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  • Comment l’IA pourrait prendre le contrôle des élections – et saper la démocratie

    Etiquettes : Intelligence artificielle, élections, démocratie, ChatGPT, OpenAI,

    Les organisations pourraient-elles utiliser des modèles de langage d’intelligence artificielle tels que ChatGPT pour inciter les électeurs à se comporter de manière spécifique?

    Le sénateur Josh Hawley a posé cette question au PDG d’OpenAI, Sam Altman, lors d’une audience du Sénat américain sur l’intelligence artificielle le 16 mai 2023. Altman a répondu qu’il craignait en effet que certaines personnes puissent utiliser des modèles linguistiques pour manipuler, persuader et engager des interactions individuelles avec les électeurs.

    Altman n’a pas élaboré, mais il aurait pu avoir quelque chose comme ce scénario en tête. Imaginez que bientôt, les technologues politiques développent une machine appelée Clogger – une campagne politique dans une boîte noire. Clogger poursuit sans relâche un seul objectif : maximiser les chances que son candidat – la campagne qui achète les services de Clogger Inc. – l’emporte lors d’une élection.

    Alors que des plateformes comme Facebook, Twitter et YouTube utilisent des formes d’IA pour amener les utilisateurs à passer plus de temps sur leurs sites, l’IA de Clogger aurait un objectif différent: changer le comportement de vote des gens.

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    Comment fonctionnerait Clogger

    En tant que politologue et juriste qui étudie l’intersection de la technologie et de la démocratie, nous pensons que quelque chose comme Clogger pourrait utiliser l’automatisation pour augmenter considérablement l’échelle et potentiellement l’efficacité des techniques de manipulation comportementale et de microciblage utilisées par les campagnes politiques depuis le début des années 2000. Tout comme les annonceurs utilisent votre historique de navigation et de médias sociaux pour cibler individuellement les publicités commerciales et politiques maintenant, Clogger ferait attention à vous – et à des centaines de millions d’autres électeurs – individuellement.

    Il offrirait trois avancées par rapport à l’état actuel de la manipulation algorithmique du comportement. Tout d’abord, son modèle linguistique générerait des messages – textes, médias sociaux et courriels, y compris peut-être des images et des vidéos – adaptés à vous personnellement. Alors que les annonceurs placent stratégiquement un nombre relativement restreint d’annonces, les modèles de langage tels que ChatGPT peuvent générer d’innombrables messages uniques pour vous personnellement – et des millions pour les autres – au cours d’une campagne.

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    Deuxièmement, Clogger utiliserait une technique appelée apprentissage par renforcement pour générer une succession de messages qui deviennent de plus en plus susceptibles de changer votre vote. L’apprentissage par renforcement est une approche d’apprentissage automatique, d’essais et d’erreurs, dans laquelle l’ordinateur prend des mesures et obtient des commentaires sur ce qui fonctionne le mieux afin d’apprendre à atteindre un objectif. Les machines qui peuvent jouer au Go, aux échecs et à de nombreux jeux vidéo mieux que n’importe quel humain ont utilisé l’apprentissage par renforcement.

    Troisièmement, au cours d’une campagne, les messages de Clogger pourraient évoluer afin de prendre en compte vos réponses aux dépêches précédentes de la machine et ce qu’elle a appris sur le changement d’avis des autres. Clogger serait capable de mener des « conversations » dynamiques avec vous – et des millions d’autres personnes – au fil du temps. Les messages de Clogger seraient similaires aux publicités qui vous suivent sur différents sites Web et médias sociaux.

    La nature de l’IA

    Trois autres fonctionnalités – ou bugs – méritent d’être notées.

    Tout d’abord, les messages envoyés par Clogger peuvent ou non avoir un contenu politique. Le seul objectif de la machine est de maximiser la part des votes, et elle concevrait probablement des stratégies pour atteindre cet objectif auxquelles aucun militant humain n’aurait pensé.

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    Une possibilité est d’envoyer aux électeurs adverses probables des informations sur les passions non politiques qu’ils ont dans le sport ou le divertissement pour enterrer les messages politiques qu’ils reçoivent. Une autre possibilité consiste à envoyer des messages rebutants – par exemple des publicités pour l’incontinence – programmés pour coïncider avec les messages des opposants. Et un autre manipule les groupes d’amis des électeurs sur les médias sociaux pour donner l’impression que leurs cercles sociaux soutiennent son candidat.

    Deuxièmement, Clogger n’a aucun respect pour la vérité. En effet, il n’a aucun moyen de savoir ce qui est vrai ou faux. Les « hallucinations » du modèle linguistique ne sont pas un problème pour cette machine car son objectif est de changer votre vote, pas de fournir des informations précises.

    Troisièmement, parce qu’il s’agit d’une boîte noire d’intelligence artificielle, les gens n’auraient aucun moyen de savoir quelles stratégies elle utilise.

    Logo

    Si la campagne présidentielle républicaine devait déployer Clogger en 2024, la campagne démocrate serait probablement obligée de répondre de la même manière, peut-être avec une machine similaire. Appelez-le Dogger. Si les directeurs de campagne pensaient que ces machines étaient efficaces, la course à la présidence pourrait bien se résumer à Clogger contre Dogger, et le gagnant serait le client de la machine la plus efficace.

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    Les politologues et les experts auraient beaucoup à dire sur les raisons pour lesquelles l’une ou l’autre IA a prévalu, mais probablement personne ne le saurait vraiment. Le président aura été élu non pas parce que ses propositions politiques ou ses idées politiques ont persuadé plus d’Américains, mais parce qu’il ou elle avait l’IA la plus efficace. Le contenu qui l’a emporté aurait été d’une IA axée uniquement sur la victoire, sans idées politiques propres, plutôt que de candidats ou de partis.

    Dans ce sens très important, une machine aurait gagné l’élection plutôt qu’une personne. L’élection ne serait plus démocratique, même si toutes les activités ordinaires de la démocratie – les discours, les publicités, les messages, le vote et le dépouillement des votes – auront eu lieu.

    Le président élu par l’IA pourrait alors prendre l’une des deux voies. Il ou elle pourrait utiliser le manteau électoral pour poursuivre les politiques du parti républicain ou démocrate. Mais parce que les idées du parti n’ont peut-être pas grand-chose à voir avec la raison pour laquelle les gens ont voté comme ils l’ont fait – Clogger et Dogger ne se soucient pas des opinions politiques – les actions du président ne refléteraient pas nécessairement la volonté des électeurs. Les électeurs auraient été manipulés par l’IA plutôt que de choisir librement leurs dirigeants politiques et leurs politiques.

    Une autre voie pour le président est de poursuivre les messages, les comportements et les politiques qui, selon la machine, maximiseront les chances de réélection. Sur cette voie, le président n’aurait pas de plate-forme ou de programme particulier au-delà du maintien au pouvoir. Les actions du président, guidées par Clogger, seraient les plus susceptibles de manipuler les électeurs plutôt que de servir leurs véritables intérêts ou même la propre idéologie du président.

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    Éviter la clogocratie

    Il serait possible d’éviter la manipulation électorale par l’IA si les candidats, les campagnes et les consultants renonçaient tous à l’utilisation d’une telle IA politique. Nous croyons que c’est peu probable. Si des boîtes noires politiquement efficaces étaient développées, la tentation de les utiliser serait presque irrésistible. En effet, les consultants politiques pourraient bien considérer l’utilisation de ces outils comme l’exige leur responsabilité professionnelle pour aider leurs candidats à gagner. Et une fois qu’un candidat utilise un outil aussi efficace, on ne peut guère s’attendre à ce que les opposants résistent en désarmant unilatéralement.

    Une meilleure protection de la vie privée serait utile. Clogger dépendrait de l’accès à de grandes quantités de données personnelles afin de cibler les individus, de créer des messages adaptés pour les persuader ou les manipuler, et de les suivre et de les recibler au cours d’une campagne. Chaque élément d’information que les entreprises ou les décideurs refusent à la machine la rendrait moins efficace.

    Une autre solution réside dans les commissions électorales. Ils pourraient essayer d’interdire ou de réglementer sévèrement ces machines. Il y a un débat féroce sur la question de savoir si un tel discours « réplicant », même s’il est de nature politique, peut être réglementé. La tradition extrême de liberté d’expression des États-Unis conduit de nombreux universitaires de premier plan à dis-le ne le peuvent pas.

    Mais il n’y a aucune raison d’étendre automatiquement la protection du Premier amendement au produit de ces machines. La nation pourrait bien choisir de donner des droits aux machines, mais cela devrait être une décision fondée sur les défis d’aujourd’hui, et non sur l’hypothèse erronée que les vues de James Madison en 1789 étaient destinées à s’appliquer à l’IA.

    Les régulateurs de l’Union européenne vont dans cette direction. Les décideurs politiques ont révisé le projet de loi sur l’intelligence artificielle du Parlement européen pour désigner les « systèmes d’IA pour influencer les électeurs dans les campagnes » comme « à haut risque » et soumis à un examen réglementaire.

    Une mesure constitutionnellement plus sûre, bien que plus petite, déjà adoptée en partie par les régulateurs européens de l’Internet et en Californie, consiste à interdire aux robots de se faire passer pour des personnes. Par exemple, la réglementation peut exiger que les messages de campagne soient accompagnés d’avertissements lorsque le contenu qu’ils contiennent est généré par des machines plutôt que par des humains.

    Ce serait comme les exigences de non-responsabilité de la publicité – « Payé par le Comité Sam Jones pour le Congrès » – mais modifié pour refléter son origine IA: « Cette publicité générée par l’IA a été payée par le Comité Sam Jones pour le Congrès. » Une version plus forte pourrait nécessiter: « Ce message généré par l’IA vous est envoyé par le Sam Jones pour le Comité du Congrès parce que Clogger a prédit que cela augmenterait vos chances de voter pour Sam Jones de 0,0002%. » À tout le moins, nous pensons que les électeurs méritent de savoir quand c’est un bot qui leur parle, et ils devraient également savoir pourquoi.

