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  • Algérie: Une minorité à l’APN

    SEULEMENT 23,03% DU CORPS ÉLECTORAL A VOTÉ LE 12 JUIN

    C’est le bas taux participation jamais enregistré dans l’histoire des élections législatives depuis l’instauration du pluralisme politique. Seulement un Algérien sur cinq s’est déplacé aux urnes. Le nombre de bulletins nuls a dépassé le million.

    Au bout de plusieurs heures de suspense, le président de l’Autorité nationale indépendante des élections, Mohamed Charfi, a fini par donner, hier en fin d’après-midi au Centre international des Conférences, les résultats des élections législatives anticipées.

    Une nouvelle fois, le président de l’Anie a évité de donner le taux de participation. Mais vu le nombre de votants estimés à 5,6 millions sur un peu plus de 24 millions d’électeurs inscrits, le taux est, selon nos calculs, de 23,03%. Un taux de loin inférieur à celui annoncé le soir du scrutin, soit 30% . Ce qui confirme en effet que ce chiffre constitue la “moyenne” des taux de participation par wilaya.

    Précédé par les réseaux sociaux qui ont donné, depuis lundi, les grandes tendances qui proviennent des différentes régions du pays, le président de l’Anie a confirmé, à des détails près et au terme d’un très long exposé, les informations données dans la presse du jour : le parti du Front de libération nationale maintient ainsi sa position comme première “force politique” du parlement.

    Le FLN, qui pilotait la majorité sortante à l’APN, a obtenu 105 sièges de députés, a annoncé Mohamed Charfi dans sa conférence de presse animée au centre international de presse. Le parti de Baadji Abou El fadhl a déjoué ainsi tous les pronostics. Il s’est permis même d’arriver en pôle position dans beaucoup de wilayas.

    Visiblement servi par le seuil des 5% qu’il a réussi à dépasser, grâce probablement à la discipline de ses militants mais aussi à ses réseaux, l’ancien parti unique a raflé la mise avec 13 députés à Djelfa. Soit le nombre total des députés de la wilaya. A Alger, la formation politique a obtenu 10 sièges sur les 34 mis en jeu. Il est aussi le premier parti à Béjaïa où il a obtenu 8 postes de députés sur 9. Son allié de toujours, le Rassemblement national démocratique, n’a pas été enterré non plus.

    Il sort la tête de l’eau. Le parti que préside depuis une année Tayeb Zitouni aura un groupe parlementaire de 57 députés. Une bonne consolation pour celui qui a crié récemment à des dépassements de la part de l’ANIE. Seul bémol : le RND n’a obtenu aucun siège à Alger.

    Percée des “indépendants”
    Seconde “force politique” sortie des urnes, les listes indépendantes, lesquelles ont réussi à placer 78 de leurs candidats dans la prochaine Assemblée populaire nationale. Une percée qui confirme les prédictions de nombreux observateurs. Plus nombreuses en termes de candidatures, ces listes n’ont glané des députés que dans de rares circonscriptions électorales dont les détails ont été donnés au terme de la conférence de presse.

    Toutefois, nous sommes loin du raz-de-marée annoncé au début de la campagne électorale surtout que visiblement, le seuil des 5% a handicapé beaucoup de candidats, notamment ceux des wilayas à forte concentration de la population.

    Annoncé comme possible vainqueur du scrutin, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) n’a pas réussi quant à lui à dépasser la barre des 64 sièges, déjà atteinte lors de précédents scrutins. Seul parti qui se revendique franchement du courant islamiste, la formation d’Abderrazak Makri s’offre ainsi la troisième position.

    Son leader a pourtant revendiqué la victoire dès le lendemain du scrutin. Recadré sèchement par Mohamed Charfi, il n’est plus jamais revenu à la charge. Bizarrement, en dehors d’Alger où il a fait élire 8 parlementaires, le MSP n’est sorti premier que dans de rares circonscriptions. Même pas dans ses fiefs traditionnels à l’est du pays.

    Dans la mouvance islamiste, le Front de la justice et le développement (FJD) de Abdellah Djaballah est désormais réduit au rang d’un tout petit parti. Les résultats rendus publics lui donnent uniquement 2 députés.

    Loin des précédents scores où la formation politique obtenait un nombre beaucoup plus important de sièges. Il ne pourra même pas constituer un groupe parlementaire. Une humiliation pour un homme qui a toujours voulu se présenter comme le leader du courant islamiste dans le pays. Il n’est pas exclu que “le cheikh” passe la main à l’issue de ce scrutin et quitte la scène politique.

    Un sort différent pour les deux anciens candidats “malheureux” à l’élection présidentielle de décembre 2019. Abdelaziz Belaïd et Abdelkader Bengrina ont été en effet “récompensés” par respectivement 48 et 40 députés chacun. Rien que dans l’Algérois, les deux formations politiques ont réussi à glaner 8 sièges chacun, au même niveau que le MSP, mais derrière le FLN.

    On ne connaît pas encore ce que sera l’attitude de ces deux formations politiques. Mais rien n’indique qu’elles seraient tentées par croiser le fer avec la présidence de la République, surtout qu’elles comptent dans le gouvernement actuel des ministres issus de leurs rangs.

    Pour le reste, les sièges ont été attribués à une dizaine de formations politiques. Le parti de La bonne gouvernance et La voix du peuple auront trois députés chacun, suivis de Fadjr El Djadid de Benbaibeche, avec deux députés.

    Seul parti de l’ancienne opposition à entrer dans cette course électorale, Jil Jadid n’a obtenu qu’un seul siège de député. Ses responsables ont attribué à ce résultat au fort taux d’abstention et au manque d’expérience de leurs candidats.

    Légalement, les résultats définitifs seront confirmés, dans une dizaine de jours, par le Conseil constitutionnel qui donnera ainsi la composition officielle de la future chambre basse du parlement. Celle-ci sera installée dans un maximum de 20 jours. Il reste désormais à connaître les futures alliances et le prochain président de l’APN. Il faudra aussi scruter les choix du chef de l’Etat notamment lorsqu’il s’agira de désigner le futur Premier ministre.

