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  • BBC: Video sur ce que les marocains veulent changer avec les élections

    BBC: Video sur ce que les marocains veulent changer avec les élections

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    Élections au Maroc : quelle est la seule chose que les électeurs changeraient ? (Enquête BBC)

    Avant les élections du 8 septembre, nous avons demandé aux jeunes de Casablanca ce que c’est que d’être marocain en 2021 – et quelle chose ils changeraient dans le pays, s’ils le pouvaient.

    Reporter : Nora Fakim

    Montage et tournage : Franck Noudofinin

    Produit par Pierre-Luc Roy

    Publié7 septembreSectionnouvelles de la BBCSous-sectionAfrique

    BBC News, 07/09/2021

  • Maroc-élections: Les islamistes dénoncent des irrégularités

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    Il critique la dernière réforme électorale, qui a modifié le mode de calcul, et accuse les partis rivaux et « certains agents de l’autorité » – qu’il ne nomme pas – d’avoir exercé des pressions sur leurs militants.

    Le parti islamiste Justice et Développement (PJD), qui a subi une lourde défaite lors des élections du 8 septembre au Maroc, a de nouveau dénoncé des irrégularités dans le processus électoral, qualifiant sa débâcle de « revers démocratique » dans le pays.

    Le Conseil national (assemblée) du PJD – le parti qui a dirigé le gouvernement au cours de la dernière décennie – s’est réuni samedi, dix jours après les élections législatives et municipales, pour évaluer les résultats après avoir perdu 90% de ses sièges ainsi que les mairies des principales villes du pays.

    Le PJD n’a remporté que 13 sièges sur un total de 395 à la Chambre des représentants (contre 125 en 2016), occupant la huitième place de ces élections.

    Dans son communiqué, publié dimanche, l’assemblée du parti islamiste dénonce à nouveau des irrégularités au cours du processus électoral : elle dénonce la dernière réforme électorale qui a changé la méthode de calcul, et accuse les partis rivaux et « certains agents de l’autorité » – qu’elle ne nomme pas – d’avoir exercé des pressions sur ses militants.

    Le PJD a également dénoncé la confusion liée aux listes électorales (avec l’élimination ou la répétition de noms), et a critiqué « l’achat massif de votes », la non-délivrance des rapports électoraux, le retard dans la déclaration des résultats, et la non-publication des résultats détaillés jusqu’à présent.

    L’assemblée du parti islamiste a estimé que les résultats des élections « ne reflètent pas la réalité de la carte politique, la libre volonté des électeurs, et constituent un recul dans le processus de notre expérience démocratique », a-t-elle critiqué.

    Le PJD a décidé de convoquer un congrès extraordinaire à la fin du mois d’octobre pour élire une nouvelle direction après la démission du secrétaire général du parti, Saadedin Otmani, et de l’ensemble de l’exécutif du parti.

    Les élections du 8 septembre – où le taux de participation a atteint 50,35 % – ont donné la victoire au Rassemblement national des indépendants (RNI), parti centriste et libéral, avec 102 sièges, suivi du Parti authenticité et modernité (PAM), libéral, avec 87 sièges, et du Parti Istiqlal (PI), nationaliste, avec 81 sièges.

    Les trois partis ont entamé des consultations la semaine dernière en vue de former un gouvernement de coalition.

    Les observateurs marocains et internationaux qui ont assisté au processus électoral l’ont qualifié de « transparent » malgré quelques irrégularités qu’ils ont constatées et qui, selon eux, n’ont pas affecté le scrutin.

    El Diario de Ceuta, 19/09/2021

  • Islamistes : leurs échecs au Maroc et ailleurs

    Maroc, élections, PJD, islamistes, #Maroc,

    Décidément le pouvoir ne réussit pas aux islamistes au Maroc après la Tunisie. Et les talibans se heurtent également aux réalités.

    Par Yves Montenay

    Ce qui suit s’appuie notamment sur les travaux et les sondages du centre de recherche Pewet de « Arab Barometer »

    Décidément, le pouvoir ne réussit pas aux islamistes. Ils viennent de le perdre au Maroc après la Tunisie et surtout après l’Égypte où ils sont sévèrement réprimés.

    Et en Afghanistan ? Au bout de huit jours de pouvoir, les talibans se heurtent également aux réalités.

    LE CAS DU MAROC

    Je connais assez bien le Maroc pour y être allé très souvent soit en colloque, ce qui permet des contacts approfondis avec des gens compétents et avec les étudiants, soit en exploration en multipliant les contacts à la base, ce qui est possible grâce à une francophonie partielle, voire honorable, de mes interlocuteurs, appuyée de mon côté par quelques mots d’arabe.

    Mon impression générale est qu’il s’agit d’un pays qui est parti d’extrêmement bas et où la présence française a été courte : de 1918 à 1956, le début du protectorat en 1911 ayant été occulté par la Première Guerre mondiale, et où cette présence française a été assez respectueuse des structures locales, notamment grâce à Lyautey. Un mot pour ce dernier qui semble oublié des deux côtés, et dont le cercueil aux Invalides porte l’inscription en arabe : « je suis fier d’avoir servi le grand peuple marocain ».

