contexte de Guerre Froide a provoqué une fois de plus une réaction des deux Grands. Ils ont à la fois tenté de soutenir militairement leurs alliés et de mettre en place un cessez-le-feu sous les auspices des Nations Unies. Ses conséquences sont très importantes d’un point de vue géopolitique. Claude Franc va jusqu’à dire que « le processus de paix israélo-égyptien de 1978 est l’enfant naturel de la guerre du Kippour (guerre d’Octobre, NDLR) ».

    Mais cette guerre a surtout façonné les relations entre l’Egypte et Israël et ouvert une nouvelle page dans les relations du Caire avec l’Occident.

    Rupture avec l’époque nassérienne

    Selon Marc Lavergne, géopolitologue et directeur de recherche émérite au CNRS en France, “depuis le milieu des années 1970, l’Égypte est entrée dans une voie nouvelle, entre libéralisation économique et alignement diplomatique sur l’Occident”.

    Durant la présidence d’Anouar El Sadate (1970-1981), l´Egypte a signé la paix avec Israël, devenant le premier pays arabe à le faire. Sur le plan économique, son action a été marquée par l’infitah (ouverture économique). Selon ce spécialiste de l´Egypte, elle a eu comme conséquence l’urbanisation rapide du pays et l’émigration massive de la jeunesse vers les pays du Golfe et vers la Libye.

    Durant les années 1950-1960, l´Egypte exerce une véritable “hégémonie” diplomatique, selon Gérard Claude. Cela correspond à l’époque nassérienne. Le leader du nationalisme arabe se rapproche de l’Union soviétique qui le soutient contre les Etats-Unis et Israël. Les décisions de son successeur à partir de 1977 marquent une rupture majeure en entreprenant un “renversement spectaculaire des alliances” lors de son rapprochement avec Washington et Tel Aviv selon ce professeur à Sciences Po Aix-en-Provence, en France.

    L’historien libanais, Georges Corm, estime que la guerre de 1973, qui débute le 6 octobre, est une décision personnelle du Président Anouar El Sadate. Il ajoute que c´est “une décision courageuse, car elle est prise contre l’avis de beaucoup d’officiers de l’état-major égyptien, qui ne croient guère possible une aventure militaire visant à traverser le canal”.

    A la suite de la guerre de 1967, la prise du Golan au Nord, du Sinaï, de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, a multiplié par quatre la taille du territoire israélien. En 1973, en décidant d’intervenir en même temps, l’Égypte et la Syrie veulent jouer l’effet de surprise au nord et au sud afin de récupérer leurs territoires perdus.

    Les accords de Camp David, une arme à double tranchant

    Les accords de Camp David, signés en 1978 et suivis une année après par la signature du traité de paix israélo-égyptien, constituent une arme à double tranchant pour la diplomatie égyptienne. Parmi les avantages de la reconnaissance de l´Etat d´Israël, une aide financière et technologique américaine conséquente. Malgré tout, son principal problème est que ce pas l’isole du monde arabe qui critique vivement cette décision unilatérale et l´exclut de la Ligue Arabe.

    Après la guerre d’octobre 1973, le Président égyptien tente d´utiliser l’Organisation de l’Unité africaine pour dénoncer la politique israélienne. Lors du sommet de Mogadiscio, en juin

    1974, « les États africains qui entretenaient des relations diplomatiques et économiques avec Israël rompent ces relations » en pleine crise économique, conséquence de la crise pétrolière (à l´exception du Malawi, du Lesotho et du Swaziland).

    Henri Kissinger, le puissant Secrétaire d’État et conseiller à la sécurité nationale durant les présidences de Richard Nixon et Gérald Ford, souhaite un rapprochement entre Israël et l’Égypte. L’Égypte cède et Sadate rétablit les relations de son pays avec les Etats-Unis.

    L’accord du 4 septembre 1975 sur le Sinaï est signé à Genève. Il fait suite à la résolution no 338 du Conseil de sécurité des Nations unies et affirme que le conflit entre l’Égypte et Israël ne peut être résolu que par un processus de paix et propose la création d´une zone tampon gérée par les Nations Unies. L’Égypte va jusqu´à autoriser le passage par le canal de Suez des produits non militaires en provenance ou à destination d’Israël.

    Renversement des alliances

    Le président démocrate Jimmy Carter (1977-1981) poursuit les négociations entre Anouar El Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin. En décembre 1977, une première conférence se déroule entre Égyptiens, Américains et Israéliens. Israël accepte de démilitariser le Sinaï mais en ce qui concerne l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, et le droit au retour des Palestiniens, aucune avancée ne se fait sentir. En septembre 1978, les Accords de Camp David, divisés en deux accords-cadres, sont ratifiés par les deux leaders. Le second accord-cadre signé en mars 1979, prévoit l’évacuation du Sinaï par l’armée israélienne. D’après Henry Kissinger, c´est parce que le Président Sadate ne considérait plus l’URSS comme un allié fiable qu´il a choisi un renversement des alliances : « l’Union soviétique pouvait apporter des armes, mais pas le progrès diplomatique pour récupérer la péninsule du Sinaï en la libérant de l’occupation israélienne, par conséquent le Président Anouar el-Sadate a changé de camp ».

    Anouar El Sadate a été assassiné le 6 octobre 1981 par six soldats égyptiens, appartenant à l’organisation du Djihad islamique égyptien, lors d’une parade en commémoration de la guerre d’octobre 1973. Ils ont attaqué à coups de grenades et de mitrailleuses la tribune présidentielle. Anouar El Sadate décède quelques heures plus tard. Hosni Moubarak, alors vice-président, lui succède. Il renforcera la nouvelle relation de son pays avec les Etats-Unis et Israël.

    * Les opinions exprimées dans cette analyse n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas forcément la ligne éditoriale de l’Agence Anadolu.

    * Dr. Mohamed Badine El Yattioui, Professeur de Relations Internationales à l´Université des Amériques de Puebla (Mexique).

    Anadolou

  • Le Maroc flirte avec l’Éthiopie en pleine crise du barrage du Nil

    Le Maroc flirte avec l’Éthiopie en pleine crise du barrage du Nil

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    Le Maroc flirte avec l’Éthiopie alors que les pourparlers sur le barrage du Nil sont au point mort

    LE CAIRE — S’exprimant lors du Sommet des Nations Unies sur l’action pour le climat à New York le 25 septembre, le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a annoncé que le Maroc et l’Éthiopie avaient créé une Coalition pour l’accès à l’énergie durable. Il a déclaré que le projet de coopération fait partie des efforts du Maroc pour soutenir le développement durable, l’accès à l’énergie et le développement des ressources en Afrique.

