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  • Algérie : Le choix du roi pour le président Tebboune

    L’issue de l’élection législative anticipée du 12 juin dernier a donné au pays une cartographie politique inédite : contrairement aux scrutins précédents, la future Assemblée populaire nationale (APN) sera quasiment à sens unique. Aucun parti d’opposition ne siégera dans la chambre basse du parlement. Les résultats de cette élection législative, que devait confirmer hier soir le Conseil constitutionnel, sont en faveur du chef de l’Etat. Abdelmadjid Tebboune aura tout le loisir de constituer une majorité présidentielle, donc de nommer un premier ministre de son choix sans se sentir obligé de prendre en compte les positions de chacun des partis politiques en compétition. Résultat : en dehors du Mouvement de la Société pour la paix (MSP) qui attend un signal de la présidence de la République, les autres groupes et formations politiques ont fait leur allégeance au président de la République.

    Après le FLN et les indépendants, le Rassemblement national démocratique, RND, a fait connaître lui aussi son camp. Tayeb Zitouni, qui s’exprimait hier à Alger, a indiqué que pour lui, après les législatives du 12 juin, « les contours de la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN) se dessinent de façon claire », et il s’est avéré que le RND « est un des acteurs dans le pôle national qui constitue, aujourd’hui, la nouvelle carte politique de l’Algérie ».

    M. Zitouni a également souligné que le groupe parlementaire issu des dernières élections législatives « dira son dernier mot et aura des positions importantes qui refléteront le débat politique conscient adopté par les militants du parti lors de la campagne électorale». Pour lui, le groupe parlementaire du RND « orientera ses premiers intérêts vers la concrétisation des objectifs du parti, des intérêts qui se rencontrent dans beaucoup de points, avec le projet du président de la République et des groupes politiques au sein du Parlement». Lundi dernier, le groupe des indépendants s’est réuni à Alger. «Nous sommes les élus des listes indépendantes aux législatives du 12 juin.

    Nous serons des membres actifs au sein d’un bloc et d’une classe large plus cohérente et efficace, en vue de soutenir et appuyer le programme du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant à édifier une Algérie Nouvelle aux contours clairs avec des fondements politiques et une pratique démocratique qui prônent le développement dans tous les domaines», lit-on dans un communiqué sanctionnant cette réunion. Les indépendants seront très probablement la locomotive de la future alliance présidentielle.

    Auparavant, le FLN avait lui aussi annoncé son soutien au chef de l’Etat. Mais comme le RND, le chef de cette formation, Abou El-Fadhl Baadji, sait que son parti ne sera pas mis en avant par le chef de l’Etat lors de la composition du gouvernement. Les deux partis se contenteront de quelques ministères. Ce sera aussi le cas d’El-Moustakbal et d’El-Bina qui entreront certainement au gouvernement. Il reste désormais à scruter la position du MSP. Le parti de Abderrazak Makri pour intégrer « un gouvernement d’union nationale ». Mais si le chef de l’Etat ne fait pas appel à ses services, il va jouer le rôle de l’opposition !

    Akli Ouali

    L’Est Républicain, 24 juin 2021

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  • Algérie : Après les législatives anticipées.Et, maintenant ?

    Par Abdellali Merdaci

    Selon un journal d’Alger, zélateur du néo-hirak, un candidat aux législatives anticipées du 12 juin a été élu député, à Constantine, avec trois cent voix (1). L’événement, en soi, peut paraître absurde, mais il n’entache en rien la légalité de cette élection.Bienvenue, M. le député ! Dans le contexte national algérien actuel, marqué par une irréductible pandémie sanitaire et par les dérives d’aventuriers stipendiés de la politique, seul compte le socle de la légalité dans une organisation du vote sans heurts et l’indispensable légitimité proclamée est celle de l’action, davantage que celle des chiffres. Du reste, les chiffres vitaminés d’une élection ne sont jamais consentis à une gouvernance meilleure, ainsi qu’en témoignent les élections de l’ère Bouteflika. L’écrivain et journaliste Mohamed Benchicou rapporte dans un remarquable essai biographique (2) comment le candidat Abdelaziz Bouteflika exigeait, en 1999, des généraux qui l’ont ramené au pouvoir de décider de ses propres chiffres électoraux. À l’évidence, le tripatouillage des résultats électoraux est exclu dans l’Algérie nouvelle et c’est une précieuse évolution démocratique.

    Monsieur Abdelmadjid Tebboune a rappelé, au-delà des chiffres de participation aux différentes consultations électorales (12 décembre 2019, 12 juin 2021) et référendaire (1er novembre 2020), la légalité de la démarche politique et institutionnelle qui les fonde. En démocratie, l’électeur a le droit de s’abstenir ou de boycotter une votation : si la politique de la chaise vide n’a jamais été payante, l’État algérien, qui n’impose rien, protège sa liberté de conscience. Dans aucun pays et dans aucune démocratie, même parmi les plus avancées, le taux de participation le plus bas n’a invalidé une élection et disqualifié ses candidats élus. Dans les faits, abstentionnistes et boycotteurs ne forment ni un parti, ni une tendance politique lisible, ni une majorité

    Pourquoi, à défaut d’une vraie opposition politique, une presse bien-pensante – qui la supplée – ne cesse d’asséner au président de la République et aux Algériens une incertaine logique des chiffres ? Il n’y a pas de « légitimité populaire » : qu’un candidat soit élu à 100 % des électeurs inscrits n’est pas un gage de réussite de son mandat. Sauf à tournebouler le sens des mots, la seule légitimité consensuelle appartient à l’Histoire. M. Tebboune, président de la République, écrit une page de l’Histoire de l’Algérie, et cette page, il faut se garder de la juger hors de l’heure du bilan.