    Bref un pays extrêmement pauvre, profondément féodal et religieux, mais qui a eu la sagesse de détruire beaucoup moins l’apport français, notamment économique, que la Tunisie et surtout l’Algérie. Ce qui lui permet un développement notable par rapport au niveau initial et de grandes inégalités… qui ne sont pas récentes dans ce pays.

    Passons maintenant aux islamistes locaux. Dire qu’ils étaient au pouvoir au Maroc est très exagéré. Le pouvoir suprême a toujours été entre les mains du roi, et comme le roi est commandeur des croyants, il était délicat pour les islamistes de s’y opposer.

    Le mouvement islamiste s’est donc coupé en deux : un parti légaliste, le PJD, qui participe aux élections et un parti illégal, mais toléré. Le parti légaliste a gagné les législatives de 2011, et de 2016, mais avec une majorité relative seulement ce qui l’a obligé à un gouvernement de coalition diluant encore plus son pouvoir partiel.

    Les élections de 2021 ont vu la chute brutale du parti, qui n’a plus que 12 sièges sur 395 et sera donc écarté du pouvoir.

    Cela après des mésaventures analogues des partis islamistes dans d’autres pays dont nous parlerons tout à l’heure.

    Les islamistes semblent donc bien meilleurs dans l’opposition qu’au pouvoir, comme c’est le cas de nombreux partis dans le monde. Mais l’histoire nous montre que c’est particulièrement accentué pour les partis religieux au sens propre ou au sens pratique, comme les partis communistes. C’est-à-dire pour ceux qui promettent des miracles et demandent d’agir par la violence pour les obtenir.

    Donc si le vote est libre, le parti est battu. S’il n’y en a pas, il devient un parti unique et se maintient par la répression, comme c’est le cas en Iran.

    Mais, dira-t-on, le Maroc est totalement et profondément musulman, et cela devrait déterminer tout le reste. Je mets de côté la minuscule communauté juive, naguère importante, mais aujourd’hui en Israël, les dizaines de milliers de Marocains convertis à l’évangélisme ainsi que les Subsahariens et Européens chrétiens, mais ces deux derniers groupes ne sont pas citoyens marocains.

    Totalement musulman donc ? Apparemment oui, mais il ne faut pas oublier qu’une forte pression sociale amène les sceptiques à être discrets, sauf quand ils sont entre eux, ou croient l’être comme en témoigne ce petit souvenir. Étant à Marrakech pour un colloque international, donc dans un brassage de nationalités qui n’obligeait pas à se montrer plus pieux que l’on était, j’ai recueilli plusieurs observations du petit personnel d’un niveau social moyen, donc suffisamment francophone pour saisir les propos échangés. Elles peuvent être résumées par : « je constate avec surprise qu’il y a beaucoup d’athées parmi les participants marocains, or je n’arrive pas à concevoir qu’on puisse être marocain sans être musulman. Vous êtes Français, expliquez-moi comment on peut être athée ».

    D’autres indicateurs vont dans le même sens : une forte consommation de vin, les contraventions pour attitude inconvenante pour des gens non mariés, la consultation d’Internet en français, donc de tendances religieuses ou sociales très variées, et le développement de l’enseignement privé, général ou professionnel, massivement francophone et maintenant parfois anglophone, mais dont le cadre de pensée est séculier.

    Tout cela se retrouve dans les travaux des centres de recherche cités plus haut. En résumé, on constate la sécularisation d’une partie importante de la société et l’étonnement, voire le rejet de cette sécularisation par une autre partie. Cela explique dans un premier temps un vote islamiste important, mais loin d’être unanime, et dans un deuxième temps une déception puisque les élus ne se sont pas montrés moins corrompus ou plus efficaces que leurs prédécesseurs. À leur décharge, rappelons que de nombreux Marocains n’ont pas une vue très précise des conditions du développement et notamment de la contribution ou du frein venant de l’éducation nationale. Les Français non plus, d’ailleurs.

    Tout cela retrouve également plus ou moins dans les autres pays arabes.

    LES ARABES ET L’ISLAMISME

    Partons du pire, pour un Occidental du moins, l’adhésion au djihadisme. Les sondages réalisés dans le monde arabe dès 2011 montraient (et continuent de montrer) que seule une infime minorité de musulmans (un pour 100 000) se reconnaissent dans le projet radical porté par Ben Laden et plus tard par l’État islamique. Ce qui n’empêche pas un nombre important d’Arabes de se réjouir de tout ce qui peut humilier l’Amérique, sentiment qui n’est pas réservé aux Arabes.

    Finalement, Ben Laden et l’État islamique ont plutôt affaibli le monde musulman radical en le rendant infréquentable, mais parallèlement augmenté la crainte des musulmans par les Occidentaux. Les seuls gagnants ont finalement été les dictateurs comme le président Sissi en Égypte ou l’armée algérienne.

    En Tunisie, la chute du régime autoritaire de Ben Ali a permis aux islamistes relativement modérés du parti Enhada (la renaissance) d’arriver en tête des élections démocratiques qui ont suivi. Ce passage des islamistes au pouvoir a beaucoup déçu, ce qui a permis au président Kaïs Saïed de prendre le pouvoir. Ce tournant est trop récent pour savoir ce qu’il donnera.