    La possibilité d’un système comme Clogger montre que le chemin vers la perte de pouvoir collectif humaine ne nécessite peut-être pas une intelligence générale artificielle surhumaine. Cela pourrait simplement nécessiter des militants et des consultants trop enthousiastes qui disposent de nouveaux outils puissants capables de pousser efficacement les nombreux boutons de millions de personnes.

    #Intelligence_artificielle #AI #IA #Elections

  • Le parti au pouvoir en Mauritanie, l’Insaf, remporte la majorité parlementaire

    Etiquettes : Mauritanie, élections, Insaf,

    Le parti au pouvoir Insaf en Mauritanie a obtenu une majorité confortable au prochain parlement, remportant plus de 100 sièges, selon les résultats partiels du second tour des élections législatives, qui se sont tenus samedi.

    L’Insaf a remporté plus de 23 sièges au second tour en plus des 80 sièges qu’elle avait déjà remportés au premier tour.

    Avec au moins 103 sièges au prochain parlement, le parti s’est assuré une majorité parlementaire confortable et sans précédent.

    Le parti Insaf dépasse l’ancien parti au pouvoir, le Parti de l’Union pour la République, qui s’est rétabli en 2022 sous le nom de Parti de l’équité, et qui a obtenu 93 sièges parlementaires lors des élections précédentes.

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    #Mauritanie #Insaf #Elections

  • Erdoğan mène une fausse campagne populiste « anti-impérialiste » aux élections turques

    Etiquettes : Turquie, Turkiye, Regep Tayyip Erdogan, élections,

    Le second tour de l’élection présidentielle turque, qui est surveillé de près dans le monde entier, aura lieu demain. Le président sortant Recep Tayyip Erdoğan, candidat de l’Alliance du peuple, qui a remporté 49,5 % des voix au premier tour du 14 mai, affrontera le candidat de l’Alliance de la nation, Kemal Kılıçdaroğlu, qui a obtenu 44,9 %.

    Si Erdoğan est actuellement en tête des sondages, après avoir remporté le premier tour avec son Parti de la justice et du développement (AKP) arrivant également en tête des élections législatives, ce n’est pas parce que les conditions de vie des travailleurs s’améliorent en Turquie. Elle est plutôt due à la faillite de l’opposition bourgeoise dirigée par Kılıçdaroğlu, qui est soutenu par le Parti démocratique des peuples (HDP) nationaliste kurde et de nombreux partis de pseudo-gauche.

    La Turquie, située à quelques centaines de kilomètres au sud de la guerre OTAN-Russie en Ukraine, est en danger imminent d’être entraînée dans la guerre. Officiellement, l’inflation est d’environ 40 pour cent, bien que des calculs indépendants montrent qu’elle est d’environ 105 pour cent, réduisant le pouvoir d’achat de la classe ouvrière. Le tremblement de terre turco-syrien, qui a coûté la vie à plus de 50 000 personnes et laissé des millions de personnes déplacées rien qu’en Turquie, a encore exacerbé cette crise.

    La censure de l’opposition par Erdoğan, les arrestations antidémocratiques généralisées de membres du HDP et le recours à la répression de l’État ont sans aucun doute joué un rôle dans son succès électoral. Cependant, le facteur décisif a été sa capacité à exploiter l’orientation effrontée et réactionnaire de Kılıçdaroğlu envers l’impérialisme américain et l’OTAN, ainsi que ses liens avec les cercles financiers internationaux. Sur cette base, Erdoğan s’est dépeint comme un « moindre mal ».

    Erdoğan, un politicien islamiste de droite, qui pendant plus de deux décennies à la tête de la Turquie a été un membre critique de l’alliance de l’OTAN dirigée par les États-Unis coopérant avec les puissances impérialistes avec lesquelles la bourgeoisie turque a des liens militaires et économiques profondément enracinés. Cela s’est poursuivi malgré les tensions qui ont conduit à un coup d’État manqué soutenu par l’OTAN en Turquie en 2016 qui a presque réussi à assassiner Erdoğan.

    Erdoğan peut néanmoins exploiter l’opposition généralisée de larges sections de travailleurs aux puissances impérialistes et au capital financier international, parce que l’orientation ouverte de Kılıçdaroğlu vers l’impérialisme lui permet de se présenter faussement comme un « leader anti-impérialiste ».

    Erdoğan a insisté sur cette question dès le début de sa campagne électorale. Lors de son premier rassemblement en avril, il a déclaré :

    Comme vous en êtes témoins, toute notre vie politique a été consacrée à la lutte contre les impérialistes et leurs sous-traitants. Nous avons défié l’impérialisme. … Dans les opérations en Syrie et en Irak [par la Turquie depuis 2016], nous avons déjoué leurs matchs contre notre pays. Le 15 juillet 2016, alors que M. Kemal s’enfuyait des chars et se rendait chez son maire, nous étions avec nos gens à Yeşilköy [aéroport Atatürk d’Istanbul].

    En fait, tout au long du 21ème siècle, Erdoğan a soutenu les guerres d’occupation ou de changement de régime des puissances impérialistes de l’OTAN de l’Afghanistan à l’Irak, à la Libye et à la Syrie. La bourgeoisie turque était pleinement complice des efforts menés par les États-Unis pour piller le Moyen-Orient.

    La décision des États-Unis de faire des Unités de protection du peuple (YPG) liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sa principale force par procuration en Syrie et la possibilité d’un État kurde indépendant ont joué un rôle décisif dans l’escalade des tensions entre Ankara et Washington. Avec l’inquiétude à Washington sur les liens d’Erdoğan avec la Russie, ces conflits ont conduit l’OTAN à soutenir la tentative de coup d’État de 2016 contre lui.

    Ayant survécu grâce aux manifestations de masse qui ont éclaté contre le coup d’État, Erdoğan l’a utilisé comme prétexte pour accélérer la construction d’un État policier. Cependant, contrairement à ses affirmations, il n’a jamais contesté l’impérialisme.

    Au contraire, alors même qu’il attaquait la milice par procuration américaine en Syrie, les YPG nationalistes kurdes, il a tenté de rétablir les relations avec Washington et d’autres capitales de l’OTAN et de manœuvrer entre Washington et Moscou.

    Tout au long de l’élection, Erdoğan a soutenu que les partisans de Fethullah Gülen et du PKK-YPG soutenaient Kılıçdaroğlu avec les puissances impérialistes. Gülen est un agent de longue date de la CIA aux États-Unis qu’Erdoğan a accusé d’être derrière la tentative de coup d’État de 2016. À cette fin, Erdoğan a publié une vidéo, que sa campagne a dû admettre plus tard comme fausse, montrant des responsables nationalistes kurdes acclamant Kılıçdaroğlu.

    Tout en poursuivant les provocations et la répression de son gouvernement visant les Kurdes, Erdoğan a également fait appel à plusieurs reprises aux sentiments anti-guerre du peuple. Il a dit : « En gardant notre pays à l’écart des conflits dans notre région et en travaillant pour la paix, nous avons transformé les scénarios catastrophiques des impérialistes en haillons. » En réalité, Ankara a travaillé en coordination avec la CIA pour fomenter une guerre de changement de régime en Syrie en 2011, en utilisant des mandataires islamistes.

    Dans la guerre d’Ukraine, Ankara poursuit une politique basée sur les manœuvres entre l’OTAN et la Russie, principalement en raison des liens économiques importants de la bourgeoisie turque avec la Russie. Cependant, Erdoğan est conscient de la sympathie du public pour ses tentatives de médiation entre les nations belligérantes au nom de la « paix ». Il a pris soin de ne pas répéter le bellicisme des puissances de l’OTAN contre la Russie.

    En février 2022, dans un sondage Areda, 89% des personnes interrogées ont répondu « non » à la question « La Turquie devrait-elle changer sa politique de neutralité dans le conflit russo-ukrainien? » A la question « Pensez-vous que l’OTAN peut protéger la Turquie ? », 90% ont répondu « non ». Dans une autre enquête menée par l’Université Kadir Has en 2018, 82% considéraient les États-Unis comme la « plus grande menace ».

    Tout en faisant appel de manière démagogique à l’opposition généralisée à l’impérialisme, Erdoğan a soutenu l’expansion de l’OTAN vers l’Est contre la Russie. En tant que président de la Turquie, il a ouvert la voie à l’adhésion de la Finlande à l’OTAN, augmentant considérablement le risque de guerre de l’OTAN aux frontières de la Russie. En mars, Erdoğan a déclaré que l’adhésion de la Finlande renforcerait encore l’OTAN et a déclaré : « Je crois que l’OTAN jouera un rôle actif dans le maintien de la sécurité et de la stabilité mondiales. »

    Les politiques sociales et les promesses d’Erdoğan ont également eu un impact sur la campagne électorale. Il a supervisé un transfert massif de richesse des travailleurs vers le capital financier, les bénéfices nets du secteur bancaire turc augmentant de 350% en 2022. Mais en même temps, il a blâmé les puissances impérialistes et leurs sanctions contre la Turquie pour l’aggravation de la crise économique et la hausse du coût de la vie.

    Erdoğan a répondu à la crise économique par des mesures précises mais limitées. Il a augmenté le salaire minimum, mis en place un régime de retraite anticipée et augmenté les retraites, subventionné les prix du gaz naturel et des intrants agricoles et promis de construire 650 000 maisons en deux ans en réponse au tremblement de terre turco-syrien. Sur cette base, Erdoğan a essayé de se présenter comme un ami des travailleurs.

    Alors que les concessions d’Erdoğan aux travailleurs étaient insuffisantes pour arrêter l’effondrement du niveau de vie dû à l’inflation, elles l’ont laissé faire campagne efficacement contre Kılıçdaroğlu. En effet, Kılıçdaroğlu a mis en avant une politique économique organisée autour de la hausse des taux d’intérêt pour stimuler la rentabilité, mais au prix de pertes d’emplois massives si les entreprises et les emprunteurs étaient alors incapables de payer les intérêts sur leurs dettes. Contre un rival aussi réactionnaire, Erdoğan a pu se présenter comme le plus grand ami du travailleur.

