Étiquette : Elections législatives

  • Algérie/ La nouvelle génération de politiques

    A quelques jours du début de la campagne électorale, les milliers de candidats aux élections législatives ont un rendez-vous difficile avec la société, en raison de la double crise sanitaire et économique que vit le pays. Il faut dire que les craintes que peuvent avoir ces candidats ne sont pas totalement fondées. Pour preuve, on ne parle presque pas de mouvements sociaux. Le Hirak hebdomadaire a focalisé, pendant longtemps, toutes les attentions et relégué au second plan les autres revendications socioprofessionnelles. Mais ne nous trempons pas, le jeudi 20 mai, jour J par excellence, qui va coïncider, cette année avec l’ouverture de la campagne électorale pour les première élections législatives de la nouvelle Algérie, a toutes les chances de passer quasi inaperçu. Habituellement les débuts de campagnes sont poussifs et il n’y a pas de raison que celle-ci fasse exception. Mais l’enjeu n’en n’est pas moins important pour les candidats qui, dans leur majorité sont novices en politique. Une première expérience qui les édifiera pour les prochains rendez-vous électoraux.

    Ce qui peut, aujourd’hui susciter un espoir, c’est justement cette «immaturité» électorale de la majorité des prétendants à un poste de député. Il faut dire qu’avant ces élections précisément, toutes les tentatives de construire une alternative sérieuse ont buté devant l’égoïsme des uns et les calculs politiciens des autres. Le regard neuf des «novices» en politique, peut amener un souffle nouveau susceptible de dépoussiérer la scène publique en Algérie. Il faut dire qu’avant l’avènement de la nouvelle Algérie, la société voyait la politique comme un mirage irréel.

    Une question s’impose : a qui la faute ? Et bien à notre classe politique nationale, quelque peu différente de ce qui se fait de part le monde en la matière. Elle a ceci d’exceptionnelle, est que pendant des dizaines d’années, elle était obnubilée par le pouvoir. Celui-ci a toujours exercé une attirance, il faut bien le dire, problématique, à l’endroit des partis et de leurs cadres. Que l’on soit dans la majorité ou dans l’opposition, la seule chose qui valait était d’abord le pouvoir. Le citoyen et son bien être étaient accessoires. Il reste que dans cette campagne, ce n’est pas le personnel politique d’avant. Les nouvelles élites devraient être mues par la volonté de dires aux Algériens les vérités qu’ils estiment nécessaires, histoire de se prouver à eux-mêmes leur indépendance vis-à-vis du pouvoir.

    La démocratie finira par devenir la règle, puisqu’il est clair que la classe politique n’en restera pas au niveau qui est le sien.

    Nabil G.

    Ouest Tribune, 18 mai 2021

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  • Algérie/ Législatives: rencontre entre l’ANIE et les représentants des listes indépendantes

    ALGER – Le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi s’est réuni dimanche à Alger avec les représentants des listes indépendantes en lice pour les législatives du 12 juin prochain, en vue de débattre des préoccupations liées notamment aux modalités de financement et à la gestion de la campagne électorale qui débutera jeudi prochain.

    A été abordée, entre autres, la question du numéro d’identification attribué par l’ANIE aux listes des partis et aux candidats indépendants, et susceptible d’ailleurs d’induire en erreur les électeurs, comme c’est le cas dans la wilaya d’Adrar où a été attribué le numéro 01 à un parti et le 01-01 à une liste indépendante.

    Les participants ont également évoquée les modalités d’exécution de la politique incitative de l’Etat au profit des jeunes indépendants.

    Lors de cette rencontre, M. Charfi a salué le sens de responsabilité dont ont fait preuve les représentants qui ont plaidé pour la signature de la Charte d’éthique des pratiques électorales initiée à l’occasion de la Présidentielle de 2019.

    Concernant le numéro d’identification des listes électorales, M. Charfi a souligné que les listes qui ne sont pas encore tranchées en raison du rejet de candidature de certains candidats pour différentes raisons « ont obtenu des numéros d’identification temporaires, en attendant le sort des recours et le remplacement des candidats exclus ».