    Remarquons que les djihadistes, Al-Qaïda ou autres, bénéficient d’un effet d’optique qui en exagère l’importance, car les médias, comme il est normal, ne parlent pas des musulmans paisibles, puisqu’ils ne font pas l’actualité. Il est beaucoup plus vendeur de parler des djihadistes, et ces derniers commettent suffisamment d’atrocités pour remplir les médias.

    À l’autre extrémité du spectre religieux, 12 % des Arabes ne seraient pas croyants, dont 33 % des jeunes Tunisiens. Ces sceptiques peuvent se conforter mutuellement sur les réseaux sociaux francophones ou anglophones.

    L’AFGHANISTAN ET LES AUTRES ISLAMISTES AU POUVOIR

    Au Moyen-Orient, hors du monde arabe, on pense inévitablement à l’Iran que nous avons évoqué et où la dictature islamiste a ruiné le pays. On peut penser aussi à la Turquie où le pouvoir autoritaire et islamiste du président Erdogan est menacé d’après les sondages… mais reste à savoir si la prochaine élection sera libre.

    Un peu plus à l’Est se trouve l’Afghanistan. Les talibans sont au pouvoir depuis quelques jours, mais d’ores et déjà on remarque que gouverner sera plus difficile que conquérir. Du moins si on peut appeler « conquête » d’avoir vu l’armée officielle refuser de combattre, voire vendre ses armes pour avoir la vie sauve ou encore rallier directement les talibans.

    Les déceptions s’annoncent fortes. D’abord tout simplement faute de nourriture maintenant qu’il n’y a plus d’aide occidentale. Notre tropisme charitable nous mènera bientôt à nourrir les affamés malgré les entorses de leurs dirigeants à nos principes, comme en Corée du Nord. 1,2 milliard de dollars viennent d’être affectés à cela.

    Mais cela va poser toutes sortes de problèmes pratiques : qui distribuera la nourriture, alors que pour l’instant seules les ONG occidentales et leurs employées, probablement obligées de se voiler intégralement, ont la logistique nécessaire ? Les talibans proclament qu’ils ont changé alors que chacun constatera que ce soi-disant changement ne s’applique pas sur le terrain où il n’est pas du tout certain qu’un commandant local obéisse au gouvernement central. Il n’est même pas certain que ledit gouvernement central ait changé, alors qu’il est composé de Patchounes traditionalistes.

    Il faudra aussi gouverner sans les personnes qualifiées qui ont fui et sans les femmes qui formaient une partie du corps professoral et de santé. Il faudra aussi payer les fonctionnaires et entretenir les infrastructures vitales. L’usage probable de la planche à billets ne fera qu’accélérer l’inflation et donc appauvrir le reste de la population.

    La déception qui s’annonce se traduirait dans les urnes s’il y avait des élections libres. Les islamistes disent que ces élections seront remplacées par des instances de consultation (choura), et non de concertation. Soit ces débats feront évoluer le régime en écartant les plus traditionalistes, soit ces derniers garderont le pouvoir par la force comme en Iran.

    Au Sahel francophone (et au Nigéria anglophone), même remarque : il est facile pour les djihadistes de se comporter comme les talibans avant la prise du pouvoir en terrorisant les uns ou en apportant aux autres une autorité patriarcale qui leur convient. Il leur sera tout aussi difficile de gouverner si les Français s’en vont, suivis d’une bonne part des cadres du pays vers les États côtiers, voire la France. Il faudra alors néanmoins, comme en Afghanistan, nourrir le peuple et développer pays…

    RESTE À DIFFUSER CES ÉCHECS DES GOUVERNEMENTS ISLAMISTES

    Cela nous ramène au Maroc et à la Tunisie, où les élections, certes imparfaites, ont néanmoins un sens. Partout où elles pourront avoir lieu, mon avis est que les islamistes ne tiendront pas longtemps.

    Je sais que la démocratie n’a pas bonne presse en ce moment, mais elle sera la revendication ouverte ou cachée des populations soumises aux islamistes. Revendication démocratique qui sera souvent prise en charge par les militaires, comme en Égypte. Vous me direz qu’ils sont déjà en place en Afghanistan…

    Le devoir des médias indépendants, notamment occidentaux, est de diffuser le choc du réel qui a suivi ou pourrait suivre les prises de pouvoir, notamment dans la partie de la population que les proclamations islamistes font rêver, du Sahel à certains recoins de l’Occident. L’ouverture sur l’extérieur du Maroc et de la Tunisie montre que c’est possible.

    Contrepoints, 18/09/2021

  • BBC: Comment le roi du Maroc a porté un coup à l’islam politique

    BBC: Comment le roi du Maroc a porté un coup à l’islam politique

    Maroc, PJD, élections, islamistes, Mohammed VI, #Maroc,

    Par Magdi Abdelhadi*

    Le parti islamiste au pouvoir au Maroc a subi une défaite choquante lors des récentes élections – une tournure des événements qui se répercute dans toute l’Afrique du Nord, compte tenu du rôle pionnier de l’islam politique dans le cadre du printemps arabe.