    Ali Boukhlef

    Liberté, 16 juin 2021

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  • Algérie : L’urne ne sourit pas aux jeunes

    Ces législatives ont consacré l’éviction de ce potentiel innovant

    Ces législatives nous renvoient à l’école du marketing politique, afin de décrypter les messages en suspens.

    Mohamed OUANEZAR

    L’espace d’une législative mouvementée, une pléiade de jeunes candidats indépendants et d’autres inscrits sur les listes de partis politiques, sans ressources et sans grande expérience politique a cru en ce changement attendu et annoncé en grande pompe, par les uns et les autres. De futurs et potentiels jeunes politiciens qui n’ont pas hésité à aller au charbon, lors de cette campagne électorale, en faisant preuve de courage et détermination.

    Les Algériens, dans leur majorité, ont assisté avec plaisance à l’émergence d’une nouvelle race de jeunes politiciens en herbe. Peu importe les motivations réelles de ce vaste élan de jeunesse porteuse d’espoirs et d’attentes multiples.

    L’essentiel étant que nous sommes en face d’un vaste réservoir de citoyens nationalistes, jeunes, novateurs, créateurs et compétents, qui attendent d’être écoutés et d’être pris au sérieux pour le bien de l’Algérie, uniquement. Mais pas que. Nous sommes en face d’un potentiel jeunesse qui doit être associé dans l’édification de cette Algérie, à laquelle nous aspirons tous. Reste à savoir et éclaircir le comment et le pourquoi pour nous engager dans cette voie? Il s’agit, aujourd’hui, de trouver les voies et les formules idoines pour faire fructifier et fédérer ces potentiels prêts à l’emploi?
    À défaut de résultats probants à l’issue de ces législatives, cela pourrait être le projet politique majeur du président, afin de promouvoir cet élan nationaliste des jeunes. Ils étaient plus de 12 000 à avoir décroché le visa pour se porter candidats à ces élections inédites. Ils étaient encore plus à avoir formulé le voeu de se porter candidats, mais n’avaient pu franchir le cap. Si l’on se réfère au nombre de formulaires retirés au départ, estimés à plus de 7 millions, ce potentiel pourrait être multiplié par 100 et même plus. Beaucoup de messages restent à décrypter, à l’issue de ces élections législatives.

    Néanmoins, l’urgence reste la prise en charge de ce potentiel humain et politique extraordinaire. Parmi les solutions que l’on pourrait envisager, inciter ces jeunes à s’organiser en partis politiques ou en associations spécialisées, afin de produire l’effet de déclic tant attendu. C’est une élection singulière, à plus d’un titre, qui nous renvoie à l’école du marketing politique, afin de décrypter les messages en suspens. Quels enseignements faut-il tirer, justement, des résultats de ces élections législatives?

    D’aucuns s’attendaient à une reconfiguration du champ politique national, à l’issue des élections législatives du 12 juin 2021. Mais il n’en fut rien.

    Pis encore, c’est presque un retour à la case départ. Bien que n’ayant aucun mérite à faire valoir dans la victoire électorale de leurs formations respectives, certains chefs de file de partis jubilent et gesticulent dans tous les sens pour se vanter de leur bonne vision et gestion de ces élections. C’est l’abstention et non le boycott, faut-il nuancer, qui a fait basculer les résultats de ce scrutin, annoncé comme étant décisif.

    Les réservoirs électoraux des partis politiques ont également fait le reste, en apportant de l’eau au moulin des partis traditionnels.

    Le rideau est tombé sur les élections législatives du 12 juin. Insolites et inédites sur plus d’un plan, elles ont laissé un goût d’inachevé chez la plupart des observateurs et analystes, qui gageaient sur une nouvelle ère, pouvant déboucher sur ces joutes électorales. Il n’en fut rien. L’espoir est-il encore permis de voir émerger de nouvelles forces politiques et changer les rapports de forces existantes? La question mérite d’être largement méditée.

    L’Expression, 16 juin 2021

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  • Algérie: Victoire silencieuse du Hirak

    Les élections algériennes : une victoire silencieuse pour le mouvement de protestation national « Hirak ».

    Les récentes élections en Algérie ont été présentées par le gouvernement comme une chance pour une « nouvelle Algérie ».

    Les élections législatives du week-end dernier ont permis au principal parti algérien, le Front de libération nationale (FLN), d’obtenir le plus grand nombre de sièges au Parlement, tandis que le Mouvement de la société pour la paix (MSP), parti islamiste, arrive en deuxième position.

    Cependant, avec seulement 105 sièges sur les 407 que compte la chambre, le FLN n’a pas atteint les 204 sièges nécessaires pour obtenir une majorité globale.

    Les négociations doivent maintenant commencer pour former un gouvernement capable d’obtenir une majorité avec les partis d’opposition, dont le MSP, qui a remporté 64 sièges, et les indépendants du pays, qui ont obtenu 78 sièges au total.

    Malgré ses références islamistes et son affiliation aux Frères musulmans, le MSP est loin d’être une exception politique. Jusqu’en 2012, le MSP a gouverné l’Algérie dans le cadre d’un triumvirat politique aux côtés du FLN et du Rassemblement national démocratique (RND) et, du moins parmi les groupes de la société civile, il est largement considéré comme faisant partie du cadre politique établi.

    Les élections législatives algériennes étaient initialement prévues pour 2022. Cependant, suite à la pression exercée par le mouvement de protestation de masse, ou Hirak, qui secoue le pays depuis 2019, elles ont été avancées en février de cette année.

    Les manifestants étaient retournés dans les rues après une interruption de plusieurs mois due à la pandémie de Covid-19.

    Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait présenté le vote comme une réaction aux demandes initiales du Hirak sans leader, revendiquant un mandat pour construire une « nouvelle Algérie » après des années de stagnation politique et économique.