    Le 19 septembre, l’entreprise publique marocaine OCP Group, l’une des plus grandes mines de phosphate au monde et leader mondial des engrais entreprises, ont signé un accord avec le gouvernement éthiopien pour établir un complexe d’engrais d’un coût de 6 milliards de dollars dans la ville de Dire Dawa, dans l’est de l’Éthiopie.

    L’agence de presse éthiopienne a indiqué que le projet contribuera à répondre aux besoins croissants de l’Éthiopie en produisant jusqu’à 3,8 millions de tonnes d’engrais par an.

    La coopération éthiopienne-marocaine intervient au milieu des négociations au point mort entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie sur le barrage Grand Ethiopian Renaissance.

    Au lendemain de l’annonce, plusieurs pays arabes et d’autres parties ont réaffirmé leur soutien à l’Égypte dans la crise du RGO.

    Le 27 septembre, le ministre bahreïni des Affaires étrangères Abdul Latif bin Rashid al-Zayani a de nouveau appelé à un accord juste et contraignant pour remplir et exploiter le barrage qui préserve les droits de l’Égypte et du Soudan.

    Le 26 septembre, l’ambassadeur saoudien au Caire, Oussama ben Ahmed Naqli, a réitéré le soutien de son pays à l’Égypte et au Soudan dans la crise du RGO. Il a déclaré dans un communiqué : “L’Arabie saoudite soutient l’Egypte et le Soudan dans leur quête d’un accord qui réalise les intérêts des deux pays frères dans tous les forums internationaux”.

    Le 23 septembre, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, avait annoncé le soutien de la Ligue à l’Égypte et au Soudan dans la crise du GERD, qu’il a qualifiée de « barrage de ruine » pour les deux pays arabes.

    Samir Ghattas, chef du Forum pour les études stratégiques du Moyen-Orient, a déclaré à Al-Monitor que le rapprochement du Maroc avec l’Éthiopie s’inscrit dans le cadre des efforts du royaume pour mobiliser le soutien de nouvelles parties dans sa bataille contre son « plus grand ennemi », le Polisario soutenu par l’Algérie. Front, qui revendique l’indépendance du territoire contesté du Sahara Occidental.

    Le 27 septembre, le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a appelé les Nations Unies à soutenir le droit du « peuple sahraoui à l’autodétermination », une affirmation que le Maroc rejette fermement.

    Le 15 septembre, le site d’information marocain Barlamane a cité des sources disant que dans les semaines à venir, l’Éthiopie ouvrira des bureaux diplomatiques à Laâyoune, la plus grande ville du Sahara occidental contesté. Cette décision, selon les sources, soutiendra la souveraineté du Maroc sur la région contestée.

    Ghattas a déclaré que le Maroc cherche également à coopérer avec l’Éthiopie à la lumière du rapprochement égypto-algérien et après que l’Algérie a annoncé sa volonté de servir de médiateur dans la crise du GERD.

    Le 27 septembre, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, a déclaré dans des déclarations en marge du sommet de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York que les relations égypto-algériennes sont d’une grande importance pour l’Égypte et que le Caire se réjouit de poursuivre la coopération et les relations bilatérales. coordination à la fois au sein de la Ligue arabe et de l’Union africaine.

    Le 17 septembre, l’ambassadeur d’Egypte en Algérie, Ayman Mosharafa, a déclaré que les deux pays avaient convenu de réactiver le Comité supérieur conjoint égypto-algérien en vue de promouvoir la coopération économique au début de l’année prochaine.

    Le 31 août, Shoukry avait déclaré que l’Égypte entretenait une relation spéciale avec l’Algérie, car les deux partagent à peu près la même vision pour leurs pays.

    Le 1er août, Lamamra s’est rendu en Égypte après s’être arrêté au Soudan et en Éthiopie dans le cadre d’une tournée régionale pour trouver une solution à la crise du RGO.

    Ghattas a qualifié les relations maroco-égyptiennes de « tièdes » à la suite du refus de l’Egypte de soutenir le Maroc contre le Front Polisario alors que de nombreux pays arabes se sont empressés de déclarer leur solidarité avec le Maroc sur la question du Sahara occidental.

    Avec la flambée de violence entre le Front Polisario et le Maroc en novembre de l’année dernière, les pays arabes se sont précipités pour déclarer leur soutien au Maroc. Le 13 novembre 2020, les Émirats arabes unis ont annoncé leur soutien aux actions du Maroc pour défendre ses terres et l’Arabie saoudite a emboîté le pas le lendemain.

    La Jordanie, le Koweït, le Yémen, Bahreïn et le Qatar ont exprimé leur plein soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Maroc et ont déclaré que le royaume devrait prendre les mesures qu’il juge appropriées pour protéger ses terres.

    Cependant, l’Egypte a refusé de soutenir le royaume dans sa guerre contre le Front Polisario et n’a exprimé aucun soutien à l’armée marocaine pour l’affronter. Le 15 novembre, le Caire a appelé les parties à faire preuve de retenue et à cesser toute action provocatrice qui pourrait compromettre les intérêts économiques de la région. Le Maroc a sévèrement critiqué l’Egypte pour sa position.

    Anwar Ibrahim, chercheur en affaires éthiopiennes, a déclaré à Al-Monitor que les tensions accrues entre le Maroc et l’Algérie qui ont abouti à la rupture de ses liens avec son voisin et au rapprochement égypto-algérien ont incité le Maroc à chercher un pied à l’intérieur de l’Éthiopie pour obtenir son soutien tout en créer des opportunités d’expansion en Afrique de l’Est.

    Le 24 août, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc et a retiré son ambassadeur de Rabat.

    Ibrahim a déclaré que les accords marocains avec l’Éthiopie donneront à Rabat une forte présence économique à travers les investisseurs marocains et créeront de nouvelles opportunités d’investissement en Éthiopie, notamment après que le GERD soit en train de produire de l’électricité.

    Le 10 septembre, le ministre éthiopien de l’Eau et de l’Irrigation Seleshi Bekele a déclaré que le barrage commencera à produire de l’électricité au cours des premiers mois de la nouvelle année éthiopienne, qui a débuté le 13 septembre.