    Le Parti du développement et de la justice (PJD), qui a été le premier parti islamiste à arriver au pouvoir lors d’une élection dans la région et au Moyen-Orient élargi, a vu sa part des voix décimée, passant de 125 à seulement 12 sièges.

    En 2011, le sentiment d’un nouveau départ pour beaucoup au Maroc était réel.

    L’ascension du PJD correspondait à l’air du temps.

    Les protestations qui ont d’abord éclaté en Tunisie, connues plus tard sous le nom de Printemps arabe, battaient leur plein. Zine al-Abidine Ben Ali en Tunisie, Hosni Mubarak en Égypte et Muammar Gaddafi en Libye ont tous été renversés cette année-là.

    Les partis islamistes étaient sur le point de remporter les élections en Égypte et en Tunisie et de changer le cours de l’histoire, comme beaucoup l’avaient espéré.

    Le roi du Maroc, Mohammed VI, a vu où le vent soufflait et a agi rapidement pour prévenir tout bouleversement similaire qui pourrait menacer son trône.

    Il a limogé le cabinet et dissous le parlement. Pour endiguer la vague de protestations, il a annoncé son intention de rédiger une nouvelle constitution afin d’engager le Maroc sur une nouvelle voie.

    Des changements cosmétiques

    La Constitution, approuvée par 98,5 % des voix, a été saluée comme un changement de cap et a contribué à faire du roi un autocrate bienveillant désireux de partager le pouvoir avec le peuple.

    Mais les réformes promises par le roi ont été jugées superficielles par le Mouvement du 20 février pour le changement, la bannière sous laquelle les manifestations ont été organisées pendant le printemps arabe.

    Ce mouvement était descendu dans la rue pour réclamer une réforme radicale visant à faire du Maroc une monarchie constitutionnelle, où le roi « régnerait mais ne gouvernerait pas », un symbole de la nation – plus conforme aux monarchies européennes du Royaume-Uni ou de la Scandinavie.

    En fait, le roi a conservé dans la nouvelle constitution presque tous les pouvoirs qu’il détenait par le passé. Il a continué à contrôler la politique étrangère, de défense et de sécurité.

    Il a également conservé sa position de chef spirituel de la nation – il est officiellement le « commandant des croyants », une description historique utilisée nulle part ailleurs aujourd’hui, et qui repose sur l’affirmation que sa dynastie est une descendante directe du prophète Mahomet.

    Cependant, la nouvelle constitution a fait miroiter un nouveau départ à une partie de la classe politique, dont le PJD.

    Le parti a saisi l’occasion et a surfé sur la vague de mécontentement généralisé à l’égard des anciens partis politiques.

    Et le roi et ses courtisans – qui avaient toléré les islamistes à contrecœur – n’ont pas bloqué leur ascension pour compléter la façade démocratique, tout en gardant les ficelles du pouvoir réel sous sa coupe.

    Le PJD a encore augmenté sa part de voix lors des élections suivantes, en 2016, pour atteindre 125 sièges et passer encore cinq ans au pouvoir.

    Un calice empoisonné

    Bien que presque tout le monde s’attendait à ce que le parti perde quelques voix lors des élections de la semaine dernière, personne n’avait prévu cette défaite écrasante – même le chef du parti et son adjoint ont perdu leurs sièges, ce qui a entraîné leur démission immédiate.

    Il est peut-être trop tôt pour expliquer pleinement les raisons de cette chute spectaculaire. Mais les observateurs s’accordent à dire que le PJD n’a tout simplement pas réussi à tenir ses promesses électorales.

    Un parti qui a pour nom « justice » et « développement » n’a pas réussi à tenir ses promesses, affirment-ils.

    Il avait, par exemple, promis de sortir davantage de Marocains de la pauvreté, d’améliorer l’éducation et la santé publiques, mais n’a rien fait de tout cela. Au contraire, le fossé entre les riches et les pauvres s’est tout simplement creusé.

    En outre, le parti s’est aliéné une partie de sa base en approuvant une loi controversée introduisant des contrats de deux ans pour les enseignants, ce qui les prive de la sécurité de l’emploi et est considéré par certains comme la première étape de la privatisation du système éducatif.

    Sur la question du statut de la langue française dans l’éducation – un sujet particulièrement sensible pour un parti qui défend l’identité arabo-islamique dans l’ancienne colonie française – il n’a pas réussi à bloquer une loi qui faisait du français la langue d’enseignement des sciences dans les écoles.

    Les détracteurs du parti affirment qu’une fois au pouvoir, il est devenu plus royaliste que le roi, prenant le parti du « makhzen » – le terme utilisé par les Marocains pour désigner le roi, les puissants courtisans et les agences de sécurité – contre le peuple dans les principaux conflits de droits et de travail.

    Certains commentateurs estiment que la plus grande erreur du parti a été d’assumer la responsabilité du gouvernement sans détenir le véritable pouvoir, qui appartenait au roi.

    C’était comme un calice empoisonné.

    Cela dit, la modification de la loi électorale, qui n’avait pas été proposée par le PJD mais qui a été adoptée par le Parlement en mars, a également porté un coup décisif aux chances du parti de remporter une autre grande victoire électorale.

