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  • Algérie/Législatives: Vers le maintien du gouvernent Djerad ?

    Qui va brasser la majorité des sièges aux élections législatives? Quel sera la couleur ou les couleurs de ce gouvernement qui émergera du nouveau Parlement? Autant de questions qui taraudent les milieux politiques et médiatiques depuis quelques semaines. Des interrogations nourries par le peu d’éclairage sur les tendances lourdes de l’électorat national, sur les énigmatiques motivations de la jeunesse et les fragiles rapports de force actuels entre les différentes forces politiques et sociales.

    En fait, ce qui est certain chez de nombreux observateurs, la configuration de la prochaine Assemblée populaire nationale sera inédite, fragmentée, voire éclatée en plusieurs mouvances et chapelles. Fini les temps ou on savait que le FLN sortira avec une majorité absolue ou relative, et qu’il devrait souvent composer pour le partage de la rente avec le RND et le MSP. Le reste se contente des petits quotas, des faire-valoir, juste pour la galerie. Cette tradition était enracinée depuis la fin théorique du parti unique.

    Or, il semble bien que cette fois-ci, les choses seront complètement différentes. Avec la division des partis islamistes, en trois ou quatre entités, le recul apparent des partis-appareils traditionnellement dominants, c’est la résurgence des indépendants qui sera la donnée principale de l’après 12 juin. Bien que personne parmi les analystes n’en donnent réellement le poids et l’influence, ces indépendants seront certainement des interlocuteurs incontournables dans une quelconque négociation ou pourparlers dans la constitution d’un cabinet ou d’un exécutif. Or, eux mêmes sont divisés, démunis, sans portée nationale et par conséquent ces indépendants fouleront l’hémicycle en individuel. Leur éventuelle union politique est une chimère, et elle ne sera possible que dans une année ou plus. L’exemple des dernières mandatures est une parfaite illustration, quand on a vu des indépendants mettre plusieurs mois pour former dans la douleur un groupe parlementaire, élire un vice-président du bureau de l’APN ou choisir un président d’une commission permanente.

    De plus, à en croire les indicateurs, le chef de l’Etat aura d’énormes difficultés pour désigner un chef de gouvernement ou un Premier ministre sur la base des résultats du scrutin. Dans une configuration pareille, avec un parlement hétéroclite, mouvant, éclaté en plusieurs morceaux, sans possibilité d’arracher un consensus rapide et urgent, Abdelmadjid Tebboune va sans doute se rabattre sur son Premier ministre fétiche, Abdelaziz Djerad. Ce dernier a toutes les chances de continuer encore pour quelques mois sa mission pour plusieurs raisons. Le nouveau Parlement mettre des mois pour finaliser son bureau, choisir son président, ses adjoints, voter son règlement intérieur et mettre en place des commissions et désigner leurs assesseurs. Un processus complexe, connu par sa lenteur et ses complications en raison des ambitions démesurées de quelques députés et des calculs des appareils politiques.

    Il est bien évident que Djerad aura une “deuxième vie”, lui qui profitera de cette situation inédite, pour désigner une bonne vingtaine de ministres, frais et prêts pour la besogne, présenter son programme à l’APN pour une motion de soutien, comme le stipule la Constitution et préparer enfin les prochaines élections communales et de wilayas, annoncées pour septembre prochain.

    Il est clair que le gouvernement Djerad 2 new-look, ne lâchera pas les grandes pointures, ceux qui occupent les départements ministériels dits de souveraineté.

    C’est d’ailleurs, cette hantise qui met à mal certains partis politiques, notamment les islamistes. Depuis quelques jours, Abderrezak Makri, comme Abdelkader Bengrina ou Abdallah Djaballah évoquent l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale. “Main tendue” ou “majorité présidentielle”, les termes en vogue durant cette fin de campagne illustrent bien cette peur de “perdre des dividendes” législatives de certains mouvements politiques.

    Le Jeune Indépendant, 08 juin 2021

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  • Algérie : Les islamistes se sentent pousser des ailes

    Législatives du 12 juin : Les islamistes se sentent pousser des ailes

    Le jour « J » se rapproche à grands pas. Plus que quelques jours nous séparent des élections législatives anticipées du 12 juin.

    Un scrutin pour lequel les participants ont mené campagne depuis le 20 mai dernier. Aujourd’hui donc à minuit ; et après trois semaines, la campagne électorale prendra fin et les partis ainsi que les indépendants observeront alors le silence électoral jusqu’au samedi prochain. Maintenant que la campagne électorale tire à sa fin l’heure est désormais au bilan en attendant bien sûr le verdict des urnes. Un verdict difficile à pronostiquer et qui risque de réserver de grandes surprises. Lors de la campagne électorale les partis politiques notamment n’ont juré que par la victoire et chacun y est allé de ses arguments pour étayer cette ambition.

    Et même les partis fortement associés à la « issaba » déchue, à savoir le FLN et le RND, ne s’avouent pas vaincus, loin s’en faut. En effet, les leaders de ces deux partis, honnis durant le « Hirak » qui a été à l’origine de la chute de l’ancien régime, se montrent des plus optimistes quant au score qu’ils pourraient réaliser lors de ce rendez-vous électoral. Ainsi, si Tayeb Zitouni fait preuve de pondération en ne versant pas dans l’excès d’optimisme ou carrément l’exagération, ce n’est pas le cas de Abou El Fadl Baadji, le secrétaire général du parti du FLN. Tout au long de la campagne électorale ce dernier n’a eu de cesse de clamer haut et fort que son parti, loin d’être mort comme le soulignent nombre d’analystes, sortira vainqueur de ce scrutin. Il est allé même jusqu’à soutenir que « le FLN fera un raz-de- marée et qu’il investira avec force l’APN ». Il justifie cela par le fait que les Algériens restent attachés au vieux parti qui jouit toujours, selon ses dires, de leur « estime ». Il est vrai que certains observateurs, et malgré les vicissitudes connus par ce parti ces derniers temps et la perte de crédibilité auprès d’une partie de l’opinion publique, n’exclut pas l’éventualité de la réalisation d’un score honorable pour ce parti qui sera loin du naufrage que lui prédisent d’autres analystes.

    Les partis islamistes seront certainement les plus farouches concurrents du duo FLN-RND. Le courant islamiste, dont tous les partis ont opté pour la participation aux législatives de samedi prochain, ambitionne cette fois-ci de jouer crânement toutes ses chances. Les leaders de ces partis islamistes croient cette fois-ci en leur bonne étoile en supposant que le contexte politique actuel leur est plutôt largement favorable. En effet la perte de crédibilité du FLN et du RND, l’engagement ferme du Président Tebboune quant à la transparence du scrutin et d’autres facteurs aussi, font que les partis islamistes sont largement optimistes, eux qui n’ont eu de cesse de mettre en avant, durant la campagne électorale, que si par le passé ils étaient tout le temps victimes de la fraude électorale, ce ne sera plus le cas puisque le pays traverse une nouvelle ère politique avec l’avènement d’un nouveau régime. Abderrazak Makri, président du MSP, et Abdelkader Bengrina, président du mouvement El Bina, sont, à ce titre, les plus ardents partisans de la thèse de la victoire des islamistes. Chacun d’eux soutient que son pardi va remporter cette élection. Il y a, il est vrai, une bataille interne de leadership dans le camp des islamistes, mais ces derniers visent aussi la victoire finale des législatives.

    Par : KAMAL HAMED

    Le Midi Libre, 08 juin 2021

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  • Algérie : Donner une crédibilité au systéme politique né du Hirak

    Elections législatives : Donner une crédibilité au systéme politique né dans le sillage de la « révolution de février 2019 »

    Par B. Chellali

    Dans un entretien à Sputnik, Ahmed Rouadjia, professeur algérien d’histoire et de sociologie politique, affirme que les 20 années de pouvoir de l’ex-Président Abdelaziz Bouteflika ont été marquées d’une déliquescence et d’une corruption généralisée qui ont « failli provoquer l’effondrement total de l’Etat-nation algérien », de l’aveu même de l’actuel chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune. Il estime ainsi que le Hirak du 22 février 2019, qui a fait barrage de manière pacifique au 5ème mandat de Bouteflika, est considéré par la majorité des Algériens comme l’événement le plus important de l’histoire moderne du pays, après la guerre de libération nationale (1954-1962) qui a mis fin à 132 ans de présence coloniale de la France.