    News FR 24, 02/10/2021

  • La diplomatie algérienne sur tous les fronts: Renouvellement des engagements

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    A travers une diplomatie active, l’Algérie est à l’origine d’initiatives positives reflétant la place qu’elle occupe à plus d’un niveau. Une diplomatie qui reflète l’immuable fidélité de l’Algérie à ses principes, parmi lesquels la recherche de solutions pacifiques aux crises que connaissent certaines régions dans le monde, à la lumière des évolutions qui se sont opérées ces dernières années, sur la scène politique et sécuritaire dans son environnement géostratégique.
    Les évolutions pourraient avoir des répercussions négatives sur la paix et la sécurité régionales, si les pays pivots n’interviennent pas en urgence, à leur tête l’Algérie, qui jouit d’un des atouts importants qui fait d’elle le meilleur acteur influent dans de nombreux dossiers, puisque de par sa situation, elle regroupe les dimensions maghrébine, africaine, arabe et méditerranéenne, mais aussi musulmane. Certains prétendent que cet atout n’est pas uniquement propre à l’Algérie. La réponse est que l’Algérie est l’unique pays du Maghreb qui partage des frontières terrestres avec l’ensemble des pays de la région.
    L’Algérie est la porte d’accès de l’Europe vers l’Afrique et vice-versa, en plus de sa position stratégique privilégiée parmi les pays arabes et musulmans. Sur cette base, l’Algérie accorde un vif intérêt aux questions qui lui sont importantes au niveau de son environnement régional et continental en veillant ainsi à renforcer ses relations sur le plan arabe et africain. Elle croit au principe de la solution africaine aux problèmes africains, arabe aux problèmes arabes et arabo-africaine aux problèmes arabo-africains. Lors d’une conférence de presse animée conjointement au Caire avec son homologue égyptien, en Egypte, en juillet dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M.Ramtane Lamamra, a déclaré: «nous tenons à ne pas mettre la relation stratégique et privilégiée entre les parties arabe et africaine en péril».
    Des démarches permanentes pour instaurer la paix
    Dernièrement, la diplomatie algérienne s’est montrée particulièrement dynamique, caractérisée par l’intense activité du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Ramtane Lamamra, à travers des visites qui l’ont conduit dans des pays africains, d’une part, et la tenue de nombreuses rencontres avec plusieurs de ses homologues en Algérie, d’autre part.
    L’approche diplomatique algérienne concilie entre la nécessité de comprendre entièrement les différentes questions soulevées pour leur trouver des solutions appropriées, que ce soit au niveau maghrébin, africain ou arabe et ce, dans le respect du principe de non-ingérence dans les affaires internes des pays ainsi que de leur souveraineté. Loin de se prêter à une diplomatie événementielle où d’occasions, l’Algérie affirme son entière disponibilité à apporter sa contribution au débat et à la recherche de solutions afin de débattre aux problèmes africains, arabes ou maghrébins.
    A travers des démarches prometteuses, notre pays œuvre au rapprochement des points de vue entre les parties en conflit, que ce soit à l’intérieur d’un même Etat (cas de la Libye et du Mali), ou interétatiques, à l’image de sa médiation dans la question du «barrage de la Renaissance», mais aussi ses efforts visant à trouver une solution à la question sahraouie, conformément aux décisions de la légitimité internationale en vue de mettre fin ainsi à l’occupation marocaine de ce territoire.
    Médiation entre les pays du delta du Nil
    Les récentes tournées du chef de la diplomatie algérienne, M. Ramtane Lamamra, sont la preuve évidente que l’Algérie continue à jouer positivement son rôle d’acteur efficace dans la résolution de nombre de crises, compte tenu de son capital-expérience dans ce domaine en Afrique. A ce titre, l’Algérie a lancé une initiative pour mettre fin au conflit entre les pays du bassin du Nil. Dans ce contexte, à l’occasion d’une entrevue périodique accordée à la presse nationale, Monsieur le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que cette initiative a eu un écho favorable de la part de l’Egypte, du Soudan et de l’Ethiopie, car elle est conforme au texte de la Déclaration de principes sur le barrage de la Renaissance, signée le 23 mars 2015 à Khartoum. Notamment le dixième principe.
    Pour sa part, le chef de la diplomatie algérienne, s’est rendu en juillet dernier en Ethiopie où il a eu des consultations avec la présidente du pays, Mme Sahle Work Zewdi. Par la suite, M. Lamamra s’est déplacé au Soudan pour une visite de travail. Il a été reçu par le président du Conseil de souveraineté, le général Abdel Fattah Al Burhan.
    Dans le cadre de sa tournée africaine, le chef de la diplomatie s’est également rendu en République arabe d’Egypte, où il a été reçu par le président égyptien Abdel Fattah al Sissi. La complexité du dossier du barrage de la renaissance a fait que, selon le ministre des Affaires étrangères, M. Lamamra, les relations entre les trois pays du bassin du Nil passent par une conjoncture qu’il qualifie de «délicate». Cependant, il pense que l’Algérie est capable de faire sortir les négociations de l’impasse et de jouer pleinement un rôle de médiation afin de parvenir à une solution à leurs différends, grâce aux relations privilégiées qu’elle entretient avec eux et la place qu’elle occupe au sein de l’Union africaine.
    – Le dossier malien L’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger a été évoqué lors de la rencontre du chef de la diplomatie algérienne avec l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies au Mali et le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, M. Ghassim Wane. Ce dernier a salué le rôle pivot de l’Algérie dans la résolution de la crise politique et sécuritaire au Mali, à la lumière notamment de la dégradation continue de la situation sécuritaire dans le pays, suite aux récents attentats terroristes qui ont fait 51 morts dans les villages de Karo, Otagona et Dautigift, situés dans la région de Gao, au Nord du Mali. Ces attentats ont coïncidé avec la mort de 12 soldats dans une embuscade terroriste contre une des unités militaires appelée Groupe de surveillance à action rapide, stationnée dans la région de la Boucle de Mohon, au Burkina Faso, à la frontière avec le Mali.
    A ceci s’ajoute un autre attentat terroriste perpétré par des hommes armés à bord de motos, visant un village de la région de Tillabéri, dans l’Ouest du Niger, qui a fait au moins 58 morts. L’intérêt porté par l’Algérie à son voisinage géographique est dû à la complexité de la scène sécuritaire au Mali et dans le triangle frontalier qui l’unit au Niger et au Burkina Faso.