    L’abaissement du seuil de référence pour les petits partis et le décompte des voix sur la base de tous les électeurs éligibles plutôt que sur les seuls bulletins valides ont contribué à la défaite du parti.

    Le parti avait contesté ces changements, les qualifiant d’inconstitutionnels, mais n’avait pas réussi à les bloquer au Parlement.

    En apparence, ces changements visaient à permettre une plus grande pluralité, mais en réalité, ils n’ont fait que fragmenter davantage le paysage politique, une tactique utilisée depuis longtemps par le makhzen, selon les analystes, pour miner les partis politiques.

    Une mascarade électorale ?

    Au niveau régional, la nouvelle de l’échec a été accueillie avec jubilation.

    En Égypte et dans le Golfe, le parti est considéré comme la version marocaine des Frères musulmans, un mouvement politico-religieux national et transnational qui a été désigné comme « terroriste » dans certains pays.

    Les commentateurs ont considéré la chute du PJD comme le dernier clou du cercueil de l’islam politique.

    Au Maroc, on peut affirmer sans risque de se tromper que la marginalisation du PJD suggère que le makhzen a désormais complètement traversé la tempête du printemps arabe et de ses suites immédiates.

    Mais les tensions sous-jacentes, nées de la quête d’un gouvernement véritablement représentatif et responsable, ou du désir de contrôler les pouvoirs du roi, n’ont pas disparu.

    L’homme désigné par le roi pour former le nouveau gouvernement, Aziz Akhannouch, le leader milliardaire du Rassemblement national des indépendants (RNI), qui a remporté le plus grand nombre de voix, a déclaré que son gouvernement s’emploiera à « mettre en œuvre la stratégie du roi ».

    Commentant cette déclaration, le journaliste marocain chevronné, Hamid Elmahdaouy, a écrit que tous les candidats précédents au poste de Premier ministre avaient dit la même chose.

    Il s’est demandé quel était l’intérêt de l’élection, estimant que « le vote et toute l’élection n’étaient qu’une mascarade ».

    *Analyste de l’Afrique du Nord

    BBC, 16/09/2021

  • Maroc: un milliardaire à la tête du gouvernement

    Maroc: un milliardaire à la tête du gouvernement

    Maroc, Aziz Akhannouch, élections, #Maroc,

    Selon El Confidencial, qui cite Forbes, la fortune d’Aziz Akhannouch, 60 ans, était évaluée en 2019 à environ 1,7 milliard d’euros. « Par le biais de la holding Akwa, dont il est le principal actionnaire, il possède une soixantaine de sociétés allant de la distribution d’énergie à la presse économique en passant par la presse féminine.

    « Il est également marié à Salwa Idrissi, 48 ans, une riche femme d’affaires dont la principale société, Aksal Group, vend des produits de luxe. Elle a également lancé sa propre marque de cosmétiques, Yan & One, en 2017. Elle possède les franchises marocaines de plusieurs marques de textile, dont des marques espagnoles telles que Zara, Pull & Bear et Massimo Dutti. Un certain nombre de publications économiques la considèrent comme la deuxième femme d’affaires la plus importante d’Afrique ».

    El Confidencial révèle que les relations étroites avec la famille royale ont été mis au grand jour pour la première fois en 2005, lorsqu’Akhannouch a racheté Somepi, une société concurrente d’Afriquia, pour 93 millions d’euros, grâce à un financement d’Attijariwafa Bank, une filiale d’Al Mada, la holding du roi Mohammed VI. « Ses liens avec le roi ont été mis en évidence en 2013, lorsque le monarque et son épouse de l’époque, la princesse Lalla Salma, sont venus au domicile des Akhannouch à Casablanca pour partager un « iftar », le dîner avec lequel les musulmans rompent leur jeûne pendant le Ramadan. C’était, pour autant que l’on sache, la seule fois où Mohammed VI s’est rendu dans une maison privée ».

    « En octobre 2016, ajoute le journal espagnol, Akhannouch a ajouté à son poste ministériel celui de chef du Rassemblement national des indépendants (RNI), un parti artificiel créé dans les années 1970 par le tout-puissant ministre de l’Intérieur de l’époque, Driss Basri. La rapidité avec laquelle il a été propulsé à la tête de ce parti ne peut s’expliquer que par l’impulsion qu’il a dû recevoir du Palais royal ».

    Cette propulsion « n’était pas un hasard. Jusque-là, le palais royal misait sur un autre parti, le Parti authenticité et modernité (PAM), fondé par un ami du roi, pour déloger les islamistes du gouvernement. Le PAM, cependant, est parfois devenu une boîte à vacarme et le Palais a cherché une alternative ».

    La même source rappelle que « son trébuchement le plus grave, celui qui a failli mettre un terme à sa carrière politique, est survenu au printemps 2018. Une mystérieuse campagne sur les médias sociaux a été lancée, appelant au boycott de trois marques, dont le réseau de stations-service Afriquia ».