    Par ailleurs, le président de l’ANIE a réaffirmé que le recours à l’ordre alphabétique des candidats visait à éloigner l’argent sale et mettre fin au phénomène d’achat de la place de tête de liste, soulignant l’engagement de l’Autorité à reconsidérer cette question à l’avenir, en trouvant une formule qui concilie l’effort visant à barrer la route à l’argent et la structure sociale de l’Algérie.

    En réponse à une question sur la date de la campagne électorale, modifiée du 17 au 20 mai, M. Charfi a affirmé qu’il ne s’agissait « ni de report ni de retard » et que le calendrier, initialement fixé, était provisoire, ajoutant que la date du début de la campagne a été arrêtée 23 jours précédant le scrutin, conformément à la loi organique relative au régime électoral.

    APS, 17 mai 2021

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  • Algérie/ Un duel inédit : La fougue juvénile face à la ruse islamiste

    Smaïl ROUHA

    Les législatives anticipées du 12 juin prochain seront confrontées à une série de défis et de challenges. Outre le danger des islamistes, l’augmentation du nombre de candidats indépendants et de listes de candidats, indépendants, la campagne électorale sera dominée par la nécessité de convaincre les Algériens de participer au scrutin à même de dépasser les faibles taux de participation enregistrés ces dernières années. Premières élections depuis le dernier amendement constitutionnel, sanctionné par la nouvelle loi électorale en 2020, le rendez-vous électoral se caractérise, outre le contexte politique dans lequel elles se tiennent, par le recul des partis traditionnels et l’émergence de la société civile et des listes de candidats indépendants composées de jeunes universitaires et d’une certaine élite professionnelle en manque d’expérience politique.

    En effet, pour la première fois le nombre de candidats indépendants est plus élevé que ceux des partis politiques, notamment depuis que la mouvance dite «démocrate» ou «progressiste» a choisi de sortir du jeu électoral, estimant que les conditions idoines pour des élections transparentes n’étaient pas garanties. Selon le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), Mohamed Charfi, le tirage au sort d’octroi des numéros d’identification pour les partis politiques et les listes des candidats indépendants, a permis d’octroyer les numéros d’identification à 28 partis politiques et à plus de 800 listes électorales d’indépendants à travers les 58 wilayas.

    Cette nouvelle donne, l’émergence de listes d’indépendants dans la course électorale, semble faire écho à l’appel lancé aux jeunes par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, les invitant à participer à la vie politique et à adhérer au processus d’édification de nouvelles institutions crédibles et dignes de confiance, d’autant que les amendements de la loi électorale donnent un coup de pouce aux jeunes et aux indépendants, en matière financière et logistique, comme l’accès gratuit aux salles pour la campagne électorale. Ainsi, le nombre élevé de listes d’indépendants en lice pour les élections législatives du 12 juin 2021, par rapport aux listes partisanes, laisse entrevoir un paysage politique qui ne sera plus dominé par les partis, comme ce fut le cas des années durant, mais par de nouveaux acteurs, les formations politiques ayant perdu de leur crédit auprès de la base populaire, selon des politiques. Sur les 28 partis en lice, la moitié est d’obédience islamiste.

    De ce fait, les électeurs risquent d’assister à un duel inédit dans leur conquête du palais Zighout Youcef. Dans cette élection au contexte déjà assez particulier, on devrait assister à un duel inédit où la fougue juvénile fera face à la ruse islamiste, même si, contrairement aux partis politiques, les listes d’indépendants, à quelques rares exceptions, ne proposent aucun projet politique sur la base duquel elles seront élues, les indépendants pourront toujours compter sur les divergences apparues au sein des partis islamistes. Même si ces derniers aspirent à réaliser ce qu’ils n’ont jamais réussi à accomplir par le passé, à savoir dominer les pouvoirs législatif et exécutif, ils ont préféré, pour le moment, tergiverser pour toute alliance, question de leadership. Une situation dont devraient profiter les indépendants qui ont fait le choix de se lancer dans la course électorale loin de toute affiliation partisane.

    L’Expression, 17 mai 2021

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  • Peut-on faire autrement en Algérie?