    Cette situation sécuritaire a été évoquée par Monsieur le général de corps d’armée, chef d’état-major de l’ANP, Saïd Chanegriha, lors de sa rencontre avec le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU (RSSG) pour le Mali et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Il a souligné que l’Algérie, en vertu des liens historiques et ses politiques de bon voisinage avec les pays de la région, a toujours consenti à soutenir le Mali afin qu’il recouvre la paix et la stabilité, notamment en tant que chef de file de la médiation internationale pour le Comité de suivi de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali. 
    Il s’agit du Comité réuni le 27 août dernier, sous la présidence de M. Ramtane Lamamra, à l’occasion d’une visite effectuée au Mali. La réunion a été consacrée à l’évaluation du processus de paix et de réconciliation, issu du processus d’Alger et à la recherche des voies et moyens susceptibles de permettre une accélération de son application. Lors de cette réunion, il a été procédé également à l’installation de l’ambassadeur Boudjemaâ Delmi dans sa nouvelle fonction de président du Comité de suivi de l’Accord (CSA) succédant à l’ambassadeur Boualem Chebihi qui a assuré cette mission au cours des deux dernières années. 
    M. Lamamra a saisi l’occasion de cette visite pour recevoir, au siège de l’ambassade d’Algérie, une vingtaine de dirigeants des mouvements signataires de l’Accord, avec lesquels il a abordé l’état d’opérationnalisation des principales dispositions de celuici dans la perspective de la restauration de la paix et de la stabilité au Mali et de la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Etat malien.
    – Tunisie et Libye
    L’Algérie suit avec intérêt l’évolution politique qui prévaut ces derniers temps en Tunisie, au regard des fortes relations qui unissent les deux pays. Au cours de sa visite en Tunisie, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Ramtane Lamamra, a été reçu en audience, à deux reprises, par le président tunisien, M. Kaïs Saïed. Cette rencontre traduit la concordance totale des points de vue et la volonté de fédérer les efforts pour faire face aux défis communs aux deux pays à plus d’un niveau, ainsi que la solidarité mutuelle pour faire face à la pandémie de coronavirus.
    L’Algérie est convaincue que la Tunisie surmontera cette période délicate grâce aux mesures politiques prises par le président tunisien en faveur du changement. Concernant les derniers développements de la situation en Libye, M. Lamamra, a précisé que la scène libyenne enregistre un progrès remarquable, notamment après l’annonce par le Comité militaire mixte libyen de l’ouverture de la route côtière reliant l’Est et l’Ouest du pays, en attendant la mise en œuvre de la feuille de route du Forum pour le dialogue politique et la tenue des élections, le 24 décembre prochain.
    Pour concrétiser cette démarche, l’Algérie a organisé à la fin du mois dernier une réunion ministérielle des pays du voisinage libyen, pour discuter des voies d’appui au processus politique et des efforts consentis pour l’organisation des élections en Libye. Ont pris part à la réunion les ministres des Affaires étrangères de Libye, de Tunisie, d’Egypte, du Soudan, du Niger, du Tchad et de la République du Congo, en plus de l’envoyé du Secrétaire général de l’ONU pour la Libye, le Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes et le ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo (RDC).
    L’Algérie face à ses détracteurs
    Parler de ce sujet nous amène nécessairement à évoquer les manœuvres «diplomatiques» que le royaume du Maroc mène contre l’Algérie, avec la bénédiction officielle de l’entité sioniste. Cette collusion est désormais évidente et publique, alors qu’auparavant elle était non déclarée.
    Etrangement, et aussitôt après que le roi du Maroc eut prononcé le prétendu discours de «la main tendue», que des observateurs affiliés au régime du Makhzen ont jugé de nature à établir des relations bilatérales fondées sur la confiance avec l’Algérie !!, le royaume chérifien a reçu le Premier ministre de l’entité sioniste en visite officielle, pour la signature de trois traités avec le Maroc, dont le contenu n’a pas été rendu public.
    Le ministre de l’entité sioniste a profité de l’occasion pour dénigrer l’Algérie pour ses positions de principe immuables et lui reprochant son action en vue d’empêcher l’adhésion de l’entité sioniste à l’Union africaine en tant qu’observateur avant d’exprimer les inquiétudes de son pays quant à ses alliances sur la scène régionale et internationale.
    De quel «Bon voisinage» parlent les décideurs au Maroc alors que leurs discours sont en totale contradiction avec leurs attitudes ? De quelle ouverture de frontières parle «angéliquement» le discours royal alors que dans les faits l’attitude du Maroc donne chaque fois à l’Algérie toutes les raisons de les verrouiller ?
    Les provocations marocaines ne se sont pas arrêtées là, puisque le représentant du Maroc aux Nations unies a évoqué, dans une scène hilarante, le «droit du peuple kabyle à l’autodétermination», une position qui n’a aucun sens d’un point de vue politique, diplomatique, juridique ou même éthique. Le royaume du Maroc a ouvertement joué le rôle d’un Etat exécuteur des agendas sionistes en Afrique et caresse l’espoir que son alliance avec l’entité sioniste lui permettra de devenir un Etat pivot, sachant que le Makhzen est loin de faire bonne figure au sein de l’opinion publique marocaine qui rejette la normalisation avec l’entité sioniste. Un rejet perceptible tant au niveau de la rue marocaine qu’au sein de la majorité de la classe politique du royaume.
    L’Algérie a tout à fait le droit de rejeter la demande d’adhésion de l’entité sioniste à l’Union africaine, une adhésion qui en outre est en violation flagrante de la déclaration constitutive de l’Union africaine. La doctrine diplomatique algérienne, fondée sur des positions immuables et honorables répondant pleinement à sa doctrine sécuritaire et militaire, œuvre désormais à assurer la sécurité et la stabilité politique, sécuritaire et économique dans son environnement maghrébin, africain et arabe et ce, en conformité avec les conventions et traités internationaux. 
    Assurer un rôle positif est la préoccupation majeure de la diplomatie algérienne, dans le respect de ses engagements découlant de ses relations historiques avec tous les pays. Il n’est un secret pour personne que la sécurité de l’Algérie est visée par des pays envieux de la place honorable qu’elle occupe à tous les niveaux. Une position qui lui a permet d’être sollicitée pour des médiations diplomatiques dans de nombreux foyers de tension, en particulier sur le continent africain.
    El Djeïch, septembre 2021
  • Algérie : L’agence Anadolou confond Messahel avec Lamamra