    Erdoğan pourrait également utiliser la campagne réactionnaire anti-réfugiés de Kılıçdaroğlu à son avantage, surtout après le 14 mai. Erdoğan, comme Kılıçdaroğlu, a préconisé de renvoyer les réfugiés fuyant les guerres impérialistes, les utilisant cyniquement comme monnaie d’échange dans les négociations avec l’Union européenne. Mais il a répondu à la rhétorique d’extrême droite de Kılıçdaroğlu en le comparant, lui et ses alliés, aux nazis. « Nous n’aurons jamais recours au discours de haine de l’ère nazie sur la question des réfugiés, comme l’a fait le chef du CHP », a déclaré Erdoğan hier.

    En fin de compte, les élections de demain ne résoudront rien, quel que soit le candidat réactionnaire qui remportera les élections. Ni les déclarations ouvertes de loyauté de Kılıçdaroğlu à l’impérialisme, ni la posture populiste cynique d’Erdoğan n’offrent à la classe ouvrière un moyen de sortir de l’escalade de la guerre mondiale et de l’effondrement économique causés par la crise du capitalisme.

    Construire un véritable mouvement anti-impérialiste, international et socialiste dans la classe ouvrière exige de rejeter et d’exposer politiquement à la fois les candidats pro-impérialistes et leurs alliés politiques. Les élections de 2023 ont confirmé les perspectives du Sosyaliste Eşitlik Grubu, la section turque du Comité international de la Quatrième Internationale.

    #Turquie #Türkiye #Erdogan #Elections

  • Une filiale de la société israélienne Team Jorge au Maroc

    Etiquettes : Maroc, Team Jorge, Israël, désinformation, élections,

    Dans un article publié cette semaine, le média El Espanol révèle l’existence d’ »une filiale de la société ‘Team Jorge’ au Maroc, avec deux bureaux l’un à Agadir et l’autre à Rabat ». Les actions de ces deux bureaux sont destinées « uniquement au Maroc et en collaboration directe avec les services secrets marocains », a-t-on souligné. Cette révélation, informe le média, fait suite à une « longue enquête » menée par plusieurs médias internationaux ainsi que le témoignage d’une personne ayant travaillé pour la société sioniste.

    Selon El Espanol, ces deux bureaux sont spécialisés dans la collecte d’informations et la diffusion de diffamations et de fausses informations. Mais chaque bureau a ses propres cibles. D’après l’enquête, le bureau de Rabat opère essentiellement dans la surveillance des partis politiques, des associations, des dissidents, des journalistes et de toute personne ou structure au Maroc ou à l’étranger qui pourraient, selon l’appréciation du Makhzen, gêner ses intérêts. Le bureau d’Agadir est plutôt spécialisé dans la surveillance des personnes parlant le Hassani, un dialecte arabe utilisé en Mauritanie, dans le Sahara occidental et d’autres régions de l’Afrique de l’ouest. Selon les responsables du Makhzen, « toute personne parlant ce dialecte et originaire de cette région peut gêner ou intéresser le régime marocain », note El Espanol en reprenant les propos des époux Felali, ces journalistes marocains en exil, à l’origine de l’enquête publiée par le média espagnol.

    Voici le texte intégral de l’article:

    Maroc, de Pegasus à ‘Team Jorge’ : les hackers israéliens qui opèrent avec la tolérance de Mohamed VI

    Les journalistes Dounia et Adnane Filali racontent depuis l’exil comment opère un groupe d’espionnage et de diffamation qui opère à Rabat et Agadir.

    Une enquête de Dounia et Adnane Filali, un couple de journalistes marocains persécutés par le régime de leur pays, révèle le système d’espionnage utilisé par le Maroc en alliance avec Israël. Outre le fameux programme Pegasus, dans le domaine de la surveillance illégale, des sociétés privées israéliennes opèrent avec le pays voisin avec la tolérance de Mohamed VI. L’un d’eux s’appelle «Team Jorge», qui donne son nom à une équipe de sous-traitants spécialisés dans l’utilisation d’activités cybernétiques malveillantes. Ces techniques incluent des campagnes de piratage, de piratage et de désinformation sur les réseaux sociaux menées par des bots.

    Au-delà des affaires de corruption qui ont récemment éclaté au sein du Parlement européen, « pour étendre son influence, le Maroc n’hésite pas à recourir au chantage. Tout compromis peut être à la base de toute négociation. Placer ses pions sur l’échiquier du scène nationale et internationale, le royaume alaouite use et abuse des alliances avec des entités israéliennes championnes de la surveillance illégale », explique Adnane Filali dans ses recherches.

    « Le pouvoir marocain a atteint des niveaux qui en ont fait l’un des États policiers les plus répressifs au monde. La nouvelle politique du Makhzen (oligarchie ou gouvernement fantôme) tend vers la surveillance de masse, ils sont à l’affût de la moindre agitation à toute manifestation Il utilise la diffamation et la manipulation des fake news comme un outil pervers pour détruire des personnalités dérangeantes et aussi comme un outil de chantage », soutient le couple dans un communiqué auquel EL ESPAÑOL a eu accès.

    Après une enquête menée par la cellule d’investigation de Radio France et du Monde, en collaboration avec le consortium Forbidden Stories, le journaliste Rachid Mbarki a été le premier identifié dans le scandale « Team Jorge ». Soi-disant, il aurait reçu de l’argent pour diffuser de la propagande et de la désinformation pour certains pays, dont le Maroc.

    Filiale de ‘Team Jorge’ au Maroc

    Après une longue enquête, accompagnée de divers médias internationaux, et croisant différentes sources, ainsi que le témoignage d’une personne ayant navigué ‘Team Jorge’, Dounia et Adnane Filali révèlent « l’existence de ce qui peut probablement être assimilé à une filiale du société « Team Jorge » au Maroc, une à Agadir et une autre à Rabat. Les « travaux » sont destinés uniquement au Maroc et en collaboration directe avec les services secrets marocains ».

    Les organisations des deux villes sont spécialisées dans la collecte d’informations et la diffusion de diffamation et de fausses informations, mais chacune a sa particularité.

    Le bureau de Rabat gère essentiellement la surveillance dans le domaine des partis politiques, des associations, des dissidents, des journalistes ou de toute personne ou structure au Maroc ou à l’étranger pouvant représenter directement ou indirectement un danger pour le pouvoir marocain et donc, pour le règne de Mohamed VI.

    Étant donné que les fonctionnaires d’@EmmanuelMacron nous interdisent d’utiliser la justice pour préserver les relations bilatérales avec le Maroc, je commencerai à divulguer des noms et des documents secrets, qui incriminent des responsables français complices du régime marocain pic.twitter.com/cQzCDRaHHV

    « Toute personne ou structure proche du pouvoir peut être attaquée. La propagation de fausses informations, y compris la diffamation, est réservée, la plupart du temps, à des voix dissidentes qui acquièrent une certaine extension au niveau national et à l’extérieur du Maroc », explique le Filali sur le modus operandi.

    De son côté, le bureau d’Agadir est spécialisé dans le suivi des personnes parlant la langue hasani, un dialecte arabe utilisé en Mauritanie, au sud du Maroc, au Sahara occidental et dans d’autres régions d’Afrique de l’Ouest et du Sahara en Algérie. « A son avis, toute personne qui parle ce dialecte et qui vient de cette région peut causer un malaise ou un certain intérêt pour le régime marocain », détaille la même source.

    « Une partie des informations recueillies est publiée sur WikiLeaks Sahara, un site géré par les services secrets marocains, en référence à la célèbre plateforme fondée par Julian Assange. C’est-à-dire qu’un réseau de télécommunications en Mauritanie, ainsi qu’un autre largement utilisé par des étrangers en Europe, il est utilisé pour son activité de surveillance », expose le document auquel EL ESPAÑOL a eu accès.

    De même, ils soulignent que « des équipes israéliennes ont été intégrées au cœur des structures de la Police secrète au Maroc. Les outils utilisés par la maison mère en Israël sont identiques, on y retrouve les mêmes technologies ». Bien que l’enquête indique que les Marocains n’utilisent que le résultat final de l’équipement israélien et n’ont aucun type de brevet.

    Poursuite transfrontalière

    Le couple Filali est victime d’une énorme campagne internationale de diffamation et de désinformation. Ils se plaignent d’être traqués, surveillés et agressés, de manière coordonnée, par l’Etat marocain et par les médias israéliens et français.

    Des centaines de milliers de personnes suivent Dounia et Adnane Filali sur les réseaux sociaux depuis 2016. Dans leurs vidéos cumulant plusieurs millions de vues, ils enquêtent sur la corruption et la répression. Ils accusent les politiciens, mais ils remettent également en cause la monarchie alaouite. 

    Après notre enquête sur Team Jorge qui épingle des personnalités de🇫🇷&🇮🇱complice du🇲🇦dans notre persécution, la justice annule illégalement une audience décisive.

    Apparemment, en France la préservation des relations bilatérales est plus importante que l’impartialité de la justice pic.twitter.com/qjOLMPIapO

    Les services secrets marocains ont entamé la campagne de harcèlement et de diffamation contre les Filalis en novembre 2020. « Une période au cours de laquelle nous avons dénoncé la surveillance et l’espionnage des services secrets marocains à travers des caméras placées dans des chambres d’hôtel », raconte le couple. 

    Dounia et Adnane ont demandé l’asile en Chine et ont quitté leur pays malgré leurs réalisations professionnelles, avec un nouveau journal indépendant, car « il était de plus en plus insupportable de vivre dans un environnement de misère, d’injustice et de corruption », a avoué le journaliste à EL ESPAÑOL. 

    Aussi, Dounia ajoute que « le journal a été un succès immédiat, mais nous nous sommes sentis intimidés par les autorités. Nous savions que rester au Maroc pouvait nous causer des problèmes si nous voulions continuer à travailler de manière indépendante ». Ils ont donc choisi la Chine pour se réfugier car ils étaient tombés amoureux de Hong Kong lors d’un voyage touristique.