    L’après Aïd El Fitr ouvre la voie à une période d’accalmie d’une courte durée, puisque la dépense de Aid El Adha pointe à l’horizon. Mais qu’à cela ne tienne. Cette fête apporte sa joie et les préparatifs de l’été qui frappe à la porte apaise les esprits, d’autant qu’il apporte lui aussi son lot de bonnes nouvelles. Et sur la petite liste d’évènements qui font plaisir aux Algériens il y a, bien entendu, le comportement tout à fait correct du pétrole sur les marchés internationaux.

    Même si la dépréciation de la monnaie nationale et l’envolée des prix des produits alimentaires locaux ont grevé le budget des ménages, les observateurs estiment que les effets de cette double «punition» s’estomperont dans les semaines à venir en raison, estiment-ils, des performances inattendues de l’or noir. En ces temps d’incertitudes financières internationales, l’Algérie rattrape un peu des pertes qu’elle a subi à cause des crises sanitaire et économique.

    Mais cette perspective intéressante appelle néanmoins une résurgence des mouvements sociaux. Le pays en a eu un avant-goût pendant le Ramadhan, avec la grève dans l’Éducation et le coup de colère des agents de la Protection civile. Les travailleurs d’autres secteurs ne manqueront pas de joindre leur voix à celles des protestataires, maintenant qu’il est théoriquement possible de satisfaire certaines revendications salariales dans la fonction publique. Il faut croire que face à un gouvernement, pas assez réactif, mais surtout sur le départ, la partie ne sera pas facile.

    Mais la pression fiscale, les enjeux électoraux, régionaux et internationaux, le besoin vital d’une paix civile, censée favoriser l’installation d’une démocratie effective fera faire à ce gouvernement et au prochain, issu des prochaines élections législatives, des dépenses supplémentaires pour maintenir un équilibre précaire. C’est dire donc que la bonne nouvelle n’en n’est pas réellement une, puisqu’elle servira plus à clamer le front social qu’à relancer l’économie. On aura donc compris que globalement les Algériens savent, grâce aux rubriques économiques des chaînes toutes info, la courbe des cours du pétrole et n’en démordent pas. Ils savent d’où vient l’argent et veulent leur part. Ils ont raison et tort à la fois en maintenant une pression permanente sur un exécutif qui se voit obligé de toujours nourrir la vache à lait des subventions. Mais peut-on faire autrement en Algérie ?
    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 16 mai 2021

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  • Algérie/ 117e vendredi de contestation : quel avenir pour le Hirak

    Le gouvernement a donc décidé d’en découdre avec le Hirak et mettre un terme de manière musclée au mouvement populaire pacifique défraie la chronique, depuis plus de deux ans, en Algérie et dans le monde. L’action menée par les forces de sécurité soulève cependant plusieurs interrogations.

    Le gouvernement a choisi le deuxième jour de l’Aïd El Fitr pour avorter la marche hebdomadaire qui devait animer le centre-ville comme elle l’a fait durant 116 vendredis. L’action n’avait rien de symbolique mais avait pour objectif de déblayer le passage devant la campagne électorale qui doit débuter ce lundi en prévision des législatives du 12 juin prochain.

    Le ministère de l’Intérieur a ainsi mis à exécution son avertissement publié récemment dans lequel il exprimait en filigrane sa volonté de mettre un terme à la liberté dont jouissaient les manifestants depuis le 22 février 2019. Désormais, a-t-il imposé, le Hirak doit déléguer une direction pour déposer une demande d’autorisation en bonne et due forme. Celle-ci doit comporter l’itinéraire que doivent emprunter les marcheurs et les slogans qu’ils comptent scander avant d’investir la rue.

    Une telle exigence est évidemment impossible à remplir du moment qu’elle remet en cause un des principes cardinaux du Hirak : sa non représentativité par des groupes ou même des individus. C’est donc l’impasse qui ne laisse place à aucune forme de dialogue hormis celle de la colère d’un côté et la gestion sécuritaire de l’autre.