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    Rapportant l’appel téléphonique partagé par le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, avec l’américain Anthony Blinken, l’agence de presse y a joint une photo de l’ancien ministre algérien Abdelkader Messahel.

    Citant un twit publié par Lamamra, Anadolou a indiqué que les deux responsables ont interchangé au sujet «  des questions bilatérales, régionales et internationales ».

    La même source a indiqué que « Lamamra était en tournée africaine la semaine dernière qui comprenait la Tunisie, l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte ».

    Dans le même contexte, selon le porte-parole du Département d’Etat américain, Ned Price, « le secrétaire Blinken a réitéré l’engagement des États-Unis à aider l’Algérie dans la lutte contre le COVID-19, notamment en faisant don de vaccins via COVAX, plus de 4 millions de dollars d’aide d’urgence directe et un hôpital de campagne à la pointe de la technologie ». 

    « Le secrétaire et le ministre des Affaires étrangères ont également discuté des priorités régionales, notamment des développements en Tunisie, en Libye et au Sahel. Ils ont convenu de la nécessité d’une Libye souveraine, stable et unifiée sans ingérence étrangère. Ils ont également discuté des efforts de l’Algérie pour diversifier son économie et attirer davantage d’investissements commerciaux américains », conclue-t-il.

  • L’Egypte et l’Algérie trouvent un terrain d’entente sur la crise libyenne

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    L’Égypte et l’Algérie sont en désaccord sur la manière de gérer la situation en Libye, mais cela pourrait changer.

    L’Egypte et l’Algérie prévoient de renforcer leur coordination sur la situation en Libye voisine, où les efforts pour organiser des élections législatives et présidentielles plus tard cette année semblent avoir atteint une impasse.

    Le président égyptien Abdel-Fattah al-Sisi s’est entretenu le 1er août au Caire avec le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra pour discuter d’une série de questions régionales, y compris les développements en Libye ravagée par la guerre.

    Un communiqué présidentiel a déclaré que les deux parties étaient d’accord sur le renforcement de la coordination égypto-algérienne « pour faire respecter la volonté du peuple libyen en soutenant les institutions libyennes et en soutenant les efforts actuels pour assurer la sécurité et la stabilité et maintenir l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Libye ».

    Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, a déclaré que les troubles en Libye avaient un impact négatif sur l’Égypte et l’Algérie. Il a ajouté lors d’une conférence de presse avec son homologue algérien que les deux pays soutiennent les efforts visant à organiser des élections libyennes à temps en décembre afin d’aider à rétablir la stabilité en Libye et à expulser les forces étrangères et les milices terroristes du pays.

    Lamamra a déclaré que l’ Algérie et l’Egypte, en tant que voisins de la Libye, ont une « responsabilité particulière » pour aider à restaurer la stabilité dans la nation nord-africaine. Le ministre algérien a déclaré avoir transmis un message du président algérien Abdelmadjid Tebboune au dirigeant égyptien sur la nécessité de renforcer la coopération et les relations historiques entre l’Algérie et l’Egypte.

    « Il y a des défis et des problèmes qui nécessitent de la patience, de la vigilance et un soutien à la légitimité libyenne pour aider à sortir la Libye de cette phase tragique », a déclaré Lamamra.

    L’Egypte et l’Algérie ont de longues frontières avec la Libye. Les deux pays ont lutté depuis l’éviction et la mort subséquente de l’homme fort libyen Mouammar Kadhafi en 2011 pour contenir les militants et les brigades d’anciens rebelles et milices.

    La Libye a été divisée à partir de 2014 entre un gouvernement internationalement reconnu à Tripoli et une administration rivale basée dans l’est de la Libye. Un processus de paix dirigé par l’ONU a conduit à un cessez-le-feu entre les rivaux en guerre du pays l’année dernière et un gouvernement d’unité a été formé en février et approuvé par le Parlement en mars pour conduire la nation déchirée par la guerre aux élections du 24 décembre .

    Hussein Haridy, ancien ministre adjoint des Affaires étrangères chargé des affaires arabes, a déclaré par téléphone à Al-Monitor que la coordination entre l’Égypte et l’Algérie sur la crise libyenne acquiert une importance particulière, en particulier à la suite des troubles politiques en Tunisie.

    « L’Égypte et l’Algérie ont la responsabilité de se tenir aux côtés de la Libye et de la Tunisie afin de rétablir la sécurité et la stabilité dans les deux pays, car l’Égypte et l’Algérie se rendent compte que la sécurité et la stabilité en Afrique du Nord dépendent de la réalisation de cet objectif et que toute instabilité en Libye et en Tunisie faire le jeu des groupes terroristes », a déclaré Haridy.

    L’Egypte et l’Algérie sont en désaccord sur la manière de gérer la situation en Libye. Alors que l’ Égypte , ainsi que les Émirats arabes unis et la France, ont soutenu l’armée nationale libyenne du commandant Khalifa Hifter, l’ Algérie s’est opposée au commandant oriental, dont les forces ont lancé une offensive en 2019 pour capturer la capitale, Tripoli, au gouvernement d’entente nationale. Cette attaque a été repoussée par les forces du gouvernement d’accord national soutenu par la Turquie.

    Haridy a déclaré que l’attaque de Hifter contre Tripoli en 2019 avait « mélangé les cartes » et affaibli la coordination entre l’Egypte, l’Algérie et la Tunisie sur la crise libyenne.

    « Mais après la conférence de Berlin en janvier 2020 et le lancement du processus politique en Libye, les positions de l’Egypte et de l’Algérie sont devenues identiques concernant la situation en Libye », a-t-il déclaré.

    Jalel Harchaoui, chercheur principal à l’Initiative mondiale contre le crime organisé transnational basée à Genève et expert de l’Afrique du Nord, a déclaré que l’Algérie était considérée comme pro-Turquie par des acteurs libyens tels que les Émirats arabes unis.

    Il a déclaré qu’en janvier 2020, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait demandé à l’Algérie l’autorisation d’utiliser son territoire dans le but d’intervenir militairement en Libye, une demande rejetée par l’Algérie.

    « Abou Dhabi, cependant, était toujours extrêmement en colère contre les Algériens parce qu’ils n’ont pas activement protesté, entravé ou bloqué l’aventure de la Turquie en Libye. À partir de là, les Émirats arabes unis considéraient Alger comme un complice complaisant d’Erdogan », a déclaré Harchaoui à Al-Monitor.

    En juin, Tebboune a déclaré qu’Alger était prêt à intervenir pour empêcher la chute de Tripoli aux mains des forces de Hifter.

    « Nous n’acceptons pas que la capitale d’un pays du Maghreb soit occupée par des mercenaires. Nous allions intervenir », a déclaré Tebboune dans une interview à la télévision Al Jazeera basée au Qatar.

    Lorsqu’on lui a demandé s’il s’agissait d’une intervention militaire, Tebboune a déclaré que l’Algérie serait intervenue d’une « manière ou d’une autre : nous n’allions pas rester les bras croisés et ne rien faire ».