    En annonçant les résultats hier soir, le chef de l’organisme électoral, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, a déclaré : « La dynamique de changement pacifique qui a été lancée (avec le Hirak) se renforce. »

    Cependant, toute revendication d’un large mandat démocratique pour le nouveau gouvernement sera probablement minée par un taux de participation de seulement 30,2 %, lui-même sujet à caution après une augmentation inexpliquée du nombre d’électeurs alors que les bureaux de vote étaient sur le point de fermer.

    Néanmoins, indépendamment de l’exactitude du décompte, il s’agit du taux de participation le plus faible à un scrutin législatif depuis vingt ans, la plupart des principaux partis d’opposition du pays ayant boycotté le vote.

    Il s’agit du troisième scrutin national organisé par le président Tebboune depuis son entrée en fonction en décembre 2019, et aucun d’entre eux n’a recueilli la participation espérée.

    La propre élection du président Tebboune a impliqué moins de 40 % de la population, soit le taux de participation le plus bas depuis l’indépendance du pays en 1962. Le référendum qui a suivi en novembre de l’année dernière a attiré moins d’un quart de la population.

    Le Hirak perdure

    Malgré la diminution de ses effectifs, le Hirak reste la force dominante de la politique de la rue en Algérie. En observant le militantisme accru des manifestants, certains observateurs, dont le chef du MSP, Abderrazak Makri, et le président Tebboune, ont pensé que le mouvement était un signe de sympathie croissante envers l’islamisme politique.

    Dans la période précédant l’élection, le président Tebboune, un indépendant, a donné des interviews très remarquées à Al Jazeera et au magazine français Le Point, où il semblait disposé à travailler aux côtés d’un Premier ministre islamiste.

    S’exprimant dimanche, avant d’être contredit par l’ANIE, M. Makri a félicité les électeurs pour leur choix, avant de mettre en garde contre toute tentative d’inverser les résultats, comme cela s’était produit, selon lui, sous le précédent président algérien, Abdelaziz Bouteflika.

    « Je pense que le président Tebboune avait sa propre interprétation de la manière dont les choses allaient se dérouler et a essentiellement parié sur un Premier ministre islamiste », a déclaré Jalel Harchaoui de Global Initiative. « Si cela avait bien fonctionné, Tebboune aurait pu renouveler sa légitimité tout en restant au-dessus de tout en tant que président. »

    Pour M. Harchaoui, tenter de lire les runes du Hirak sans leader était toujours destiné à se révéler un exercice futile.

    « C’est surtout un mouvement spontané animé par des doléances », dit-il, « les islamistes bénéficient d’une forme de sympathie chez certaines franges du Hirak, c’est vrai, mais ils ne sont pas le Hirak. »

    Néanmoins, la victoire relative du FLN a contredit ces espoirs et – entouré d’une clique fermée d’officiers de l’armée, de syndicalistes et d’hommes d’affaires – a mis en évidence la vulnérabilité potentielle du président algérien.

    M. Harchaoui a rappelé la longue période, au début de l’année, pendant laquelle le président Tebboune a été hospitalisé en Allemagne pour un coronavirus.

    « Le président Tebboune a été hors circuit pendant un certain temps et rien ne s’est vraiment passé », a déclaré M. Harchaoui, « donc, cela signifie soit que l’Algérie a un grand système politique qui peut continuer à fonctionner parfaitement sur la base de quelques appels téléphoniques entre un président malade et l’armée, soit que le président Tebboune est en fait politiquement isolé dans le grand schéma des choses. Je veux dire que quelques décisions de politique étrangère ont été retardées, mais c’est à peu près tout. »

    À court terme, cependant, ce sera la voix du Hirak qui rendra son jugement sur les élections législatives du week-end dernier.

    Des questions subsistent quant à la durée de vie d’un mouvement sans leader, galvanisé principalement par des griefs et un sentiment d’injustice. Il reste à voir ce qui pourrait prendre sa place.

    The National, 16 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Hirak, Abdelmadjid Tebboune, FLN, MSP, RND, élections législatives, candidats indépendants, chambre basse, Parlement,

  • Algérie : Jours de doute

    Comme il fallait bien s’y attendre, les grandes foules n’étaient pas au rendez-vous du scrutin législatif d’avant-hier. Seuls les partis et les candidats ayant participé ont cru sérieusement qu’ils représentaient la majorité du corps électoral. Mais la réalité des urnes- même quand elles sont abusivement bourrées comme on l’a bien vu dans un bureau de vote à Msila- livre un autre verdict. Les Algériens ont majoritairement tourné le dos aux spectacles électoraux et plus généralement à la politique. C’est là une donnée sociopolitique qu’il faut bien admettre et analyser. Le nombre d’électeurs se rétrécit comme une peau de chagrin. Pourtant, les législatives sont censées mobiliser plus de votants en ce sens qu’elles s’appuient sur d’autres considérations plus subjectives, comme l’appartenance tribale et la connaissance des candidats. Mais cela n’a pas suffi cette fois-ci.

    Le taux provisoire de 30,20% de participation, annoncé par le président de la Haute Autorité Indépendante des Elections (ANIE), est largement en deçà des espérances. De ce fait, la crédibilité de la prochaine Assemblée populaire nationale est, pour le moins, sujette à caution. Et la seule question qui vaille est de savoir comment on en est arrivé à ce triste résultat ? Il y a surtout la qualité des partis et des candidats engagés. Quand vous entendez un chef de parti qui se gargarise d’être à la tête de la première force politique et qui, en plus, est d’obédience islamiste proposer à l’entreprise Saidal de produire du….Viagra » pour booster l’activité politique, il ne fallait pas espérer grand-chose. Il n’y a plus ni politique ni morale. Ou alors un autre qui présente les candidates de sa liste comme étant des  » fraises sélectionnées » dans une allusion maladroite à leur beauté, comme si elles allaient concourir dans un défilé de mode !

    Comment s’attendre après cela à un meilleur résultat et à une grande participation ? Où est le discours mobilisateur sur des thématiques pertinentes et porté par des candidats intellectuellement costauds et politiquement engagés ? C’est cela qui fait la différence dans un scrutin législatif. C’est cela qui mobilise l’électeur passif et indécis. Et c’est donc à ce niveau que se situe la faillite intégrale de ces partis et de ces candidats  » indépendants » pour qui l’objectif d’être l’heureux élu prime sur toutes autres considérations.