    Les mines des hirakistes étaient d’ailleurs défaites après l’échec de leur rendez-vous hebdomadaire au centre-ville. A Bab El Oued, certains d’entre eux regrettaient d’être tombés dans le piège hermétique dressé par la police faute d’anticipation. L’un d’eux, un sexagénaire visiblement rompu à la protestation, estime qu’il fallait « changer de stratégie ». Selon lui, la procession « aurait dû démarrer de la place des Martyrs au lieu de Bab El Oued ». Ainsi, a-t-il expliqué, les marcheurs n’auraient pas été « coincés comme des rats » dans les ruelles du célèbre quartier populaire d’Alger.

    A Didouche Mourad, des militants et des activistes de la première heure étaient eux aussi dans la perplexité. Ils n’avaient pas compris pourquoi les renforts de manifestants qui venaient habituellement de l’ouest et de l’est de la ville tardaient à se montrer. Et lorsqu’ils ont pris connaissance de l’ampleur du dispositif policier qui les en a empêchés, leur visage s’est fermé tandis que certains parmi eux lâchaient des expressions de dépit entre les dents.

    Maintenant que les autorités ont considéré que le Hirak devient un danger pour la stabilité du pays et qu’il faudrait arrêter sa nuisance, quelles sont les conséquences d’une telle décision ?

    Pour un jeune de Bab El Oued « ils sont en train de pousser les jeunes à utiliser les pierres et les cocktails molotov comme au 5 octobre 1988 ». Cet avis fait craindre le pire à un quinquagénaire qui en a vu des vertes et des pas mûres : « rien ne serait plus préjudiciable au Hirak que d’abandonner la voie pacifique. Des esprits machiavéliques et mal intentionnés veulent pousser la population à la violence pour légitimer la répression ». Un intello qui a requis l’anonymat a, pour sa part, fustigé le mouvement populaire comme l’instrument d’intérêt étranger. « Ce n’est pas le peuple qui défile mais des jouets aux mains d’intérêts étrangers. Il faut regarder ce qui se passe sur le plan géopolitique pour se rendre compte des dangers qui guettent ce pays ».

    Une autre personne qui se dit favorable au rétablissement de l’autorité de l’Etat était inquiète de la tournure qu’ont prise les événements de cette fin de semaine. « Ils vont nous faire entrer dans un mur, soupire-t-il. L’usage de la force n’est pas une solution. Il y a mille et un moyens pour pousser les gens à s’assagir ».

    Pendant ce temps, les partis politiques inscrits dans la course au prochain parlement gardent un silence de cimetière. Ils n’ont pris position ni pour l’action du pouvoir ni pour l’indignation des hirakistes. Le FLN, le RND, le MSP, l’Islah, pour les grandes formations, le TAJ et les autres petites organisations, sont plutôt occupées par leur emplacement sur l’échiquier politique en phase de construction.

    Seuls les partis qui ont boycotté le prochain scrutin, à l’image du Parti des travailleurs et du Front des forces socialistes, ont exprimé leur inquiétude face aux nouveaux développements.

    Mohamed Badaoui

    La Nation, 16 mai 2021

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  • Algérie/ Le MSP critique a l’égard de l’ANIE – Suite au rejet de 30 de ses candidats pour les législatives

    Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a critiqué le rejet des dossiers de candidatures d’une dizaine de ses militants pour les prochaines élections législatives du 12 juin 2021.

    Le parti de Abderrezak Makri a indiqué dans un communiqué ,ce samedi, que trente (30) candidats MSP étaient rejetés des soixante (60) listes déposées par le parti en prévision du scrutin du 12 juin.

    Le Mouvement a qualifié d’”illégaux et sans fondement juridique les prétextes avancés par l’Autorité indépendante nationale des élections (ANIE) en s’appuyant sur des rapports de sécurité”.

    “Les accusations sur lesquelles s’est basée l’ANIE constituent une violation constitutionnelle et juridique de la dignité des candidats concernés, de celle de leurs familles et de leurs droits fondamentaux. Nous ne les acceptons en aucun cas et nous n’allons pas nous taire”, a affirmé le MSP.