    Harchaoui a déclaré que les commentaires de Tebboune « exacerbaient la colère des capitales arabes engagées dans la lutte contre les Frères musulmans ».

    L’Égypte a mis les Frères sur la liste noire en 2013, accusant le groupe islamiste d’incitation à la violence.

    Tebboune a déclaré que « pour des raisons internes liées aux élections législatives, son pari est tombé à plat. C’était une erreur évidente », a déclaré Harchaoui.

    Les élections présidentielles et parlementaires en Libye sont considérées comme une étape cruciale dans les efforts visant à ramener le pays riche en pétrole à la stabilité, mais les inquiétudes se sont accrues ces dernières semaines que le vote soit reporté au milieu d’un différend entre les rivaux du pays sur les questions juridiques et constitutionnelles cadres pour le concours.

    Le mois dernier, la présidente du parlement libyen, Aguila Saleh, a averti que tout retard des élections ramènerait la Libye à la « case un » des troubles post-Kadhafi.

    « Si les élections sont retardées, nous retournerons à la case départ », a déclaré Saleh à Reuters, accusant ensuite le gouvernement d’union nationale de ne pas avoir réussi à unifier les institutions libyennes.

    Le mois dernier, Tebboune a rencontré le chef du Conseil de la présidence libyenne, Mohamed Menfi, au cours duquel il a offert un « soutien absolu » à la Libye.

    « Il est important de comprendre qu’une grande partie de l’establishment sécuritaire à Alger se méfie de la Turquie et s’oppose à toutes les formes d’islam politique », a déclaré Harchaoui.

    « Lamamra, le ministre algérien des Affaires étrangères, chevronné et charismatique, est sans doute plus proche de ce milieu. En tendant la main à l’Égypte et à la Tunisie, il poursuit une voie plutôt conservatrice au nom d’une faction importante au pouvoir en Algérie.

    Al Monitor, 07/08/2021

  • Le malheur de la Tunisie fait le bonheur de certains pays arabes

    Des voix influentes en Égypte, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis célèbrent la crise tunisienne comme un coup porté à l’islam politique.