    Le Hirak, par son élan politique, philosophique, sociétal, et sa profondeur historique, a suscité un énorme espoir dans le pays et une admiration dans le monde entier. En décembre 2010, suite à son élection, Abdelmadjid Tebboune a promis de bâtir « une nouvelle Algérie ». Une année après, il a fait adopter par référendum une nouvelle Constitution, il a dissous l’Assemble nationale et convoqué en mars le corps électoral pour des élections législatives anticipées le 12 juin.

    Dans cet entretien, le Pr. Ahmed Rouadjia à l’université de Msila souligne que « les partisans de l’ancien système corrompu, érigé par le Président déchu Bouteflika, sont encore très actifs, mais de manière clandestine, et certains leaders du Hirak qui se croient, à tort, ou qui affectent d’être indépendants de tous les coteries et lobbies existants, sont en vérité de simples valets et complices de certaines chefs de la mafia politico-financière placés en détention dans les divers prisons du pays ».

    Dans le même sens, il estime que « la répression, qui s’est abattue ces derniers temps sur certains de ces leaders prétendument représentatifs du Hirak, s’explique par la crainte qu’inspirent au gouvernement les affinités idéologiques et les accointances reliant « ces chefs autoproclamés » du Hirak avec les barrons de « l’ancien régime » en détention et dont les procès n’en finissent pas de rebondir ». Pour le professeur d’histoire et de sociologie politique, « les élections du 12 juin ont été conçues justement pour comprimer toute velléité d’insurrection ou de rébellion contre l’ordre établi de la part d’un Hirak aux objectifs fort ambiguës. Ces élections visent également par la nouvelle loi électorale à donner une crédibilité au systéme politique né dans le sillage de la « révolution de février 2019 ».

    Le Maghreb, 08 juin 2021

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  • Algérie/ En vrac : Terreau machiste et femmes fraises !

    Nous sommes à quelques encablures du scrutin législatif du 12 juin…Oh vivement, disent les populaces décontenancées par le burlesque de la campagne électorale des législatives . Et quelle campagne ! Après les visages sans visages de femmes qui s’envisagent députées, nous eûmes droit au nec plus ultra du folklore politique.

    Un obscur chef de parti, a comparé les femmes candidates aux législatives, à des fraises fraîches.

    «Dans nos listes du FGB ( nom de son parti), nous avons choisi des fraises sélectionnées. Ce sont de belles femmes ingénieures, médecins, mariées. Il y’a même des directrices ».

    Fraises fraîches ou quand le grotesque s’essaye à l’humour politique.

    Dans cette polysémie qui célèbre le machisme primaire , on retrouve la dimension et la place que donne l’homo algérianus à la femme.

    Ne dit-on pas dans certaines contrées : « El M’ra hachak» ? Comme si le fait d’aborder l’élément féminin mène à la honte voire à la répugnance.

    Femmes…fraises fraîches…Terreau machiste, et vocabulaire stigmatisant la femme, dans un spectre politique envahi par de dégradantes allégories.

    « El Hassnaouates » de notre parti , a terminé le macho chef de parti. Connotations qui puent le rabaissement . Et où l’allusion à la femme, quelles que soit les circonstances, n’est jamais innocente.

    « El M’ra » dit l’algérien de sa seconde moitié comme pour nommer une ombre voire une apparition.

    La femme…dans l’imaginaire collectif des algériens était déjà un fantôme. Elle devient matière évanescente, hypothétique et faire-valoir dès que l’on se permet le luxe de l’estampiller femme politique. « Femmes je vous aime », dit le chanteur. « Femmes , je vous hais » semblent dire les algériens à celles, qui sont leurs sœurs , leurs femmes , leurs mères.

    La femme algérienne , partie privative du « mec redjla » n’a pas fini d’apprécier le rétrécissement de sa surface vitale.

    La Nation, 06 juin 2021

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  • Algérie : Tout sur le Hirak, le Mak et Rachad

    Tebboune au journal Le Point – Tout sur le Hirak, le Mak et Rachad

    Le président Tebboune s’est exprimé dans une interview accordée au journal français Le Point sur nombre de questions intéressant la politique nationale, mais aussi sur les questions se rapportant à l’environnement régional de l’Algérie et les faits saillants qui le marquent. L’espace que constitue cette interwiew aura été opportun pour le Président de trancher net sur les orientations stratégiques sur lesquelles le gouvernement Djerad a mis le cap depuis l’élection présidentielle.

    Tout en réfutant les desseins du hirak qu’il a toujours qualifié de béni, mais qu’il trouve aujourd’hui infiltré par des courants en lien avec le terrorisme et autres séparatistes en précisant ne croire qu’au Hirak « authentique et béni » ayant ignoré « le chant des sirènes » qui le poussait à aller vers une période transitoire. « Je n’utilise plus ce mot (Hirak) parce que les choses ont changé», a soutenu d’emblée le Président. « Le seul Hirak auquel je crois est le Hirak authentique et béni qui a spontanément rassemblé des millions d’Algériens dans la rue. Ce Hirak-là a choisi la voie de la raison en allant à l’élection présidentielle (12 décembre 2019. Il a ainsi rappelé que « lorsque les marches, après la présidentielle, rassemblaient encore de 20.000 à 25.000 manifestants à travers le pays », il a été le « premier à tendre la main aux gens du Hirak et à les recevoir ».

    Enchaînant dans le même contexte en répondant à une question sur le classement par l’Algérie de Rachad et du MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie) comme mouvements terroristes, le Président Tebboune a indiqué qu’ »ils se sont eux-mêmes déclarés tels ». « Rachad a commencé à mobiliser tous azimuts, à donner des instructions pour affronter les services de sécurité et l’armée. Le MAK a tenté d’agir avec des voitures piégées. Face aux appels à la violence, la patience a des limites », a-t-il martelé.

    Pour ce qui est du correspondant du journal Liberté à Tamanrasset, arrêté et placé sous mandat de dépôt pour un article de presse, le chef de l’Etat a indiqué qu’ »il a joué à tort au pyromane sur un sujet très sensible », qualifiant cela de « très grave ». Le Président est revenu sur la situation du pays avant les présidentielles de décembre 2019, tenant à rappeler « le pays était au bord du gouffre » et qu’ »heureusement, il y a eu le sursaut populaire, le Hirak authentique et béni du 22 février 2019, qui a permis de stopper la déliquescence de l’Etat en annulant le cinquième mandat, qui aurait permis à la Issaba, ce petit groupuscule qui a phagocyté le Pouvoir et même les prérogatives de l’ex-président en agissant en son nom, de gérer le pays ». « Il n’y avait plus d’institutions viables, seuls comptaient les intérêts d’un groupe issu de la kleptocratie », a-t-il dit, ajoutant qu’ »il fallait donc reconstruire la République, avec ce que cela implique comme institutions démocratiques ».

    Revenant sur son absence après avoir été touché par la Covid-19, le président de la République a affirmé que cela n’a pas affecté l’exercice du pouvoir, mais « retardé le programme des réformes ». « Affecté non. Retardé le programme des réformes, oui. Mais nous avons réussi à faire en sorte que l’Etat fonctionne en mon absence. Preuve en est que la réhabilitation des institutions que j’ai entamée avait fonctionné », a-t-il fait valoir. Le chef de l’Etat a, en outre, indiqué avoir pu faire le bilan sur son environnement immédiat et les projets lancés. « J’ai pu faire le bilan sur mon environnement immédiat et les projets que nous avons lancés. Certains ont pensé que c’était le naufrage -et vous savez qui quitte le navire dans ces cas-là-, mais j’ai pu constater, avec fierté, toute la fidélité de l’armée, avec à sa tête le chef d’Etat-major Saïd hanegriha », a-t-il dit, révélant que « nous nous appelions tous les matins ».

    Et le Président d’affirmer : »quand le pouvoir est gangrené par les intérêts personnels, il se défend à sa manière. S’attaquer à ce système peut devenir mortel. Très dangereux », a-t-il déploré, ajoutant qu’ »une partie de l’administration, censée être neutre et servir les administrés, s’est mise au service des lobbys de la kleptocratie, que l’on appelle à tort +oligarchie+, car il s’agit plutôt d’un groupe de voleurs ».

    Pour le Président tous les partis réunis ne totalisent pas 800 000 militants, alors que nous sommes près de 45 millions d’Algériens », a-t-il affirmé, ajoutant que « plus tard, peut-être, lorsque les institutions auront repris leur place et leurs fonctions, libérées du diktat de l’argent sale, on pensera à créer un parti présidentiel.