    Lorsqu’on évoque dans notre pays, dans les marges de toute consultation électorale démocratique, la formation d’un champ politique national, résolument national, l’absolu critère est celui de l’unité de la Nation algérienne. Or, le néo- hirak, érigé en dehors de toute légalité ces derniers mois par une presse qui lui est acquise en principal opposant du pouvoir d’État, parasité par des organisations nettement terroristes (Rachad, MAK) et par des acteurs politiques formés par les services américains de la démocratisation du monde arabe, du Moyen Orient au Maghreb (3), en est éloigné. Il ne peut se projeter que dans le chaos pour mettre à terre les institutions de l’État, notamment la présidence de la République, et ses chartes, particulièrement la Constitution, ses garants juridiques.

    Cette politique de destruction, sans honneur et sans loyauté, perdure. Après le 22 février 2019, contre un gouvernement sans gouvernail et sa ‘içaba, il fallait un changement de cap, le hirak originel pouvait l’incarner dans une brève période de latence politique, le néo-hirak, qui prétend le continuer dans l’usurpation et dans l’imposture, constitue un obstacle. Il est de bonne guerre, contre cet ennemi de l’intérieur et de l’extérieur répondant à des agendas pernicieux, que le président Tebboune fasse valoir l’impérieuse nécessité de la légalité institutionnelle. L’Algérie, déstructurée par le long règne des frères Bouteflika, appelle cette impulsion vers l’État légal, qu’il conduit opiniâtrement.

    Alors même que le président de la République s’appuie sur un programme de refonte du pays et parle régulièrement aux Algériens (4), quels arguments leur présentent ceux qui ambitionnent de faire tomber l’État algérien par de continuels mouvements de rue, troublant la paix sociale, et échappant à toute réglementation administrative et juridique ? Quelles sont les attentes des « ténors autoproclamés » (Ahmed Bernsaada) du néo-hirak ? Maîtres Mustap Bouchachi et Zoubida Assoul, secondés par Karim Tabbou et Abdelouahab Fersaoui (RAJ), bénéficiant de l’onction du sociologue français Lahouari Addi, activistes de mauvais aloi, formés et financés par les experts américains de l’agit-prop, envisagent sûrement de mettre l’Algérie sur les rails d’une politique antinationale, dans la perspective des États-Unis d’Amérique, de l’Europe et, singulièrement, de la France. Ils proposent un programme d’ouverture politique vers l’extérieur rompant avec les fondamentaux de l’État algérien issu d’une terrible Guerre anticoloniale, qu’ils souhaitent effacer, ainsi le droit des peuples sous domination coloniale, notamment en Palestine et au Sahara occidental, à l’autonomie politique nationale. Ce changement politique s’adossera sur l’établissement de relations diplomatiques avec Israël et sur la reconnaissance des thèses sionistes. Sous la direction de cette phalange d’illuminés, l’imparable progrès social serait d’ouvrir des terrasses à bière sur les avenues d’Alger, de libéraliser les mœurs (5) et d’engager une politique déterminée vers la bi-nationalité franco-algérienne pour contenter les bobos d’Alger, leur clientèle assurée et reconnue, qui ne pèse pas lourd dans l’échiquier électoral. Qu’ils aillent donc expliquer ce programme politique à l’électeur de la bourgade de Slim. Le MAK, pour sa part, n’a qu’un exclusif horizon politique, la sécession de la région kabyle d’Algérie (Tizi-Ouzou, Bejaia, en partie Bouira, Boumerdès, Sétif et Bordj Bou-Arréridj), faisant corps pendant des millénaires avec l’Algérie, relevée par cinquante-neuf années d’accompagnement exceptionnel de l’État algérien, pour la livrer à la France et à Israël. Quant aux islamistes de Rachad, leur objectif unique est de se venger de la cuisante défaite que leur a infligée, dans les années 1990, l’État algérien dont ils envisagent, désormais, l’anéantissement en manipulant la rue dans un jeu pervers et criminel.

    Le reproche qu’il faudra faire à ces « ténors autoproclamés », c’est qu’ils ne s’adressent jamais clairement au peuple algérien sur leurs intentions. Leur fuligineuse antienne, devenue incantatoire, est de briser l’État algérien pour aller sûrement vers la dislocation du pays. Est-ce que l’extrême majorité des Algériens, et notamment ceux qui pour différentes raisons ne votent pas, et il faudrait y voir un effet du long règne autoritaire des frères Bouteflika plus qu’un désaveu du pouvoir d’État, approuveraient ce projet ? Quel Algérien se prévaudrait d’une tabula rasa, du démembrement de la terre sacrée d’Algérie et du démantèlement de ses institutions ? Il n’est ni indifférent ni inintéressant de savoir qui est à la manœuvre dans cette entreprise funeste de nettoyage du pays : de grands bourgeois à fort revenu bien installés dans la capitale, souvent rétribués sur les fonds régaliens de l’État (6), qui se soucient comme d’une guigne des marcheurs des cités populaires dont ils exploitent le malheur, des islamistes de Londres et Genève, bazaris discrédités, sans attache réelle avec le pays, des séparatistes kabyles emmenés par un chansonnier de cabaret sauvage, qui reçoivent – contre toute attente – le soutien de communistes, héritiers de l’ancien PAGS, et des trotskistes du PST, représentants du peuple ouvrier arborant autrefois comme signe de ralliement une paire d’espadrilles (« sbidri ») éculée, tout feu, toute flamme contre l’État national algérien. Voilà les ennemis de l’Algérie, de l’État algérien et de M. Tebboune. Comment imaginer un « Bousbidri » en affaire politique avec un islamiste, un makiste et un bourgeois prédateur des beaux quartiers d’Alger – et, inversement ? Cette conspiration de cloportes, cette association bancale de groupes politiques sans ressort dans la société, de séparatistes hargneux et de terroristes sanguinaires dont la mesure commune est la chute de l’État légal, leurs fourvoiements violents et vertigineux n’ont aucun avenir en termes politiques et électoraux.