    En ce jour d’après, on est censé avoir plus de visibilité politique. Or, le sentiment ambiant est que ce sont des jours de doute qui commencent. Une assemblée aussi « mal élue » ne risque pas de peser lourd sur les équilibres du pouvoir alors même qu’elle traine depuis longtemps la réputation peu glorieuse de « chambre d’enregistrement ». Peut-être même qu’on n’est pas au bout de notre surprise et qu’on aura droit à un retour vers le passé et la victoire du PFLN ! Qui sait ?

    Par Imane B.

    L’Est Républicain, 14 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, partis politiques, taux de participation, absentéïsme,

  • Algérie-Legislatives: retour à la case départ

    Par Mohamed Kouini

    S’il est vrai que ces législatives se sont tenues dans un contexte très particulier, accablé par deux crises économique et sanitaire, organisées presque à la hussarde dans un laps de temps assez court, et caractérisées par une forte abstention, attendue du reste, de plus des deux tiers de l’électorat, le fait est là. Têtu, cynique et sans équivoque. La prochaine Assemblée populaire nationale reconduira les mêmes acteurs, les mêmes forces, voire les mêmes profils politiques qui ont accompagné sans coup férir l’ancien régime honni de Bouteflika pendant plus de deux décennies.

    Inutile de relire les chiffres des répartitions des sièges, le FLN et le RND partagent la tarte parlementaire. L’intrusion des indépendants n’y changera rien à nouvelle-ancienne carte de l’échiquier politique compte tenu du fait que de nombreux candidats indépendant sont des transfuges du FLN et RND. Ces deux partis traditionnellement toujours amarrés autour des cercles des pouvoirs décisionnels, peuvent légitimement constituer cette majorité parlementaire qui leur permettra de constituer un gouvernement de coalition, en attirant un autre mouvement qui nage dans les mêmes mers, celui du Moustakbel de Belaid Abdelaziz.

    Donc, on prend les mêmes et on recommence. Phrase qui revient comme un leitmotiv, expliquant d’une manière laconique la situation de statu quo politique qui domine l’actualité nationale. Pour de nombreux analystes, la bouderie des urnes par une large frange de la jeunesse algérienne aura été pour beaucoup dans ces scores, presque incroyables, deux ans après le début d’un vaste mouvement de contestation populaire et citoyenne. Pourquoi une aussi faible participation? S’agit-il d’une démobilisation ou d’une dépolitisation ou d’une rupture définitive entre le gouvernant et le gouverné?

    Certains expliquent que les conditions sociales n’ont guère favorisé le succès de ces élections. Une société fatiguée, exténuée par la pandémie et son stress, au seuil de la pauvreté pour les couches moyennes, un pouvoir d’achat malmené et laminé au gré des saisons, un chômage endémique, une croissance qui patine et une monnaie en perte de vitesse. Trop de facteurs qui s’ajoutent à la déception politique et à la perte de confiance entre le citoyen et son élu.

    A vrai dire, on peut facilement dire qu’il s’agit moins d’une revanche de la part des partis symboles du régime déchu de Bouteflika, que d’un échec patent de la propre démarche du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. On se souvient que le chef de l’Etat a construit sa feuille de route électorale, en se basant sur une implication des acteurs de la société civile.

    Pour lui, il fallait renouveler complètement la composante humaine des institutions élues, particulièrement le Parlement, socle de tout changement démocratique.
    Indépendant lors de sa candidature aux présidentielles de 2019, c’est tout à fait naturel qu’il a été pour beaucoup dans l’élaboration d’un code électoral, avantageant les listes indépendantes, allant jusqu’à les octroyer des aides financières substantielles, puisées du Trésor public. Ces listes incrustées par des noms d’activistes, de meneurs et de figures emblématiques du mouvement associatif et intellectuel, n’ont pas réussi à bousculer l’ancienne et traditionnelle hiérarchie politique. Les indépendants n’ont obtenu qu’un maigre butin, qui ne leur permettra pas de jouer un rôle prépondérant dans les prochaines joutes parlementaires. Ils ne seront d’aucun secours pour Tebboune, quand il s’agira d’engager ses délicates réformes économiques et sociales.

    Tebboune croyait dur comme fer que le hirak du 22 février signifiait la faillite des partis et des organisations, telles que le FLN, le RND, Taj et autre MPA. D’après ses discours antérieurs, ces appareils trainaient un fort déficit de légitimité, notamment au sein de cette APN, largement contestée et contestable par les agissements de ses membres et députés. Tout le monde connaissait les scandales du FLN, dont deux SG ont connu la prison, et se ventes des têtes de listes” à coup de milliards, dont le procès est en cours. Tout le monde savait comment lors des marches hebdomadaires , les manifestants réclamaient la mise au musée du sigle FLN, en raison des pratiques de ses dirigeants. Le RND n’échappaient pas à la vindicte populaire, tout comme Taj et le MPA dont leurs patrons croupissent en prison et poursuivis pour plusieurs affaires.

    Que va faire Tebboune maintenant? Face aux résultats qui seront validés par le Conseil constitutionnel dans quelques jours, il ne pourrait que se résigner à accepter une cohabitation avec des partis qu’ils ne voulaient pas pour poursuivre son mandat. Dans son entourage, on est sûr d’une chose: le prochain gouvernement sera constitué de ses quatre ou cinq partis, en plus d’une intrusion d’un ou deux indépendants. Une alliance présidentielle sera le prochain chantier des nouveaux députés.

    En 2004 et jusqu’au 2012, le FLN, le RND et le MSP ont crée une coalition pour soutenir l’ex président Bouteflika. Après le retrait du MSP, c’est un dissident de ce parti islamiste qui prend le relais avec son TAJ, rejoint plus tard par le MPA, aujourd’hui disparu. Il est clair qu’on va vers la même configuration. Alliance présidentielle? Un scénario qui rappelle de mauvais souvenirs.