    En voie de disparition sur le sol français

    De même, ils ont dû quitter le géant asiatique pour la France après un assaut contre leur domicile. Dans le pays européen, ils ont subi une attaque de désinformation sur différents fronts. « La campagne internationale de diffamation contre nous a été bien gérée par les services secrets de plusieurs pays. Le Maroc a voulu nous discréditer sur le sol français, nous faire passer pour de dangereux antisémites afin que nos droits de réfugiés politiques en France ne soient pas reconnus, », a fait remarquer Dounia à ce journal.

    Une pétition a même circulé contre sa demande d’asile. Au-delà des médias marocains, israéliens et français, les accusations ont atteint des pays aussi inattendus que le Mali et la Libye.

    Le couple a déposé plus de 12 plaintes en diffamation et plusieurs menaces de mort. Cependant, toutes les plaintes ont été rejetées en France, la plupart dans les premières 48 heures. « Le problème, c’est que certaines institutions de l’État français ne veulent pas reconnaître notre statut et préfèrent préserver leurs relations avec le Maroc, au-dessus du droit international. Nous combattons cette injustice depuis deux ans », explique Dounia. 

    Actuellement, ils attendent toujours que la France reconnaisse leur statut international de réfugiés politiques. « Nous devrions avoir une réponse définitive dans les prochaines semaines », assure Dounia.

    « Le régime marocain est le premier responsable de notre harcèlement et de notre persécution, il nous persécute depuis des années, et cela, où que nous soyons. Avant en Chine, maintenant en France. Rappelons que les méthodes du Majzen avaient peu d’influence en réalité en Chine , alors qu’en France, nous constatons que le régime marocain fait ce qu’il juge bon », a déclaré Dounia à EL ESPAÑOL.

    Certains médias internationaux et ONG enquêtent sur l’affaire Filali, même si pour l’instant ils gardent les noms secrets. « Connaissant les méthodes du régime marocain : intimidation, corruption, manipulation, etc., il est préférable de travailler discrètement jusqu’à ce que l’enquête soit publiée », précise Dounia Filali.

    #Maroc #TeamJorge #Israël #DouniaFilali #SaharaOccidental

  • Le Maroc impliqué dans un complot électoral à Melilla

    Le Maroc impliqué dans un complot électoral à Melilla

    Etiquettes : Maroc, élections, Melilla, fraude, complot électoral, CpM, Mustapha Aberchan,

    Le régime du Makhzen est encore une fois cité dans une affaire de corruption, dans laquelle il est soupçonné d’être impliqué dans l’achat de votes par correspondance à Melilla, pour tenter d’accroître l’influence et la présence d’un parti dans le gouvernement de cette ville autonome.

    Selon le site espagnol El Confidencial, de hauts responsables des services d’information de la police et de la garde civile espagnoles ont émis le soupçon que Rabat essaie d’assurer la présence de la Coalition musulmane pour Melilla (CPM) dans le gouvernement de la ville
    autonome pour augmenter son influence dans cette enclave stratégique.

    La question est traitée comme une menace pour la sécurité nationale et l’intégrité territoriale de l’Espagne. « Nous avons des indices rationnels que le Maroc pourrait être derrière », explique l’un des commandants de la police à El Confidencial.

    Les agents du centre national de renseignement (CNI) estiment que les services secrets marocains auraient fourni des fonds à un réseau clandestin pour acheter plus de 10.000 votes par correspondance, soit près du tiers de tous ceux qui ont été déposés dans les urnes de Melilla lors des précédentes élections de 2019 (34.393).

    Le site rapporte que pour chaque vote, entre 50 et 200 euros auraient été versés, selon
    des sources proches des investigations. De l’avis des spécialistes, l’achat de voix a atteint des niveaux qu’ils qualifient de « trop grossiers ».

    Le dossier entre les mains de la justice

    Selon des sources du ministère de l’intérieur, le dossier a atterri au tribunal d’instruction n°2 de la ville autonome.

    Pour sa part, le candidat de Vox à la présidence de Melilla, José Miguel Tasende, a assuré à El Confidencial qu’il ne serait pas surpris que le Maroc soit à l’origine du scandale de l’achat de votes par correspondance dans le préside. Il s’était même demandé d’où le « CPM avait eu cet argent ? On ne sait pas », a-t-il répondu.

    En revanche, le numéro un de Vox pour les prochaines élections régionales a rappelé « qu’acheter des voix est un crime, mais c’est aussi un crime d’en vendre ». « J’espère que
    les enquêtes policières, qui progressent et sont bien dirigées, aboutiront à des emprisonnements », a souligné Tasende.

    Selon des informations confirmées à ce journal par des sources proches des enquêtes, les
    agents désignent le chef du CPM, Mustafa Aberchan, derrière cette histoire, cependant ils
    préviennent que ni lui ni les chefs de parti n’ont suffisamment d’actifs pour financer l’achat de milliers de bulletins de vote.

    A ce stade, les soupçons se tournent vers le Maroc qui tente de gagner de l’influence en Espagne. « Le souci du vote, c’est qu’il puisse être dirigé contre des partis actuels et avec une nette influence marocaine », tranchent les mêmes sources.
    Le pouvoir déstabilisateur du Maroc sur Ceuta et Melilla a également pu être prouvé à l’été 2021, lorsqu’il a conduit à une entrée massive de quelque 12.000 migrants vers Ceuta, provoquant ainsi une crise diplomatique avec l’Espagne.

    #Maroc #Espagne #Melilla #Elections #Fraude #CpM #MustaphaAberchan

  • Melilla : Les mouvements d’Aberchán au Maroc sous surveillance du CNI

    Melilla : Les mouvements d’Aberchán au Maroc sous surveillance du CNI

    Etiquettes : Melilla, Aberchán, Maroc, CNI, CpM, Coalición por Melilla, élections, fraude,

    Le CNI détecte des rencontres entre Aberchán et ceux qui entourent le gouvernement du Maroc

    Des agents de renseignement se sont rendus plusieurs fois dans le pays du Maghreb pour surveiller les émissaires d’Aberchán lors de leurs rencontres avec des personnes liées au gouvernement marocain

    Le Centre national de renseignement (CNI) a détecté que des personnes liées à Mustafa Aberchán , chef de la Coalition pour Melilla (CpM), ont effectué plusieurs voyages au Maroc, où ils ont rencontré des agents du gouvernement maghrébin dans les semaines précédant l’éventuelle fraude électorale survenu lors des élections municipales de Melilla.

    Comme le rapporte El Mundo , les services de renseignement espagnols se sont rendus plusieurs fois dans le pays du Maghreb pour surveiller les émissaires d’Aberchán, qu’ils ont réussi à intercepter chaque fois qu’ils se rendaient soi-disant au Maroc.

    Les soupçons du CNI sont nés à la suite des soupçons continus qu’il y a eu ces dernières années sur les élections qui se tiennent dans la ville autonome , dans lesquelles Mustafa Aberchán lui-même a été condamné pour avoir acheté des votes par correspondance pour les élections du sénat en 2008. Un fait qui a également valu une condamnation à l’ancien secrétaire général du PSOE de Melilla, Dionisio Muñoz Pérez.

    Une fois que le tribunal d’instruction numéro 2 de Melilla a commencé à enquêter sur l’achat présumé de votes par correspondance, le service de renseignement espagnol a décidé d’informer la garde civile et la police nationale afin que leurs brigades d’information respectives puissent se joindre à l’affaire, selon le journal susmentionné.

    Outre la Brigade de renseignements du Corps de la police nationale , l’ Unité des crimes économiques et fiscaux de la police ( UDEF ) et l’ Unité de la drogue et du crime organisé ( UDYCO ) sont également impliquées dans les enquêtes . Ce dernier serait ajouté à l’affaire en raison de la présence de trafiquants de drogue dans le complot, qui seraient chargés de rechercher et d’acheter les voix des familles défavorisées.

    La police arrête 10 personnes

    La  police nationale  a arrêté dix personnes pour leur implication présumée dans le complot de fraude électorale pour les votes par correspondance à Melilla . Parmi eux, comme THE OBJECTIVE a pu le confirmer   par des sources policières, se trouve  Abdel-ilah Nourdine Ahmed,  gendre de Mustafa Aberchán, le chef de la Coalition pour  Melilla  (CpM) ; et  Mohamed Ahmed Al-lal ,  conseiller pour les districts, la jeunesse et la participation citoyenne du gouvernement de la ville autonome .

    Par ailleurs, selon ces mêmes sources, les agents ont perquisitionné le siège du parti CpM, auquel appartiennent ces deux derniers. En fait,  Mohamed Ahmed était numéro trois sur la liste de la Coalition pour Melilla  pour les élections du 28-M. Dans le passé, il a également été vice-conseiller aux nouvelles technologies.

    Les arrestations font partie de l’opération policière que les forces de sécurité ont commencé tôt le matin. Les agents ont fouillé des maisons et des locaux dans différents quartiers de Melilla dans le but de localiser les votes par correspondance, ainsi que différentes informations prouvant les actes criminels. Après avoir fait une déposition dans les commissariats,  les agents ont libéré les dix détenus , qui seront convoqués dans les prochains jours par le juge chargé de l’instruction.

    Lundi soir, les agents ont interpellé trois personnes d’origine marocaine, ont indiqué des sources policières à ce journal. Ce mardi, selon les mêmes sources,  six autres individus ont été interpellés, pour la plupart impliqués dans le recrutement d’électeurs dans les quartiers marginaux . Ils achetaient les voix des citoyens en échange de sommes comprises entre 100 et 150 euros. Les agents ont inspecté des maisons et des locaux dans différents quartiers de Melilla dans le but de localiser les votes par correspondance, ainsi que différentes informations prouvant les actes criminels.