    Synthèse SL

    L’Est Républicain, 05 juin 2021

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  • Algérie : « Ma mission est de remettre sur pied le pays» (Tebboune)

    Tebboune au magazine Le Point : « Ma mission est de remettre sur pied le pays»
    Par Mohamed Mecelti

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a assuré dans un entretien accordé au magazine français «Le Point», paru jeudi 3 juin que les élections législatives du 12 juin constitueront une grande avancée vers la reconstruction des institutions de l’Etat, affirmant ne jamais céder au «diktat d’une minorité » qui refuse l’élection et menace la stabilité de l’Algérie.

    Le chef de l’Etat, qui s’est exprimé sur divers sujets d’actualités nationale et internationale, notamment les marches du mouvement de protestation populaire interdites depuis maintenant trois semaines, a signalé que « ce qui reste du Hirak », qui a dévié de sa trajectoire et s’oppose actuellement au progrès et au développement du pays, ne représente qu’une minorité, car «le Hirak authentique et béni a choisi la voie de la raison en allant à l’élection présidentielle» du 12 décembre 2019.

    S’agissant de la vague d’arrestations des partisans du Hirak accentuée au cours du mois de mai dernier, M. Tebboune a souligné qu’il était le premier à tendre la main aux gens du Hirak et à les recevoir, lorsque les marches, après la présidentielle, rassemblaient encore de 20 000 à 25 000 manifestants à travers le pays, signalant que les « gestes » d’apaisement, telles que la libération des détenus et l’appel au dialogue, ont été interprétés comme une faiblesse.

    Pour le président Tebboune, face aux appels « clairs » à la violence lancés par le mouvement Rachad (mouvement d’opposition islamiste en exil) pour « affronter les services de sécurité et l’armée », et aux tentatives « d’agir avec des voitures piégées » planifiées par le MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie), « la patience à des limités ».

    Il convient de noter, que le mouvement Rachad et le MAK ont été classés par le Haut Conseil de Sécurité le 18 mai, sur la liste des organisations terroristes.

    « Tant qu’on était au stade des idées, il n’y avait pas de problème, mais les appels à la violence, c’est autre chose », a-t-il averti, indiquant que « le manifestant et le policier qui maintient l’ordre public sont les enfants de la même République. Je n’ai pas le droit de les laisser s’affronter ».

    M. Tebboune, qui considère que le Hirak actuel est « très hétéroclite », a souligné qu’« aujourd’hui, dans ce qui reste du Hirak, on trouve de tout, il y en a qui crient « Etat islamique ! » et d’autres qui scandent « pas d’islam ! », relevant que les manifestants expriment actuellement « une colère » et qu’il ne s’agit plus du « Hirak originel ».

    Après avoir chargé le courant démocratique qui «rejette les urnes et prône la désignation », le locataire d’El Mouradia s’est dit confiant de la réussite du rendez-vous électoral eu égard « l’engouement pour ces législatives, notamment chez les jeunes ».

    Ceux qui s’opposent aux élections sont « une minorité qui se présente comme une majorité grâce à une médiatisation à outrance, notamment outre-mer », a affirmé le président, alertant que tous ceux qui veulent entraîner le pays vers l’aventure sont en train de perdre leur temps».

    A une question sur la possibilité de se retrouver avec une majorité parlementaire, et donc gouvernementale, islamiste, M. Tebboune a été catégorique, «l’islamisme en tant qu’idéologie, celle qui a tenté de s’imposer au début des années 1990 dans notre pays, n’existera plus jamais en Algérie », relevant néanmoins que « l’islam politique n’a pas bloqué le développement de pays comme la Turquie, la Tunisie ou l’Egypte », et que cette vision de l’islam politique ne le gêne pas tant qu’elle «n’est pas au-dessus des lois de la République qui s’appliqueront à la lettre ».

    Interrogé sur les reformes politiques nécessaires pour réajuster le pays sans parti présidentiel et sans l’adhésion de l’opposition, le président, qui n’a pas écarté définitivement la création d’un parti présidentiel, a affirmé qu’une multitude des partis politiques du pays ne sont pas représentatifs d’un courant d’idées, mais sont construits autour d’une personne qui s’éternise à leur tête sans aucune volonté d’ouverture ou de réformes, précisant qu’il a été le candidat du peuple et de la jeunesse et non pas des partis.

    « Une partie de l’administration sensée être neutre et servir les administrés s’est mise au service (…) d’un groupe de voleurs », a-t-il avoué, précisant qu’il ne pensait pas à un deuxième mandat et que sa mission est de remettre sur pied le pays et reconstruire les institutions.

    M. Tebboune est revenu a également sur le rôle de l’armée, qui selon lui, a joué un rôle positif, notant que « si nous n’avions pas une armée aussi moderne et aussi professionnelle, la situation en Algérie serait pire qu’en Libye ou en Syrie. Je rappelle que l’armée s’est retirée de la politique depuis la fin des années 1980. L’époque où des officiers de l’armée siégeaient au comité central du FLN (ex-parti unique) est terminée. L’armée ne fait plus de politique ».
    Et d’ajouter : « «Si elle avait voulu prendre le pouvoir, elle l’aurait fait. C’était une demande populaire, le peuple l’appelait à faire cesser la comédie du cinquième mandat et la déliquescence de l’État. L’armée n’a pas pris le pouvoir et ne le prendra pas, parce qu’elle est légaliste ».

    S’agissant du cas du journaliste Rabah Kareche en détention à la prison de Tamanrasset, le chef de l’Etat s’est brièvement exprimé sur ce sujet, indiquant par contre qu’ « Il a joué à tort au pyromane sur un sujet très sensible. Très grave ».

    Pour rappel, Rabah Karèche, a été placé en détention provisoire le 19 avril dernier, après avoir passé une nuit en garde à vue. Le journaliste est poursuivi pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », « publication et diffusion volontaire de fausses informations susceptibles de porter atteinte à l’ordre public et usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et l’unité nationales ». La date de son procès n’est pas encore fixée.

    Le Jeune Indépendant, 03 juin 2021

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  • Algérie : Le  » Hirak  » a choisi la voie de la raison (Tebboune)

    Dans une interview avec le magazine français  » Le Point  » : Le  » Hirak  » a choisi la voie de la raison en se rendant aux élections présidentielles

    Par : Med Wali

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a accordé un long entretien au magazine français  » Le Point « , au cours duquel, le chef de l’Etat a abordé de nombreux dossiers, dont le Hirak, les élections présidentielles du 12 décembre 2019, et la classification des mouvements Rachad et le MAK comme organisations terroristes.

    Dans son interview au magazine français, le président de la République a déclaré que les mouvements Rachad et le MAK ont choisi d’être des terroristes, et que Rachad a donné des instructions pour affronter les services de la sécurité et de l’Armée nationale, tandis que le MAK tentait de faire exploser des voitures piégées lors des marches pacifiques des vendredis.

    Au cours de son intervention, le président de la République a dit que  » le véritable  » Hirak  » a choisi la voie de la raison, en allant aux élections présidentielles, et que le seul mouvement auquel il croit est le véritable  » Hirak « . Dans ses déclarations, le président Tebboune a indiqué que le Hirak de tous les Algériens a refusé d’aller vers une période de transition. »

    Dans ce sillage, le président Tebboune a souligné que  » le groupe ayant rejeté les élections présidentielles du 12 décembre 2019 était minoritaire « , soulignant que  » tout le monde a le droit à l’expression, mais je rejette les diktats de la minorité « , a-t-il fait savoir.

    Dans une autre affaire, le président de la République a affirmé que  » les Algériens attendent que la France reconnaisse tous ses crimes, et nous demandons à la France de nettoyer les sites d’essais nucléaires, et nous espérons qu’elle soignera et prendra en charge les victimes des essais nucléaires.  » Concernant la situation sanitaire dans le pays, le président Tebboune a affirmé que  » la décision de fermer des frontières vise à protéger les Algériens de la pandémie, et malgré cela 80 000 Algériens ont été évacués depuis la fermeture de nos frontières « , tout en soulignant que « les vaccins du corona sont disponibles, et ils ne seront pas imposés au peuple.  » Au passage, le chef de l’Etat assure que la réouverture des frontières dépendra de l’évolution de la situation épidémiologique en Algérie.

    M.W.

    Le Maghreb, 03 juin 2021

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  • Algérie : Tebboune dit tout au « Point »

    DANS UN ENTRETIEN EXCLUSIF AU MAGAZINE HEBDOMADAIRE FRANÇAIS, « LE POINT » : Le Président dit absolument tout !