    Les Tunisiens s’efforcent de comprendre la crise politique que traverse leur pays après que le président a brusquement limogé le premier ministre et suspendu le parlement dimanche soir.
    Pour certains en Tunisie, seule démocratie survivante du Printemps arabe, les mesures prises contre les institutions dirigées ou soutenues par Ennahda, un parti islamiste modéré, équivalent à un coup d’État. D’autres ont salué la mise à l’écart de dirigeants politiques qu’ils considèrent comme dysfonctionnels et répressifs. Les groupes de la société civile sont restés sur la touche. Le président Kais Saied, quant à lui, a insisté sur la légalité de ces mesures.
    Mais le discours des principaux acteurs du monde arabe pour lesquels l’héritage du Printemps arabe en Tunisie représente un défi évident – l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte – était beaucoup plus univoque : Les événements en Tunisie ont sonné le glas de l’islam politique en démocratie.
    Les journaux, les commentateurs de télévision et les influenceurs des médias sociaux en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et en Égypte ont salué le geste de Saied comme le triomphe de la volonté populaire sur Ennahda. Les trois pays – ainsi que les opposants tunisiens à Ennahda – ont cherché pendant des années à lier le parti aux Frères musulmans transnationaux et l’ont accusé d’encourager le terrorisme. Ennahda a depuis longtemps désavoué ses liens avec la confrérie.
    « La Tunisie se révolte contre la confrérie », a proclamé le journal saoudien semi-officiel Okaz. Le média émirati 24Media a salué « une décision courageuse pour sauver la Tunisie ». Le quotidien égyptien Al-Ahram a qualifié les événements de « perte du dernier bastion des Frères dans la région » – et Ahmed Moussa, un éminent animateur de télévision égyptien que certains ont comparé à Sean Hannity, a déclaré que le monde arabe assistait à la « chute finale » des Frères musulmans.
    Selon les analystes, ce blitz médiatique montre que les pays autocratiques ont saisi l’occasion de faire avancer leur objectif commun, qui est d’étouffer le soutien à l’islam politique dans la région. L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte considèrent tous les mouvements affiliés aux Frères musulmans, qui défendent un programme politique islamiste, comme une menace existentielle pour leurs régimes, en particulier à la lumière du soutien populaire que les groupes islamistes ont obtenu après les soulèvements du Printemps arabe il y a dix ans.
    « Il n’a pas été question des institutions tunisiennes ni du maintien d’une quelconque gouvernance démocratique ; le pays est simplement présenté comme un peuple qui s’est libéré d’un gouvernement islamiste oppressif », a déclaré Elham Fakhro, analyste principal du Golfe à l’International Crisis Group.
    Ennahda a recueilli le plus de voix lors de la première élection démocratique de la Tunisie après la révolution de 2011.
    En Égypte, le seul autre pays du Printemps arabe à faire la transition vers la démocratie, les Frères musulmans ont obtenu de bons résultats dans les sondages – avant d’être évincés par un coup d’État militaire en 2013 qui a rapidement obtenu le soutien de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis.
    Le coup d’État égyptien a effrayé Ennahda, qui a conclu des alliances avec des partis laïques.
    Mais sa popularité a baissé depuis, et la colère envers le parti est montée l’année dernière, alors que la pandémie ravageait le pays et son économie et qu’un mouvement contre les brutalités policières gagnait du terrain. Des appels se sont multipliés en faveur de la dissolution du Parlement, qui est dirigé par le très impopulaire chef d’Ennahda, Rachid Ghannouchi.
    Le président tunisien renvoie le Premier ministre, démantèle le gouvernement et gèle le Parlement.
    La décision de M. Saied de geler le Parlement et de limoger le Premier ministre a fait suite à des manifestations qui semblaient largement dirigées contre Ennahda. Des vidéos diffusées sur les médias sociaux montrent des manifestants en train de vandaliser les bureaux locaux du parti.
    Les partisans de Saied ont afflué dans les rues de la capitale et d’autres villes pour faire la fête après son annonce dimanche soir.
    Ennahda, quant à lui, a dénoncé le geste de Saied comme un coup d’État. Dans une déclaration mardi, Ghannouchi a déclaré que le parti appelait à de nouvelles consultations et demandait instamment à Saied de revenir sur sa suspension du parlement.
    La jeune démocratie tunisienne, seule survivante du printemps arabe, est en crise après que le président ait pris des pouvoirs d’urgence.
    La publication égyptienne indépendante Mada Masr a cité mardi des responsables gouvernementaux anonymes affirmant que l’Égypte pensait que les mesures prises par Saied visaient à réduire l’influence politique d’Ennahda, mais que Le Caire espérait la fin de la démocratie tunisienne, qui continue d’inspirer les militants égyptiens.
    Le ministre tunisien des affaires étrangères s’est entretenu lundi avec son homologue saoudien, qui a déclaré que l’Arabie saoudite soutenait tous les efforts visant à assurer « la sécurité, la stabilité et la prospérité » en Tunisie, a rapporté l’agence de presse saoudienne. Les Émirats arabes unis n’ont pas encore fait de commentaire public. Mais les États autoritaires contrôlent étroitement l’expression, de sorte que les experts ont déclaré que les rapports et les commentaires dans les médias reflètent la ligne du gouvernement.
    L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis « verraient [l’évolution de la situation en Tunisie] comme une victoire pour le type de politique étrangère qu’ils ont essayé de promouvoir dans la région », a déclaré M. Fakhro, une politique qui vise à contrer l’idéologie islamiste.
    Les influenceurs des médias sociaux ont également poussé ce discours. Marc Owen Jones, professeur à l’université Hamad Bin Khalifa de Doha, a déclaré avoir vu des preuves de ce qui semble être des campagnes de manipulation sur Twitter, menées en grande partie par des influenceurs saoudiens et émiratis. Jones a analysé des milliers de tweets et a constaté que la plupart des utilisateurs qui tweetent ou retweetent des messages avec le hashtag « La Tunisie se révolte contre la confrérie » indiquent que leur localisation est l’Arabie saoudite, l’Égypte ou les Émirats arabes unis. « Pour moi, c’est absolument typique des campagnes émiraties et saoudiennes », a déclaré Jones. « C’est presque comme une signature classique des comptes que l’on s’attend à voir s’engager dans ce type de comportement ».
    Twitter divulgue quand il découvre des opérations d’information liées à l’État, et a suspendu des centaines de comptes originaires des Émirats arabes unis et de l’Égypte et des milliers liés à des campagnes d’information soutenues par l’Arabie saoudite ces dernières années.
    Bien que l’impact de ces campagnes apparentes soit susceptible d’être limité, M. Fakhro a déclaré : « Cela soulève de nombreuses questions sur le degré d’implication des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite dans les événements de Tunis. »
    Trois jours avant l’annonce de Saied, Dhahi Khalfan Tamim, chef adjoint de la police de Dubaï, a tweeté un message énigmatique : « Bonne nouvelle … un nouveau coup … puissant. … à venir pour la Confrérie ».
    Dans une interview accordée lundi au service arabe de la chaîne publique turque TRT, Ghannouchi a accusé les médias émiratis de pousser à un « coup d’État » en Tunisie. La couverture médiatique en Turquie, qui soutient Ennahda, a été largement favorable à Ghannouchi.
    Il n’existe aucune preuve que des gouvernements étrangers aient fait pression sur Saied pour qu’il agisse, et l’analyste tunisien Mohamed-Dhia Hammami a déclaré que cela était peu probable.
    Mais les forces de sécurité tunisiennes ont fait une descente dans le bureau d’Al Jazeera à Tunis lundi, suscitant des inquiétudes quant à une répression de la liberté de la presse. Al Jazeera est financée par le Qatar, qui est proche d’Ennahda et sympathise avec les groupes islamistes.
    Le sénateur Chris Murphy (D-Conn.) a demandé à l’administration Biden d’enquêter sur une éventuelle ingérence de l’Arabie saoudite et des EAU dans la crise politique tunisienne.
    Fakhro a qualifié de « frappantes » les similitudes entre les réponses des médias saoudiens et émiratis au coup d’État de 2013 en Égypte et leur couverture de la Tunisie ces derniers jours. »
    Pourtant, des différences importantes dans les contextes subsistent. Saied a déclaré lundi aux groupes de défense des droits des Tunisiens qu’il restait attaché aux libertés civiles et au processus démocratique, et il a dit que le gel du parlement serait temporaire.
    « Ce qui se passe en Tunisie n’est pas une révolution contre les Frères musulmans » mais plutôt une réaction à « la paralysie de la vie politique », a écrit lundi sur Facebook le présentateur de la télévision égyptienne Moataz Abdelfattah.
    Mais quoi qu’il arrive en Tunisie, qui a été considérée comme le symbole de la promesse révolutionnaire dans la région, cela aura des répercussions, a déclaré H.A. Hellyer, spécialiste du Moyen-Orient à la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
    « Les opposants à cette lutte pour un gouvernement responsable vont essayer de contenir leur joie face à ce pas très important en direction d’un processus responsable, d’autant plus qu’il est dépeint dans de nombreux secteurs comme une compression d’un courant pro-islamiste auquel ils s’opposent », a-t-il déclaré.
    Etiquettes : Tunisie, Arabie Saoudite, Egypte, Emirats Arabes Unis, EAU, printemps arabe,
  • Les vaccins: un outil géopolitique au Moyen-Orient

    L’Égypte, le Maroc, les Émirats arabes unis et d’autres pays produisent leurs propres vaccins COVID-19. Ces vaccins sont également utilisés pour faire avancer les ambitions internationales.

    La semaine dernière, l’Egypte a annoncé qu’elle avait réussi à fabriquer son premier million de doses de vaccin COVID-19.

    Il s’agit d’une étape importante pour les 104 millions d’Égyptiens, dont seulement 1 % environ est entièrement vacciné. Mais elle pourrait également être considérée comme un progrès vers les objectifs de politique étrangère du pays, la diplomatie vaccinale prenant de l’ampleur au Moyen-Orient.

    La diplomatie vaccinale fait référence à l’utilisation des vaccins COVID-19 pour promouvoir les intérêts internationaux des pays. Le terme a probablement été utilisé le plus fréquemment en référence aux tentatives de la Russie et de la Chine de se faire des amis et d’influencer les populations dans les régions du monde où le déploiement du vaccin a été plus lent.

    « La Chine et la Russie ont utilisé des contrats de fourniture de vaccins et de licence très médiatisés avec divers États du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord pour gagner du terrain dans la région. Il est clair que leur approvisionnement en vaccins dans la région a des objectifs tant politiques que commerciaux », a déclaré à DW Yasmina Abouzzohour, membre du Brookings Doha Center.