    Parallèlement, les enquêtes visent également à déterminer si le complot a tenté de soudoyer des fonctionnaires de la poste à Barcelone pour émettre des votes frauduleux.  En effet, comme l’a appris ce journal,  un suspect a été arrêté à Barcelone. Le détenu aurait suivi le même modus operandi pour les élections du 28-M. Des sources de la délégation gouvernementale insistent cependant sur le fait qu’il s’agit de deux événements isolés et que l’arrestation à Barcelone n’a pas précipité l’opération policière qui se déroule ce mardi à Melilla.

    The Objective, 24 mai 2023

    #Espagne #Maroc #Ceuta #Melilla #CpM #Mustafa_Aberchán

  • Migration: Europe and the fear of elections

    Topics : Migration, Union Européenne, UE, elections, asylum, European Parliament, European Council,

    Less than a year remains in the European Parliament and Council to agree on a new asylum and migration system. Otherwise the disagreement will be an electoral issue.

    The situation is dramatic in all respects. If we don’t measure the urgency now, when will we? The words of Sophie in ‘t Veld, a liberal Dutch MEP, can be translated into all the languages ​​of the European Union. From Lampedusa to rue de la Loi, women, men and children seek asylum without necessarily finding refuge. Many Member States are toughening their tone, and often their policies. And all are looking to Europe for a “common response”. Which exists, on paper: a Pact, proposed in the fall of 2020, which aims to reform the European asylum and migration system. Or a set of legislative texts, which form a whole, based on greater solidarity between capitals, together with a better assumed responsibility.

    Last week, Parliament agreed on its negotiating position on the various proposals. Which provide in particular for a mandatory solidarity mechanism, in the event of a “crisis” situation, approved by the Commission: when a country is faced with a significant migratory flow, it can seek help from others. Which will pass, mainly, by the relocation of migrants or, alternatively, by human, financial or logistical means. A reform of the Dublin rules is also on the table: it plans to add, at the sole point of entry into EU territory, other criteria to determine which Member State can take charge of the application for asylum, in particular the existence of a family, cultural or educational link with a country. Finally, so-called “filtering” procedures are planned at the borders.

    « A responsibility to voters »

    The Parliament and the Council have undertaken to complete the negotiations and move on to the final votes under the Belgian presidency, at the beginning of 2024. A tight timing because the Twenty-Seven have not yet adopted their own negotiating posture. And are not about to do so, fear several European sources, worried to see Sweden, which holds the rotating presidency, procrastinate. « They will accelerate », assured, before the MEPs, Nicole de Moor. The Secretary of State, and with her the Belgian diplomacy, is busy pushing the file. Because, in the unanimous opinion, for lack of agreement before the end of the legislature, everything will have to start over, or almost. But, above all: “In a year, we will be preparing the elections, this Pact will have to be done. We have a responsibility towards the voters, ”insists the CD&V representative.

    Between the lines of this debate, but also of all those who appear, every week, on Parliament’s agenda, every month in the discussions at the Council of Ministers of the EU, and, every quarter, at the European Summit, a Fear, little expressed but strongly felt by elected officials, of seeing migration impose itself on the electoral agenda. A stone… in their own garden: national policies all show at least flaws, at worst violations of human rights. The reception networks are saturated in Belgium, the Netherlands and Austria; Italy sabotages the work of NGOs that save lives at sea; Sweden is closing its borders, Hungary, Bulgaria, Croatia and Greece are turning back migrants… Enough, legitimately, to call into question the action of the parties in power.

    Migration, a polarizing theme

    But there is another electoralist factor, a deleterious one: the far right brandishes the migration issue, like a scarecrow in front of the citizens. A fertile ground: in a study carried out in ten European countries, the Midem research center (University of Dresden) highlights the extremely polarizing side of the theme. It is, with the climate, the theme that most divides society. “Refugee movements serve as a pretext to develop narratives that reinforce the fears and discontent of the population towards migrants,” explains Hans Vorländer, its director. Not without success, “since we see the extent to which confrontation and brutality on these issues are increasing, both in the streets and in parliaments, in political speeches. With, as a result, a hardening of positions and policies.

    “Before, it would have been unimaginable to build walls at the borders, to tolerate concentration camps for migrants in Libya, protests Sophie in ‘t Veld. Have we lost our moral compass? People are drowning in the Mediterranean and it seems that everyone is indifferent. The first quarter of 2023 was the deadliest in these waters since 2017: 441 people lost their lives in three months. “An intolerable situation, denounces the director general of the International Organization for Migration, Antonio Vitorino. With more than 20,000 deaths on this road since 2014, I fear that these deaths have normalized. »

    Reception crisis: In Brussels, a new occupation set to last

    Commuters entering the capital by car via rue de la Loi could not have missed the banners on the building that adjoins the CD&V headquarters since the beginning of the week. A hundred Afghan, Palestinian and Eritrean asylum seekers took possession of the premises as part of an occupation managed by the Stop the Reception Crisis collective.

    This collective, already behind the squats in Schaerbeek this fall and Saint-Josse at the end of winter, is trying to draw media and political attention to the lack of reception places in the Fedasil network. In an interview with Le Soir , Fanny François, acting director , confirmed that more than 3,000 people, only single men, were on a waiting list.

    The occupation of the rue de la Loi is less talked about than the previous ones because the Brussels police very quickly announced that they would not intervene. Not yet, in any case. Negotiations are underway with the owner of the building and the Brussels Region. The collective hopes to be able to stay in the premises until the start of the work, which is not expected for several months.

    no discussion

    No discussion has yet taken place between the collective and the Secretary of State for Asylum and Migration, Nicole de Moor. A list of the 95 residents who normally all have an annex 26, proving that they are entitled to reception by Fedasil, has been drawn up. So far, however, nothing is changing.

    In the Office of the Secretary of State, it is recalled that the government has taken measures to speed up the exit of asylum seekers from reception centers: « This will free up places for people on the waiting list and for the new asylum seekers who continue to arrive every day. People occupying buildings are not given priority. This would not be right with those who have waited longer. Every day we invite people from the waiting list for a place at Fedasil. We are also working on prevention campaigns to reduce the influx, and on the return of people who do not obtain a right of residence. »

    Inside the building on rue de la Loi, people no longer believe in the promise of places, some say they have been living on the street for months. The different communities are spread over the three floors. Bracelets were distributed so as not to let intruders settle. Guard tours at the entrance are also organized. Ultimately, the collective Stop the reception crisis plans to let asylum seekers manage themselves. Other initiatives of this style in buildings with a symbolic location are planned in the weeks or months to come.

    Le Soir, 28 avr 2023

    #UE #Migration #Elections

  • Libye. La seule légitimité qui vaille

    Tags : Libye, ONU, Kadhafi, élections,

    Timidement , mais sûrement les choses en Lybie semblent se diriger vers une probable sortie de crise, qui pourrait être couronnée par l’organisation d’élections présidentielles et législatives avant la fin de cette année 2023. C’est du moins le souhait de l’émissaire de l’ONU, le Sénagalais Abdoulay Bathily, qui a appelé les parties libyennes à se mettre d’accord sur l’organisation de ces élections « d’ici juin », avec l’espoir de les tenir en fin d’année.

    Vu comme ça, on pourrait avancer que ce ne sont là que des espoirs, mais il faut néanmoins reconnaitre que si cet espoir est mis cette fois sur la table, c’est qu’il ya des raisons à cela. Des raisons notamment dues à une accalmie sur le terrain des affrontements, où les attaques et contre-attaques qui ont marqué le paysage politique et militaire de ce pays, les mois passés, sont de plus en plus circonscrits et même totalement absents.

    Il y a donc manifestement une volonté de réactiver les solutions de sortie de crise, loin de la suprématie militaire supposée de tel ou tel clan. La Libye qui vit dans une déstabilisation chronique depuis la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi, a besoin aujourd’hui de sortir de cette spirale de violence et contre-violence. Le rendez-vous raté de l’organisation des élections, initialement prévues en décembre 2021, a fait perdre au pays une chance inespérée de sortir de cette crise multiple dont la première victime reste le peuple libyen.

    Ce rendez-vous manqué a peut être fait prendre conscience aux factions politiques et militaires du pays de la fausse route qu’ils avaient choisie, au lieu de se préparer au seul verdict qui compte, à savoir le verdict du peuple. Cette deuxième chance qui s’offre aux Libyens est une chance à ne pas rater et surtout une chance à préparer de la meilleure façon possible, pour que ces élections soient des élections équitables et impartiales, qui donneront au vainqueur la légitimité populaire nécessaire pour faire face aux grands défis qui attendent encore ce pays. Et pour ce, il n’ya qu’une seule légitimité qui vaille, c’est celle de la légitimité populaire qui est au dessus de toute autre légitimité et surtout celle militaire qui a guidé jusque là le comportement des factions libyennes et qui n’a donné aucun résultat probant et salvateur sur le terrain, sinon une aggravation de la crise. Il est peut être venu le temps de revenir aux urnes et d’accepter le choix du peuple libyen qui veut vivre dans un pays apaisé et en paix.

    Par Abdelmadjdi Blidi

    Source

    #Lybie #ONU

  • Vidéo : Le contact de Forbidden Stories avec Team Jorge

    Tags : Story Killers, Forbidden Stories, Team Jorge, désinformation, élections, Israël, Kenya,

    VIDÉO : Retour sur StoryKillers, l’enquête mondiale du consortium Forbidden Stories sur les mercenaires de la désinformation. En se faisant passer pour des clients, les journalistes de The Marker, Cellule investigation de Raio France et Haaretz sont entrés en contact avec un mystérieux “Jorge”.

    Déjà impliqué dans le scandale Cambridge Analytica, comme l’a révélé l’enquête, « Jorge » se vante devant les journalistes d’avoir travaillé sur “33 campagnes présidentielles” dans le monde, “dont 27 couronnées de succès ».

    Pour manipuler l’opinion, “Jorge” propose un outil redoutable dont le consortium a révélé l’existence : AIMS. Devant les journalistes infiltrés, il explique comment AIMS crée des avatars. Découvrez Sophie Wilde.