    Ce boycott, ajoute-t-il, « a eu beaucoup d’adeptes. Des photos de leurs stations-service vides circulaient tandis que les automobilistes faisaient la queue dans celles des compagnies rivales comme Total et CMH. Les appels au boycott étaient accompagnés de messages dénonçant les inégalités sociales, les privilèges et l’utilisation de la politique pour s’enrichir. Ils ont cité le cas d’Akhannouch parmi d’autres exemples ».

    « La presse pro-régime a laissé entendre que la campagne était inspirée par un groupe islamiste illégal, comme Justice et Charité, mais l’ONG laïque Transparency Maroc a été la première à en souligner les vertus. Elle « pointe du doigt l’ensemble de la gouvernance d’une économie plombée par (…) la corruption et l’ingérence de la politique dans l’argent », conclue-t-il.

  • Maroc: Le royaume des seigneurs

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    Chaabane BENSACI

    Fin de l’entr’acte! Le Makhzen vient de mettre fin, à sa manière, au deal convenu avec les islamistes du Parti de la Justice et de la Démocratie, depuis 2011. Plaisanterie mise à part, plus besoin ni de justice ni de démocratie, au royaume des seigneurs.

    Afin de surmonter l’épreuve du Printemps arabe, Mohamed VI et son cabinet noir ont caressé les islamistes marocains dans le sens du poil, tout en leur accordant quelques concessions de pure forme. A eux les grandes décisions et les principaux leviers de l’économie du pays, à eux l’ivresse d’un pouvoir de pacotille dont ils ont fini par mesurer la triste vanité.

    La débâcle du 9 septembre aura secoué le cocotier avant que ne se tienne un congrès où les délégués ont déjà aiguisé les couteaux. Mais à quoi bon, les jeux sont faits.

    Après que Abdellilah Benkirane, l’ex-secrétaire général du PJD, ai été démis de ses fonctions de chef du gouvernement, en raison de ses critiques envers une normalisation avec l’Etat hébreu, très prisée par Mohamed VI et son cercle proche, voilà Saad-Eddine El Othmani qui croyait essuyer les plâtres et se découvre un fossoyeur des illusions perdues. De 127 sièges, dans la précédente Assemblée, le parti ne compte plus que 13 représentants.

    Une terrible humiliation pour une mouvance dont on sait qu’elle n’a rien perdu de son ambition, même s’il lui faut, aujourd’hui, ravaler son amertume. Avec une représentativité limitée aux dimensions d’une cabine téléphonique, qui n’existe plus d’ailleurs, le Makhzen peut, à bon compte, parler du «temps venu de la modernité». Et qu’importe la vague de colère qui agite les réseaux sociaux et secoue la base électorale du PJD, outrée par le rôle de l’argent sale et les manoeuvres sordides qui ont favorisé l’émergence des prétendues «forces de la modernité».

    Le RNI de l’agriculteur milliardaire, Aziz Akhannouch, très proche du palais, le parti de l’Authenticité et de la Modernité (PAM) de l’opposant Abdellatif Ouahbi, son frère ennemi de circonstance, et…l’Istiqlal pavoisent et clament leur vertu, malgré les faits.

    Le PJD, lui, crie à l’infamie et à la corruption, comme s’il s’agit d’un phénomène nouveau. El Othmani qui a avalé bien des couleuvres, croit-il sincèrement que le choix de Mohamed VI, réel ou supposé, n’a pas pesé sur cette élection?

    Les grands gagnants sont l’un pour la légalisation du cannabis, rejetée par le PJD, l’autre pour la fraternisation avec Israël, et le dernier, un porte-étendard de l’expansionnisme du Royaume.

    Bref, les instruments dont a besoin, aujourd’hui, le Royaume pour poursuivre sa dangereuse politique de déstabilisation de la région.

    L’Expression, 12/09/2021

  • COPE : « Une étape historique au Maroc »

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    Avec la nomination d’Aziz Akhannouch comme nouveau Président du Gouvernement du Maroc, une nouvelle étape s’ouvre

    Avec la nomination d’Aziz Akhannouch comme nouveau Premier ministre du Maroc, une nouvelle étape historique s’ouvre dans notre pays voisin, qui a tourné le dos à l’islamisme politique après dix ans de pouvoir. Akhannouch est un homme d’affaires qui a réussi à devenir l’homme le plus riche du Maroc.

    Fort d’un bilan d’efficacité en tant que ministre de l’Agriculture et de la Pêche, ainsi qu’à la tête de son parti libéral, devenu la première force politique du pays, il bénéficie du soutien enthousiaste du roi Mohamed VI lui-même, ébloui par la capacité de cet homme d’affaires fier de ses racines amazighes, dans la région reculée du Sus, au pied du Grand Atlas, qui a tout quitté pour transformer le Maroc en un pays moderne, sans la médiation d’aucune idéologie.

    Il est significatif que le nouvel homme fort du Maroc n’ait pas évoqué dans ses premières déclarations les conflits territoriaux qui empoisonnent les relations du Maroc avec l’Espagne et l’Algérie. La grande priorité du Gouvernement qu’ Akhannouch entend former est d’améliorer le quotidien des Marocains d’un point de vue commercial, habitués qu’ils sont à générer de la richesse et de l’emploi.