    Quand les équipes du nouveau président entrèrent pour la première fois dans le palais d’El Mouradia, en décembre 2019, l’endroit semblait quasi abandonné. Depuis que le président déchu, Abdelaziz Bouteflika, malade, s’était calfeutré en 2013 dans sa résidence médicalisée à Zéralda, sur la côte ouest algéroise, ce haut lieu du pouvoir s’était transformé en une administration ronronnante, à peine gérée par le frère- conseiller, Saïd Bouteflika, et où régnaient le silence et des ombres pressées.

    En cette matinée printanière de mai, le palais d’El Mouradia, niché sur les hauteurs d’Alger-Centre, fait resplendir le jardin de sa résidence, dominé par un ficus centenaire et bercé par la fontaine en cascade aux faïences azur. À l’entrée, l’ancien court de tennis où jouait l’ex-chef de l’État Chadli Bendjedid (1979-1992), le dernier président à avoir mis en place une communication innovante, posant même avec sa famille pour la presse étrangère, avant la glaciation qui s’ensuivit. Depuis, l’image du pouvoir algérien est celle du portrait officiel, raidie, spartiate, « militaire », jusqu’à l’artifice d’un président muet et grabataire. Au bout de vingt ans de règne, Bouteflika sera remplacé, comble du mépris et du surréalisme, par un « cadre », c’est-à-dire un portrait que les « hommes » de l’ex-président brandissaient, extatiques, lors des meetings. Trente ans de grisaille ombrageuse, de rumeurs de décès, d’apparitions fantomatiques, de complots, de théories d’usurpation et, surtout, de silence… le pouvoir en Algérie a des mœurs de clandestinité et des rites d’invisibilité.

    À 11 heures passées, sur une terrasse ombragée, le chef de l’État algérien reçoit ses intervieweurs. Il leur consacre plusieurs heures. Son discret staff, réduit au maximum, s’éparpille sous les arcades mauresques de cette résidence adossée au « cabinet », le bureau du président, un peu plus haut, auquel on accède en traversant le jardin. L’image bucolique tranche avec la double sinistrose de la présidence fantomatique des derniers mandats de Bouteflika et avec le cliché en noir et blanc d’un pouvoir opaque et renfermé. « Vous avez trop de questions », commente, tout sourire, Abdelmadjid Tebboune en invitant à prendre le café.

    Traversée du désert. L’homme revient de loin, et pas seulement d’une longue convalescence après son infection au Covid-19 et une opération au pied en Allemagne, mais d’une traversée du désert, une ostracisation violente après son mandat éclair (trois mois) de Premier ministre en 2017. Un record dans la République algérienne, pour avoir déclaré la guerre aux « forces de l’argent » et à leur clan politique proche du frère de Bouteflika, Saïd. Cet énarque, ce fils du Sud-Ouest saharien qui lui a légué le calme et la cordialité des gens du désert, à la carrière préfectorale qui remonte aux années 1970, sait, depuis la disgrâce subie, que le pouvoir peut aussi être un enfer derrière l’apparat du prestige et de la puissance. Les intrigues le rattrapent, même lors de la présidentielle de décembre 2019, décriée par le Hirak, qui poursuivait ses manifestations antisystème : donné pour favori, il subit une campagne médiatique violente, et une partie du personnel politique hérité de l’ère Bouteflika se mobilise contre lui – aujourd’hui, des officiers du renseignement sont derrière les barreaux pour avoir comploté et tenté de manipuler les résultats de l’élection à ses dépens…

    Pilier. À des intimes, après cette bataille feutrée au sein même du pouvoir, il confie : « Je n’ai plus rien à perdre parce que j’ai tout perdu. Si je suis élu, ce n’est pas pour finir en autocrate. » Abdelmadjid Tebboune assume ses postes de ministre sous Bouteflika, défendant son bilan à l’Habitat par exemple, où il créa une formule d’accès au logement pour la classe moyenne, « pilier de stabilité d’une société », selon lui. À ses yeux, il a servi l’État, pas la fratrie Bouteflika.
    Vis-à-vis de la France, celui qui suivait en même temps les cours de l’école coranique et de l’école française veut imposer une position nuancée : pas d’hostilité automatique, mais pas de rapports de suzerain à vassal. « Il respecte ceux qui le respectent, c’est son principe aussi pour la diplomatie », souligne un proche.

    Sans filet. Ce n’est pas la première fois que Tebboune se prête au jeu des questions-réponses, mais le dispositif est différent : une interview longue et fouillée menée pour un grand hebdomadaire français par deux journalistes et écrivains algériens vivant en Algérie. Au-delà de l’interview, c’est symboliquement une intrusion dans « l’unique et véritable centre du pouvoir en Algérie », pour reprendre les mots d’un conseiller du palais. L’interview est ouverte, sans filet, nous assure-t-on. Notre photographe est autorisé à circuler et à prendre ses propres photos, et Tebboune s’y prête : debout, assis, marchant, souriant ou conversant de façon détendue. Ces gestes de grande banalité pour des Occidentaux ont ici tout leur sens : le pays est cycliquement la proie de rumeurs sur la maladie du président du moment, son état de santé, sa mobilité physique et sa capacité à gérer le pays et ses crises. Il fallait des réponses et aussi presque des « preuves de vie ». Après un long café en « off », le « on » se fait dans le bureau du président. Abdelmadjid Tebboune demande à mener l’entretien sans la présence de ses équipes qui nous laissent presque seuls.

    Le Point : Vous avez repris les rênes du pouvoir neuf mois après la chute d’Abdelaziz Bouteflika, lors de la présidentielle de décembre 2019 : dans quel état aviez-vous trouvé le pays ?

    Abdelmadjid Tebboune : Le pays était au bord du gouffre. Heureusement qu’il y a eu le sursaut populaire, le Hirak authentique et béni du 22 février 2019, qui a permis de stopper la déliquescence de l’État en annulant le cinquième mandat, qui aurait permis à la « issaba » [le « gang », conglomérat d’oligarques et de hauts responsables, NDLR], ce petit groupuscule qui a phagocyté le pouvoir et même les prérogatives de l’ex-président en agissant en son nom, de gérer le pays. Il n’y avait plus d’institutions viables, seuls comptaient les intérêts d’un groupe issu de la kleptocratie. Il fallait donc reconstruire la République, avec ce que cela implique comme institutions démocratiques.

    Touché par le Covid, vous avez été absent d’Algérie. Cette absence a-t-elle affecté votre exercice du pouvoir ?
    Affecté non. Retardé le programme des réformes, oui. Mais nous avons réussi à faire en sorte que l’État fonctionne en mon absence. Preuve en est que la réhabilitation des institutions que j’ai entamée avait fonctionné. Par ailleurs, j’ai pu faire le bilan sur mon environnement immédiat et les projets que nous avons lancés. Certains ont pensé que c’était le naufrage – et vous savez qui quitte le navire dans ces cas-là -, mais j’ai pu constater, avec fierté, toute la fidélité de l’armée, avec à sa tête le chef d’état-major Saïd Chengriha. Nous nous appelions tous les matins.

    Qu’est-ce que votre traversée du désert entre 2017 et 2019 vous a appris sur le pouvoir ?

    Pour avoir exercé un peu plus de cinquante ans au service de l’État, depuis ma sortie de l’ENA en 1969, je sais qu’il est très difficile de faire de l’opposition à l’intérieur même du système. Pourtant, j’en ai fait, j’étais une sorte de mouton noir. On m’a envoyé comme wali [préfet] aux postes où il y avait le plus de problèmes. On m’avait collé une étiquette de « tête dure », parce que je ne me privais pas de dire ce que je pensais.

    En 2017, j’étais déjà convaincu que l’Algérie allait droit dans le mur, que si la déliquescence des institutions se poursuivait, elle allait aussi impacter l’État-nation même, pas uniquement le pouvoir. On ressemblait de plus en plus à une république bananière, où tout se décidait dans une villa sur les hauteurs d’Alger [à Ben Aknoun, lieu de rencontre des oligarques et de leurs relais du pouvoir, NDLR]. Les institutions étaient devenues purement formelles, à l’exception de l’armée, qui a pu sauvegarder sa stature.

    Il fallait donc agir et j’ai proclamé, en tant que Premier ministre, devant le Parlement, que le salut viendrait de la séparation de l’argent et du pouvoir. Ma famille et moi en avons payé le prix, mais cela fait partie du risque de l’exercice du pouvoir.
    Quand le pouvoir est gangrené par les intérêts personnels, il se défend à sa manière. S’attaquer à ce système peut devenir mortel. Très dangereux.