    AIMS peut aussi créer et diffuser des contenus automatisés dans n’importe quelle langue, avec un ton « positif », « négatif » ou « neutre ». Démonstration ici

    Pour montrer de quoi il est capable, « Jorge » pirate en direct des comptes Telegram de hauts responsables kenyans devant les journalistes infiltrés.

    Pour prouver son efficacité, « Jorge » montre aussi aux journalistes un extrait BFM diffusé en décembre 2022, affirmant qu’il peut placer ses histoires à la télé française.

    Pour retarder, voire annuler une élection présidentielle, « Jorge » demande 6 millions d’euros aux reporters sous couverture.

    Après des mois d’enquête, le consortium @FbdnStories a découvert la véritable identité de “Jorge” : Tal Hanan. Contacté, il a simplement « nié tout acte répréhensible ».

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    #Forbidden_stories #Story_killers #Team_Jorge #Tal_Hanan #Désinformation

  • « Team Jorge »: Révélations sur les manipulations d’une officine de désinformation

    Tags : Team Jorge, élections, hacking, piratage, Israël, Kenya, William Ruto,

    Dans ce 2e volet du projet « Story Killers » qui poursuit le travail de la journaliste indienne Gauri Lankesh sur la désinformation, le consortium Forbidden Stories révèle aujourd’hui l’existence d’une entreprise israélienne ultra-secrète impliquée dans la manipulation d’élections à grande échelle et le piratage de responsables politiques africains. Une plongée inédite au cœur d’un monde où s’entremêlent armée de trolls, cyber espionnage et jeux d’influence.

    Par Cécile Andrzejewski
    STORY KILLERS | 15 février 2023
    « Les choses n’ont pas forcément besoin d’être vraies, du moment qu’elles sont crues. » Voilà une citation qui pourrait être attribuée à bien des philosophes, mais qui sort de la bouche d’un certain Alexander Nix. Si son nom vous paraît inconnu, celui de la société qu’il dirigeait le sera certainement un peu moins : Cambridge Analytica.

    En 2018 éclate le scandale éponyme dévoilant comment l’entreprise britannique a recueilli puis analysé et utilisé les données personnelles de près de 87 millions d’utilisateurs de Facebook, à leur insu, à des fins de ciblage politique. La société, qui a vendu ses services dans une soixantaine d’États, du régime iranien à l’entreprise pétrolière nationale en Malaisie, est accusée d’avoir manipulé ou tenté de manipuler de nombreuses élections, contribuant à la victoire de Donald Trump en 2016 aux États-Unis et au vote en faveur du Brexit en Angleterre. À l’époque, l’affaire fait la une des journaux et le nom de Cambridge Analytica devient synonyme de désinformation partout dans le monde.

    Pourtant, de ce scandale planétaire, tout n’a pas encore été révélé. Certains de ses acteurs, redoutés dans le milieu, sont parvenus à rester dans l’ombre. Notamment de mystérieux sous-traitants israéliens, experts en hacking et décrits par l’une des lanceuses d’alerte à l’origine du scandale comme « une équipe chargée des recherches sur les opposants ». Dans les témoignages anonymes publiés dans la presse britannique en 2018, d’anciens salariés décrivent des « hackers israéliens » débarquant dans les locaux de l’entreprise avec des clés USB chargés de mails privés d’hommes politiques piratés. « Les gens ont paniqué, ils ne voulaient rien avoir à faire avec ça », se souvient un ex-employé dans les colonnes du Guardian.

    De ces mystérieux pirates, le scandale Cambridge Analytica a révélé l’existence et les méthodes. Mais de leur identité, rien n’a jamais été divulgué. Derrière ces « hackers israéliens », les employés de Cambridge Analytica désignent-ils d’ailleurs les mêmes personnes ou la même structure ? Aucun des articles consacrés à l’affaire, à l’époque des révélations, n’est parvenu à percer l’anonymat de ces sous-traitants de l’ombre très discrets, ni même mentionné une société en particulier. Lorsqu’il fait référence, dans un mail interne, à des « Israeli back ops », le patron de Cambridge Analytica n’a d’ailleurs ni nom de famille, ni nom de société. Il utilise seulement ce qui semble être un pseudo pour désigner le boss de cette structure ultra-secrète : « Jorge ».

    Pendant plus de six mois, les journalistes d’investigation du consortium Forbidden Stories ont enquêté et suivi la piste de « Jorge ». Sur ce marché parallèle de la désinformation, des entreprises, officielles ou beaucoup plus souterraines, sont passées maîtresses dans l’art de manipuler la réalité et d’infuser des récits créés de toutes pièces.

    En poursuivant le travail de Gauri Lankesh, journaliste indienne qui enquêtait sur la désinformation et « les usines à mensonges », assassinée en 2017, le projet « Story Killers » dévoile une industrie usant de toutes les armes à sa disposition pour manipuler les médias et l’opinion publique, aux dépens de l’information et de la démocratie.

    Quatre ans après le scandale Cambridge Analytica, à l’été 2022, les journalistes du consortium Forbidden Stories ont retrouvé « Jorge ». Le « consultant » israélien aux méthodes douteuses utilise toujours le même pseudo et continue de vendre ses services d’influence et de manipulation au plus offrant. Ses outils se sont adaptés aux évolutions technologiques. L’intelligence artificielle écrit désormais des posts viraux à la demande. Et le piratage à distance de comptes Telegram a enrichi le catalogue du mystérieux entrepreneur.

    Un potentiel client, intermédiaire d’un dirigeant africain, désireux de décaler, voire de faire annuler, des élections lui a justement demandé une démonstration. La mission est estimée à 6 millions d’euros par le consultant, toujours aussi mystérieux qu’à l’époque de Cambridge Analytica. Jamais, pendant plus de trois heures de discussion via Zoom, il ne montrera son visage ni ne dévoilera le nom de son entreprise. En revanche, « Jorge » en vante parfaitement les mérites.

    Ce qu’il ignore, c’est que l’homme face à lui n’est pas du tout intermédiaire et travaille encore moins en Afrique. Il s’agit en fait d’un journaliste de Radio France, bientôt rejoint par des confrères de The Marker et Haaretz, des reporters membres du projet Story Killers, se faisant passer pour des clients.

    « 33 campagnes présidentielles, dont 27 couronnées de succès »

    Plusieurs rendez-vous ont eu lieu avec « Jorge », trois en ligne puis un dernier dans ses bureaux. L’occasion de discuter longuement avec l’ancien sous-traitant de Cambridge Analytica et d’assister à ses démonstrations en live. « Nous fournissons un service, principalement du renseignement et de l’influence. Ce sont nos compétences de base », explique-t-il en guise de préambule. En dehors de ces « capacités technologiques », « Jorge » peut aussi « construire un récit », qu’il s’agira ensuite de propager.

    Le vendeur d’influence se vante d’avoir travaillé sur « 33 campagnes présidentielles, dont 27 ont été couronnées de succès » – une estimation difficilement vérifiable. Plus prudent que son bagout de vendeur ne le laisse paraître, il ne donne aucune indication précise permettant d’identifier ses clients, préférant se limiter à des anecdotes dignes de film d’espionnage et lister l’impressionnant éventail de ses services : catalogue de bots, propagation de fausses informations, hacking d’adversaires….

    Visiblement très en confiance, l’homme va, malgré lui, livrer des informations sur quelques-unes de ses opérations secrètes. La première va d’ailleurs provoquer une tempête médiatique en France. Souvenez-vous, il y a deux semaines, au début du mois de février 2023, la presse se fait écho d’une enquête interne au sein de la chaîne BFM TV, dont une figure historique, Rachid M’Barki, est soupçonnée d’avoir passé à l’antenne des contenus non validés, dont l’origine semble alors très floue. Pour comprendre le point de départ de ce scandale, il faut revenir aux échanges entre « Jorge » et les journalistes infiltrés.

    À la fin d’une rencontre avec ses faux clients, le volubile vendeur de désinformation se gargarise de pouvoir diffuser ses histoires à la télévision française. Pour prouver ce qu’il avance, il montre l’extrait d’un reportage diffusé sur BFM TV, en décembre 2022 : « L’Union européenne annonce un nouveau train de sanction contre la Russie. (…) Des sanctions à répétition qui font craindre le pire aux constructeurs de yachts à Monaco. Le gel des avoirs des oligarques met leur secteur en grande difficulté… ». Le texte de cette brève diffusée à minuit passée sur la chaîne d’info en continu est lu par Rachid M’Barki. Un angle incongru, même à cette heure tardive, dans le tumulte de l’actualité. Et pour cause, d’après « Jorge », le sujet est une commande passée pour le compte de l’un de ses clients.

    Afin de vérifier l’authenticité de cette vidéo et d’autres, nous l’avons soumise à la direction de BFM TV courant janvier, qui a rapidement suspendu le journaliste et lancé un audit interne. « Dans la façon dont ces brèves sont allées à l’antenne et notamment ont été illustrées, le journaliste mis en cause se serait arrangé pour les demander en dernière minute, une fois que le rédacteur en chef était pris sur une autre tranche et après qu’il ait validé l’ensemble de son journal, précise Marc-Olivier Fogiel, le directeur général de la chaîne. J’ai un soupçon déontologique de me demander pourquoi ces brèves sont diffusées alors qu’elles n’ont pas de cohérence éditoriale avec le reste de la chaîne. » Face à lui, Rachid M’Barki fait valoir « son libre arbitre éditorial » et explique avoir suivi les consignes d’un intermédiaire, un certain Jean-Pierre Duthion. Consultant média et lobbyiste, Jean-Pierre Duthion n’est pas un inconnu dans le milieu des agences dites d’influence. L’une d’entre elles le qualifie notamment dans des notes internes auxquelles nous avons eu accès de « mercenaire » de la désinformation, « principalement motivé par le profit ». Contacté, il nous confirme avoir effectivement « travaillé sur la rétention de yachts russes à Monaco qui ont entraîné des pertes d’emplois au niveau local ». Il refuse de dévoiler le nom du commanditaire, arguant que ce genre de deal passe par une série d’intermédiaires, « ne sachant pas eux-mêmes qui est le client final ».