    Le Jeune Indépendant, 16 juin 2021

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  • Algérie : Le FLN en tête dans les résultats préliminaires

    Selon l’APS, qui cite l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), le parti du Front de libération nationale (FLN) a remporté le scrutin du 12 juin avec 105 sièges suivi des candidats indépendants qui ont remporté 78 sièges.

    Pour sa part, le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) qui avait revendiqué la victoire dimanche arrive avec 64 sièges, le Rassemblement National Démocratique avec 57 sièges, le Front El-Moustakbel avec 48 sièges, et Mouvement El-Bina avec 40 sièges.

    C’est dire que le parti historique, le FLN, qui a conduit la lutte de libération nationale reste indétrônable. Il s’agit d’un parti qui fait partie du patrimoine national algérien.

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  • Algérie : L’illusion du pouvoir… ou le baroud d’honneur

    Le pouvoir est une sémiotique complexe. Que se passe-t-il lorsque on veut le pouvoir ?

    «L’objet de pouvoir est « éloigné », il est convoité parce qu’hors de portée au départ, il appartient à un espace « utopique », à l’espace d’un autre à qui il faudra le prendre peut-être sur le modèle du pouvoir du Père que les fils convoitent, selon la psychanalyse). L’acte de rapprochement du pouvoir devient un acte de domination et d’appropriation. L’objet qui va symboliser le pouvoir devient la propriété de celui-ci qui l’a conquis » (1)

    Le pouvoir, puisqu’il s’agit d’une de ses manifestations ce vendredi 11 juin 2021, ou ce que nous pouvons désigner par classe dirigeante, a fait une démonstration des plus viles de son image. Ainsi, aux dires des spécialistes qui suivent la scène politique nationale, nous glissons inexorablement vers un Etat dictatorial.

    L’espace public en est interdit pour la société civile qui marche et scande hebdomadairement son désir de changer de régime et demande son départ. « Yatnahaw gaa » résume à lui seul tout un programme. En effet, bien que le régime interdise un temps, celui d’un été ou le temps d’une élection pour se donner une légitimité aux yeux du monde, le divorce est bien consommé entre lui et la société dans son ensemble.

    La modalité du pouvoir est toujours suivie de celle de haïr. Cela va de pair.

    « Y a-t-il une passion de pouvoir sans haine d’autrui (…) la haine est impuissance non seulement à aimer, à comprendre l’autre et à l’écouter, mais aussi impuissance tout court » (2).

    Notre régime n’a-t-il pas de haine envers nous qui le bravions chaque vendredi ; nous qui le dénoncions et continuons à le faire mêmes invisibles à ses yeux puisqu’il nous interdit l’espace public lequel est notre terrain d’expression. Cette haine qu’il diverse sur les manifestants qu’il arrête en les bastonnant. Cette haine qu’il exprime à travers les blindés bleus positionnés le long des rues de la capitale avec lesquels ils tentent de nous intimider. Il peut réussir cette manœuvre. Il peut insuffler cette peur et vider les rues de contestataires.

    La peur est un puissant sentiment de persuasion. Mais il ne peut pas nous faire adhérer encore un temps à son projet. Parce que le projet du régime se limite à sa perpétuation et son maintien au pouvoir. Le projet du régime met à l’écart des pans entiers de la société. Le projet du régime est le partage de la rente pétrolière entre affidés et courtisans. Le projet du régime est de posséder ce pays, dominer les citoyens, s’en servir à sa guise ; faire des citoyens ses sujets et en jouir comme il veut. Et dès l’instant où ces citoyens ne donnent pas satisfaction ou manifestent une résistance, on les brime.

    Le régime veut être conforté dans son pouvoir. Il veut une emprise totale sur la société sinon il se met en colère. Et quand il est en colère, il menace d’emprisonner, d’arrêter et de taire les voix dissidentes.

    Il a été un moment de l’Histoire de ce pays ou le régime a réussi ce coup de maitre : brandir la menace extérieure qui nous ravit et jalouse notre mère patrie, mère nourricière, qui ne peut pas être distinguée de ce même régime qui mène les affaires du pays. Cette confusion a été utilisée par des partis politiques, satellites du pouvoir, pour lui garantir un soutien inconditionnel.

    « Nous, citoyens modèles, devions et devons obéissance à la main qui nous nourrit. ».

    Ibn Khaldoun (1332-1406), cet historien musulman a travaillé sur la naissance et le déclin des dynasties. Ayant pour terrain d’investigation, le monde musulman de son temps, Ibn Khaldoun distingua quatre grandes étapes (générations) par lesquelles passe une dynastie. La première génération est celle dite révolutionnaire. Vivant à l’extérieur de la ville ou de l’espace citadin (le monde bédouin), et fort de l’esprit de aasabia (au sens de fidélité, esprit de corps), le bédouin mène une offensive contre la ville avec énergie et détermination. Le corps du groupe ne faisant qu’un, Le Bédouin conquit facilement la ville.

    « On a vu aussi qu’une dynastie ne dure, généralement, pas plus de trois générations. La première de celle-ci garde les vertus bédouines, la rudesse et la sauvagerie du désert (…) ; elle est courageuse et rapace.» (3)

    Nous pouvons repérer cette étape dans la génération qui gagna au lendemain de la guerre d’Algérie. Alors qu’elle était en périphérie, l’armée des frontières marcha sur Alger pour atteindre le Centre du pouvoir et l’incarner. « Ses membres sont tranchants et redoutés et les gens leur obéissent » (4) .

    « (…). La seconde génération passe de la vie bédouine à la vie sédentaire, de la privation au luxe et à l’abondance. (…). Les gens s’habituent à la servilité et à l’obéissance. (…). Ils vivent dans l’espoir du retour à l’éclat de la première génération ou dans l’illusion que celui-ci dure encore. » (5)

    A titre d’illustration, il est loisible de remarquer que dans les années soixante, même le Cinéma a été mis à contribution : faire perdurer l’éclat de la première génération ; celle-là qui chassa le Colon français. Le théâtre produit ses œuvres à la gloire des martyrs (la plus emblématique est sans doute la pièce écrite en 1974 par Tahar Ouettar : les Martyrs reviennent cette semaine).