    Une grande partie de sa victoire électorale est due à sa démission de tous les salaires en tant qu’homme politique, député et ministre, ainsi qu’à l’utilisation de sa fortune personnelle pour payer ses conseillers et aux fréquents déplacements de son avion privé dans tous les coins du pays. C’est le profil d’un homme avec lequel le gouvernement espagnol devra comprendre dans les années à venir.

  • Algérie : Le boycott perd du terrain…

    Algérie : Le boycott perd du terrain…

    Algérie, boycott, élections, partis politiques, #Algérie

    L’on s’achemine inexorablement vers la participation de tous les partis politiques ayant boycotté toutes les dernières consultations électorales depuis la chute de Bouteflika et sa clique. Le double scrutin du 27 novembre prochain qui concerne la gestion des collectivités locales (APC et APW) semble avoir donné à réfléchir aux états-majors des partis en rupture de ban avec les élections.

    Lentement mais sûrement, ces formations annoncent leur participation à ce double scrutin pour tenter de placer le maximum d’élus locaux et contrôler les assemblées communales et de wilaya. Après le Parti des Travailleurs de Louisa Hanoune, c’est le plus vieux parti d’opposition, le FFS qui annonce officiellement qu’il sera bel bien partant pour les joutes du 27 novembre.

    Sans doute que son frère ennemi du RCD va le rejoindre dans les tous prochains jours dans cette option qui est, objectivement, la plus lucide en ces temps d’incertitudes. Il est en effet connu que les APC et les APW sont autrement plus importantes concrètement et politiquement que l’assemblée populaire nationale (APN) en ce sens qu’elles impactent directement la vie des citoyens.

    Quand on choisit un maire, on nourrit l’espoir qu’il puisse régler les soucis quotidiens des habitants des communes (eau, logement, électricité, voirie, gaz…). L’APC et l’APW ne votent pas les lois. Elles sont dans le réel, dans le concret, en un mot dans la vraie vie des citoyens notamment dans les régions montagneuses où le développement local est à ses premiers balbutiements.

    En participant à ces élections, les partis maintiennent leur ancrage local et renouvellent leur volonté  d’être à l’écoute des préoccupations des citoyens-électeurs. Ils savent par ailleurs que s’ils boycottent le double scrutin, les sièges des APC et APW seront inévitablement occupés par des indus élus qui, faute de mandats populaires, vont tourner le dos aux citoyens et se consacrer uniquement à se faire du fric sur leur dos.

    Sans doute que les partis jadis boycotteurs ont dû se poser toutes ces questions avant d’acter leur participation. Il va de soi que la question se pose en terme de survie politique pour eux. Déjà absents à l’APN, une non participation dans la gestion des assemblées locales signifierait ipso facto leur mort politique pendant cinq ans. Et pour un parti politique cela risque d’être fatal.

    La décision du PT, du FFS et peut-être du RCD relève donc de la lucidité politique qui commande de ne pas s’égarer dans un « ni nisme » mortifère extrêmement préjudiciable aux collectivités locales et aventureux pour la pérennité des partis. Il va sans dire que l’entrée en lice de ces partis va faire baisser sensiblement la tension dans le pays et réinstaller peut être une ambiance plus calme et des débats politiques plus disputés.

    Ce sera en quelque sorte une « normalisation » par le bas après le ratage des législatives qui aurait pu être un grand moment de rupture avec les méthodes du passé. Mais s’il était écrit quelque part que le salut de l’Algérie passe par les APC et les APW, nous dirons à la bonne heure !

    Par Imane B. 

    L’Est Républicain, 12/09/2021

  • Maroc : Des législatives sur fond de dégagisme (Analyse)*

    Maroc : Des législatives sur fond de dégagisme (Analyse)*

    Maroc, élections, #Maroc, PJD, islamistes, #Maroc,

    – Le scrutin, tenu le 8 septembre, s’est soldé par un échec cuisant du Parti Justice et Développement

    Les élections législatives tenues le mercredi 8 septembre au Maroc ont créé la surprise, tant par l’augmentation significative du taux de participation, passé de 42% en 2016 à 50,35%, que par l’échec cuisant du PJD (Parti Justice et Développement).

    Alors qu’il détenait 125 sièges, le parti du Premier ministre Saad Dine El Otmani n’en a remporté que 13.

    Une débâcle inattendue aux allures de gifle, au moment où le Royaume est confronté à une aggravation de la crise sanitaire, forçant les autorités à prendre des décisions impopulaires.

    Dès vendredi, l’homme d’affaires Aziz Akhannouch, à la tête de RNI (Rassemblement national des indépendants), a en toute logique été nommé à la tête du gouvernement par le roi Mohamed VI, au terme d’un entretien au Palais Royal de Fès.

    Celui qui est en effet devenu l’homme fort du royaume chérifien, a raflé 102 sièges à la chambre des représentants et doit désormais former son gouvernement.

    Parallèlement, le PJD a annoncé la démission de son secrétaire général Saad Dine El Otmani, et de l’ensemble de son bureau politique, tout en considérant, par voie de communiqué, que les faibles résultats obtenus « ne reflètent pas la réalité de la carte politique » du Maroc, « ni la position du parti sur la scène politique, ses résultats dans la gestion des affaires locales et gouvernementales, et la large réponse des citoyens au parti pendant la campagne électorale ».