    Echourouk online, 15 mai 2021

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  • Algérie/ Retour de manivelle

    Seize (16) partis politiques avaient rencontré dimanche Mohamed Charfi. Le conclave tenu à huis clos a été suivi d’une conférence de presse animée durant laquelle le président de l’ANIE s’est longuement étalé sur les listes de candidats rejetées pour lien avec le milieu des affaires et de l’argent sale, mais sans entrer dans le détail en ce qui concerne les cas interpellant le RND et le FLN. Mais la question qui a suscité la curiosité c’est le retrait visible de ces deux formations, qui ont brillé par leur absence.

    Le RND et le FLN n’auraient jamais pu rater une telle réunion, si on ne les a pas instruits de demeurer à l’écart. Les deux formations représentent dans l’imaginaire populaire, mais un peu dans la réalité, l’Etat et l’administration. Ce n’est certainement pas leur soutien déclaré à Bouteflika qui les a menées là où elles sont aujourd’hui, d’autres partis et d’autres personnalités avaient soutenu Bouteflika et n’ont pas été inquiétés !

    Les deux piliers du régime Bouteflika semblent se trouver aujourd’hui dans une posture qu’aucun algérien n’aurait imaginé, si le clan présidentiel et ses réseaux avaient réussi à faire passer le projet du 5ème mandat. Les deux formations politiques donnent l’impression d’être sanctionnées ; particulièrement le FLN, dont le secrétaire général avait subi la pire des humiliations.

    La candidature de Baâdji aux élections législatives du 12 juin a été rejetée, parce que le patron de l’ancien parti unique, qui a servi aveuglément Bouteflika, était en situation irrégulière vis-à-vis du service national ! L’opinion publique ne connait certes pas les raisons, qui ont empêché le SG du FLN d’accomplir son devoir. Mais elle s’interroge sur le cas de celui, qui disait en juin 2020 : « nous resterons la première puissance en Algérie ».

    Disqualifié de cette manière qui suscite la honte, ce n’est pas seulement le SG du FLN qui est trainé dans la boue, mais c’est tout le parti vidé de ce qu’il lui restait de sens, qui est pris dans les rets des représailles. L’administration aurait pu le ménager, en l’informant discrètement qu’il sera plus commode pour tout le monde, de se retirer, et de sauver les apparences, en « jouant » l’illusion que le retrait était volontaire ! Rien de cela n’est arrivé.

    Aujourd’hui, il est clair que le temps du recyclage à bien commencé ; et que ce soit le RND ou le FLN sont condamnés à trouver d’autres moyens pour exister encore. D’anciens députés FLN de la dernière mandature se sont présentés sur des listes indépendantes, un certain nombre d’entre eux ont été retoqués. Pareil pour le RND, qui est toutefois resté assez discret par rapport au FLN, qui n’est pas encore entré au musée. Est-ce un retour de manivelle ?

    Mohamed Mebarki

    L’Est Républicain, 13 mai 2021

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  • Algérie/En attendant la sanction de l’urne

    Algérie/En attendant la sanction de l’urne

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le vent du changement a soufflé très fort sur les listes des candidats aux élections législatives anticipées du 12 juin prochain. La particularité de cette phase pré-électorale demeure, sans conteste, le nombre fort important des rejets de listes entières et de candidats exclus individuellement, qui a provoqué un traumatisme au sein des partis politiques et des indépendants, touchés de plein fouet par cette opération de contrôle et d’assainissement qui incombait à l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). D’emblée, on relève que près de la moitié de ceux qui ont exprimé leur intention de prendre part au prochain rendez-vous électoral sont concernés. Au final, donc, seulement un nombre de 2.490 listes ont passé le premier test avec succès et ont pu déposer les formulaires de candidature dans le délai, sur 4.900 listes ayant retiré les formulaires de candidature, selon les chiffres communiqués par le président de l’ANIE, Mohamed Charfi.