    La troisième génération « a complétement oublié l’époque de la rude vie bédouine, comme si celle-ci n’avait jamais existé. Elle a perdu le goût de la gloire et des liens du sang parce qu’elle est gouvernée par la force. Le luxe est à son comble, car ses membres vivent dans la prospérité et le bien-être. Ils dépendent de la dynastie qui les protège comme des femmes ou des enfants.

    Les gens oublient de se défendre et de faire valoir leur droit. (…) ils trompent leur monde et donnent une fausse impression, avec leurs emblèmes, leur apparat, leurs montures et leur talent militaire. (…). En réalité, ils sont, pour la plupart aussi poltrons (…). Le souverain, a donc besoin pour le soutenir, du concours des gens plus braves. Il fait appel à sa clientèle, à sa suite »(6)

    Ne sommes-nous pas dans cette phase ? Le régime se sait dans une situation finissante. Il utilise la force coercitive des services de sécurité pour miroiter un semblant de légitimité. Ou pour le dernier coup de baroud.

    Cela va de soi qu’un calque du schéma de notre historien à l’identique serait fantaisiste tant les situations historiques observées et analysées par Ibn Khaldoun sont loin de nous. Mais l’adapter à notre réalité nationale semble satisfaisant. Les grandes lignes et forces directrices paraissent respectées. « A la quatrième génération, il ne reste plus rien de la gloire, du prestige ancestral. (…) quand la décrépitude arrive, il peut se faire qu’il n’ait pas de prétendant, sinon il ne rencontrerait aucune résistance » .

    Si l’Histoire donnait raison à Ibn Khaldoun, le pouvoir serait dans sa phase finale.

    Alors concédons lui ce dernier baroud d’honneur. Qu’il brime, qu’il arrête ou qu’il interdise un temps encore les rues citadines aux chants révolutionnaires, il n’en demeure qu’il se sait condamné….A céder la place.

    S. O.

    Renvois

    1- RALLO DITCHE Elisabeth, FONTANILLE Jacques, LOMBARDO Patrizia, Dictionnaires des passions littéraires, Paris, Belin, 2005, entrée Pouvoir (pp 266-278)

    2- RALLO DITCHE Elisabeth. Op. Cite. Page 268.

    3- IBN KHALDUN, Discours sur l’histoire universelle (al Muqaddima), traduction nouvelle, préface et notes par VINCENT MONTEIL, Beyrouth, 1967, page 334.

    4- IBN KHALDUN. Op. Cité. Page 334.

    5- IBN KHALDUN. Op. Cité. Page 334

    6- IBN KHALDUN. Op. Cité. Page 335.

    Auteur
    Saïd Oukaci

    Le Matin d’Algérie, 15 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, illusion, baroud d’honneur, pouvoir, régime, Hirak,

  • Algérie : L’abstention est “la résultante du mépris et de la hogra” (PT)

    Le Parti des travailleurs (PT) a estimé hier que le fort taux d’abstention au scrutin législatif du 12 juin est la résultante “du mépris et de la hogra du pouvoir” qui cherche à se maintenir en maintenant un “statu quo mortel”, soulignant que “l’écrasante majorité du peuple algérien vient, une fois de plus, à travers une abstention sans précédent, d’exprimer une défiance claire à l’égard de toute opération politique visant à sauver le système honni hérité du modèle de parti unique contre lequel s’est soulevé le peuple en février 2019”, lit-on dans un communiqué rendu public à l’issue de la réunion hebdomadaire de son bureau politique.

    “Par-delà les conditions dans lesquelles se sont déroulés la campagne électorale puis le scrutin, par-delà les résultats finals qui seront annoncés quant à la composante politique et humaine de la future APN”, explique le parti de Louisa Hanoune, qui a boycotté cette élection. “Ce rejet massif, traduit sur le terrain électoral, l’indignation de la majorité devant la régression sans précédent sur le terrain des libertés démocratiques, la fermeture des champs politique et médiatique, la répression des marches et rassemblements, la criminalisation/judiciarisation/diabolisation de l’action politique, de la profession de journaliste, de la fonction d’avocat, de la liberté d’opinion, de conscience, et y compris de recherche académique, de l’exercice des libertés syndicales, l’indignation devant les milliers d’interpellations, les centaines de détenus politiques et d’opinion…”, ajoute le communiqué.

    Membre du Pacte de l’alternative démocratique (PAD) qui regroupe des partis et des organisations progressistes de la société civile, le Parti des travailleurs pense que le taux de participation n’a pas dépassé les 15% à l’échelle nationale et les 5% à l’étranger, où le scrutin a été également boudé par les ressortissants algériens qui continuent de manifester tous les dimanches depuis maintenant deux ans. “Le secrétariat du bureau politique considère que les résultats annoncés par l’Anie en fin de journée faisant état d’un taux de participation de 14,7% nationalement et moins de 5% à l’étranger, correspondaient, effectivement, à la fin de l’opération de vote”, ajoute le communiqué du PT, qui ne manque pas de rappeler les effets de cette crise politique sur le plan social, ce qui explique aussi, selon ce parti, la forte désaffection massive de l’électorat.

    En effet, pour le PT, à travers l’abstention, le peuple algérien a exprimé, dans la continuité d’une révolution pacifique qui dure depuis le 22 Février 2019, sa “colère contre les décisions antiéconomiques et antisociales que le gouvernement a mis en œuvre sous le couvert du confinement sanitaire et qui ont engendré un désastre effrayant” sur tous les plans. Aussi, “cette colère est la continuation des mobilisations ouvrières, populaires et de jeunes, des couches moyennes laminées, c’est la continuation des grèves des travailleurs et des fonctionnaires, dans tous les secteurs”, insiste le PT, qui pense que “le processus révolutionnaire est bel et bien vivant”, malgré les tentatives du pouvoir “visant à le dénaturer ou à le confisquer”, en s’appuyant sur “l’instrumentalisation de la menace étrangère”, “la propagande officielle”, “le matraquage des médias publics et des médias privés au service du régime”.