    Selon le politologue François Burgat, cette défaite est à décrypter de plusieurs manières.

    « Je ne pense pas que la cinglante défaite électorale du PJD puisse être interprétée, comme voudront le faire leurs contempteurs automatiques, comme une nième défaite des islamistes », a écrit celui qui est également un islamologue de renom, sur ses réseaux sociaux.

    Il explique en effet que son analyse réside dans le fait que « ce PJD n’a jamais exercé le pouvoir » et que « comme d’autres formations d’opposition avant lui, il a accepté d’en goûter certains des avantages ».

    François Burgat considère que le pouvoir est toujours resté « hors de portée de ses ministres, manié par les seules mains du Roi ou de ses proches conseillers ».

    « Logiquement, le PJD paie donc aujourd’hui le prix des concessions et autres compromissions auxquelles sa volonté de se maintenir sur l’avant-scène l’ont irrésistiblement conduit », a-t-il poursuivi, citant « la trahison des jeunes du 20 février jusqu’à la reconnaissance récente de l’Etat hébreu ».

    Le politologue analyse donc cette défaite du PJD, non pas comme une « crise des islamistes » mais comme « l’échec de ceux qui ont, par opportunisme, cru pouvoir frayer avec les pouvoirs en place sans trahir leurs idéaux » et conclut à la nécessité, pour « cette génération des concessions et des compromissions » de « laisser la place ».

    Même son de cloche du côté du sociologue Mohamed Ennaji, cité par le site d’informations Telquel.

    Cet historien de formation affirme que la « pulvérisation pure et simple » du PJD ne traduit pas nécessairement la fin de « l’attrait qu’exerçait l’islam politique ».

    Il assure que « ce serait une erreur de généraliser » car « le PJD à lui seul n’épuise pas l’islam politique et celui-ci pourrait trouver d’autres formes de manifestation ».

    En tout état de cause, le parti, à la tête du Maroc pendant dix ans, va convoquer son assemblée générale le 18 septembre prochain dans le but « d’évaluer globalement les résultats électoraux et de prendre les décisions appropriées ».

    Le gouvernement formé par le nouveau Premier Ministre Aziz Akhannouch, est quant à lui attendu dans les prochains jours et devrait contribuer à un renouveau dans l’échiquier politique marocain.

    * Les opinions exprimées dans cette analyse n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas forcément la ligne éditoriale de l’Agence Anadolu.

    AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

    Anadolou, 12/09/2021

  • Média italien: Maroc, le Trumpisme évince les islamistes

    Média italien: Maroc, le Trumpisme évince les islamistes

    Maroc, élections, PJD, islamistes, #Maroc,

    Le vote législatif de jeudi a pulvérisé l’une des forces islamiques les plus puissantes, couronnant le magnat Aziz Akhannouch, deuxième en richesse derrière le roi Mohammed VI connu sous le nom de M6

    L’homme le plus riche du Maroc, le roi Mohammed VI alias M6, a chargé le deuxième homme le plus riche du Maroc de former un gouvernement. Ou plutôt : le descendant direct de Mahomet a expulsé le seul parti islamiste au pouvoir au Maghreb. Qui plus est : le dernier roi d’Afrique du Nord, l’un des rares autocrates jamais touché par le printemps arabe, a fermé les derniers comptes avec les émeutes qui ont éclaté il y a dix ans.

    Il y a plusieurs façons de lire le résultat bruyant du vote législatif qui a pulvérisé jeudi l’une des forces islamiques les plus puissantes, couronnant le magnat Aziz Akhannouch. Les douze sièges restants au PJD, le parti islamique, disent qu’une vague est passée. Les 179 députés attribués au libéral Akhannouch et à ses alliés nous expliquent également que le Maroc pense qu’il « mérite mieux » (c’est le slogan du nouveau premier ministre).

    Plus avec le mal que le bien, voir la répression d’Al Sisi au Caire ou le virage populiste tunisien, qui s’est soldé par la suspension du Parlement, ce morceau du monde arabe a aussi décidé de mettre fin à la gueule de bois des années 1910. Assez avec les plateformes révolutionnaires des réseaux sociaux , stop aux paradis coraniques, mieux vaut se concentrer sur des pouvoirs solides, parfois violents, dans le cas du Maroc on ne sait pas à quel point la transparence.

    Akhannouch est un conflit d’intérêts vivant : il possède une soixantaine de sociétés,contrôle le pétrole, la grande distribution, les marques de luxe, le tourisme, l’immobilier, la télévision. Il a une femme presque aussi riche et puissante que lui. C’est un centriste au grand charisme qui a régné un peu avec tout le monde, à gauche et islamistes, et son parti est né d’une côte de la cour royale. Il se dit modéré, sauf avec les journalistes qui le critiquent. Naturellement, il promet des réformes, dans l’un des pays les plus riches de la région et l’un des plus injustes dans la répartition des richesses. Au Maroc, pourtant, tout le monde sait que c’est toujours et seule M6 qui décide. Et peu sont dans l’illusion que les nouveaux espoirs arabes passent par de petits Trumps.

    Corriere della Sera, 11/09/2021