    L’Algérie est une jeune nation, sortie de l’emprise d’un colonialisme français génocidaire qui a exterminé, entre 1830 et 1962, un quart de sa population. Ce pays d’infinie souffrance mérite d’exister. Aujourd’hui, le plus urgent engagement qui vaille est d’en défendre l’intégrité territoriale et la pérennité de ses institutions. L’unité de la Nation algérienne, désormais menacée et fragilisée par les soutiers de plans étrangers mortifères, est à ce prix. Maintenant, au-delà de la feuille de route de M. Tebboune, l’urgence pour le gouvernement et le parlement, et peu importe leurs soubassements partisans et idéologiques, est de penser des lois renforçant le cadre politique et institutionnel légal pour protéger contre toute hypothèse insurrectionnelle la Nation algérienne et l’inscrire dans la durée. Que vive l’Algérie !

    Notes

    1.« Le Quotidien indépendant », 18 juin 2021.
    2.« Bouteflika, une imposture algérienne », Alger-Paris, Le Matin Éditions-Jean Picollec, 2004.
    3.Je renvoie sur cet aspect aux publications strictement documentées d’Ahmed Bensaada, notamment « Qui sont ces ténors autoproclamés du hirak ? », Alger, Apic, 2020, et aux articles sur ce thème publiés sur son site web : www.abensaada.com.
    4.Le président de la République est dans son rôle de défendre l’Algérie et de porter la voix de l’Algérie dans tous les médias du monde qui le sollicitent, quelles qu’en soient les lignes éditoriales. Son récent entretien avec « Le Point », porte-parole de la droite française, historiquement fermé à l’Algérie et proche du Makhzen, est en termes de politique algéro-algérienne un contre-sens. Comment les conseillers du président chargés de la presse ont-ils accepté qu’il soit interrogé par deux ex-Algériens devenus Français, l’un par le mariage avec une Française (Adlène Meddi), l’autre par choix personnel (Kamel Daoud) ? Si Meddi évite tout prosélytisme, Kamel Daoud se présente comme le « Français du futur » et invite les Algériens à le rejoindre dans ce choix. Alors qu’il n’y a pas de législation algérienne autorisant la double nationalité entre l’Algérie et la France, l’accueil à la présidence de la République de journalistes néo-Français peut être perçu comme une caution à la course vers la bi-nationalité franco-algérienne. Déception et regrets.
    5.On en a une représentation fidèle et juste dans l’expression des attentes de la jeunesse dorée d’Alger et d’Oran dans le documentaire de Mustapha Kessous « Algérie, mon amour » (France 5, 26 mai 2020). Mais cette projection libérée des mœurs est visible dans les grandes cités du pays et dans les couches sociales supérieures.
    6.Ainsi, Mme Assoul, cheffe de parti, pressentie dans un triumvir dirigeant une transition politique en Algérie, une des doléances du néo-hirak, a été accusée publiquement par un sénateur constantinois de percevoir une mirobolante retraite à vie pour une mission parlementaire dans les années 1990. Elle n’y a pas réagi.

    Algérie54, 22 juin 2021

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  • Algérie – Résultats définitifs : le FLN toujours en tête

    Législatives : Les résultats définitifs : le FLN toujours en tête

    Le Conseil constitutionnel a proclamé mercredi 21 juin les résultats définitifs de l’élection des membres de l’Assemblée populaire nationale du 12 juin 2021.

    Le taux de participation aux élections législatives du 12 juin 2021 s’est établi à 23%, a annoncé le président du Conseil constitutionnel, Kamel Fenniche.

    Le parti du Front de libération nationale (FLN) reste toujours en tête avec 98 sièges, suivi des Indépendants avec 84 sièges, du Mouvement de la société pour la paix (MSP) avec 65 sièges et du Rassemblement nationale démocratique (RND) qui a remporté 58 sièges.

    Le président du Conseil constitutionnel, Kamel Fenniche avait rappelé que, que le Conseil était destinataire de plus de 361 recours déposés par les candidats aux dernières élections législatives.

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  • Où va l’Algérie ? – Entretien avec Akram Belkaïd

    Entretien avec Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique, auteur de la Chronique du Blédard au Quotidien d’Oran.

    Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique, auteur de la Chronique du Blédard au Quotidien d’Oran, répond à nos questions à l’occasion de sa participation aux Internationales de Dijon, le 5 juin 2021:

    – En quoi le Hirak est-il un mouvement représentatif de l’Algérie ? Quel registre le gouvernement utilise-t-il pour le décrédibiliser ?

    – Y a-t-il eu une évolution des revendications entre les émeutes des années 1980 et aujourd’hui ? Le Hirak a-t-il engagé un véritable bouleversement sociétal en Algérie ?