    Il s’avère que beaucoup nourrissaient des ambitions politiques démesurées ou souhaitaient simplement tenter leur chance de participer à ces prochaines élections législatives anticipées qui s’annonçaient très ouvertes, et qui représentaient une aubaine pour de nombreux jeunes notamment, sans mesure de la difficulté de la tâche ou du parcours du combattant pour arriver à la validation de leur candidature. De nombreux autres ont franchi ces étapes et pu déposer les listes de candidature dans le délai, mais n’échapperont pas au contrôle rigoureux et à l’application stricte de la loi, aboutissant à leur éjection. Seulement 1.483 listes ont été acceptées « sans réserve » pour prendre part aux élections législatives prévues le 12 juin prochain ! Un choc pour les partis politiques, qui ont demandé l’organisation d’une réunion avec le président de l’ANIE et sollicité l’ouverture d’une enquête impartiale au sujet de l’exclusion des listes de leurs candidats dans nombre de wilayas. Dans ce contexte, c’est le nombre très élevé des listes rejetées pour causes liées aux milieux suspects de l’argent et des affaires, en l’occurrence 1.199 listes concernées par ce motif de révocation, qui fait des vagues. L’article 200 de la loi organique relative au régime électoral, qui exige du candidat qu’il ne soit pas connu de manière notoire pour avoir eu des liens avec l’argent douteux et les milieux de l’affairisme, reste sujet à évaluation humaine, à un jugement de valeur social, qu’on pourrait discuter et contester.

    En tout cas, les motivations des exclusions en question, qui ont été rendues publiques et remises aux concernés, ouvrent droit à des recours devant le tribunal administratif. Recours qui ont été effectivement déposés par les concernés auprès des tribunaux administratifs du pays et ont atteint 847 dont 450 déposés par des partis politiques et 397 émanant de candidats indépendants. Pourquoi alors demander une réunion avec le président de l’ANIE, qui a finalement reçu les concernés à huis clos ? Est-ce par manque de confiance en la justice ou souhaiterait-on obtenir plus de souplesse de la part de l’ANIE, en matière de contrôle des dossiers ? La balle n’est plus dans le camp de l’ANIE du moment que sa mission a été accomplie et que, désormais, seuls les juges des tribunaux administratifs peuvent statuer sur les recours, et rétablir les cas exclus dans leur droit si, bien sûr, ce droit a été spolié d’une manière ou d’une autre.

    Le Quotidien d’Oran, 12 mai 2021

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  • Algérie/ La fin de Baâdji ? – Des membres du CC se mobilisent contre le SG du FLN

    par Karim Aimeur

    Le parti FLN traverse l’une des zones de turbulences les plus graves de ces dernières années, risquant de lui coûter très cher. Son secrétaire général se trouve dans une situation peu enviable : après le rejet de sa candidature aux élections législatives, plusieurs membres du comité central se liguent contre lui, exigeant son départ.

    Karim Aimeur – Alger ( Le Soir) – Remis sur les rail par Abdelaziz Bouteflika après sa prise du pouvoir en 1999, le parti FLN risque de sombrer à nouveau. Les observateurs s’attendent à le voir laminé lors des élections législatives du 12 juin prochain et de perdre ainsi la majorité au sein de l’APN qu’il conserve depuis le scrutin de 2002.

    Mais pas seulement. À ce risque de débâcle électorale s’ajoute une crise organique difficile, en plus d’être l’une des cibles majeures du mouvement populaire.

    En effet, après le rejet de son dossier de candidature aux prochaines élections par l’Autorité indépendante des élections, le secrétaire général du parti, Abou El Fadel Baâdji est désormais ciblé par une fronde menée par plusieurs membres du comité central, instance souveraine entre deux congrès.

    Réunis à Blida à la veille de l’Aïd, ces derniers se sont attaqués de manière virulente à leur secrétaire général, lui reprochant «les dérives» de leur formation et le rejet de plusieurs candidatures du parti au scrutin du 12 juin. Il faut, en effet, savoir que des dizaines de dossiers de candidature présentés par le parti ont été rejetés. La direction du parti avait dénoncé des rejets massif de ses candidats.

    Les membres du comité central réunis à Blida ont dénoncé, dans un communiqué, la gestion unilatérale et autoritaire de leur parti par le SG ainsi que l’exclusion de leur instance de la prise de décision, comme celle inhérente aux élections législatives.