    Lyès Menacer

    Liberté, 15 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, taux d’abstention, taux de participation,

  • Algérie : La désillusion électorale

    Le résultat des élections législatives est une défaite écrasante pour tous ceux qui aspiraient à un changement générationnel.

    Smaïl ROUHA

    On prend les mêmes et on recommence. Première campagne électorale qu’ils espéraient tonitruante et… première désillusion politique pour les indépendants et surtout pour la gent féminine. Entre l’électorat et la nouvelle génération de politiciens, il y a une ligne de démarcation qui pourrait traduire, à travers la nette divergence qui caractérise les deux camps, le malaise somnolant au sein de la société et du.. sérail.

    Les résultats préliminaires des élections législatives ont été sans équivoque pour certains partis politiques qui n’ont obtenu qu’un nombre limité de sièges, loin de leur donner le droit de constituer un groupe parlementaire au sein de la future Assemblée populaire nationale. C’est un véritable choc pour ces formations politiques, à l’instar de l’Alliance nationale républicaine qui n’a obtenu qu’un siège. Le Front de la justice et du développement (FJD) de Abdallah Djaballah est passé à travers. Il a tout perdu y compris dans ses propres fiefs traditionnels.

    C’est avec nostalgie qu’il quitte la compétition. Même constat pour le Mouvement El Islah, de Filali Ghouini, et le Mouvement Ennahda, de Yazid Benaïcha, qui ont subi la bérézina. Après ce fiasco, la mouvance islamique ne sera représentée, au prochain Parlement, que par le Mouvement de la société pour la paix, de Abderrazak Makri et le mouvement El Bina de Abdelkader Bengrina.

    Si El Fadjr El Djadid de Tahar Benbaibèche et le parti Sawt Echaâb de Lamine Osmani pourront faire de la figuration, il n’en est pas de même pour Tajamoue Amel El Jazair (TAJ), de Fatma Zohra Zerouati, qui a fait chou blanc, perdant au passage son groupe parlementaire, obtenu en 2017. Si Soufiane Djilali de Jil Jadid a pu arracher un siège, c’est loin d’être le cas pour le Front de l’Algérie nouvelle, dont le président, Djamel Benabdesalam clamait, prématurément, un raz-de-marée de son parti, puisqu’il a eu droit à un zéro pointé. Cette désillusion est aussi valable pour les candidates. Sur un autre plan, sur les 407 sièges à pourvoir, les femmes n’ont obtenu qu’une vingtaine, dont la plupart sont inscrites sur les listes du parti du Front de Libération nationale et du Mouvement de la société pour la paix. Pourtant, elles étaient 5 743 à s’être inscrites sur les listes des partis politiques et des listes indépendantes.

    En outre, la loi organique relative au régime électoral, encourage la représentation de la femme, en parité et en égalité, sur les listes électorales afin d’abroger le système des quotas, et a accordé l’avantage du siège en cas d’égalité après décompte dans les suffrages. Un précepte auquel a adhéré, pourtant, la majorité des partis politiques lors de la confection des listes de candidatures. Néanmoins, il semble que le mode de scrutin proportionnel, prévu dans l’article 191 de l’ordonnance 21-01 portant loi organique relative au régime électoral, permettant à l’électeur de voter pour une liste de candidats en choisissant un ou plusieurs candidats de cette liste, n’a pas joué en faveur des candidates, d’autant que ce mode ne garantit pas de facto un nombre de sièges à la femme, au sein de l’Assemblée populaire nationale.

    L’autre facteur a trait à l’abolition de la politique des quotas, ce qui a provoqué un recul du nombre de femmes. Au cours de la législature 2012-2017, la représentation des femmes a atteint 154 sièges avant de diminuer, en 2017, à 120 sièges.

    L’Expression, 15 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives,

  • Tirs groupés contre l’Algérie, à la veille des élections

    Tirs groupés contre l’Algérie, à la veille des élections législatives

    C’est devenu une tradition. Depuis le début du Hirak, tout rendez-vous électoral est systématiquement précédé par des salves médiatiques étrangères, agressives contre l’Algérie. En fait, c’est le choix de la voie constitutionnelle de sortie de crise qui est attaquée, car elle ne représente pas ce qui a été concocté par les « druides » occidentaux et leurs serviteurs locaux. Ces « grands » démocrates, spécialistes des potions magiques qui détruisent des pays entiers en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, penchent plutôt pour une « phase de transition » avec comme leitmotiv « Yetnahaw Gaa! » (Ils doivent tous partir!). Une idée géniale pour mettre en selle des « ténors autoproclamés du Hirak » adoubés par leurs soins et choisis non seulement pour leur allégeance, mais aussi pour leur connivence avec des groupes douteux avec lesquels ils ont autant d’affinités que les pôles identiques de deux aimants. La « phase de transition » à la sauce algérienne mijotée dans le « chaudron » démocratique avec ketchup et mayonnaise? Le moyen le plus efficace pour que l’Algérie rejoigne la Libye, la Syrie et autres pays jouissant actuellement d’une démocratie exemplaire!

    Au sujet de ces attaques, rappelons tout de même qu’un média américain majeur avait appelé au boycott de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019, à peine deux semaines avant l’échéance électorale (lire mon article à ce sujet). En effet, le professeur Robert Zaretsky écrivait, le 26 novembre 2019, dans la célèbre revue Foreign Affairs un article sur l’Algérie au titre éloquent: « An Election’s Failure Will Be a Democratic Success » (L’échec de l’élection sera un succès démocratique). De la part d’un professeur versé dans la chose politique, il y a de quoi se poser de sérieuses questions concernant le concept même de démocratie. On attend d’ailleurs toujours un article de M. Zaretsky pour nous expliquer ce concept à travers la mascarade électorale qui a eu lieu lors des dernières présidentielles américaines, un scrutin digne d’une vulgaire république bananière et dont le résultat restera à jamais entaché de doutes.