    – Des mouvements féministes font partie du Hirak. Ont-ils un poids conséquent ? Sont-ils acceptés par le reste des contestataires ?

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  • Algérie : Quel bilan pour le gouvernement à la veille de sa démission ?

    Les jours de l’actuel gouvernement sont désormais comptés. Le Premier ministre, Abdelaziz Djerrad, et les membres du gouvernement sont sur le point de quitter leur fonction.

    Djerrad, en poste depuis la fin du mois de décembre 2019, doit en effet, incessamment, présenter sa démission et celles par voie de conséquence de l’ensemble de ses ministres. Selon toute vraisemblance cela interviendra dès la proclamation des résultats officiels des élections législatives anticipées du 12 juin par le Conseil constitutionnel. Il est presque certain que ce sera le cas demain jeudi puisque, selon les dispositions de la loi, le Conseil constitutionnel dispose de 10 jours pour proclamer les résultats et ce à compter du jour ou l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a annoncé les résultats provisoires Mohamed Charfi, président de l’Anie, a, ainsi, annoncé ces résultats le mardi 15 juin dernier.

    En présentant sa démission, conformément aux us et coutumes et aux dispositions constitutionnelles, Abdelaziz Djerrad laissera la place à une autre personnalité qui aura à choisir les membres du futur cabinet. Une personnalité qui sera nommée par le président de la République et qui sera issue de la nouvelle majorité parlementaire. Et il est évident que Djerrad et l’ensemble des ministres s’apprêtent à rendre le tablier et sont d’ores et déjà en train de préparer leurs valises. Tout porte à croire que l’on verra l’arrivée d’une nouvelle figure au palais du Docteur-Saâdane pour succéder à Djerrad. Il en sera de même pour les postes ministériels car selon, en tout cas, les prévisions des analystes, le Président Tebboune fera sans doute le choix d’injecter du sang neuf à l’exécutif.

    Disposant désormais de la majorité parlementaire à l’APN le chef de l’État a les coudées franches pour former le gouvernement selon ses convenances. Ce d’autant que presque l’ensemble des nouveaux groupes parlementaires lui ont déjà proclamés leur indéfectible soutien. Mais selon certaines conjectures, des ministres pourraient sauver leurs têtes et rester dans le nouvel exécutif. Ils devraient se compter sur les doigts d’une seule main tant la volonté de changement est très forte. Ce dernies jours nombreux sont les ministres qui ont présenté des bilans de leurs actions à tout le moins il a été question notamment du bilan de ce premier semestre de l’année en cours. C’est le cas du ministre de l’Industrie, Mohamed Bacha, qui a présenté ce bilan sur le site du ministère. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, El Hachemi Djaaboub, en a fait de même en présentant un bilan chiffré, notamment s’agissant de l’emploi. Mais celui qui a attiré l’attention des observateurs reste, incontestablement, le Premier ministre, Abdelaziz Djerrad.

    Ce dernier a en effet surpris plus d’un analyste en présentant un « plan de relance » économique allant de 2020 à 2024 qui a été publié, ces derniers jours, sur le site du Premier ministère. A travers ce document de 197 pages Djerrad a certainement voulu adresser un message selon lequel il dispose bel et bien d’une vision claire et d’un programme pour relancer la machine économique. Une manière à lui de contrer tous ceux qui lui reprochent de naviguer à vue et de manière approximative. En vérité c’est l’ensemble du gouvernement qui a été très critiqué et son action jugée négative. On se souvient des déclarations de Tebboune qui ont été interprétées comme un désaveu public du gouvernement. En agissant de la sorte Djerrad et certains ministres voulaient-ils indiquer qu’ils sont toujours d’aplomb pour continuer le travail au sein de la prochaine équipe gouvernementale ?

    Par : KAMEL HAMED

    Le Midi Libre, 23 juin 2021

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  • Algérie : Les résultats définitifs des élections ce mercredi

    Le Conseil constitutionnel annonce, ce mercredi 23 juin à 20h00, les résultats définitifs des élections législatives du 12 juin 2021.

    Source : Ennahar online, 23 juin 2021

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  • Algérie : Mutualiser les énergies (Edito du Moudjahid)

    Selon les chefs de parti et les candidats indépendants, vainqueurs aux élections législatives, la possibilité d’alliance au sein de la chambre basse du Parlement dans la perspective d’un soutien au programme du président de la République n’est pas exclue ; les raisons sont multiples et se justifient amplement.

    Il faut admettre que cette initiative, pour peu qu’elle aboutisse, pourrait éloigner le spectre des divisions qui feraient obstacle au processus de réformes en cours, à une nouvelle dynamique à l’action de l’APN.

    Une Assemblée regroupée autour de dénominateurs communs, hautement consensuels, n’aura que plus d’efficacité, surtout quand elle place au cœur de ses préoccupations la défense des intérêts supérieurs de l’Algérie, les valeurs de la Révolution de 1954 et sa Proclamation historique, en plus des aspirations citoyennes au changement radical. La conjoncture actuelle plaide nécessairement en faveur d’un tel rassemblement des rangs et d’une mutualisation maximale de tous les efforts, en vue de la préservation de la nation, de la sauvegarde de sa stabilité, du souci majeur de voir émerger une scène politique assainie, en rupture totale avec l’emprise de l’argent sale, les marchandages occultes orchestrés par l’oligarchie et les partisans de la gouvernance parallèle.