    Il assure ne pas avoir payé Rachid M’Barki qui a certifié lui aussi, auprès de sa direction, ne pas avoir touché un euro pour passer ces brèves à l’antenne. D’après une source bien introduite dans le milieu, de telles prestations pourraient pourtant rapporter autour de 3 000€ à l’unité au journaliste complice. Par voie de presse, Rachid M’Barki, qui a refusé de répondre à nos questions, reconnait ne « pas avoir forcément suivi le cursus habituel de la rédaction ». Et se défend : « Peut-être que je me suis fait avoir, je n’avais pas l’impression que c’était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l’aurais pas fait. »

    La technologie pour propager des récits
    L’exemple de BFM TV, censé illustrer sa puissance de frappe jusqu’aux chaînes d’info françaises, n’est pas le seul argument de vente que « Jorge » met en avant pendant ses entretiens avec les journalistes du consortium.

    En plus de journalistes à sa solde, l’ancien sous-traitant de Cambridge Analytica dispose également, pour diffuser les histoires favorables à ses clients, d’une armée d’avatars enregistrés et pilotés sur une plateforme en ligne, des faux comptes que Forbidden Stories et ses partenaires ont pu vérifier. Cet outil, introuvable sur le web, porte un nom : AIMS pour « Advanced Impact Media Solutions » ; en français, « Solutions médiatiques à impact avancé ». En 2017, « Jorge » proposait déjà à Cambridge Analytica un « Système semi-automatique de création d’avatars et de déploiement de réseaux », accompagné d’une vidéo de démo montrant à quel point il lui était facile de créer des avatars en quelques secondes, avec des prénoms déterminés selon leur pays, sur une plateforme permettant de naviguer d’un compte à l’autre sans difficulté. En 2022, il dispose d’un catalogue de plus de 30 000 profils automatisés de personnes virtuelles possédant de comptes bien réels sur Facebook, Twitter, Instagram, Amazon, Bitcoin… Ces faux individus sont utilisés par Jorge pour poster en rafale des commentaires sur les réseaux sociaux, faire monter une polémique et même – selon lui – commander des sextoys sur Amazon, à l’instar de l’avatar nommée Shannon Aiken. Derrière le profil d’une jolie blonde, une arme redoutable qui aurait servi à envoyer un sulfureux colis au domicile d’un adversaire politique, laissant sa femme s’imaginer un adultère. « Après ça, on a fait fuiter l’histoire et le fait qu’il ne pouvait plus rentrer chez lui. La campagne s’est retournée. », prétend « Jorge ».

    Afin de prouver l’efficacité de son armée numérique, Jorge accepte de faire une démonstration et de propager un hashtag suggéré par les journalistes infiltrés, #RIP_Emmanuel, du nom d’un émeu (grand oiseau qui ressemble à une autruche, ndlr) devenu star d’internet à l’été 2022. Le but : faire circuler une rumeur sur la mort de l’animal pour tester l’efficacité de ces avatars AIMS – sa propriétaire a été prévenue depuis. Les journalistes membres du projet « Story Killers » ont ensuite suivi ce hashtag et sa diffusion pour retrouver les comptes de « Jorge ». Un travail de fourmi qui a permis de remonter la piste d’une vingtaine de campagnes de désinformation, sur quasiment tous les continents, même s’il reste parfois difficile d’en identifier les clients. Florilège.

    Au Royaume-Uni, à l’automne 2021, les avatars AIMS s’en prennent vertement à l’agence de sécurité sanitaire britannique. Son tort ? Avoir ouvert une enquête sur un laboratoire accusé d’avoir fourni environ 43 000 faux résultats négatifs de test Covid à ses patients. Le groupe propriétaire de ce laboratoire a réfuté tout lien avec « Jorge », arguant n’avoir jamais eu vent de son existence.. En 2020, ces mêmes avatars participent à une violente campagne de dénigrement contre l’homme d’affaires de hong-kongais George Chang, propriétaire de 90 % du port de Panama. La même année, l’armée de bots « AIMS » vole au secours d’un ancien haut fonctionnaire mexicain, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, Tomás Zerón. Ex-directeur de l’agence chargée des enquêtes criminelles au Mexique, de 2013 à 2016, Zerón est accusé d’enlèvement, de torture et de falsification de preuves dans l’enquête sur la disparition de 43 étudiants en 2014. Impliqué dans l’acquisition du logiciel espion Pegasus par les autorités mexicaines, il est aujourd’hui en fuite en Israël, qui refuse de l’extrader. Mais pour les bots créés par Jorge, ces accusations ne constituent qu’une campagne orchestrée à l’encontre d’un « innocent » par le « président corrompu » du Mexique, Andrés Manuel López Obrador. M. Zerón « n’est responsable d’aucune campagne en son nom et ne sait pas qui se cache derrière chaque commentaire sur les réseaux sociaux », explique son avocate Liora Turlevsky.

    L’outil AIMS ne se contente pas de fournir des avatars. Dans sa dernière version présentée aux journalistes infiltrés, il propose aussi de créer du contenu automatisé. À partir de mots clés donnés, l’intelligence artificielle peut désormais accoucher en quelques secondes de posts massifs, mettre en ligne des articles, des commentaires ou des tweets, dans la langue de son choix, avec un ton « positif », « négatif » ou « neutre ». Par exemple, après avoir rapidement entré les mots « Tchad », « président », « frère » et « Déby », « Jorge » demande à l’intelligence artificielle, en présence des reporters infiltrés, de produire dix tweets négatifs sur le pouvoir tchadien. Douze secondes plus tard, les messages apparaissent : « Trop c’est trop, nous devons mettre fin à l’incompétence et au népotisme du président du Tchad, frère Deby », « Le peuple tchadien a suffisamment souffert sous le règne du président Frère Deby »… Un associé de l’entrepreneur se félicite : « Un opérateur peut gérer 300 profils, donc en deux heures, tout le pays parlera du récit [qu’on] veut ». Rapide, redoutable et terriblement efficace.

    Hacker des ministres

    Ce n’est pourtant pas là l’arme la plus terrifiante de « Jorge ». En temps réel, et pour les besoins de sa démonstration, il va prendre le contrôle de messageries privées de hauts responsables africains. « On est à l’intérieur », répète Jorge. Sous les yeux des journalistes sous couverture, deux adresses Gmail, drive et carnet d’adresses compris, ainsi qu’une ribambelle de comptes Telegram sont scrutés, fouillés, dépouillés. Un piratage sophistiqué, dont les véritables utilisateurs n’ont absolument aucune idée. Ils continuent d’ailleurs à utiliser leurs messageries en toute confiance, comme en attestent les appels passés et les messages reçus entre les différentes présentations faites aux journalistes infiltrés.

    Pour convaincre ses (faux) clients de l’efficacité de l’opération de cyber espionnage, « Jorge » va alors lui-même envoyer des messages aux proches des victimes de son hack, depuis leurs messageries Telegram piratées. En clair, infiltré dans la messagerie d’une victime, il peut se faire passer pour elle auprès de ses contacts et leur écrire ce qui lui plait. Certainement trop confiant, Jorge commet alors une énorme erreur. Tandis qu’il supprime les messages envoyés lors de la démonstration sur le compte de sa victime et de ses contacts, il en oublie un.

    Un destinataire, au moins, a donc gardé la trace de son opération. Nous l’avons retrouvé, ainsi que le message envoyé par « Jorge ». Et cette erreur nous a permis de confirmer qu’à l’été 2022, alors que l’élection présidentielle kenyane se prépare, le pirate israélien navigue sans difficulté entre les comptes de proches de William Ruto, le futur président. Deux de ses victimes – Denis Itumbi et Davis ChirChir, alors respectivement responsable de la stratégie numérique et chef de cabinet de Ruto – ont été accusées, à la suite des élections, d’avoir embauché des hackers pour manipuler les résultats de la présidentielle. Si l’accusation a été rejetée par la Cour Suprême, qui évoquera même des « preuves falsifiées », elle prend une toute autre dimension à l’aune des démonstrations de Jorge. Le hacker israélien se cache-t-il derrière cette tentative de manipulation de l’élection présidentielle kenyane ? À quoi son savoir-faire a-t-il pu servir ?

    Jorge et sa galaxie

    Mais surtout, qui est « Jorge » ? Quelle est la véritable identité de ce fameux consultant, capable de manipuler l’information diffusée sur des chaînes d’information françaises, de créer de faux individus en un claquement de doigt, de hacker l’entourage d’un président ou d’infiltrer les messageries privées de ses victimes ? L’homme, ultra secret, a construit un mystère autour de son personnage. Durant les différents rendez-vous avec les journalistes du consortium, il ne laisse rien fuiter, aucun nom, aucun document et ne se montre jamais dans les visios en ligne. Il faudra se rendre dans ses bureaux, à Modi’in siège de la high-tech israélienne, pour découvrir son visage. Même auprès de ses partenaires les plus éminents, Jorge est parvenu à dissimuler jusqu’au plus petit détail le concernant. Ainsi, Alexander Nix le directeur de Cambridge Analytica, qui ne le connaît que sous son surnom s’enquiert dès mai 2015, dans un mail interne à l’entreprise britannique auquel nous avons eu accès : « Quel est le nom de Jorge ? Et quel est le nom de sa boîte ? ». La réponse arrive le lendemain, dans un courriel de Brittany Kaiser, ancienne directrice du développement de la société et lanceuse d’alerte du scandale : « Tal Hanan, c’est le PDG de Demoman International ».

    Il aura fallu des mois d’enquête au consortium pour retracer son parcours pour dessiner les contours de sa galaxie.

    Dès les premiers jours de notre investigation, nos journalistes infiltrés ont eux-mêmes dû passer plusieurs entretiens avec des intermédiaires, avant de parvenir à le rencontrer. Un attelage d’anciens des renseignements, de communicants et d’experts en sécurité qui confirme l’étendue de ses activités et la nature de son business.