    Comment le président peut-il mener des réformes politiques sans un parti de soutien, sans l’adhésion de l’opposition, sans société civile autonome, et avec une administration héritée de l’ancien système ?

    Une partie de l’administration, censée être neutre et servir les administrés, s’est mise au service des lobbys de la kleptocratie, que l’on appelle à tort « oligarchie », car il s’agit plutôt d’un groupe de voleurs.
    Je n’ai pas été le candidat d’un parti, mais celui du peuple et de la jeunesse, deux piliers sur lesquels je compte beaucoup. Une multitude de nos partis ne sont pas représentatifs d’un courant d’idées, mais sont construits autour d’une personne qui s’éternise à leur tête, sans aucune volonté d’ouverture ou de réforme… Attention, je ne dis pas que je ne crois pas en la classe politique, mais elle représente peu de chose par rapport à un peuple. Tous les partis réunis ne totalisent pas 800 000 militants, alors que nous sommes près de 45 millions d’Algériens ! Plus tard, peut-être, lorsque les institutions auront repris leur place et leurs fonctions, libérées du diktat de l’argent sale, on pensera à créer un parti présidentiel. Mais pas pour le moment.

    Vous dites « plus tard » : justement, pensez-vous avoir besoin d’un second mandat ?

    Très honnêtement, je n’y pense pas. Ma mission est de remettre sur pied mon pays, lutter contre les passe-droits, reconstruire les institutions et faire que la République appartienne à tout le monde. Un autre mandat ? Je ne sais pas. On n’est qu’au début de mon mandat.

    Opposition et activistes dénoncent les arrestations dans les rangs du Hirak et les entraves au travail des médias…
    Je n’utilise plus ce mot (Hirak) parce que les choses ont changé. Le seul Hirak auquel je crois est le Hirak authentique et béni qui a spontanément rassemblé des millions d’Algériens dans la rue. Ce Hirak-là a choisi la voie de la raison en allant à l’élection présidentielle. Il n’a pas écouté le chant des sirènes qui le poussait à aller vers une période transitoire, et dix millions d’Algériens sont allés voter. Une minorité a refusé l’élection. Je pense que tout Algérien a le droit de s’exprimer, mais je refuse le diktat d’une minorité.

    De plus, je m’étonnerai toujours du fait qu’un démocrate, qui se définit comme tel, rejette les urnes et prône la désignation. Quand il ne rejette pas l’opinion de la majorité, ce qui est en soi antidémocratique. Pourquoi voulez-vous désigner des personnes pour diriger le pays ? Qui êtes-vous ? Qui vous a fait roi ? « Qui t’a rendu si vain/Toi qu’on n’a jamais vu les armes à la main », pour reprendre Le Cid !

    Aujourd’hui, dans ce qui reste du Hirak, on trouve de tout, il y en a qui crient « État islamique ! » et d’autres qui scandent « pas d’islam ! ». Les manifestants expriment peut-être une colère, mais ce n’est pas le Hirak originel. C’est très hétéroclite.

    En février, vous avez libéré la quasi-totalité des détenus du Hirak. Pourquoi ce raidissement actuellement ?
    Lorsque les marches, après la présidentielle, rassemblaient encore de 20 000 à 25 000 manifestants à travers le pays, j’ai été le premier à tendre la main aux gens du Hirak et à les recevoir. Dans mon premier gouvernement, on compte cinq ministres qui en sont issus. Des personnes que j’avais vues m’insulter dans des vidéos ! Ensuite, on a commencé à libérer des détenus pour arriver à 120 relaxés. Les gens continuaient à me critiquer, mais j’ai continué à faire des gestes. J’ai l’impression que cela a été interprété comme une faiblesse. Les gens pensaient qu’on était dos au mur. Ils se trompaient. Pour moi, le manifestant et le policier qui maintient l’ordre public sont les enfants de la même République. Je n’ai pas le droit de les laisser s’affronter. D’autant plus que les appels à la violence étaient clairs. Tant qu’on était au stade des idées, il n’y avait pas de problème, mais les appels à la violence, c’est autre chose.

    Pourquoi Rachad (mouvement d’opposition en exil formé notamment des ex-FIS) et le MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) ont-ils officiellement été déclarés mouvements terroristes ?

    Parce qu’ils se sont eux-mêmes déclarés tels. Rachad a commencé à mobiliser tous azimuts, à donner des instructions pour affronter les services de sécurité et l’armée. Le MAK a tenté d’agir avec des voitures piégées. Face aux appels à la violence, la patience a des limites.

    Comment se présentent les élections législatives du 12 juin alors qu’une bonne partie de l’opposition a choisi de boycotter le scrutin ?

    On ne voit pas les choses de la même manière. Ce que j’observe à travers tout le pays ne dit pas que les Algériens, dans leur majorité, sont opposés aux élections législatives.
    Vous me dites une « bonne partie de l’opposition » : combien sont-ils ? Au vu des instruments de mesure dont nous disposons, il s’agit d’une minorité qui se présente comme une majorité grâce à une médiatisation à outrance, notamment outre-mer. Certains ambassadeurs, malheureusement, ne voient que cette minorité et ne vivent qu’avec elle, et ignorent la majorité des Algériens, induisant en erreur les pays auxquels ils appartiennent…
    Je sais qu’il y a un engouement pour ces législatives, notamment chez les jeunes, alors que tout récemment, ils ne s’inscrivaient même pas sur les listes électorales.

    Il n’y a pas d’autre issue. Et tous ceux qui veulent entraîner le pays vers l’aventure sont en train de perdre leur temps.
    Quand j’étais malade et que les rumeurs enflaient, me donnant même comme décédé, la plupart des Algériens étaient angoissés, même parmi ceux qui n’ont pas voté pour moi ou qui ne m’apprécient pas. Parce qu’ils veulent que le pays reste sur la voie de la légalité.

    Le correspondant du journal « Liberté » à Tamanrasset a été arrêté et placé sous mandat de dépôt pour un article de presse. Comment est traité son cas alors que la Constitution interdit l’emprisonnement d’un journaliste qui exercice son métier ? Peut-on espérer une évolution positive de sa situation ?

    Il a joué à tort au pyromane sur un sujet très sensible. Très grave.

    Le Parlement ne risque-t-il pas de se retrouver avec une majorité parlementaire – et donc gouvernementale – islamiste, comme au début des années 1990 ?

    Quelle est la définition de l’islamisme ? L’islamisme en tant qu’idéologie, celle qui a tenté de s’imposer au début des années 1990 dans notre pays, n’existera plus jamais en Algérie. Maintenant, l’islam politique a-t-il bloqué le développement de pays comme la Turquie, la Tunisie, l’Égypte ? Non. Cet islam politique-là ne me gêne pas, parce qu’il n’est pas au-dessus des lois de la République, qui s’appliqueront à la lettre.

    Parler de l’Algérie, c’est évoquer le poids de l’armée et des services de renseignement. Qu’en est-il réellement, sachant que l’armée a arbitré le départ de Bouteflika ?

    Le poids de l’armée est une réalité positive. Si nous n’avions pas une armée aussi moderne et aussi professionnelle, la situation en Algérie serait pire qu’en Libye ou en Syrie. Je rappelle que l’armée s’est retirée de la politique depuis la fin des années 1980. L’époque où des officiers de l’armée siégeaient au comité central du FLN (ex-parti unique) est terminée. L’armée ne fait plus de politique.

    Pendant le Hirak, certains, y compris dans les rangs de ceux qui se prétendent démocrates, ont demandé à l’armée d’intervenir. Elle a refusé, préférant protéger le pacifisme du mouvement.

    Si elle avait voulu prendre le pouvoir, elle l’aurait fait. C’était une demande populaire, le peuple l’appelait à faire cesser la comédie du cinquième mandat et la déliquescence de l’État. L’armée n’a pas pris le pouvoir et ne le prendra pas, parce qu’elle est légaliste.

    Les poursuites contre les oligarques ont traumatisé les milieux d’affaires en Algérie. Comment rassurer les patrons algériens ?