    S’exprimant sur une éventuelle alliance du FLN avec d’autres partis au sein du prochain Parlement, le secrétaire général du FLN, Abou Fadhl Baadji, a affirmé que les députés du parti seront au service du peuple pour défendre ses droits, qu’il aura des alliés avec lesquels il partage les mêmes idées et convictions. Le président du MSP, Abderrazak Makri, s’agissant de la participation du Mouvement à la composante du prochain gouvernement, a expliqué que la décision devra être prise par le Conseil consultatif. On imagine bien qu’il reste attentif et disponible pour prendre part aux éventuelles tractations qui s’effectueront dans ce sens.

    Le Rassemblement national démocratique, par la voix de son secrétaire général, Tayeb Zitouni, s’inscrit dans cette démarche et n’a pas écarté la possibilité de s’impliquer dans des alliances au sein du Parlement.

    Le président du Front El-Moustakbal, Abdelaziz Belaid, est aussi favorable à une alliance partisane ou avec des listes indépendantes, pour contribuer positivement à la stabilité de l’Algérie. On retrouve le même état d’esprit chez le président du mouvement El Bina El Watani, Abdelkader Bengrina, qui a appelé à l’adoption d’une vision nationale inclusive reposant sur une approche participative, loin des calculs restreints, sous l’égide du Président Tebboune et en concertation avec les institutions de la République. Des députés indépendants ont annoncé leur soutien et leur appui au programme présidentiel, en vue de consolider l’édification d’une Algérie nouvelle avec des fondements politiques et des pratiques démocratiques qui prônent le développement dans tous les domaines. Ils ont exprimé leur fierté de pouvoir participer à la démarche sincère, du chef de l’État, engagée depuis son élection à la magistrature suprême.

    EL MOUDJAHID, 23 juin 2021

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  • Algérie : Les partis et les indépendants entament les tractations

    En vue de former une alliance présidentielle au sein de la prochaine APN: Les partis et les indépendants entament les tractations

    En attendant l’installation des nouveaux députés issus des législatives du 12 juin, certains partis politiques et listes indépendantes ont déjà entamé les tractions en vue former une alliance présidentielle qui aura la majorité au sein de la prochaine APN.

    C’est le cas notamment du « Rassemblement El-Hisn El-Matine » qui a annoncé samedi dernier le lancement d’une initiative visant à former, au sein de la prochaine APN, un groupe de députés indépendants et des formations politiques pour soutenir le président de la République, Abdelmadjid Tebboune dans la gestion de la prochaine phase. Il a proposé « des solutions techniques aux problèmes soulevés dans différents domaines », estimant que « la Déclaration du 1er novembre constituera le seul référent pour ce rassemblement ». Cette initiative a été saluée par des partis politiques qui ont plaidé pour la constitution d’un bloc d’indépendants en vue de trouver « une feuille de route à même de préparer la prochaine phase en imprimant une nouvelle dynamique à l’action de l’APN ». Ils ont également estimé que cette initiative se voulait « un terrain d’entente » entre son parti qui a obtenu trois sièges et les indépendants, ajoutant que « tous les efforts seront focalisés sur la préservation de la Oumma et le renforcement du front national interne en vue de sauvegarder la stabilité du pays ». Ils ont aussi relevé que la prochaine étape sera celle du recouvrement de la légitimité des assemblées élues locales qui sont plus proches aux citoyens, soulignant la nécessité de conjuguer les efforts entre les différents partenaires politiques pour que le prochain Parlement ait un rôle pivot dans le contrôle des actions du Gouvernement, le développement du système législatif et la promotion de la diplomatie parlementaire.

    Il faut dire que suite à l’annonce, par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) des résultats préliminaires des législatives, les contours de l’Assemblée populaire nationale (APN), dans sa 9ème législature commencent à se dessiner avec l’absence d’une majorité absolue, le parti du FLN ayant décroché 105 sièges, suivi des indépendants avec 87 sièges, une première dans l’histoire du parlement algérien.

    En passant de 161 sièges (sur un total de 462) au sein de l’ancienne APN à 105 sièges, le parti FLN aura perdu, cette fois-ci, ses foyers dans plusieurs wilayas, un constat qualifié de « perte politique » de sa représentation, selon des observateurs qui expliquent le maintien de la première place en nombre de sièges par « le boycott dont a tiré profit le parti, en présence d’une base électorale classique structurée et une culture ancrée chez les militants qui votent quels qu’en soient les fustigations ».

    En outre, cette formation politique a réussi à « s’adapter avec les nouvelles tendances politiques locales en changeant les anciennes figures et mettant en avant de nouveaux candidats, notamment ceux qui n’ont jamais occupé de postes de responsabilité au sein du parti », selon des observateurs.

    De leur côté, les indépendants ont créé une véritable surprise lors de ces législatives en remportant le pari à travers la réalisation des prévisions de plusieurs analystes politiques qui ont prévu leur domination de l’APN en se basant sur le nombre de listes, plus importants des listes des partis qui se sont présentée aux législatives.

    Les urnes auront ainsi fait des indépendants la deuxième force politique dans le pays avec 78 sièges. Ces résultats induiront inéluctablement un changement des rapports de forces traditionnels. Le Président de la République s’est engagé à financer la campagne électorale des candidats indépendants âgés de moins de 40 ans pour écarter l’argent sale de la politique.