    Le nombre d’articles occidentaux à charge contre l’Algérie étant énorme, nous allons nous focaliser sur deux d’entre eux qui ont été publiés le 11 juin 2021, c’est-à-dire la veille des élections législatives.

    Le premier a été publié par le célébrissime Washington Post, excusez du peu. En pleine période très riche en évènements politiques majeurs (sommets du G7 et de l’Otan, rencontre Biden-Poutine) le WaPo reprend un article de l’Associated Press intitulé « Two Algerian opposition figures arrested ahead of elections » (Deux personnalités de l’opposition algérienne arrêtées avant les élections). Ces deux personnes sont bien évidemment Karim Tabbou (ténor autoproclamé du Hirak et accessoirement des cimetières) et Ihsane El Kadi (plus connu sous le sobriquet de « barbouze »).

    Ce qui surprend dans cet article c’est, bien sûr, la célébrité du média qui publie une information, somme toute, d’importance relativement faible comparativement à l’actualité et aux sujets traditionnellement traités par ce journal. Mais, ce qui est encore plus étonnant c’est la célérité avec laquelle la nouvelle a été publiée : moins de 24h après les faits!

    La renommée du média, la rapidité de la publication et le timing choisi indiquent un évident intérêt de l’administration américaine, mais surtout, une intervention de haut niveau pour publiciser cet évènement. La proximité entre aussi bien Ihsane El Kadi que Karim Tabbou avec l’ambassade des États-Unis à Alger ne doit pas être étrangère à cette publication.

    Le second article est signé Michaël Béchir Ayari, analyste senior à l’International Crisis Group (ICG). Lui aussi publié le 11 juin 2021, il porte le titre : « L’Algérie de retour aux urnes ».

    Intéressons-nous tout d’abord à l’ICG. Ce dernier est un think tank américain basé à Washington dans lequel sont impliqués de nombreux politiciens de premier plan. L’ICG dispose annuellement d’un budget de plusieurs millions de dollars, dont presque la moitié provient de subventions octroyées par des gouvernements exclusivement occidentaux (exception faite du…Qatar!). En 2020, l’Open Society de George Soros a financé l’ICG avec une contribution de plus de 4 millions de $.

    Dans le conseil d’administration de l’ICG, on retrouve évidemment George Soros, mais aussi son fils, Alexander. La liste contient également le nom de Tzipi Livni, ancienne ministre des Affaires étrangères et vice-premier ministre de l’État hébreu. On se souvient que c’est elle qui était en poste lors du massacre des Palestiniens sous les bombardements israéliens sur Gaza, fin 2008 – début 2009.

    Parmi les personnalités américaines les plus en vue du Conseil d’administration de l’ICG figure le nom de Morton Isaac Abramowitz, ancien Secrétaire d’État adjoint chargé du renseignement et de la recherche dans l’administration Reagan. Il est aussi intéressant de mentionner qu’Abramowitz a été un membre influent du Conseil d’administration de la National Endowment for Democracy (NED) et ce, pendant neuf ans. En 2007, la NED l’a honoré en lui décernant la « Democracy Service Medal », en reconnaissance de « sa contribution exceptionnelle à l’avancement des droits de l’homme et de la démocratie dans le monde ».

    Après cette succincte présentation de l’ICG, voyons ce que Michaël Béchir Ayari a pondu dans son article sur la situation algérienne.

    Dans l’ensemble, on croirait entendre MM. Tabbou ou Al Kadi pour ne citer que ces deux vedettes du WaPo. En guise d’analyse, il s’agit d’un point de vue complètement biaisé où le mot « système » se dispute la place au mot « pouvoir ». D’après lui, « selon un scénario probable, les forces politiques issues de ce scrutin pourraient se regrouper et former une coalition dont l’objectif serait de perpétuer le système ». Et, au sujet d’une éventuelle phase d’instabilité post-électorale, il y alla d’une prédiction digne d’un réel augure : « A la suite de ce regain de tensions sociales, les conflits portant sur la gestion de ces tensions pourraient s’accroitre au sein de la hiérarchie militaire et des services de renseignements ».

    En définitive, il ne lui manquait que le slogan « Madaniya, Machi Askaria » (« Civil et non militaire », slogan des partisans de la phase de transition), pour boucler la boucle.

    Je me souviens d’un ouvrage de Michaël Béchir Ayari (co-écrit avec Vincent Geisser), édité en octobre 2011 dans lequel cet « expert » subjugué par le « printemps » arabe avait attaqué en règle mon livre « Arabesque américaine». En effet, en page 55, on peut lire : « Au Canada, l’ouvrage d’un chercheur algérien renommé, Ahmed Bensaada, a lui aussi contribué à populariser les thèses conspirationnistes auprès du grand public ».

    Cette sentence de ce « savant » du dimanche a été prononcée sans citer une seule phrase de mon livre et sans en démentir une seule information. Et dire que ce monsieur est « docteur » en sciences politiques!

    Le temps étant impartial, c’est plutôt lui qui porte maintenant l’habit de l’expert conspirationniste. Il fait partie de cette « école » qui a vendu à l’opinion publique arabe et internationale que ces « regime change » accompagnés de mort, de destruction, de désolation et de chaos étaient un « printemps » radieux durant lequel fleuriront la démocratie et les libertés individuelles.

    Où est passée cette démocratie, M. Ayari? Moi, je ne vois que de la fumée émanant des ruines et je ne sens qu’une odeur fétide de cadavres!

    Où est-elle passée, M. Ayari? Moi je ne vois que les larmes de ces réfugiés fuyant leurs maisons et je n’entends que le bruit des bombes qui broient les corps et déchiquètent les esprits!

    Alors, de grâce M. Ayari, laissez l’Algérie tranquille et changez de métier. L’analyse politique nécessite une pincée de modestie, une dose d’honnêteté, un zeste de probité ainsi qu’une rasade d’humanisme qui manquent cruellement à votre éducation et à celle de ceux qui vous emploient.

    Blog d’Ahmed Bensaada

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, attaques, complots, conspirations, Hirak, Rachad,