    Nous avons déjà fait plus que le nécessaire pour les rassurer. Nous avons réuni, à deux reprises, les patrons algériens ; nous avons pris des mesures dans les lois de finances. S’ils ont des choses à se reprocher, je n’y suis pour rien. La justice a pris tout son temps pour juger ceux qui ont indûment touché à l’argent public, on n’accuse personne à la légère.
    Des voix s’élèvent pour dénoncer les blocages dans l’administration, des responsables qui ont peur d’assumer des décisions, une fiscalité qui encourage l’informel, des banques méfiantes, etc.
    La situation n’est pas aussi catastrophique. Il y a des problèmes, des difficultés, peut-être aussi des blocages à cause de la bureaucratie, contre laquelle je lutterai avec toute mon énergie. Je l’ai dit aux hommes d’affaires et aux start-up : la bureaucratie est notre ennemi commun. Pour le reste, les gens continuent à travailler et à investir, le pays n’est pas à l’arrêt. Mais il est vrai que nous avons une économie sous-développée et désarticulée, tournée vers l’importation, sans aucun échange intersectoriel.
    Prenez l’exemple des kits – dans l’automobile, l’électroménager, etc. -importés pour être montés en Algérie : nous avons réussi à mettre sur le marché des voitures plus chères que les voitures importées ! Et tout cela pour créer à peine 400 emplois alors que le projet a coûté à l’État 3,5 milliards de dollars. Ça, ce n’est pas de l’économie ! Ceux qui veulent se lancer dans la construction mécanique, en respectant les cahiers des charges, sont les bienvenus. Pour les industries légères, comme l’électroménager, l’intégration devrait être, au départ, d’au moins 70 %.
    Ce que nous voulons, c’est construire une économie dans laquelle les besoins de notre pays soient satisfaits par notre propre production.

    Des milliers d’Algériens attendent impatiemment leur retour en Algérie : après l’annonce de l’ouverture partielle du ciel prévue le 1er juin, quelles seront les prochaines étapes ?

    L’ouverture ou la fermeture des frontières est dictée par le Conseil scientifique, suivant l’évolution de la pandémie. Si nous avons fermé les frontières, ce n’est pas pour sanctionner la population, mais pour la protéger. L’Algérie a été le premier pays à imposer les tests dans ses aéroports, à fermer les crèches, les écoles, les mosquées, à interdire le public dans les stades…
    Aujourd’hui, nous recensons environ 200 cas par jour, alors que des pays plus développés en sont à 20 000, voire 30 000 cas par jour. Mais le virus est là, et à tout moment, les chiffres peuvent remonter. Si cela arrive, les Algériens nous en voudront d’avoir commencé à rouvrir les frontières. Et si la situation se dégrade, nous refermerons.
    Même avec les frontières fermées, nous avons rapatrié un peu plus de 80 000 Algériens. Aux frais de l’État. Aucun pays n’a fait ça.

    En parlant de la crise sanitaire, qu’en est-il du rythme des vaccinations ? Y a-t-il eu un manque d’anticipation ?

    L’Algérie a commencé à vacciner en janvier, avant presque tous les pays africains. Les vaccins sont justement là pour ceux qui en font la demande. Quant au rythme de la vaccination, il suit le bon vouloir des Algériens, car nous ne voulons pas l’imposer. Mais nous allons lancer de grandes campagnes de sensibilisation, car le fait que l’Algérie ait été relativement peu impactée dissuade les gens d’aller se faire vacciner.

    L’Algérie se prépare à réformer sa politique de subvention des produits de première nécessité, avec un ciblage d’aides aux plus défavorisés : comment aborder ce virage dans un pays attaché au caractère social de son État ?
    L’Algérie sera un État social ad vitam aeternam, parce que c’est une exigence de ceux qui se sont sacrifiés pour ce pays. La déclaration du 1 er novembre 1954 préconisait la création d’un État démocratique et social. Tel était le vœu de nos martyrs.
    Aux premières années de l’indépendance, les millionnaires se comptaient sur les doigts d’une main. Maintenant, l’Algérie compte des centaines de milliardaires. L’État social reste un principe valable pour les classes moyennes et démunies, mais les plus riches ne doivent plus être concernés par les subventions.
    Le projet est en cours d’élaboration, j’attends l’élection des assemblées – Parlement et assemblées locales – pour entamer une réflexion nationale, notamment avec les syndicats, le Conseil national économique et social et environnemental et les élus.

    Après la révision de la règle du 49/51 (partenaire algérien majoritaire obligatoire pour une entreprise) que reste-t-il à faire pour améliorer le climat des affaires ? Un partenaire étranger peut-il gagner de l’argent en Algérie ? Réaliser des bénéfices et en jouir ?

    La logique du Doing business instaure certains paramètres pour capter les investissements directs étrangers. Parce que les opérateurs investissent là où il y a le minimum d’État. Certains pays l’acceptent, à défaut d’avoir d’autres moyens de création d’emplois, devenant presque des protectorats d’autres pays, où on peut, par exemple, prohiber l’action syndicale.
    En Algérie, c’est impossible. Il y a une demande d’État et de protection sociale assez forte. Ce n’est pas très attractif. Mais quand il s’agit d’investir dans les hydrocarbures, cela ne gêne personne. Ajoutez à cela un pays solvable non endetté et qui compte 45 millions de consommateurs.

    Vous avez instauré, avec le président Macron, une approche apaisée de la question mémorielle, et en juillet 2020, vous avez déclaré, sur France 24 : « On a déjà reçu des demi-excuses. Il faut faire un autre pas… On le souhaite. » Quels gestes concrets attendez-vous de Paris ?

    Les Algériens attendent une reconnaissance totale de tous les crimes. Dans l’histoire de la colonisation, il y a eu trois étapes douloureuses pour nous : le début de la colonisation, avec l’extermination, pendant quarante ans, de tribus entières, des villages entiers décimés et les enfumades. Ensuite, il y a eu la période de la spoliation, quand les terres étaient confisquées aux Algériens pour être distribuées à des Européens. L’horreur du 8 mai 1945 avec 45 000 morts. Enfin, il y a eu la guerre de libération, quand les Algériens ont pris les armes pour libérer leur pays.

    Tout cela ne concerne pas la génération du président Macron, ni celle de certains intellectuels français, qui sont irréprochables, mais reconnaître ces faits est important. Car pourquoi tient-on à la reconnaissance de ce qu’ont subi les Arméniens, les juifs, et ignore-t-on ce qui s’est passé en Algérie ?

    Ce que nous voulons, c’est une mémoire apaisée, reconnue. Qu’on sorte de cette fable d’Algérie terra nullius où la colonisation aurait apporté la civilisation. Cela dit, ce n’est pas la France de Voltaire, la France des Lumières que l’on juge. C’est la France coloniale. Nous n’oublierons d’ailleurs jamais que de nombreux Français ont rejoint le combat des Algériens, et aujourd’hui nous nous inclinons devant leur mémoire.

    Le passif, une fois réglé, permettra une amitié durable entre les deux nations. Boumédiène avait dit à Giscard qu’on voulait tourner la page mais sans la déchirer. Et pour ce faire, il faut des actes.

    Attendez-vous des réparations ou des compensations de la France, notamment concernant les essais nucléaires et leurs retombées ?

    Nous respectons tellement nos morts que la compensation financière serait un rabaissement. Nous ne sommes pas un peuple mendiant, nous sommes un peuple fier et nous vénérons nos martyrs.
    Nous demandons à ce que la France vienne nettoyer les sites des essais nucléaires, une opération qui est en bonne voie. Parce qu’aujourd’hui encore, la contamination fait des victimes. Que la France soigne les victimes des essais nucléaires.
    Le monde s’est mobilisé pour Tchernobyl alors que les essais nucléaires en Algérie provoquent peu de réactions. Ils ont pourtant eu lieu à ciel ouvert et à proximité des populations.

    Comment évaluez-vous le rapport de Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie ?

    Benjamin Stora est un historien qui n’a jamais été dans l’excès, toujours proche de la vérité. Il a rédigé un rapport destiné à son président mais qui ne nous est pas adressé.
    Mais si on compare ce qu’ont fait les présidents français et ce que fait Emmanuel Macron aujourd’hui, on a l’impression que c’est ce dernier qui a été le plus loin…
    Oui, on doit le rappeler et l’écrire. Macron a toute mon estime. C’est le plus éclairé d’entre tous. Les autres présidents avaient tous une histoire avec l’Algérie.
    Ceux qui en veulent à sa politique envers l’Algérie ne représentent qu’une infime minorité. Ils gardent des relais mais sont rejetés par l’opinion française en général, car la plupart des jeunes Français d’aujourd’hui sont moins directement concernés par l’histoire algérienne.
    Si nous n’arrivons pas à jeter des passerelles solides entre les deux pays sous la présidence Macron, cela ne se fera jamais, et nos pays garderont toujours une haine mutuelle.