    Le MSP a préservé sa 3ème place qui constitue son classement lors des précédentes législatives (dans le cadre de son alliance avec le Front pour le changement). Le MSP a doublé lors de ce scrutin le nombre de ses sièges passant de 34 aux 64 sièges. Avec 57 sièges, le RND a échoué à garder le nombre de sièges obtenus lors des précédentes législatives (100 sièges lors des précédentes législatives).

    Face au recul de la domination des parti toujours qualifiés de rivaux, qui remportaient auparavant la majorité parlementaire, cette fois-ci, ils se sont contentés de partager la plus grande part des sièges avec les indépendants. Pour cette nouvelle législature, l’APN exercera ses missions avec une composition différente, marquée par l’émergence de partis politiques montants qui auront un poids dans la législation et par conséquent, dessiner les grandes politiques du gouvernement après la perte par les partis FLN et RND d’une marge importante de représentativité.

    Des partis émergents ont surgi à l’instar du parti El Moustakbal qui a remporté 48 sièges et le Mouvement El Bina qui a enregistré sa présence dans le couloir de la députation avec 40 sièges.

    La présence d’autres partis nouvellement agréés a été remarquée également dans l’hémicycle du Parlement, comme le parti Voix du peuple (PVP) qui s’est adjugé trois sièges, alors que d’autres partis sont aux abonnés absents tel que Tajamoue Amel El Djazair (TAJ).

    Les législatives du 12 juin, premières échéances dans le cadre de la Constitution amendée et la nouvelle loi électorale

    Le recul des partis politiques traditionnels reste également, selon les observateurs, le fait marquant de ces législatives. Néanmoins, il convient de relever aussi que les députés de ces formations politiques élus jouissent, aujourd’hui, de la légitimité, et ce, contrairement à ce qui était suivi précédemment par le recours à l’argent et à l’argent sale. De plus, l’organisation de ces élections qui ont débouché sur l’élection de nouveaux représentants du peuple, s’est faite dans un contexte de mise à l’écart totale de l’Administration qui n’a plus de lien avec les élections, après que tout ce qui se rapporte à l’opération électorale a été confié à l’ANIE, ce qui reflète la véritable image de la scène politique en Algérie, après le Hirak populaire. Le nouveau mode de scrutin a eu pour résultats, deux listes de partis ayant raflé, pour la 1e fois, l’ensemble des sièges dans les deux wilayas de Djelfa et de Mostaganem.

    Ce nouveau mode a débouché également sur le fait qu’aucune liste n’a dépassé le seuil de 5% des suffrages à Constantine, ce qui a mené à la répartition des sièges en fonction des résultats obtenus. A cet effet, le président de l’ANIE, Mohamed Charfi a indiqué que l’application du nouveau régime électoral avait permis de remodeler le mode de représentation populaire au niveau de la chambre basse du Parlement, d’où la nécessité d’un examen « approfondi » en vue d’en tirer les enseignements nécessaires. Certaines grandes circonscriptions électorales, à l’instar de Constantine, « n’ont pu remporter la majorité, ou du moins un pôle politique avancé lors de ces législatives, ce qui a donné lieu à un partage des sièges en fonction des voix recueillies, alors que d’autres importantes circonscriptions n’ont remporté qu’une seule liste ayant raflé tous les sièges, à l’instar de Djelfa et de Mostaganem ».

    Il a invité les nouveaux députés à « œuvrer, de concert avec le nouveau Gouvernement et avec l’aval du président de la République, à apporter de légers amendements à la loi sur les élections, à même de lui conférer davantage de flexibilité ». « Il est des points qu’il convient d’amender dans la loi électorale, voire dans le mode de scrutin à liste ouverte, aux fins d’assurer le comptage de voix de chaque électeur, notamment les bulletins nuls ou ce qui est communément connu par voix perdues », a-t-il ajouté.

    « La dynamique de changement pacifique, enclenchée le 22 février 2019, a été confortée aujourd’hui par ce nouvel acquis institutionnel que le peuple a voulu cautionner en élisant ses représentants le 12 jun 2021 », a-t-il relevé, précisant que ce Parlement « dont les contours ont été définis, en toute liberté et transparence, par le peuple, est appelé à instaurer une nouvelle gouvernance en ne tenant compte que du seul intérêt national, en conformité avec les véritables aspirations des électeurs qui l’ont investi de leur confiance ».

    Le Parlement « bénéficie d’une confiance et d’une crédibilité partant de sa composante inédite, formée pour la première fois de critères individuels et collectifs ayant permis de dessiner les contours d’une APN composée d’une majorité de jeunes, de femmes et d’universitaires », a-t-il ajouté.

    Affirmant que l’Algérie nouvelle « poursuit l’édification de ses institutions et ses loyaux enfants posent le deuxième jalon dans le processus de changement voulu par le peuple qui a choisi ses représentants au sein de la chambre basse du parlement », M. Charfi a estimé que les nouveaux élus auront à « représenter et défendre les droits du peuple tout en œuvrant à améliorer ses conditions de vie ».

    Le « nouveau parlement a été élu par le peuple et non pas la boite noir », a-t-il dit, mettant en avant l’importance de « rétablir la confiance entre dirigeants et peuple, et d’écarter l’argent sale et les mauvaises pratiques ».