    «Baâdji s’est érigé en premier et dernier décideur du parti, en ce qui concerne son organisation et sa gestion, utilisant quelques éléments en prétendant qu’ils sont membres du comité central», ont-ils écrit en l’accusant d’avoir violé et transgressé les textes du parti. Baâdji est également accusé d’avoir fait appel à des personnes sans lien organique avec le FLN, à des corrompus et à d’autres qui ne réunissent pas les conditions de candidature pour les présenter aux législatives. Ce qui explique, pour eux, les nombreux rejets par les délégués de l’Anie que les signataires du communiqué ont tenu à saluer.

    Aussi, et plus grave encore, ces derniers accusent Baâdji d’être un insoumis du service national. Ils lui reprochent aussi la purge opérée au sein du parti depuis son arrivée à sa tête, lui endossant toute responsabilité quant aux conséquences de sa gestion.

    Après avoir dressé tous ces «chefs d’accusation», les signataires ont appelé les cadres du parti et leurs collègues dans la même instance à serrer les rangs pour que le parti «reprenne sa crédibilité».

    Et d’appeler les militants du parti à un sit-in devant son siège national à Alger dans les prochains jours, sans en fixer la date. Selon certaines sources, ces derniers multiplient les contacts avec d’autres membres du comité central dans l’objectif de pouvoir convoquer une réunion de cette instance afin de procéder au retrait de confiance à Baâdji et élire un nouveau secrétaire général.

    Les problèmes du parti FLN sont loin de voir le bout du tunnel depuis l’émergence du mouvement populaire. Deux secrétaires généraux (Djamel Ould Abbès et Mohamed Djemaï) et plusieurs députés ont été incarcérés, un autre SG en fuite au Maroc (Ammar Saâdani) et l’actuel en pleine tempête.

    Il faut dire que jamais le parti n’a connu autant de bouleversements en un temps si court…
    K. A.

    Le Soir d’Algérie, 15 mai 2021

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  • Algérie/12 juin, quelle majorité à l’APN?

    Zouhir MEBARKI

    Grande inconnue. Maintenant que le dépôt des dossiers est clos, on sait que le nombre des listes des indépendants est supérieur à celui des partis politiques. Les «repêchages» par les recours en cours d’examens n’inverseront pas cette supériorité tant l’écart est conséquent. Un tel constat permet-il de prévoir, avec précision, la configuration de la prochaine APN? Pas forcément! Cependant, des indices donnent une meilleure visibilité de l’après-12 juin. Comme le fait que même les listes de certains partis politiques comprennent des indépendants. C’est-à-dire des candidats qui ne sont pas militants du parti sur la liste duquel ils figurent. Y a-t-il des risques de «nomadisme politique» des élus? Dans son article 120, la constitution souffle le chaud et le froid.

    L’article commence par déchoir le député «nomade» à l’exception du «député qui aura démissionné de son parti ou en aura été exclu». Sans préjuger sur cet aspect et tenant seulement compte que la majorité des listes est constituée de celles des indépendants, mécaniquement le nombre des élus sous l’étiquette «indépendant» sera majoritaire. Cela ne suffit, cependant, pas pour trancher la configuration réelle de la future APN. Personne ne sait aujourd’hui quels seront les partis politiques et les indépendants qui soutiendront le programme politique du président de la République. Ces soutiens pourraient obtenir la majorité à la chambre basse. L’inverse est aussi vrai. Ces deux cas de figure ont été prévus par la Constitution. Dans le cas où le programme présidentiel bénéficie de la majorité à l’APN, le président de la République nomme un Premier ministre.

    Dans le cas contraire, c’est-à-dire si c’est l’opposition qui a la majorité, il nomme un chef de gouvernement (art.110) et «le charge de former son gouvernement et d’élaborer le programme de la majorité parlementaire». Deux cas de figure dont la différence se ressentira dans l’exercice du pouvoir exécutif.

    Pour la première fois de son histoire, l’Algérie est exposée à une direction «bicéphale» au plus haut niveau de l’Etat. Un chef du gouvernement qui applique son programme qui n’est pas celui du président de la République. Pour la première fois de son histoire, l’Algérie a introduit dans son fonctionnement le système de «cohabitation». Le chef de l’Etat conserve ses pouvoirs régaliens, mais pas son projet de société. C’est dire la haute valeur démocratique des élections du 12 juin prochain!

    L’Expression, 12 mai 2021

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