    Alors que les nations du Moyen-Orient commencent à fabriquer des vaccins pour elles-mêmes, a déclaré Abouzzohour, « la diplomatie des vaccins prend également une dimension régionale. »

    Ces derniers jours, les Émirats arabes unis, où environ 82 % de la population est vaccinée, la Turquie (36 %), l’Algérie (3 %) et l’Arabie saoudite (30 %) ont fait don, ou annoncé leur intention de faire don, d’un total d’environ 1,75 million de doses de vaccins qu’ils possédaient déjà à la Tunisie, qui est actuellement aux prises avec une flambée dévastatrice des infections.

    « Ces dons favoriseront les objectifs diplomatiques d’Abu Dhabi, d’Ankara, d’Alger et de Riyad », a déclaré M. Abouzzohour.

    La guerre de l’eau

    La diplomatie vaccinale pourrait également être utilisée pour promouvoir des objectifs de politique étrangère à plus long terme au Moyen-Orient et en Afrique.

    La coopération entre le fabricant public égyptien de vaccins, Vacsera, et la société chinoise Sinovac, pourrait permettre de produire 80 millions de doses et de vacciner 40 % de la population d’ici la fin de l’année. Toutefois, la production nationale aidera également l’Égypte à devenir une plaque tournante des vaccins pour le continent africain, a déclaré Heba Wali, directrice de Vacsera, aux médias.

    L’Afrique a besoin de davantage de vaccins. Les chiffres publiés en juillet suggèrent que moins de 2 % des 1,3 milliard d’habitants du continent ont été vaccinés.

    Il est possible que l’Égypte utilise la promesse de vaccins aux nations africaines sous-approvisionnées en échange d’un soutien sur l’une des questions de politique étrangère les plus importantes et les plus difficiles pour l’Égypte.

    L’Égypte est fortement tributaire de l’eau douce du Nil, qui traverse neuf autres pays africains. Ces derniers mois, le pays arabe s’est employé à signer des accords de développement militaire et économique avec diverses nations africaines, dans un contexte où les Égyptiens craignent les projets éthiopiens de construction de barrages sur le Nil. Les vaccins pourraient donner à l’Égypte une nouvelle occasion de faire avancer son agenda sur la question du Nil.

    Différends territoriaux

    L’Égypte n’est pas le seul pays de la région qui pourrait avoir des arrière-pensées lorsqu’il s’agit de distribuer des vaccins.

    Le Maroc a également annoncé son intention de commencer à produire son propre vaccin, en investissant environ 500 millions de dollars (420 millions d’euros) dans des partenariats avec Sinopharm et l’entreprise suédoise Recipharm. Environ un tiers des 37 millions d’habitants du Maroc ont reçu au moins une dose de vaccin COVID-19. Mais les nouvelles possibilités de production permettraient également au Maroc d’approvisionner à terme ses voisins d’Afrique.

    Les économistes estiment que cela pourrait être un moyen pour le Maroc de tirer davantage de revenus des exportations médicales. Mais cela soutiendrait également les ambitions du royaume en matière de politique étrangère.

    « Le Maroc conforterait son image d’acteur africain majeur et pourrait renforcer les liens avec les États d’Afrique subsaharienne, deux objectifs qu’il poursuit avec ferveur depuis 2016 », a déclaré Abouzzohour.

    Cela pourrait également aider la campagne de longue haleine du pays autour de l’un de ses objectifs de politique étrangère les plus chers : faire en sorte que davantage de membres de l’Union africaine reconnaissent sa souveraineté sur le territoire contesté du Sahara occidental.

    Sphère d’influence

    Les rivalités régionales peuvent également jouer un rôle dans les ambitions des Émirats arabes unis en matière de fabrication de vaccins. La société technologique G42, basée à Abu Dhabi, s’est associée à la société chinoise Sinopharm pour commencer à produire son propre vaccin, appelé Hayat, ou « vie » en arabe. En mai, les Émirats arabes unis sont devenus le premier pays arabe à produire son propre vaccin COVID-19.

    Le succès des EAU en matière de vaccins a eu un impact économique positif. Les taux élevés de vaccination ont attiré les étrangers, qui étaient partis en masse au début de la pandémie, vers les États du Golfe pour y travailler ou y passer des vacances. Selon le gouvernement, les Émirats arabes unis ont également l’occasion de diversifier leur industrie en s’éloignant de la production pétrolière.

    Mais la production de vaccins a également une dimension de politique étrangère distincte.

    « La diplomatie vaccinale de la Chine aux Émirats arabes unis ne doit pas être considérée comme une voie à sens unique », a écrit Sophie Zinser, membre de Chatham House qui se concentre sur le rôle de la Chine au Moyen-Orient, dans un éditorial de mars du South China Morning Post. « Elle est en symbiose avec la stratégie à long terme des Émirats pour développer l’industrie manufacturière et renforcer le capital politique », a-t-elle ajouté. « Ses choix en matière de dons auront des ramifications politiques dans toute la région ».

    En avril, les Émirats arabes unis ont déclaré qu’ils pourraient contribuer à la construction d’une usine de production de vaccins en Indonésie, le plus grand pays à majorité musulmane du monde, où ils concluent depuis plusieurs années des accords de développement de plusieurs milliards de dollars.

    Cette semaine, les EAU ont accepté d’aider la Serbie à mettre en place des installations de production de vaccins. Les Émiratis comptent parmi les plus gros investisseurs dans le pays des Balkans depuis plus de dix ans.

    En soutenant la Serbie, « les EAU prennent pied dans une région à la croisée des chemins entre l’UE et le Moyen-Orient et ont l’occasion de garder un œil sur leur rival, la Turquie, qui est également active dans les Balkans », explique le Middle East Institute, basé à Washington, dans un rapport publié la semaine dernière.

    L’hésitation à se faire vacciner

    Rien de tout cela n’aura d’importance si les populations d’Afrique ou du Moyen-Orient ne veulent pas se faire vacciner avec ce qui est produit, a déclaré Eckart Woertz, directeur de l’Institut GIGA d’études sur le Moyen-Orient, basé à Hambourg.

    « Il y a un grand besoin de vaccins, et ces pays veulent se positionner d’une certaine manière », a déclaré Woertz. « Mais je crois que tout dépendra de la popularité réelle des vaccins qu’ils fabriquent. »

    Certaines questions demeurent quant à l’efficacité des vaccins chinois et russes, a-t-il ajouté. L’année prochaine, les fabricants européens et américains pourraient également faire don de davantage de vaccins aux nations dans le besoin. « D’ici 2022, les pays en développement pourraient se retrouver dans une situation où, s’ils ont le choix entre différents vaccins, ils pourraient ne pas choisir les vaccins d’origine chinoise ou russe », a averti M. Woertz.

    DW, 15/07/2021

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