    Il y a d’abord Mashi Meidan, qui dirigeait dans les années 2010 une société de sécurité israélienne au Panama. Un homme dont il reste difficile de retracer le parcours avec exactitude, mais qui serait, selon plusieurs sources, un ancien du Shabak, le service de renseignement intérieur israélien, aussi connu sous le nom de Shin Bet. Selon ses avocats, il aurait « travaillé pour le gouvernement israélien jusqu’en 2006, date à laquelle il a pris sa retraite », mais il « n’est pas, et n’a jamais été, associé à une société ou une entité nommée « Team Jorge » et n’est certainement pas un « partenaire commercial » dans une telle entreprise ». Il est pourtant présent aux côtés de Tal Hanan dans les locaux de son entreprise et lors de la plupart des rendez-vous avec lui, alors que son comparse présente l’étendue de ses services.

    Tout aussi mystérieux que lui, Shuki Friedman serait lui aussi un ancien officier du service de renseignement intérieur israélien. Responsable du renseignement à Ramallah, en Palestine, pendant des années, la légende voudrait qu’il ait recruté le « Prince Vert », fils d’un leader du Hamas, espion pour le Shin Bet durant dix ans. Contacté M. Friedman n’a pas donné suite à notre message. Autour de Tal Hanan pendant deux réunions, Yaakov Tzedek, à la tête du Tzedek Media Group, et se présentant comme « un expert du numérique et de la publicité depuis plus d’une décennie ». Il n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien. Et Ishay Shechter, directeur de la stratégie chez Goren Amir, un important cabinet de lobbying israélien. Celui-ci, présent lors d’une des rencontres ayant conduit les journalistes du consortium à Tal Hanan, mais jamais lors d’un rendez-vous avec lui, affirme ne « jamais eu de relation d’affaires avec Jorge ou Tal Hanan » et ne pas être « au courant de leurs activités illégales ou inappropriées ».

    Enfin, Zohar Hanan, le frère de Tal, PDG d’une entreprise de sécurité privée, spécialiste du détecteur de mensonges, rencontré lors de la visite des bureaux, qui a affirmé au consortium « avoir travaillé toute [sa] vie en respectant la loi ».

    Selon la biographie disponible sur le site de son entreprise, Demoman, Tal Hanan a, lui, servi dans les forces spéciales israéliennes au sein d’une unité d’élite dédiée à la neutralisation d’engins explosifs. Sa carrière, tout comme son business, a ensuite cheminé de l’élimination d’explosifs au renseignement, au sens large. Et si « Jorge » est resté invisible pendant des années, Tal Hanan lui, intéresse au moins un service de renseignement européen depuis 2008, d’après une source policière. Pas pour des actions de désinformation, mais pour ses offres de services de sécurité douteux après des conférences sur le contre-terrorisme, le renseignement et le contre-espionnage. Selon la même source, il évoluerait à l’étroite « frontière séparant la sécurité privée des mercenaires ». Contacté par le consortium, Tal Hanan a simplement « nié tout acte répréhensible ».

    En dehors des partenaires présents lors des rendez-vous avec les journalistes infiltrés, celui-ci s’est aussi doté d’un réseau à l’international au fil des années. D’après une enquête de Bloomberg, en 2006, alors en mission pour une banque panaméenne, il alerte un certain Martin Rodil, du FMI (Fonds monétaire international), de mouvements d’argent de PDVSA, la compagnie pétrolière de l’État vénézuélien, vers l’Iran, en violation des sanctions américaines. D’après la même enquête, Hanan propose alors à Rodil d’arrondir ses fins de mois en traquant l’argent pour lui. Un an plus tard, les deux comparses décident de partager leurs informations avec le gouvernement israélien et passent deux jours à répondre aux questions des services secrets. Ils fonderont ensuite la société Global Ressources Solutions, offrant renseignement, sécurité et intelligence financière, l’un y occupant le poste de président, l’autre celui de directeur. Martin Rodil se trouve aujourd’hui sous le coup d’une enquête en Espagne pour avoir extorqué d’anciens officiels vénézuéliens. Il n’a pas souhaité répondre à nos questions.

    Autre ancien associé de choix mentionné par Tal Hanan au détour d’une conversation avec les journalistes : l’ancien secrétaire d’Etat adjoint du président américain George W. Bush, Roger Noriega qui a lui aussi travaillé avec Martin Rodil, dont il a même pris la défense dans la presse.
    Contacté, cet ex-diplomate américain, en partie responsable de la ligne politique américaine très dure vis-à-vis du régime de Chavez, admet connaître Tal Hanan, mais ne pas avoir eu de « réelle conversation avec lui depuis six ou sept ans. Nous avions des clients communs liés au Vénézuela, mais je n’ai jamais fait d’affaires sérieuses avec lui. »

    Un business connecté

    Voilà pour les anciens collègues que nous avons pu retrouver. Pour ses services de manipulation, Tal Hanan a aussi recours aux outils les plus pointus du marché. Lors de ses démonstrations live, il présente par exemple des solutions offertes par TA9, une filiale de l’entreprise Rayzone– dont il a pris soin de gommer une partie du logo dans sa présentation. Contactée par Forbidden Stories, TA9 affirme n’avoir jamais eu relation d’affaires avec Tal Hanan ou ses associés et explique que des captures d’écran de ses produits sont aisément accessibles sur son site Internet ou lors de présentations en ligne.

    Le groupe israélien Rayzone commercialise notamment des outils permettant la collecte de données personnelles et la localisation via Internet ou les réseaux téléphoniques. Pour cela, il s’appuierait notamment sur le réseau SS7, servant à orienter les appels et SMS des utilisateurs de téléphones leurs clients et à localiser leur appareil. Ce réseau, censé être réservé aux opérateurs de téléphonie, souffre de vulnérabilités permettant à des hackers d’accéder aux informations des propriétaires de téléphones portables. À plusieurs reprises, lors des rendez-vous avec ses faux clients, Tal Hanan évoque la possible exploitation de ces failles. Interrogée sur son offre de services, la société Rayzone ne mentionne qu’un produit, règlementé par le ministère israélien, « délivrant uniquement la localisation sans aucune capacité d’interception active ».

    En s’appuyant sur les diapositives issues des brochures de TA9, la filiale de Rayzone en question, Tal Hanan cite également la « reconnaissance faciale », « l’interception du réseau mobile » ou « tout ce qu’on peut trouver dans n’importe quelle base de données » comme autant d’outils à sa disposition pour une surveillance des plus sophistiquées de ces cibles.

    Petit détail, et non des moindres, selon le quotidien israélien Calcalist, David Avital, actionnaire d’une filiale de Rayzone hébergerait actuellement Tomás Zerón, l’ancien haut fonctionnaire mexicain, sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour torture et disparition forcée, dont les avatars AIMS défendaient l’innocence. Une information récusée par son avocate Liora Turlevsky : « M. Zerón est en effet en Israël. Cependant, il n’a jamais vécu dans un appartement appartenant à David Avital. »

    Hanan, Rodil, Noriega, Rayzone… Une galaxie dont les relations résument bien la porosité entre États et entreprises privées, renseignement, influence et cybersurveillance. Reste néanmoins une inconnue : comment Tal Hanan est-il rémunéré pour ses services ?

    Les sommes en jeu sont conséquentes. Après des mois d’enquête, les journalistes du consortium ont mis la main sur une brochure envoyée à Cambridge Analytica en 2015. Un document d’un peu plus de trois pages, plutôt vague, intitulé « élections, renseignement et opérations spéciales » qui mentionne une expérience sur le terrain depuis 1999. Or, 1999 est aussi la date de création de l’entreprise Demoman, dont Tal Hanan est le PDG. Dans cette brochure, Hanan propose différentes options qui « se nourrissent et se renforcent mutuellement », alliant « intelligence stratégique », « perception publique », « guerre de l’information », « sécurité des communications » et « package spécial Jour J ». Il y vante son équipe constituée d’anciens des services de renseignement et des forces spéciales israéliennes, américaines, espagnoles, britanniques ou russes. L’équipe compte aussi des « experts des médias » connaissant « les meilleurs moyens de raconter une histoire, un message ou un scandale, et de créer les effets désirés ». Surtout, Tal Hanan y réclame 160 000 dollars pour une « phase initiale de recherche et de préparation » de huit semaines, plus 40 000 dollars de frais de déplacement. Un tarif beaucoup moins élevé que celui qu’il proposera à nos reporters en 2022 – six millions d’euros pour une campagne.

    Ce n’est pourtant pas via Demoman, dont il est effectivement le PDG, que Tal Hanan peut commercialiser ses services de hacking. Et pour cause, l’entreprise est enregistrée auprès du Ministère de la Défense israélien. Or, au regard de la loi israélienne, de telles prestations sont parfaitement illégales. En effet, si une licence peut y être accordée à une entreprise pour vendre des logiciels espions à des États, en conformité avec leur propre législation, aucune n’autorise les services de piratage pour une campagne politique ou à des fins commerciales.

    Lors des rendez-vous sous couverture, Tal Hanan avance néanmoins faire travailler une centaine d’employés, autour du globe. Si le nombre de salariés est impossible à confirmer, le site de Demoman annonce disposer de bureaux et des représentants en Israël, aux États-Unis, en Suisse, en Espagne, en Croatie, aux Philippines ou en Colombie. Des adresses sont également mentionnées au Mexique et en Ukraine, mais, selon les dires de Tal Hanan elles ont été fermées, à cause d’un ralentissement des affaires pour la première, de la guerre pour la seconde. Au cours du même rendez-vous, les frères Hanan avancent également utiliser leurs bots AIMS pour parier sur le marché des cryto-monnaies, et donc engranger des gains supplémentaires. Les affaires sont les affaires, dans cet obscur business, où les sous-traitants d’hier commercialisent désormais directement leur savoir-faire et où les nouvelles technologies servent décidément à tout.

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