    Vous parlez finalement davantage de reconnaissance plutôt que de repentance ?

    Reconnaître, c’est une forme de repentance.

    Mi-avril, la cinquième session du Comité intergouvernemental de haut niveau franco-algérien (CIHN) a été reportée. Y a-t-il un agenda pour la reprise des contacts à un haut niveau ?

    La représentation française, composée au départ de dix ministres, avait été réduite à six, puis à quatre et enfin à deux ministres, pour discuter avec… dix ministres algériens !
    Celui qui a pensé que cela pouvait se faire ainsi ne connaît rien ni à l’Algérie ni à la manière de travailler en bilatéral. La balle est dans le camp du gouvernement français pour organiser un autre rendez-vous.

    Depuis le dernier CIHN, en décembre 2017, un seul projet économique (privé-privé) entre la France et l’Algérie, sur onze, a été concrétisé. Le dossier de l’usine Peugeot reste lettre morte ainsi que le partenariat entre Sanofi Pasteur et le groupe algérien Saidal… Comment redynamiser ces dossiers ?

    Je ne pense pas que le bilan soit aussi négatif. De plus, le CIHN n’est pas uniquement une rencontre d’affaires, nous nous réunissons aussi pour parler d’autres dossiers.
    Notez que 80 % de l’activité de Sanofi en Afrique est réalisée en Algérie et il n’y a pas de contentieux avec cet associé. Le partenariat avec Saidal est en train de se concrétiser. Pour d’autres – comme Suez ou la RATP -, les partenariats battent de l’aile. Nous pourrions aller plus loin mais des lobbys français [les nostalgiques de l’Algérie française et les réseaux marocains, NDLR], très puissants, criminalisent pratiquement le fait de travailler avec l’Algérie. C’est une réalité et pas un complexe de persécution.
    Les relations ne se construisent pas de souverain à suzerain, mais d’égal à égal. Vous avez des intérêts que nous reconnaissons, que vous défendez, et nous avons des intérêts que nous devons défendre. Il faut sortir du mythe que les investisseurs français ont été malheureux en Algérie. Renault, Legrand et Schneider ont prospéré. Lafarge et Knauf ont exporté. BNP, SG, Natexis, Crédit agricole, Air France… ont acquis des parts de marché aussi, plus de 450 PME françaises sont présentes en Algérie.

    L’usine Peugeot va-t-elle ouvrir ?

    C’est un dossier en maturation. Le mérite de Peugeot, c’est de ne pas avoir accepté de verser de pot-de-vin [sous Bouteflika, NDLR]. Et pour cette raison, nous avons beaucoup de respect pour ce partenaire. Seulement, l’usine projette une production de 76 000 véhicules alors que l’Algérie consomme un minimum de 350 000 véhicules par an. Nous voulons aussi augmenter le taux d’intégration, à 30-35 %.

    L’Algérie a une longue et tragique expérience dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Pensez-vous que cette expérience soit utile pour la France ?

    En Afrique et dans le monde arabe, nous sommes leaders dans la lutte contre le terrorisme. Cette expertise a bénéficié à tous les pays occidentaux, y compris aux États-Unis. Nous avons fait éviter des tragédies à la France, à la Belgique et à d’autres. Nous préférons garder cette coopération discrète, car il s’agit de sauvegarder des vies humaines en Europe et partout.

    Les tensions pèsent entre le Maroc et l’Algérie, et le Front Polisario a opté pour l’action militaire. Faut-il craindre un conflit armé ouvert dans la région ? Quel avenir pour l’Union du Maghreb arabe avec des générations d’Algériens et de Marocains qui ne se connaissent pas ?

    Dans cette relation, le rôle honorable revient à l’Algérie. La rupture avec le Maroc – et je parle de la monarchie, pas du peuple marocain, que nous estimons – remonte à tellement longtemps qu’elle s’est banalisée.
    Le Maroc a toujours été l’agresseur. Nous n’agresserons jamais notre voisin. Nous riposterons si nous sommes attaqués. Mais je doute que le Maroc s’y essaie, les rapports de force étant ce qu’ils sont.

    Les frontières avec le Maroc resteront-elles fermées ?

    Oui. On ne peut pas ouvrir les frontières avec un vis-à-vis qui vous agresse quotidiennement.

    Et sur le dossier du Sahara occidental ?

    Il y a huit mois, j’avais exprimé ma crainte à des ambassadeurs que le Front Polisario reprenne les armes et qu’un accrochage sérieux puisse faire basculer la situation. Les jeunes du Sahara occidental ne ressemblent pas à leurs aînés : ils sont nés dans les camps de Tindouf et ont maintenant 40 ans, ils refusent cette situation et veulent reprendre leurs territoires. Il a été très difficile pour le Front Polisario de mener à bien son dernier congrès face à cette génération impatiente.
    Certains croient qu’avec l’ouverture de consulats [à Laâyoune et Dakhla, NDLR], le dossier du Sahara occidental est clos, mais ils se trompent. Le Maroc devrait revenir rapidement à une solution acceptable conforme au droit international. Entre l’Algérie et le Maroc, le Sahara occidental a toujours été une pomme de discorde mais pas un casus belli. Le Maroc devrait opter pour la raison : son ennemi, comme pour l’Algérie, c’est le sous-développement. L’Algérie est en train de se construire avec ou sans le Maroc.
    Défi. « Si nous n’arrivons pas à jeter des passerelles solides entre la France et l’Algérie sous la présidence Macron, cela ne se fera jamais », estime Tebboune.

    Pensez-vous que l’administration Biden devrait revenir sur la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par Trump ?

    Comment peut-on penser offrir à un monarque un territoire entier, avec toute sa population ? Où est le respect des peuples ? Cette reconnaissance ne veut rien dire. Toutes les résolutions du Conseil de sécurité concernant le Sahara occidental sont présentées par les États-Unis. On ne peut pas revenir, verbalement, sur tout ce qui a été fait par Washington pour faire plaisir à un roi.
    Pourquoi les Marocains refusent-ils l’autodétermination ? Parce qu’ils ont procédé à un changement ethnique qui a ses conséquences : les Sahraouis à l’intérieur du Sahara occidental sont aujourd’hui minoritaires par rapport aux Marocains qui s’y sont installés. En cas de vote pour l’autodétermination, les Marocains installés sur le territoire sahraoui vont voter pour l’indépendance parce qu’ils ne voudront plus être les sujets du roi. Il est paradoxal d’avoir une majorité marocaine et de refuser le vote d’autodétermination.

    Comment l’Algérie perçoit-elle l’offensive turque au Maghreb ?

    Cela ne nous dérange pas. Le litige entre la Turquie et certains pays arabes est principalement lié au dossier des Frères musulmans. L’Algérie a d’excellents rapports avec les Turcs, qui ont investi près de 5 milliards de dollars en Algérie sans aucune exigence politique en contrepartie. Maintenant, ceux que cette relation dérange n’ont qu’à venir investir chez nous !

    La force du G5 Sahel est-elle à la hauteur du combat antiterroriste dans le Sahel ? Est-ce que les forces de Barkhane devraient se retirer du Sahel ?

    Le G5 pourrait être plus efficace s’il avait plus de moyens. Or le G5 n’en a pas, il a été créé pour contrer le Cemoc [état-major basé à Tamanrasset en Algérie, regroupant Algérie, Mali, Mauritanie et Niger, NDLR], qui était mieux doté.
    Dans ce territoire, certains s’opposent [le Maroc, NDLR] au avancées de l’Algérie, essentiellement sur le dossier malien. Pour nous, il existe une volonté de saboter les accords d’Alger (accord pour la paix et la réconciliation au Mali de 2015). Je crois aussi que le G5 ou Barkhane sont des solutions partielles.
    Le Sahel est composé de pays que l’Algérie a l’obligation d’aider dans la reconstruction de leurs États. Il ne s’agit pas uniquement d’un programme de lutte antiterroriste.

    Si jamais Barkhane se retirait, quel rôle pourrait jouer l’Algérie ? Une intervention militaire en Algérie à l’extérieur est-elle envisageable ?

    La Constitution algérienne autorise désormais ce type d’intervention, mais la solution n’est pas là. L’Algérie ne laissera jamais le nord du Mali devenir un sanctuaire pour les terroristes, ni ne permettra une partition du pays. Pour régler le problème au nord du Mali, il faut y redéployer l’État. Via les accords d’Alger, nous sommes là pour aider Bamako, ce que nous faisons déjà avec la formation des militaires maliens.