    L’Echo d’Algérie, 21 juin 2021

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  • Algérie : Le FLN est mort, vive le FLN !

    par Noureddine Khelassi

    Dans la mythologie éthiopienne, égyptienne, grecque, romaine, musulmane, persane ou indochinoise, le phénix est un oiseau de feu qui renaît de ses cendres. Tous les cinq cents ans, il doit se régénérer par les flammes. De ces restes, jaillit alors un nouveau phénix. Il était chez les Romains le symbole de la force vitale éternelle de l’Empire. Au moyen-âge, il est l’un des emblèmes du Christ, mort puis ressuscité. Au Japon, il est l’esprit élémentaire du feu. Dans tous les cas et toutes les contrées, cette créature unique est le symbole de la résurrection et de l’immortalité. En extrapolant sur le terrain de la politique en Algérie, le phénix, c’est le FLN qui renaît de ses cendres électorales tous les cinq ans !
    Ultime reviviscence électorale à l’occasion du dernier scrutin législatif du 12 juin dernier. Une ressuscitation qui voit l’ancien parti unique et historique déjouer tous les pronostics, y compris les prévisions optimistes du pouvoir qui a manifestement misé sur les «indépendants» qui se placent certes au second rang en termes de sièges cumulés (78). Mais, comme on le sait, dans le cas de ces candidats encouragés en sous-main, une addition électorale ne fait pas forcément la force parlementaire, encore moins être une parfaite traduction d’un ancrage populaire ou d’une influence politique réelle. On croyait l’ex-Alliance présidentielle composée du FLN, de sa réincarnation organique, le RND, et de la mouture algérienne des Frères musulmans, le MSP, six pieds sous terre du fait du Hirak, et la voilà électoralement revivifiée !

    Une résurgence certes favorisée par le taux d’abstention record (23,03 %), mais qui n’est pas en soi si surprenante que ça. Malgré l’émergence significative des «indépendants», la nouvelle configuration parlementaire de l’Assemblée populaire nationale (APN) est finalement conforme à la sociologie politique algérienne, traduisant clairement la culture du vote légaliste dans le pays, en majeure partie au bénéfice du FLN. Depuis l’indépendance, on vote en Algérie, peu ou prou, pour les forces et les candidats qui symbolisent le pouvoir établi, à l’exception de la parenthèse ouverte par l’expérience du Front islamique du salut (FIS) dont le succès électoral fut largement favorisé par le vote-sanction. C’est une vérité historique, une réalité politique et un phénomène électoral.

    La renaissance du FLN intervient donc dans un contexte nettement défavorable. A la tradition de l’abstention qui s’amplifie au fil des consultations électorales, s’ajoutent le fait que le vieux parti est assimilé, non sans raison, à la kleptocratie qui a pillé les richesses nationales et désarmé l’Etat depuis 1999. Sans compter le discrédit total des partis et le désintérêt quasi général pour la chose publique. De même que la sempiternelle idée que tout serait joué d’avance, la forte présomption de culpabilité en matière de fraude électorale et le désaveu cinglant des élites du pays exprimé par le Hirak du 22 février 2019. En dépit de ces facteurs négatifs, l’ancien parti unique obtient donc 105 des 407 sièges de l’APN, avec une partie non connue encore des voix des 5,6 millions de votants sur les 24 millions d’électeurs inscrits. A bout de souffle, le FLN court toujours pour se placer en tête, comme en 2017, 2012, 2007 et 2002.
    De manière objective, le FLN, qui n’a jamais été un parti au pouvoir mais un parti du pouvoir, sa vitrine partidaire privilégiée et le cadre ultime de la mise en scène électorale de ses choix de représentation et d’incarnation politiques, est, avec son produit dérivé le RND et le MSP de la petite bourgeoisie commerçante islamiste, le seul parti d’implantation nationale. Et c’est la seule formation dotée d’une machine électorale réelle et bénéficiant de relais dans l’opinion, souvent des notables locaux. Sans oublier que son statut d’ex-parti unique du pouvoir lui permettait de bénéficier globalement des faveurs ou de la neutralité bienveillante de l’Administration. Face à lui, et à quelques exceptions près, les autres formations politiques apparaissent comme des proto-partis, des structures embryonnaires, des coquilles vides. En dehors des échéances électorales, ils sont quasiment absents de la scène politique. Inaudibles et presque invisibles.

    Plus que tous les autres partis, le FLN semble bénéficier de la culture beylicale qui imprègne encore le pays profond, notamment le monde rural caractérisé par la culture légitimiste et le réflexe du vote légaliste subséquent. Et c’est là d’ailleurs que le « Front » réalise ses meilleurs scores. Dans ces contrées comme dans les villes, là même où l’on vote systématiquement, le bulletin n’a généralement d’autre signification que de faire allégeance, cautionner des choix et des décisions déjà prises au plus haut niveau de l’État, ou encore prétendre à des dividendes personnels. Le vote est alors vidé de son sens politique et répond plus à des logiques clientélistes et unanimistes. Une carte d’électeur barrée d’un tampon officiel peut éviter des tracas administratifs. Une carte au FLN, hier parti unique et aujourd’hui organisation unique en son genre, constitue dans l’esprit des uns et des autres une condition nécessaire quoique insuffisante pour accéder à des postes de responsabilité, ou obtenir des avantages matériels ou symboliques, comme de l’influence.

    Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le FLN est le parti le moins marqué par le néopatriarcat, et est celui qui renouvelle le plus sa direction. A l’opposé, au sein des organisations de l’opposition, le pouvoir y est monopolisé, souvent depuis leur naissance, par le ou la zaïm qui considère le parti comme sa propriété personnelle. Tel est le cas du RCD de Saïd Sadi, du FFS de Hocine Aït Ahmed et du PT de Louisa Hanoune. Quant au MSP, c’est la mort de son leader historique Mahfoud Nahnah qui l’a amené à un changement de direction. En revanche, le FLN, tout comme le RND d’ailleurs, connaît une rotation de son leadership et semble faire exception. Depuis 1962, il a tenu dix congrès, chiffre important à apprécier du fait que de 1965 à 1977, le Président Boumediène avait pratiquement liquéfié sa vie organique en le réduisant à l’état de simple « appareil du parti ». Un instrument qui n’aura connu, durant cette période de gel, que deux secrétaires généraux et intérimaires de surcroît. Au total, dix-sept SG auront été portés à sa tête, dont cinq par intérim.

    Aucun parti algérien n’a fait mieux. Alors, au musée de l’Histoire le FLN, comme certaines voix récurrentes l’y invitent ? Comparativement, ce sont, après tout, les autres partis qui apparaissent comme des curiosités de musée !
    N. K.

    Le Soir d’Algérie, 22 juin 2021

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  • Algérie : comment l’Etat a imposé sa feuille de route

    Gestion politique de pleine houle : comment l’Etat a imposé sa feuille de route

    Ici, quelques remarques sur les pratiques du système politique algérien à la lumière des élections législatives et de sa gestion de la crise déclenchée depuis le 22 février 2019.

    Après les élections présidentielles de 2019, le référendum constitutionnel de 2020, l’Etat a réussi l’organisation des législatives en dépit d’un refus populaire qui s’est traduit par le boycott massif des trois scrutins. Il a ainsi imposé sa feuille de route tracée au lendemain de la chute de Bouteflika sans un mouvement de recul, sans concession et sans négociations avec qui ce fut, hormis les partenaires qui ont reçu son agrément.

    Alors que le peuple était pris d’un délire révolutionnaire radical, les autorités ont entamé un dialogue avec des groupes et des individus qui étaient tout à fait d’accord avec leurs orientations et leur vision de l’avenir. Elles ont, dans le même temps, exigé du Hirak la désignation de représentants, en sachant qu’une telle sélection était impossible.

    Le caractère hétérogène du mouvement empêchait toutes les parties qui le composaient de se mettre d’accord sur une direction. D’autant plus que les protestataires avaient peur d’une éventuelle récupération s’ils avaient confié leurs sort à des leaders. De toute façon, le Hirak était un phénomène récent. Il n’avait pas eu assez de temps pour secréter une avant-garde consensuelle qui aurait gagné la confiance et l’assentiment de tous.

    Le pouvoir ne s’est pas privé d’utiliser, cela dit, « la révolution du sourire » pour, entre autres, élaguer les éléments qui, de l’intérieur du sérail, étaient susceptibles de gêner l’application de son agenda. Profitant de la lame de fond qui déferlait sur le pays, il les a traités comme des ennemis et livrés à un spectacle, grandeur nature, particulièrement humiliant. De hauts gradés de l’armée, de hauts fonctionnaires et des oligarques multimilliardaires se sont retrouvés ainsi en prison comme de petits délinquants.

    La pandémie du Covid-19 et les mesures de distanciation et de confinement ont été un cadeau tombé du ciel que le pouvoir a mis à profit. S’adaptant rapidement à situation, il a mis en place une stratégie pour démanteler, grâce à un travail méticuleux, le Hirak. Au retour de celui-ci, la riposte était prête. En moins de deux semaines, le mouvement populaire a été étouffé sans bruit par le biais d’une gigantesque démonstration de force mais qui n’a fait aucun mort.

    Parallèlement, une communication savamment menée a pointé du doigt deux organisations clandestines, le Mak et Rachad, comme les véritables meneurs de la contestation. Il a, dès lors, suffi de retourner leur force contre elles en les inscrivant sur la liste des groupes terroristes.

    Par ricochet, la manœuvre a permis de dissuader quiconque tenterait d’investir la rue après que les pouvoirs publics ont sifflé la fin de la partie. Désormais, les militants du changement radical sont passibles de peines lourdes comme s’ils tentaient de prendre les armes et monter des maquis contre l’Algérie.

    Les autorités ont, d’autre part, pourchassé et emprisonné les plus ardents des activistes en les mettant derrière les barreaux ou sous contrôle judiciaire. Cette traque n’a pas touché uniquement les manifestants mais également les internautes qui publient sur les réseaux sociaux des appels au soulèvement contre l’autorité.

    Sur le plan partisan, les élections législatives qui ont vu le retour triomphal du Front de libération nationale au Parlement et du Rassemblement démocratique national permettront le maintien du système conservateur nationaliste revigoré par un sentiment de victoire.

    Les Islamistes, quant à eux, ont eu assez de place à l’hémicycle pour espérer participer au jeu mais peu de force pour surestimer leur poids et peser ainsi sur la décision.

    Le plus grand perdant est sans doute le camp démocratique et moderniste qui a été totalement mis hors des institutions sans pour autant gagner les faveurs de la rue. Même Djil Djadid qui se revendique de cette mouvance, mais qui a participé au scrutin, a finalement perdu sur les deux tableaux en se contentant d’un seul strapontin.

    Le pouvoir a donc imposé son temps, sa méthode, choisi ses interlocuteurs et exclu le reste. Vis-à-vis de l’étranger sa démarche peut être jugée musclée mais le message que l’Etat algérien ne cesse de délivrer sous différentes formes peut se résumer ainsi : qu’ils haïssent pourvu qu’ils craignent.

    Mohamed Badaoui

    La Nation, 19 juin 2021

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