    L’Algérie a dénoncé la normalisation avec Israël de certains pays arabes. Comment, selon vous, maintenir une cohésion arabe – notamment dans le cadre de la Ligue ?

    Il n’y a plus de cohésion. Et la Ligue arabe est à réformer, totalement. Nous le demandons depuis trente ans. Il existe un plan de paix auquel ont adhéré tous les pays arabes : les territoires contre la paix.
    Chaque pays est libre de normaliser ses relations avec Israël, mais l’Algérie ne le fera pas tant qu’il n’y aura pas d’État palestinien.

    Avez-vous prévu de vous rendre à l’étranger ?

    C’est une nécessité et je me rendrai d’abord en Tunisie, j’ai donné ma parole au président Kaïs Saïed. Je suis aussi invité en Russie, en Turquie, en Italie, au Qatar. Pour la France, l’invitation est mutuelle.

    Peut-on être heureux en Algérie ?

    L’Algérie est un pays facile à vivre. Notre culture de la solidarité est exceptionnelle, on l’a vu pendant la crise sanitaire : les citoyens ont multiplié les initiatives pour s’entraider. La santé et l’éducation sont gratuites. Comparativement aux pays voisins, nous avons eu peu de candidats dans les rangs du groupe État islamique, et nous comptons moins de harraga [migrants clandestins, NDLR], selon les statistiques des centres de rétention en Espagne et en Italie. On peut être heureux, mais il faut avoir le courage de voir son pays autrement. On peut détester Tebboune, mais pas détester son propre pays »
    In Le Point

    Le Courrier d’Algérie, 03 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Hirak, situation politique, Maroc, Sahara Occidental, élections législatives, Abdelaziz Bouteflika,

  • Chengriha : Une nouvelle étape prometteuse dans le processus d’édification de l’Algérie nouvelle

    Le général de Corps d’armée, Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’ANP, a souligné que  » Notre pays vivra, dans quelques jours à venir, une importante échéance électorale, à savoir les législatives prévues pour le 12 juin prochain. Cet événement national, d’une vitalité extrême pour notre pays, représente une nouvelle étape prometteuse dans le processus d’édification de l’Algérie nouvelle. Ces élections interviennent suite au dernier amendement constitutionnel, initié par Monsieur le président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, et plébiscité par le peuple algérien, à travers un référendum populaire « .

    Le chef d’état-major de l’ANP, qui a effectué lundi une visite de travail et d’inspection en 1er Région militaire (Blida) a ajouté :  » A cet effet, le devoir de citoyenneté impose aux personnels de l’Armée nationale populaire de s’acquitter de leur devoir électoral conformément aux lois républicaines, afin de se joindre à leurs concitoyens dans l’accomplissement de ce devoir national, en s’exprimant en toute liberté et transparence « . En outre, dans le but de sécuriser cette importante échéance nationale et d’en assurer le bon déroulement, afin de permettre aux citoyens de s’exprimer dans un climat empreint de sérénité, de quiétude et de stabilité, il appartient à tous les Commandements d’appliquer rigoureusement les instructions et les orientations du Haut Commandement dans ce contexte, de veiller à mettre en échec tout plan ou action visant à perturber le déroulement des ces élections, a mentionné le général de Corps d’armée.

     » Nous sommes pleinement convaincus que le peuple algérien est devenu, plus que jamais, conscient qu’il ne peut-être manipulé ou poussé dans des dédales périlleux, qu’il se mobilisera contre tous les desseins pernicieux, pour les contrecarrer et affronter ceux qui les trament, et se tiendra, comme à l’accoutumée, tel un seul homme aux côtés des institutions de l’Etat, face à ceux qui guettent notre pays « , a affirmé Saïd Chengriha, Chef d’état-major de l’ANP. Il a poursuivi en soulignant que  » c’est un peuple authentique, forgé par les épreuves et de l’adversité, et qui a mené une des plus glorieuses révolutions de libération de l’histoire contemporaine et vaincu les plans du terrorisme barbare. Un peuple mû par des valeurs, des principes, une volonté et une ambition qui lui permettent de s’inscrire sur la voie du progrès et du développement, de constituer une puissance réelle, et de continuer, avec détermination et résolution, à aller de l’avant afin de concrétiser ses attentes légitimes pour construire un Etat puissant, moderne et prospère « .

    Comme on le constate, le Chef d’état-major de l’ANP donne des garanties quant à la tenue de ces élections législatives en toute assurance permettant ainsi au peuple algérien de s’exprimer librement et dans la transparence et surtout d’appeler les personnels de l’ANP en tant que citoyens de s’acquitter de leur devoir national. Un devoir national qui s’impose à tout le monde pour mettre en échec les desseins des ennemis de la Patrie. Le peuple algérien est ainsi interpellé à mettre en relief son haut degré de conscience tant il est résolu à se diriger vers ces élections législatives, mettant ainsi en échec plans et manœuvres de certaines parties et de leurs relais, habituées à exercer chantage et manipulation qui pratiquent un discours tendancieux tentant d’entraver cette noble marche vers une Algérie nouvelle. Dans cet esprit, les propos du Chef d’état-major de l’ANP sonnent comme un avertissement, mettant en garde encore une fois ceux qui tentent de perturber et troubler la sérénité de cette importante échéance. Au service de l’édification de la nouvelle Algérie, le Haut Commandement de l’ANP réitère une fois de plus sa détermination à la nécessité de cette édification de l’Etat de droit où il n’y aura pas de place aux pratiques indues et anachroniques, et aux mentalités sclérosées et révolues, et que le peuple conscient, notamment de sa jeunesse, à la lumière de l’accompagnement sincère de l’ANP, sera le vainqueur et le pompier par excellence pour éteindre les feux de la crise.
    B. C.

    Le Maghreb, 02 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, Saïd Chengriha, importante échéance électorale, 12 juin 2021,

  • Algérie : Unité et mobilisation

    Les discours et interventions des prétendants à la députation sont souvent axés sur l’unité nationale et la stabilité du pays. En effet, ces deux thèmes reviennent quasiment en boucle que ce soit chez les partis engagés dans ces élections législatives ou chez les indépendants. Tous saisissent la particularité de la conjoncture par laquelle passe le pays, mais aussi toute la région du Maghreb et du Sahel.

    Les basses manœuvres qui visent le pays ont pour objectif de semer le chaos et diviser la nation pour l’affaiblir et affaiblir ses positions sur la scène internationale. L’Algérie dérange par ses principes immuables et non négociables et ceci ne sied pas à ses ennemis qui multiplient les attaques, les manipulations et les fake news.

    Face à ces défis, il s’agit en priorité de renforcer le front interne et œuvrer tous ensemble pour ne pas hypothéquer la souveraineté des décisions du pays, qui ne doivent être dictées par aucune force étrangère quelle que soit sa puissance. Et c’est ce message d’unité qui a été le dénominateur commun de cette campagne électorale pour les Législatives.

    L’appel au peuple pour s’unir et prendre conscience des risques qui guettent le pays reviennent ainsi inlassablement dans les interventions et les meetings des candidats à la députation et des chefs de partis. Les Algériens, dans leur écrasante majorité, sont conscients de ces défis et savent la délicatesse de cette conjoncture. Ils comprennent que des parties occultes travaillent à saper les plans et voies de gestion et de sortie de crise qui se basent essentiellement sur le retour au peuple et aux élections pour doter le pays d’institutions fortes et légitimes.

    Et pour ce, des voix s’élèvent ici et là pour remettre en doute cette vision et ce retour au seul peuple pour décider de son avenir, avec en premier lieu l’organisation de ces élections législatives nécessaires à la poursuite de l’édification des institutions de l’Etat. Une prise de conscience et une constante chez le peuple algérien qui a été rappelé par le chef d’Etat- Major de l’ANP, Said Chanegriha, qui a déclaré à Blida « Nous sommes pleinement convaincus que le peuple algérien est devenu, plus que jamais, conscient, qu’il ne peut être manipulé ou poussé dans des dédales périlleuses, qu’il se mobilisera contre tous les desseins pernicieux, pour les contrecarrer et affronter ceux qui les trament et se tiendra, comme à l’accoutumée, tel un seul homme aux côtés des institutions de l’Etat, face à ceux qui guettent le pays».

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 02 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, campagne électorale, conjoncture régionale, Maghreb, Sahel, déstabilisation, dangers, fake news, manipulations, complots, message d’unité,